۝ A la poursuite d'une Ombre ۝, Tass, Korja, Zara, Will, Nish & Néféris

el le spectre qu’il incarnait, Tourment observait d’un air absent la scène dramatique qu’offraient l’Aède et Narval en contrebas. Ses puissants bras étaient venus enlacer la halfeline, tel un bouclier protecteur et paternel, qui ne la quittait plus. Même si la hin avait voulu se dégager, elle l’aurait fait avec mal, car Tourment était bien présent physiquement, mais uniquement à moitié dans son esprit.
Il entendait bien les voix de ses compagnons, et voyait bien ce qui se passait autour de lui, mais son regard noir comme l’onyx restait fixé sur un point de l’horizon, bien au-delà de Luskan. A sa périphérie visuelle, les trois retardataires étaient enfin montés. Le vent était en poupe, c’était un bon vent pour commencer cette expédition. Les poulies roulaient sur les cordages, les muscles se gonflaient, le bosco envoyait ses gabiers sur la vergue pour déferler la voile et la faire claquer de l’air marin.
L’humain se retourna soudainement, lâchant Tass, manquant de la faire tomber et observa le capitaine.

- Capitaine...

Fut les seuls mots prononcés en guise d’assentiment et de compréhension. Le guerrier commença à foudroyer du regard l’ensorceleur, qui venait de leur coller sur le dos un blessé, et qui déjà ne s’en souciait plus, préférait décharger sa responsabilité sur Narval, profitant ainsi d’une liberté non méritée. Ulysse sourit lorsque Nish parla de sa voix d’enfant, cela était une des rares occasions où l’on pouvait l’entendre depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Tourment s’autorisa un hochement de tête à Gwinal, puis lui emboîta le pas lentement, profitant ainsi du temps gagné pour répondre au petit.

- Mnhaaaa.. Le Capitaine Tarentule ? Nous n’avons vu qu’un déguisement aujourd’hui, il cache bien plus de choses sous son vrai masque, et sous sa grande cape.. Mais il ne dévoile pas son talent au premier venu, et généralement, plus personne n’est là pour témoigner de sa véritable apparence. Mais allons, nous, nous n’avons rien à craindre, il est de notre côté, mais je conçois qu’il a un certain air.. sadique. Crois moi, nous avons plus à craindre de gens qui sont près de nous, tiens, lui par exemple fit Tourment en indiquant l’Aède du pouce Ca ! C’est un grand malade, digne des assassins de Cyric, ces espèces d’illuminés à la manque. Voilà qu’on embauche des drogués maintenant..

Tout en marchant, Ulysse profitait de respirer à plein poumon l’air revigorant. Son grand trident claquait le bois du pont pour tester sa solidité, et son chapeau à larges bords commençait à se décoller légèrement du crâne du pirate. Mais il fallait bien plus qu’un petit coup de vent pour faire s’envoler cette belle ornementation.
D’un geste paradoxalement lent, Ulysse retira la dague qu’il avait prise sur le corps du brigand sur les docks, et la tendit, poignée par devant à Tass. Il savait que la petite apprécierait, et qu’elle n'hésiterait pas à examiner l’arme sous routes ses coutures.

- Prends ça, de toute façon tu me l’aurais volée tôt ou tard. Elle te servira sûrement plus à toi qu’à moi puisque je ne joue pas dans la même catégorie d’arme. Ulysse se gratta le nez à l’aide de son index avant de poursuivre, d’un ton plus bas, restant légèrement en retrait du recruteur. Bien, vous avez entendu comme moi qu’un autre passager spécial est sur le navire ? Il s’agit peut être de notre homme, je dis bien peut être, car j’espère que non, si c’est un voleur, il doit être là en tant que clandestin, mais assurons nous de surveiller la cabine de l’autre passager pour au moins voir à quoi il ressemble.. Mais, allons donc visiter ce beau bâtiment, voir ce qu’il nous cache..

