۝ Magasin de Jebeddo ۝, Suite d'une longue traverssée..

’interrompant pour voir si les autres suivaient bien, Golnam jeta un œil derrière lui. Le groupe commençait à suivre mais déjà l’un d’eux semblait avoir disparu.

¤ Encore un de moins ?! Je me demande bien combien vont nous accompagner… ¤

Répondant au « petit débrouillard », Braillard lui donna le nom de l’auberge juste avant qu’il ne parte dans les rues, répondant au clin d'oeil par un rire bref.

Voyant le grand Arek non loin, Braillard dévia sa discussion vers le barbare qui semblait un peu absent :

- Arek… tu m’as l’air bien pensif ! Allons ce n’est pas un enterrement par ma barbe ! Nous allons à l’auberge pour boire un verre entre futur compagnons ! Ce groupe me semble bien trop guindé à mon goût ! Marf… Vais vous entonner un petit chant, moi, qui va vous chatouiller les oreilles ! C’est pas du grand art mais au moins ça réveille !

Prenant une grande respiration et bombant le torse, le vigoureux si mit à chanter d’une voix profonde et forte :

Ah qu’elle est douce qu’elle est belle !
Cette charmante demoiselle !
Une jolie blonde pétillante…
Fraiche, sucrée et bien charmante !
Viens me donner un baiser !
J’en prendrai une pleine gorgée !

En terminant, le nain fit mine de lever un verre et de s’essuyer la barbe. Après quoi il éclata de rire après son spectacle. Jetant un regard circulaire pour voir l’effet qu’avait eu sa chanson, il en profita pour observer à nouveau les personnages qui composaient l’ancienne garde du convoi : un gnome comme… un gnome, la jolie elfe un peu timide pour ne pas dire complètement mal à l’aise, et son ami le muet à la peau bleue… une vague ressemblance avec Jalyne dans leur différence. Cherchant dans sa mémoire, ces traits caractéristiques commencèrent à lui revenir. Le souffle de vent entourant Jalyne… il l’avait sentit et entendu souffler comme un murmure autour d’elle, la peau humide du dénommé Abysse… le nom apparut dans son esprit : Génasis !

Mais oui bien sûr c’était ça ! Aussi étonnant que cela puisse paraître, ils étaient en présence de deux membres de cette race pourtant si rare des être mi-humains, mi-élémentaires. Jalyne devait avoir un ascendant aérien et Abysse lui plutôt aquatique. C’était fascinant de savoir cela, et leur histoire devait l’être tout autant… d’où pouvaient-ils venir ? Quels étaient leurs parents ? La raison de leur union pour enfanter des êtres comme eux ?… Autant de questions qui pouvaient être source de beaucoup de… choses.

Définitivement, ce voyage risquait d’être riche d’enseignement. Et d’ailleurs, l’enseignement pouvait déjà commencer :

- Au fait, j’aimerais bien savoir comment s’est passé votre voyage jusqu’ici ! J’espère que vous allez nous le raconter avec des détails à foison ! Mais il ne me semble pas avoir entendu le son de votre voix cher… Abysse c’est bien ça ?! Bien entendu si vous ne souhaitez pas vous exprimer pour l’instant je comprendrais…

Les derniers mots sonnaient plus comme une marque de politesse.

basourdi par les explications du gnome, Mussel écouta du mieux qu’il put, lui qui s’attendant à une réponse concise – quoi qu’elle fut. Dobun, l’ingénieur développait toutes les idées de génie qui lui passaient par la tête. Enfin étant donné les termes techniques qu’il lui donnait, cela semblait de haute technicité et tenait donc du génie. Mussel n’était pas habitué aux armes automatiques telle que l’arbalète. Les frondes lui étaient des armes familières mais en aucun cas les arbalètes lourdes.

Une fois son arbalète récupérée le hin avait du mal à organiser son esprit pour lui dire s’il était heureux que le gnome s’en occupe ou bien qu’il la laisse en état de marche. Cependant dans la masse d’information que lui avait lancé le gnome Mussel avait retenu une des propositions. Changer la corde, l’idée lui avait efflorée l’esprit mais ne s’y connaissant pas il n’avait sut se décider si la chose était utile ou non.

