Enquête Macabre, Prélude du retour aux sources du Mal

Troisième jour de la Flétrissure, Anno : 1372
Lieu : Désert d’Halruaa
Temps : Obscur
Moment : Nuit


Tous
Le gnome sortit une espèce de petite branche de son côté, il en avait deux en mains et commençait à les agiter dans l’air comme un chaman. Il ne prit pas la peine de se retourner face à l’interrogation stupide de la femelle, mais il lui répondu tout de même avec dédain.

- Fffh fffh ffffh ! Maître gnome ! Nous n’sommes pas sur un marché imbécile ! Tu le sauras bien assez tôt ce.. ho mais !!

Prompt à réagir rapidement, Karan agita ses doigts furieusement pour tenter de convoquer une sale bête monstrueuse, qui apparut devant le gnome. L’humain ne voulait pas perdre de temps en babillage inutile et voulait en finir une bonne fois pour toute. Depuis son point de vue, il ne voyait plus que son gros mille-pattes boucher la vue, quand un éclair blanc vint le toucher. Le monstre s’était immobilisé.
Le gnome, ayant fini de reprendre ses esprits arrêta d’agiter ses baguettes et regarda le mille-pattes figé devant lui.
Une flèche vint ricocher sur le monstre et fit une estafilade sur la joue du petit. Il devint furibond tandis que le sang perlait sur son visage. Il avait l’air paniqué et tournait sur lui-même.

- Ha non non ! non qu’est ce qui m’arrive ! Pas maintenant !

La bête de Karan commença à basculer en arrière et tomba dans l’escalier. Elle se brisa en plusieurs morceaux, dont un qui roula sur le sable. Le mille-pattes était devenu une statue pétrifiée, démantelée à présent.
Seul le mage humain resta planté au milieu de la scène, tandis que les autres allaient se cacher ou trouver un meilleur point de vue. Karan put observer la lente transformation du gnome qui devint une sorte de petit nuage gazeux de couleur jaunâtre.
La masse de Ténèbres en profita pour lâcher un rire obscur qui retentit dans le désert et qui fit se disperser l’état gazeux du gnome.

Luna tente de se défaire de ses liens : Evasion : 11(d20)+2= 13 >< DD25 – Echec

Un lourd silence s’installa dans les ruines, tandis que la demi elfe essayait en vain, de se soustraire de ses entraves. Elle se débattait comme un saucisson sur le tapis et manqua de tomber dans le sable.
Son attention fut attirée, comme celle des autres, sur la masse sombre de Ténèbres. Un long soupir, comparable à une complainte les fit tous frissonner d’effroi. La masse noire comme le néant commença soudain à s’effriter dans l’horizon et tel un bouquet d’artifice, se mua en dans milliers de chauve-souris qui battirent des ailes dans un bruit strident qui déchira le silence. Chacune d’entre elle rejoignit avec rapidité les contrées de l’Est en survolant près des têtes des aventuriers.
Karan, totalement fasciné par ce spectacle avait beaucoup apprit depuis ces derniers temps, bien plus que s’il était resté paisiblement dans son école. Au fond de lui, il savait que les chauve souris étaient les messagers d’une puissance maléfique qui semblait les accompagner, tandis que les corbeaux représentaient les yeux et les oreilles de leur ennemi inconnu.. Une nouvelle force coulait en lui, il devait méditer à toutes ses interrogations et continuer sa dévotion à Velsharoon s’il voulait attirer ses attentions sur lui..

Dans la vaste plaine désertique, ne restait plus, dans un ciel redevenu calme et éclairé par les voûte céleste, que les quatre aventuriers, et une prisonnière qui s’épuisait petit à petit à tenter de se libérer..

Karan, Enmorien et Tharak sont fatigués

Le calme était revenu. La nuit étoilée recouvrait le désert où leur groupe étrange à bien des égards avait été rejoint par un elfe et une masse rampante encore non identifiée.

