Une petite chasse spéciale, Périples et retrouvailles improbables

21e jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Vers Fort Noénar, Nord Sauvage, à proximité de la Haute-Forêt.
Temps : nuageux avec de belles éclaircies.
Moment : Fin d ejournée

MJ
Narration: Tous

a luminosité avait nettement diminuée et les ombres s’allongeaient quant au détour d’un virage, le groupe tomba nez à nez avec un convoi de trois chariots, dont les conducteurs étaient en train de s’installer sur le bas côté de la route pour passer la nuit. Autour d’eux, trois hommes d’armes armés d’arbalètes surveillaient avec attention les alentours sur les instructions d’un nain, le seul du groupe, qui éructait ses ordres tout en faisant des allers retours entre les chariots. Ian leva une main pour stopper les compagnons qui se massèrent autour de lui. Le nain semblait en effet monté sur des ressorts et dispensait ses ordres sans compter.

- Mais non, pas comme ça ! Pas comme ça ! Jonas, rapproche toi encore un peu plus ! Allez !! Allez ! On y va pas y passer la nuit, c’est pourtant simple ce que je demande.

La manœuvre dura à peine quelques minutes. Satisfait, le nain ordonna à ses hommes de montrer les tentes pour la nuit avant de se tourner vers les gardes dont l’attention était désormais tournée vers le groupe dirigé par Ian. Ce dernier leva les deux mains en signe d’apaisement

- Alors triples buses, vous allez peut-être aller préparer les feux pour cette nuit où bien vous comptez me laisser tout faire ! Oh les garçons ! Quand je vous parle, vous ne me tournez pas le dos !!! Bon vous voyez bien que ces hommes ne nous veulent aucun mal…attendez avant de baisser vos arbalètes…

Et le nain trottina vers le groupe avant de se planter devant Ian, les mains sur les hanches, le regard suspicieux.

- Alors on visite la région, hein, de passage, j’espère que vous n’êtes pas intéressé par un quelconque convoi de tissus ou autre parures de qualité n’est-ce pas ? Vous seriez cruellement déçu.

Ian ne put s’empêcher de sourire.

- Non messire nain, rassurez-vous. Nous ne sommes que de simples voyageurs en route vers Fort Noenar mais par contre nous ne serions pas contre le partage d’un bon feu de camp. Etant à proximité de la Haute-Forêt et la nuit approchant, il est toujours préférable de pouvoir compter sur les uns et les autres. Mon nom est Ian Lagmaer.

Le nain s’esclaffa, visiblement rassuré

- Oui, la bonne rencontre.…moi aussi je préfère le toucher nettement plus doux de la pierre à ces arbres…Enfin, je ne vois rien contre le fait que vous passiez la nuit ici, avec nous. Quelques lames de plus peuvent être appréciables sans parler d’une bonne compagnie. Mon nom est Lardreck Pierrebâton, humble artisan de Sundabar. Allez, hop, hop, pas de temps à perdre, j’ai soif et j’ai faim. Venez donc vous installer avec nous.

Vingt minutes plus tard, les premières étoiles apparurent, plus au sud, au dessus de la Haute-Forêt, d’énormes nuages noirs striés d’éclairs s’amassaient. Il fallait espérer que le mauvais temps ne couvre pas toute la région mais en attendant, les compagnons s’installèrent autour d’un bon feu de camp, protégé par le vent pas les chariots. Leur hôte vint s’installer avec eux, portant sous le bras un tonnelet de bière qu’il disposa près de lui et quelques choppes. Derrière lui, un se ses hommes apportait un plateau chargé de saucisses fumées de viandes de bœuf séchées.

- Je pars du principe qu’il ne faut jamais partir en voyage démunis et de savoir passer du bon temps même loin de chez soi !

Il joignit le geste à la parole et chacun ici présent se vit octroyé de quoi boire et manger. Les gardes du nain allait prendre le premier tour de garde et Ian désigna Rak et William pour les relever, suivit de Broxigar et Nogusta. Lui et Karl prendrait le dernier quart. Ne se mêlant pas des soucis d’organisation qui ne le concernait pas. Lardreck Pierrebâton entama une discussion à bâton rompue. L’humain qui se faisait appeler Jonas s’installa près de Rak, le jeune garçon devait avoir une vingtaine d’année, guère plus.