Le vaillant essaya de ne pas paraître outré par l’intrusion du saoulard sans gène qu’était Nécromus. Etait il déjà saoul ? Partagé par l’envi de faire des reproche au demi elfe et de se taire par timidité le vaillant essaya néanmoins d’aborder la chose.

- La corde donc ? Ca me semble la chose la plus simple à faire.. L’halfelin pendant ses paroles loucha sur l’arbalète du gnome plus légère. "C’est ce que vous avez fait avec la votre ?" dit il en désignant du doigt l’arme de Dobun. "Cependant une semaine ou deux de travail, même bien fait, c’est long et mon métier futur c’est de protéger le convoi que vous avez déjà escorté. Je l’ai achetée uniquement pour ça.. Je crois qu’à ce moment là, l’achat se révélerait vain. Non ?"

- Quant à vous, sire Nécromus.. Excusez moi mais même si je ne suis pas expert sur l’art et la manière de se comporter en société, ne pensez-vous pas qu’intervenir dans une conversation sans y être invité est fort malpoli ? Vous avez déjà oublié ce que vous nous devez ? J’avais espéré que les lourdauds qui vous avaient agressé vous avaient apprit à mieux vous tenir. Heureusement je suis plus indulgent que ses hommes là ! Hein ? finit il par dire avec le sourire espérant que Nécro ne se vexe pas. Mussel désirait laisser encore une chance au saoulard qui abusait souvent de la bonté des gens qui l’accompagnait.

Quant à la chanson de Golnam, parlant vraisemblablement de bière ne plus pas tellement à l'halfelin qui préférait l’eau sucrée. Malgré tout il reconnaissait que la prouesse artistique était loin d'être à la portée du premier venu.

« Porter les caisses ? Et puis quoi encore ? J’ai pas que ça à faire moi ! »

En fait, si, il n’avait que ç à faire. Mais Xan étant l’un des plus gros flemmards que cette terre ait jamais porté, il n’appréciait pas du tout l’idée d’effectuer des efforts qu’il pouvait éviter. Vite. Trouver une idée pour s’esquiver. Prétendre avoir rendez-vous avec une charmante donzelle. Ca marchait avec les pirates, lorsque Xan voulait éviter le métier de docker. Tellement rêvaient-ils d’être dans la même situation qu’ils auraient presque donné leur paye au forban pour qu’il réussisse sa soirée. Ce dernier s’en allait simplement paresser en bord de mer toute la nuit, et revenait au petit matin. Ca faisait plus d’effets. Bon, ça restait une mauvaise idée. Ces personnes là n’étaient pas des marins avides de « chaire fraîche ». Autre chose… S’esquiver en douce. Meilleure idée, mais la discrétion n’étant pas vraiment le fort du Damaro-calishite, mieux valait oublier. En y repensant, peut-être qu’il aurait une petite compensation pour ce travail… L’appât du gain afficha un grand sourire sur le visage du pirate, qui ne se fit pas prier pour porter toutes les caisses possible, finalement. Bon, c’était simpliste comme idée, mais le pauvre n’était jamais allé à l’école…

Alors qu’ils venaient de terminer, le groupe annoncé par Jebb’ arriva. Le marin les détailla rapidement. La première personne qu’il vit fut l’Elfe. Fort belle, comme toute personne de sa race. Peut-être plus. Le forban resta un moment bloqué par cette vision enchanteresse, puis se secoua et se tourna vers les autres arrivants. Un mystérieux se cachant sous sa cape. Etait-il si laid ? Un barde au regard de pervers. Celui-là, mieux valait qu’il ne les accompagne pas. Un type trempé. Lui aussi était allé piquer une tête ? Peut-être pas. Il était mouillé, mais différemment de Nécromus. (Xan s’était séché dans l’auberge, lorsqu’il était allé chercher son armure.) Bon ben à part ça, une autre personne apparemment très amie avec Jebeddo, rien de spécial à dire sur elle. Un autre Nain. Voilà qui ravit le guerrier. Un concours de boisson est plus amusant à trois qu’à deux. A part ça, il y avait un autre Gnome, et puis une autre personne qui semblait plutôt commune. Si ce n’est qu’elle vint parler en Gnome à Jebeddo. Du moins Xan supposa que c’était du Gnome, puisqu’il parlait à un Gnome, et que lui-même ne comprenait pas un mot de ce qui se disait. Restait un dernier homme. Un Calishite. Le marin s’en rendit compte immédiatement pour avoir vécu à Calimport toute son enfance. Est-ce que l’autre allait reconnaître un compatriote en Xan ? Ce dernier n’en était pas sûr. Il avait le teint plus hâlé que la moyenne, certes, mais son accoutrement de pirate le différenciait de beaucoup des badauds de la ville de Calimport. Au contraire, il ressemblait plus à un forban relativement normal, si on exceptait son bandeau en travers sur son visage, cachant son œil.

