۝ Magasin de Jebeddo ۝, Suite d'une longue traverssée..

Et zut. L’enturbanné avait réussi à ne pas tomber, malgré la chute de sa chaise. Bon, au moins, ils ne s’embrassaient plus. Seulement, Elloa avait l’air d’avoir apprécier. Et mince. Le pirate pensait qu’elle était un peu plus proche du type continuellement trempé. C’était bizarre ça, d’ailleurs. Il n’empêche qu’elle lui mordillait à présent l’oreille, apparemment contente de ce qu’il venait de se passer. Bon, ben tant pis. Il fit une croix sur l’elfe et se tourna vers la scène de l’affrontement. Un grand homme portant un bâton était entré, et aboyait sur les deux agresseurs comme un chef de meute sur ses larbins. Tous deux s’en allèrent, le suivant de près. Xan ne doutait pas un instant qu’il reverrait cet idiot de la veille ou l’un de ses amis. Ils avaient l’air d’une certaine façon destinés à se croiser, et toujours en mal, si l’on se fiait à ce qu’il s’était passé le jour précédent et aujourd’hui. Bon, ben pas de bagarre aujourd’hui… Tant pis. Le jeune homme se tourna vers Malig et afficha un grand sourire joyeux et presque narquois.

« Désolé. J’l’ai pas fait exprès. Vous vous êtes pas fait mal, au moins ? »

Il se dirigea alors vers sa chaise et se rassit, renouant ce fichu lacet sur sa lame. Pas besoin de rester en face du calishite pour avoir sa réponse. Les autres étaient revenus, Golnam se jetant joyeusement sur les bières au centre de la table. Pour ça au moins, il ressemblait aux autres nains. Il avait invité la jeune femme agressée. Celle-ci bouscula eux bons tiers des personnes présentes dans la salle avant de s’écrouler elle-même. Ce qui fit éclater de rire le marin. Lorsqu’il fut calme, il regardait Nilawia comme on regarde un numéro, curieux de voir la suite. Elle s’assit près du nain, répondant à Arek avec une ironie amusante. Puis le nain chanteur la pressa de questions, chanta une chanson pour Elloa, et pressa encore la nouvelle de questions. La chanson de Golnam sonnait comme de doux souvenirs pour le marin. Il y avait maintenant plusieurs semaines qu’il n’avait pas reprit la mer. Ca lui manquait. Mais l’heure n’était pas à la nostalgie. Tiens, cet homme qui sautait par-dessus un comptoir, il n’était pas avec eux lorsqu’ils avaient rencontré l’autre groupe ? Peut-être pas en fait. Bon il était temps de passer aux choses sérieuses. Tout sourire, il tendit son bras et attrapa le pichet de rhum, et s’en servit un grand verre, qu’il avala d’un trait avant de se resservir. Puis il s’adressa au nain.

« Jolie chanson. Je t'offre un verre du rhum de Jebb', tiens. Tu vas apprécier, tu vas voir. »

Avec toujours ce sourire joyeux et sur de lui, le pirate servit Golnam, se tu et s’affala de nouveau sur sa chaise, se mettant en équilibre sur les deux pieds arrières, de manière à avoir une position quasi allongée. Il gardait un œil sur Malig, des fois que ce dernier n’ait la soudaine envie de lui faire la même chose que lui-même.

Xan jette de brefs coup d’œil à Malig pour le surveiller, prêt à réagir si le calishite viendrait trop près des pieds de sa chaise. Si c’est le cas, la remet sur ses quatre pieds.

es armes sorties de leur fourreau, Mussel fut légèrement désorienté. Il ne pensait pas que le combat s’entamerait si vite et lui-même n’était pas vraiment près, finalement. Et penser qu’il était à la porté de l’un des hommes alors qu’il dégainait son arme lui glaça le sang.

