A la recherche des âmes perdues, suite d'un convoi spécial

Le repas lui fit le plus grand bien et Nirannor commençait à ressentir une chaleur intérieur l'envahir. Une bonne nuit la dessus et le rôdeur pourrait repartir pour une nouvelle course.

Mais quelque chose le préoccupait surtout quand son ami avait demandé à ce qu'ils se voient après le repas, enfermés dans une chambre, à l'abri de toutes oreilles indiscrètes. Avait-il eu echo d'une information capitale pour la suite de la mission ou voulait-il simplement revenir sur la bourde de l'humain ?

Alors que l'elfe demandait à ses compagnons de dîner prestement, ce qui pour un être de cette race était peu ordinaire, il se concentra sur quelque chose que Nirannor ne put déceler aux premiers abords. Mais la curiosité de l'humain l'emportait sur tout et assis aux côtés du Teu Tel Quessir, il ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil.Sur les genoux de l'elfe, Nirannor perçut un bout de tissu noir mais avant qu'il ne puisse le questionner, son ami semblait perdu dans les dédales de son esprit. N'osant le déranger, il reprit sa posture. Il l'avait déjà vu dans cet état, lors de la rencontre avec les magiciens rouges lorsqu'il fouilla le corps sans vie d'un d'eux.

Nirannor savait, savait que son ami parcourait la toile, suivait ses fils qui lui permettaient tant de chose que l'humain ne pouvait comprendre ou ressentir.

Alors il se tourna vers ses autres compagnons et questionna l'avariel.

-Pardonnez-moi d'être curieux mais avez-vous une idée sur ce que nous devons chercher ces prochains jours ? Ou devons reprendre la route au plus vite pour la haute forêt ?

Nirannor le savait,la haute forêt était bien un des buts de cette mission mais il sentait que d'autres évènements compliquaient leurs tâches et que l'être ailée connaissait déjà certaines choses dont elle n'avait encore dévoilé le sens.



J'ai estimé que Dinenda ne pouvait sortir les tessons de bouteilles sans que ses compagnons ne puissent s'en apercevoir. Ou alors l'elfe fait partit de ses illusionnistes qu'on peut voir à Las Vegas

Narration

Terminant leur repas en même temps que Dinenda examinait le parchemin, ils attendirent les conclusions de leur compagnon. Ses yeux prirent une teinte vitreuse jusqu'à ce que ses pupilles disparaissent. Et là il voyait. Il voyait même très clairement une aura autour du parchemin même si elle demeurait faible. Une faible aura de l'école de l'illusion. En y regardant de plus près il s'agissait du texte qui brillait et non pas le papier en lui même. Ces renseignements pris ils se dirigèrent vers l'étage où l'avarielle commenta la question de Nirranor.

-Il vaudrait mieux se presser, car les dangers que représentent ces magiciens rouges sont trop important pour les affronter en terrain découvert. En forêt par contre... Mais il nous faut donc aller jusqu'en archepierre et là nous pourrons aviser.

Tout le monde entra dans la chambre des hommes et attendirent les paroles de Dinenda.

La chambre était fonctionnelle, deux lits, une petite fenêtre qui donnait sur la rue, une table simple avec un broc, une bassine dessus. Deux chaises en bois dont l’assise était empaillée, une lanterne à huile accrochée au centre de la chambre éclairait chichement la pièce.

Une fois que tous furent entrés, le Teu’Tel’Quess se dirigea vers la fenêtre. Il jeta un coup d’œil dans la rue et dans les bâtisses faisant face à leur chambre et tira l’épais rideau vert profond. Puis, il posa son sac et commença à fouiller dedans. Il en sortit une bourse de cuir, le tissu noir recouvrant les tessons de bouteille, et le parchemin. Disposant le tout sur l’un des lits.
Enfin, il se tourna vers ses compagnons, tout en se saisissant de la bourse et se dirigea vers la table.

Voir tous ces visages tournés vers lui, rendit l’ensorceleur un peu nerveux. Le Gardien Sylvestre se remémora le Conseil auquel il avait assisté à Thüldae. C’était un peu avant qu’il ne prenne la route pour Eauprofonde. Il inspira profondément, et souffla lentement pour ce donner du courage.

’ ’ ’ ’ ’ ’

Dinenda avait commencé à faire quatre petit tas de pièces égaux sur la table. Alors, commença la distribution du butin.

