۝ Une longue traversée ۝ (chapitre 3), Menaces

A l’annonce de son nom, le génasi, bien morose, leva les yeux vers Mussel, ou Poucet, était peut être plus adapté désormais… Le petit guerrier s’intéressait déjà aux œuvres martiales du Cercle, il serait sans doute surpris et content lorsqu’il découvrirait toutes les spécificités que recelaient l’Ouroboros à ce sujet… Pourtant l’humeur de Jahëlo ne changea pas, il était resté aux côtés d’Elloa silencieux comme une ombre, peut être plus affecté encore qu’il ne l’était déjà, par ce baiser perdu. Et malgré l’ambiance agréable que semblaient partager tous les nouveaux membres de l’équipage, Abysse ne se laissait pas atteindre par elle. Préférant encore et toujours se fermer dans un instinct de préservation.

Il avait aussi remarqué le regard bienveillant du puissant Arek, mais cette fois non plus, son visage n’exprima rien en retour… Il ne savait même plus à quoi penser… Son esprit ne parvenait à se concentrer sur rien, seule cette affreuse sensation de manque imprécise qui prenait le pas sur la fatigue de son corps, et qui affectait son esprit…

Son crâne commençait à bourdonner… Tout ces efforts et ces sensations diverses … Il était au seuil du supportable. Il prit alors la parole doucement, à l’adresse de Cornebois, sa voix était lasse.

- Il me faut du repos. Le reste concerne sans doute que les recrues. Mais si tu as besoin de moi …

Il observa rapidement ses compagnons, les jaugeant une dernière fois, tous semblaient avoir compris la complexité et la signification de l’appartenance au Cercle de l’Ouroboros, bien sur son visage n’en montra rien. Puis se préparant à quitter la pièce pour trouver un endroit ou dormir, il salua Elloa, lui effleurant le bras d’une légère caresse et déposant un baiser sur sa joue.

-

Il quitta la pièce retournant d'abord sur le pont.

NARRATION

Deuxième jour de la Marée estivale année de la magie sauvage et durant quatre jours(du 02 au 06 Flammerige 1372)
Lieu : Mer des épées puis mer étincelante
Temps : Ciel bleu, vent léger


Cornebois afficha un sourire ravi, tous avaient accepté de rejoindre le cercle, Jalyne n'avait certe lancé qu'un regard et un geste d'acquiescement. Regardant tour à tour les différents membres de l'expédition écoutant leurs questions. Et préparant ses réponses, puis réagissant au départ d'Abysse il lui ajouta un signe d'acquiescement l'autorisant à prendre du repos. Ils en avaient tous besoins.

Cornebois

- Avant toute chose je vous remercie tous d'avoir accepté de nous rejoindre. J'aurais été peiné de voir l'un d'entre vous partir suivre sa route ailleurs, vous êtes tous d'admirable compagnon de route. Maintenant passons à vos questions. -------------------- Cornebois, comme il est appelé à Noirécume par les représentants du Cercle, s'occupe de l'Atelier de la Chimère Glacée.

Son regard se fit plus sérieux, reprenant en sa tête les différentes questions qui lui avaient été adressées, il pouvaient le plus souvent les regrouper en un seul terme, qui restait toutefois un mystère: l'appel.

Cornebois

-Beaucoup d'entre vous viennent de me poser des question où de souligner un point important de leur histoire. Que ce soit l'aspect familier de notre organisation, un "instinct" bizarre qui vous à poussé à nous croiser, des propos de certains de nos membres qui étrangement ont fait écho à quelque chose enfouie en vous, des rêves étranges, ou quoique ce soit d'autre nous appelons ça L'appel. Je vais laisser l'Exiler vous en parler. -------------------- Cornebois, comme il est appelé à Noirécume par les représentants du Cercle, s'occupe de l'Atelier de la Chimère Glacée.

Sortant de l'ombre derrière Cornebois, l'Exilé pris a son tour la parole.