Tiens, le Calishite faisait justement un baisemain à Jalyne. Technique de drague dépassée, selon le marin, qui reportait à présent son regard dans les yeux de l’Elfe, qui regardait ailleurs à ce moment là. Peut-être que lui-même tenterait quelque chose, si elle les accompagnait. Enfin, il n’avait jamais été bon dragueur qu’avec les filles de joie des auberges, alors il sentait déjà venir la baffe. Machinalement il se passa une main sur la joue. Elle en avait sentit passer plus d’une. Les femmes qui l’intéressaient vraiment n’étaient jamais attirées par lui, sans qu’il ne sache pourquoi. Il était pourtant doté d’un charme fou. Enfin, c’était l’avis des filles des auberges. Changeant radicalement de sujet de pensée, il remarqua qu’aucune de ces personnes ne semblait être une guerrière. A part le nouveau nain. Mais là encore il n’était pas sûr que ce dernier les accompagne. Croisant les bras, il s’adossa au mur du magasin. Puis, se passant une main dans les cheveux, il s’adressa à Arek, qui ne semblait pas vraiment vouloir bouger pour le moment :

« Si le Nain ne vient pas, je crois qu’on est les seuls du groupe capables de se battre sans rester à distance, sans donner de coups dans le dos ou sans lancer de sorts… Je crois qu’on va bien s’amuser pendant cette petite quête. Enfin, si l’on se fait attaquer, bien sûr. »

Il se tu alors, et laissa les personnes présentes voulant le faire se présenter. Lui-même ne le ferait pas. Les présentations étaient toujours longues et fastidieuses. Si on voulait des informations sur lui, qu’on les lui demande. C’était bien moins fatiguant. Il espérait tout de même avoir taper dans l’oeil de la jeune femme. Même s’il savait lui-même se mettre le doigt dans l’œil. C’est là que Golnam des nains vint le voir. Lui aussi s’intéressait à sa profession de marin. Ca en faisait du monde en si peu de temps. Le pirate se laissa emporter par le barde qui lui parlait, en se grattant distraitement sa barbe de trois jours.

« Et bien… Oui je suis marin. Enfin, techniquement non. Je suis un pirate. Du moins, c’est le terme que l’on emploi pour désigner… et bien… mon emploi. Pourtant il n’y a pas grande différence entre nous et de simples marins. »

Il afficha un sourire ironique, presque effrayant. Puis se tu. Si Golnam avait des questions, qu’il les lui pose. Entre temps, Mussel s’était présenté à l’autre Gnome, près de là. Dobun ? Il lui parlait d’améliorer sa dernière acquisition. Mouais… Le pirate n’avait confiance qu’en sa lame et son écu. Si elle était aiguisée, pas besoin qu’on y retouche. Et puis pas besoin de tous ces termes techniques qu’employaient ce Dobun pour parler de ce qu’il pouvait faire et auxquels Xan ne comprenait pas un traître mot. Nécromus se joint à eux, apparemment désireux lui aussi d’améliorer son équipement. Mussel le réprimanda, ce qui eut pour effet de faire un peu plus sourire le marin. L’homme qui parlait Gnome s’en alla juste après le barde au regard de pervers. Golnam, quant à lui, reprocha sa discrétion au barbare. Le nain chanta une courte chanson qui amusa le forban. Ce dernier jeta un autre regard furtif en direction de l’Elfe derrière lui, se disant que la chanson pouvait presque s’appliquer à lui-même.

« Pas mal. Je connais le début d’une petite chanson à boire. Peut-être est-elle dans ton répertoire. »

Il se mit à chanter à voix égale. Ce n’était pas vraiment bien chanté, mais au moins, ce n’était pas faux.

« Du rhum, des femmes, de la bière… Je ne connais pas la suite… Dommage. Je me suis dit qu’un Nain aimant chanter devait connaître pas mal de chansons comme celle-ci. Depuis le temps que je me la trimballe sans pouvoir chanter la suite… »

Xan s’étira, regardant loin devant lui, où l’auberge lui promettait une bonne gorgée du fameux rhum de Jebb’.

