Promenons-nous dans les bois, Chapitre 1

¤ Par le Luth de Corellon! Un Elfe des marais serait plus à son aise que nous dans ces bois gorgés d'eau, je viens encore d'enfoncer jusqu'à mi-jambe.¤

Comme, ils le faisaient depuis leur remise en route, Cyprien se retourna pour indiquer d'un geste à ses compagnons de prendre à droite ou à gauche du bourbier duquel il s'extrayait péniblement.
Après un peu de mauvaise grâce initiale qui lui avait fait échanger ostensiblement quelques propos en elfique avec Burd'hyme, dès lors qu'il s'était avisé que Nob ne comprenait pas, il était enclin à réviser son jugement.
Il fallait bien reconnaître que le Hin se frayait plus facilement un chemin dans son estime que lui dans la Haute-Forêt :
Il ne se plaignait pas, il n'avançait pas vite mais il était infatigable, ça crevait les yeux qu'il était un habitué des forêts ce que l'Elfe sauvage, originaire d'une proche région, lui avait confirmé.
Son faible poids lui permettait en outre de peu s'enliser. Dans ces tristes conditions, aucune race n'avait bien sûr un rapport taille/poids aussi avantageux que les Tel'Quessir. Mais contrairement à ce qu'il avait craint la veille, ils étaient beaucoup moins gênés avec Nob qu'ils ne l'auraient été avec certains grands escogriffes humains de 85 kg. Ceux là en plus adoraient se charger d'armes et de pièces d'armures lourdes et encombrantes.

Ils avaient gagné depuis peu une région différente. Les collines boisées s'élevaient progressivement … Peut-être des contreforts des pics Perdus.

C'est alors que le Petite-Gens leur fit signe de s'arrêter.

¤Enfin il demande grâce ... ¤ Ne put s'empêcher de penser et à sa grande honte, Cyprien.

Mais la phrase que Nob proféra le cingla, son sérieux sinistre, son air pénétré, tout lui fit mesurer la vanité des compétitions raciales. Aussi, quand il partit sans se retourner sur sa droite, le Sae-Tel'Quessir lui emboîta le pas muet de saisisssement.
¤ Quelle mouche l'a piqué ?¤
Le Roublard était alarmé, mais il ne savait comment aborder le Prêtre, jusqu'alors fort raisonnable.

Quelles que furent les appréhensions de l'elfe cuivré ces derniers jours, il était à cent lieues d'être préparé à ce qu'il découvrit.
Une vaste clairière semblait avoir abrité un campement provisoire. Il était entièrement dévasté. L'état des arbres et … comble de l'horreur des corps jonchant ça et là la scène, semblait attester que le feu qui avait sévi devait venir tout droit des enfers. La foudre n'aurait jamais pu déclencher une tragédie faisant tant de victimes…

Cyprien fut accablé … une fraction de seconde seulement car, agenouillée auprès d'un cadavre, une silhouette se tourna vers eux … l'abjection avait ses limites sans cesse repoussées en effet, ainsi que le susurra Burd'hyme, il s'agissait d'un bourgeon honteux, de l'engeance honnie entre toutes, de la perversité ambulante, de l'incarnation du vice, du reflet corrompu des Tel'Quessir, une Drow !
L'image répugnante venait à peine de frapper ses yeux que déjà, le Roublard s'était saisi de son arc.
La fréquentation des humains et, pourquoi le cacher, des quartiers les plus dépravés d'une ville avait assez largement amoindri ses réticences elfiqes envers le langage fleuri.
Et c'est donc d'une voix tremblante de haine qu'il s'écria :

- .. Euh …

Laborieusement, la raison essayait de se frayer un chemin dans le maëlstrom d'émotions qu'était Cyprien. L'attitude de la créature n'était pas vraiment celle d'un coupable. Elle ne fuyait, ni n'attaquait. Si elle était blessée par ses propres turpitudes, peut-être fallait-il l'entendre avant d'abréger ses souffrances ? Imperceptiblement, il relâcha la tension sur sa corde. Il voulait savoir ce qu'elle faisait là, mais la répulsion qu'il éprouvait pour les elfes dégénérés lui fit formuler la chose un peu différemment.

"… Qu'as-tu fait là ?"

