A la recherche des âmes perdues, suite d'un convoi spécial

La nuit de Malik n’avait pas été de tout repos. Le froid ne l’avait pas quitté et c’était même intensifié. Il n’avait pas réussi à trouver le sommeil quand les deux gardiens étaient venus lui dire de prendre son tour de garde. Il pensait que le tour de garde serait calme mais Cynwall se prit de paranoïa. Elle voyait des choses qui n’existaient pas et commençait à devenir pénible. Avait-elle peur du noir ou bien était-ce lui qui la mettait dans cet état, Malik n’aurait pu le dire mais ce qu’il savait c’est qu’elle allait devoir apprendre a se contrôler sinon il ne la supporterait pas longtemps. L’incident clos, et son tour de garde fini, le prêtre de l’Unique alla se mettre non loin du feu et finit, après un temps qui lui sembla durer une éternité, par trouver le sommeil.

Il rêva et cauchemarda à tour de rôle. Il voyait à certains moments Aglaia gisant dans une mare de sang, sa louve agonisant à coté d’elle, et à d’autres moments il se voyait dévorer vivant par la louve, Aglaia riant de voir son ennemi mourir à petit feu. Dans la dernière partie de son rêve il imagina la gardienne ficelée sur un autel dédié à la gloire de Cyric. Le prêtre tenait une dague sacrificielle en main. Dans les yeux de sa captive il voyait la Peur, celle que l’on ressentait lorsque on savait que sa dernière heure était venue. La langue coupée elle ne put que gémir quand elle vit Malik lever la dague au-dessus de sa poitrine. Cet instant de toute puissance rendit le prêtre euphorique. Il voulut abaisser la dague mais une voix le ramena brusquement à la réalité.

Ouvrant les yeux il vit l’elfe ailée l’appeler ainsi qu’aux autres. Ne se souvenant pas de son rêve le cyriste eu la désagréable impression d’avoir manqué quelque chose et c’est sur ce sentiment qu’il ne s’expliquait pas que la journée commença.

De mauvaise humeur, il n’adressa la parole à personne et remarqua à peine que Dinenda lui avait fait signe. Il avait mal au dos, des piqûres d’insectes sur les bras et les jambes, les membres engourdis par le froid, mal à la tête, il ne voulait pas en plus se prendre la tête avec un subordonné.

La route allait sans doute être longue et il recherchait le calme. Le groupe se mettant en marche, Malik resta à l’écart. La louve d’Aglaia lui paraissait, ce matin, étrangement effrayante et quand il vit ses crocs son estomac se serra.

Faisant le point, il s’interrogea sur les probabilités qu’ils réussissent leur mission. Il ne savait rien de Nirannor et apparemment celui-ci désirait rester seul. Il savait ce qu’Aglaia était capable de faire et les évènements de la veille ne faisaient que confirmer ses doutes. Cynwall avait l’air influençable et fragile et son ami Dinenda était influençable et bête. Neffalasiel semblait absente, comme si elle ne voyait que l’objectif à atteindre sans remarquer ce qui l’entourait. Lui n’étant là que pour l’or et le pouvoir, il redoutait qu’un groupe aussi hétéroclite puisse réussir.

Malik regarda les trois compères tenir conseil. L’esclave d’Aglaia faisait son rapport qui, apparemment, avait l’air d’intéresser Cynwall. Il n’aurait pu le jurer mais il pensait que c’était de lui que l’on parlait. Il n’entendit cependant rien et n’essaya pas de se rapprocher. Qu’importe ce qu’ils tenteraient, le prêtre du Soleil Noir déjouerait leurs plans.

IL ne devait cependant pas se relâcher, s’il se montrait faible, s’en serrait fini de lui.

Il se rapprocha de Neffalasiel.