Furieux de la tournure prise par cette parodie de combat, Karan s’était d’abord attendu à ce que la lutte contre ce gnome fût plus intéressante. Il était surtout frustré de n’avoir pu offrir ce ridicule personnage à son dieu, Velsharoon. Certes il y avait bien meilleure chair en ce lieu mais celle là avait scellé son destin en les raillant. Il avait au moins appris ceci: à chaque combat différent correspondait une issue différente. L’avorton réussit à statufier sa créature par une technique qu’il ne perçut pas bien, ce qui attisa chez lui un regain d’intérêt pour le petit homme. Il lui jura de lui arracher le secret de cette technique, puis ensuite son cœur. Mais le gnome transformé en un nuage de gaz s’était évaporé dans la nuit, porté par un rire inquiétant qui retentit dans toutes les ruines environnantes, laissant le mage stupéfait. Qu’avait-il bien pu se passer ? Etait-ce cette voix puissante et mystérieuse qui l'avait dématérialisé ? Quelle que fut la raison de sa disparition, son sujet d’expérimentation venait de s’évanouir et avec lui tous les enseignements qu’une telle opportunité apportait. Il enrageait ! Une moue vicieuse et mauvaise déforma son visage. Il lâcha un cri de rage qui faisait écho à celui de cette voix qui venait de le détrousser de sa proie. Du moins, il la tenait pour responsable.

Sitôt le gnome volatilisé, les ténèbres se dissipèrent elles aussi en un nuage terrifiant fait de milliers de chauve souris. Le mage observa cet envol spectaculaire. Il pensa que ce voile de ténèbres, les chauves souris et cette voix formaient un tout, puissant et …maléfique ?… Oui, maléfique. Il en était sûr. Pourtant, « ça » ne leur voulait aucun mal, pour le moment… Etait-ce Velsharoon qui se manifestait ici dans ce désert alors qu’il ne le fit pas dans son propre temple ? Agissait-il pour tout le groupe ? Non… Son dieu avait bien d’autres soucis que sa petite personne. Le mystère sur cette ombre demeurait entier. Il se rappela les mots qu’il avait entendu « … ces seigneurs du désert sont enfin tous réunis… ». Les autres les avaient-ils entendus aussi ? Il ne savait que penser de tout ceci, ou plutôt si, une hypothèse germa dans son esprit tourmenté. Il regarda ses compagnons l’un après l’autre. Enmorien puis Tharak, l’elfe, et enfin le vermisseau qui s’activait en haut de son piédestal. Il en vint à marmonner entre ses lèvres desséchées par l’air brûlant de la journée quelques pensées.

¤ Seigneurs du désert ?... Pfff !... Cinq âmes perdues dans ce coin de désert. Cinq seigneurs régnant sur une langue de sable abandonnée de tous. Cinq êtres très différents qui n’avaient rien en commun, voilà ce que nous sommes vraiment… Sauf peut être ces deux là… ¤ Il regarda intrigué le Sombre et l'elfe, puis, leva des yeux méprisants vers le paquet ficelé. ¤ Cette larve aussi, un seigneur du désert ?... Mais quelle est cette mascarade ?... Qui s’amusait comme cela de lui ?... ¤

Il lui semblait qu’ils étaient manipulés depuis longtemps et qu’ici, dans ce désert, une étape supplémentaire de ce plan compliqué avait été franchie. Il scruta profondément la nuit, loin vers l’Est où la nuée s’était envolée, cherchant une réponse à ses questions.

Soudain, la fatigue et la lassitude s’abattirent sur ses épaules lui rappelant combien cette journée dans le désert fut épuisante. Il ne prêta plus aucune attention aux autres protagonistes et sans un mot, se choisit un endroit où poser son sac, soulager son corps courbaturé, et s’installer pour la nuit. Le pied de l’escalier où l’avorton s’était évanouit lui convenait. Il y flottait un agréable parfum à cet endroit.