Néanmoins l’attaque fut avortée par ce qui semblait être le chef du groupe étant donné le respect que ses disciples lui portaient. Malheureusement le grand gaillard qui sauva l’halfelin s’en alla bien vite. Trop tôt pour que le hin puisse s’excusé du dérangement ou bien le remercier d’avoir arrêter ici l’escalade de violence qui allait crescendo.

La femme qu’il avait essayé de sauver lui adressa la parole pour ne pas finir sa phrase et l’invita à rejoindre sa place. Se faisant elle s’étala de tout son long sur le sol ce qui ne manqua pas de faire sourire Mussel qui commença à se diriger vers la table. S’exécutant, le hin rangea sa fronde dans sa poche et remis le projectile qu’il tenait dans sa main dans sa bourse.

Tout en s’approchant de son grand tabouret l’halfelin regardait l’alentour et vit une sauvageonne embrasser avec passion un esclavagiste notoire.

¤ Hé ben, même les elfes sont une race décadente aujourd’hui, ne sachant plus observer les règles de bien séance ? En plus avec un calishite, les plus pervers qui soit, autant avec leurs harems qu’avec leurs esclaves hins. ¤

Chose qui était rare l’halfelin avait de fort préjugés envers les habitants du Calimshan qui avaient asservi son peuple auparavant. Les histoires que son père, Questin, lui racontait étaient souvent atroces et macabres. Si bien qu’il nourrissait une quasi haine envers ces gens, lui si amical d’habitude.

Lorsque la femme émoustillée par son dernier baisé proposa de danser et demanda une chanson au nain, Mussel obliqua vers la sortie. L’art du nain qui était certes de qualité mais le vaillant n’avait pas envi de l’entendre. Il passa la porte de l’auberge et s’attendant à voir Abysse le hin ne vit rien. Personne.. Etrange..

Il avait lui aussi le mal du pays finalement, et les bonnes manières hins se perdaient ici, à Padhiver lieu de débauche. A moins que se soit son tempérament et on dégoût pour l’alcool et le tabac qui ne lui permettaient pas d’apprécier réellement la soirée.

- J’ai envi de combattre.. Souffla t-il avec un peu d’amertume dans la voix. ¤ Sans pour autant qu’il y ai des conséquences.. Un simple affrontement avec des épées de bois par exemple.. ¤

Arek regarda la nouvelle venue se diriger vers leur table. Il se demanda si elle n’était pas saoul, mais aux vus de ces actions face aux deux hommes elle était tout sauf saoul. Une fois installée, elle se présenta rapidement et lorsqu’elle s’adressa à Arek elle l’appela homme, non sans ironie mais après tout il l’avait bien mérité.

¤ Cette femme a du caractère. ¤

- Bienvenus parmi nous Nilawia, je me nomme Arek. Hum apparemment ça fait longtemps que tu n’as rien mangé de consistant. As-tu fait un long voyage ?

Arek regarda ce bout de femme dévorer tout ce qu’elle trouvait sur la table.
Puis Golnam poussa la chansonnette, décidément ce Nain n’avait rien à voir avec les autres membres de sa race. Arek n’avait rencontré que des Nains guerriers, certes ils aimaient eux aussi la bière et la fête mais aucun ne chantaient comme Golnam. A la fin de la chanson Arek applaudit la prestation de son camarade.

- Bravo Golnam tu chantes comme un roi.

Arek poussa une chope de bière dans sa direction :

-Tiens mon amis tu mérite bien une chopine.

Non loin de lui un couple se formait, le sorcier et l’elfe s’embrassait et ils avaient l’air bien plus intime que lors de leur rencontre au magasin de Jeb.
Par contre Abysse n’était toujours pas revenu dans l’auberge.
Quant à Mussel, il venait juste de sortir, peu être pour retrouver Abysse, en tout cas si il y avait un problème dehors le Hin rentrerait les prévenir aussitôt. Donc pour le moment pas t’inquiétude à avoir.
Arek resta donc installé tranquillement sur sa chaise et comme Dobun n’était pas loin de lui, Arek décida de faire connaissance.