Exilé

- En vérité nous ne savons pas avec exactitude ce qu'est l'appel, mais c'est très lié à quelque chose que je vais vous révéler. Comme vous l'as dit Cornebois, beaucoup d'entre nous ont un passé lointain commun, à savoir un ou des ancêtres qui ont un jour connu ou même qui ont été des océanides. Les Océanides sont un peuple très ancien qui a subitement disparut si bien qu'il reste peu de trace de leur héritage. Toutefois, beaucoup d'entre nous ont sentit une forte affinité avec l'histoire de ce peuple, et il est avéré que certains rituels qui normalement n'auraient du fonctionner qu'uniquement sur des personnes ayant du sang océanide aient fonctionné sur nos membres. De plus, les personnes que nous estimons de "ligné océanide" ont tous eût d'étrange rêve à certains moment de leur existence, tous ces rêves furent plus ou moins liés à l'histoire des océanides, d'où nos conclusion. J'ajouterais pour répondre à Elloa, que parfois les noms que l'on vous donnera lors de votre intégration au cercle, ou que l'on vous a déjà donné, sont une tradition que nous avons instaurée. Mais il s'avère que parfois ces noms ont une résonance particulière, voire très forte pour l'individu. On ne sait pas vraiment si c'est parce que le nom donné est une traduction commune du vrai nom de la personne ou si c'est parce qu'il y a un lien avec le lignage océanide. En tout cas de tels noms ont souvent été donné par des membres du cercle très sage à d'autres.» L'Exilé marqua une courte pause dans son discours, regardant si tout le monde comprenais ou saisissait le sens de ce qu'il disait, puis toujours aussi sérieux il ajouta. «Mais, même si cet héritage ne nous touche pas tous directement, nous avons décidé d'enquêter de plus près sur cette civilisation disparue, car comme vous l'avez vu il reste encore beaucoup à découvrir. » -------------------- Voici un des membres du Réseau des Éxilés du Cercle de l'Ouroboros. Ils arborent souvent de longs manteaux de couleur sombre, soit noirs, soit bleus, pour cacher leurs traits. Leur capuche est toujours rabbatue sur leur visage, de façon à cacher leurs yeux, et ils portent parfois même des bandeaux qu'ils nouent au bas de leur visage. Ce sont des gens discrets, professionnels, et leur langage est parfois incompréhensible, ce qui déroute quelque peu les novices...

Cornebois repris la parole après que l'Exilé eu fini.

Cornebois

-Maintenant en ce qui concerne les autres questions, étant donné que nous sommes une nation il vous faudra trouver un travail parmi nous. Et c'est là que nous somme le plus proche d'une guilde, puisque notre recherche sur notre passé ainsi que nos autres activités, contrebande, piraterie, actions politiques, et autres… nous demande un fonctionnement particulier, par exemple Mussel si vous ne pourrez protéger tout le monde, on vous fournira très certainement un poste de défenseur, ou peut-être d'aventurier votre rôle devenant celui de défendre les autres membres de l'expédition. Je vous donnerais plus d'information sur le fonctionnement de notre organisation durant le voyage, et nous accomplirons un petit cérémoniel d'intronisation pour marquer votre intégration au Cercle. On vous fournira un peu de matériel, mais il vous faudra aussi acheter le reste, après tout il est plutôt rare qu'un pays fournisse tout à ses citoyens non? Mais rassurez vous, selon le poste que vous choisirez dans le cercle de l'équipement, voire même un entraînement pourra vous être fournis gratuitement. Mais avant tout ce soir nous pleurerons nos morts et fêterons les vivant. Entre temps je vous invite à prendre du repos. Durant la traversée jusque la capitale n'hésitez pas à questionner qui vous le souhaitez sur l'appartenance au cercle ou quoi que ce soit. Chacun ici à sa vision des choses.» -------------------- Cornebois, comme il est appelé à Noirécume par les représentants du Cercle, s'occupe de l'Atelier de la Chimère Glacée.