écidément ce voyage était plein de rebondissements, il lui avait d’abord fait découvrir la passion ainsi que la douleur qui l'accompagnait souvent, et à présent avec cette nouvelle étape et ces nouvelles rencontres peut être allait-il lui offrir une partie de la connaissance qu’il recherchait. Cette jeune femme à l’allure aérienne devait avoir quelques réponses ou indices pour les innombrables questions que le génasi d’eau se posait sur sa propre nature et sa propre identité. Du moins l’espérait-il...

Perdu dans ses pensées, le regard rivé sur le sol, les images de la route atteignaient à peine sa conscience tandis qu’il avançait. Il cheminait paisiblement aux cotés de la jolie elfe, tandis que les premières discussions débutaient dévoilant les premières affinités ou animosités.

Une voix profonde s’éleva au sein du petit groupe troublant quelque peu le cheminement de ses pensées, mais Abysse était trop concentré pour se détourner maintenant. Tellement de questions supplémentaires lui venaient, qu’il ne savait plus par où commencer... L’importance des sensations, le rapport si puissant à l’élément... De nombreuses idées pourraient être partagées...

¤Le temps viendra et l'occasion se présentera...¤

Puis le chant doué d’une certaine harmonie du nain s’interrompit, mais aussitôt sa voix se fit à nouveau entendre interpellant directement le druide. Cette fois-ci, c’était une question qui lui était directement adressée, il ne pourrait donc pas l’ignorer, malgré cette dernière remarque polie.

Il fut coupé dans son élan par un autre chant, qui lui n’avait absolument rien d’harmonieux, c’était une simple chanson de matelot telles qu’il avait pu en entendre des dizaines sur les quais et les navires. Mais ignorant cet humain et sa chanson, Jahëlo leva alors ses yeux impassibles sur le nain curieux. Combien de temps le vigoureux soutiendrait-il ce regard si étrange... Il ne s’en souciait guère. Et d’une voix monotone, où une oreille attentive aurait pu percevoir une pointe d'ennui, il répondit.

- Depuis que je l'accompagne, la caravane a subi une attaque de brigands orques... Le reste du temps, le voyage a été plutôt calme...

Puis aussi simplement qu’il avait parlé, le son de sa voix s’éteingnit. Chacun des compagnons du druide auraient pu affirmer au malheureux nain, qu’Abysse n’était pas tout à fait la bonne personne lorsque l’on cherchait détails et renseignements superflus. Le pauvre Phélès en avait d'ailleurs fait maintes fois l’expérience.

Jahëlo eut un regard circulaire s’attendant à trouver le barde, le sourire en coin, une pensée moqueuse pour le nain, mais il ne le vit pas. Hérudae non plus d’ailleurs... S’étaient-ils éclipsés ensemble pour accomplir une quelconque affaire en ville ? D’après leur dernier comportement, Jahëlo douta que cela fut la bonne hypothèse. Mais ni Malig, ni Dobun en grande conversation avec ses nouveaux camarades, ne semblaient étonnés de ne pas les voir. Le druide n’y prêta donc pas plus d’attention et s’attarda sur Elloa. Elle n’avait dit mot depuis qu’ils étaient entrés dans Padhiver. La vie en ville ne devait pas être familière non plus pour l'elfe sauvage qu'elle était. Il s’enquit donc de son état, cherchant à le lire dans son regard, qu’il attira d’un doux effleurement.

Après que Xan lui ait parlé Arek regarda les personnes de la caravane et il s’aperçu qu’il n’avait pas tord.

- Tu as bien raison Xan, nous allons être en première ligne. Vu ton équipement je pense que tu as autant l’habitude que moi de se genre de situation n’est ce pas. Moi personnellement je préfère cela, au moins je ne blesserai personne.

En effet Arek avait la fâcheuse tendance a sombrer dans une fureur sans nom en combat. Et cela bien plus fréquemment que les autres membres de son peuple.
Arek marchait tranquillement lorsque Golnam le sorti de ses rêveries.

- C’est bien vrai maitre Nain. L’auberge nous attend et nous allons pouvoir y boire un verre et se réchauffer auprès de l’âtre.