- Alors comme ça vous aller à Fort Noenar…c’est marrant, mon oncle y habite, il sert dans les cuisines des pavillons de chasse. Je viens de passer quelques semaines avec lui avant de prendre mon service aux côté de messire PierreBâton. Lança timidement le jeune homme essayant d’amorcer un semblant de conversation.

Rak était comblé par la rencontre avec les trois chariots et leur escorte. Immédiatement, il avait senti que la soirée se révélerait bien meilleure que prévu. Car quoi de plus naturel que de rester ensemble et ainsi améliorer de manière significative leur sécurité ?

Le chef de ce convoi lui faisait une forte impression. Cet artisan de Sundabar semblait des plus capable, et certainement très riche pour transporter trois chariots de marchandises.

¤ Ce Lardreck Pierrebâton, quelle personnalité ! ¤ pensa le nain d'écu à la vue de l'artisan qui s'époumonait au milieu de ses hommes pour leur donner de nombreuses directives.

Une fois les présentations faites entre Ian et Lardreck, ce dernier se montra également fort sympathique en invitant les nouveaux arrivants à prendre place autour d'un feux. Mais Rak fut encore plus comblé à la vue du tonnelet, des saucisses et de la viande.

¤ Attention à la bière, Rak. Faut pas te faire remarquer sur ça. ¤

Il se rattrapa donc sur les victuailles et put apaiser son estomac criant famine, écoutant d'une oreille discrète sa désignation pour le deuxième tour de garde en compagnie de Crâne d'Oeuf auquel il adressa un petit signe de conivence.

Puis un jeune humain timide et gentil vint prendre place à ses côtés. Rak lui adressa un sourire de bienvenu et écouta cette fois avec attention les paroles de ce Jonas.

- Nous verrons peut-être ton père s'il travaille pour le seigneur Eirontalar. Car nous allons à Fort Noenar pour travailler pour ce seigneur. Tu me sembles bien jeune pour partir ainsi sur des routes dangereuses. Ah ! Ah ! Ne m'écoute pas trop. Malgré mon âge, j'ai vu qu'une petite partie des Marches d'Argent, et j'ai passé presque toute ma vie dans une caverne.

Le nain d'écu termina sa bière, mais malgré l'envie qui le tenaillait, ne s'en servie pas une autre. Il lui faudrait bientôt monter la garde et il se devait d'avoir les idées claires.

La journée fila sans que Will’ la voit passer. Il était trop préoccuper par sa tâche de vigie et d’arrière-garde. Il ne s’en rendit pas compte et bientôt, le soleil amorçait sa descente. Ses muscles étaient certes quelque peu tendus mais il aurait bien pu continuer encore lorsqu’Ian annonça la halte jusqu’au lendemain. En fait, ce fût plutôt un groupe singulier de caravaniers qui décida de l’endroit où ils dormiraient. Ina avait discuté avec le propriétaire et il avait chaleureusement accepté de les accueillir dans son camp. Il leur proposait même la boisson et la nourriture ! Non que cela affecte CranedOeuf mais c’était tout de même gentil.

¤Ils doivent se dire que par les temps qui courent, vaut mieux profiter d’une troupe de guerrier en voyage. Surtout qu’un peu de nourriture n’est rien comparé à une vie. Quoi qu’il en soit Will’, ils sont bien sympas ces gens.¤

Le moine accepta humblement la nourriture et l’au que lui tendirent leurs hôtes. Il hocha la tête, en signe de remerciement. Il mangea, sans hâte, gardant le contrôle de lui-même, même s’il n’avait pas mangé depuis ce matin. Son corps avait besoin de très peu pour survivre. C’était une autre capacité qu’avait développé son entraînement.