[elfique]- Voilà qui est fait. Lorsque nous serons avec Maitre Taillepierre, j’en profiterai pour demander d’identifier les tessons de bouteilles, qui semblaient déjà attiser sa curiosité. Il n’est pas impossible que notre bon Paltusiak ait déjà été voir le mage pour tenter de savoir ce qu’ils sont exactement. Ce qui tente à prouver, qu'il n'a aucune idée, quant à savoir à quoi peuvent servir ces tessons de bouteille. Toujours est-il que si Aglaïa a voulu nous les remettre, ce n’est pas sans raison. Et je veux savoir laquelle, avant d’aller plus loin. J’en profiterai pour lire le parchemin qu’elle nous laissé. La magie est en lui, ou plus exactement dans ce qui est écrit. Il me semble qu’il ne s’agisse que d’une illusion, mais allez savoir ce qu’elle cache. Quitte à prendre un risque, je préfère le faire en présence du Faern Taillepierre. Sait-on jamais. Bref, tout cela devrait nous permettre de pouvoir faire quelques emplettes, le temps que le mage travail sur ces nouveaux objets.

Dinenda laissa ses yeux d’émeraude parcourir l’assistance. A la recherche, d’un assentiment ou d’une objection. Mais visiblement, tous attendait qu’il ait terminé avant de ce prononcer. Aussi le Gardien des Mystères poursuivit-il son monologue.

[elfique]- J’ai reçu un message de Thüldae, lorsque nous nous rendions à la garnison. Nous pouvons être rassurés sur une chose. La Confrérie est alertée sur la présence des Thayens dans cette partie de Toril. Aussi, ont-il prit les précautions nécessaires et les dispositions qui s’imposent. Ils nous engagent à prendre tous le renseignement possible sur la raison de leur présence. Mais, cela ne change rien aux ordres initiaux. Notre mission reste la même.

Dinenda parlait ouvertement devant Neffalasièl. D’une part, il lui montrait la confiance qu’il avait en elle. Et d’autre part, cela lui permettait de montrer l’efficacité de la Confrérie et par là même prouver à l’Aril’Tel’Quess l’intérêt qu’il pouvait y avoir à ce que la Compagnie des Marches et les Gardiens Sylvestres puissent coopérer dans certaines situations.

[elfique]- Voilà, ce que je pense. Aglaïa est déjà sur Archepierre. Isorion m’a renouvelé toute la confiance qu’il avait en elle. Je suis certain que si elle est sur place, c’est bien pour en connaître plus sur les agissements des mages rouges. Notre mission n’étant pas celle-ci, nous allons tenter de profiter de chaque occasion donnée pour en apprendre d’avantage. Mais comme la si bien remarquer Neffalasièl, nous ne pouvons pas les affronter seuls. Aussi, je compte nous rendre le plus rapidement possible en Haute-Forêt et poursuivre ceux que l’on cherche. La Confrérie semble prête à dépêcher certain Gardiens du Vent. Et je compte bien en profiter. Nous serions en Haute-Forêt dans quelques jours, peut-être un ou deux. Si nous sommes, comme je le pense en compétition avec les mages rouges autant prendre toute l'avance qu'il nous est possible d'obtenir.

La détermination sans faille pouvait se lire dans le regard de l’elfe lunaire.

[elfique]- Le temps que le messager retourne à Thüldae et que les aigles n’arrivent, nous continuerons à avancer sur Archepierre. Et dès qu’ils seront là, direction la Haute-Forêt. Nous n’avons rien de spécial à faire à Archepierre, et plus vite nous serons sur les lieux, mieux cela sera pour l’équilibre de notre chère forêt. Voilà, je crois que j’en ai terminé. Bien sûr, j’écoute vos avis et suis prêt à en débattre. Mais ça me semble la solution la plus rapide, la moins risquée et sans doute la meilleure pour mener à bien notre tâche, sans pertes inutiles. Alors qu’en pensez-vous ?

Dinenda attendit les réactions de chacun. Une fois que tout ceci serait réglé, il souhaiterait une bonne nuit à la Flèche et Neffalasièl. Alors, la discussion avec son frère pourrait commencer. Et il ne s’agissait pas uniquement de remontrances stériles.