- Alors maitre Dobun, vous êtes bien silencieux. Rapprochez vous un peu et parlez-moi de votre voyage jusqu’ici.

Arek regarda le Gnome en attendant de voir sa réaction, mais il espérait bien briser la glace avec les nouveaux membres de l’équipe.

Voyant que la scène qui avait failli tourner à la bagarre s’était calmée et que tout le monde était retourné dans son coin, la génasi reporta son attention sur l’elfe et l’humain qui s’étaient embrassés un instant auparavant. Est-ce que c’était en prévision de cette scène que Phélès avait voulu la mettre en garde ? Elle ne comprenait toujours pas en quoi cela la regardait. Cessant de fixer le couple, la jeune génasi vit que la jeune femme agressée quelques instants auparavant avait fini par rejoindre la table avec le nain, lequel semblait mettre un point d’honneur à répandre une bonne ambiance.

Elle se laissait peu à peu gagner par la bonne humeur qui se dégageait de la tablée, et commençait à se dire qu’elle devrait peut-être reconsidérer un peu son avis sur les nains. Pourtant, elle n’osait pas quitter la fraîcheur rassurante de la fenêtre pour aller prendre place avec les autres. De plus, voyant que leur attention a tous était déjà bien accaparée par les uns et les autres, elle finit par se convaincre qu’elle se sentirait probablement de trop à la table et il était certain qu’elle risquait de se sentir aussi mal que ce matin. Peu désireuse de tenter le coup, elle décida de couper court à son observation, et suivant sa première idée, se dirigea vers la sortie. Avec un peu de chance, elle pourrait encore rattraper le génasi.

C’est en songeant avec impatience à cela que l’air du dehors vint la saluer d’un brusque souffle délicieusement frais et piquant. Savourant ce court moment d’extase qu’était ce passage de l’air chaud et vicié de l’auberge à celui du dehors, elle refermant la porte derrière elle, et aperçut alors Mussel. Elle n’avait même pas vu que l’halfelin était sorti et fut surprise de le trouver là.

- Vous êtes sorti vous aussi ? Mais qu’est-ce que vous faites là ?
Elle avait cru deviner que l’halfelin appréciait les ambiances festives, étant assez sociable d’après ce qu’elle avait pu en voir. Elle ne comprenait pas ce qu'il faisait dehors alors que l'ambiance démarrait dans l'auberge. "Il commence à y avoir une bonne ambiance à l’intérieur vous savez, et grâce à ce nain, Golnam j’ai bien l’impression, vous venez juste de rater une chanson de lui."

Tout en lui parlant elle scrutait activement la rue pour tenter d’apercevoir la silhouette du génasi. Impatiente, elle se tourna vers l'halfelin.

- Je vais faire un tour, j'ai un peu de mal a rester longtemps dans ce bâtiment. Il y fait trop chaud je trouve.
Avec un sourire d'excuse, elle entreprit de descendre la ruelle vers le port, espérant que le génasi était bien parti par là.

alyne, un courant d’air frais, autant au sens propre qu’au figuré car à chaque fois qu’il s’était tenu a coté d’elle, Mussel avait put sentir une légère bise rafraîchissante. Ce qui n’était pas pour lui déplaire.

- Je crois que c’est le mal du pays, ou les mœurs humaines qui sont trop différentes des miennes. Puis au vu de ce que nous a chanté Golnam tout à l’heure je ne doute pas que ça devait être fabuleux.

Mais le hin ne voulait accaparer le temps précieux de l’étrange femme. Surtout que ce que ressentait l’halfelin était tout à fait nouveau même pour lui. Lui qui avait tant voyagé, voulait il revoir le Luiren ?