Tourment avait réussi ce que des centaines de gens avant lui avaient essayés en vain de faire, faire taire la petite Halfeline.
Assise sur le bastingage, les yeux embrumés, elle tenait la dague dans ses petites mains, la tournant et retournant, ne sachant que dire. C’était la première fois qu’elle obtenait quelque chose sans avoir à le voler et occasionnellement l’acheter. De plus, le geste familier que le marin avait eu envers elle, en la tenant dans ses bras l’avait totalement déstabilisée. Personne ne l’avait tenu ainsi jusqu’à présent, elle était plutôt habituée à être poussée, tirée, soulevée comme un objet que l’on déplace pour ne pas trébucher dessus.
Même si ce geste fut machinal et dépourvu de tout sentiment à son égare, il n’en restait pas moins réelle à ses yeux. S’essuyant la figure du revers de sa manche afin d’effacer toutes traces de ses émotions, Tasshill ne put que balbutier un faible"Merci" qui semblait ne vouloir passer sa gorge serrée.
Heureusement pour elle et malheureusement pour son entourage, cela ne dura pas.

Complètement revenu à la réalité, la petite Hin ne tarda pas à retrouver toute sa vivacité et sa langue. C’était la première fois qu’elle prenait la mer et elle tenait à en profiter un maximum. Tout la fascinait et elle avait bien l’intention de visiter le bateau de fond en comble, ou plutôt de la cale à la vigie et de discuter avec tout le personnelle naviguant. De plus son excessivité à vouloir tout voir et tout savoir serait une bonne couverture pour découvrir qui était l’étranger qui partageait le bateau avec eux.

- Tourment ! Tu devrais prévenir les marins que j’suis un peu chiante et que j’ai tendance à fourrer mon nez partout, ça les étonneras moins d’me voir fureter.. Elle accompagna sa phrase d’un clin d’œil.

N’y tenant plus, elle sauta du bastingage et commença à fouiner un peu partout sur le pont principal, essayant de soulever des trappes de sol ou d’ouvrir des écoutilles. Passant à coté de Gwinal, elle lui attrapa la main.

- Bonjour ! Je m’appelle Tas...,heu, mais tu peux m’appeler la Puce. Dit moi, se s’ra possible de monter là haut, sur la plateforme, là ? Non par ce qu’on doit avoir une sacrée vue d’la haut, non !

Ne lui laissant pas même le temps de répondre, elle était déjà rendue à l’escalier qui donnait accès au pont supérieur et à la barre.Tantot accrochée aux cordage, tantot penchée par dessus bord elle continuait sa petite visite. Se dirigeant vers Zara qui flattait l’égo du capitaine, Tass se campa devant le pacha et lui tendit sa petite main, nullement impressionnée par la prestance de l’homme.

- Capitaine, mon capitaine ! Bonjour ! Je m’appelle Ta...,heu j'veux dire tu peux m’appeler la Puce. Dis, ce s’ra possible que je… heu, on dit quoi pour un bateau ? Conduise ! Enfin que je prenne la barre quoi.(Inspiration) Nan sérieux, ton bateau il est trop beau ! Et il va vite, hein ? J’espère que j’vais pas être malade, t’es pas malade toi, hein Zara !

Ne leurs laissant pas le temps de répondre ou d’en placer une, la roublarde avait encore prit la poudre d’escampette. Elle était déjà en train de questionner un autre marin au sujet des expressions utilisées sur un bateau.

¤ J’espère que Tourment va avoir le temps de prévenir tous les marins avant qu’ils craquent et me jette par-dessus bord ¤.



Ce message a été modifié par Tass le Vendredi 01 Juin 2007 à 08h31

William, tu as le champ libre pour retourner chez Sans-Nom, je poursuis pour toi dès que tu en auras exprimé l’envie en RP



Le Capitaine sourit à Tourment qui avait eu la clarté d’esprit de saluer le maître à bord, portant la main à son tricorne que les pires tempêtes n’avaient du parvenir à emporter. Une étincelle d’amusement brillait au fond de ses prunelles azures tandis que l’Aède à la curieuse capuche s’approchait de lui. Que son bonheur soit communicatif ou qu’il ne s’agisse que du sourire que l’on offre, compatissant –ou envieux- au fol aliéné du monde dans lequel il vit, il le salua de la tête et élargit son sourire à son encontre.