Le sol était vraiment difficilement praticable. Les trois aventuriers avançaient pourtant, à allure ralentie par la mangrove qu'était devenue cette partie de la forêt dans laquelle ils évoluaient. Bur'dhyme fut surprise de voir Nob se débrouiller bien mieux qu'elle ne l'aurait pensé. Un individu doté de ce genre d'armes et d'armures n'aurait pas pu mieux faire selon elle.

Alors qu'elle se moquait maintenant de Cyprien qui venait de s'enfoncer la jambe dans la boue, le Prêtre Halfelin changea complètement d'attitude et de direction. Le ton qu'il avait employé le montrait terriblement angoissé, ce qui eut pour effet de déteindre sur l'Elfe sauvage immédiatement.Elle se lança à sa poursuite, comme l'avait fait le Roublard un instant avant.

Les craintes de Nob se révélèrent justifiées, puisqu'il avait découvert une sorte de campement, où tout avait fini calciné, y compris les résidents. Bur'dhyme parvint néanmoins à repérer un intrus dans cette horrible scène. Elle parvint également à prononcer le mot qui lui vint à l'esprit lorsqu'elle aperçut le visage de l'Elfe noire. Mais la vue d'un tel carnage lui faisait revenir un souvenir trop puissant à l'esprit. Elle s'égara donc quelques instants à revoir le même genre de spectacle morbide. Celui-là même qu'elle avait crée inconsciemment chez les siens. Elle revoyait les corps brûlés des enfants Elfes, son bannissement...

Un instant, elle crut que son étrange pouvoir allait à nouveau se déclencher, tellement son malaise était insoutenable. Mais cette fois, l'Ensorceleuse réussit à se maîtriser. Son esprit revenait petit à petit dans le monde réel, alors qu'elle se faisait violence afin de ne plus penser qu'à la réussite de sa mission : certainement la pensée qui lui permit de ne pas brûler aussi ses nouveaux compagnons.

Enfin, à nouveau totalement lucide, l'évènement lui revint. Elle se trouvait face à une Drow, qui les regardait à présent. A côté, Cyprien avait été prêt à tirer, mais se ravisait maintenant. Nob n'avait pas encore réagi, ou cela avait échappé à Bur'dhyme, qui se concentra sur leur rencontre imprévue.

Elle n'avait jamais vu de Drow de ses propres yeux. Des érudits de son village lui avaient décrit ces êtres comme sanguinaires et puissants. Elle avait avidement écouté et s'en rappelait très bien. Sa réaction fut donc de se mettre sur la défensive, puis d'essayer d'entamer le dialogue. Si l'Elfe noire avait voulu tuer les nouveaux venus, ils seraient déjà morts, ou au moins en train de combattre.

Au moment où elle aurait voulu parler, un étrange mélange de haine et de compassion à l'égard de leur potentiel adversaire envahit l'Elfe sauvage. Elle détestait cette personne qui lui avait fait revoir la pire scène de sa vie. Elle ne pouvait s'empêcher de se dire que cette personne était la responsable du rapte des enfants de son village, pensée totalement incohérente dans cette partie du monde. La compassion venait du fait de la nature du carnage. Le stoïcisme de la Drow faisait croire à Bur'dhyme que peut-être elle aussi avait le même genre de pouvoir caché. Les mêmes brûlures sur les corps, la même destruction...

Aussi, elle décida de jouer la prudence face à un dangereux interlocuteur, qui de plus vit habituellement sous-terre, et qui ne sortirait jamais seul à la surface. Elle parla en langage commun, aussi calmement que la vue de la mort le lui permettait, voulant faire comme si elle ne connaissait pas la réputation des Drows :

-Quel désastre !! Elfe noire, auriez-vous des renseignements à nous apporter concernant ce que nous voyons ? Nous ne sommes que de passage ici, mais nous sommes néanmoins tombés sur ce camp détruit. Si nous pouvons faire quoi que ce soit...

N'importe qui d'un peu observateur remarquerait que l'Elfe Sauvage tremblait. Son discours ne semblait pas du tout sincère, elle n'avait pas réussi à le faire passer pour tel. Tout allait dépendre maintenant des intentions de la Drow.