Comme il posait son sac sur le sable, une nouvelle sensation le saisit, agréable celle-ci, qui contrastait avec la fatigue de la journée. Une force intérieure, venue de nulle part et de tout son être à la foi, s’insinua en lui. Jamais un tel frisson ne l’avait parcouru. Il se délecta de ce moment si particulier qui ne dura que quelques instants. Que signifiait cette impression de calme, comme celui qui succédait à un éveil d’un long sommeil ? Des souvenirs de ses cours de théologie, d’histoire, de cosmologie de l’académie, et de ses lectures d’ouvrages ésotériques de la bibliothèque, rejaillirent du passé et illuminèrent son esprit. Il s’ouvrait à une perception nouvelle de son environnement. Il entrevoyait de nouvelles possibilités, ce qui lui procura une immense satisfaction. Il se redressa, étira son corps engourdi de fatigue, respira profondément, et relâcha longuement l’air du désert ainsi inspiré. Il était calme et détendu.

Préoccupé par cette soudaine illumination, il songea à réorganiser ses anciennes connaissances abandonnées au seul profit de l’Art profane. Cette nouvelle force lui serait précieuse dans sa quête de connaissance. C’était comme cela qu’il progresserait et parviendrait à attirer à lui l’attention de son dieu, car plus que jamais, c’était ce qu’il souhaitait…

'issue du combat déplaisait extrêmement à Enmorien. Non seulement leur adversaire, et les précieuses informations qu'il aurait pu révéler, s'était évanoui, mais elle n'avait pu voir aucun des protagonistes à l'oeuvre, sinon Karan. Le seul dont elle eut déjà quelque idée de la valeur.

¤Et que vaut vraiment ce demi-drow étrange au combat? Et cet autre, apparu de Gargauth sait où, quel adversaire peut-il être?¤

Le seul réconfort pour la halfeline était de savoir que le danger était passé et, qu'en quelques minutes, de précieuses pièces du puzzle avaient été révélées. Pour elle, il semblait évident que le gnome avait été, pour un raison inconnue, châtiée et dispersée sous la forme d'un gaz. Peut-être était-ce une sorte de châtiment, mais une autre explication venait à son esprit. Le gnome était désormais une pièce inutile, un pion qui a rempli sa mission. Et la présence maléfique ne souhaitait en aucune façon qu'un ancien pion reste dans la partie.

Enmorien se releva pour observer la situation, puis continua son chemin vers la créature attachée. La fatigue de la journée, un instant occultée par la tension, lui revint soudainement. Intérieurement, elle maudit sa propre faiblesse, et s'interdit d'en laisser paraître quoi que ce fût aux autres.

Arrivée devant la captive ligotée, Enmorien hésita. Allait-elle libérer cet être gratuitement, sans rien en tirer, alors qu'il serait facile de la tuer, ou de la vendre? Peut-être même était-elle un espion prétendument captif...

-Par Kelemvor, qui es-tu? Lança-t-elle à Luna Coste sans la moindre douceur. "Et qui est cet être qui nous a menacés avec lequel tu es arrivée?"

u moins, c'en était fini de la voix de ce gnome stupide. Il s'était en effet volatilisé sous ses propres yeux, une fin qui n'était pas pour en déplaire à Luna, même si elle aurait largement préféré s'occuper elle même du nabot.
¤Je t'en aurais donné, moi, du "maître gnome", crétin!¤

Mais elle n'avait plus de temps à consacrer à la stupide créature, qui faisait désormais partie du passé. Elle avait beaucoup trop de problèmes pour s'autoriser à réfléchir à la manière dont elle se serait vengée du gnome.