Tournant la tête pour suivre les gestes de son équipage et coordonner ses mouvements aux leurs, il lui lança en invitation à la discussion un : - "Alors comme ça vous allez à Athkatla ? Si le vent ne tourne pas d’ici là, nous ne devrions faire escale qu’à Eauprofonde." riche de soleil et de vent marin.

Jet de discrétion de Tourment :
Jet d’écoute de Gwinal : ??

Les deux conspirateurs partaient à la suite de Gwinal qui déjà ouvrait la porte menant aux quartiers de l’équipage, en cale. Gwinal ne se saisit pas quand Tass lui saisit de la main, la seconde fois qu'elle s'en approcha, il la serra même comme pour empêcher quelque enfant turbulent qu’elle semblait être de courir partout dans le navire et de glisser sur un pont luisant d’humidité.

- La Houle Brisée est rapide, oui. Moins que d’autres, peut-être, mais il en est sortit des plus gros grains sans dommage par la prudence du Capitaine.

Le recruteur ouvrit la porte vers l’étage inférieur, précédant Néféris et son colis. Sous le pont principal ils débouchèrent face au mat principal de l’embarcation. La large grille de métal du centre du pont offrait un éclairage tout à fait suffisant pour qu’aucune des lampes tempêtes ne soit allumée. De droite comme de gauche, Les sacs de victuailles se partageaient l’espace avec quelques tonneaux difficilement identifiables.
Il les fit tourner autour de l’escalier et d’une grille semblable à l’autre, offrant une même lumière aux cales. Il passa rapidement devant les deux portes qui lui faisait face en indiquant aux compagnons d’aventure qu’ils avaient à descendre un nouvel escalier et les invitant à descendre en premier ...

e Chasseur Sombre suivit silencieusement leur guide tout le long des entrailles de la « Houle Brisée »
Il ne prêtait nulle attention à Tass qui courait partout comme un ressort, allant même jusqu’à monter voir le Capitaine. Bien que Tourment ne put entendre ses paroles, il devinait avec aise le genre de propos enfantins qu’elle pouvait tenir en cet instant. Ses yeux se portèrent sur les nervures de la coque du bâtiment, tandis que Gwinal venait de saisir Tass par la main pour la tenir tout près.

- Nmhaaaa.. Votre Capitaine est alors un bon meneur Répondit Ulysse à l’affirmation de leur guide. Celui qui navigue sans penser aux dommages subits par son plus fidèle compagnon, et par son équipage, ne mérite pas le titre de Capitaine, n’êtes vous pas d’accord, Gwinal ?

Les pas du pirate étaient rythmés par les coups de trident sur le sol, qui accentuaient certains mots, dont le nom de Gwinal. Cela avait pour effet de le forcer à le regarder dans les yeux et insister à écouter sa voix sombre et fantomatique, ponctuée par un sourire énigmatique et pigmenté d’un léger sous entendu..
Tourment se tourna finalement d’un geste lent vers la seconde grille, là où se tenaient apparemment leurs quartiers. Le ventre du navire était comme une véritable fournaise pour le Chasseur, et les gouttes de sueur commencèrent à perler sur l’une de ses joues. Il observa attentivement la grille pour savoir si elle comportait une serrure ou un autre type de blocage extérieur qui pouvait les retenir prisonniers. Car en réalité, ces quartiers évoquaient plus une prison à fond de cale qu’autre chose.