Et il en fut ainsi, pendant quelques instants Cornebois et l'Exilé répondirent aux questions que se posaient les aventuriers, avant de prendre congé pour s'entretenir avec le capitaine. Le soir même une cérémonie fut organisée et les corps des défunts furent passés par-dessus bord avec tous les honneurs qui leur étaient dus. Le lendemains la question des prisonniers fut traité, après un long interrogatoire les deux hommes livrèrent qu'ils étaient des paysans pauvre de la région et qu'un certain "la mouette" les avait engagés pour une somme gigantesque, deux pièce de platine chacun. L'un d'eux manifesta son envie de rester à bord, tandis que l'autre demanda à être débarqué au plus vite. On lui donna un peu d'argent pour qu'il puisse rentrer chez lui ou se refaire une vie.
C'est en pleine mer qu'eu lieu la cérémonie d'intronisation, on donna à chaque nouveau membre son nom, une crosse des songes, un peu d'équipement: une écharpe bleue et un manteau comme ceux des exilés, un masque, des jambières, des meca-lorgnons, ainsi qu'une bague dont la pierre précieuse pris une couleur différente selon les personnes. On leur expliqua ce que cela signifiait, et quel était l'élément duquel ils étaient proches. Terre pour le jaune, blanc pour l'air, bleu pour l'eau, et rouge pour le feu. Durant le reste de la traversée on leur expliqua les différentes branches, les différents lieux où se trouvaient les membres du cercle.
Enfin, on leur annonça un beau soir qu'il seraient à la capitale le lendemain.

insi leur périple était terminé. Plus qu’une nuit à dormir sur le bateau et Mussel remettait pied sur la terre ferme. Ce n’est pas qu’il n’aimait pas la mer mais le sol, la terre, ça lui manquait. Ca n’était pas pour rien qu’on lui avait donné un anneau de couleur jaune après tout.

Regardant la bague à son doigt il se remémora tout ce qui lui était arrivé jusqu'à ce jour. De son enfance jusqu'à l’intégration de sa nouvelle famille. Il se rappela le sagespectre qui lui avait laissé cette balafre source de rejet et d’une timidité excessive, son entraînement à Chetel dans le Luiren, son voyage jusqu'à Padhiver qui avait été relativement tranquille et agréable mélangeant voyage en mer et voyage au sol, puis la longue traversée.

Padhiver, l’endroit ou il avait noué une amitié forte avec Arek, ou il avait rencontré Jalyne, Golnam, Jebeddo, Elloa, Abysse et les autres. Et maintenant à part pour certains qui avaient péris, ou d’autres qui avaient fuis, tous faisaient partie de la même guilde, de la même famille, du cercle de l’Ourobouros.

Il se rappela la façon dont il avait traité Golnam au début, qui était loin d’être amicale, mais maintenant ils s’entendaient à merveille. Ils avaient commencé à se rapprocher un peu avant l’affrontement et le séjour sur le bateau leurs avaient donné suffisamment de temps pour se connaître. Mussel était heureux de l’avoir comme frère.

Le repas d’adieu en l’honneur des morts fut mémorable. Mussel avait fait une sieste l’après midi pour être en forme toute la soirée. Un peu patraque au début à cause de la cérémonie funeste où peut être a cause des mouvements du bateau, il avait regagné du poil de la bete et avait commencer à manger avec une faim qui ne se connaissait pas. Arek en fut lui-même impressionné. Golnam chanta cette soirée la, comme toute les autres d’ailleurs. Chansons émouvantes ou festives, le nain avait un répertoire relativement étend. Le petit guerrier essaya, plus tard dans la soirée, d’apprendre quelques chansons halfelin au nain, mais ses talents de chanteurs étaient risibles comparé a ceux du nain si bien qu’il lâcha relativement vite l’affaire.

Le lendemain ils apprirent que c’était « la mouette » la cause de tout leurs soucis, ou du moins de beaucoup d’entre eux. Le guerrier questionna Cornebois sur cet homme et s’il était possible de monter une mission pour l’attraper et lui faire payer ses crimes.

Puis vint la cérémonie d’intronisation qui fut pour le moins étrange, Mussel ne savait pas si ses ancêtres faisaient parti du cercle, mais il aurait le temps de le savoir. En tout cas tout ce qui se passa fut gravé dans la mémoire de Poucet pour toujours.

