Promenons-nous dans les bois, Chapitre 1

ès le réveil Lhamo s’était affairée, comme une chose promise, à se préparer pour une longue conversation avec les terriers. Comme la discussion serait importante, qu’il lui faudrait obtenir des informations détaillées et précises, et qu’il n’y avait en cet instant aucune urgence, elle s’était mise à l’écart et se plongea dans une sorte de méditation.
Lorsqu’elle était devenue Lhamo, l’elfe noire avait du faire face à la méfiance naturelle de ceux avec qui elle partageait les repas, elle s’était souvent réfugiée auprès des animaux du Cercle Druidique, apprenant avec eux les premières chaleurs des sentiments. C’est par ce tout premier contact qu’on avait remarqué en elle les dispositions néccésaires qui en ferait une druide efficace.

La conversation houleuse qui avait éclaté entre Cyprien et Lomion Nerdanel avait interrompu la concentration de la drow qui s’était dissimulée, à la demande de son compagnon, au couvert d’un tas de fourbis indéfinissable. Lentement, elle s’était redressée, révélant au rôdeur et à son apprentie, sa silhouette gracile vêtue d’une armure légère de peaux et d’habits aux tons naturels. Elle ne portait en cet instant pas sa longue cape verte qui était restée à l’endroit ou elle s’était couchée, et n’affichait sur elle aucun lien avec le Confrérie des Gardiens Sylvèstre. La nuit, prolongement d’une sanglante journée, ne lui avait apporté aucun réconfort si ce n’est l’ombre, et son visage était légèrement marqué par le manque de qualité de ses rêveries. Elle était sérieuse, presque sévere.
Lorsqu’elle aperçu Lomion s’avancer dans l’écurie, elle jugea néccésaire de se présenter a son tour et s’avança vers lui, terminant sa marche par un salut aussi respectueux que simple.

- Elle parlait elfe comme une humaine, usant des mêmes expressions. « ’ ’ ’ ’ ’ ’ ’ ’ ’ «

Elle joignit le geste aux paroles et incita le rôdeur à s’installer autour du petit déjeuner préparé avec amitié par l’halfelin et commença à décrire les événements de la veille avec aussi peu de mots que possible, tout en ne négligeant pas l’essentiel. La façon dont elle parla, avec tact et réserve permettait a quiconque d’interférer ou d’ajouter un détail qu’elle aurait omis.

L'Ensorceleuse était déjà réveillée lorsque Nob vint la secouer pour lui indiquer que la nuit était terminée. Elle avait passé un peu de temps à analyser sa rêverie, qui n'était pas très joyeuse, et le reste à se demander encore une fois de quoi serait faite cette journée. L'Elfe Sauvage n'était pas pressée de repartir, la journée promettait d'être chargée, et verrait peut-être sa séparation avec Ellifain. Alors que l'Halfelin réclamait de l'aide, en ayant la présence d'esprit d'éviter de lui demander à elle, Cyprien s'en chargea.

Lhamo semblait assez concentrée sur une quelconque activité inconnue de Bur'dhyme lorsque la voix appartenant à une autre personne se fit entendre de dehors. Apparemment, les deux compagnons matinaux allaient devoir converser avec un... non deux individus inconnus. Le coeur battant, la Grugash se leva prestement et commença à camoufler la petite pour qu'elle ne soit pas visible tout de suite si jamais les intrus voulaient entrer dans l'écurie.

La discussion à l'extérieur sembla se passer plutôt moyennement. Bur'dhyme ne comprenait pas les mots, mais parvenait à interpréter les tons employés. Curieusement, les deux nouvelles voix ne lui parûrent pas si inconnues que ça, elle n'aurait su dire pourquoi. Toujours est-il que l'Ensorceleuse s'accoutrait le plus rapidement possible de ses affaires utiles, tout en comprenant que c'était sûrement Ellifain qui avait alerté les nouveaux venus. Ils avaient donc su qu'un groupe de gens squattait ici, sans que eux-mêmes ne soient découverts.