- Dites moi baron, voulez vous bien prendre ça pour moi ? Fit Ulysse en se défaisant de son grand manteau et de son chapeau à larges bords. Il était ainsi plus à l’aise, dévoilant son bandeau couleur rouille sang. Gwinal, à vous de me dire, nos quartiers ressemblent beaucoup à un séjour en fond de cale, j’imagine que votre autre invité doit être très important pour occuper l’espace qui lui est actuellement réservé n’est-ce pas ? Aurions-nous au moins la clef de cette grille pour être à notre aise.. ? Ou éviter qu’un marin trop curieux vienne fouiller dans les environs, prétextant chercher quelques vivres ? Je vous en serez gré..

La voix de Tourment avait vraiment quelque chose de désagréable et d’éthéré, comme s’il parlait d’un autre plan.. Son visage ne reflétait aucune expression pouvant indiquer son humeur, savoir s’il plaisantait ou s’il était furibond.

- Puce reprit Ulysse en indiquant leurs quartiers du doigt, assure toi que le Baron soit pleinement satisfait en bas, et aide donc Narval à installer son fardeau, je pense remonter sur le pont voir ce que fait l’autre malade, je suis marin après tout.

Ulysse claqua une dernière fois son trident au sol, faisait cliquer les anneaux qui y étaient accrochés. Il patienta quelques instants avant de monter, sachant pertinemment que La Puce voudrait échapper à cette corvée. Ulysse anticipa ses dires en fronçant les sourcils et en prenant une voix plus que grave.

- Tu remonteras quand tout le monde sera installé.

Tasshill tira un coup sec sur son bras afin de faire lâcher prise la poigne de Gwinal, puis accepta de bonne grâce l’ordre donné par Ulysse le laissant certainement dans une profonde confusion et alla même jusqu’à débarrasser le baron du manteau du marin car il ployait dangereusement sous son poids.

- C’est entendu Tourment, j’installe le baron dans ses quartiers, je couche le rat et j’arrive. "Elle ponctua sa phrase d’un clin d’œil".

L’Halfeline avait un mauvais pressentiment. Dès lors qu’elle avait posée les pieds sur la première marche des escaliers pour accéder à la cale elle sentit un coup fourré. Elle ne connaissait pas ou très peu l’agencement d’un navire, à pars l’ouroboros qui s’apparentait plus à une cité flottante, mais en général les fonds de cale étaient destinées aux marchandises et aux geôles et en se qui concerne les prisons, là, elle en connaissait un rayon.
De plus, ses doutes étaient partagés par Ulysse, car la réflexion qu’il venait de faire au sujet de la grille à Gwinal,’était pas anodin et si elle avait bien comprit son jeu il voulait remonter pour ne pas risquer de se faire enfermer et pouvoir prêter mains fortes à Zarathoustra.
Mais une chose était sure dans la petite tête de la Hin, c’est que ces grilles ne résisteraient pas longtemps à ses doigts agiles et à son équipement de crocheteur qu’elle gardait toujours sur elle fixé à sa cuisse sous ses chausses à l’aide de deux lacet de cuir. Cette cachette avait été sans faille jusqu’à présent et lui avait permit d’écourter ses nombreux séjours derrière les barreaux.

En attendant elle décida de jouer le jeu et de laisser faire les choses. Si les marins voulaient les faires prisonnier il fallait savoir pourquoi et par qui ? De plus Tass pensait que les langues se déliaient plus facilement si on obtempérait et qu’on leurs laissaient croire au succès de leur mission.

- Bon et ben aller ! On descend, on descend, il faut vous reposer cher baron."Fit-elle avec un geste théâtral lui indiquant le seul chemin possible".Ne faisons pas attendre ce cher Gwinal qui a la gentillesse de nous montrer nos appartements.

Fermant la marche à la suite de ses deux compagnons et du rat, la Puce s’enfonça dans le ventre du bateau.