L’équipement offert fut une source de surprise, le hin avait d’ailleurs enfilé ses jambières tout de suite après qu’on les lui ai donné, noué l’écharpe autour de son bassin, comme Abysse, puis rangea le reste dans les nombreuses poches du Mantel des exilés. Ainsi accoutré l’être mètre avait une dégaine assez loufoque, entre le pirate et le milicien. La seule chose qui lui manquait pour avoir l’air d’un pirate aguerri c’était un crochet au bout du bras, une jambe en bois, un cache œil et un tricorne.

Un peu trop excité pour dormir maintenant qu’ils arrivaient à destination, Mussel resta allonger longtemps sur son lit avant de s’endormir pour rêver de nouvelles aventures.

ern faisait maintenant partie du cercle ! Il allait pouvoir... vivre, tout simplement. Pendant longtemps, sa vie n'a pas eu le moindre sens, et c'est d'ailleurs pour ça qu'il ne s'était pas donné la peine de vraiment apprendre quoi que ce soit, de faire en sorte d'être utile. Maintenant, tout prenait du sens, son esprit était plus vif, il était plus intéressé par ce qui se passait autour de lui. D'anciens souvenirs remontaient à la surface, somme son apprentissage de la langue elfique lorsqu'il avait 5 ans. C'était évidement maintenant ! Bien sûr, il était un peu rouillé et avait peine à déchifrer les symboles de sa dague par exemple, et lors du voyage il avait été incapable de comprendre quoi que ce soit des conversations en langage elfique. Alors durant la brève traversée maritime, il passait ses soirée avec Jalyne, Abysse, Brise ou avec d'autres membres de l'équipage, afin de retravailler cette langue. Il essayait aussi au maximum de poser ses questions sur le cercle dans cette langue. Son accent était épouventable, son vocabulaire limité et sa maîtrise de la grammaire plus que douteuse, mais cela revenait, petit à petit, et en un mois il aurait probablement tout retrouvé.
De jour, il aidait les marins dans diverses tâches et son expérience professionnelle lui fût fort utile. Il dut réaprendre pas mal de gestes simples, mais le travail entretenait sa forme, il avait retrouvé les conditions physique de sa jeunesse. Lorsqu'il en aurait le temps, il s'entrennerait au combat avec Mussel pour développer son propre style de combat et apprendre à mieux esquiver les coups. Le Hin ne payait pas de mine avec sa voix fluette et était plutôt antipathique au premier abord, mais il avait un sens aigu de l'honneur, était un combattant redoutable et surtout quelqu'un que, sans trop savoir pourquoi, Kern avait tendance à apprécier, en dépit -ou peut être même à cause - de la façon dont s'est déroulée leur première rencontre.
Bref, Kern n'était plus le même ! Enfin, en un sens si : il guettait toujours la moindre occasion de sortir en langue naine des blagues naines à Braillard et avait enseigné à quelques marins l'art de la triche au jeu de dés !
Le jour de la cérémonie, Kern n'avait pas parlé, sauf pour dire le strict nécessaire. L'émotion était trop forte pour qu'il trouve quoi que se soit à dire.

Quand vint l'annonce que la capitale était proche, Kern était sur le pont avec Golnam. Le marin avait troqué sa cape (qui se trouvait maintenant bien pliée dans son havresac) contre le mantel des éxilés, plus pratique par temps frais. Il avait mis sa dague dans une des poches, ainsi que sa bourse, son diamant coupe verre, les méca-lorgnons et sa boussole et avait l'écharpe du Cercle enroulée autour de la taille. Il était content d'apprendre que le Cercle n'était plus très loin. Alors il déclara à Golnam :

-[nain] Frère Braillard, que dirais tu de chanter pour fêter ça ? Je me rappelle d'une chanson naine qui parle de retour au port, de beuverie et de prostituées. Je ne sais pas si elle est de circonstance mais c'est la seule qui me vient à l'esprit ! Eh si, j'en ai une plus bête ! ça parle d'une souris couleur herbe qui se transforme en escargot ! On peut essayer de la chanter en nain, qu'en penses tu ? Plus tard j'essaierai mes chansons obscènes en elfique pour entendre ce que ça donne ! Hahahahah !

Eh oui, Kern avait certes changé mais son caractère était resté le même !

