۝ Une longue traversée ۝ (chapitre 3), Menaces

orsque Mussel rouvrit les yeux, le convoi était arrêté. D’une voix ensommeillée il ne s’adressa a personne en particulier..

- Maman.. On.. On est arrivé ?

Puis réalisant qu’il n’était plus un enfant et que sa maman n’était autre que l’exilé, le hin fut pris de sueurs froides. Encore plus lorsqu’il remarqua qu’Elloa avait disparut. Pressentant le grabuge, il enfila sa cotte puis sa chemise de mailles du mieux qu’il put..

Il ne dormait plus debout mais il savait que si un combat arrivait il ne serait pas au mieux de sa forme.. Mais qu’importe.. L’action, la tension et tout ce qui était propre au combat le réveillerait peut être.. Il chercha dans ses affaire ses armes.. Il laissa de coté son arbalète lourde.

- Monsieur l’exilé, êtes vous près à combattre si jamais cet arrêt non programmé se révèle être une embuscade ? Peut être que mon arbalète pourrait nous aider a défendre le convoi. J’attend par la que dans la mesure du possible peut être seriez vous apte a vous en servir si vous n’en avez pas..

Il se saisit de sa fronde pris deux billes dans sa bourse et arma sa fronde. De l’autre main il tenait sa masse d’arme légère.. Sur son flanc gauche, il fixa son sabre d’abordage de manière à ce qu’il soit utilisable au plus vite..

Il jeta un coup d’œil vers l’avant mais ne vit rien de concret, il reporta son attention vers l’arrière du convoi près à combattre l’ennemi.

- Au fait.. Qu’est ce qui se passe ici ? Où est Elloa ? Pourquoi n’est elle plus ici ?

Jet de détection vers l’arrière, si vous des ennemis, il le signale immédiatement à l’exilé. Si il les voit comme hostile, il fait feu lorsque les ennemis sont à deux fois la portée de sa fronde (30 mètres).

ès qu’elle aperçu le morceau de métal étinceler dans les fourrés, Elloa compris qu’elle était en sale posture, et que voilà l’attaque tant redoutée à laquelle elle n’avait plus même pensé. Il faut dire pour sa défense, que son esprit s’était tant perdu dans les brumes étheriques des autres plans qu’elle avait manqué les conversations inquiètes des autres membres de l’escorte, et qu’elle n’avait à ce moment là, nulle conscience du complot qui menaçait la caravane. Pourtant, il s’agissait là d’un piège, d’un traquenard, elle n’était pas sotte malgré son ignorance et saurait agir en conséquence.
Deux solution s’offraient à elle, pensait elle à toute vitesse lorsque l’éclat d’argent s’était imprimé dans son regard volontaire. Elle pouvait alerter les autres à l’aide de sa corne de brume qu’elle n’abandonnait jamais. Rapide et efficace, cette méthode l’exposerait néanmoins directement aux lames ou aux flèches des assaillants qui se sauraient surpris et contre lesquelles sont corps souple ne pourrait grand-chose. La seconde stratégie état à peine plus sure.
C’est alors qu’elle entendit les sabots du cheval frapper la route : un cavalier approchait. Aussitôt elle choisit la seconde solution, et flancha, comme si elle s’était violement tordu la cheville. Se retournant, la grugash aperçu comme elle le pensait le barbare qui s’élançait à sa rescousse.

- Arek ! C’est rien cria t’elle à son égard, faisant mine de se masser la cheville. « Je tordu mon pied ! Aide moi ! »

Claudicante, elle se dirigea vers le vaillant nordique, les sens en alerte. Les brigands pourraient très bien profiter de cette aubaine pour sortir de leur cachette. Dès qu’elle serait suffisamment proche du barbare, elle lui exposerait à voix basse la situation, lui précisant bien de faire mine de rien.
Plus haut dans le ciel tendu d’un bleu pur, le faucon esquissait de grands cercles. Elloa n’avait encore aucune idée de l’étendue, et de la profondeur du lien qui l’unissait à son animal totem. Seul le temps lui apprendra comment entrer en fusion avec l’oiseau, et à voir au travers de ses yeux. Aussi, elle ne lui accorda qu’une pensée chaleureuse, un bref sourire. Malgré son manque d’expérience, sa simple présence suffisait à lui donner confiance et courage. Elle n’avait absolument pas peur de ce qui pourrait survenir en ce petit matin printanier.

