Les esclaves, Eltabar

a naine offrit à la puissante guerrière en armure un sourire aussi étincelant que l'aube sur son Grand Glacier. Cela peut sembler étrange mais elle était heureuse de pouvoir aider les esclaves. Pourtant, elle n'avait jamais aimé faire le ménage, elle détestait même cela. Toutefois, cela pourrait lui permettre de porter secours aux pauvres esclaves. Elle commença donc à s'approcher d'une esclave qui effectuait le service afin de l'aider dans cette tâche ingrate. Elle lui prit lentement le plateau qu'elle transportait, il contenait divers fruits colorés et somme toute appétissants, et commença à se diriger vers la table afin de servir ceux parmi les esclaves qui seraient leurs compagnons. Nombreux était ceux que la jeune naine ne connaissait pas, notamment l'elfe et l'halfeline, et qui allait être dans un avenir proche ses compagnons en terre inconnue et probablement plutôt hostile. Ne sachant pas vers lequel se tourner en premier la prêtresse du dieu endormi décida d'aller converser avec la jeune halfeline.

-Salutations, jeune demoiselle. La naine fit une révérence tout en faisant son maximum pour ne pas renverser le plateau en équilibre plutôt précaire. Mon nom est Gunlann Landeblanche, originaire du Grand Glacier loin au nord de cette contrée. Le puissant Ulutiu, maître des glaciers et de ses habitants, me fait l'honneur de m'accepter comme sa servante. J'ai cru comprendre que d'ici peu nos destins risquaient d'être étroitement liés.

La jeune Inugaakalikurite avait prononcé ces mots suffisamment fort pour que l'elfe entende aussi ses paroles. Il allait lui aussi les accompagner et, si elle avait bien compris ce qu'il venait de dire, il était un adepte de l'Art. Et elle savait que cela en faisait un allié de choix. Toutefois elle ne put rester inactive très longtemps car elle avait demandé à aider à faire le service elle devait s'en acquitter. Elle continua donc son tour de la pièce passant devant Daleto et la guerrière en noir, puis vers ses compagnons de la Compagnie des Marches, s'arrêtant lorsque certains décidaient de se servir dans son plateau. Tout en continuant ses tours de la pièce, la prêtresse était prête à retourner continuer, ou commencer une discussion, avec ceux qui le souhaitait. En passant elle demanda aux deux esclaves qui s'occupaient du service avec elle leurs noms. Elle savait qu'un nom était peu de chose mais que le simple fait de se faire appelé par son nom était déjà une preuve de son humanité, chose que l'esclavage pouvait finir par faire oublier à ceux qui en étaient les victimes.

Karth était resté suspendu aux lèvres du mage, écoutant avec attention chacune de ses paroles. Les révélations concernant la cité d’Undrek’thos avaient quelque chose de mauvaise augure. L’idée d’être obligé d’abandonner son équipement et son arme en particulier n’était jamais chose aisée pour un guerrier. Mais pire encore, Karth allait devoir se contenir au milieu de tous ces lâches qui étaient incapables de se battre et d’assumer le poids de leurs paroles. Il connaissait les bardes et avait une idée de leur capacité à vous embrouiller l’esprit avec toutes leur belles paroles. Mais si en plus ces bardes étaient Drows...

¤Seul des lâches et des faibles peuvent résoudre un duel avec des mots. Et ils croient ainsi échapper à la loi du plus fort… Il faudra que j’avertisse tous les autres de ne pas tomber dans ce piège, surtout l’intenable rashémi.¤

Le sourire du mage ne répondait pas à sa question, cependant ses paroles étaient encourageantes, et Karth n’avait pas de raison de se méfier outre mesure à cet instant précis. Il observa donc minutieusement l’anneau, qu’il tenait dans la paume de sa main gauche, comme pour en percer le secret. Incapable de voir au-delà de son apparence commune et de sa rune, le guerrier se résigna et se passa l’anneau à l’auriculaire droit. Apportant un poids et une température différente à cet endroit, mais il s’y habituerait bien vite. Le guerrier releva les yeux une dernière fois vers son Seigneur et inclina respectueusement la tête, une tendance naturelle la faisant légèrement tourner vers la droite. Se redressant il le remercia.

