Enquête Macabre, Prélude du retour aux sources du Mal

Tout en dégustant les petites spécialités au goût sucré qui faisait son bonheur, Karan avait médité sur la situation. L’enquête sur laquelle il planchait depuis ce matin l’avait conduit ici, au temple d’Azouth. Il y a à peine quelques heures il ne savait pas qui était cette divinité. Il avait juste appris qu’Il, Azouth, était le Père de tous les mages. Et une partie de la réponse était ici, derrière ces murs.

Mais était ce tout ce que ce temple représentait ? Une réponse, ou élément de réponse, à un mystérieux assassinant ? Une simple piste ? Il observait ces murs, essayait de ressentir les forces qui pouvaient émaner de ce lieu saint. Il allait entrer dans ce temple, il le devait, pour Brion... Mais pas seulement...

Le jeune mage leva les yeux vers cette main et se dit :

¤ Et... Si c’était plus que cela ? Et si les réponses que je viens chercher ne répondaient pas seulement aux questions que je me suis posées depuis ce matin, mais aussi à celles plus anciennes auxquelles je n'ai jamais pu donner un sens? Pourrais je en apprendre plus sur… moi même, mon rêve, ma quête…? Serait ce ici que tout commencerait réellement pour moi? ¤

Il resta là encore quelques instants à réfléchir à la suite des événements. Il regardait les saltimbanques, les tours de magie de ces mages des rues, artistes à leur façon. Puis il sortit enfin de sa rêverie, souriant, le regard brillant.

Il savait ce qu'il lui restait à faire. Le jeune mage saisit son bâton, arrangea sa tenue, se tint droit et avança directement vers le temple dont il franchit le seuil, déterminé. Il avait laissé assez d’avance au couple pour éviter de les croiser dans le temple, enfin il l’espérait.

evant le regard venimeux de Goroth, Amras n'avait pu s'empêcher de frissonner. Un frisson non pas poussé par une quelconque peur, mais par un irrésistible sentiment d'exitation. Ce sursaut d'orgueuil de la part du mage, l'avait enchanté. Décidemment cette escapade devenait des plus attraillante et il n'était plus question d'abandonner la jeune prétresse entre les mains du clergé d'Azouth.

Il avait mené la halfelin jusqu'au temple, parvenant à éluder ses questions qui se faisaient de plus en plus préssentes. Mais l'heure n'était plus aux faux fuillants. Si'l voulait poursuivre cette fort sympathique aventure, il devait se montrer coopérant. Après tout, que risquait-il à confier quelques détails sans importance ?

-Je me nomme Amras Delgath. Mes ascendances ne vous diront, je le craint, pas grand chose. Ma famille ne s'est jamais illustrée au point d'être connue hors d'Halruaa. Mon statut me permet néanmoins d'avoir certaines relations, et de vivre à un train de vie nettement suffisant pour me consacrer pleinement à mon art. Comme vous avez dû le remarquer, je suis un mage. J'ai fini mes études à l'academie depuis déjà quelques temps et j'envisageait de faire construire ma propre tour, afin de me consacrer à mes recherches.

Il marqua une pose, feignant de réfléchir aux précédentes paroles d'Enmorien. La réponse était toute choisie, encore fallait-il ne pas en donner l'impression.

-Pour ce qui est de Velsharoon, je craint que les prètres ne vous apportent que des informations générales, dont la véracité se révellerai des plus aléatoires. Vous savez, ici, seul Mystra et Azouth sont vénérés. Les autres cultes restent bien souvent tabous, agissant dans le plus grand secret. J'ai moi-même quelques connaissances sur la question et peut-être pourrions-nous en discuter en un lieu plus approprié, et surtout moins silencieux ? Il serait fort regrétable d'attirer l'attention d'un inquisiteur.

Les dernières paroles d'Amras avaient provoqué un déclic dans l'esprit de la halfeline. Voilà donc ce qui provoquait le mutisme du mage et l'abondance du bruit autour du temple: les inquisiteurs. Une menace des plus désagreables et dérangeantes pour la prêtresse, qui pouvaient se révéler plus dangerereuses que toutes les autres, à la longue.