- Ja.., le vaillant n’eut pas le temps de commencer sa phrase qu’elle s’éloignait déjà, "..lyne, as-tu besoin d’escorte ?" finit il par dire plus pour lui-même qu’a la femme qui était à présent à quelques mètres.

- Bon bah je resterai ici, j’attendrais ton retour alors..

Le semi semi-homme s’accroupit alors et leva les yeux vers le ciel et les étoiles commençant une prière silencieuse pour Maïlikki, sa déesse.

Nécromus ne vit pas entrer la montagne de muscles dans l'auberge et ne fit même pas attention aux deux troubleurs de fêtes qui avaient été rappelé à l'ordre. Ils étaient maintnant tous sortis et l'ambiance reprit au beau fixe. Le demi-elfe avit tout ce temps, caressé le petit chat sur les genoux de l'elfe. Ce n'été pas elle qui l'interessait mais bien le petit annimal. Nécromus était quelqu'un de très doux avec les annimaux, et en particulier avec les chats. Il en avait souvent croisé en ville, mais cela n'avait pas de maitre, c'était des vagabons. Le roux tigré l'interressait donc un peu plus.

Nécromus se leva et alla s'assseoir à la table avec les autres, mais en chemin, il vit que Xan se tenait d'une maniere dangeureuse sur sa chaise. Il avait remarqué que celui-ci avait essayé de faire tombé le propriétaire du petit chat, et cela ne lui avait paas vraiment plus. Deplus il avait là une occasion de se venger de la baignade de ce matin. Il passa a coté de la chaise de Xan et arrivant dos au pirate il lui glissat un petit mot tout en donnant un grand coup de talon dans l'un des pieds de la chaise encore au sol.

" Prend ça ; Traitre ! "

Personne ne pouvait l'entendre prononcer cette phrase à part Xan. Nécromus avait eu ce petit rire sournois qui le caracterisait tant. Puis heureux de sa petite sournoiserie souflé par Erevan Ilesere.

a grugash avait applaudit la prestation du nain à tout rompre, s’autorisant même à le siffler comme elle avait vu faire certains marins lors des différentes traversée qu’elle avait connu ces deux dernières années. Son chant s’était répercuté en elle comme la réponse à ses propres désirs. Elle prit cela une nouvelle fois pour un signe des Esprits. Ce nain, étaient ils leur porte parole sans même le savoir ? Puis Jalyne s’éclipsa…
Pour Elloa, il était évident que la demoiselle allait rejoindre Jahëlo, aussi une petite pointe de jalousie lui pinça le cœur et sans qu’elle ne s’en rende compte, elle se dirigeait déjà vers la sortie. Elle se retourna cependant vers Malig, lui adressant un clin d’œil complice, lui faisant promettre de ne pas oublier leur danse nocturne qui serait – d’après ses propres mots – « un joyau de délice ».
Poussant la porte de ses deux mains, la sauvageonne aperçu le petit halfelin a genoux, l’air un peu dépité.