Nob avait un peu regretté de ne pas avoir suivit l’exemple alimentaire de ses compagnons, ceci afin d’épargner les quelques vivres qu’il avait réussit à acheter il y a déjà quelques temps au dernier village traversé. Mais voila déjà trop longtemps qu’il se nourrissait de racines et autres produits de la forêt, son corps finissait par lui réclamer autre chose et il avait encore consacré trop peu de temps à la chasse. Pourtant, le terrain accidenté et l’épaisse forêt devait sûrement être giboyeuse. Une région sauvage et bien agréable malgré son désire de reprendre contacte avec la civilisation. Comme tout sagespectre, la vie en forêt etait pour lui chose commune et naturelle, cette région n’était finalement pas très différentes de celle ou il avait passé toute son enfance, il fut malgré tout surpris de l’apparent étonnement des elfes à son encontre. ¤ mon dieu, seigneur, bien symphatiques ces elfes mais pensaient ils vraiment que j’etais perdu dans la Haute forêt sans rien connaître d’un tel milieu. Par ma foi, je regretterais presque de ne pas avoir mieux suivit l’enseignement des chasseurs du clan, je leur aurais montré qu’il ni a pas plus invisible qu’un Sombreterre dans un pareil environnement.¤

-La mort, je sens la mort mes amis….

Le Hin se rendit compte qu’il pensait soudain à voix haute, Un étrange picotement sur la nuque signe d’un mauvais pressentiment, d’ou cela venait il ? ? une odeur ? oui, c’est cela, quelque chose dans l’air qui lui rappelait les rites funéraires de son peuple...La mort était venu faire son office. Difficile malgré tout de rester impassible devant le spectacle qui se dévoila à leurs yeux. Instinctivement et en sourdine, Le prêtre d’Urogalan entonna un chant funéraire destiné à accompagner l’âme des trépassés. Son regard engloba la scène, le campement détruit, les cadavres, le drow.

¤ Un Drow ! J’ai déjà entendu parler d’eux et de leur sinistre réputation, mais je suis bien placé pour savoir qu’un individu ne se juge pas sur celle ci et le passé de son peuple, mais sur ses actes. Soyons prudent tout de même, ma bibiche n’est pas loin et je peux lui faire la peur de sa vie au cas ou.¤ Lentement, se déplaçant avec précaution au milieu des débris et gardant un œil sur l’étranger auquel ses compagnons s’adressaient, Nob examinait les dépouilles tout en s’approchant légèrement mais pas trop près de l’inconnue afin de mieux observer l’objet qu’elle observait visiblement .
¤ Ces gens, qui étaient ils ? Il nous faut examiner ces débris et ces restes, tenter de découvrir l’origine de ce feu. Par ma foi, on ne meurt pas brûlé dans un incendie circonscrit à cette seule clairière, tout cela n’est pas naturel et à quoi peut bien s’intéresser cet elfe noir ?¤

Le chant grave et monocorde continuait de s’échapper par ses lèvres entrouvertes alors qu’il se posait toute ces questions en examinant le corps le plus proche.¤ Une sépulture, il faudra également accomplir les rites pour tout ces malheureux , peut être un bûché si mes compagnons ne veulent pas perdre trop de temps ¤

Sorts de niveau 0 :

Lumière
Purification de nourriture et d’eau
Assistance divine

Sorts de niveau 1 :

Brume de dissimulation
Faveur divine
Frayeur

lle s’était retournée avec lenteur vers les trois individus, et sans sourciller, sa silhouette s’était lentement dépliée alors que Cyprien bandait son arc, prêt à l’achever d’un trait. Elle avait presque souri avant qu’il n’interrompe son geste, mais dans ce sourire, il n’y avait ni bonté, ni amusement, on y trouvait plutôt une forme de cynisme, presque un défi.
Elle portait une longue cape de laine rugueuse qui la recouvrait entièrement de la tête aux mollets, d’un brun sombre. Quelques feuilles roussies, et d’autres restes de végétaux s’étaient accrochés dans la trame grossière de l’habit, tandis que le bas était recouvert de boue. De longues bottes de cuir mal tanné et lacées serré autour de rustres chausses incolores accentuaient le galbe de ses jambes. Dans sa main droite, elle tenait une flèche, mais ne portait ni arc ni carquois. De sa main gauche, elle s’appuyait sur un bâton noueux. Pour le peu qu’ils en savaient, cette drow ne ressemblait guère à la description qu’on leur avait faite des elfes noirs, élégants et cruels, poussant autant le raffinement dans leurs tenues sombre, que dans leur façon sans merci de combattre.

