Une petite chasse spéciale, Périples et retrouvailles improbables

Narration: Inwën Ut Mathar

La novice de la Confrérie dévisagea le prêtre qui adoptait un air qui ne lui plaisait pas du tout et c'était un euphémisme! La jeune femme se crispa et faillit renvoyer Broxigar à l'aide d'une réplique bien placée mais elle se ravisa au dernier moment. Ces dernières heures, elle semblait faire l'impasse sur la plus élémentaire prudence, surtout ici à Fort Noénar, il était temps pour elle de faire attention si elle ne voulait pas s'en mordre les doigts trop tôt. il en allait dans l'intérêt de sa mission.

Inwën se saisit d'une chaise à une table vide et l'apporta près de Broxigar avant de prendre place. En vérité, elle n'aimait guère le ton emprunté par le prêtre.

- Il ne s'agit pas de chasse mon ami mais je suis là pour éviter justement qu'on ne chasse n'importe quoi et n'importe comment. C'est en quelque sorte ma modeste contribution pour veiller sur l'équilibre. Si vous voyez ce que je veux dire....

Elle dévisagea une nouvelle fois le prêtre et les nains avant de reporter son attention sur Broxigar. Ce jeune homme lui paraissait quelque peu suffisant.

- Vous pouvez vous vanter d'avoir éveillé ma curiosité car je n'ai pas vraiment comprit votre remarque sur le gibier à sang humain...Messire? Tiens, je ne me rapelle pas d'avoir entendu votre nom?

Broxigar fut quelque peu dérouté par la réponse du semi-elfe. Celle-ci avouait complètement soutenir la cause des elfes. Pour approcher du groupe qui avait subi l’embuscade tendu par les elfes la veille, cette rodeuse devait être complètement suicidaire ou absolument sûre d’elle. Ou peut être qu’elle n’avait rien à voir avec le groupe d’oreilles pointues qui les avaient attaqués la veille. Après tout le prêtre ne savait rien du tout sur les différentes communautés qui peuplaient la Haute-Forêt. Ne sachant toujours pas si cette Inwën était un danger ou pas, le fidèle de Kossuth décida de mettre les choses au clair. C’est pourquoi il répondit sur avec le ton sur lequel il avait engagé la conversation.

- Vous connaitrez mon nom lorsque je serais certain de vos intentions. Mes compagnons et moi sommes tombés dans une embuscade tendue par des elfes pas plus tard qu’hier. Si vous êtes ici pour achever le travail, j’espère pour vous que vous avez pas mal d’amis cachés à proximité ou vous feriez mieux de décamper immédiatement.

Il serra son poing droit pour montrer qu’il mettrait ses menaces à exécution au moindre geste suspect. Puis prenant un air plus calme et serein il ajouta :

-Par contre, si vous êtes ici dans un but pacifique, comme j’ai l’impression de le comprendre dans vos paroles, je tiens alors à m’excuser pour le désagréable accueil que je vous ai réservé. Etant donné notre situation, je suppose que vous comprendrez notre méfiance. Mais malgré tout, vous vous êtes trompé de table. Nous sommes justes de passage à fort Noenar. Pour ma part, c’est la première fois que je viens dans ces lieux, et je ne suis pas vraiment intéressé par la chasse. Il hésita un instant puis termina : "Si je puis me permettre, il semble qu’il n’y a pas que dans ce fort que vous devriez vous rendre pour veiller sur l’équilibre de ces contrées."

Broxigar lança à la femme un regard interrogateur qui lui demandait de choisir de quel côté elle se plaçait.

Narration: Inwën Ut Mathar

La jeune femme fronça les sourcils en entendant le venin cracher par cet humain. Une lueur dansa au fond de ses yeux quand elle entendit que des elfes venaient de tendre une embuscade à ces N'Tel'Quessir. Cela ne pouvait pas être une coincidence et sous ses airs mal embouchés,l'homme venait de lui adresser un précieux renseignement.