-Dite moi très chère guide, ne connaissant pas très bien cette région j’aurais voulu savoir quels genres de monstres ou dangers nous pourrions rencontrer ici, en plus du froid et de nous même bien sûr, dit-il en souriant ironiquement. "Ah ! J’allais oublier", fit–il en se frappant le front tout aussi ironiquement, "je ne suis plus sous vos ordres maintenant, enfin je ne l’ai jamais été à vrai dire puisque dès le départ le chef avait été choisi. Enfin, tout cela pour dire que si jamais il vous arrivait quelque chose je serrais dans l’obligation de vous abandonner. C’est un ordre du chef et je n’y peux rien, rien ne doit nous ralentir. J’espère que vous ne m’en voulez pas, ce n’est pas moi qui est choisi un chef moins compétent que vous. Il est vrai que vos connaissances de la région et de ses dangers auraient fait de vous quelqu’un de confiance dans les moments de crises mais bon ce n’est pas nous qui décidons."

Malik se tut. Il avait parlé assez fort pour que la plus part puisse l’entendre. Il y avait une part de vrai dans ce qu’il venait de dire et il savait que les autres le savaient. Maintenant qu’il avait été découvert, il ne restait qu’une chose à faire. Inviter le chaos dans leur groupe et il avait espéré que son discours toucherait au moins les deux protagonistes principaux : Aglaia et l’elfe ailée.

e but véritable de Malik échappait à l'avarielle. Voulait-il juste semer le chaos parmi eux. Mais quelles étaient ses motivations ? Récolter toute la gloire, régler un vieux compte ou bien suivre les ordres de quelqu'un d'autre afin que leur mission échoue ? Tant de possibilités qui risquait d'aboutir à la même conséquence dramatique.

"(commun) Vous jouez à un jeu très dangereux Malik. Vous jouez avec un tison ardent sans voir que vous êtes couvert d'huile. Vous arriverez peut-être à vos fins, mais à quel prix ? Serrez vous capable d'en payer l'intégralité ?"

Elle marqua une pause pour observer droit dans les yeux son interlocuteur. Elle n'aimait ce qu'elle y trouvait, mais après tout il fallait de tout pour faire un monde. Cependant elle fallait faire attention à ce que les tensions internes ne viennent pas s'ajouter aux dangers extérieurs déjà trop présents.

"(commun) Mais pour répondre à votre question nous ne devrions pas faire de mauvaises rencontres jusqu'à Rougemélèze. Enfin mis à part peut-être deux ou trois fougueux bandits de grand chemin. Mais je ne pense pas que cela vous inquiète outre mesure ? Par contre lorsque nous serons en Archepierre il se pourrait que nous ayons une réception assez musclée. Enfin tout dépend du nombre de personne qui arriveront vivantes jusqu'à là bas."

Elle fit un sourire étrange à l'attention de Malik.

¤Pauvre mortel. Si tu savais où je vous mène, tu chercherais plutôt à te faire des alliés parmi tes camarades au lieu de chercher à nous dresser les uns contre les autres. Et puis la Haute-Forêt te châtiera bien plus sévèrement que moi.¤

ela faisait déjà quelques heures que la nuit s'était momentanément enfuie et la communion qu'Aglaïa avait eu avec le Seigneur des Arbres étaient aussi loin au niveau temporel, mais l'humaine ressentait encore cette douce et rassérénante chaleur dans son coeur. A l'aube, la jeune femme s'était levée suivie de sa fidèle compagne, sans un regard pour ses compagnons. La druidesse s'était ensuite enfoncée dans les bois, laissant Iris à quelques dizaines de mètres d'elle. Une fois assez éloignée du campement, elle s'était défaite de ses vêtements un à un afin de mieux ressentir les vibrations de la Nature. Puis les yeux mi-clos, elle avait débuté une danse dans laquelle transparaissaient la grâce et l'élégance de la faune. Tantôt une biche tantôt un faucon, Aglaïa s'abandonnait à la danse sans retenue, entonnant en même temps une mélopée si basse que seul son Dieu devait l'entendre.