Elle s’approcha en silence de Bur’Dhyme, son regard d’or semblait intraitable, comme si elle était dénuée de tout sentiment. Ses pas étaient lents, et silencieux. Nob la dévisageait poursuivant son chant funèbre, et il pu constater que l’objet qu’elle observait n’était autre que cette flèche à l’empennage noir comme la peau de son visage et qu’elle serrait dans sa main, presque nerveusement. Le regard du Sagespectre la dérangea. Elle se retourna brusquement vers lui, sévère, et le repoussa avec son bâton, le dirigeant vers les compagnons dont il s’était écarté. Son geste n’était aucunement violent, au contraire, mais elle se montrait ferme et sans détour.

- Des tueurs d’enfants grogna t’elle en guise de réponse. « Et je cherche les coupables. »

Elle parlait un commun parfait, sans trace d’accent. Par contre son air portait à croire qu’elle les accusait, ou tout du moins les jugeait comme suspect.

- D’ailleurs, qui êtes vous ? Que faites vous ici ?

Alors qu’elle s’approchait, tous purent constater qu’elle portait un objet scintillant, accroché au col de son ample manteau.

¤ Comme un Orque face à une énigme !¤ La façon dont les voleurs de Mulmastre se moquaient des esprits peu vifs lui revint immédiatement. Il était seul à menacer la Drow tandis que le Sagespectre s’approchait sans répugnance manifeste et que Bur'dhyme essayait d’engager une conversation sur le mode neutre.
Il savait qu’il manquait d’intuition. Voir ses deux compagnons qui, sans s'être concertés, ne traitaient ni l'un ni l'autre la créature comme une ennemie le fit se sentir idiot. Un détail lui avait-il échappé ? Comment pouvait-on ne pas attaquer à vue ces êtres dépravés qui passaient le plus clair ... enfin le plus sombre - de leur temps à conspirer à votre perte ?
Il était troublé et confus. Mais, bientôt, il constata qu’il y avait plus que de l’hésitation dans le ton forcé de sa compagnonne Sy-Tel'Quessir; quant au Hin, sans être vraiment frappé, il fut repoussé sans ménagément par la créature à l’aide de son gourdin.
Il était donc dans le vrai et si les circonstances avaient été moins tragiques, Cyprien aurait paradé : Encore une fois, c’est lui qui avait vu juste tandis que ses deux amis étaient trop naïfs et trop enclins à faire confiance à quiconque croisait leur route. On avait bien affaire à une entité dégoûtante et dangereuse.

Elle s’approchait. Aussitôt l’Elfe cuivré, assoupli ses jambes, prêt à faire un pas de retrait pour tirer sa lame.
Son arc se ploya de nouveau (La tension était à son comble) La stratégie consistant à palabrer pour venir au contact d’un archer et rendre son arme inopérante était connue de n’importe quel bambin elfe avant même ses soixante ans.

- J’ai les mains occupées, Madame, sans quoi je vous aurais tendu mon miroir et vous aurais sans doute renseigné beaucoup ...
Dans un premier temps, nous allons fixer les règles de notre brève rencontre. La prochaine fois que vous lèverez votre bâton sur l’un d’entre nous, tâchez que ce soit moi et ne me manquez pas, sans quoi une flèche entre vos deux yeux impies pourrait, si Solonor Thelandira le veut, donner un peu de couleur à votre triste mine. En outre, ne faites plus un pas, ne bougez plus et parlez quand on vous y invitera.

"Justement, je vous y invite. On va arrêter tout de suite le petit jeu où on répond à une question par deux autres. Le fait que je vous ai interrogée le premier, que vous soyez Drow, d’une race auteur de 10 000 crimes et 100 000 complots et 1 000 000 de vilénies, le fait encore que nous vous ayons surprise sur la scène d’un massacre où nous arrivons seulement, tout ça vous qualifie, je crois Madame, pour répondre la première ... ou mourir"

'elfe noire s'imobilisa. Son visage n'indiquait aucun sentiment particulier, si ce n'est peutêtre un vif éclair furieux dans ses yeux d'or lors de la dernière réplique de Cyprien. Pourtant, même si elle n'en donnait pas l'air, les émotions se bousculaient en elle, lui donnant l'occasion de prouver à elle même que le long enseignement qu'elle avait reçu n'avait été vain, et qu'elle saurait faire preuve de l'humilité que des années de brimades lui avait inculquée. Ce n'était pas facile, et elle du serrer les dents pour ne pas se laisser emporter par les émotions qu'elle s'était efforcé de chasser de son coeur...à tout jamais.