Arek avait écouté avec attention les paroles de l'Exilé. Le jeune barbare n'avait tout compris mais tout ce qu'il avait dit sur le cercle et son histoire avait intéressé au plus haut point le barbare. La partie mystique lui paraissait bien lointaine mais il apprendrait à la comprendre avec le temps.

Suite aux paroles de l'Exilé sur l'héritage du cercle, Arek se souvint des paroles de son père sur l'histoire de son clan. De fier guerrier qui sont arrivés sur les territoires du nord par la mer et qui ont conquit leur territoire par la force de l'acier. Arek n'était jamais monté sur un navire et bizarrement il s'y sentait bien et le mouvement des vagues ne le gênait pas. Durant le voyage, il en profita pour aider les hommes d'équipage sur la manoeuvre des voiles et sur l'entretiens du navire. Le métier de marin semblait lui convenir et sa grande force fut apprécié pour hisser ou manoeuvrer les voiles.

Lors de la cérémonie organisé pour les morts, Arek se plaça au coté de Mussel. Il savait que le Hin avait été touché par leur disparition. Au moment ou les corps furent jeté à la mer, Arek plaça sa main sur l'épaule du petit Hin et il fit un signe de la tête en lui disant :
- Ils sont mort en guerrier l'arme à la main. Tempus leur accordera une place de choix dans l'au-delà.

Puis vint leur intronisation. Arek était émus lorsqu'il s'approcha de la table ou était posée les anneaux du cercle. Le jeune barbare prit le sien et il le plaça à son doigt. Arek l'observa et il regarda la pierre viré au bleu.
¤Ainsi, l'héritage de mes ancêtres est encore présent en moi.¤
Arek se saisit de l'écharpe et il la noua à sa taille, puis il plaça le manteau sur ses épaules. Quand au reste de l'équipement, il le rangea avec soin dans son sac.
Suite à la cérémonie, Arek parla avec Mussel :
- Mon ami, je ne sais que me battre et je pense que je vais m'orienter vers une carrière de mercenaire au sein de l'organisation. J'espère que nous continuerons à voyager ensemble encore longtemps.

Durant la traversé, Arek parla souvent avec Cornebois afin de se renseigner sur la carrière de marin et aussi sur celle de mercenaire au sein du cercle.

a suite du voyage fut riche en émotions. Golnam en profita pour se rapprocher de ses compagnons maintenant que tout danger était écarté, même d'Abysse, même si pour lui un regard et un mot était déjà une formidable récompense aux efforts du barde pour dérider un peu le génasi d'eau. Elloa et Jalyne étaient déjà de bien meilleure compagnie, en particulier Jalyne dont la compagnie semblait, de toute évidence, plaire au nain.

Les autres membres de la troupe n'étaient pas pour le même genre de compagnie : Arek était un formidable compère pour la boisson et était toujours accueillant sauf lorsqu'il était en plein effort avec les autres marins. Il avait une simplicité et une franchise qui avaient tout de suite séduit le vigoureux, il espérait pouvoir vivre encore d'autres aventures avec le barbare au grand coeur. Mussel avait été un peu rugueux au départ mais après s'être habitué à sa façon particulière, Golnam appréciait le hin qui lui semblait d'un honneur et d'une droiture plus que louable. Kern était un filou de première, et Golnam affectionnait leur parties de triche car il s'agissait là plus de savoir qui tricherait le mieux. Il avait la même bonne humeur que le nain ce qui ne faisait que renforcer leur camaraderie.

Vint le moment de rendre hommage aux morts. Golnam tint à entoner un chant pour cette occasion, émouvant et beau à la fois, il y mit tout son coeur pour remercier une dernière fois ces compagnons qui avait donné leurs vies pour défendre la caravane.

L'autre instant d'émotion fut la cérémonie de leur entrée dans le Cercle de l'Ouroboros. Cette fois la tristesse avait fait place à une fiertée non dissimulée. A présent ils étaient frères et soeurs. Golnam devait à présent s'habituer à son nouveau nom, Braillard. Il avait passé la bague à son doigt et remplacé sa vieille cape par le nouveau mantel. Il regarda la pierre changer de couleur pour devenir cristalline, il se dit qu'encore une fois il se démarquait de sa race en n'étant pas lié à la pierre mais à l'air. Il comprit enfin ce qui le liait si étrangement à Jalyne et à Elloa, la première impression qu'il avait eut à leur rencontre. Tout devenait clair maintenant.