Arek écouta la chanson du Nain en souriant.
Arek prêta attention au discours du prénommé Abysse lorsqu’il parla de l’attaque de la caravane.

¤ Des Orques, saleté de bête. ¤

Arek n’avait pas beaucoup rencontré d’Orques dans sa vie mais il savait que c’étaient des créatures infectes. C’était aussi de bon combattant d’après ce qu’il avait put en voir lorsqu’il combattait dans l’arène.
Apparemment les membres de l’autre groupe étaient discrets, peu être que la soirée à l’auberge délierait quelques langues. Pour sa part Arek ne boirait pas d’alcool ce soir car le départ de la caravane se ferait à l’aube et il voulait garder l’esprit clair.

Nécromus pensait avoir fait ses preuves en tant que compagnon envers les autres membres de l'équipée. Mais apparament, d'autres pensaient qu'ils n"était pas digne de faire parti de l'aventure. Le hin, l'avait directement rembarré alors qu'il essayait juste de s'integrer. C'est alors qu'en regardant le petit être droit dans les yeux, les siens blanchirent et un genre de Blizard passa à l'interieur et le visage du voleur devint etonnament serieux. La voix grave, le demi-elfe s'addressa à Mussel :

"Désolé de ne pas avoir votre délicatesse chere maitre Halfelin. Je m'en vais de ce pas apprendre les bonnes manières !"

On sentait dans le discour que tennait le demi-elfe, un pointe d'irronie et de la colère. Celui-ci, outré, s'en alla loin devant sans dire un mot. On pouvait sentir la tension s'accumuler autour de Nécromus, et personne s'oserait lui parler sans aucun doute.

lloa se retourna vers Abyss, un éclair de reconnaissance traversa ses yeux sombres et un léger sourire lui fut adressé. Si elle se réjouissait à l’avance de se retrouver au sec dans une auberge – à vrai dire le lieu avait peu d’importance, seul le fait de retrouver une chaleur qui lui manquait tant la préoccupait – l’agitation qui régnait au cœur de la cité, la proximité des habitations, des odeurs de cuisines et d’autres moins agréables la plongeait dans un certain malaise qu’elle reconnu dans le regard du genasi. Elle le sentit plus proche d’elle, et elle en oublia presque le pincement au cœur qu’elle avait ressenti en le voyant s’intéresser, ainsi que Malig, à la fille de l’air. Elloa aimait la liberté, mais elle aimait plaire également, être celle que l’on préférait aux autres. Alors sans même se rendre compte de ce qu’elle faisait, elle chargea tout son corps de cette aura fascinante et ses cheveux ondulèrent doucement sous l’effet d’une petite brise instinctive. L’usage de la magie était interdit au sein de Padivers, mais pour une personne comme la jeune grugash qui ne maîtrisait pas encore les dons que les Esprits lui avaient transmis, il était impossible de respecter cette loi à la lettre.

- Joli chant maître nain ! s’exclama t’elle en écoutant la voix grave de Golnam vibrer dans le brouhaha citadin.

Tant de têtes nouvelles ne pouvaient que susciter un vif intérêt pour la curiosité naturelle de l’elfe sauvage. Seul son malaise parmi une foule si dense, et surtout un environnement tellement artificiel l’empêchaient de se montrer aussi sociable qu’elle pouvait l’être en d’autres temps. Elle se plut cependant à observer chaque mine et à s’en faire une idée teintée de quelques préjugés. La silhouette aérienne de Jaeline l’intriguait principalement. Il était évident que du sang elfique coulait dans ses veines et que les vents l’avaient béni avec bien plus de force qu’elle-même, s’en découla ainsi un sentiment incontrôlé de rivalité. Elle se plu à croire, pour se rassurer que la génasi était bien moins jolie qu’elle et qu’elle avait dans son regard cette lueur virginale qui laissait présager une faible maîtrise des jeux charnels qu’affectionnaient la grugash.

Tout en adressant un dernier sourire à Jahelo, Elloa s’approcha du barde nain. Elle lui trouva une mine rassurante et joviale qui lui plu d’emblée et sa voix de baryton exerçait sur une elle une certaine fascination. Elle répondit à ses questions dans un commun déformé par un accent chantant, posant une main légère sur son épaule en guise de bonjour.