- J'avais oublié que j'étais une drow, et que cela faisait de moi une coupable évidente. Qu'il est agréable de se l'entendre rappeler de cette manière ! Ne put elle s'empecher de dire, regrettant aussitôt le fiel déversé dans ses mots. Elle ne pouvait cepandant s'arrêter, tant une haine ancestrale qu'on lui avait inqulquée durant sa première jeunesse, tentait de la submerger, comme un objet maléfique enseveli sous les flots et qui libéré par le passage d'une ancre, remonte à la surface, pret à faire autant de mal qu'il n'a passé de temps dans l'oubli.

- Il est évident qu'aucun elfe n'a jamais commis le moindre tord, et que par conséquent, ton amie pourrait fort bien être l'auteur de cette monstruositée, ce serait quand même moi que l'on executerait. Tout ceci pour une question de couleur...la vie est étrange, n'est ce pas ?

Elle s'efforca d'enterrer une fois encore l'objet maléfique qui tentait de reprendre le contrôle d'elle même. Elle avait toujours trouvé les elfes plus intolérant que les humains, plus butés, plus obtus...Alors qu'il aurait été logique de penser que la longévité leur offrirait davantage de sagesse, Lhamo avait constaté que l'homme avait un esprit qui s'accomodait bien plus facilement de la différence et de ce qui sortait de l'ordinaire que les Tel Quessir. Dans un certain sens, c'était même cela qui les attirait.

Elle prit une grande inspiration, huma la forêt. Ce parfum boisé, cette fraicheur dans l'air, ce sentiment d'espace et de liberté qui fusait tout autour d'elle, était le meilleur remède à ses maux, et lentement sa rage fut refoulée dans les profondeurs de son être, à défaut de pouvoir être évacuée. Les traits de son visage se détendirent, sa voix se fit plus douce, empreinte même d'une certaine sagesse.

- Range ton arc, elfe. Je suis Lhamo et je ...Elle s'aprétait à donner davantage de détails lorsqu'elle se rapella ses objectifs, et la prudence qui s'imposait. Elle ne pouvait en aucun cas révèler d'où elle venait, ni ce qu'elle faisait tant qu'elle n'était pas certaine de leur innocence. Elle ne pouvait courir le risque de mettre en danger ceux à qui elle vouait sa vie. « J'étais partie en quète de quelques plantes médicinales lorsque je suis tombée par hazard sur ce charnier. Ceci mérite enquète... Ceux qui ont causé ce désastre peuvent s'attaquer à d'autres comunautés. Ils faut retrouver les coupables, et vite ! »

La référence de cyprien aux multiples crimes des drows arrêta nette sa mélopée et éveilla un sentiment d’amertume dans l’esprit du Sagespectre…sentiment d’amertume doublé d’une certaine rancune envers l’elfe des bois. ¤ Seigneur, c’est la deuxième fois qu’il met les pieds dans le plat, devrait on condamner une race entière pour ses seuls crimes passés ? quoiqu’il me faut bien convenir que les crimes Drows sont passés...et encore d’actualités . Malgré tout, cela fait mal à entendre, nombreux sont encore les vaillants et pieds légers qui ont la même opinion sur mes semblables ¤ Décidé malgré tout à ne pas se laisser intimider par plus grand que soit, le hin fit quelques pas en arrières et entreprit de contourner l’elfe noire son bâton en main.

-Cela suffit cyprien, c’est une Drow, je veux bien comprendre votre répulsion mais j’ai dans l’idée que vous m’auriez traité pareil si vous aviez eu quelques connaissances en ce qui concerne les Hins. Ne soyez pas trop prompt à vouloir donner la mort pour sa seule couleur, vous me rappelleriez presque les humains qui ne cessent de se faire la guerre pour une question de race ou de religion.