Après s'être rendue au campement et réchauffée auprès du feu, la fidèle de Rillifane avait suivi le groupe, sans se montrer particulièrement volubile. Elle avait néanmoins écouter avec attention les Gardiens Sylvestres et avait à chaque reprise approuvé du chef leurs dires. Lorsque Malik s'était fendu des quelques paroles visant à remettre son autorité en doute, le premier réflexe de la fille aux cheveux de feu fut de poser sa main sur la garde de son cimeterre, mais elle se contint. Ce test pourrait permettre aux Gardiens d'en savoir davantage sur cette étrange elfe ailée et sur ses motivations. Voyant que Malik ne s'était créé qu'un ennemi de plus, Aglaïa réfléchit quant à l'attitude à adopter.

¤ Montrer de l'orgueil et raffermir ma position pour voir comment réagit l'avariel ? Écraser Malik comme un insecte pour peut-être se rapprocher de Neffalasièl ? Ne pas réagir du tout pour d'autant plus agacer de part mon mépris ce misérable ? Soyons bref et mêlons un peu de tout cela. ¤

- Nous utilisons les qualités de chacun : certains dirigent, certains guident, certains conseillent, certains protègent... mais le bénéfice du doute que l'on donne à celui qui semble être de la plus complète inutilité ne sera pas éternel.

Comme toujours lorsqu'elle cinglait l'air d'une telle tirade, la belle et voluptueuse jeune fille montrait un regard et un ton glacial. A vrai dire peut-être même trop distant pour sembler réel.

Il s’était passé plusieurs minutes depuis que Cynwäll était intervenue. L’ensorceleur s’était placé un peu au devant d’Aglaïa et de sa louve. Il était en pleine réflexion, les paroles de la rôdeuse étaient encore présentes dans son esprit. ¤ D’autre personne me semble étrange et pas à leur place ici. ¤ Mais de qui voulait-elle bien parler ? Dinenda refusa de penser qu’il s’agissait d’un autre gardien sylvestre. La franchise était de mise, et l’importance de la mission qui leur était confiées ne souffrait pas, qu’il puisse exister le moindre doute quand à la loyauté d’un de ses membres. Le cas de Malik était réglé. Il ne restait plus que l’avariel. Il y avait beaucoup de non-dit avec l’elfe ailé. Beaucoup de mystères, qu’il faudrait éclairer avant de gagner la Haute-Forêt. Il était temps pour Dinenda, de se rapprocher de cette Aril’Tel'Quessir. La discussion pourrait s’avérer fort enrichissante.

La réaction de Neffalasiel quant aux vaines tentatives grossières du soit disant prêtre, pour mettre le chaos au sein du groupe rassérénait le Teu’Tel’Quess. L’avariel n’était pas dupe, et faisait montre de sagesse. Le fait est qu’elle ne semblait pas tenir Malik en haute estime. Cela était plutôt encourageant pour la suite des évènements. Par certain côté, elle lui rappelait Aglaïa, toutes deux avaient le sens de la répartie pour remettre Malik à sa place. ¤ Je n’aimerai certes pas que ces deux femelles versent leurs foudre sur moi, je laisse volontiers ça à Malik. ¤ Mais leurs comportements vis-à-vis de l’humain était certainement le bon. Harceler moralement, Malik en lui faisant perdre tout le peu de crédibilité qui lui restait, et en tournant en dérision chacune de ces interventions lui ferait certainement perdre sa confiance en lui sur le long terme. C’était à n’en point douter une bonne tactique. Si tout le monde si mettait, il se sentirait bien vite seul. Mais cela risquait fort de le rendre d’autant plus dangereux.