- Je vous remercie, Seigneur Fezim. Je saurais surmonter ces épreuves, et j’accomplirais ma tâche.

Le guerrier fit un pas un arrière et se retourna promptement prêt à rejoindre ceux qui étaient désormais ses compagnons de route.

Karth arriva dans la salle à manger et fut agréablement surpris par ce qu’il trouva. Tout d’abord, une table somptueusement fournie, mais aussi la présence et l’attitude de ces personnes qui n’étaient pas celle d’esclaves. Car comme il l’avait signalé plutôt à Ramas Fezim, avoir des servants avec soi lors d’un combat était totalement inutile. Il faudrait qu’il révise son point de vue et son jugement. Ces aventuriers lui étaient toujours inférieurs, mais ils n’étaient plus de simples esclaves. Il les verrait désormais comme des hommes sous ses ordres. Bien entendu, comme il l’avait déjà remarqué, la violence ne semblait pas avoir beaucoup de succès, donc il lui faudrait montrer sa supériorité par le combat et le commandement. Ce sur quoi il n’avait aucun doute.

Le thayen s’approcha et s’installa à la table de manière à avoir un maximum de personnes face à lui. Il pourrait alors tous les observer, et les regarder droits dans les yeux pour connaître leurs réactions lorsqu’il parlerait.
Ce qu’il fit avant d’entamer le repas. Il parla d’une voix forte et claire de manière à être entendus et compris de tous.

- Ecoutez-moi tous. Seigneur Fezim, vient de me donner les dernières indications concernant cette mission, qui est désormais la notre. Je sais que certains d’entre vous essaient déjà d’échafauder un plan pour déguerpir au plus au plus vite. Son regard se posa nonchalamment sur la petite halfeline, puis passa sur la naine qui servait divers plats. "Mais sachez ceci : votre amie humaine, accomplira ce voyage, et ne redeviendra libre que lorsque tout ceci sera terminé. Donc si vous accordez de la valeur à ce que vous nommez amitié, vous nous accompagnerez. Quant à ceux qui ne se sentent pas concernés, j’espère juste qu’ils auront assez d’honneur pour ne pas fuir lâchement, auquel cas, une mort rapide leur sera assurée, quelque soit l’endroit ou nous serons."

Alors qu’il parlait, Karth faisait tourner le nouvel anneau qu’il avait au doigt machinalement, pour s’y habituer. Il était maintenant prêt pour les remarques assassines inutiles et pour les questions plus techniques concernant la mission.