- Trop de pluie ! Je hâte ai qu’on soit dans le pays chaud ! Ici il est mouillé, froid et bouteux ! ajouta elle en désignant ses bottes et ses jambes nues maculées de boue.

ontent de son succès, Golnam avait le sourire le plus joyeux qu’il puisse être donné de voir ! Tournant la tête de toute part pour remercier son auditoire, il fut n éanmoins gêné par les félicitations de la ravissante elfe.

¤ Que… hein… t’affole pas c’est juste une… une oreilles-en-pointes ! Une jolie et avec un grand sens artistique mais… une oreilles-en-pointes quand même ! Oui c’est ça… c’est une elfe quoi !... Juste un ravissante elfe… Grmpf… ¤

Il bredouilla un remerciement à l’intention d’Elloa, visiblement un peu gêné par ce geste :

- Oui euh… merci, merci… c’est… Hum !... C’était rien…

A la réponse du génasi, le vigoureux sentit le sang de ses ancêtres gronder en lui. Des orques !... Ces viles créatures bonnes qu’à finir en tranches taillées à coup de hache ! Mais le caractère de Braillard reprit le dessus et modéra sa réaction.

¤ Ouai enfin… c’était des brigands… des saletés d’orques brigands ! ¤

C’est ce moment là que choisit l’elfe pour poser sa main sur l’épaule du nain. Ce contact créa un véritable raz de marée dans l’esprit de Golnam. Une elfe… charmante… appréciant sa musique… dégageant une impression étrange et déroutante… Et maintenant elle devenait bien familière ! Certes cela était de bonne augure pour les relations du groupe, mais c’était pour le moins étonnant de la par d’une… ELFE !!

Remettant ses idées en place, Braillard regarda les jambes qu’Elloa lui montrait, couvertes de boue. Relevant les yeux rapidement en prenant conscience que son regard était… déplacé, Golnam répondit comme si de rien n’était, faisant ainsi une grande démonstration de ses talents de comédien :

- En effet ! Vous n’avez pas été gâtés pendant votre périple ! Vous allez pouvoir vous réchauffer et dormir dans des draps secs et chauds ! Ne vous en faites pas, s’il le faut je m’assurerai personnellement que votre sommeil ne soit pas perturbé !... Enfin je veux dire que votre rêverie ne soit pas interrompue… enfin je vais pas monter la garde devant votre porte mais… Hum ! Grmpf…

Terminant par un grognement « nainesque » démonstratif de son trouble, Braillard s’était sentit déraper dans ses explications sans pouvoir vraiment s’en prévenir. Pour ne pas rester sur ce faux-pas, il continua :

- J’entends dans votre voix que vous partagez, vous aussi, un certain goût pour la musique… peut-être même une sensibilité toute particulière ! Seriez-vous également une artiste à vos heures ?!

Affichant son visage si avenant, le nain avait sentit la mélodie cachée dans le discours de la belle. C’était particulièrement étrange d’entendre la douce voix aérienne de l’elfe après avoir lui-même chanté de sa voix grave et profonde. Si elle se révélait être elle aussi de la grande famille des bardes, ils pourraient certainement en apprendre beaucoup l’un de l’autre !

¤ Enfin… pas trop souvent tout de même car après tout… il s’agit d’une oreilles-pointues au nom d’une hache !... Hum !… ¤

Hérudae avait donc fait sa proposition et espérait que l’homme lui proposerait un bon prix pour l’épée et l’armure même si elles n’étaient pas de toute première qualité. Le marchand les examina, fit même quelques tests comme pour vérifier la qualité. Cela fit rire intérieurement le jeune homme qui même s’il n’était pas un excellent marchand savait reconnaître le bluff de ceux-ci quand il était en œuvre. Combien de fois quand il était un gamin des rues, il avait vu Phil l’anguille surnommé dans son dos, Phil les dents pourries faire les même gestes, faire les même expression de visage avant de proposer un prix qu’il avait déjà décidé dès le premier regard. Ainsi le marchand savait déjà à combien serait sa première proposition et même jusqu’à combien il monterait. Ainsi l’offre d’achat tomba, Hérudae fit une mine d’homme blasé comme s’il espérait en obtenir beaucoup plus, une petite mimique d’homme désespéré qui ferait naturellement faire au marchand une montée sur l’achat comme si il percevait la détresse de son client et qu’il avait une âme généreuse. Mais c’était surtout pour que celui-ci n’aille pas voir ailleurs et obtienne mieux. Ainsi c’est quelques instants plus tard que le voleur ressortit dans la ruelle plus riche de 8 pièces d’or. Pas un miracle mais quand même déjà 8 fois plus que le salaire de l’escorte. Il aurait d’ailleurs pu faire mieux s’il avait été plus rapide à fouiller les orcs, mais il ferait plus attention la prochaine fois.