La halfeline se demanda soudain si les inquisiteurs pouvaient percevoir ces dialogues sans paroles qui étaient l'apanage de sa race. Certainement, et cela la rassura grandement. Elle aurait alors disposé d'un nouvel atout dans sa main...

Dans tous les cas, le 'hasard' qui l'avait mené à rencontrer ce mage s'avérait des plus profitables. Un mage d'une extraction sociale qui semblait plus haute que celle de Karan et d'un statut plus élevé. La connaissances des deux lanceurs de sorts offrait à Enmorien des opportunités qu'elle saurait exploiter.

-Seigneur Delgath, annonça la halfeline avec une pointe de reconnaissance dans la voix, je vous remercie grandement pour votre aide. Je serais ravie que vous m'accordiez un moment de discussion sur le sujet quand vous le voudrez. En attendant, même si je n'apprends pas grand chose comme je le crains, je ne peux éviter un entretien avec les membres du clergé. Ne serait-ce que par décence envers ces cultes. Azouth et Mystra sont des alliés de Kelemvor, et nous ne pouvons agir en ville sans qu'ils ne soient avertis.

Enmorien espéra que son interlocuteur ne possédait pas une culture religieuse importante. Depuis qu'il avait pris Velsharoon sous sa protection, Azouth était en effet fâché avec Kelemvor, même si aucune animosité n'était sensée affecter les relations des deux cultes.


-Bien, Seigneur Delgath, auriez-vous l'obligeance de m'introduire auprès des prêtres je vous prie?

Narration



Les trois protagonistes passèrent le seuil du temple d’Azouth en formant deux groupes, l’un emmené avec courtoisie par Amras, et l’autre constitué uniquement de Karan, qui souriait étrangement. Chacun purent remarquer que l’air y était beaucoup plus frais qu’à l’extérieur et bien plus supportable. Cette raison était suffisante pour que le temple soit bondé à cette heure, d’adeptes venant prier le Père de Tous les Mages.
Malgré la foule apparente, le bruit était atténué magiquement et il n’y avait pas d’échos dans la nef centrale. Enmorien et Amras purent remarquer que la structure et les décorations était plutôt différentes de celles du Temple de Mystra. De grands vitraux colorés envoyaient des lances de lumière chromatique sur le sol et donnait un peu de chaleur entre les pierres très blanches. Des colonnades semblables à de la craie semblait monter jusqu’aux nues, car lorsque l’on lève les yeux vers le ciel, une voûte magique apparaît et laisse l’impression qu’aucun toit n’existe.

Trois autels se tenaient au fond du temple, chacun gardé par un homme en tenue sacerdotale. Il pouvait bien là s’agir de prêtres, et cela réconforta Enmorien de ne pas avoir affaire à des stupides mages rongés par leur désir de domination. Elle remarqua aussi que ce temple était beaucoup plus vivant et accueillant, et qu’il ne semblait pas être exclusivement contrôlé par la caste magicienne.
D’autres prêtres, dont des femmes étaient occupés à faire de petites cérémonies ou à vanter les louanges de leur dieu, tandis que d’autres priaient en lançant quelques sorts, démontrant leur puissance divine.
Le plus gros autel était celui du milieu, tenu par un grand homme à la barbe finement taillée. Il portait le symbole d’Azouth sur sa robe et un sceptre à tête de bélier. Quand les trois jeunes gens tentèrent de l’approcher, ils sentirent une étrange vague d’énergie les traverser. Pendant uen seconde, Amras rayonna d’une lueur rouge, et Karan de son côté, d’une lueur mauve. Celui-ci d’ailleurs, se tenait un peu à l’écart et mijotait quelque chose..
A ce moment là, deux gardes de pierre animés sortirent de la pierre et se mirent en position au côté du prêtre. Ils n’avaient pas une position agressive, mais défensive et prête à toute éventualité.