Peu après avoir terminé le repas, Ian annonça à Will’ et à Rak qu’ils prendraient le premier tour de garde. CranedOeuf était contant de ne pas avoir pour compagnon Broxigar, la nuit aurait été longue. Le joyeux nain qu’était Rak de Delzoun ferait un bien meilleur compagnon. Celui-ci lui adressa même un clin d’œil auquel Will’ répondit par l’un de ses rares sourires. Rak sembla ensuite entamé la conversation avec l’un des employé du caravanier. William se dit qu’il y avait peut-être quelque chose à apprendre de ses conversations au bord du feu, même s’il n’y prenait pas part. Il resta donc près du feu, adossé à un arbre, comme à son habitude. Il écouta attentivement les conversations, jetant de temps à autre un regard sur les alentours qui se faisaient sombres.

21e jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Fort Olostin, Nord Sauvage, à proximité de la Haute-Forêt.
Temps : nuageux
Moment : Soirée

MJ
Narration: Tous

a lumière du feu scintillait sur les jeunes arbres près desquels les chariots avaient prit position, C’était le début de soirée et pour les compagnons, il s’agissait de prendre du repos un maximum avant leur véritable mission et peut-être un peu plus d’action, enfin certains l’espéraient, d’autres prenaient le temps comme il venait, se contentant de vivre le moment présent avec pour seule devise : Demain sera un autre jour.
Le rencontre avec le nain s’avéra être une aubaine qui animait agréablement ce début de soirée. Comble de bonheur, on proposa aux compagnons la possibilité de voyager à bord des chariots, il restait une à deux places à l’arrière de chaque véhicule pour qu’ils puissent s’y installer plus ou moins confortablement.

- Je ne vais pas en direction de Fort Noenar, mais je peux vous déposer au croisement de la route qu’y mène, enfin je ne veux pas vous obliger !

Les obliger ? Oh que non et Ian accepta avec empressement cette proposition plus que profitable pour eux puisque ils allaient gagner quelques précieuses heures. En vérité, si tout allait bien, ils pouvaient arriver à destination dans la soirée du lendemain ou au pire en début de matinée. Le partage du repas fut apprécié à sa juste valeur et les discussions étaient chaleureuses. Jonas, termina rapidement son repas, il devait s’occuper de nourrir les bêtes et d’assurer leur entretien. Le jeune garçon plutôt timide avait du mal à s’extérioriser.

Le groupe, quant à lui, commençait visiblement à développer quelques liens et montrer une certaine cohésion, c’était ce qui pouvait arriver de mieux. Au fil de la discussion, le nain évoqua Fort Noenar.

- Je ne comprendrais jamais ces humains qui prennent plaisirs à chasser sans vraiment en avoir besoin. Du véritable gaspillage, enfin il ne s’agit là que de mon avis ! confia le nain en triturant sa langue barbe tressée, Oui, dans les Marches, là où je suis né, la chasse est faîte pour survivre et non pour le plaisir des personnes.

Ian haussa les épaules, il avait l’habitude d’entendre ce genre de propos et n’y prêtaient généralement pas attention. Le nain renchérit.

- Je me suis laissé entendre d’ailleurs que les Seigneurs de la Chasse comptaient agrandir le Fort, et que ce projet entraînait quelques frictions.

Cette fois-ci l’homme d’arme hocha la tête et sa réponse fut limpide.

- C’est ce qu’il parait et vu l’affluence que connaît le fort, cette nouvelle n’a rien d’étonnant ! Entre les amis des amis qui sont là sur invitation et le nombre de visiteurs qui ne fait que croître, il va bien falloir faire quelque chose. Mon maître n’y est pas favorable, il vient à Noenar dans le seul but de profiter de la chasse, de se retrouver entre amis et l’idée même que le lieu perde son identité première l’horrifie ! s’exclama Ian en terminant sa pinte de bière, mais je ne pense pas qu’on arrive à cette solution.

Ian avait raison, toute autre idée entraînerait des répercussions aux alentours du Fort et cela n’était pas dans les intérêts des habitués. Le nain approuva d’un signe de tête et la discussion dériva sur d’autres sujets tels que les Marches, le temps, les affaires. Le temps était venu pour les compagnons de prendre du repos, le premier quart étant assuré par les hommes du marchand.