L'elfe prit la parole devant ses compagnons et, avec justesse, exposa les faits. Nirannor lui aurait fait confiance les yeux fermés et n'avait aucun doute sur son implication dans cette difficile enquête. Mais il lui semblait que son ami mettait un point d'honneur à faire les choses comme il se devait.

Le rôdeur ramassa l'argent lorsque Dinenda eut fini le partage. L'être aux oreilles pointues continua son discours pendant que les yeux de Nirannor faisaient des va et vient entre le visage de sa douce et le regard de son ami. Mais ses rêveries cessèrent brutalement lorsque le Teu Tel Quess leur posa une question en sa dernière phrase. Le rôdeur lâcha quelques mots dans un réflexe d'enfant que l'on prend à faire une quelconque bêtise.

- Mais c'est bien là notre mission Dinenda.

Puis, se reprenant dans le langage de ces compagnons.

Narration

Neffalasièl accepta sans mot dire les paroles de Dinenda. Elle approuvait en tout point ce qu'il venait de prononcer et lui fit savoir. Mais il était largement temps de se reposer et Neffalasièl fit remarquer qu'ils avaient eu une journée longue et fatigante et qu'il risquant d'en être de même le lendemain. Elle prit congé des hommes en compagnie de la Flèche et elles se dirigèrent vers leur chambre les laissant seuls.
Elles les saluèrent et quittèrent la pièce. Ils entendirent leur porte s'ouvrir et se refermer. Ils étaient seuls désormais.

Quelque part dans les environs de la Haute Forêt

Deux hommes, chauves, portant des tatouages regardaient, étendu au sol et inerte, le cadavre d'une troisième personne qui ne laissait aucun doute quand à son appartenance à la caste des magiciens rouges. Ils étaient là aux aguets et quelque peu anxieux.

-Encore un qui est mort. C'est préoccupant, il faut savoir qui est derrière cela.
-Dois-je contacter les autres ?
-Non. Pas tout de suite. Il se pourrait qu'ils n'ont pas été découverts. Il faut d'abord s'en assurer. Si par contre leur existence est connu alors nous n'aurons plus le choix, ça sera la guerre ouverte. Mais c'est étrange tout de même, on dirait des morsures pas des blessures du à des armes.

Un grognement se fit entendre derrière eux. L'un d'entre eux se retourna et vit une louve se jeter sur eux. Une louve accompagnée d'une femme.

-Non attendez, nous ne sommes pas...

Maintenant que les deux mâles du groupe se retrouvaient seuls dans leur chambre. Le moment tant redouté par Dinenda était arrivé. Un silence pesant, s’était installé entre eux. L’elfe lunaire aurait voulu prendre encore un peu temps afin de trouver les bonnes formules à utiliser vis-à-vis de son frère. Mais, laisser le malaise s’installer entre eux aurait été la pire des choses. Aussi, le Gardien des Mystères prit donc son courage à deux mains. Il alla s’asseoir sur une des chaises, et s’éclaircit un peu la gorge avant de prendre la parole. Bien qu’à ce moment précis, il aurait été bien incapable de dire, ce qui allait sortir en premier de sa bouche.

- Et bien, quelle journée ça a été aujourd’hui. Un bon repos ne sera pas du luxe. Bon, mon frère, ne tournons pas autour du pot. Je voulais te parler en privé de ce qui s’est passé aujourd’hui. Tu dois bien t’en douter, mon ami. Mais avant cela, j’ai une nouvelle à te communiquer de la part du Protecteur. Thüldae plus aucune nouvelle de la Ly’Aegisir des Rôdeur de Solonor. Ibealia n’a plus donné aucune nouvelle, ce qui laisse craindre le pire. A ce jour, la branche des Rôdeurs de Solonor est sans chef digne de ce nom. C’est une terrible nouvelle, mais je me devais de t’en informer. Voilà, qui est chose faite dès lors.

Dinenda ne put s’empêcher de faire une petite pause. Il fouilla dans son sac, et prit son outre d’eau dont il tira une longue gorgée. Sa gorge était sèche. Sans doute que la conversation qu’il allait avoir maintenant, avec un homme qu’il estimait au plus haut point, n’avait rein de facile pour lui.