Se préparant précipitamment, elle ne remarqua pas que les deux intrus rentraient dans la maison et se dirigeaient dans l'écurie. L'Ensorceleuse se leva brusquement en se retournant et tomba presque nez-à-nez avec un Elfe roux, plutôt impressionnant. Elle arrêta tout juste l'élan qu'avait pris son bâton sans quoi il aurait certainement terminé sa course dans la figure de ce troublant personnage. Bur'dhyme sursauta et se planta maladroitement en face de ce dernier. Elle mit un temps avant de le reconnaître... C'était Lomion, elle se rappelait maintenant. Elle l'avait rencontrée alors qu'elle venait d'arriver à Thuldäe, il avait été l'une des personnes influentes de la Confrérie qu'on lui avait alors présentées. Bur'dhyme montra inconsciemment qu'elle savait qui il était et commença à lui adresser un sourire, même si Lomion, qui devait rencontrer beaucoup de novices ne devait pas se rappeler d'elle.

L'Elfe Sauvage n'avait pas encore regardé la deuxième personne, qui elle prit la parole plutôt amicalement, par rapport à ce que Bur'dhyme avait crut comprendre envers Cyprien ou Nob. Celle qui accompagnait l'Elfe roux était Miriel. L'Ensorceleuse avait sympathisé avec elle, d'abord parce qu'elles étaient arrivées presque en même temps en Haute forêt, et aussi parce qu'elles étaient toutes les deux des Sy'Tel'Quessir. Elles s'étaient brièvement racontées leur passé, puis avaient chacune été assignées à une mission. C'était plutôt plaisant de revoir Miriel ici, et Bur'dhyme prit enfin la parole en Elfe :

-Toi ici ? En effet, je suis tout aussi heureuse que toi de te retrouver. On a certainement de nombreuses choses à se raconter.

Prenant soin de rassurer ceux qui avaient encore besoin de l'être, elle continua en commun, et assez fort pour que tout le monde entende :

-Je connais ces deux personnes, elles sont de la Confrérie aussi, recevoir du renfort maintenant ne peut être que réjouissant.

Puis de nouveau en Elfe :

-Mes respects, Lomion, je suis novice, tout comme Miriel, je ne sais pas, peut-être vous rappelez vous de moi.

Il n'était même pas nécessaire de vérifier si les deux individus portaient des broches, c'étaient des alliés. Bur'dhyme sentit le moral remonter, même s'ils risquaient d'apporter d'aussi sombres nouvelles que ce qu'elle-même et son groupe avaient à donner. Partant chercher le bébé, Bur'dhyme déclara qu'il vaudrait peut-être mieux que tout le monde soit réuni maintenant et que l'on discute tous ensemble...

Cyprien écouta poliment la colère de Lomion.

Elle était excessive et inadaptée. En mettant sur un pied d'égalité deux comportements dont l'un pouvait causer mort d'elfe et l'autre seulement froisser des susceptibilités, il causait deux mécontents et aucune dupe.
Aujourd'hui s'il devait oeuvrer avec Miriel, la suspicion resterait de mise. Rien n'était résolu. L'elfe venait de placer sur un pied d'égalité la mort éventuelle d'un initié et le manque de respect à son auguste personne.
Les vociférations et la démonstration ostentatoire d'autorité n'avait aucune prise sur le bon sens du roublard. Il devait s'agir d'un de ces coureurs des bois solitaires et autonomes, peu habitué à commander, même si la tâche relevait de la gageure avec des elfes farouchement indépendants au rang desquels les grugach étaient les plus imprévisibles.

[i]Il prit une pelletée de terre et la jeta sur le lisier.