Les conversations allaient bon trains autour du feu. Will’ se contentait d’écouter sans y prendre part, y prenant toutefois lui-aussi intérêt. Quand Lardeck leur proposa de leur sauver un bout de chemin en caravane, le moine en fût contrarié. Il n’était pas habitué de voyager par un autre moyen que la seule force de ses jambes. Il espérait au moins qu’il n’aurait pas à subir l’humiliation personnelle de devoir s’asseoir. Il resterait debout à l’intérieur ou bien courrait à côté mais ne s’assoirait pas. CranedOeuf tenta de passer par-dessus ce petit accroc pour continuer d’écouter la conversation. Il ne voulait pas s’imposer avec ses habitudes. Il espérait seulement que les autres le laisseraient les respecter.

Le marchand commença ensuite à s’exprimer sur la trappe inutile ainsi que l’expansion de Fort Noenar. Le servant d’Eldath était très lié à la nature et c’était la première fois qu’il voyait un nain qui semblait s’en soucier. Il était heureusement surpris et entièrement d’accord avec lui. Il resta pourtant de marbre et écouta ce qu’avait à répondre le chef de leur groupe. Il espérait que ce qu’il disait était vrai car Will’ n’avait pas envi d’œuvrer pour quelqu’un qui n’avait aucun respect. Ian semblait vraiment respecter son maître. Un homme d’honneur, semblait-il.

Un peu plus tard, les conversations prirent fin et les hommes de Lardeck prirent le premier tour de garde. Will’ aurait bien aimé pouvoir s’étendre sur sa vieille paillasse mais il l’avait perdu au cours de sa mésaventure dans les égouts de Luskan. Il s’étendit donc au pied d’un arbre, une racine lui labourant douloureusement le dos alors qu’il tentait de prendre un peu de repos avant son tour de garde. Il ferma les yeux et Morphée l’accueillit.

Quand Lardreck Pierrebâton proposa à Ian de les accompagner un bout de chemin, et surtout de profiter de places à bord des chariots, Rak de Delzoun retint un cri de joie. Il ne tenait pas à passer pour un faiblard. Si plusieurs journées de marche d’affilée ne lui faisaient pas peur, il envisageait cependant avec plaisir la possibilité de parcourir une bonne distance sans se fatiguer. Il se contenta donc d’un hochement approbateur.

¤ Ce Pierrebâton sait mener sa barque. Il vient de gagner une solide protection contre quelques repas. ¤

Le nain d’écu écouta ensuite l’artisan et Ian discourir sur Fort Noenar d’une oreille intéressée. Il apprit de cette manière l’origine de la querelle qui opposait seigneurs et elfes, le projet d’agrandissement du fort en raison en raison de l’affluence de chasseurs. C’était là un cercle vicieux, car plus il y aurait de chasses organisées dans la Haute Forêt occupée par les elfes, plus il y aurait d’affrontements.

¤ Le seigneur Eirontalar n’aime pas ça apparemment. Il doit préférer une ambiance conviviale avec un nombre limité de chasseurs. ¤

Rak qui n’avait plus le jeune Jonas pour discuter, bailla longuement. Il se leva et étira ses muscles fatigués, puis rejoignit Crâne d’Oeuf qui s'était allongé au pied d'un arbre.

- Les chasseurs sont là pour le plaisir, mais pas les elfes qui vivent là, dit-il en posant son sac au pied du tronc. Ça peut que créer des problèmes. Et plus il y aura de chasseurs, plus il y aura de problèmes. Voilà pourquoi les elfes viennent tout près de Fort Noenar. Ils veulent faire peur aux chasseurs pour que certains partent. Ainsi, plus de projets d’agrandissements.

Le nain d’écu s’allongea, la tête calée sur son sac à dos.

- Bon, c’est pas tout ça, mais on devrait peut-être faire un petit roupillon avant notre tour de garde. Qu’en penses-tu ?

Rak se rendit alors compte que le moine dormait. Il gloussa de ne pas l'avoir vu avant. Lui-même ne tarda pas à s'endormir.