- Tu sais que j’ai grandi à Lunargent ? J’ai donc eut l’occasion de côtoyer de nombreux humains. J’ai vu grandir et disparaître au moins deux générations de mes amis de l’époque. Aussi, j’ai eu l’occasion de vous voir évoluer et d’en apprendre un peu sur vous. Ho, je n’aurais pas la prétention de dire que je sais tout sur les humains. Certes non, vous êtes pleins de surprises. Certaines sont bonnes, d’autres moins bonnes. De tous ceux qu’il m’ait été donné de rencontrer, tu es certainement celui que j’estime le plus. Ton calme, ta réflexion, ton courage, ta tolérance et le lien particulier qui t’unit à la terre fait de toi un être particulier. J’ai ressenti ça depuis le premier jour, où nous avons voyagé ensemble. Et les jours qui ont suivit n’ont fait que confirmer ce que je pense de toi, mon frère.

Dinenda chercha de son regard d’émeraude les yeux de Nirannor. Si l’elfe argenté avait prononcé ces mots, ce n’était pas pour passer de l’onguent sur l’amour-propre du rôdeur. Mais bien parce qu’il pensait vraiment chacune de ses paroles. Dinenda n’avait encore jamais croisé la route d’un homme de la trempe du rôdeur de Solonor.

- Il y a cependant une ou deux petites choses dont, je voulais t’entretenir. Tu t’es confié à moi en ce qui concerne tes élans et tes sentiments pour Cynwall. Et je te remercie de ta confiance. Et pourtant, je m’apprête à trahir, la confiance qu’elle-même avait mit en moi… La Flèche partage tes sentiments mon ami. Elle est consciente que si tu es sa plus grande joie, tu seras également son plus profond chagrin. Je vais être franc et sincère, car je suis certain que tu n’attends rien de moins de ma part. Cyw a quoi ? Un siècle, un siècle et demi d’existence, autant dire que nous sortons à peine de l’adolescence. Votre amour naissant, si tu ne gâches pas tout, et que les dieux vous sont favorables, va durer cinquante, soixante quoi ? Soixante dix ans, et puis après… La flèche sera obligée de vivre avec ton souvenir. Le souvenir merveilleux de votre amour, de votre bonheur. Et crois moi, elle s’en souviendra chaque jour comme si c’était hier. Pendant des siècles, elle vivra dans ton souvenir mon ami. Vos enfants grandiront, ils deviendront adultes, auront à leur des descendant et mourront. Mais Cyn, elle sera toujours là. Et, pour toujours tu seras là, avec elle. Présent à jamais dans ses souvenirs, mais tu lui laisseras également une grande sensation de vide.

Dinenda baissa la tête. Il était conscient que cette fois, il avait dit à Nirannor la vérité. La pure, simple et brutale réalité, l’elfe de la lune n’avait rien dit de plus ou de moins. Il fallait que Nirannor en soit pleinement conscient.

- Mon ami, Hanali Celanil a déjà touché Cynwal des chants de l’amour. Comprend que pour elle, se laissé aller à vivre pleinement votre lien, n’est pas une décision aisée à prendre. Et pourtant, je pense sincèrement qu’au fond, elle l’a déjà prit sa décision. Tu connais suffisamment les Tel’Quessir pour savoir que nous ne dormons pas. Nous nous laissons aller à la Rêverie. La rêverie, n’est pas un simple moment de détente et de repos. Elle nous permet de vivre et revivre des événements passés. C’est ce qui nous aide à ne jamais oublier. Même au-delà des longs siècles dont Corellon Larethian nous gratifies. C’est pour cela que Cynwall se rappellera toujours les sentiments qui vous lient. Elle n’oubliera jamais les choses qui lui font battre le cœur lorsqu’elle est avec toi. Cependant, tu dois savoir aussi que les Tel’Quessir sont épris de liberté. C’est là chose qui nous est le plus chère au monde. Entend moi bien Nirannor ! Jamais Cynwall ne t’appartiendra, jamais ! C’est une elfe, et qui plus est, c’est une elfe sauvage, une Sy’Tel’Quess. Elle sera libre, fière, indomptable à jamais. Il faut que tu en sois bien conscient.

Le moment de vérité était maintenant arrivé. Dinenda ne pouvait reculer. Il fallait percer l’abcès.