Karan entra dans le cœur du temple. Il était majestueux, il n’avait encore jamais rien vu de tel.

¤ Quelle magnificence ! Quelle beauté ! Les architectes qui jadis construisirent ce temple étaient véritablement des experts et des génies. Et cette voûte céleste qui faisait office de plafond ! Que de splendeur ! A n’en point douter ce culte semble puissant. Souhaitons que je trouve ce que je suis venu chercher.¤

Il observa les personnes qui se trouvaient là. Un peu devant lui il reconnut Enmorien et cet homme qui discutaient. Il vit des autels, des prêtes, du moins lui semblait-il. Il y avait là ce grand autel, et cet homme. Peut être un prêtre. Soudain, une onde d'énergie les traversa et il s'en suivit d’étranges phénomènes.

¤ Mais ! Que se passe-t-il ? Quelle est cette énergie ? Pourquoi l’accompagnateur d’Enmorien irradie-t-il de cette lueur rouge ? Et moi ! Que m’arrive-t-il ? Pourquoi cette aura mauve m’enveloppe-t-elle ?... Comment ! Qu’est ce donc encore que cela ?... Deux créatures de pierre se sont créées là, sous nos yeux ? Représentons nous un danger ou est ce une façon particulière d’accueillir les gens ?¤

Le jeune mage recula de deux pas par précaution, sur ses gardes. Il ouvrit de larges yeux de surprise. Il ne céda pas à la panique, mais cette apparition l’avait choqué. Il surveilla les créatures de pierre et l’homme qu’elles semblaient protéger. Il marqua un temps d’arrêt.

¤ Pour une arrivée discrète sans tambours ni trompettes, c’est raté. Que signifie tout ceci ? Qu’a-t-il à craindre de nous, dans son temple ? Les temps seraient si difficiles que la méfiance est de mise de partout ?¤

Karan était arrivé après les deux compères, il restait donc en retrait par politesse, quelques mètres derrière eux, attendant que quelqu’un l’interpelle. Seulement les autres ne bougeaient pas et leur discussion s’éternisait. Il décida d’agir.

Il se dirigea d’un pas lent et mesuré vers le prêtre qui était devant le grand autel. Il s’arrêta à environ un mètre de l’homme et s’agenouilla. Il posa son bâton à terre et s’adressa à lui d’une voix calme et posée, la tête baissée, en toute humilité.

- La bonne rencontre à vous Maître. Je suis venu ici, en ce lieu saint pour expier une faute. Oui, j’ai commis une faute, grave, très grave. J’ai, jusqu’à ce matin et qu’un bibliothécaire me l’apprenne, ignoré l’existence du grand Azouth, Père des Mages, de tous les mages, dont je suis. Il ne peut exister à mes yeux plus grande faute et plus grande honte à porter que d’ignorer Azouth et son culte. Je souhaite avec votre permission et j’espère sans vous offenser, prier notre Père, le Grand Azouth, pour implorer son pardon et me laver de cette honte, ainsi qu'apporter une modeste offrande à son temple. Puis je, Maître?

Le jeune mage resta ainsi jusqu’à la réponse du prêtre.

Enmorien attendit que son accompagnateur l'introduise auprès du prêtre pour s'avancer. La lumière qui avait luit autour des deux mages et les gardes animés avait constitué une mise en garde sévère. Il y avait toutes les chances pour que le prêtre détecte qu'elle ne manipulait pas la magie, et il fallait désormais jouer sur un registre des plus subtils.

Après la présentation par Amras, Enmorien se rapprocha du prêtre et le salua avec un profond respect. Ce respect n'était qu'à demi-feint. Après tout, dans un pays aussi détaché de la religion que l'Halruaa, exercer des fonctions de prêtre méritait un semblant de considération.

-Grâce soit rendue au Père des Magiciens. Prononça-t-elle selon l'usage. "Je suis Enmorien Talassalande, envoyée du clergé de Kelemvor en Halruaa. Que le Dieu des Morts vous protège, vous et vos morts."