Pour commencer elle était toujours attachée, et deuxièmement, elle savait désormais que, malgré ses efforts, elle n'arriverait pas à se détacher seule. L'aide nécessaire lui parviendrait elle de ceux qui s'étaient attaqués au gnome? Elle n'en savait rien, et, de plus, ne savait même pas qui étaient ces personnes, et combien ils étaient. Sa seule certitude était qu'il y avait au moins cette halfeline, qui venait de s'approcher d'elle.
Cette dernière ne s'était pas embarrassée de politesses inutiles pour lui poser ses questions, et employait un ton qui était loin d'être amical.
¤En fait, elle même est loin d'être amicale.¤

Luna jugeait les questions que lui posait la halfeline totalements stupides. Comment aurait elle pu savoir quoi que ce soit, dans l'état où elle était? En plus, la succession des évènements quelques instants auparavant lui avait définitivement fait perdre sa patience et l'avait rendue furieuse. Cependant, elle avait observé que la nouvelle venue l'avait fixée un certain moment avant de lui adresser la parole. Peut être celle-ci réfléchissait à son sort, et, dans ce cas il ne valait mieux pas la défier. Luna ne pouvait se permettre de perdre une chance de s'en sortir.

¤Mieux vaut me méfier, elle semble loin d'être inoffensive, et il serait particulièrement stupide de la convaincre de ne pas m'aider. En même temps...Il n'est pas forcément nécessaire de tout lui révéler sur moi. Après tout, moins elle en saura, mieux cela sera. De toutes façons, je n'ai pas grand chose à lui dire, et je pense qu'elle en saura bien assez.¤


-Qui suis-je? Je m'appelle Luna. Elle avait décidé de donner son vrai prénom. Après tout, son interrogatrice ne la connaissait sûrement pas ; elle était quand même loin d'être célèbre. "J'effectuais des négociations commerciales dans un petit village pour le compte de mon maître, un riche marchand d'Eauprofonde. Puis j'ai été amenée ici, sans savoir pourquoi. "Elle respira après avoir fourni une réponse à la halfeline, puis continua, en répondant cette fois ci à la seconde question de la halfeline.
"Quand à l'être qui vous a menacés, vous l'avez sûrement vu, à moins que je n'ai surestimé la vue des halfelins, c'est un gnome, mais je n'en sais pas plus. "Dit elle en se moquant de la halfeline,sans aucune intention de le dissimuler.

peine Tharak eut-il gagné les couverts que la rare végétation offrait que la scène connut des évènements aussi forts que brefs. Puis le calme était revenu sur l’oasis et la luminosité de Séluné avait repris ses droits sur l’étendue désertique.
L’assassin n’avait pas même eu l’opportunité de s’emparer de son arbalète de poing pour faire taire le nabot.
Il semblait bien que le nécromant soit en fait responsable de la disparition du gnome, au grand dam du crinti qui avait espéré par là pouvoir prouver sa valeur assassine.
¤ Pas mal pour un enchanteur ! ¤

les individualismes reprenaient déjà le dessus au cœur de la petite communauté artificielle. Le mage avait l’air épuisé par l’effort qu’il venait de fournir ; rappelant par-là au bâtard qu’il ressentait lui aussi une fatigue certaine après la traversée de ce foutu désert.
Voilà qui expliquait sans aucun doute l’égoïsme du mage qui s’empressait de s’installer pour une bonne nuit de repos.
La halfeline , de son côté, s’approcha de ce qui ressemblait fortement à une prisonnière. Tharak prit alors la direction des ruines et interpella la pseudo-prêtresse de Kelemvor.
- Ne la libère pas tout de suite. Qui sait qui elle est vraiment ? assurons-nous qu’elle ne représente aucun danger avant de la laisser maître de ses gestes. Qu’elle soit sorcière ou guerrière, elle ne devrait pas être dangereuse tant qu’elle est privé de l‘usage de ses mains."
le trio déjà difficile à cerner se voyait confronté de minute en minute à de nouveaux intervenants. Et aucune avancée substantielle ne s’était produite depuis des heures. Tharak reprit la parole à l’attention des deux comparses.
"Au diable cette nouvelle charge ! là n’est pas notre objectif. Faisons-la parler et allégeons-la de ses éventuelles possessions avant de bénéficier de quelques heures de repos et de reprendre la route. "
Alors le crinti se rendit compte que le soit-disant Gantelet avait disparu des environs. Pris d’un réflexe typique de proie, il fit un tour d’horizon afin de localiser le Tel’Qessir qu’il avait remarqué armé d’un arc quelques minutes auparavant. Aux aguets la Lame de l’Amasstarte se tenait prête à plonger à nouveau.

a colère et la haine, trop longtemps contenues ces derniers temps, empourpra les joues d'Enmorien. L'intervention de Tharak intervint exactement au moment parfait. Non seulement il permit à la fausse prêtresse de se resaisir, mais il donnait des arguments non négligeables contre la prisonnière.