Elle se cala dans sa chaise et médita quelques secondes sur les paroles de cet inconnu qui semblait vouloir instaurer un rapport de force entre lui et elle. Il ne manquait pas de toupet et était aussi aimable qu'un rothé en ruth.

¤ Ainsi soit-il, autant laisser ces mâles entre eux et surtout en évitant de leur répondre, cela me dérangerait de les instruire!¤

Inwën se leva et s'inclina en souriant pour prendre congé et surtout préféra aller prendre place à une tabble non loin de celle des nains et de l'humain. Elle se délesta complétement de son sac et alla tranquillement se servir à manger. Son nouvel employeur n'allait pas tarder à la recevoir

- Damoiselle ! lança Rak d'une voix sonore à travers la salle. L'accueil de mon ami n'était pas très aimable, et le mien silencieux. Pour votre information, j'étais encore il y a moins d'une heure, cloué au lit suite à notre combat contre des elfes. Et il y a eu de nombreux morts.

Le nain d'écu fit une pause pour se désaltérer. Le fait que la nouvelle arrivante ait du sang elfe le rebutait. Mais son sens amical ne pouvait se résoudre à repousser ainsi une personne qu'il ne connaissait pas, et à qui on ne pouvait reprocher qu'une chose pour laquelle elle n'était pas fautive. Ses origines, on ne les choisissait pas. Par contre, on choisissait ce que l'on souhaitait être. Et c'était cela l'important.

- Mais on ne peut pas vous en vouloir. Après tout, vous n'étiez pas là. Alors amenez votre assiette, et venez partager une bonnne bière avec nous. Allez ! J'insiste. Mais sachez que nous sommes un peu tendu à cause des événements qui se passent dans le coin, et qu'il faudrait mieux parler d'autre chose.

Rak lui adressa un sourire aussi franc que possible.

Comprenant très bien les réticences du prêtre et certainement des trois autres nains l’accompagnant envers sa moitié elfique, Inwën se doutait bien que le dialogue et la confiance n’allaient pas s’établir en claquant des doigts.
Heureusement un des nains semblait plus enclin à la conversation et malgré l’air suffisant et quelques peu hautain de l’humain, la demi fini sa bouchée, s’essuya la bouche du revers de la main et se cala confortablement sur la chaise.

- Et bien cher … guerrier, je suppose, vu l’accueil que vous me faites, j’en déduis que mon sang elfique n’est pas passé inaperçu ! Effectivement je suis née de père humain et de mère elfe. Etant donné que c’est elle qui m’a élevée, je me sens plus proche des elfes et ce malgré un tempérament assez impulsif que je dirais plus… humain.

Elle ponctua sa phrase en jetant un regard froid à l’humain.

- Pour répondre clairement à tes interrogations, sache que je suis sincèrement désolé de votre infortune d’hier et que je ne suis pas ici pour chercher à finir le travail, comme tu le dis ! Je suis ici pour chercher du travail et j’avoue que ma curiosité fut piquée au vif quand j’entendis parler de ses attaques d’elfes. Etant donné qu’il n’est pas dans leur nature d’attaquer les humains sans raisons et encore moins de perpétrer de tels massacres, je suis désireuse de savoir le pourquoi de la chose !

Inwën rapporta son attention sur le nain et accepta son invitation en se rapprochant de leur table et acceptant une pinte de bière. Malgré le faite qu’elle avait omis de signaler qu’elle faisait partit d’une confrérie elfique et qu’elle enquêtait pour eux, elle pensait en avoir assez dit.

Rak sourit face aux réparties de la demi-elfe. Elle ne se laissait pas démonter par la situation. Elle avait du caractère. Il aimait cela. D'une rôdeuse, cela n'avait rien d'étonnant. Question de survie.