22e jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Vers Fort Noenar, Nord Sauvage, à proximité de la Haute-Forêt.
Temps : /
Moment : Après 22h

MJ
Narration: Tous

roxigar et Nogusta choisirent avec soin leur place pour dormir et c’est tout naturellement qu’ils s’installèrent près du feu principal. Si le jeune prêtre humain, fidèle de Kossuth trouvait cette place légitime, pour le demi-orque, il s’agissait plutôt de soigner ses articulations. Avec le temps, le guerrier hybride avait de plus en plus de mal à passer les nuits dehors, sous le froid et à la belle étoile mais là, avec quelques belles flammes à proximité, il sentait qu’il allait passer une excellente nuit. En les voyant faire, Ian donna un coup de coude à Karl qui pour une des rares fois consentit à sourire. Ils avaient opté pour une place sous l’un des chariots et ils s’enroulèrent rapidement sous leurs couvertures, leur sac en guise d’oreiller et une arme à portée de main.

La première partie de nuit se déroula sans incident mais avant deux heure du matin, le temps changea, et les étoiles disparurent au profit de grosses bandes de nuages noires annonciateurs de pluies. Et c’est à ce moment précis que des trombes d’eau se déversèrent dans la région, des averses d’une telle violence qui surprit tout le monde et particulièrement les compagnons qui se réveillèrent en sursaut. Mortifié, Rak se redressa pour découvrir Jonas planté devant lui en resserrant sa capuche trempée autour de son visage.

- Cette pluie tombe bien messire Rak…c’est à votre tour de monter la garde. lâcha le jeune garçon, un peu pénaud. Un humour que le nain apprécia que modérément. Un simple coup d’œil à William lui indiqua que le moine s’était redressé et assistait stoïquement à ce déluge.

Près de là, Broxigar et Nogusta furent eux aussi assez surprit par ce changement de temps et ils tentèrent tant bien que mal de trouver un abri sous un chariot auprès des deux hommes de la maison Eirontalar qui semblaient dormir à poing fermé. Enfin presque. Ian, un sourire moqueur au lèvres ouvrit les yeux en entendant le jeune prêtre faire quelques allusions on ne peut plus explicite sur la situation.

- Il faut veiller à anticiper camarade, sinon, un voyage peut vite se transformer en véritable calvaire.

Ian n’eut aucune réponse et il ne s’attendait pas à en recevoir mais en voyant les deux compère se préparer à passer la nuit, quelque-peu frustrés.

Narration William et Rak :

La pluie avait prit en traître les compagnons. D’un pas hésitant et maugréant dans sa barbe, ce qui n’était pas dans ses habitudes, Rak s’apprêtait à relever les sentinelles postées un peu plus en amont du camp avec William. Ils suivaient Jonas qui les guida vers les deux gardes qui par chance avaient quant à eux pris toutes les dispositions pour installer leur feu de camp en dessous des arbres, l’épais feuillage le protégeant en grande partie. L’un des deux hommes, grand et au visage taillé à coup de serpe les accueillit chaleureusement.

- Hola, c’tent d’vous voir compagnon. Allez, on v’se coucher !Bon, rien à signaler même pas un loup en train de hurler et avec c’te pluie, je pense que vous allez être tranquille !

C’était dit avec le cœur et les gardes se saisirent de leurs arbalètes et saluèrent une dernière fois Rak et William. Jonas leur adressa à nouveau un sourire timide puis leur souhaita une bonne nuit avant de regagner le chariot dans lequel son maître dormait.

Rak s'était endormi comme une masse. Il avait fait un rêve particulièrement plaisant où il se promenait dans une région montagneuse par une chaude journée. La découverte d'une petite cascade lui avait été très agréable et c'est tout naturellement qu'il avait décidé de s'y rafraîchir. Ayant ôté ses habits il s'était glissé dessous, mais l'eau glaciale le fit suffoquer. C'est à cet instant qu'il se réveilla, transi de froid et trempé jusqu'aux os par le déluge qui s'abbattait subitement sur la région.

S'étant redressé, le nain d'écu croisa le regard de Jonas planté face à lui et qui tentait de faire bonne figure sous les trombes d'eau.