-Je crois que j'ai mieux à faire que de la laisser intacte dans le désert, Tharak. Et ses possessions terrestres n'intéressent pas une prêtresse comme moi.

Joignant les gestes à la parole, Enmorien soutira la bourse de Luna et la donna à Tharak.

-Partagez-vous ceci déjà. Je pense que tu trouveras l'utilité du contenu, et que maître Goroth aura toujours quelques composantes ou ingrédients à acheter pour ses recherches. Quant à moi...

La halfeline s'approcha du visage Luna. Tirant sur la chevelure, elle força cette dernière à la regarder.

-Je me dois de rétablir la justice divine pour cette mécréante. Kelemvor n'apprécie nullement que l'on se moque de ses serviteurs, et tu répondras de ceci devant Lui. La questionb est: Vais-je t'envoyer dès à présent devant lui, ou vais-je te laisser encore corrompre quelques temps le sol de Toril?

La halfeline amena alors ses doigts sous le visage de luna, les plaçant juste sous les yeux. Ses ongles touchaient les cils de la prisonnière.

-Tu as surestimé la vue des halfelins, as-tu dit. Je comprends, tu n'as jamais essayé une demi-vue. Mais je peux arranger cela, et t'oter cet oeil qui te gène pour nous comprendre.

La voix d'Enmorien se réduit soudain à un léger murmure.

-Avant que cela ne t'arrive, dis-moi, quel dieu vénères-tu et que t'est-il VRAIMENT arrivé?

Bienvenue parmi nous, Luna!

Entre la fatigue et ses introspections, Karan avait tout d’abord laissé ses compagnons se débrouiller avec les deux arrivants tombés d’on ne savait d’où. Ces gens représentaient un danger pour leur groupe, ils pouvaient être des espions envoyés par les assassins de ses camarades. Il envisageait même un réel complot avec l’avorton comme pilier central de cette machination qui avait mal tournée. Le gnome devait nous pétrifier, ses complices détourner notre attention et modérer nos actes. Mais il était mort. Il restait donc la femme, heureusement entravée, et cet archer, qui étaient prêts à dire n’importe quoi pour sauver leurs misérables existences...

Débarrassé de son lourd paquetage, il se redressa de nouveau. Bien droit, campé sur ses jambes, serrant fermement son bâton, il resta planté en bas de cet escalier à surveiller fait et gestes, ainsi qu’à écouter les conversations. Il se tenait prêt à intervenir si nécessaire.

Enmorien jeta son dévolu sur la femme ligotée, et la questionna. Il était étrange de voir cette petite femme si digne dans sa robe de prêtresse agir avec autant d’agressivité sitôt son accoutrement plié dans ses bagages. Elle agissait par instinct, comme si la pieuse attitude qu’elle affichait en ville n’avait été qu’une façade. Quelle Enmorien était la vraie ? La réponse lui viendrait ensuite.

La prisonnière répondit des banalités qui ne lui garantissaient ni sa liberté, ni la vie. Ce qui déclencha une réaction inattendue chez le Sombre qui ne réclama rien de plus qu’on la détroussa et la tua. Karan s’extasia de voir la vraie nature de ce sang mêlé se révéler. Comme celle d’Enmorien qui, non contente de la dominer, associa le geste à la parole de Tharak en détroussant sa proie. Le mage jubila quand elle dissimula derrières des motifs religieux le bien fondé des tortures à venir. Mieux ! Il éclata d’un rire sadique et nerveux. Avide de sang et de barbarie, il monta même les premières marches des escaliers afin de suivre de plus prêt les sévices qui allaient suivre. Quelle expérience fantastique ! Enmorien aimait le sang, elle aussi. Il sourit largement.