Une simple secousse de trop... Voilà ce qui avait ramené le paisible druide à la conscience et au danger. Gardant les yeux fermés il s’était concentré sur ses autres sens, la caravane avait modifié son allure, les lames chantaient en sortant de leurs fourreaux. L’attaque tant attendue se préparait et était peut être pour bientôt. Il ouvrit les yeux, un mince espoir de voir le visage d’Elloa proche du sien, mais ce ne fut pas le cas. Elle n’était même plus dans la caravane... Mais après tout, même si elle n’était pas une véritable fille des Vents comme Jalyne, l’élément la gouvernait, et Jahëlo la connaissait suffisamment pour savoir que l’impassibilité et le calme de l’Eau étaient bien loin de sa nature. Sa première pensée s'étant portée sur Elloa, le reste reprit ensuite le dessus, le danger était réel et guettait. Abysse se redressa pour jeter un furtif coup d’œil à l’arrière de la caravane, mais il ne remarqua rien.

Mussel s’était ensuite mis en route, s’agitant en tout sens paré au combat, sans aucun doute bien plus que lui-même. Le génasi était encore tiraillé par des maux de têtes diffus et empli d’une impression de lourdeur. Il n’avait pratiquement pas dormi la veille et son esprit fatigué n’avait pu s’accorder avec Mère nature convenablement. Sa puissante magie lui ferait donc défaut. Les quelques pouvoirs latents puisés étant ceux capable de faire la différence entre la vie et la mort d’un compagnon, ne lui resteraient alors que ses capacités martiales... Heureusement la vie à bord de bateaux, au milieu de pirates ajoutés aux enseignements proférés par son maître avait fait du génasi un combattant digne de ce nom. Il était bien loin d’égaler les prouesses martiales d’un Mussel vivant pour et par le combat, ou d’un Arek doté d'une force brute impressionante, mais il saurait se défendre. De plus son fidèle compagnon n’était jamais bien loin, et il pourrait s'avérer être un atout de choix une fois le combat entamé...

Mais avant cela, tout comme l’avait fait Mussel, presque machinalement, il fallait se préparer. Abysse se redressa en position assise sur le fond de la caravane et passa sa besace sur l’épaule. Le sapara qui y était accroché pourrait éventuellement être utile, et en plus il ne tenait pas à s’éloigner trop de Saphir maintenant qu’une réponse pouvait lui être envoyée à tout moment. Cependant, ne disposant pas d’arme à distance, il devrait attendre que l’ennemi arrive jusqu’à lui. Il laissait donc à Jalyne qui se séparait rarement de son arc, au Hin qui avait déjà préparé sa fronde, ainsi qu’à l’autre elfe qu’il n’avait pas vraiment remarqué jusqu’à présent, le devoir d’éclaircir les rangs ennemis.

Accroupi et couvert par le rebord arrière de la caravane de queue, le Porteur de l’Ouroboros caressa machinalement du pouce son anneau avant de prendre en main son cimeterre. Il l’observa un instant, cette longue lame à un seul tranchant, plus fine que celle d’une épée classique, et d’une courbure très légère. Il allait sûrement servir très prochainement...

Le jeune barbare s'approchait lentement et calmement de son amie grugash. Arek la connaissait suffisamment pour comprendre que sa réaction n'était qu'un leur afin de na pas éveiller les soupçons de leurs ennemis. Arek rentra dans le jeu.

- J'arrive petite elfe.

Arek souriait afin de donner le change aux éventuels personnes qui leur tendraient une embuscade. Il avançait toujours à la même vitesse pour ne pas éveiller les soupçons et plus il se rapprochait d'Elloa plus il observait la lisière de la forêt pour voir si quelque chose n'allait pas. Mais il prit bien garde de ne pas trop insister afin de ne pas gâcher le scénario de la jeune Elfe sauvage. Une fois suffisamment proche de la grugash, Arek stoppa puis il descendit de cheval. Il posa son arme au sol et il attrapa la jeune elfe par la taille afin de la soulever et de la poser délicatement sur la selle. Une fois Elloa confortablement installé, Arek ramassa son arme puis il marcha au coté du cheval en tenant son arme de la main droite et en plaçant le plat de la lame sur son épaule droite. Arek regardait droit en direction de la caravane et il s'adressa à voix basse à Elloa.