Sur le pont avec La Magouille, Braillard répondit :

- [nain]Volontier mon frère ! Manque plus qu'une chope de mousse et le tableau serait parfait ! Il me tarde de découvrir la capitale...

Le regard perdu dans les flots, Braillard se sentait bien, le vent jouait une douce musique à ses oreilles et une sérénité bienfaisante emplissait son coeur.

Voilà quelques lunes que Abysse ne s’était pas retrouvé en pleine mer. Et le doux balancement de l’océan, trouvait écho dans son cœur, l’apaisant et lui remémorant sa vie passée. Ce passé n’était pas si lointain, et finalement bien peu de choses avaient changées, il mettait toujours ses capacités au service de l’Ouroboros, et travaillait à l’accomplissement des missions qui lui étaient confiées. Il rencontrait d’autre Porteurs, les assistait dans la mesure de ses consignes et de ses capacités, puis se détachait avec une déconcertante facilité. Sa nature froide et renfermée lui permettait d’éviter toute contact et donc toute rupture… Mais cette fois cela avait été différent… C’était cela qui avait changé…

Jahëlo repensait une nouvelle fois à tout cela, un soir alors qu’il était tout là haut à la vigie. Comme ses compagnons de route, il s’était mêlé à l’équipage, ayant une quelque expérience du métier de marin, il n’eut pas de difficulté particulière à entreprendre les tâches qui étaient les siennes… Mais le poste de surveillance à la vigie, tout en haut du mat lui plaisait particulièrement… Par sa nature isolée et solitaire, et par son côté détaché de toute l’agitation omniprésente sur le pont tout en bas, cela lui convenait…

Mais malgré cette légère séparation avec le reste de la vie du navire, un élément omniprésent emportait toutes ses pensées, vers des idées, des souvenirs, des visages précis… Le vent… Il lui était impossible de ne pas penser à tout ces futurs Porteurs qui avaient ressenti l’appel de l’air… Jalyne bien entendu, qui l’exprimait par sa nature même, bénie par les élements. Golnam qui par son art et son souffle l’avait fait connaître sous le nom de Braillard. Mais aussi, et surtout, Brise, Elloa et son esprit libre comme le vent…

Comme les autres, le génasi avait assisté aux évènements marquant du voyage. L’hommage aux morts, avait été émouvant pour bien des hommes, le chant du nain puissant et rempli d’émotions… Pourtant Abysse semblait s’être retrouvé. Ici sur un bateau au beau milieu de l’Océan, Abysse, le froid Porteur était infiniment plus fort. Il avait observé les corps jetés à la mer avec détachement. L’Océan reprenait la vie qu’il avait donné…

Vint ensuite l’intronisation des nouveaux porteurs, l’organisation de la cérémonie fut formelle, et Abysse en faisait partie… Tout semblait avoir été préparé pour chaque compagnon qui avait risqué sa vie à la protection de cette caravane… A la vue des divers objets symbolisant l’Ouroboros qui seraient fournis aux nouvelles recrues, le druide repensa à cette étrange entrevue. Elle avait eu lieu un midi lors d’une journée pluvieuse, le jour ou ils avaient rencontré le dénommé Lascar… Joli tour que celui là. Lors de cette entrevue ce mystérieux personnage lui avait confié la formation d’Elloa ainsi que ce qui scellerait son appartenance à l’Ouroboros… Celui qui serait son anneau…

Pourquoi cela avait-il ça fait si tôt, Abysse ne l’avait pas compris… Au vu de la situation actuelle, de nombreux changements avaient du avoir lieu dans les missions organisées par le Cercle pour que cette cérémonie se fasse ainsi sur le navire… Mais pourtant…

Quelques un des Exilés rassemblèrent les objets, Abysse senti le regard de Cornebois se poser sur lui. Alors fouillant dans la poche ou il avait précieusement gardé l’objet, il sortit l’anneau. Il le porta à hauteur de ses yeux, le tenant entre son index et son pouce, et l’observa longuement. Son regard s’attarda un instant cherchant à lire le nom Elloa profondément incrusté dans la pierre… Puis il le déposa parmi les autres.