Son regard passa de l’elfe des bois à l’elfe noire, cherchant à déceler chez celle ci le degré de franchise. ¤ Une drow, seule et à la surface, sur un lieu de massacre, il y a certes de quoi s’interroger mais pourquoi revenir sur les lieux ? non, plus probable qu’elle soit la par hasard comme nous, quoique est ce vraiment le hasard .¤

-Lhamo, enfin, si vous vous appelez bien lhamo, vous conviendrez que vous étiez dans cette clairière avant notre arrivée. Le destin fait tout de même que ces lieux semblent bien fréquentés, quand je pense que j’ai voyagé des jours sans jamais rencontrer personne et me voilà avec deux elfes et une Drow. Se désignant de la main. " Cyprien, vous ne me connaissez pas, peut être suis je l’avant garde d’un clan sagespectre ayant décidé d’occuper les lieux en exterminant tout les habitants ? ? trop de secrets éveils la méfiance . Il serait peut être mieux que chacun apporte ce qu’il sait et que nous examinions le site, tachons de découvrire l’identité de ces pauvres hères avant de nous entretuer." Indiquant de son bâton la main de Lhamo " Je vois que vous tenez une flèche alors que vous ne possédez pas d’arc ? "

Il ni avait pas que la flèche qui intriguait le prêtre, cet objet brillant au col de l’elfe attirait également son regard.

Cyprien était au supplice. Tout le monde lui parlait en même temps comme s’il était capable de surveiller un danger mortel et de suivre deux conversations simultanément !
Bon, la Drow avait l’air en colère après lui mais d’une certaine façon ne semblait pas insensible à ce qu’il avait dit et lui concédait quelques renseignements … Mais … mais ne voilà pas que ce drôle de petit-bonhomme de Hin l’enguirlandait tandis qu’il était tout concentré à interrompre d’un trait une éventuelle incantation de la créature.
Si l'Elfe cuivré n’était pas un monstre d’intuition, il était assez prompt des nerfs comme de la langue.
Il fut absolument incapable de se contenir. Plus sage, il serait certainement resté dans sa natale Léthyr et devenu un rôdeur de plus. Sa réplique fusa :

-Nob, si vous le permettez, occupez vous de vos fesses. Soyez assuré que le jour où votre peuple aura un ennemi juré qui 20 000 ans durant oeuvrera à sa perte, un ennemi qui le premier de tout Toril appellera les Dieux maléfiques à intervenir directement à ses côtés, un ennemi qui éradiquera presque les Sagespectre comme les Drows ont failli anéantir les Sy-Tel’Quessir, ce jour là vous trouverez en moi un allié et pas un conseilleur.

Alors plutôt que d’essayer de régler ma conduite à propos d’un problème pour lequel je suis un peu plus concerné et certainement qualifié que vous, rendez vous utile dans votre partie. Allez voir ces dépouilles, regardez si tous sont morts, leur race, quelle fut leur fin, s’ils n’ont rien de val… de valable pour nous éclairer … enfin ce genre de choses.
Je suis prêt à supporter stoïquement qu’au premier danger vous agissiez de votre chef plutôt que de vous coordonner avec moi, mais laissez moi au moins faire à ma guise ! Mettez vous une seconde à ma place, vous vous rendrez compte que cette créature distille la magie comme les marins humains la gnôle et qu’en ce moment je suis en train de me demander si vous n’êtes pas charmé ! Et s'il s'était agit d'un orque vous seriez allé chantonner sous son nez sans plus de précaution? Votre comportement est aberrant, épargnez moi au moins vos jugements quand je m'évertue seul à protéger le groupe !

Ce raisonnement qu'il déroulait en apostrophant Nob, le convainquait à chaque mot un peu plus qu'il était dans le juste. Il insista donc. A ce moment là, il éleva même un peu la voix. Partie, pour couvrir les notes discordantes halfelines, Partie, pour s’expliquer par anticipation devant Burd’hyme qu’il sentait hésitante. Et beaucoup parce que maintenant que ses deux interlocuteurs s’étaient tus, il avait pu faire le point sur son ressenti de la scène et qu’il trouvait son attitude parfaitement digne, cohérente et adaptée.