Ainsi de nouveau dans la rue, Hérudae chercha maintenant un deuxième magasin d’un genre totalement différent, pour des articles d’un autre genre. Et cet fois il ne pourrait comparer ce qui était en sa possession et ce qui était en vente dans le magasin car il était rare de trouver deux pierres précieuses de même taille, pureté, mais il si connaissait un peu et avait estimé la petite pierre bien à l’abri au fond de sa bourse. Et cet après plusieurs questions sur le ton de la civilité et quelques recherche qu’il trouva la boutique du joaillier. Il s’engouffra rapidement dedans et tomba face à une montagne de muscle. Evidement quand on vendait de l’or et des pierres précieuses on avait besoin d’un bon garde du corps et celui-là faisait impression. Donc les mains du voleur resteraient bien visibles tout au long de la transaction. Il fit un petit sourire au garde et s’avança vers le comptoir derrière lequel se tenait un homme assez vieux qui tenait entre ses mains une petite pierre bleue, qu’il observait derrière une loupe.

"Bonjour, sans vouloir vous déranger. J’ai une petite pierre qui me vient d’un héritage et que je dois malheureusement vendre pour payer les créanciers de mon défunt père." Le jeune homme prit un air triste. Evidement il doutait que ce mensonge vieux comme Elminster marcherait mais il indiquait que le jeune homme n’était pas non plus un pigeon. Et quand l’homme lui prêta attention, après bien évidement posé loin des mains la pierre qui devait être un saphir, Hérudae posa sur le comptoir dans le petit récipient prévu à cet effet sa pierre précieuse.

Bien sur, une fois encore ce marchand fit le bon vieux truc de tout bon marchand en examinant la marchandise, avec des "ahhhhh" et des "ohhhhh" tout en fixant plus intensément la pierre à chaque fois comme s’il lui trouvait des défauts. Et l’offre que lui fit se dernier tomba justement dans la fourchette qu’espérait le jeune homme. Et au regard du marchand il savait que le prix ne monterait pas mais descendrait s’il tentait de marchander. Hérudae ayant la somme qu’il voulait accepta et rangea les pièces dans sa bourse avec un sourire au garde qui ne l’avait pas quitté des yeux depuis son arrivé dans la boutique.

Hérudae ressortit dans la rue et demanda la direction de l’auberge du Griffon d’or. Le premier individu l’envoya voir ailleurs sans tac et le voleur préféra donc la fois suivante demander à une femme qui faisait sans doute ses courses dans le quartier, tout ceci avec le plus grand tact.

Et c’est ainsi qu’il se dirigea dans la direction indiquée. Mais bien évidement sur le chemin l’attention du jeune homme fut attiré par de nombreuses, trop nombreuses distractions. Une bourse, un peu trop pendante par ici, un ou deux objet facilement récupérables sur l’étale de ce commerçant. Bref beaucoup d’occasion de faire de nouveau bénéfice mais avec un risque, celui de ne savoir où se rendre si jamais la garde ou la milice lui donnait la chasse. Mais pourtant, le jeune homme fit quelques repérages des rues et ruelles tout en se dirigeant vers l’auberge où l’attendaient certainement ses anciens compagnons et les nouveaux membres de l’escorte. Il y aurait sûrement moyen de se divertir ce soir, sinon il ira dans la nuit faire un tour pour s’amuser au détriment d’un marchand ou d’un noble à la bourse remplit de beaucoup de jolies pièces. Et donc tout en sifflotant, Hérudae marcha vers l’auberge du Griffon d’or