- Hum une Elfe comme toi qui se tord la cheville. Alors tu as vu s'ils sont en grand nombre ? Ecoute bien, s'ils attaquent tu galopes jusqu'à la caravane et moi je vais les retenir.

Arek attendit calmement la réponse d'Elloa. Il se doutait de sa réponse car il sentait monter en lui l'excitation de la bataille comme si un sixième sens le prévenait. Une fois de plus Tempus serait fier de lui.

e guerrier minuscule scrutait l’horizon en vain, il détourna la tête et vit Abysse paré au combat tant bien que mal.. Il considéra l’exilé à son tour, puis Abysse.. Son regard allait venait entre les deux personnes. Il avait proposer son arbalète à l’exilé mais il ne semblait pas y avoir fait attention aussi il s’adressa à Abysse.

- J’ai proposer mon arbalète à l’exilé sans réfléchir, peut être qu’il a tout ce qu’il faut pour se défendre ou qu’il a besoin de garder ses mains libres.. Aussi si tu veux, tu peux la prendre.. J’ai laissé des carreaux d’arbalète a coté, tu peux les utiliser a ton bon vouloir.. Elle est là bas.

Mussel désigna du menton les affaires qu’il avait laissées sur le sol. L’arbalète était encore la, sans maître.

- Je ne sais si tes vœux te permettent d’utiliser ce genre d’arme mais si c’est le cas je serais heureux de te la prêter..

Le hin n’avait pas croiser beaucoup de druide dans sa vie si bien qu’il ne savait pas quelles armes ils avaient le droit de manier, une chose était sure cependant, c’est qu’il ne semblaient pas être friand des armes en métal excepté les cimeterres qu’ils pouvaient manier pour une raison que Mussel ignorait. Un jour peut être aurait il l’occasion d’en apprendre plus sur ces personnes.. Voulant prouver a l’homme azur ses bonnes intentions et son respect de la nature, l’haleflin lança des paroles en l’air.

- Puisse Maïlikki nous bénir et ne pas avoir à souffrir de la perte d’un compagnon.

Le guerrier regretta ses paroles car ne serait ce qu’évoquer un malheur risquait de leur porter la guigne et évoquer l’échec n’était pas non plus digne d’un guerrier.. Il embrassa le symbole sacré qu’il portait autour du coup.

¤ Personne ne mourra.. Si Abysse se retrouve acculé, je le sauverais. ¤

Il ne comprenait pas pourquoi il était persuadé qu’un combat approchait. S’il ne se passait rien, il se trouverait bien ridicule d’avoir réagit alors comme il l’avait fait.

ôte à côte avec le minuscule guerrier, à l’arrière de la caravane, les yeux dépassant tout juste du rebord du chariot, Abysse regarda par dessus son épaule, observant l’armement déposé par le halfelin. Une solide arbalète, le druide avait eu l’occasion d’en voir quelques matelots se servir de ces engins, mais il n’avait jamais réellement eu l’occasion d’en avoir une entre les mains... De plus, les armes à distance n’avaient pour ainsi dire aucune utilité sous l’eau, aussi il ne s’était jamais réellement intéressé ni aux arcs et arbalètes... La seule arme que son maître lui avait enseigné à utiliser était la fronde, pour la chasse, et ce les très rares fois ou l’elfe aquatique avait emmené le génasi d’eau sur la terre ferme.

Le druide avait passé la grande majorité de son temps à apprendre à écouter la Nature ses désirs et ses souffrances, à communier au point de ne faire qu’un avec elle et ressentir alors le flot de la vie s’écouler tout autour de lui. Cela passait bien avant l’entraînement martial. Mais, en tant que membre de la communauté des druides et ayant appris leur langage secret, il fut tout de même formé au maniement de quelques unes de leurs armes mais l’arbalète n’en faisait pas partie...