En observant autour d'elle, la halfeline remarqua la présence de Karan Goroth devant le prêtre. Le nécromancien n'avait pas pris beaucoup de temps pour son rafraîchissement, visiblement. Cela fit sourire la prêtresse.

Enmorien attendit patiemment que le prêtre lui adresse la parole pour se relever, et lui expliquer la raison de sa venue au temple.

Narration


Karan devança les autres en besogne, et se retrouva devant le prêtre, à genou, bâton au clair, et parla pieusement pour expier ses fautes.
Le prêtre fut étonné et leva un sourcil, il prit alors une mine très sévère et son visage se tordit à la façon d’un vampire devant la lumière. Il leva une main, mais cette main n’était pas pointée sur le mage, mais sur quelqu’un d’autre qui venait de s’avancer..
Les deux gardes de pierre parfaitement blanches, qui étaient dans une position basses, se relevèrent soudain et firent tournoyer leurs lances pour la caler à terre, à la façon des chevaliers. Tous deux, dans un élan synchronisé avancèrent d’une petite foulée, qui faisait tout de même bien au moins deux pas d’hommes, et se postèrent à équidistance du prêtre.

Test d’Art de la Magie d’Amras Delgath : ?
Amras, perdu dans ses pensées avait mené Enmorien sans un mot vers l’autel baigné de lumière presque aveuglante. Au moment où il fut nimbé de lueur pourpre rougeoyante, il eut le sentiment bizarre d’avoir fait un pas de trop. Il écarquilla les yeux en voyant le prêtre au visage menaçant, le pointer du poing, et vit les gardes de roche avancer.
Il recula instinctivement, main sur son grimoire, tandis que quatre prêtres, bien vivants, s’avancèrent vers lui.

- Vous n’êtes pas autorisé à pénétrer en ce lieu, magicien déclara l’un deux, en détachant lentement sa masse d’arme.
- Veuillez nous suivre hors du temple s’il vous plait fit un autre.

Le premier prêtre avait craché le mot magicien, comme une insulte, où comme sur quelqu’un qui essayait de se faire passer pour tel. Sous le regard de l’ensemble des personnes du temple, Amras fit demi-tour et fut reconduit hors de ce lieu sacré par les prêtres, qui le laissèrent dehors. Sous le regard dédaigneux des citoyens, Amras se sentait honteux et emplit d’une rage impuissante..

- Bien, voilà qui est réglé. Relève toi jeune apprenti, et reçois la bénédiction d’Azouth, pour ta volonté. Fit le haut-prêtre à l’intention de Karan

Karan est sous l’effet de Bénédiction

- Toute donation est la bienvenue, et nous t’en remercions, de la part du Père de Tous les Mages reprit l’homme, en posant une pain sur le crâne du mage. Sache que tu n’es pas le seul dans ce cas là, bon nombre de citoyens se tournent aujourd’hui vers Azouth, car sa renommée est en pleine croissance, et il est toujours agréable que des magiciens tels que toi voient la puissance de ce dieu telle qu’elle est, et je puis t’assurer que nous avons besoin de soutient depuis quelques temps.

L’homme avait parlé lentement, avec un ton autant fanatique que mystérieux. De plus, il arbora un demi-sourire qui s’effaça à l’approche d’Enmorien.

- Bienvenue Enmorien Talassalande, et que vient donc faire Kelemvor en ces contrées ou nul n’a besoin de lui ? reprit le prêtre.

Le ton employé avait été plus rude qu’avec Karan, mais pas pour autant irrespectueux. Néanmoins la hin devait compter sur ses talents pour ne pas éveiller l’animosité du prêtre afin d’obtenir ses renseignements.
Un homme en robe vint vers Karan, un encensoir et une bougie à la main afin de faire prier Karan et récolter sa donation, qui il l’espérait, serait généreuse.

Karan avait attendu patiemment la réponse du prêtre. Mais il assista d’abord à l’éviction de l’accompagnateur d’Enmorien dont il ignorait tout et cela continuerait ainsi. Il fut conduit dehors sous bonne escorte.