Le prêtre d’Urogalan s’etait approché de la fosse ou gisait les cadavres de la veille, l’odeur y était déplaisant même pour lui d’autant plus qu’il était difficile d’imaginer un semblant de vie dans ses corps sans têtes. A n’en point douter, ce serait une triste cérémonie pour un triste spectacle, d’autant plus que le sagespectre avait du mal à se concentrer en entendant un semblant de discorde entre les nouveaux arrivants et Cyprien. Trouver les paroles adéquate fut difficiles et Nob se réfugiât dans un chant funèbre de son peuple. .Retrouvant de vieux automatismes, il entonna une mélopée lugubre qu’il ponctua de coup de masse sur un mur à défaut des tambours traditionnels. La cérémonie fut brève, la liturgie funèbre des sombreterres ne se prêtait finalement ni à l’heure, ni au lieu. Le Gardien Lugubre enchaîna avec la cérémonie de l’Aube . Espoir du renouveau, cycle de la vie et de la mort attaché à la terre source de tout, il sentit les bienfaits d’urogalan bénir son serviteur et dans cet instant, ce bref instant, il eu de nouveau l’impression d’être avec les siens. S’appuyant sur son arme, il respirât l’air frais du matin à grande goulée avant de remercier Cyprien d’un signe de tête .

-Sans vous, je crois bien que je n’aurais pas put les enterrer, les outils humains sont bien trop grands pour moi et la tache aurait été fort longue. Mais dite moi, vous vous appelez Cyprien ou Rebhe-Llon Awortë ? ? pas que je veuille être indiscret mais déjà que je ne comprend pas l’elfique, si en plus les noms changent je vais bientôt ne plus rien saisir du tout.

Nob attendit que Cyprien finisse sa tache l’aidant du mieux qu’il pouvait de ses seules mais et de sa masse fort peu utile pour ce genre de travail.

-Par ma foi, je pense que ceci fait, nous pourrons rejoindre les autres et voir ce qu’il en est. Si un membre important de votre confrérie est la, c’est qu’il doit y avoir une raison. Il doit également se poser des questions sur notre sujet et il y a un fromage fort apetissant qui nous attend.

Sorts de niveau 0 :

Lumière
Purification de nourriture et d’eau
Détection de la magie

Sorts de niveau 1 :

Frayeur (sort de domaine/ mort)
Bouclier de la foi
Brume de dissimulation

Vingt Deuxième jour de la Flétrissure-Année de la Magie Sauvage
22e Eleinte 1372 (CV)

MJ
Narration: Lhamo, Burd’hyme, Miriel et Lòmion

Lieu : Lisière Haute-Forêt .
Temps : Venteux.
Moment : Petit matin

e dos tourné, alors qu'il marchait pour rejoindre Miriel et qu'il allait pénétrer pénétrer dans l’écurie, le Gardien de l’Harmonie n'en revenait pas, le dénommé Cyprien essayer de garder contenance et tentait de répliquer. Ce qui était fait était fait, mais si cela pouvait faire plaisir à ce Tel'Quess. Voilà pourquoi la confrérie ne pouvait se permettre de garder en son sein des personnage qui une partageaient pas les mêmes valeurs. Ce Cyprien semblait renier l'esprit familiale et fraternel de la confrérie. Fort bien, il en prenait bonne note mais il savait par avance comment se comportait ce genre d'homme. Il pouvait déjà prévoir sa réaction. Qu'importe, le gardien de l'harmonie ne supportait pas qu'on prenne de haut les gens et c'est pourquoi il avait fait preuve d'autorité. Une action justifiée.

¤ Que cet elfe fasse son coq et continue de parader. Cela au moins le contentera.¤

Quelques secondes après son entrée, il se retrouva face à face de Burd’hyme, une des novices qui aspirait à rejoindre la branche des Gardiens des Mystères. sous des apparences fragile, se cachait une jeune femme courageuse. Il se souvenait d’elle en dépit de ce qu’elle pouvait penser et il lui sourit avant de vouloir lui répondre mais quand il entendit la voix de Lhamo et que son regard se porta sur elle, il s’immobilisa net. Devant lui se tenait une elfe noire, il n’en croyait tout simplement pas ses yeux et instinctivement, il eut un mouvement de recul devant une représentante de cette race tant honnie par les siens. Il eut, l’espace de quelques secondes, un mal fou à saisir toute la teneur des parole que la drow prononçait.