Aussi ce fut avec son même regard froid habituel qu’il dévisagea longuement Mussel.

- Je ne sais pas me servir de cette arme...

Il détailla a nouveau le halfelin remarquant que celui tenait en main une petite fronde.

- L’arbalète semble bien plus puissante que la fronde que tu tiens là... C’est toi qui devrais te servir de cette arme. Et je me suis déjà servi d’une fronde...

Le génasi laissa sa phrase en suspens. Attendre lui convenait très bien... Mais si Mussel acceptait de lui prêter sa fronde, il ne la refuserait pas. Bien que celle-ci soit un peu courte, les billes lancées pourraient tout de même affaiblir les ennemis. Mais le halfelin était celui qui avait été formé au combat, il saurait juger de l’efficacité des différentes solutions et de la tactique à adopter en conséquence.

Jahëlo reporta donc son regard sur la route derrière eux... Comme Mussel, il n’avait pas vraiment de raisons valables, mais il sentait que le combat n’allait pas tarder. Il était temps de découvrir qui étaient ces mystérieux agresseurs.

es sourcils du hin se froncèrent.. ¤ Comment ne peux t-on pas savoir se servir d’une arbalète ?! On la prend, on épaule, on presse la gâchette et baam ! Ca part ! Un jour je lui expliquerais comment faire.. Le cercle semble parfois mal organisé lorsqu’il s’agit de combat. ¤

Il considéra Abysse quelques instant, fit une moue boudeuse et lui tendit sa fronde armée..

- Tien ! Le hin chercha dans la bourse de cuir sur son flanc droit et tira deux autres billes.. "Sa me mine parce que je suis moi aussi plus habile à la fronde, c’est la première arme qu’on nous donne lorsque l’on est petit.. Mais bon il est vrai qu’il faut maximiser nos chances de réussite et pour cela il faut tirer le plus possible en moins de temps possible.. Je prend donc l’arbalète, mais par contre je risque de ne pas tirer de deuxième trait étant donné qu’il me faut trop de temps pour la recharger.."

Une fois le transfert de propriété éffectué l’halfelin ce saisi de l’arbalète et rengaina l’arme qu’il tenait de sa main libre.

¤ J’avais tout prévu pour une exécution rapide de mes mouvements.. Je vais avoir du mal a être aussi efficace qu’avant.. Abysse a intérêt a faire mouche.. ¤

Le hin ce tenait près le regard braqué vers l’arrière de la caravane, il tirerait des qu’il verrait quelque chose de menaçant.

Jet de détection, tire lorsque les ennemis sont à la portée de son arme.

olnam avait répondu à Arek par un sourire, oui il pouvait compter sur lui en cas de problème, pas que le nain soit un formidable combattant, même s’il ne se trouvait pas si mauvais que ça une lame à la main, mais surtout que son courage lui ne faisait pas défaut. Et il en faudrait surement du courage car si une attaque survenait, cette fois ils n’oseraient pas une attaque frontale, à moins d’être en nombre bien supérieur… non ce serait certainement une embuscade.

A peine avait-il formulé cette idée que le chariot s’arrêtait. Pourtant aucune halte n’était prévue avant quelques temps, ou alors il avait dû s’endormir lorsqu’elle avait été prévue… non ça ne semblait pas très plausible et quand bien même il valait mieux être trop prudent que pas assez et se tenir prêt en cas de danger.

Vérifiant l’attache de son bouclier, le nain regarda la lame qu’il avait posé à sa droite. Une belle lame, certes un peu petite mais l’équilibre était bon et son maniement très agréable. Ce hin était curieux… il avait sous-entendu que le barde n’était pas un assez bon combattant et pourtant il lui prêtait cette arme de qualité… bien étrange que cela mais, la logique n’était peut-être pas dans la nature de ce petit bonhomme.

Il posa sa grosse paluche sur l’épée et la souleva comme une plume. Il regarda Jalyne face à lui et hocha la tête d’un air grave pour lui signifier de se tenir prête elle aussi. Il se tourna et commença à regarder alentour, cherchant à percevoir un ennemi caché dans les ombres. Le nain faisait assez confiance en la fille des vents pour lui confier ses arrières.