- Elle est ou partie la fille ? lui demanda t’elle de son accent exotique

Et sans attendre d’autres réponses que celle là, elle suivit les indications du Hin où son propre instinct.
Jalyne l’intriguait au plus haut point. Il était évident qu’elle portait en elle du sang elfique. La pointe de ses oreilles, son regard et la façon dont elle parlait l’attestait. Pourtant, elle ne semblait constituée que de la brise elle-même, comme si elle n’était qu’un courant d’air. Perdue dans ses pensées, Elloa traversait cette ville inconnue, tachant de repérer dans la foule une silhouette qui ne lui était pas encore familière. Elle tachait de se souvenir d’une conversation précise qu’elle avait eut avec Abyss, sous les arbres alors qu’il lui bandait la cheville. Il lui avait parlé de son passé, des ses origines. Ne lui avait il pas dit qu’il portait en lui du sang élémentaire ?
Soudainement, la jeune elfe se figea au beau milieu de la rue. Comment une évidence aussi importance ne lui avait elle pas frappé l’esprit a cet instant ! Comment n’avait elle pas compris plus tôt ce qui lui arrivait ! Alors que des pensées se bousculaient dans sa tête, laissant monter en elle des sentiments exaltés et honteux, lui retirant même quelques larmes, elle abandonna sa recherche un instant, et tacha de se diriger vers le rivage, se laissant guider par les odeurs des embruns. Elle avait honte de s’être laissé allée à tant de négligence spirituelle au cours de son voyage. Elle manquait de pratique, elle manquait de diligence, elle manquait de connection tout simplement avec le monde des Esprits au point d’en être aveuglée. Etait elle en train de s’humaniser au contact des autres races ?
Alors elle se dirigea vers la rive, laissant son regard se perdre à l’horizon, et inspirer longuement l’air maritime qui faisait voler ses cheveux en tous sens, y mêlant les embruns salés du large. Elle se devait de pratiquer les rituels quotidiens qu’on lui avait appris et qu’elle avait oublié, les jugeant trop accaparants et inutiles. Mais les Esprits eux même ne l’avaient pas abandonnée et l’appelaient sans cesse, tachant de lui murmurer la route à suivre, lui montrant sa destinée, lui rappelant qu’ils existaient toujours et qu’elle ne pourrait leur échapper même aussi loin de sa forêt natale, car ils étaient partout : ils formaient l’Univers et chaque être, chaque chose même inanimée étaient leur œuvre et portait leurs essences.

- Abyss est un Esprit. Il est apparu pour me montrer la Voie, et la fille en est un autre. Elle est apparue alors que je me détournais de la Voie. Ils sont des avatars et l’ignorent sans doute eux même. Voilà pourquoi ils ne se sont pas courroucée du manque de déférence qui leur était du et que je ne leur ait pas témoigné. Je suis tellement ignorante ! soupira la grugash à voix basse.

Elle regrettait sincèrement de ne pas s’être rendu compte plus tôt de l’honneur infini qu’elle avait à côtoyer des être issus des Plans Supérieurs. Puis se mordant la lèvre, elle se souvint de son union avec le genasi d’eau, et ne put que réprimer un long frisson. Avait elle commis un sacrilège ou avait elle été honorée entre toutes ?
Alors que le vent continuait à jouer dans sa chevelure fauve, alors qu’une fine bruine lui humidifiait le visage, Elloa se jura en elle-même de se repentir. Pourtant, elle eut aussitôt émis ce vœu dans son cœur qu’elle soupira encore.

- Hum….Mais je jouerais quand même avec Malig, même si cela ne plait pas à Jahëlo !

Depuis longtemps déjà il avait souhaité cet instant. Toutes ses contrariétés, tous les doutes qui avaient pu subsister ces derniers jours avaient été balayés. Proche, si proches que les odeurs de l'auberge s'estompaient face à la riche senteur de la femme en fleur. Ses lèvres avaient pu s'approcher de celles de sa belle et en avait recueilli le nectar. Les sons avaient disparus, laissant place aux battements de deux cœurs en échos. Comment aurait-il pu remarquer le sang-mêlé qui tentait de s'attirer les faveurs de Néfer ?

Puis une sensation de danger survint. Aussi évidente qu'un poing dans la figure et pourtant indescriptible, figée entre deux instants d'un présent fragmenté, déroutante impression en vérité. Décontenancé, il avait rouvert les yeux et avait brisé le charme qui les unissait.
Ses jambes étaient tendues à tout rompre ! Sans savoir comment sa chaise s'était escamotée sous lui ni comment son corps seul avait pris le contrôle de la situation, Malig avait posément remis son siège d'aplomb et s'était rassis comme s'il ne s'était rien passé.