Nirannor inquiétait l’Innatoh, il n’avait encore rien dit depuis le début de la journée. Son mutisme ne lui ressemblait pas. Même s’il n’était pas d’une loquasse, il n’avait pas habitué Dinenda à se refermer sur lui-même. La nuit avait dû être difficile pour lui, à moins que ce soit sa relation naissance avec Cynwäll qui le perturbait. ¤ Si c’est le cas, j’espère qu’ils auront réglé ça, avant que la traque en Haute-Forêt ne commence. ¤

Mais la question qui taraudait l’esprit du Teu’Tel’Quessir portait sur les dernières paroles de Neffalasiel. ¤ « Par contre lorsque nous serons en Archepierre il se pourrait que nous ayons une réception assez musclée. Enfin tout dépend du nombre de personne qui arriveront vivantes jusqu'à là bas. » ¤.

L’ensorceleur força un peu l’allure pour se porter à la hauteur de leur guide. Il avait eu des soupçons sur cette dernière lors de leur première journée de marche. Mais il fallait bien avouer que cette dernière lui avait semblé parler franchement. Bien entendu, cela n’était pas suffisant pour faire tomber la barrière de la prudence. Mais Dinenda pensait que cela allait dans le bon sens. Et puis Neffalasiel ne semblait porter le sombre humain dans son cœur, c’était encore un autre bon point.

- Pardonnez moi, Neffalasiel. A qui donc pensez-vous lorsque vous dites que nous risquons d’avoir une réception plutôt musclée, lorsque nous arriverons à Archepierre ? Qu’aurons nous a craindre là-bas. Et si cela doit être aussi dangereux, pourquoi ne faisons nous pas tout simplement un détour pour éviter cet endroit. Après tout, ce n’est pas notre objectif commun, pour quoi prendre des risques alors qu’il y aura bien assez de danger en Haute-Forêt. A moins qu’il n’y ait vraiment une bonne raison, pour que l’on se rende là-bas. Au quel cas, je souhaiterai la connaître, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.

'inquiétude de celui qui se faisait appeler Dinenda était légitime. Elle repensa à Archepierre et à l'accueil probable qui l'attendait, qui les attendait tous. Ces trois cavaliers qui lui avaient posés beaucoup de questions et surtout la femme qui les accompagnaient.
¤La traîtresse.¤
Enfin si ce qu'elle avait vu était bien la réalité. On ne sait jamais avec les pratiquants de l'Art.
¤Toujours en train de manipuler des forces pour altérer leur environnement en leur faveur. Quitte à enfreindre des lois naturelles et à baculer dans le mal.¤

"Pour tout vous dire, il se pourrait que des hommes nous attendent sur ce passage. Trois pour être exacte. Je les ai déjà rencontrés avant d'arriver à Eauprofonde mais mes talents de discrétion et de vitesse ont pu les berner. Seulement comme vous ne possédez pas les mêmes facultés que moi, il nous sera difficile de reproduire le même scénario. Tous ce que je sais, c'est que l'un d'entre eux au moins est un pratiquant expérimenté de l'Art. Ils voyageaient à cheval et semblaient vivement s'intéresser à toutes personnes en provenance d'Eauprofonde qui se rendaient en Haute-Forêt. Ce qui est notre cas. De plus nous sommes presque obligés de passer par cet endroit en raison du temps qui joue contre nous. Nous pourrions faire un détour certe, mais je ne pense pas que le sanctuaire de la Haute-Forêt devrait être souillé plus qu'il ne doit. Plus nous attendons, plus la faune et la flore de cet endroit risque d'en souffrir. Alors je vous pose la question. Me suis-je trompée en choisissant le chemin le plus court et le plus rapide qui pourrait s'avérer être le plus dangereux ? J'ajouterai que connaître le danger qui nous attend, c'est déjà pouvoir se préparer en conséquence."

Tout en parlant, elle continua son rythme de marche afin de ne pas faire perdre de la vitesse au groupe entier.

L’ensorceleur était partagé quant à la déclaration de Neffalasiel. Elle n’avait pas tord, mais était-ce la solution la plus sage ?