¤ … … ¤

Le gardien sylvestre accusa le coup et dévisagea ouvertement l’elfe noire. C’était une première pour lui de devoir discuter avec cette espèce qui baignait dans le vice et le crime et il ne prit pas la peine de dissimuler son étonnement et encore moins son dégoût quand il s’installa près d’elle. Toujours prenant sur lui, d’une voix trahissant légèrement son émotion, il parvint à lui adresser la parole.

- J’ignorais jusqu’ici que le Cercle de Meibion Cywir avait accueillit une….elfe noire dans ses rangs mais votre présence au sein de ce cercle que je connais et respecte, est suffisante à mes yeux bien que je vous cacherais pas je n’ai guère l’habitude de côtoyer des drows…

Le nom drow avait été lâché comme une insulte, et le Saë’Tel’Quess ne chercha même pas à s’en excuser. Mais si d’après ses dires elle agissait pour le compte de la confrérie, il n’avait pas d’autre choix que de l’accepter.

- Mon nom est Lomìon Nerdanel, Gardien Sylvestre et il me tarde en effet de connaître votre histoire car si je suis ici aujourd’hui, c’est pour en savoir plus que ce qui se trame dans cette partie de la Haute-forêt.

Il inclina la tête, une expression inquiète s’affichait sur ses beaux traits fins.

- Notre présence ici est un peu le fruit du hasard. Nous revenions de Yartar quand j’ai décidé de faire un détour pour rencontrer une vieille connaissance. C’est là que nous avons appris que la famille humaine qui résidait dans cette maison avait été massacrée par des elfes. Un massacre intentionnel si nous prêtons foi au seul survivant qui a assisté à ce macabre spectacle. Cela n’augure rien de bon dans cette région qui connaît déjà assez de tumultes entre les communautés sylvestres et les chasseurs qui viennent ici assouvir leur loisir.

C’est à ce moment précis qu’il aperçut Burdh’yme qui tenait dans ses bras un bébé. Les yeux ronds, il dévisagea l’ensorceleuse et il souffla à l’intention de la druide.

- Oui, j’ai vraiment hâte de connaître votre histoire….

MJ
Narration: Cyprien Peutare et Nob Sombreterre

’est sans complexe que le prêtre halfelin et l’elfe des bois se préparait à fouler le lisier pour pouvoir enterrer décemment les cadavres des infortunés humains mais voilà qu’un bruit insolite les força à se détourner alors que le jour pointait le bout de son nez. Et ce bruit insolite dès plus matinal avait prit la forme d’un ours au pelage épais, présentant un joli un dégradé de blond, brun et noir. Ses pattes avant et ses épaules étaient particulièrement massives et elles avaient toutes les chances d’être puissantes et destructrices. Pourtant vu sa taille et sa corpulence, l’animal était encore jeune et il se trouvait juste derrière les compagnons, à peine une dizaine de mètres. Et à la façon dont il retroussait les babines, cela ne laissait rien présager de bon. Un ours pouvait sentir un cadavre jusqu’à 30 km et sa présence ici ne signifiait qu’une chose : Il avait faim. Mais le comble c’était que que Nob, comme Cyprien avait laissé leur équipement dans l’écurie et par exemple, pour récupérer l’arc de l’elfe, il fallait passer obligatoirement au dessus de la bête. Oui, les prochaines minutes risquaient d’être stressantes, surtout qu’il leur fallait faire un choix assez rapide.

Initiative Ours : 17
Initiative Cyprien : 8
Initiative Nob : 14

Cyprien crut remarquer les hésitations de Nob dans sa prière. Nob pas qu'il fut particulièrement observateur mais il n'avait eu que trop l'occasion de voir le Prêtre diriger une cérémonie des morts.
De toutes façons, il n'y avait pas besoin d'être grand clerc pour comprendre que des corps assassinés, baignant dans le lisier et dont la tête avait coulé, n'était pas des cas typiques auxquels tout prêtre a à faire face.