- Si de retour dans votre village, vous surprenez un ogre en train de mâchonner le tibia de votre mère et que votre premier réflexe c’est de tailler une bavette avec la créature au motif qu’elle aura protesté de son innocence, grand bien vous fasse. Donnez moi vos dispositions testamentaires, car vous n’allez pas vivre vieux.
Moi, je vois la scène d’un carnage surnaturel où il y a un seul être vivant qui se trouve appartenir à une race doublement connue pour être à la fois maléfique et capable de prodiges magiques. Alors quitte à passer pour gros vilain dans les banquets sagespectres, je m’occupe d’abord de sauver les vies qu’on m’a confié, et je verrai après pour rendre la justice ou philosopher sur l’ouverture d’esprit inter-ethnique.

Cyprien se félicita intérieurement de sa parfaite maîtrise de ses nerfs, de son contrôle qui lui permettait de s’adresser à cette Lhamo d’un ton certes dur mais néanmoins adapté aux circonstances.
Malgré ses grands airs, la Drow devait certainement louer la sagesse des Tel’Quessir. N’importe qui tombé avec un tel contentieux face à une race plus impulsive serait déjà mort. Heureusement la patience, la raison du « peuple », son indéfectible respect de la vie, lui permettait de s’exprimer librement malgré le danger que tous encouraient à la laisser en vie.
De toutes façons, ces extrapolations ne rimaient à rien, aucune ethnie n’avait subi un millième de ce que les elfes avaient enduré des Elfes noirs. Et il ne le souhaitait pas même aux orques.

Ayant un peu passé ses nerfs sur le Hin, il se calma progressivement.
Il subissait une terrible pression, en effet. S’il tirait une flèche sur une innocente il s’attirerait le mépris du Halfelin et pire, de la verte. Si cette Lhamo était coupable comme tout l’indiquait, elle était sans doute trop forte pour eux. Tant qu’il arrivait à la menacer sans qu’elle puisse jauger sa valeur réelle, il y avait une chance que Burd’hyme s’échappe. Pour cela encore fallait-il qu’un mètre de hin ne se mêla pas de distribuer les bons et les mauvais points dans les génocides elfes.

Par chance, sa proverbiale propension à laisser traîner des oreilles partout lui avait permis d’être aussi savant qu’un sage sur un peu près tout et quiconque arpentait Toril. Enfin … il lui avait fallu pas mal d’imagination aussi pour combler quelques vides ici ou là, il espérait que ça ne se remarquerait pas trop.

- Bien. Je vois que vous êtes revenue à un meilleur comportement. Je ne suis pas sans savoir qu’une poignée de Drows vénèrent une déesse pas complètement mauvaise quoiqu’au nom imprononçable. – Du diable s’il se rappelait comment elle s’appelait - "Ce sont ceux qui se pavanent à demi-nus les soirs de pleine lune en hurlant avec les lycanthropes." – ou quelque chose d’ approchant -
"Si vous êtes de ceux–là, vous souffrez plus que nous encore du comportement des autres drows et mon attitude, à défaut de vous faire plaisir, doit vous sembler parfaitement justifiée.
Contrairement à ce qu’une personne bien intentionnée mais qui ferait bien de se mêler de ce qui la regarde prétend, si je vous avais rencontré dans une taverne d’Eauprofonde sagement attablée, je ne vous aurais pas brandi une arme sous le nez ni accusé du dernier crime.
Mais voilà, je vous trouve au milieu d’un massacre, ce que vous êtes rend le tableau pour le moins troublant ... Plus que ça même, nous le savons tout les deux ... Il se trouve que je suis membre d’une Confrérie qui s’attache à protéger notamment ce lieu. Je suis donc parfaitement fondé à m’intéresser à ce drame. Si vous êtes innocente, convenez que vous faites une belle coupable, et trouvez moi un peu autre chose que la cueillette des plantes pour vous disculper ...


Il s'aperçut à son grand dam qu'il avait commencé à dévoiler une partie des secrets le concernant ainsi que ce diable de prêtre l'avait suggeré !

La réaction de la Drow avait complètement sidéré l'Elfe Sauvage. Voilà qu'elle se prenait pour une justicière, à vouloir enquêter sur ce drame. De plus, elle les soupçonnait franchement d'en être les coupables. Son air arrogant et sa façon de regarder de haut avaient fini par faire disparaître le peu de ressentiment que Bur'dhyme avait nourri pour elle.

Elle se sentait trahie, alors que la dialogue avait à peine commencé. Cette fois, sa volonté de bien faire n'avait servi à rien. Elle aurait dû s'y attendre de la part d'une Elfe Noire. Tout ce qu'on lui avait raconté sur cette race maudite prenait tout son sens. Toute sa compassion s'envola donc soudainement.