Will’ analysa la situation, en s’opposant à celui qui avait maintenant pris les rennes du groupe, il venait de se faire totalement expulsé du Cercle, ce pour quoi il avait tant travaillé. Mais au fond, à quoi bon puisque l’organisation n’était pas ce qu’il avait cru. Toutes ses espérances s’envolèrent en un moment. Ses idéaux et sa quête de perfection lui parurent si futile. Mais il ne devait pas abandonner, tout n’était pas perdu. Le courant qu’il avait suivi depuis quelques semaines refusait à présent de le porter plus loin et il devait sauter sur le prochain. Tel était la vie d’un priant d’Eldath. D’une voix aussi calme que d’ordinaire, CranedOeuf s’exprima. Son visage était à nouveau caché par un masque.

-Alors ainsi soit-il, que le courant vous porte. J’aurai appris beaucoup à vos côtés. Mais ne prenez pas vos actes à la légère, Tourment. Ils resteront, certes, impunis, mais vous êtes la seule victime de votre conscience. Je prie pour qu’un jour vos constatiez vos erreurs.

Will’ regarda la Houle brisée larguer les amarres, et avec lui, son ancienne vie. Il était temps pour lui de découvrir autre chose. Mais avant, il devait découvrir pourquoi Sans-Nom l’avait ainsi fourvoyé sur les intérêts du Cercle. Avait-il cru pouvoir faire de lui une machine à tuer aussi froide que l’acier ? Sans un regard en arrière, le moine se mit en marche pour la cabane où toute cette petite aventure avait commencé. Peut-être reverrait-il ses compagnons un jour ? Qui sait ?

Je ne t’oublie pas Zarathoustra, je te laisse raconter ce que tu souhaites faire avant de poursuivre pour toi

Néféris, Nish, Tass, Ulysse

Gwinal ne se départait pas de son attitude souriante et aimable malgré les signes de plus en plus évidents de suspicion à son égare et à celui de la Houle Brisée dans son entièreté. Il répondit sans animosité, presque sur le ton de l’excuse. : - "Il est rare que nous ayons autant de monde à bord, vous me voyez désolé de ne pouvoir vous offrir mieux. Soyez assurés que si notre premier passager débarque avant vous, nous réajusterons vos quartiers comme il convient. Il n’est pas question de statut, il était juste là avant vous."

Pointant la grille du doigt, puis celle du dessus : - "Ces grilles nous permettent de hisser les cargaisons des cales aux ponts. Les clés des coffres à votre disposition sont sur ceux-ci et vous pouvez être assurés ne pas être dérangés par qui que ce soit de notre équipage. Nos hommes sont soumis à des règles strictes qu’aucun n’enfreindrait volontairement. Voici cependant la clé de cette dernière porte." Il semblait étudier avec la même attention qu’Ulysse les deux grilles en tendant la clé à La Puce. De lourds loquets permettaient de s’assurer que les grilles soient bien fermées, mais il n’y avait aucune serrure ou chaîne supplémentaire. La cale, relativement basse de plafond, ne pouvait être condamnée sans au moins une chaîne supplémentaire.

Si Néféris s’abstenait de s’exprimer, serrant les dents tandis qu’il portait seul le poids du rat, il cachait à leur guide un visage de plus en plus dur au fur et à mesure qu’ils avançaient vers la cale. Le guerrier savait sa place auprès des moins résistants de ses compagnons et se préparait déjà à faire face à quelque situation prévisible. Au moindre geste trop tendancieux, il n’aurait aucun scrupule à laisser tomber le blessé geignant à terre. La démonstration de force de Tourment lui avait suffit pour qu’il n’ait plus la moindre inquiétude pour lui. Pas plus qu’il n’en avait pour l’Aède et son souffle de glace.

Il descendit devant ‘le Baron’ et Tass pour découvrir leurs quartiers. Un matelot terminait d’étendre une couverture sur une couchette de fortune, placée au milieu de la zone de stockage de l’avant, redessinée pour l’occasion.
De chaque côté, des hamacs recouverts de peaux avaient été accrochés à la charpente de la cale. Aux poutres maîtresses, de part et d’autre de la grille, étaient suspendues des lampes tempêtes oscillant lentement sous le roulis. De-ci de-là, contre la coque, étaient disposés avec soin, des coffres de bois sombre une table et deux chaises, un râtelier d’arme vide et au droit de chaque couche, divers crochet pour y placer capes et autres manteaux. La zone arrière restait pleine de caisses et de tonneaux parfaitement alignés.