¤ Ca y est, il s’arrête déjà de causer le Balty? Il faut dire qu’il mange, ça n’aide pas un nain comme celui là à être bavard. Tant d’émotions ont du lui donner un exces de zèle verbal, mais apparemment, ça lui est passé. ¤
Tout en restant attentif à une éventuelle réponse du végétal, il observa Gunlann en train de s’improviser serveuse de Thay.
¤ Sans doutes une coutume « Inugaakalikurite » comme elle dit. Le servi devrait servir. A moins que sa mentalité si gentille lui ordonne de montrer sa volonté de ne pas accepter l’esclavage. C’est amusant. Je n’irais pas jusqu’à faire pareil, parce que je suis un homme, et un fier Rashémi de surcroît, mais quand même l’idée est bonne.
En tout cas ça ne l’empêche pas de parler, la naine. ¤
D’ailleurs, comme elle semblait en attente d’une amorce de conversation, repensant à une vieille histoire de son peuple sur le respect qu’un supérieur devait aussi à ceux qu’il commande, il dit à la polaire :
« Une vieille histoire Rashémi raconte qu’un grand roi, après une guerre où il avait gagné, avait réuni les perdants, et, pour montrer que tous devaient enfin s’unir et arrêter les guerres, il passa au milieu d’eux avec une bassine remplie de neige et des serviettes chaudes pour leur laver les pieds. Même que l’un des autres, surprit, avait dit « mais, oh grand roi, je ne suis que le chef d’une simple tribu de pécheurs, c’est à moi qu’il me revient de te laver les pieds. » .
Alors que Nasky cherchait à se rappeler la suite de son histoire, c’est le moment opportun que choisit Karth pour faire son apparition de manière aussi cérémonieuse qu’un garde chauve se prenant pour un roi « garni ».
¤ A propos d’humilité, voilà le complexé à poil ras. ¤
Le demi-tonne (¤autant se forcer à pas penser demi Rashémi, ca pourrait me sortir sans que je m’en rende compte. Ca le vexerait sans doutes ¤) s’assit sur la chaise qu’il avait l’air de vouloir prendre pour un trône et observa l’assemblée avant de déféquer ses paroles puantes.
Nasky lui trouvait, en bon Thayen qu’il essayait d’être, l’air exagérément sérieux d’un père missionnaire qui, improvisé berger, essaie de réunir ses brebis égarées.
Son discours fut aussi bref qu’inintéressant.
Il remarqua particulièrement un anneau qui semblait plus un bijou, voir un bijou magique, qu’une pâtisserie locale.
¤ S'il essaie de nous faire croire qu'il lit dans les pensées, lui aussi, il peut s’entraîner encore un peu. Il a autant la gueule d’un mage que moi et Baltanin. En tout cas, si son anneau lui permet des trucs pareils, il ne va pas s’ennuyer souvent avec ce que je vais penser. ¤

Alors que Karth avait terminé son inutile discours et qu'il observait la pièce d'un air inquisiteur, Naskyrien laissa le plus naturellement du monde échapper un rot au volume correct, signe d'un repas aprécié, et profita de cette rupture du silence pour demander au prétentieux tondu qui avait l’air de connaître tant de choses depuis son isolement avec le collectionneur d’aventuriers, :
« Et les flagelleurs manteaux, c’est qui ceux là ? »

Daleto se rappela pourquoi il n’avait pas adressé la moindre parole à la froide représentante de l’autorité du Mage rouge présente dans la salle à manger. Chacune de ses phrases étaient mêlées d’un dédain profond pour la diplomatie et l’art de la délicatesse. ¤ Autant parlé à un mur de marbre, à côté d’elle il semblerait plus chaleureux … cette réponse était prévisible, elle était gelé dans les traits de son regard avant même qu’elle n’ouvre la bouche … cette femme n’est au courant de rien comme je le pressentais. Je vais plutôt faire confiance au coté avide de ce magicien, s’il m’a choisi, ce n’est pas pour me mettre en première ligne ni pour faire la cuisine, attendons un peu … rien ne presse, laissons les pions se mettre en place. ¤ pensa-t-il en reportant son attention sur la naine qui entamait un ballet étrange afin d’honorer son culte.

L’elfe doré observa et écouta ce qu’avait à dire le thayen nouvellement promu de la charge cette dangereuse mission, son discours symbolisait à lui seul l’énorme responsabilité qui pesait sur lui à présent. Il se plaçait à la tête du groupe comme un tyran, cruel et sans pitié, abatant les pièces faisant faux bons aux instants capitaux, l’amour par la peur en quelque sorte. Ou plutôt la peur par l’amour en pensant à la dure menace de perdre pour toujours une amie chère.

Quelle était la notion d’honneur que le guerrier voulait souligner en parlant de la sorte. Il n’y avait aucun honneur à fuir en laissant ses compagnons de mésaventure derrière soi, certes, mais n’y en avait-il pas un à se soulever contre celui qui dominait par la peur et le réduire à néant pour la liberté, pour l’amour de la liberté. Chacun pouvait voir l’honneur où il le voulait selon son karma. Daleto aperçut la nouvelle babiole au doigt du guerrier, un cadeau de son maître sans aucun doute. ¤ Un nouveau pouvoir pour plus de pouvoir ... ¤

Sentant Karth prêt à répondre à la moindre interrogation, l’elfe crut bon de prendre la parole mais il fut coupé par la question du barbare blond qui avait le don de poser sans retenue des questions sur les choses dont il ignorait la réponse.
¤ Bon laissons cela aux ignorants, j’ai bien mieux à faire …¤ se dit-il en se rappelant de ses cours de l’école de magie.