Le prêtre avait posé sa main sur la tête de Karan, et le jeune mage ressentit une paix intérieure le gagner. Ce qu’il avait vécu ces dernières heures lui paraissait moins pesant. Le vieil homme lui parla, un peu rudement, mais il devait en être ainsi certainement par un rang élevé qu’il devait occuper dans ce temple. Il fit allusion à ce geste de dévotion que de venir prier et aussi aux besoins d’aide sans cesse croissants auxquels le temple devait faire face depuis… quelques temps. La nature mystérieuse des problèmes que le culte d’Azouth rencontrait attisa la curiosité de Karan.

Le prêtre parla sèchement à Enmorien qui s’était avancée.

Puis avant qu’elle ne lui réponde, un prêtre chargé des prieurs était venu quérir le jeune mage. Tant l’offrande que sa piété étaient à l’honneur. Karan redressa son bâton, se releva lentement, et s’avança vers l’autel. Il fouilla lentement dans sa poche et sortit deux pièces de platine qu’il posa sur un coin de l’autel en guise d’offrande. Il n’était pour l’heure que simple prieur, et comme le prêtre le lui avait confirmé, apprenti. Ses moyens étaient donc limités. Mais il jugea l’offrande assez généreuse pour montrer au temple qu’il pouvait avoir quelques possibilités en ce domaine, cela devait susciter l’intérêt du clergé d’Azouth. Il s’agenouilla devant la grande pierre de l’autel, reposa son bâton au sol en long face à lui. Il posa les paumes de ses mains à plat sur l’autel, doucement afin que si le geste paraissait profane, il puisse l’interrompre avant qu’une catastrophe ne soit déclenchée. Il se redressa, mais toujours agenouillé, puis entama sa prière à voix basse telle que les prêtres l'entendent, mais pas Enmorien, il l'espérait, la tête baissée en signe de soumission.

- Ô Grand Azouth, j’implore ton pardon car j’ai commis une faute, j’ai ignoré ton existence, oui Ô Grand Azouth, je t’ai ignoré toi, Père de tous les Mages, toi, mon Père… Entends ma prière Père, entends ton fils qui t’implore, et accordes moi ton pardon, car j’ai fauté par ignorance… De cette ignorance aujourd’hui je ne veux plus acr elle conduit à la faute, mais à la Connaissance et au Savoir je souhaite accéder car ils conduisent à la sagesse. Entends ma prière et pardonnes moi, laves moi de cette faute et aides moi, Ô grand Azouth, mon Père. Que cette modeste offrande symbolise mon repentir et aide ton temple dans la recherche de la connaissance de toute chose. Absous moi, Père, s’il te plait.

Il fit une pause, releva la tête et fixa la voûte étoilée du plafond, puis il ouvrit son esprit et ne se concentra que sur certains faits marquants de son existence, qu’il sélectionna. Il revoyait sa famille massacrée, sa mère, son père… et sa sœur Illiandra, le cœur transpercé par une blessure fine et profonde. Elle était livide, calme et encore si belle dans la mort. Il se rappelait avoir pleuré tant et plus pendant qu’il la mettait en terre avec ses parents de ses mains. Ses ongles avaient mis des mois à repousser correctement. Mais la perte de sa sœur, il ne s’en était jamais remis. Son cœur saigne encore de sa disparition, il ne sera cicatrisé que quand il aura réussi, oui seulement quand il aura pu … Il se l’était juré. Il lui avait juré. Il devait y parvenir !… Peu importait le prix !... Peu importaient les moyens!... Il serra les dents… Il se rappela aussi les images des écoles de magie qu’il fréquenta. Tantôt souffre douleur, les brimades, les bagarres, tantôt esclave pour la transcription des livres anciens et de leur recopie pour les bibliothèques… Puis il revit le corps démembré de Brion, son ami mage… assassiné… sa carcasse mole et sanguinolente baignant dans son jus autours de laquelle il avait pataugé. Il imagea un crâne riant le front surmonté d’une couronne dorée...