Le soin apporté à l’aménagement de la cale était évident, les déchets, coulées, et autres que l’on aurait pu attendre des cales avaient laissé leur place à un espace aussi agréable que possible. Le marin, un de ceux qui n’avaient pas participé à la rixe, fit un signe de tête à Narval et un pas de côté pour laisser la place au Rat.
- Les deux tonneaux marqués, à droite, sont pleins d’eau, à votre disposition.
Un signe de tête plus tard, il tentait déjà de remonter l’escalier, encore encombré par ‘le Baron’ à la traîne.

William

Le jeune moine traversa la ville à contresens à commencer par les docks sur lesquels de nouvelles rumeurs se créaient au hasard de propos à peine perçus et transformés aussitôt. Toutes racontait comment un homme seul, à l’allure morbide avait battu les agresseurs d’étrangers de passage. Pour le reste, les détails divergeaient du tout au tout, de l’arme qui était peut-être un cimeterre et qui avait proprement coupé un agresseur en deux sur la longueur, au rire qu’il aurait laissé s’échapper une fois son ‘acte de bravoure’ accompli.

Personne ne prêtait plus attention par contre aux autres aventuriers, pas plus qu’au nom du bateau de ces marins ou à l’incident du ‘Rat’. Tout semblait montrer que la sur- et désinformation d’un fait haut en couleur avait oblitéré tout le reste, volontairement. Ou pas. Quittant les docks, il retraversa les rues de Luskan pour rejoindre les champs, refaisant les mêmes pas que le matin même alors que le soleil était encore bas sur l’horizon. Les hommes à la tâche étaient toujours là, la terre du chemin produisait moins de poussière, comme collée par la moiteur ambiante.

Au loin, il savait trouver la grange qu’avait choisi Sans-Nom comme repère, loin des intrigues de la ville, et les espoirs qu’il avait mis dans William et les autres. Il se souvint des doutes qui l’avaient assaillis sur ce même chemin et des premiers mots qu’il lui avait adressé … ‘Enfin, sache que notre cause est juste, et prends ceci comme un test..’

Quelques minutes plus tard, il se tenait à quelques mètres de la cabane.

avi de se voir accueillir par un sourire engageant, l'Aède ne se départissait pas de sa mine enjouée. L'épisode qui avait de justesse évité une fin tragique n'était pas oublié, il avait juste été modifié par l'esprit de Zarathoustra avant d'être classé parmi ses souvenirs. Ô, l'émotion demeurait intacte, mais la culpabilité avait été remplacée par le soulagement, et même, par une once de fierté alors que le jeune homme songeait qu'il avait sûrement sauvé une vie.

Se positionnant auprès du capitaine, il regarda dans la même direction que celui-ci, vers la proue. Certains auraient cherché à deviner le futur, mais là n'était pas le dessein de l'aquafondien. C'était dans l'instant qu'il écrirait son histoire. Prenant la parole d'une voix claire et sonore, il jetait de temps en temps un oeil sur son interlocuteur pour s'assurer de son écoute et pour lui montrer qu'il restait proche de lui.

- Capitaine, je mentirais si je vous disais que j'étais un expert en matière de navire, mais du haut de ma menue connaissance et de mon ébahissement naïf, je ne peux que flatter l'allure de la Houle Brisée et de son équipage. Un Prince des Océans ! Je suis bien aise d'être à vos côtés lorsqu'il s'agit de sillonner des eaux connues par les pirates, et même si je conçois tout à fait qu'il faille rester aux aguets, je considère que l'on pourrait être difficilement mieux loti. Le plus grand danger pour vous n'est-il pas d'accepter des passagers dont vous ne connaissez pas grand chose ?