- Et bien je m'appelle Rebhe-Llon Awortë, mais comme j'ai vécu plusieurs années dans une ville humaine, volant non pas pour survivre mais pour acheter ma tranquillité, par paresse, par lâcheté, j'ai tout de suite voulu protéger mon sang elfe de ces turpitudes et j'ai choisi ce sobriquet pour mes euh... activités.
Si bien qu'assez rapidement, seuls mes amis proches, et je n'en avais guère, connurent ce vrai nom.
Bien sûr personne ne peut croire qu'il s'agit de mon vrai patronyme mais de même que Petit-Jean, Vilain, Laforge ou Dumoulin ne sont pas donnés par les parents.
Voilà désormais vous connaissez mon nom, Ami Nob, mais je garderai celui de Cyprien quelque temps encore car je crains fort qu'il y ait bientôt du grabuge avec les hommes et Rebhe-Llon n'est pas sur terre pour tuer des humains, fussent-ils chasseurs sauf ...
Sauf s'ils sont dans une logique d'extermination des el...
Oh ! vous avez un ours derrière l'épaule.

¤Il semblerait que le règne animal nous en veuille¤

- Humm ... ça fait longtemps que je n'ai pas eu affaire à ce style de gaillard, et je ne prétends pas deviner ses réactions ... Si vous avez une idée Nob, n'hésitez pas ... Evidemment vous pourriez essayer de sortir doucement et de faire un tour presque complet de la ferme pour regagner l'écurie, puisqu'il nous bouche l'accès direct ... Mais s'il décide de vous courser, sur une aussi grande distance, les risques sont énormes qu'il vous rattrape.
Sinon j'envisage de taper sur la paroi de la grange avec le manche de ma bêche en espérant que ça alerte nos compagnons, sans alarmer davantage le bestiau.
Qu'en pensez vous ? C'est parfaitement idiot ou je peux faire pire encore.

Il essayait d'afficher une décontraction qu'il était loin de ressentir, mais il supposait que l'animal sentirait une panique qui s'installerait.

-Ooh ... Mais attendez, il a l'air d'attaquer !

Le prêtre d’Urogalan avait écouté attentivement les paroles de Cyprien quand il vit le regard de celui ci fixer quelque chose derrière lui en lâchant presque comme si de rien n’etait, qu’un Ours se trouvait la. Le sagespectre hésita un moment prêt à rire en pensant à une bonne plaisanterie mais quelque chose l’en dissuada. Il se retourna prudemment pour voir effectivement l’animal à une dizaine de mètre. Il n’avait jamais participé aux chasses à l’ours, mais nombre de chasseur de son clan le décrivait comme un animal noble mais ombrageux et aux colères aussi violentes que meurtrières quand il se sentait menacé. Une bête honorable à combattre et pouvant subvenir au besoin du clan, mais à l’heure actuelle, Nob n’avait aucune grief contre cet ours et nul besoin de nourriture. Il fallais espérer que ceci fut réciproque car il avait également entendu dire qu’un ours se déplaçait deux fois plus vite qu’un Hin ce qui rendait toute fuite assez difficile au cas ou la bête aurait décidé de se faire un amuse gueule moins odorant que les corps entassés.

Evitant tout geste brusque, Nob recula régulièrement sans traîner mais sans courir afin d’éviter de trébucher ou d’énerver la bête. Il garda sa Morgenstern basse tout en faisant des gestes apaisant de la main en espérant que l’ours, visiblement jeune, comprendrait qu’ils lui laissaient la libre disposition des lieux sans chercher à entrer en compétition.

-Venez cyprien, reculons calmement et éloignons nous des corps, si c’est la faim qui le tenaille, peut être comprendra t’il que nous ne cherchons pas à voler sa nourriture. Certaines croyances de mon peuple dédient une âme aux ours et il est de coutume de fêter dignement la mort d’une telle bête lors de chasse souvent difficile. Celui ci doit comprendre que nous ne lui voulons aucun mal.