- Si tu n’es pas capable de contrôler ta jalousie, mon ami. Dis-le lui tout de suite, car tu l’as rendra malheureuse. Je te l’ai dit, Cynwall t’aime déjà. Même si elle se refuse encore à te l’avouer. Mais elle ne sera jamais ta chose. Elle pourra souhaiter devenir ta femme. Et si elle t’a choisi toi, ce n’est pas par hasard. Toute sa vie durant, elle se rappellera pourquoi, c’est toi qu’elle a choisi. Je t’en conjure, mon frère. Laisse le sentiment de jalousie s’enfuir à jamais de ton cœur. Aujourd’hui, tu as mit ceux que tu aimes en danger, en grand danger, mon frère. Cynwall t’aime, et elle t’a certainement déjà pardonné. Je te comprends, et moi aussi je t’ai déjà pardonné cet écart. Sache que tu gardes toute notre confiance.

Dinenda marque une pose, en buvant un nouveau d’eau. Une diversion pour qu’il puisse trouver les mots justes à employer.

- Mais nous sommes en mission. La présence des Magiciens rouges de Thay est déjà une assez grande menace en soit. Les créatures après lesquelles nous courrons, seront également de grands dangers. Neffalasièl, est une personne de confiance. J’ai beaucoup parlé avec elle. Elle sera un atout de taille dans notre quête, et je l’espère une alliée ambassadrice pour Thüldae. Mais, elle ne te connaît pas comme nous te connaissons. Sa confiance en toi a été ébranlée aujourd’hui. C’est une Avarielle, avec tout ce que cela implique. Si tu connais un peu ce que l’on dit sur les elfes doré, tu vois de quoi je veux parler. Nous avons besoin, de pouvoir faire une confiance aveugle aux uns et autres, pour avoir une chance de nous en sortir. Lorsque nous avons monté cette opération, pour les besoins de notre mission. Nous avons eut toute confiance en toi. Mais en agissant de la sorte, tu as, en quelque sorte, trahi notre confiance. Que se passera-t-il demain, si Cynwall se trouve à nouveau exposé à un danger ? Seras-tu capable de lui faire suffisamment confiance, pour tenir ton rôle ? Ou risqueras-tu, encore, de la mettre plus en danger. Et que tu nous exposes également par la même occasion ? Car là est la question ! Est-ce que votre amour vous permet encore de pouvoir faire parti de cette mission, ensemble ? Peux-tu admettre qu’elle ait librement choisi de défendre la cause des Gardiens Sylvestres et que par là même, elle s’expose à des dangers, et à une mort possible, tout comme nous autres, toi y comprit ? Réfléchis-y bien M’Ethar ! Seras-tu capable de continuer, avec nous, avec Cynwall, sachant au devant de quoi nous allons ? Ou dois-je demander à ce que l’un de vous deux soit remplacé ? Je te laisse le soin de méditer là-dessus mon frère. Mais il me faudra une réponse demain, lorsque j’enverrai le messager à Isorion.

Les mots du Gardien des Mystères étaient lourds de sens. Ils devaient être terribles à entendre. L’ensorceleur le savait aussi avait-il prit soin de choisir l’intonation adéquate pour les dires. Il n’y avait pas de compassion, pas de pitié, ni aucune agressivité ou reproche dans la voix de l’elfe lunaire. Il avait simplement dit, ce qui devait être dit. Dinenda avait accepté la responsabilité du groupe. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Et ce qu’il vivait en ce moment avec cet homme, cet ami, ce frère qu’il respectait était cruel. Cruel, mais absolument nécessaire.

Dinenda n’attendit pas de réponse de son ami. Car, certainement que celui-ci aurait besoin de temps pour assimiler tout ce que lui avait dit l’Innatoh. Et le fils Mythrandir, ne voulait pas forcer son ami à lui donner une réponse à chaud. Aussi, s’attela-t-il a étendre sa chemise mouillée pour quelle soit sèche le lendemain matin. Et il s’apprêta à se mettre au lit sentant la fatigue lui tomber dessus, maintenant qu’il fait ce qui devait être fait. Cette longue journée touchait à sa fin. Évidemment, si Nirannor montrait l’envie d’en parler, l’elfe lunaire serait prêt à l’écouter et à discuter avec lui. La rêverie pouvait encore attendre, et le plus important était de régler tout cela au plus vite.