Il avait vaguement eu conscience des risques de rixe impliquant ses nouveaux compagnons de route mais la seule chose qu'il en retint fût la pression qui émanait du maître des fauteurs de troubles. S'il n'avait pas été distrait, le Calishite aurait probablement eu le réflexe de vérifier l'aura de puissance de l'individu avant qu'il ne s'éclipse. Mais les murmures pleins de promesses et les attentions de l'elfe avaient le don d'accaparer son esprit…

La question de sa chaise était passée au second plan lorsqu'un borgne vint s'en excuser avec l'air railleur de ceux qui en fait reviennent en fait pour se vanter. Un acte qui laissait présager de son caractère ainsi que de son intellect mais Malig ne voulait pas se montrer mesquin en présence d'Elloa. Il se contenta donc de hocher la tête comme s'il comprenait cette "maladresse".

Avant que sa compagne ne sorte, probablement à la recherche de l'un ou l'autre génasi qui venaient de s'éclipser, il eu le temps de lui promettre d'assister à sa danse qui – il n'en doutait pas - serait délicieuse. Malig était comme elle, il savait qu'elle tenait ses pouvoirs d'un sang autrement plus puissant que celui qui coulait originellement dans les veines de ses pairs. Et il avait remarqué que chacun des génasis revêtaient une signification particulière à ses yeux, elle qui jouait avec l'air grâce à son sang et avec l'eau d'une toute autre façon. Elle les rejoindrait et lui l'attendrait avec une patience infinie…

Pendant ce temps, il ferait bien un sort à un quelconque plat pourvu qu'il soit chaud. De fait, il héla une serveuse. Il avait quelques questions à poser. Les plats avaient-ils déjà été commandés ? Ou bien quelque soit leur choix, Jebeddo paierait-il la note ?

Elle commença par voler un petit morceau de pain qui lui parut meilleur que tout ce qu'elle avait pu manger dans toute sa vie. Depuis combien de temps n'avait-elle pas mangé? Deux, peut-être trois jours?

Nilawia se sentit immédiatement mieux, et son estomac jusqu'alors serré, grogna, exprimant autant sa satisfaction que son désire impérieux d'obtenir d'avantage. Une petit bout de plus... rien qu'un... puis un autre... personne ne faisait vraiment attention à elle et la jeune fille se mit rapidement à engloutir tout ce qui était à portée de bras.

Les deux joues pleines, elle afficha un sourire plein de miettes en entendant le Nain lui commander une boisson pour enfant et lui jeta un regard complice. Le barde se leva alors et entonna un chant puissant et mélodieux qui n'avait plus rien à voir avec le nain bruyant de tantôt. D'autant plus stupéfaite que c'était bien la première fois qu'elle entendait un Nain chanter juste, elle accorda à Golnam l'immense "honneur" d'abandonner momentanément la nourriture qu'elle avait en mains pour l'applaudir.

- On formerait une bonne équipe alors. J'ai l'âge d'une enfant et vous en avez la taille!

Elle adressa un clin d'oeil au barde qui se rasseyait et attrapa un pilon qui avait survécu à sa première razzia et s'efforçait d'avaler toute la viande d'un coup lorsque les questions fusèrent sur deux fronts.
Les yeux comme des soucoupes, elle fixa Arek, l'os du pilon dépassant de ses lèvres, puis Golnam.

La guerrière pointa un doigt vers ce qu'elle supposait être le Sud.

- ze 'iens 'e far 'a... 'a Forte 'e Va'ur! -pointant un peu plus à sa gauche - 'e fuis née 'a vas, 'ans 'es arfents ferts!

Elle retira le pilon avec un léger bruit de succion, soupirant d'extase... de la viande! Au comble du bonheur, elle regarda Arek, les yeux pétillants.

- Un long voyage pour sûr! Pis tout à pied! Mais bon j'ai l'habitude, j'ai fait touuuut le tour de la Mer Intérieure! C'était drôlement bien, mais j'voulais voir l'océan alors après que j'suis rentrée chez moi j'suis partie l'voir et quand j'l'ai vu ben comme j'savais pas trop quoi faire j'ai continué de voyager en f'sant des p'tits travaux pour manger des fois mais bon c'est vrai que j'ai pas beaucoup mangé ces derniers temps j'viens juste d'arriver et j'ai rien trouvé à faire sur la route et pas grand chose à becqueter à part des racines et des plantages vraiment pas bonnes!