Elloa… Il était presque sûr qu’elle s’appelait ainsi. Il l’avait entendu, mais impossible d’en être certain. En fait, il n’avait pas vraiment écouté les noms de ses nouveaux compagnons et s’en fichait. Mais pas de celle-ci. Il fouilla donc sa mémoire un moment, mais ne parvint pas à être plus sûr que ça… Tant pis, il ferait sans. Le pirate se rendit soudain compte qu’elle était là, à deux pas de lui. Elle s’était approchée pour parler à Golnam. Le féliciter sur son chant. Elle leur parla de son voyage, leur indiquant ses jambes dénudées en preuve de la difficulté qu’elle avait rencontré. Xan faillit baissa machinalement le regard et redressa immédiatement la tête, serrant les dents. Mieux valait qu’il n’attise pas trop le désir qu’il éprouvait pour l’elfe, étant donné les minces chances qu’il avait de la séduire. Il se mordit la langue, pour refroidir son cerveau qui avait un peu trop chauffé devant cette vue plus qu’agréable. Puis il écouta en souriant les bafouillemments du nain. Cette race éprouvait une haine plusieurs fois millénaire, pour les elfes, et c’était réciproque. Pourtant, il semblait lui aussi troublé par la beauté d’Elloa. Un nain troublé par une elfe. C’était plus qu’intéressant. Et un cas unique à étudier. Oh puis non. L’étudier serait bien trop épuisant. Ou bien ça lui prendrait du temps pendant lequel il ne pourrait boire, se battre ou se prélasser. Le forban préférait laisser ce cas aux philosophes et autres savants. Lui se concentrerait sur Ell… Et non ! Il fallait qu’il l’oublie ça aussi. Et puis elle avait l’air plutôt proche du type trempé. Bon et bien il se consolerait sur les gobelins qui ne manqueraient sûrement pas durant le voyage et sur les fut de rhum de Jebb’. Lorsque Golnam parla du sommeil de l’elfe, Xan partit d’un grand rire et donna une grande tape dans le dos du nain.

« Je crois, dit-il en riant, qu’après avoir vaincu toute une horde d’Orcs, cette jeune femme n’a besoin de personne pour veiller sur son sommeil. »

Il se passa encore une main dans sa longue tignasse, se calmant, puis reprit :

« Un nain qui ne chante pas que des chansons à boire et qui ne chante pas qu’autour d’une table, et qui en plus, veut veiller sur le sommeil d’une elfe. T’es vraiment un original toi. »

Il se tu, puis se rendant compte que ce qu’il avait dit pouvait être mal prit, ajouta :

« Le prend pas mal, hein, c’est une constatation, pas une insulte. J’suis pas non plus le plus rangé des humains. »

Toujours souriant, il adressa un clin d’œil au nain. En fait, l se fichait pas mal que ses mots soient mal prit ou pas, mais il s’était déjà mit à dos Nécromus, mieux valait qu’il tisse des relations plus amicales, du moins jusqu’à la fin du voyage, avec les autres membres. Et vu ce type trempé ou Jalyne, par exemple, qui étaient plus froid l’un que l’autre, et tous ceux qui s’en allaient, ça n’allait pas être simple avec tout le monde. Alors avec le nain, qui était chaleureux et avenant, ce serait déjà plus simple. Surtout que ce dernier semblait intéressé par la mer. Ca aiderait grandement une relation au moins temporaire à se créer. Après ces quelques réflexions, Xan se retourna vers l’elfe, son éternel sourire joyeux et sûr de lui sur les lèvres.

« Apparemment, votre voyage a été difficile. Et si votre beauté a été autant entachée que vos bottes par le voyage, j’imagine même pas ce que ça doit être quand vous êtes sous votre plus beau jour, si je peux dire ça comme ça. »

Bah, que perdait-il à essayer, finalement ? Bon, il aurait sûrement encore mal à la joue un moment. Peut-être même aux deux, mais bon… Qui ne risque rien n’a rien, comme le dit le proverbe. Le pirate se demanda s’il n’avait pas été trop familier. Il avait toujours cherché à rester naturel devant tout le monde, se fichant royalement de ce qu’on en dirait. Mais il aurait peut-être du faire un effort de vocabulaire et parler moins familièrement à la jeune femme… Il ne s’en préoccupa pas plus que ça et reprit :

« J’espère qu’on aura nous aussi droit à quelques orcs sur le chemin. Histoire de se défouler un peu. »

Il souriait toujours, mais d’un air un peu plus effrayant que joyeux cette fois. Il plaça ses mains derrière sa tête, regardant le bout de la rue, l’auberge s’approchait rapidement. Le pirate sentait déjà les effluves du rhum du Gnome.