Il songea de nouveau à Tharak, qui, par ses propos incitatifs à la rapine et au meurtre, remontait dans son estime. Surtout s'il partageait le butin dérobé à Luna, comme elle se nommait... Mais le Sombre en avait aussi après l’elfe qu’il ne cessait d’appeler gantelet. Cette dénomination l’intriguait sérieusement. Le drow le connaissait-il ou pas ? Que ce passait-il entre ces deux là ? Bien que attentif à ce qui se passait au dessus de lui, il tendait ses oreilles vers les deux adeptes de la langue elfique…

artagée entre la colère et la peur, Luna se demandait comment la situation pourrait être pire. Là où elle attendait de l'aide de la part de la halfeline, elle n'avait reçue que de l'animosité et maintenant des menaces, qu'elle était loin de prendre à la légère. La halfeline, qui était manifestement une prêtresse, était désormais accompagnée de deux compagnons, dont un n'avait pas caché sa volonté de la dépouiller avant de l'éliminer. D'ailleurs, la halfeline avait rapidement répondu à la volonté de celui-ci en lui soutirant sa bourse, avant de la donner à ce même compagnon. Elle avait ensuite promis à Luna de mettre ses menaces à exécutions à moins que celle-ci ne réponde à sa question, qui concernait la raison de sa présence ici.

Elle essaya de se concentrer, afin de proposer la réponse la plus organisée possible, bien qu'elle eut un certain mal à organiser ses pensées avec les doigts de la prêtresse pressés contre ses yeux.

¤Toujours ce même genre de question! Comment est-ce que je pourrais te le dire?! Moi même, je ne le sais pas,alors... Est-ce que c'est une raison pour me voler mes affaires et vouloir me torturer, de toutes façons?! Et par une misérable petite halfeline!¤
À vrai dire, Luna n'en revenait toujours pas ; elle aurait peut être compris cette brutalité et cette haine de la part des deux comparses de la prêtresse, mais, venant de la part de la halfeline elle-même, cela ne manquait pas de l'étonner.
¤Le problème, c'est que sa haine est dirigée contre moi! Et il ne faut pas s'attendre à de l'aide de la part des deux autres, à moins qu'ils ne cachent sacrément bien leur jeu.¤
D'ailleurs, quelle aide pouvait elle bien espérer de la part de quelqu'un qui avait lâché un grand rire lorsqu'il avait entendu ce que la prêtresse comptait faire? La panique se mêlait désormais à sa colère contre la halfeline.
¤Tant pis pour la bourse, j'aurais toujours l'opportunité de la récupérer si je m'en sors vivante, mais la priorité maintenant, c'est justement de s'en sortir, et répondre à sa question, même si je n'en connais pas la réponse.¤

Détournant son regard de la halfeline, elle commença sa réponse, d'une voix peu assurée.

-Pour ma part, je révère Mask, depuis un certain temps désormais. Elle continua à répondre à la halfeline, toujours sur le même ton de voix. "Pour ce qui m'est arrivé, c'est peut être dur à croire, mais la seule chose que je peux dire, c'est que je n'en sais rien!! "

Elle avait insisté fortement sur le dernier mot, et l'avait presque crié à la halfeline en face d'elle. Maintenant, elle ne pouvait rien faire d'autre. Elle avait dit la stricte vérité, et tout dépendait maintenant de la halfeline et de ses compagnons.


Merci

e contentement qui emplit Enmorien ne paraissait nullement sur ses traits. Si la réponse et le désarroi de Luna provoquait un sentiment de joie indescriptible en la halfeline, celle-ci avait l'habitude de cacher ses émotions, même les plus fortes.