- Maintenant que tu es à notre table, je me présente. Rak de Delzoun, de la Région d'Eau Profonde, guerrier, actuellement au service du seigneur Eirontalar. Nous n'avons pas encore commencé notre mission, mais sur le chemin depuis Fort Olostin, nous avons été attaqués, sans raison par un groupe d'elfes sauvages.

Tout en parlant, le nain d'écu s'était levé pour remplir une choppe de bière qu'il déposa devant Inwën avant de rasseoir.

- Comme tu disais, la vue d'une demi-elfe nous rend pas très heureux. Mais bon ! Cela durera pas, à moins qu'on combatte à nouveau des elfes. Mais parlons d'autres choses : d'où viens-tu ?

Rak leva sa choppe à la santé de la nouvelle arrivante puis bu goulûment plusieurs gorgées. Décidément, il avait toujours soif. Pas étonnant. Il avait plusieurs jours à rattraper. Mais le souvenir de son ivresse récente le retint d'aller se reservir immédiatement. Pour forcer son esprit à oublier cet admirable liquide, le nain d'écu fixa la demi-elfe, attendant sa réponse.

¤ … A moins qu'on ne combatte à nouveau des elfes… ! Décidément, je ne comprendrais jamais les nains ! Ca fait des siècles que nos deux peuples ne se font plus la guerre et pourtant j’ai toujours l’impression qu’ils ne l’ont pas compris. ¤

Ne laissant rien transparaître du malaise et de la colère provoqués par cette phrase, Inwën attrapa la pinte, la leva et la porta à ses lèvres. Ca non plus elle comprenait pas. Comment pouvaient ils aimer une telle boisson ?
Une fois encore, elle fit mine et laissa le liquide amère descendre dans sa gorge et le rot y remonter aussitôt.

- Pardon ! Et bien, Rak, je peux t’appeler Rak ? Je suis née à Eauforte, au sud de la haute forêt, mais je n’est pas vraiment de point de chute ce qui n’est pas pour me déplaire, j’aime cette liberté d’action. Mon art pour la traque me permet de vivre bien et de combler mes quelques dépenses. Enfin, une vie rêvée pour une rôdeuse comme moi.

Sa phrase fini, elle décida d’abréger le supplice de la bière en vidant d’une traite sa pinte. Des frissons lui parcoururent le corps de la tête aux pieds et fut prise de spasmes.

- Haaa ! Par Corellon, elle est… bonne !

Laissant passer quelques secondes, elle ajouta.

– Désolée d’insister avec ça, mais n’avez vous vraiment rien remarqués qui aurait pu vous sembler étrange sur ces elfes quand ils vous ont attaqués ? Je ne sais pas moi, comme un détail sur leurs tenues, leurs armes ou semblaient ils comme possédés ?

La demi tenta de se calmer et de freiner son flot de questions afin de ne pas trop éveiller de soupçons sur elle et ses véritables intentions et son but. Il fallait que sa reste à leurs yeux de la curiosité non pas du travail.

¤ Quelle descente ! ¤ apprécia Rak qui se trouva tenté de remplir immédiatement la choppe à nouveau.

Mais il se retint, car il savait qu'il ne pourrait s'empêcher de faire de même pour la sienne.

¤ Retiens-toi, Rak. Tu vas voir cet après-midi le seigneur Eirontalar. Tu dois faire bonne impression si tu veux garder ta place dans la mission. ¤

Le nain d'écu fronça les sourcils quand la demi-elfe ne put s'empêcher de ramener la conversation sur les elfes qui les avaient attaqués. Mais il se détendit rapidement, car la curiosité d'Inwën semblait normale.

- J'ai peu de détails à te donner. Comme armes, ils avaient des arcs. Car c'est surtout leurs flèches qu'on a vu. Et de près, je les ai pas beaucoup regardé avant de les tuer. Alors va savoir s'ils étaient possédés.

La gorge sèche, Rak jeta un regard morne sur sa choppe vide.