Il implora de nouveau le Grand Azouth à voix haute, forte et intelligible, la tête toujours lancée vers la voûte du plafond, les bras levés au ciel, les mains grandes ouvertes, les doigts tendus comme s'il souhaitais les voir s'allonger et atteindre le plafond, concentré sur les images de sa vie qui défilaient dans son esprit.

- Entends mon appel Père, entends ton fils, aides moi Père, aides moi à acquérir la Connaissance car par elle je pourrais continuer mon apprentissage et mes recherches, aides moi Ô Grand Azouth à accomplir mon destin, réponds à mon appel et je te servirais. Acceptes moi comme fils. Réponds moi, je t’en supplie, Père. Entends moi, entends ton fils qui t’implore, qui implore ton pardon, qui … t’appelle!

Il abaissa la tête, s’agenouilla, arqua le dos, respira rapidement, les mains toujours sur le rebord de l’autel, concentré sur ces images qui défilaient, tournoyaient dans sa tête qui malgré le sortilège du prêtre, commençait à lui peser.

Enmorien ne put réprimer un sourire devant la ferveur toute nouvelle de Karan Goroth et sa prière pour le moins étrange. Elle repensa à ses remontrances quelques minutes auparavant et se plut à imaginer que ceci en était les effets. Mais elle ne se faisait guère d'illusion à ce sujet. La vue du nécromancie dans un tel manège et une position si misérable lui apporta néanmoins beaucoup de plaisir.

¤Apprends donc à implorer les dieux, magicien. Bientôt, oui, bientôt ce sera un autre dieu que tu supplieras...¤

Ses pensées revinrent rapidement sur le prêtre qui lui faisait face. Et cette affaire était beaucoup plus ardue. Les réticences du prêtre étaient plus que légitimes, et elle ne pouvait se permettre de se laisser démasquer maintenant, en plein temple, et devant Karan Goroth. Elle avait l'impression d'être tombée dans un nid de vipères, avec pour seule arme sa voix pour charmer les serpents.

-Le plan de fugue est vaste. Prononça-t-elle d'une voix qui se voulait la plus humble. Et ceux qui le parcoururent ne sont pas tous animés d'intentions louables. Sans Kelemvor, toutes les âmes des morts rejoindraient les Enfers ou les Abysses, et ne reviendraient jamais servir leur dieu pour l'éternité. Je crois qu'en ce point au moins, Kelemvor est utile au peuple d'Halruaa, sauf votre respect.

¤Au moins portera-t-il maintenant un peu de crédit à mon statut de prétresse. Maintenant, les réelles difficultés vont commencer.¤

-Mon clergé m'envoit auprès des cultes du Père de tous les Magiciens et de la Mère de Toute Magie pour une histoire qui concerne nos trois divinités. Vous l'aurez compris dès le début, il s'agit d'un problème concernant le demi-dieu Velsharoon et les cercles l'adorant.

La halfeline espéra que le Haut Prêtre eût remarqué la distinction qu'elle appuyait entre le Dieu des Morts-Vivants et les réelles divinités. Il ne s'agissait pas que ce détail échappe à son oreille attentive. Surtout maintenant qu'elle était sur le point d'avancer son argument décisif. Un argument qu'elle venait d'inventer, inspiré par le rejet d'Amras, qu'elle espérait factice mais efficace.

-Si nos informations sont exactes, il se pourrait que des adorateurs de ce demi-dieu cherchent à étendre leur pouvoir, et peut-être même via une forme de magie viciée qui échapperait à Mystra et Azouth. Certains de ces cultes seraient basés ici même, en Halruaa. Sauriez-vous quelque chose de leurs activités?