En se concentrant suffisant, Daleto avait la possibilité de savoir si son familier, Gaty, était présent quelque part autour de lui et ainsi connaître ses émotions grâce au lien magique les unissant. Il savait que s’il était dans les environs, leurs esprits se rejoindraient. L’elfe doré ferma les yeux, toujours debout adossé contre son mur, et tenta de faire le vide dans son esprit. Les bruits de la pièce s’effacèrent peu à peu, le silence s’instaura lentement en lui permettant à tout ses sens en éveils de déceler la moindre émotion lui parvenant. Jamais il n’avait utilisé cette technique de concentration, car jamais ils n’avaient été séparés. Grâce à cela, il avait l’occasion de vérifier si les dires de Saphiir étaient justes.

Le rôdeur ne prêta aucune importance au guerrier de retour. La seule chose qui avait retenu son attention c’était que la prêtresse humaine serait libre à leur retour.
Baltanin sourit lorsqu’il entendit le barabre demandé à la cantonade ce qu’étaient les flagelleurs mentaux. Visiblement lui non plus n’avait pas suivi un tertre mot des paroles de Karth.

¤ Bien, puisse qu’il veux être chef l’autre machin la bas. Bin, il va comprendre que ce qu’il dit ne m’intéresse pas. ¤

Il posa le morceau de viande qu’il tenait et s’adossa encor un peu plus au siége. Il prit un air grave et tourna la tête vers Naskyrien.

- Un flagelleur mental, mon ami, est une créature presque humaine à part qu’en guise de bouche il a plusieurs tentacules. La rumeur prétend que tous les nains qui en ont croisé un sont soit mort soit complètement fou. D’après les information que j’ai ils sont maître dans la lecture d’esprit et que lorsqu’ils ont réussi à planter les tentacules dans la tête d’un adversaire ils sont capable de les décapiter. Voila, tu en sais autant que moi maintenant.
Il chercha alors sa congénère du regard en evitant delibérement de regarder dans la direction de Karth et l’interpella.

-Hey, Gun, tu en sais plus toi sur ces bestioles ?

Cela fait, il prit un fruit et mordit dedans à belle dents.

Toujours étonné par la différence de rapidité réactionnelle qui existait entre les deux nains, content, néanmoins, de constater une réaction du rôdeur, Naskyrien en oublia complètement le cérémonial Karthien.
Alors que ce dernier, après son solennel discours Thayen, se sentant visiblement investi d’une mission importante, attendait de pied ferme l’avalanche de questions concernant leur voyage, le barbare trouva les histoires de son camarade de guilde beaucoup plus interessantes .
Néanmoins, quand ce dernier lui raconta que les fameux flagelleurs avaient des tentacules à la place de la bouche, il ne put s’empêcher de faire un parallèle avec les tresses rouges qui entouraient l'orifice bucal du végétal devenu presque bavard.
Il fut pris d’une énorme envie de rire qui lui fit remonter en travers de la gorge un petit reste d’épice Thayen
Luttant contre cette euphorie qui pourrait toucher la susceptibilité du nain, la meilleurs idée qu’il trouva pour ne plus avoir en tête l’image tentaculaire du barbu fut d’en détourner la tête, le visage atrophié par une difficile tentative de retenir ce redoutable fou rire.
C’est donc un Rashémi au bord des larmes hilarantes qui éclata d’un « pouf » aussi indiscret que projeteur d’un vent aux senteurs « raffinées ».
Malheureusement, les deux Thayens chauves, si sérieux et si solennels, se trouvant dans la direction du souffle odorant, ces derniers ne purent éviter d’etre dans les sillages de cette brise annonciatrice des futurs danger d’Outreterre.
Heureusement, ces goûts assez douteux étant justement destinés aux carcasses de poulets déplumés Thayens, et, de plus, les deux acolytes étant chauves et donc sûrement peu soucieux de leurs parures frontales, le barbare, assez accoutumé à ce genre de manifestations stomacales, pensa que le fait ne devrait pas déranger outre mesure.
Se rappelant néanmoins qu’il n’était pas ici chez sa grand mère et qu’il se trouvait même dans un milieu prétendu civilisé, il jugea quand même bon de s’excuser et, entrecoupé d'un rire incontrolé et normalement plutot communicatif, il dit :
- Oh pardon, m’sieurs dames, mais ce qui me fait rire, c’est qu’il demande à Gunlann ce qu’elle pense des barbes, euh .. des tentacules avaleuses de cervelles…