Le ventre plein, elle s'inquiéta d'avantage des autres personnes présentes à table, puis revint à ses deux interlocuteurs.

- Et vous alors? D'où que vous v'nez? Z'êtes tous ensemble là? Vous faites quoi? Vous allez où? Pour quoi faire?

bysse avançait calmement en direction de ce qu’il connaissait le mieux, l’Océan. Une fois plongé dedans, il découvrirait à nouveau le bonheur de se laisser dériver aux grés des courants, de retrouver l’unité avec l’immensité de la vie présente dans les profondeurs. Et plus agréable encore, celui de pouvoir évoluer librement dans toutes les directions. Cependant une petite tâche venait obscurcir ces douces pensées. Car depuis qu’il avait fait la connaissance de l’elfe, il avait en quelque sorte découvert la joie du partage sous une forme différente. Mais ce qu’il ressentait en présence de l’Océan, il n’était pas sur de pouvoir le partager un jour avec Elloa.

Cette foule de sensations qui avaient paru émaner de la jolie elfe lors de leur premier baiser, lui revint à l’esprit. Elle avait été presque effrayée et surtout totalement désemparée face à toute cette immensité et toute cette profondeur qui l’entourait alors. Mais elle était curieuse et semblait désireuse d’apprendre. L’espoir restait donc présent même si cela s’avèrerait sûrement difficile. En effet, trop rares étaient ceux qui pouvaient, ne serait ce qu’imaginer, la force du lien qui unissait le génasi à son élément.

Ce fut à cet instant du cheminement de ses pensées, qu’une rafale de vent plus puissante que les autres le fit légèrement tourner la tête. Il profita du mouvement, faisant un rapide tour d’horizon. Et il la vit.

Cette longue chevelure blanche ondoyant sous l’effet d’un souffle permanent, cette peau d’albâtre. L’esprit de Jahëlo avait été tellement tiraillé ces derniers moments passés qu’il n’avais pas encore cherché à la rencontrer. Elle, qui serait peut être la source de nombreuses réponses. Elle, qui connaissait et ressentait surement la puissance qui la liait à son propre élément.

Jahëlo s’était arrêté, dévisageant simplement Jalyne l’espace de quelques instants. Puis il s’approcha, une lueur mêlant intérêt et curiosité dans le regard, mais aussi joie et sérénité.
Ses yeux étaient fixés dans les siens, ces yeux de couleur étrange, trahissant ce quelque chose d’intense qu’il n’avait remarqué jusqu’alors que dans son propre visage reflété par une calme surface d’eau. Il avait cru deviner cette lueur, infiniment plus faible, dans le regard du calishite, et une autre infime parcelle après avoir plongé au plus profond des yeux de la belle Elloa et l’avoir contemplé de longs moments durant.

Mais tout cela n’avait aucun rapport avec la puissance élémentaire qui dégageait de Jalyne, il ignorait pratiquement tout d'elle, et pourtant ce seul point commun les rapprochait d’une manière que le génasi d’eau ne connaissait pas. La seule chose qui lui vint en tête fut la relation fraternelle qu’il avait observée chez quelques humains... Les mots vinrent alors d’eux même brisant le silence.

- La Force des éléments est très présente dans notre sang... Il laissa ses paroles agir quelques instants et poursuivit. "On me nomme Abysse, et ma vie appartient à l’Océan..."

Rien que cette simple phrase pourrait donner à la génasi d’air une première impression de la relation du druide à son élément, pour la comparer à la sienne. De là, il ne faisait aucun doute que nombreuses étaient les questions que chacun aurait à se poser...