Sa douce partit, le rôdeur se retrouvait en tête à tête avec son ami, l'elfe Dinenda. Il tardait d'aller se coucher, se reposer de cette longue journée mais, au plus profond de lui, il savait...
L'humain aurait voulu balayer de sa mémoire, son geste malheureux, son intervention plus que maladroite mais le temps ne pouvait se remonter et de ce qui était fait en découlait maintenant les conséquences.
Si,parfois dans sa vie, Nirannor avait déjà eu cette sensation du regret, il s'en remettait au hasard de la vie, au destin de chaque chose et être dans ce monde et en concluait qu'il ne pouvait tout maîtriser.

Son ami semblait hésitant dans sa démarche et même s'il se voulait direct, prit quelques détours avant d'exprimer ses réelles conclusions sur ce qui devait être un tournant dans la vie du gardien Nirannor.
Assis face à son ami,le rôdeur écoutait passivement les mots qui s'égrenaient au fil du temps. Le Teu Tel'Quessir commença par une nouvelle des plus inquiétante pour les rôdeurs de Solonor, leur responsable n'était plus ou du moins, n'avait pas été revu depuis belle lurette. Alors que Dinenda marqua une pause, Nirannor, en quelque mot, exprima son désappointement sur cette nouvelle.

- Même si je ne l'ai croisé que quelques fois, elle restera à jamais dans ma mémoire. Elle fut une des premières personnes à m'avoir ouvert son coeur et son amitié. Que Lathandre la guide où qu'elle soit et si, par mal malheur, elle avait rejoint le royaume des Morts, paix à son âme...

Dinenda reprit le fil de sa conversation, toujours dans un but bien précis. Quant à Nirannor, même s'il ne connaissait la chute, en ressentait maintenant un malaise. L'être aux oreilles pointues confirma sa grande amitié pour l'humain. Celui-ci, touché par un tel sentiment ne pouvait soutenir le regard de son interlocuteur. Alors Nirannor cherchait désespérément dans la chambre, quelque chose à fixer pour ne pas croiser le regard émeraude de son ami.

Puis vint le délicat et épineux sujet. Celui dont les deux gardiens redoutait dans leurs forts intérieurs, celui qui allait être un tournant dans leurs vies. D'une voix calme, mais comment pouvait-il en être autrement chez cet être si posé, Dinenda expliqua, décortiqua tous les tenants et aboutissants de la liaison entre la flèche et le gardien de Solonor, toutes les conséquences que cela impliquaient que ce soit dans leurs existences ou que ce soit au sein des gardiens des Mystères. Car, même si cet amour pouvait être négligeable aux vues du monde qui les entouraient, il pouvait engendrer quelques actions regrettables et faire basculer ou capoter une mission importante.

L'elfe, trouvant toujours les mots justes, continuait inlassablement vers sa douloureuse conclusion. Nirannor, les mains maintenant moites, semblait figé, ne pouvant faire le moindre geste, réfléchissant aux multiples conséquences de son amour envers une elfe sauvage.
Et les mots continuaient dans la bouche de son ami à le marteler, le pilonner, le torturer, jamais Nirannor n'avait subit autant de souffrance, de douleur, d'affliction. Il aurait voulu mille fois, à la place d'endurer cela, combattre un dragon ou autre liche, se retrouver face à une horde de gobelins et même la mort ne lui paraissait être meilleur amie que ce qu'il entendait.
Ce que finit par lui demander Dinenda n'était point humain : se séparer de son Amour ou vivre à ses côtés sans pouvoir l’aimer comme il se devait. L'elfe ne pouvait lui donner qu'une nuit pour en trouver la réponse mais même une vie n'aurait été suffisante pour une telle chose. La tête basse, Nirannor souffrait terriblement. Il ne put que cracher qu’un refus plein de désespoir.

- Nonnn…

Une larme coulait sur sa joue. Le rôdeur n’attendrait pas la nuit, cela lui aurait été trop cruel, trop pénible. Alors, après une longue respiration, il s’adressa à son meilleur ami.

- Dinenda, mon ami, tes mots sont terribles à entendre mais je comprends, je comprends fort bien le danger de notre Amour, que ce soit pour elle ou que ce soit pour les autres. Si je n’avais eu ce geste ce jour, ce n’est peut-être pas des regrets que j’aurai eus ce soir, mais des remords et je n’aurai pu le supporter. Je ne veux la faire souffrir…

Nirannor s’essuya la joue avec le revers de sa manche avant de continuer.