L'Aède avait parlé un peu plus qu'il ne l'aurait voulu, mais il était arrivé à son but, en ce sens qu'il avait amené la conversation sur les passagers et sur les inconnues qui planaient au-dessus de leurs identités.

Arrivé devant la maisonnette où toute cette aventure avait commencé, les émotions de celui que l’on baptisait désormais CrânedOeuf se bousculèrent dans sa tête. Il était certes, toujours certain d’avoir pris la meilleure décision en accord avec ses valeurs mais il ne pouvait s’empêcher de regretter certains membres du groupe. Il ne les avait connu que si peu longtemps mais on disait que l’aventure liait plus que dix ans. Une chose était certaine, il ne s’ennuierait pas de ce Tourment. Cet homme avait fait prendre au groupe une tournure violente et incompréhensible. Il agissait comme s’il était seul maître de la vie. Il tranchait sans aucune pitié le fil de la vie et semblait même y prendre plaisir par occasion. Will’ se jura de le retrouver un jour, et de lui rendre la monnaie de sa pièce. Il avait préféré fuir, en lâche, certes, mais c’aurait été du suicide que d’attaquer ce magnifique guerrier qui n’avait fait qu’une bouchée de trois hommes en deux temps trois mouvements. Au fond en perdant Rosimar à la tête du groupe, ils n’avaient que changé le mal de place. A l’avenir, le moine choisirait mieux ses fréquentations. Il avait d’abord été rempli d’enthousiasme à l’idée de faire partie d’une confrérie secrète aux motivations valeureuse. Maintenant, il savait que celle-ci n’était que mensonge et trahison. Il se demanda si Zarathoustra s’en apercevrait avant de ne plus pouvoir reculer.

CranedOeuf regarda la porte, puis s’avança rapidement. Il bouillait à l’intérieur. Il cogna trois coups retentissants sur la solide porte en bois et cria :

- Laissez-moi entrer Sans-Nom. Ou peut-être devrais-je dire Sans-Loyauté ? Vous m’avez menti sur toute la ligne. Vous ne m’intègrerez pas dans votre bande de gredins meurtriers.

Tass récupéra la clé donné par Gwinal, et l’étudia sous toutes les coutures, une fois fait et n’ayant rien remarqué de particulier, elle glissa la glissa dans son ceinturon et se recentra sur l’état des lieux.
L’Halfeline avait beau regarder en détail tous les coins et recoins de la cale rien ne laissait à penser et à voir qu’il pouvait y avoir un traquenard et si il y en avait un , Tass se disait que c’était une des plus belle cellule qu’elle n’ai jamais vu. De plus Gwinal était plus que crédible dans son rôle de " major d’homme ", soucieux du confort de ses hôtes.

¤ C’est clair que présenté comme ça tout paraît net. La grille me semble impossible à tenir fermé et nous retenir prisonniers, à moins de la celer par un sort magique, mais ces marins m'ont pas l'air de sorciers ou de magiciens. P t’être que j’me fais des idées ¤!

Mais malgré tout ça, Tass continuait à ressentir comme un frisson au bas du dos, comme pour la prévenir d’un danger potentiel. De plus ses compagnons semblaient partager le même avis et les mêmes sensations. Neferis paraissait tendu comme une corde d’arc prêt à claquer aux moindres mouvement des marins, Ulysse allait remonter sur le pont, bien décidé à ne pas se faire bloquer dans la cale, seul Nish le baron semblait terrifié depuis un petit moment et suivait bêtement le groupe. On l’aurait emmené en Outreterre ou dirigé vers les flammes de l’enfer, qu’il n’aurait pas eu plus de réactions.

La petite Hin se glissa entre les jambes des deux marins qui remontaient l’escalier et passa devant eux pour aller assister le baron à intégrer sa suite royale. Discrètement elle regarda en direction de Tourment, posa sa main sur la garde de son épée et lui fit un petit hochement de tête, lui signifiant. On fait quoi, on attaque ?