Il l’avait guidée jusqu’à l’Ouroboros, Elloa devenait Brise, Jahëlo redevenait Abysse…

e voyage s’était déroulé de façon des plus plaisante dès que la cérémonie d’intégration eut lieu, repoussant quelque peu le souvenir des morts, et laissant place à davantage de gaîté. Des liens s’était créé entre chaque membres de l’équipage, à tel point qu’il sera difficile de se séparer les uns des autres…Même si dorénavant ils étaient tous frères, leurs chemins se éloigneraient probablement durant de longs mois, voir davantage. Pour Elloa cependant, cette notion de séparation était probablement plus ténue, quelques années pour elle, ne signifiait pas grand chose. Elle avait pris beaucoup de plaisir à discuter avec Kaern dans sa langue natale. Elle riait souvent, sans jamais se moquer : elle savait qu’il n’était pas aisé d’apprendre une nouvelle langue. Elle s’était également entraînée à monter aux cordages, filets et à exécuter d’autres exercices d’équilibre plus ardus sur les mats et poutrelle du navire, s’amusant à taquiner Jahelo isolé dans sa vigie. Elle n’avait pas encore tout à fait le pied marin, mais ses réflexes devenaient meilleurs.

Puis vint le dernier soir. Lorsqu’elle observa le visage de chacun de ses compagnons, elle éprouva une légère pointe de regret, qui s’estompa presque aussi vite qu’elle n’était venue.

- Eh ! Braillard ! Que dis tu toi de chanter un chanson ! dit elle sans savoir que Kaern venait de lui demander exactement la même chose. « C’est dernier soir aujourd’hui. Il faut profiter pour s’amuser ensemble avant le aurevoir ! »

Et elle s’approcha du nain, à pas dansants, frappant dans les mains un rythme entraînant qui le pousserait sans doute à faire entendre sa grosse voix. Elle était la seule à ne pas avoir attaché l’écharpe bleue autour de sa taille. Elle avait préféré l’utiliser comme un foulard retenant ses cheveux auburn et empêchant ainsi la forte brise marine de trop les emmêler.

Depuis qu’elle avait reçu l’anneau et qu’elle ne porterait désormais plus que le nom « Brise », Elloa se sentait infiniment bien, comme flottant dans son élément. Ce jour avait revêtit l’importance d’une renaissance. Sa vie commençait pour de bon. Ce qui s’était passé avant flottait dans les brumes des lointains souvenirs. Depuis ce jour, elle n’avait plus jamais été seule avec Jahelo. Peut être que le genasi prenait ce léger changement dans leur relation avec amertume, comme un amour avorté dans l’œuf, une histoire qui aurait pu prendre son essor et qui s’était estompée. Pour Elloa, tout avait changé. Elle avait trouvé sa voie, elle était arrivée au bout du chemin, et devant elle se dressait une route nouvelle. Tout était encore à accomplir. Elle était plus vibrante, plus gaie, et plus indomptable que jamais.

- Allez allez ! Braillard ! Chante ! Insistait la grugash, tournoyant autour de lui, taquine, frappant toujours dans les mains. « Venez les autres ! Ce soir, nous fait la fête ! »

Elle était plus riante, plus vive, plus assurée. Les deux parts d’elle-même s’étaient enfin unifiée. Elle était Brise, celle qui parcourra terres et mers en quête de savoir.

Dans les cieux rougissants tournoyait le faucon. Elloa, leva les yeux vers lui. Elle s’était demandé un bref instant pourquoi son animal totem était un faucon et non pas un oiseau marin comme une mouette. Puis elle avait compris que sa destinée n’était pas forcément de voguer sur les flots, mais parfois simplement de les traverser. Lorsqu’on lui avait demandé la profession qu’elle choisirait au sein du Cercle, elle n’avait su que répondre. Mais aujourd’hui, elle savait qu’elle voudrait faire partie de ceux qui parcourent le monde à la découverte des secrets de leurs origines. Peu importaient ensuite les taches qu’on lui demanderait.

ussel allongé dans sa chambre contemplant le plafond entendait l’agitation. Il repensa à ce que lui avait dit Arek pendant le voyage. Le grand homme voulait devenir mercenaire.. Ca n’entrait pas vraiment dans les projets du hin. Mais il ne voulait pas quitter son ami pour autant.