Vingt Troisième jour de la Flétrissure-Année de la Magie Sauvage
23e Eleinte 1372 (CV)

MJ
Narration: Rak de Delzoun, Broxigar et Inwën

Lieu : Fort Noénar-Pavillon de Chasse de la Maison Eirontalar..
Temps : /
Moment : 12h30-13h00

ak s’était montré nettement plus accueillant que le prêtre de Kossuth ou encore des deux nains qui s’étaient murés dans un silence suspicieux. Le chien de meute était tout ce qu’il y avait de plus convivial et avait apaisé les propos de Broxigar. Inwën, qui s’apprêtait à répondre à Rak, vit Agrénor s’adresser à la demi-elfe sur un ton qui se voulait neutre.

- Possédés ? Ces maudits elfes l’étaient à coup sûr !! Et le pire c’est qu’il ne cherchait même pas à s’emparer de nos biens, non pas du tout ! Mais bel et bien à nous exterminer !

Sentant un ressentiment profond s’emparer de lui, le garde du corps préféra se taire, mais il avait laissé la porte ouverte aux réactions et Lardreck s’y engouffra immédiatement, en veillant à parler à voix basse, un exercice difficile pour le marchand.

- Dites moi demoiselle elfe, pour votre gouverne, il va falloir dire aux vôtres que tout le monde à le droit de vivre ici bas à condition de se respecter mutuellement ! Mais une chose est certaine, la prochaine fois que je vais venir dans la région, je vais me payer le luxe de prendre à ma charge une compagnie de nain et d’engager des mercenaires.

En disant ces mots, il lança un coup d’œil à Rak.

glissa Lardreck en utilisant leur langue natale, le tout en ponctuant ses propos par un clin d’œil.

- Et là demoiselle elfe, si je subis une nouvelle embuscade, je crains que le résultat ne soit tout autrement! Paroles de nain!

Agrénor esquissa un sourire à la remarque de son employeur puis réagit une nouvelle fois.

- Broxigar a raison, la méfiance est désormais de mise avec toutes les oreilles pointues qui rôdent dans le coin. Surtout celles qui posent des questions. C’est tout ce que je dis moi !

Et sur ces mots, il avala le reste de sa pinte d’un trait comme il se devait. Parler lui donnait toujours envie de boire et il joignit le geste à la parole. Il se versa donc une nouvelle pinte de bière.

Prés de là, Dhalzel Argémian fit son apparition dans la salle et le colosse roux se dirigea immédiatement vers la tablée des nains et sans se préoccuper le moins du monde de la présence de la rôdeuse et des deux autres nains, il invita Broxigar et Rak à l’accompagner, coupant court à la conversation.

- Le seigneur Eirontalar va vous recevoir Broxigar et Rak, si vous voulez bien me suivre..

Vingt Quatrième jour du mois d'Eleinte 1372 (CV)
24 Eleinte 1372

Lieu :Vers Fort Noénar.
Temps : nuageux, léger vent
Moment : Près de 1 heure du matin

MJ
Narration :William

n simple signe de tête de Serg suffit pour le moine de se résigner à ne pas en savoir plus mais le cocher semblait être enclin à parler.

- Nous avançons à un bon rythme, je dirais que nous devrions être sur place d’ici trois heures, l’homme cracha à nouveau par terre et essuya sa bouche du revers d’une manche, reste à savoir si le guet va nous laisser entrer, ils deviennent de plus en à cheval sur la sécurité ses derniers temps.

L’homme plongea une main à derrière lui et extirpa un havresac qu’il tendit au moine.

- Dedans, y’a du saucisson, une miche de pain gris, une bouteille de vin, une chope et un couteau. J’ai une petite faim moi, et c’rait gentil de v’te part de m’faire un petit en cas. Y’en a assez pour deux, faîtes comme chez vous !

William se retrouva donc avec l’énorme responsabilité de faire à manger pour ce garçon, comme pour marquer sa désapprobation, le ciel commença à faire des siennes et une série de coups de tonnerres suivis d’éclair illuminèrent le ciel nocturne.