Ses paroles dites sur un ton calme etaient tout aussi bien adressées à Cyprien qu’à l’ours qui, si il ne pouvait les comprendre, serait peut être tout de même sensible au ton employé, au geste d’apaisement et au recul certain des deux gêneurs qu’ils étaient.

Cela rassurait en quelque sorte Miriel de revoir son amie là bas. Pour tant, cette amie, elle n'avait pas tant eu le temps que cela d'apprendre à la connaître, et elles ne se connaissaient par conséquent que de par le court laps de temps qu'elles avaient passé ensemble, avant qu'elles ne partent toutes deux de leur côté en mission.

Aussi, la retrouver permettait à la rôdeuse de ne plus se retrouver seule avec son maître Lomìon, ce qui, loin d'être ressenti comme un malaise, gênait naturellement Miriel, principalement à cause de l'aura de calme et de sagesse et de maîtrise qui émanait de Lomìon.

Quand Burd'Hyme se fut présentée à Lomìon, la jeune rôdeuse la regarda, hagarde, prendre un bébé dans ses bras, sorti d'elle ne savait où...elle ne put bien évidemment s'empêcher d'exprimer ici son étonnement, étonnement visible aussi sur le visage de Lomìon, lisible dans ses yeux.

-

Miriel était tellement étonnée, que toutes les suppositions s'enchaînaient et se bousculaient dans son esprit, et la dernière, qu'elle avait prononcé à regret à haute voix, était de celles qu'elle avait rejeté immédiatement, et pourtant apparemment pas assez vite... Elle resta néanmoins bouche bée devant l'enfant, qui, n'étant sûrement pas celui de Burd'Hyme, devait avoir été trouvé par le groupe durant leurs explorations...et cela, Miriel n'en revenait pas.

Voilà pourquoi, bêtement, elle regardait successivement Burd'Hyme et le bébé, les yeux grands ouverts, en attendant en fait la réponse de Burd qui l'intéressait au plus haut point !

algré l’habitude qu’elle avait de ce genre d’attitude, le mépris dont elle était l’objet ne pouvait manquer de toucher sa sensibilité aux travers des nombreuses carapaces qu’elle s’était construite. Lhamo ne sourcilla pas pour autant, et ne releva pas l’offense qui lui était faite une fois encore. Ceci était sa croix, son fardeau, elle devait l’accepter et poursuivre sa route sans se laisser abattre mais en devenant pas à pas plus forte et plus sage.
Cependant l’arrogance elfique la lassait. Elle s’était à peine habituée au phrasé éloquent de Cyprien, elle avait à peine oublié les faux pas de leur première rencontre qu’à nouveau la fierté du beau peuple réapparaissait, suffisante et désagréable. Les humains étaient peut être plus rustres et plus simples, mais leur impatience était attachante. La vanité allait sans doute de paire avec la longévité, et même les hommes les plus arrogants n’atteignaient pas l’orgueil que l’on cultive après des siècles de vie. Elle pria intérieurement pour ne jamais démontrer elle-même ce genre d’attitude, et elle craignait que le simple fait d’y songer, et de juger la présomption d’un autre suffisait à prouver qu’elle en était elle-même atteinte.
Ruminant ces amers sentiments, l’elfe noire répondit à Lamion un discours de la sorte :

- La drow est morte depuis longtemps. Aujourd’hui je suis Lhamo, un nom que les druides m’ont eux même offert. Depuis peu j’ai reçu l’initiation et je tache de m’en montrer digne chaque jour. Considérez moi si cela ne vous est pas trop pénible, comme une simple apprentie au teint sombre.

Elle inclina légèrement la tête en signe de respect. Ses propos, s’ils contenaient un soupçon de sarcasme, étaient prononcés d’un ton neutre et monocorde. Puis désignant Burd’Hymme et le bébé dans un demi sourire, elle tacha de résumer leurs mésaventures depuis le moment de leur rencontre.