- Je suis d’accord avec vous lorsque vous dites que la Haute-Forêt ne doit pas être souillée plus que nécessaire. Toute fois, qu’est-ce qui est le plus important ? Arrivée le plus vite possible en risquant de diminuer nos forces. La perte de l’un des gardiens pourrait se révéler dramatique. Et la perte de notre guide, vous, serait problématique. Je pense que nous avons besoin de l’ensemble de nos forces pour affronter nos cibles. Sin nous perdons des membres de notre groupe, ou que certain arrive diminué pour les affrontements qui sont notre objectif, se serait hypothéquer nos chances de réussite. C’est pour cette raison que je me pose la question de savoir si l’affrontement de ces hommes est absolument indispensable. Arriver le plus rapidement possible est important, mais l’essentiel n’est-il pas d’arriver entier en mettant le maximum de chance de notre côté ?

Mais il y avait une autre façon de voir les choses. Dinenda le savait. Le rôle des gardiens était de rassembler le maximum de renseignements concernant la sécurité de la Haute-Forêt. Cette préoccupation, était l’essence de la prévention de la protection de la forêt. Comme l’avait évoqué l’avariel : « connaître le danger qui nous attend, c'est déjà pouvoir se préparer en conséquence. ». Cette réflexion s’appliquait dans le cas présent, non pas pour l’affrontement des trois hommes. Mais sur l’avenir de la Haute-Forêt.

- D’un autre côté, je serai curieux de savoir pourquoi ces hommes surveillent de près les personnes désireuses de ce rendre dans la Haute-Forêt. Il y a là un mystère qui méritait d’être éclairci. Qu’est-ce qui peut bien motiver cette surveillance ? Et par-dessus tout qui l’a ordonné, et pourquoi ? Il faut que ces réponses trouvent une réponse. Pour cette raison, je pense qu’il serait effectivement de l’interêt des gardiens de se rendre à Archepierre. Non pas pour une question de temps. La Haute-Forêt a survécue pendant des millénaires sans nous. Elle n’est pas à quelques heures de plus ou de moins. Mais s’il y a une autre menace qui concerne ce lieu et ses habitants, alors il est de notre devoir d’en apprendre davantage.

Le passage à Archepierre semblait non seulement indispensable. Mais la rencontre de ces trois hommes, paraissait des plus importantes. Il fallait en apprendre d’avantage sur ceux qui se cachaient derrière ces trois hommes, et sur leur dessin. Affronté ces hommes n’emballait pas plus que ça le Teu-Tel’Quessir. Eux aussi avaient la magie de leur côté, et cette dernière pouvait faire basculer l’issue du combat, même si le groupe avait l’avantage du nombre. Mais les adversaires avaient perdu l’avantage de la surprise. L’issu du combat restait donc incertain. Mais en plus, le groupe devrait se battre avec une main attachée dans le dos.

- Si l’affrontement doit avoir lieu, il nous faudra faire le maximum pour en garder un ou deux en vie afin de pouvoir l’interroger. Nous devons absolument découvrir les raisons de leur agissement. De cela, il faudra absolument tenir compte. Si ces hommes sont des humains, l’art pourrait nous être bénéfique, dans cette optique. Et nous avons pour nous d’autres avantages, nous savons, en partie, à quoi nous attendre. Plus nous en saurons sur eux, plus nous améliorerons nos chances. Savez-vous d’autres choses sur eux. Qui est le chef du groupe ? Et lequel d’entre eux maîtrise l’art ? Comment pourrons nous les reconnaître, nous qui ne les avons jamais vu?

inenda pensait à haute voix et même si tout ce qu'il disait n'était pas dépourvu de sens, il parlait trop, se complaisant à s'entendre deviser au lieu de trouver des réponses claires, non embrouillées par un flot de questions incessant. Mais Aglaïa se contint d'en faire la remarque au Gardien, parce qu'ils s'étaient déjà parlés de façon véhémente la veille et également, peut-être, parce que son rôle l'usait déjà.