Puis la faite semblait battre a son plein, le semi homme pensait entendre la voix de Kern et celle de Golnam chantant a tue tête. Pensant profiter une dernière fois de ses compagnons avant qu’ils se quittent. Peut être qu’il ne les reverrait pas tous. Il n’osait songer ni a la mort future de ses compagnons ou de la sienne. Non pas qu’il leur souhaitait une mort rapide, mais poigne avait périt et c’était illusoire que de penser que tout le monde resterait en vie. Les Krakens étaient maintenant leurs ennemis à tous.

Il se leva, laissant son Mantel sur sa couche, et se dirigea sur le pont vers la fête qui se déroulait. La première chose que Poucet vit en s’avançant sur le pont fut la danse sensuelle d’Elloa qui, pour une raison suffisamment compréhensible, fit rougir le hin qui de honte détacha l’écharpe de l’Ourobouros de ses haches et ce la mit autour du cou de façon à cacher ses rougeurs. Il se dirigea vers son grand ami.

- Arek, j’y pense à ta proposition et j’ai beau retourné la chose dans tout les sens, je me vois plus faire de la protection. Etre un mercenaire, je sais pas, j’ai pas envi de louer mes services à des inconnus. Ca m’enchante vraiment pas. Etre un chasseur de prime, encore, pourquoi pas, mais mercenaire.. Pas vraiment. T’aurais pas envi toi d’être l’équivalent de Cornebois, guidant les nouveaux vers le cercle, et moi je serait un peu comme l’exilé, ton second. Ca ne te tente pas ?

Puis il regarda la fête qui battait son plein et faisant fit de son amour propre il rejoignit Golnam et Kern. Non pas pour chanter mais pour danser d’une façon mal habile levant une jambe puis l’autre en rythme, transférant son poids de droite à gauche. Et peut être que le hin prendrait un peu de bière ce soir..

L’ourobouros lui avait apprit plein de choses.. Sur Da’aï Chikiza, sur les océanides et.. Sur la boisson !

Arek était avec ses amis sur le pont. Il appréciait leur compagnie et lorsqu'Elloa commença à danser, il ne put s'empêcher d'applaudir lui aussi en essayant de suivre le rythme. Le jeune barbare n'était pas très familier avec la musique ni avec la danse mais il faisait de son mieux pour accompagner ses amis dans la fête.
Lorsqu'Arek vit Mussel arriver, il lui tendit une chope de bière et l'accueillit d'une tape sur l'épaule.

- Ah mon ami tu as enfin décidé de venir nous rejoindre, viens et chante avec nous.

Arek reprit son sérieux et écouta les paroles du Hin. Elles étaient tristes mais le jeune barbare ne pouvait laisser son ami dans cette état d'esprit.

- Mon ami, être un mercenaire ne se résume pas a vendre ses compétences au plus offrant. Nous pourrions très bien nous spécialiser dans la protection des caravanes du cercle ou bien de certaines personnes importantes, cela incluant bien sur les nouvelles recrues. Allez n'y pense plus et amusons nous. Nous aurons tout le temps de parler de cela demain.

Le jeune barbare reprit ses applaudissements et il se lança dans la chanson en reprenant les refrains.

Arek resta avec ses amis jusqu'à très tard dans la nuit. Puis prit de fatigue il rejoignit sa couche afin de se reposer car ils arriveraient bientôt à la capitale, là ou les attendait sûrement une prochaine mission.
Durant la nuit le sommeil du jeune barbare fut très agité et à son réveil il prononça un mot qui deviendrait son nom au sein du cercle :

-Léviathan, mon nom sera Léviathan.

A son réveil Arek en fit part à Cornebois ainsi qu'a ses amis.