- Ce serait donc véritablement des elfes sauvages qui auraient commis ces crimes ? Etes vous certain qu’il ne pourrait s’agir d’un coup monté, et que l’homme que vous avez rencontré aurait été trompé lui-même, soit se serait montré menteur ? ajouta t’elle pour clôturer son récit.

Malgré le fait que Cyprien et Nob ne soient pas encore revenus de leur sinistre besogne, Lhamo avait commencé à raconter tout ce qui s'était passé depuis deux jours. Sûrement que Bur'dhyme avait encore parlé pour dire une bêtise, à savoir attendre les deux fossoyeurs pour que tout le monde entende bien la même histoire et puisse y ajouter ses avis. Ou bien la Drow ne l'avait même pas écoutée. Un nouveau soupçon de déception pointant, l'Ensorceleuse entreprit quand même de détailler les déclarations de Lhamo lorsqu'elle jugeait cela nécessaire. Tant pis si cela offensait sa supérieure. Dans ce cas, elles s'expliqueraient sur ces mésententes.

Miriel paraissait de plus en plus effarée à la vue du bébé, et la Grugash qui en avait provisoirement hérité ne savait pas trop comment réagir. Elle bafouilla quelque peu et finalement décida de dire la vérité, cela serait utile de toutes façons :

-Heu... oui, hein... tu as vu ça ? Enfin non, non, bien sûr que ce n'est pas le mien, tu l'aurais su à Thuldaë tout de même. C'est en rapport avec ce que Lhamo vient de dire, lorsque nous avons combattu ces chiens qui poursuivaient une jeune Elfe Sauvage comme nous. C'est son bébé, enfin c'était, nous n'avons pas pu la sauver. Nous avons trouvé la petite Ellifain juste après le combat, et de par ma race et ma... condition, on m'a prié de m'en charger jusqu'à ce que l'on trouve quelqu'un qui puisse mieux l'élever que moi, en pleine mission.

A contrecoeur, elle ajouta :

-D'ailleurs, peut-être avez vous déjà rencontré une telle personne sur votre chemin. Son père est peut-être encore vivant, mais nous n'avons aucun moyen de savoir où il se trouve. Tant que la petite se trouve avec moi, elle sera en danger. Une mission de la sorte n'est pas le meilleur moyen de commencer la vie.

Plus elle avait parlé, plus Bur'dhyme avait serré la gamine contre elle. Maintenant, il lui était difficle de continuer à converser et de regarder les autres dans les yeux, qui, elle s'en doutait, devaient la fixer.

Pour changer de sujet, et ainsi se débarasser de cette envie de pleurer inappropriée, elle déclara, faussement joyeuse :

-Et si j'allais chercher nos deux compagnons au dehors afin qu'ils puissent écouter vos récits et vos réactions au notre ? Cela vous évitera de le raconter plusieurs fois. J'arrive avec eux tout de suite.

Sortant tête baissée de l'écurie, elle se dirigea vers la porte d'entrée encore grande ouverte de la maison. Le Grugash devait faire le tour d'une partie du bâtiment pour trouver le Hin et l'Elfe Cuivré. Alors qu'elle bifurquait vers la fosse à lisier, elle s'arrêta soudain et son coeur s'emballa. Un ours énorme s'était joint aux deux aventuriers, et certainement pas pour les aider à enterrer les victimes. Bur'dhyme resta bouche bée quelques secondes avant de comprendre que Nob essayait de rallier la bâtisse le plus calmement possible tout en incitant Cyprien à faire de même. La bête n'avait pas encore réagi à leur comportement et l'Ensorceleuse ne savait que faire... alerter les autres dans l'écurie ? Surtout Lhamo qui pouvait parler aux animaux ? Ou tenter de détourner l'attention du mastodonte pour permettre à ses compagnons de s'enfuir ?