Pour mieux comprendre ce qu’il se passait, Braillard jeta un regard vers l’avant pour observer ce qu’il s’y passait. Tout autour, des chants de métal dévoilé au Soleil se faisait entendre. Tout le monde était sur le qui-vive et la tension était belle et bien montée d’un cran. La précédente attaque avait été perfide, les séparer et les tromper pour les abattre. Cette fois encore il fallait s’attendre au pire… le feu ? Des troncs sur la route pour leur barrer le passage ainsi que la retraite ? Des flèches tirées depuis les fourrés ? Une fosse creusée dans le chemin ? … Il tardait au nain de savoir à quelle sauce ils allaient être assaisonnés car pour les manger ce serait une autre affaire.

Se raclant la gorge, le barde était prêt à entonner un chant de guerre et entrainer tous ses compagnons dans une danse meurtrière. Il avait déjà entendu parler de la puissance du chant qu’on lui avait appris, mais il n’avait encore jamais eu l’occasion de tester en combat ce que distillait cette magie. Il avait senti lui-même un effet, son corps tout entier réagissant aux vibrations de son organe vocal, mais agir sur autant de compagnons… sa voix ne le trahirait pas, il le savait, et son bras ne devait pas non plus faillir.

¤ Mon frère… aide-moi… toi qui était un si bon combattant, aide-moi, guide mon bras. C’est important, je ne dois pas les décevoir. Cette fois… ce ne sera pas à ma façon que nous nous sauverons, mais plutôt à la tienne… par le fer. ¤

Le vigoureux prit conscience de la présence de sa hache accrochée dans son dos. Il ne se sentait pas prêt pour la manier, pas encore. Mais un jour viendrait surement où il serait en mesure de brandir ces ailes d’acier et les faire s’envoler comme il savait si bien le faire, lui… Snaga… pas encore.

omme tout ce qui se passait dans les autres caravanes, elle releva la tête lorsque le chariot s’arrêta. Dans un premier temps, elle crut que l’Exilé ou Cornebois avaient décidé de leur offrir une pause de plus dans la journée. Mais voyant que le cocher ne bougeait pas et que Golnam jetait des regards suspicieux autour de lui, la génasi finit par se demander s’il ne se passait pas quelque chose de plus grave.

Ce n’est que lorsqu’elle saisit le coup d’œil entendu du nain, qu’elle décida finalement d’abandonner sa position pour saisir son arc et se mettre debout. Tout en tendant l’oreille elle jeta un coup d’œil devant, par-dessus l’équipage de chevaux, vers la roulotte qui les précédait. Mais rien ne semblait bouger. Cela ne pouvait pas être une attaque, elle n’entendait absolument rien. Haussant les épaules, elle se retourna vers Golnam pour voir s’il pensait aussi que tout cela était une fausse alerte. Mais apparemment, le visage tendu du nain lui donnait tort. Un peu ennuyée, elle se sentit obligée de le soutenir et finit par passer à l’avant de la charrette pour se laisser tomber sur le siège du cocher. L’homme ne devait pas en savoir plus qu’eux, mais de là elle pourrait avoir une meilleure vision de ce qui les entourait. Le principal était de comprendre pourquoi la charrette de devant s’était arrêtée. De ce qu’elle connaissait du caractère mystérieux de l’Exilé et de celui de Cornebois, cela ne pouvait être que pour quelque chose d’important. Et pour cela, elle ne voyait qu'une rencontre importante, un problème avec une des charrettes ou bien une embuscade. Elle ne voyait que ces trois solutions-là, et le mal de tête ainsi que la paresse qui la poursuivaient depuis ce matin lui faisaient prier Aerdrie pour que ce ne soit pas une embuscade. Pourtant elle devait reconnaître que ce n’était pas impossible, les environs s’y prêtaient même particulièrement bien. Commençant à se sentir un peu soucieuse, elle pesta contre le fait que les caravanes se soient toutes arrêtées. S’ils craignaient réellement une embuscade, ils en devenaient une cible encore plus facile. Mécontente par le raisonnement décidemment stupide de ces humains, mais également face au manque de réactivité de leur cocher, elle s’adressa avec impatience à celui-ci. Après tout il vallait toujours mieux prévoir le pire.