Le visage qu'elle montra à la prisonnière était froid et soucieux, sans la moindre compassion visible. En ce dernier point au moins, elle était parfaitement honnête.

-Ton dieu malingre et faible ne te protègera pas de la juste colère du Dieu des Morts. Au nom de Kelemvor, je me dois de rendre mon châtiment. Dois-je croire ton histoire abracadabrante, ou te punir pour tes méfaits?

Sans bouger d'un iota, Enmorien observa Luna, comme prise dans une réflexion intense. Pour tous, il était évident qu'elle hésitait à laisser la prisonnière saine et sauve, ou à l'éborgner sans autre jugement.

Mais il n'en était rien. Dans le même temps, la halfeline parlait directement dans l'esprit de Luna, sans prononcer le moindre mot.

-Je te tuerai sans aucun remord s'il le faut. Mais sache que ton salut n'est pas gagné. Je n'ai aucun amour pour Mask, et pour ses ténèbres ineptes. Mais il est d'autres puissances dans le monde, qui ne demandent qu'à aider et fournir les pouvoirs les plus noirs. Suis-moi, et je te montrerai la voie des ténèbres. Refuse cette sortie, et tu retrouveras ton dieu plus vite que prévu.

Arrêtant sa communication silencieuse, la halfeline relâcha ses traits, légèrement, comme si elle était venue à une conclusion. D'une voix haute et claire, elle rendit son "jugement".

-La rémission de Kelemvor ne sera pas facile à obtenir. Acceptes-tu de renier ton dieu pervers, et de jurer fidélité à notre groupe. Ne te trompe pas, c'est ta seule chance, Luna.

Caché dans les ombres d'une ruine, Elwë observait la scène entre l'étrange groupe et la nouvelle venue.La demi-elfe était plutôt en mauvaise posture...Bien que l'envie de loger une flèche dans le crâne de la Hin le démangeait, Elwë se retint d'entreprendre quoi que ce soit d'insensé.Secourir la jeune femme et s'en faire une éventuelle alliée aurait été opportun s'il n'y avait point eu le demi-drow : celui-là pouvait être une meilleure planche de salut.

En le regardant bien, Elwë se remémora sa jeunesse à Eauprofonde et ses incursions à Port-au-Crâne, où il avait quelquefois côtoyait des drows et des demi-drows.Un frisson lui parcourut l'échine à ces seuls souvenirs, ces rencontres n'ayant guère étées amicales.
Toutefois, un sourire se dessina sur ses fines lèvres : l'agitation du bâtard l'amusait.Il était évident que son entrée tonitruante y était pour beaucoup...le pauvre homme devait croire sa vie en danger, l'arrivée d'un membre de la Guilde étant rarement signe de bon augure.
¤ Soyons prudent mais jouons le jeu, si ça peut aider...¤

Gravissant silencieusement de vieux escaliers, l'elfe se percha en haut d'une ancienne bâtisse et posa son regard sur le mage.Ce-dernier l'intriguait et le terrifiait.Malgré sa nature elfique, Elwë honnissait plus que tout la magie et tout ce qui l'entourait.Trop d'abstrait, trop de folie, trop de puissance.Une légère brise le tira de ses pensées.
¤ Bon, il est grand temps de réapparaitre. ¤

L'elfe sauta du haut de la ruine et se réceptionna avec souplesse, sans un bruit.L'arc toujours à la main, un oeil curieux dardé sur le mage, Elwë sortit de l'ombre.

-

Un énigmatique sourire accroché au visage, il poursuivit à l'attention de tous.

- Je crois avoir compris que nous sommes tous des...Seigneurs du Désert, c'est ça ? lançant un regard amusé à la halfelin " ménageons-nous, si nous devions d'aventure faire route ensemble."

S'arrêtant une seconde, il se frotta pensivement le menton.
-D'ailleurs, si l'un ou l'une d'entre vous pouvait éclaircir un tant soit peu cette surprenante histoire, je lui en serais redevable"