- Alors, s’il faut choisir, renvoie la de cette mission. Laisse moi à tes côtés, je ne pourrai la sentir en danger si je ne suis avec elle. Ma vie n’est rien et je préfère la perdre que de savoir ma bien aimée dans la souffrance. Et quand la vie m’aura quitté mon ami, je veux que tu prennes soin d’elle, que tu la protèges.

Puis, dans la langue des elfes, Nirannor termina son intervention.

…

L’elfe lunaire baissa la tête en fermant les yeux. Il laissa s’échapper un profond soupir, et ses épaules s’affaissèrent. Cette fois, toute la fatigue s’abattit sur lui, suite aux déclarations de Nirannor. Visiblement, l’humain avait déjà retourné mainte fois la question dans son esprit. Car il n’eut pas besoin d’une nuit pour rendre sa décision.

Nirannor avait fait preuve d’honnêteté, avouer sa faiblesse de la sorte, prouvait s’il en était besoin, que le rôdeur était pleinement conscient de ses responsabilités vis-à-vis du groupe, de la mission, et de la confrérie toute entière. Ainsi donc, le valeureux Gardien Sylvestre ne pouvait pas continuer cette mission à coté de celle qu’il aimait profondément. Dinenda s’en doutait, pour autant il avait espéré qu’il en serait différemment. Nirannor souhaitait que la Flèche rentre à Thüldae. Réaction normale, puisqu’il craignait pour elle. Pour autant, rien ne disait qu’elle resterait longtemps dans la cité sylvestre. Et peut-être même, qu’elle partirait pour une mission encore plus périlleuse.

Le Gardien des Mystères respectait le choix, de son frère. Mais, l’elfe de la lune était mal à l’aise. Cynwall, Aglaïa et Malik étaient les seuls a avoir déjà affronté l’une de leur proie. Aglaïa poursuivait sa propre mission. Malik avait disparu au plus grand plaisir de l’ensorceleur. Il ne restait plus la Flèche. Ce séparer d’elle n’était stratégiquement pas une bonne idée. D’autant que la Sy’Tel’Quess avait son mot à dire. Au départ, l’Innatoh et le Rôdeur de Solonor étaient partis pour renforcer. Que Dinenda prenne la tête du groupe, ne changeait rien à l’affaire. Sur un plan purement tactique, Cynwall et Nirannor étaient aussi bon l’un que l’autre. Pour le moment, l’indécision rongeait le cœur et l’esprit de l’elfe argenté. Il ne savait que faire, mais une chose était certaine sa décision ne serait pas prise ce soir.

- Bien ! Je comprends tout à fait et je parlerai demain à Cyn. Mais elle aura aussi son mot à dire. Prépare-toi, à justifier ta requête auprès d’elle. Pour le reste…

L’elfe de lune se leva. Il dégaina Celératess Emeraude et s’approcha de son ami. Là, à ses pieds, il posa un genou à terre ainsi que la pointe de son arme. Dinenda inclina la tête, et posa sa main gauche sur la lame effilée de sa Ar’Kerym. Son front entra en contact avec l’acier froid, et le Gardien des Mystères posa sa main droite sur son cœur.

… ’ ’ ’ ’ ’ ’

Ce genre de serment, engageait l’ensorceleur sa l’ensemble de la vie qui lui restait. Ce n’était pas le genre de chose que l’on faisait à la légère. Pourtant, Dinenda Mythrandir n’avait pas hésité un seul instant. Dès lors, quoi qu’il arrive, si la Flèche avait de lui l’Innatoh répondrait présent.

L’elfe argenté se releva et remit son épée à la ceinture. Il planta ses yeux d’émeraude dans ceux de son ami, et posa sa main gauche sur l’épaule de Nirannor. Sans un sourire, il hocha sèchement la tête. Puis il s’apprêta à mettre un terme à cette longue journée.

Narration

La nuit fut réparatrice et sans encombre. Même si les sangs elfes furent levés beaucoup plus tôt que Nirranor. Ils se préparèrent et descendirent au rez de chaussé. Il n'y avait que des membres du personnel de l'établissement et pas le moindre client à cette heure matinale. Ils déjeunèrent et sortirent une fois restaurés. Ils allèrent directement en direction de la boutique où ils espéraient avoir des renseignements sur leurs possessions. La porte était fermée, mais un petit mot avait été déposé sur un parchemin et accroché à cette dernière. Sur le dessus on pouvait lire :

"Ne pas déranger, dangereuse expérience en cours. Si vous voulez entrer prononcer le nom de celle qui possède une main coupante comme la plus fine des lames aiguisées."