La jeune et belle humaine choisit donc d'emprunter un ton calme pour parler à l'avariel, s'attachant à recadrer le discours de l'ensorceleur, sans pour autant blesser son orgueil :

- Vous ne vous êtes pas trompée Neffalasièl, nous irons au plus court. Si nous devons croiser ce trio et si vous le pensez dangereux, il faudra mettre en scène et inventer un motif et un lieu de destination à leur servir. Sinon, je suis comme mon ami elfe, je désire en savoir plus, mais je vous en prie, soyez précise et choisissez dans ce flot de questions pour nous livrer un message clair : ne bâtissons pas sur la confusion.

La druidesse aux cheveux de feu s'était mise à la hauteur de l'avariel afin de lui parler et elle attendait ses réponses alors qu'une de ses mains courrait le long du pelage de sa compagne.

Neffalasièl prit une profonde inspiration

"Pour être dangereux ils le sont. Je vous ai bien dit qu'ils s'intéressaient à toutes personnes qui se rendaient dans la haute-forêt, mais ils ne se contentaient pas de poser des questions. Ils exigeaient des réponses. Allant jusqu'à la torture s'il le fallait voire même d'autres moyens de persuasion plus surnaturels. C'est là que j'ai vu l'un d'entre eux user de magie. Mais rien ne dit que les deux autres n'en sont pas capables. C'est ce même homme qui semblait les commander. Ils cherchaient des fugitifs d'Eauprofonde, enfin un en particulier. Ils sont tombés sur une patrouille lointaine de la cité des splendeurs et ont pris les informations à celle qui les menait. Elle leur a tout dit après qu'il l'est... Enfin ils ont tout fait pour obtenir ce qu'ils voulaient. Les trois hommes qui l'accompagnaient ont été tués. Je n'ose imaginer ce qui lui est arrivé mais je m'en doute. J'ai du partir ensuite pour vous rejoindre. Par contre vous dire à quoi ils ressemblaient, c'est assez difficile. Comprenez que je ne suis pas allée faire un portrait d'eux mais les deux sous-fifres avaient un étrange tatouage sur le crâne et ils étaient rasés. Je n'ai malheureusement pas pu voir leur chef."

Elle repensa à l'horrible spectacle qu'elle avait vu. Elle avait voulu intervenir mais ses ordres étaient très clairs. On ne devait pas soupçonner sa présence vers Eauprofonde. Elle repensa à la femme qui avait livré les renseignements. Elle avait résisté à la torture mais lorsque le mage s'est approché elle lui avait tout dit comme si sa volonté l'avait quittée.
¤Qu'est-qu'il a bien pu lui faire ? Il a bien prononcé quelques paroles et utiliser la magie mais...¤
"Est-il possible pour un mage de briser la volonté d'une personne ? Car dans ce cas tous ce qu'on pourra leur dire comme mensonge ne marchera pas."
¤Elle n'avait aucune chance, oui aucune chance.¤

Nirannor se refermait sur lui même, écoutant, analysant toutes les conversations entre ces différents compagnons. Pour sa part, la mission était d'une simplicité enfantine mais d'obscurs stratagèmes pensés par certains commençaient à se mettre en place. Le prêtre paraissait bien esseulé et se mettait à dos tout le reste du groupe, quant à la Neffalasiel, elle paraissait se ranger du côté des gardiens sylvestres. Mais ses dernières réflexions au sujet d'une rencontre avec trois hommes n'étaient pas du goût du rôdeur. Voilà que d'un seul coup, une rencontre plus ou moins dangereuse se profilait à l'horizon. Celle-ci sortie de son chapeau étonnait Nirannor.