Ne sachant plus trop comment s’en sortir sans paraître idiot, il se tourna vers Daleto afin d’attirer l’attention sur quelqu’un d’autre
- Eh, vous, monsieur l’elfe d’or, vous les connaissez sûrement, vous, ces décapiteurs aux dents longues?

a naine avait à peine commencé sa lente progression lorsqu'elle entendit la question posée par Baltanin et Naskyrien. Elle décida de ne pas stopper sa marche pendant qu'elle leur répondait. De toute façon, sa réponse ne serait pas longue.

-Mon cher Baltanin te réponse a été assez complète, je pense. Je ne peux qu'ajouter que c'est un peuple esclavagiste donc infâme, petite pique pour les Thayens et extrêmement dangereux. Sinon, j'en ai déjà vus plusieurs, rarement en combat tout de même, et je ne pense pas être folle. À moins que ce ne soit le sens réel de ta phrase camarade.

La naine fit un sourire au nain pour lui montrer que, même si il la pensait réellement folle, elle ne lui en voudrait pas. Sa lente avancée la mena donc juste devant Karth. Elle leva la tête pour le regarder dans les yeux. Elle savait qu'elle allait encore entendre des remarques acerbes de ses camarades mais cela ne la gênait pas, elle y était habituée et Karth l'avait gravement blessée.

-Vous avez l'air de douter de ma loyauté et je n'aime pas ça. Je vais donc sur le champ vous montrer ma dévotion. La naine déjà naturellement d'une taille plutôt modeste se mit à genoux devant Karth. Elle regrettait de ne pas avoir une arme pour rendre plus formelle la situation. Elle se mit à prononcer haut et fort les paroles apprises par cœur et déjà récitée à deux reprises. Moi, Gunlann Landeblanche, fille de Bohran, descendant par les mâles du grand et puissant Eld Landeblanche plus connu sous le nom d'Eld Triple-Hache, lui même héritier par les femme de Eorl Guerrecouronne d'Adbar, seigneur du Grand Delzoun, Gunlann était passée par Adbar pendant son voyage entre le Grand Glacier et Sundabar et avait été très bien accueillie même si elle n'avait pu voir son lointain cousin le roi Emerus , jure sur ma vie et sur les barbes de tout mes ancêtres que Faerun a eu l'honneur de porter, elle chuchota presque cette partie et, sans vouloir me montrer présomptueuse ou désobligeantes, chacune vaut un royaume ô combien plus grand que ne l'est Thay même en y incluant la terre de mon camarade barbare, elle reprit sur son ton du début de suivre chacun de vos ordres tant qu'ils ne s'opposeront pas à l'éthique, de faire passer le succès de notre mission avant toute chose et de faire passer votre vie avant la mienne. Par la gloire d'Ulutiu, la mémoire de mes ancêtres et la vieillesse du Glacier, je suis à votre service.

La naine espérait qu'après cette tirade le guerrier, qu'elle n'estimait pas plus qu'avant, mais si on ne devait suivre que les gens pour lesquels on a de l'estime personne n'aurait de chef, serait convaincu de sa loyauté.