La porte était verrouillée ou du moins bloquée car elle ne bougeait absolument pas de place. Il fallait résoudre une énigme. Très simple apparemment car le propriétaire laissait une opportunité de franchir le seuil de l'entrée.

Une énigme, voilà qui était intéressant. Pour un Gardien des Mystères qui aimait baigner dans les brumes afin d’en démêler les fils. Dinenda aurait dû être heureux du petit jeu de Maître Taillepierre. Mais à l’instant présent, il perçu cela comme une embûche supplémentaire qui l’empêchait de pouvoir avancer. Malgré tout, il n’avait pas le choix. La question était claire seule la réponse était entourée du sceau du mystère.

L’ensorceleur commença par explorer la voix la plus simple. Il se tourna vers ses compagnons avec un léger sourire en coin.

- Est-ce que l’un de vous a une idée ?

Mais sa question ne rencontra que des regards étonnés et des moues dubitatives. Et c’est probablement ce revoyait également son visage aux autres. Dinenda se recula un peu de la porte. Et s’écarta également de ses compagnons pouvoir réfléchir au calme. Il s’assit sur ses talons et resta en flexion dans cette position. Il prit sa tête dans ses mains et commença à réfléchir.

L’esprit de Dinenda entra alors en ébullition. Il y avait beau se répéter la question, rien ne venait. ¤ " Prononcer le nom de celle qui possède une main coupante comme la plus fine des lames aiguisées." … " Prononcer le nom de celle qui possède une main coupante comme la plus fine des lames aiguisées." . Celle qui possède… il doit forcement s’agir de quelqu’un, ou de quelque chose, de féminin. Une main coupante comme la plus fine des lames aiguisées… la plus fine des lame aiguisée. ¤

Une chose était certaine dans l’esprit de l’elfe lunaire. Cela ne pouvait être une arme normale, et encore moins une main. C’est à partir de là, qu’il se dit qu’il pouvait certainement s’agir d’une chose d’immatériel.

¤ La main, la main de la chance… mais quel rapport avec une lame tranchante ? La main… la main de la justice… oui la justice qui tranche le vrai du faux, le bien du mal et le coupable et l’innocent. Une main toujours tranchante… ¤

Mais on ne parlait pas de quelque chose de tranchant. Et de plus, on parlait le plus souvent d’une justice aveugle que tranchante. Dinenda mit cette possibilité dans un coin de sa tête, et aborda le problème sous un autre angle.

Maître Taillepierre les avait invités à ce présenter tôt le matin. S’ils étaient vraiment invités, alors pourquoi leur offrir une énigme qui devait leur fermer la porte. Non, ce n’était pas logique. Il y avait forcement un lien entre l’énigme et eux. Un lien oui, mais lequel. Dinenda repassa en mémoire ce qui avait été dit la veille.

Les yeux d’émeraude du Gardien des Mystères s’agrandir. Et il se frappa sur le front en se relevant. Invitation, bon sang, suis-je bête. L’Innatoh se rappela que lorsque le Hin lui avait parlé de déménager, il l’avait invité à se rendre à Luneargent, et à prendre contact avec ses parents. Lunargent ! Dès lors la réponse sautait aux yeux. Il se dirigea vers la porte, et lança un regard amusé à ses compagnons.

- Le médaillon, le médaillon de l’épée de la Haute dame.

Bien entendu, il y avait toujours une part d’erreur possible. Mais Dinenda était confiant dans son raisonnement. Et pour autant, il ne s’appuyait que sur une légende. Car il ne l’avait pas vérifié lui-même, mais il y avait bien de trop de rumeurs à ce sujet pour qu’il n’y ait pas un fond de vérité. Debout devant la porte il prononça le nom qu’il avait à l’esprit.

- Alustriel Maindargent.

On racontait que la Haute Dame de Lunargent possédait un pendentif. Ce pendit porterait le nom de Pendentif de l’épée d’Alustriel. Et il aurait le pouvoir de changer le bras, ou la main de la Haute-Dame en une lame d’épée longue. La magie devait faire en sorte que quoi qu’il arrive cette lame soit toujours aiguisée. L’elfe lunaire attendit de voir ce qui allait se passer. Avait-il réussit ? Ou allaient-ils tous être obligés de rester planté devant la porte ?