- Il faudrait peut-être avancer pour voir pourquoi ils se sont arrêtés. Je pense qu’il vaut mieux se regrouper s’il y a un danger quelconque plutôt que de laisser nos forces ainsi stupidement divisées.

Attendant que le conducteur se décide en fonction des ordres qu’ils pouvait avoir reçu de l’Exilé, elle se concentra d’avantage sur ce qui se passait devant eux. Et tout en écoutant avec attention les bruits qui provenaient de la végétation alentour, elle reserra légèrement son poing autour de l'arc.


Utilise percpetion auditive

Assis sur sa planche en bois à côté de la Poigne, Lunarc n’avait guère envie de tenir la discussion ce jour là. Lui, d’habitude assez volubile, s’était enfermé dans un mutisme amer qu’il n’avait brisé que pour laisser échapper un juron quand un cahot menaçait de le jeter hors de son siège. L’ambiance à la taverne la veille et la tension qui régnait dans la caravane depuis son arrivé, y étaient peut être pour quelque chose. Ou bien c’était un jour sans, voilà tout.

Il s’était creusé la tête pendant un moment pour trouver un sujet de discussion à aborder avec son voisin afin de faire passer le temps un peu plus agréablement. Mais le cœur n’y étant pas, il avait fini par abandonner.

Son arc posé sur ses cuisses, il avait fait passer le temps en taillant en pointe avec sa dague, une trique en bois ramassée sur le bord de la route. Les copeaux de bois s’amoncelaient désormais entre ses pieds et sur ses cuisses sans qu’il fasse le moindre geste pour les épousseter.

Malgré son attitude morose, Lunarc se réjouissait de l’éveil des deux membres empoisonnés de la caravane : le nain, Cornebois, celui qui devait diriger le convoi selon le Frère et l’elfe aux cheveux de feu. Deux combattants supplémentaires seraient un avantage appréciable si jamais la caravane venait à être attaquée. Et cette éventualité semblait plus que probable depuis l’évènement de la veille.

Intérieurement ses pensées étaient mitigées à propos de cette possibilité :
D’un côté, il se réjouissait, un peu d’exercice lui ferait le plus grand bien et il mourait d’envie d’échangé quelque passes d’armes, de plonger sa lame dans le cœur de ses ennemis, de les pourfendre au péril sa vie. Il se rappelait avec une certaine nostalgie les contes, les légendes et les récits épiques des héros de son enfance. Ces hommes toujours fiers et sans peur auxquels personne ne pouvait se mesurer dans les flammes des batailles. Il avait désiré devenir l’un d'eux pendant bien des années, et à présent bien que le peu de sagesse acquise ait pris le pas sur ses rêves d’enfant, il gardait encore au fond de son cœur ce désir de gloire de grandes batailles et de victoires.
D’un autre côté, avec le peu de modération dont il était capable il se doutait qu’un véritable combat se solderait inévitablement par du sang, des blessures, des morts. Peut être SA propre mort. Le souvenir de la cuisante brulure du fouet mordant ses chairs revint en mémoire avec violence. Il se redressa l’espace d’un instant de peur que son dos à vif ne touche la toile de la caravane avant de se rappeler que ces nombreuses blessures reçues pendant sa captivité chez les elfes noirs étaient depuis longtemps cicatrisées.
Il se rappela ce que disait le vieux sage du village :
« Dans chaque bataille, il y a toujours un vaincu. Mais rares sont les vainqueurs qui n’ont rien perdu. »

Il fut brusquement sorti de ses pensées par les holàs de la Poigne tirant sur ses reines pour arrêter les chevaux tractant la charrette.
Lunarc jeta un regard interrogateur vers le charretier, un haussement d’épaule lui répondit. Il lança dans le bas côté le morceau de bois qu’il s’amusait à tailler, replaça sa dague dans sa botte, prit son arc à la main et sauta à terre.

¤ Aucun cri, ça doit pas être bien méchant. ¤

J'vais voir. Dit-il.

Tout en jetant un coup d’œil rapide aux alentours, il épousseta de la main les copeaux de bois de ses chausses. Il secoua un peu ses jambes pour les désengourdir .