¤ Ah ! Le tour de garde. Je ne pensais pas qu'autant de temps avait passé. Sous cette pluie, ça va pas être bien agréable. ¤

Rak se leva et ajusta son équipement. Il vit Broxigar et Nogusta gagner rapidement un chariot sous lequel ils se glissèrent. Malgré la pénombre, il discerna les silhouettes allongées de Ian et Karl.

¤ Ils vont être serré sous ce chariot. Bah ! Ils se tiendront chauds ¤ plaisanta-t-il en lui-même. ¤ J'ai encore le sens de l'humour. Alors rien n'est perdu pour cette nuit. ¤

C'est quand même en ronchonnant dans sa barbe contre le monde d'en haut que le nain d'écu gagna l'amont du camp où il devrait monter la garde en compagnie de Crâne d'Oeuf. Celui-ci restait de marbre comme à son habitude. Il écouta l'homme qu'ils relevaient leur annoncer un tour de garde tranquille. Il le regarda s'éloigner vers le camp, suivi presque immédiatement par Jonas.

- hé bien, nous voilà tous les deux, dit-il à Crâne d'Oeuf tout en remettant plusieurs branches dans le feux protégé par la voûte épaisse de l'arbre. Je ne suis pas aussi optimiste sur notre garde que ce gars. Moi, pour attaquer, je profiterais d'une grosse pluie comme celle là, car elle couvrirait tous les bruits que je pourrais faire.

Rak tourna alors son dos au feux afin de ne pas être ébloui par celui-ci, et ainsi pedre peut-être une chance de découvrir à temps d'éventuels agresseurs.

Will’ avait vite glissé dans un sommeil profond et n’avait rien entendu de ce que Rak avait voulu lui dire. Quand il se réveilla, la pluie les assaillait. C’était sans doute ce qui les avait réveillé, vue l’intensité de l’averse. Il se leva d’un bond, aussi agile qu’un elfe. CranedOeuf prit un instant pour adresser une prière mentale à sa déesse, levant les bras tranquillement, appréciant le ruissellement de l’eau sur lui. Dans son regard, on pouvait lire de l’exaltation ainsi qu’une lueur de folie.

Se reprenant, le moine revêtit sa figure sans expression. Il suivit en silence son compagnon de veille ainsi que Jonas. Ils arrivèrent à l’endroit où ils devaient monter la garde et relayèrent les hommes de mains de Lardeck. William hocha la tête alors qu’ils partaient. Puis, il s’installa sur un tronc, restant debout alors que son ami prenait place sur une pierre tout aussi confortable que son tronc. Celui-ci s’adressa ensuite à Will’ pour lui faire part de ses appréhensions. Le moine lui sourit.

-Vous avez sans doute raison, maître nain. Je garderai les deux yeux ouverts. Je ne vous laisserez pas tomber. Si combat il y a, sachez que vous pouvez compter sur CranedOeuf.

Le moine se concentra tout comme le nain sur la surveillance des alentours. Il ne voulait pas que le campement soir pris au dépourvu par sa faute.

Rak apprécia les paroles de soutien que lui adressa Crâne d'Oeuf.

- Je savais que je pouvais compter sur toi. Je ne remercierai jamais assez Ian de nous avoir mis ensemble pour monter cette garde. Nous formons une belle équipe.

Le moral du nain d'écu remontait en flêche, effaçant le réveil brutal sous les trombes d'eau. La garde s'annonçait sous de bons auspices. Il se trouvait en grande partie à l'abri de la pluie grâce au feuillage épais des arbres. De plus, ses vêtements séchaient déjà grâce au flammes bienfaisantes qui lui léchaient presque le dos.

La présence du moine se révélait également une source de satisfaction. En sa compagnie, il se sentait rassuré. Son attitude impassible était un avantage dans de telles circonstances, car il fallait absolument rester calme et serein pour monter une garde usante pour les nerfs, et usante physiquement.

- Heureusement que je vois dans le noir, chuchota Rak. Sinon avec les cordes qui tombent et la nuit, je ne sais pas si je pourrais apercevoir quoi que ce soit. Tu vois quelque chose toi ?

Tout en parlant, le nain d'écu n'avait pas cessé de balayer du regard les alentours, attentif au moindre mouvement suspect, la hache prête à entrer en action et sa targe à le protéger.