¤ Pourquoi n'en avoir pas parlé plus tôt ? Que cache t-elle derrière cette rencontre ? Qui sont exactement ces trois individus ? Comment a t-elle fait pour s'échapper des griffes de ces terribles inconnus ? ¤

Beaucoup trop de questions sans réponses alors que le froid devint encore plus mordant, Nirannor se motta davantage dans son manteau. Le doux sourire de Cynwäll lui redonnait quelques réconforts dans cette marche dangereuse à tout point de vue.
Son ami Dinenda, plus curieux osait poser de multiples questions à l’Avariel. Mais la Neffalasiel semblait d’une finesse à toute épreuve et malgré quelques renseignements futiles donnés à Aglaïa, elle en cachait toujours le principal.

¤ Que faisait-elle dans cette forêt et quelle chance a t-elle eut pour tomber sur la rencontre des trois hommes et de la patrouille de la cité des splendeurs ? Et puis, malgré les pouvoirs de ces hommes, comment a t-elle fait pour ne pas être déceler pendant tout le temps de son observation ? ¤

De toute façon, les dés en étaient jetés, la rencontre devait être inévitable et Nirannor pourrait enfin avoir certaines réponses à ces multiples questions, à moins que la mort ne vienne le prendre pour l’emmener dans son royaume.

La prise de parole d’Aglaïa fit sourire intérieurement le Teu’Tel’Quessir. ¤ Décidemment ma sœur, les nébulosités des mystères ne sont pas pour toi. Comment bâtir une réponse claire et précise lorsqu’il y a tant d’inconnue ? ¤ Cette druidesse aime les choses établies, pour elle tout semble blanc ou noir. Les nuances de gris ne semblent pas avoir cours dans son esprit. ¤ Mais cela ne surprenait outre mesure le gardien des mystères. La proximité d’Aglaïa avec la nature se reflétait obligatoirement sur tempérament. ¤ Mais cela ne surprenait outre mesure le gardien des mystères. La proximité d’Aglaïa avec la nature se reflétait obligatoirement sur tempérament. ¤ On est une proie, ou l’on est un prédateur, on vivant ou l’on est mort, il n’y a pas à tergiverser là-dessus. Mais pour moi, rien n’est aussi simple les mystères sont partout. Ils se cachent bien, et il faut savoir prendre le temps de les analyser, les décortiquer, pour les comprendre et les percer. ¤ L’elfe avait une éternité « humaine » devant lui pour prendre le temps d’envisager toutes les facettes des mystères qui se présentaient à lui.

¤ Mon frère, qu’est-ce qui te perturbe autant ? ¤ Nirannor semblait perdu dans ses songes. Il semblait loin, très loin, de la conversation qui se déroulait, et cela ne lui ressemblait pas. Cynwäll n’avait rien dit non plus. Mais c’était probablement dans son tempérament. Dès leur rencontre Dinenda avait perçu la rôdeuse comme une personne réservée gardant une certaine distance avec les évènements. Sa nature Sy’Tel’Quessir n’était certainement pas étrangère à cet état de fait. D’autres silences pouvaient en dire beaucoup, et pouvaient être tout aussi inquiétant que celui de Nirannor, dans une autre mesure.

La rencontre dont parlait ne serait probablement pas une promenade de santé. Il y avait fort à parier que les informations qu’allaient chercher les gardiens sylvestres se paieraient chère et comptant. En espérant, qu’ils puissent en obtenir car rien n’était garantit. Mais dans l’esprit de Dinenda, ces informations pouvaient se révélées capitales pour l’avenir.

Un détail attira l’attention de l’ensorceleur. Le Teu’Tel’Quessir ne connaissait pas beaucoup d’hommes capables d’user de l’art et qui se rasent et se tatouent le crâne. En fait, il ne connaissait qu’un seul type de mage qui agissaient comme ça. Cela pouvait même se recouper avec leur propre quête. S’il s’agissait bien de ceux à qui il pensait, ce ne serait pas une partie de plaisir.

- Excusez-moi Neffalasiel, mais avez-vous fait attention à leur tenue vestimentaire. Seriez-vous capable de me dire la couleur dominante de leurs vêtements ?