Narration


L’air était chargé d’électricité. De tensions. Ou.. De jubilations ?
Tous ces sentiments entremêlés provoquaient une atmosphère tendue pou certains individus, en rendaient progressivement furieux d’autres, tandis que certains se délectaient de la position des autres.
Le premier à en souffrir était Amras, qui fut éconduit hors du temple, pour une raison que ne connaissait ni Enmorien, ni Karan.
La petite femme quant à elle jouait sur un fil dangereux, d’une part par sa couverture, et de l’autre à cause de ses propos, qui ne plaisaient visiblement guère au haut-prêtre du temple d’Azouth. Son âme s’enjoliva à la seule vision d’un pieu Karan, mais qui en ce bas monde pouvait ne serait-ce qu’entrevoir les desseins de ce curieux nécromancien. Celui-ci menait rondement ses sombres objectifs au fil du temps, comme la racine d’un arbre noueux, ancré au plus profond de la terre.

Le prêtre accompagnant Karan dans sa prière hocha la tête et psalmodia des mots étranges, vantant les louanges de son dieu. Les pièces de platine furent accueillies avec enthousiasme et disparurent vite au fond d’un pot, qui au son, devait être rempli de pièces. Une mélopée mélodieuse qui sonna comme un torrent de miel aux oreilles d’Enmorien.
Cependant, ce son mélodieux fut gâché par le voix discordante du prêtre, qui s’avança vers Enmorien. Sa robe était d’un blanc pur, ornementé d’un bleu profond, et une étrange masse d’armes en forme de poing au doigt levé ornait sa ceinture.

- Sauf votre, respect, chaque halruéen qui compose ce bout de Faerûn est le digne descendant des arcanistes néthérisses, et chacun sait ô combien cet héritage est important. C’est pourquoi chaque personne vénère une divinité, ici représentée par Mystra, Azouth, Velsharoon et Savras, et uniquement eux. Les halruéens n’ont nul besoin de prier d’autres dieux, aussi futile soit Kelemvor. De plus son clergé doit être bien mince pour nous envoyer des subalternes qui n’ont aucune forme de protocole...

Visiblement, le personnage n’était pas très heureux de recevoir une soi-disant représentante de Kelemvor sous son toit, qui de plus, lançait des accusations sur le clergé de Velsharoon. L’homme croisa les bras dans son dos et fit quelques pas, alors qu’un autre prêtre vint le rejoindre. Celui-ci arborait une mine beaucoup plus effroyable que son compère, et son crâne nu arborait un tatouage de tête de mort très éloquente.

- Le culte du dieu nécromant est sous la tutelle du clergé d’Azouth. Nous contrôlons leurs sphères et veillons à ce qu’aucun débordement ne vienne éclater. Tout comme le culte de Savras, nous nous portons garant du bien fondé de nos trois ordres, n’est-ce pas ? fit le haut-prêtre
- Oui, et il faut préciser que sans le clergé d’Azouth, nous ne pourrions même pas prier.. librement répondit le prêtre de Velsharoon, d’une voix enrouée. Dites moi donc pourquoi un culte reconnu, et si peu représenté à Halarahh voudrait évincer les autres représentants de l’Art ? Ce que vous me dites n’a vraiment aucun sens, et pourrait être prit pour une grave accusation qui pourrait être traînée devant le Conseil des Anciens de Zalathorm. L’on ne vous enseigne donc rien dans votre culte ? Où est-ce une farce de mauvais goût ?

Le ton froid et pénétrant glaça le sang de la jeune femme. Le prêtre de Velsharoon n’aimait vraiment pas que l’on atteigne à son culte de la sorte, et la franchise d’Enmorien pouvait lui coûter cher, à cause de son ignorance sur la question.

- Une mauvaise plaisanterie, c’est ce que j’espère aussi, vraiment. Si vous voulez parler d’une magie pervertie, pourquoi n’allez vous pas demander à votre ami qui n’est pas le bienvenu ici ? Si vous n’êtes pas au courant, vous trouverez la situation vraiment ironique. Dit le prêtre d’Azouth.

Ces dernières paroles laissèrent un doute dans l’esprit d’Enmorien, alors que Karan venait de se relever de sa prière des plus ferventes. Le nécromancien n’avait pas perdu une miette de la conversation..

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