Mais pire, la colère se mit à envahir l'ensorceleuse. Comment cette femme, déjà présente sur les lieux et ayant vu les trois compagnons débarquer en trombe pouvait-elle en déduire qu'ils avaient un quelconque rapport avec cette histoire ? Et pourquoi fallait-il que ce massacre soit si semblable à celui que Bur'dhyme avait déjà perpétré autrefois, totalement inconsciemment ? Elle avait tant lutté intérieurement pour essayer de vivre avec ça, et voilà que ce souvenir lui revenait en plein visage.

L'Elfe Sauvage passa un long moment à essayer de maîtriser la haine qui montait en elle. Durant tout ce temps, elle n'écouta pas un mot de la conversation qui s'était maintenant engagée avec Cyprien et Nob. Elle avait bien le vague sentiment que le Roublard voulait en finir avec la Drow, et que le Prêtre semblait plus enclin à calmer les choses, mais elle se trouvait trop loin dans ses pensées pour comprendre ce qu'ils disaient. Pourtant, une phrase qui la concernait fut très bien captée par ses oreilles :

Ainsi, Lhamo envoyait une nouvelle pique en direction de Bur'dhyme. Cela n'était plus tolérable. Il était très probable que l'Elfe Noire ne connaisse pas le passé de l'Ensorceleuse, mais son insolence allait trop loin. Alors que Cyprien, tout en parlant de son attachement à leur guilde, sommait la Drow de s'expliquer, Bur'dhyme oublia les remarques sensées de Nob et ne put s'empêcher d'en rajouter une couche. Elle se rapprocha dangereusement de leur interlocutrice, au mépris de toute prudence pour lui déverser sa colère :

-Et que cette engeance maléfique soit convaincante, car il faut qu'elle sache que c'est moi qui l'achèverai si elle continue à nous cacher ce qu'elle sait. Qu'elle ait aussi à l'esprit que je suis parfaitement capable de la faire brûler aussi facilement que ces pauvres victimes.

Jamais l'Ensorceleuse n'était entrée dans une telle rage. Et tandis qu'elle fixait intensément l'Elfe Noire, qu'elle se trahissait en partie en avouant son terrible secret, elle se demandait si son pouvoir caché n'allait d'ailleurs pas se manifester maintenant, sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit.

Poussant un soupir le prêtre d’Urogalan regarda pensivement l’elfe des bois. ¤ mon dieu, tant de haine, de victime il est prêt à devenir bourreau, prêt à massacrer hommes, femmes et enfants. Il est heureux que lors de ma première rencontre avec des pieds légers je ne sois pas tombé sur un Cyprien…..il m’aurait écorché vif au nom de la sainte justice. Tant des nôtres se sont faits massacrés sous cette bannière. Non pas, qu’ils etaient innocents, mais…..enfin, et Cyprien qui me parle d’éradication, on voit bien qu’il ne connaît pas les sagespectres, mais finalement, qui s’intéresse jamais au fait et geste des petits, à leur drame et à leur histoire ¤

La réaction non moins violente de bur’dhyme n’étonna guère le Hin, bien qu’il avait espéré trouver un peu plus de modération chez une elfe, etait ce leurs longues existences qui permettaient aux elfes d’engranger tant de fureur la ou le temps et le passage des générations avaient déposés dans sa propre race un voile qui avait permis d’atténuer les erreurs passés et de rechercher la rédemption.
L’elfe noire etait certes une menace, leur réputation n’etait plus à faire et toujours d’actualité, toutefois , Nob par bien des cotés, se sentait plus proche de cette créature que des elfes vindicatifs. Son peuple n’avait il pas souffert de la même haine et de la même persécution, massacré et traqué jusqu'à ce qu’il n’en reste qu’une poignée contraint à l’exil.

Jugeant peu sage de relancer la fureur de Cyprien alors que celui ci semblait encore capable de raisonner, Nob garda le silence mais s’écarta nettement de ses compagnons. ¤ il me faudra tout de même les instruire, quoique Bur’dhyme connaisse peut être l’histoire de mon peuple, sa fureur semble plus personnel…mais Cyprien doit savoir, en fait, si j’avais prévu cette rencontre, je lui en aurais parlé avant. ¤