Attendant la réponse de l’elfe qui semblait rêvasser et alors que le forestier parleur intermittent sonorisait sa tirade d’un croquement de pommes, Gunlann continua le coup de la glacière loyale. Sa réponse sur les tentaculés et le parallèle esclavagiste rouge amusa beaucoup le barbare, sans pour autant lui relancer ses éclats de rires ou un autre rejet gastrique, le dernier lui ayant d’ailleurs libéré la gorge.
En s’agenouillant devant Karth, la petite avait encore plus l’air de se moquer du Thayen en le prenant pour un Halfling ou autre Gnomidoïdes de petite taille.
Pourtant la fin de son discours le surprit et même sa phrase sur les terres barbares l’énerva un peu.
Ne désirant pas couper la parole à la naine, réalisant que le Karth, chef ou pas, allait les guider dans cette intéressant et périlleux voyage où ils risquaient de rencontrer des elfes ni dorés ni adorés , des tentacules décapitantes et même des portails moins accueillants que ceux des Thayens, il ajouta tout de suite après Gunlann :

- Ouais, ca c’est causé. Une vrai parole de claneuse des glaciers. Néanmoins, je voudrais dire que les terres de Rashéménie ne seront jamais un royaume. une partie de mon peuple étant déjà à moitié rasé et soumis , l’autre moitié, libre, fière et chevelue que je représente ne sera jamais esclave. Ca, moi, je le jure.
Mais je peut assurer aussi que tant que notre guide comprends cela, je le suivrai dans cette mission sans rechigner ¤ enfin pas trop ¤
J’ajouterai que j’aimerais bien savoir ce qu’il arrive à notre belle prêtresse qui est devenue muette depuis son agression sentimentale par votre « multi maitre ». Egalement, j’aurais bien aimé savoir pourquoi la jolie demi pointe ne vient pas avec nous. Il a pas assez d’esclaves le sieur Fezim ?
Il venait, à cette derniere phrase, de regarder la guerrière enferraillée.
Bien sûr, ne voulant pas vexer davantage Karth, il ne lui fit pas l’affront de s’agenouiller devant lui.

Le guerrier patienta quelques instants avant de recevoir les premiers retours à son discours. Bien que certains aient voulu l’ignorer dans un premier temps, la naine des glaces, fut la première à se manifester franchement. Il s’attendait à une réponse sèche et aussi froide que les glaciers d’où elle venait... Mais au lieu de cela, bien autre chose l’attendait.

Il la regarda droit dans les yeux tandis qu’elle parlait. Il fronça légèrement les sourcils lorsque cette dernière s’agenouilla cérémonieusement pour lui faire son serment. Ses derniers mots, le surprirent encore plus...

¤ "Je suis à votre service." Mesure-t-elle le sens des paroles qu’elle vient de prononcer ?¤

Alors qu'il réfléchissait à la réponse qu’il fournirait à cette belle déclaration, le Rashémi intervint à son tour, prêt, lui aussi, à montrer un certain soutien. Naskyrien avait entendu les paroles de la naine, mais pour le guerrier thayen, le doute que le barbare avait totalement compris leur sens planait encore.

Le fier guerrier thayen garda le silence quelques secondes, observant tour à tour la naine agenouillée et le fier rashémi blond. Il réfléchissait.

¤Pourquoi ce serment, je ne veux pas d’esclaves sur le champ de bataille, je veux des gens capables et déterminés à remplir cette mission qui nous a été confiée... Cependant... ¤

Karth prit une profonde inspiration, son regard brillait différement. On aurait plus s’attendre à un regain de supériorité et de dédain, mais ce n’était pas l’impression qui s’en dégageait. Au lieu de cela, quelque chose d’indéfinissable mais ferme.

- Relève toi, Gunlann Landeblanche, fille de Bohran.
Saches, tout d’abord, que la dévotion n’était pas ce que je demandais. Cependant j’accepte ton serment et te prends à mon service dans les conditions que tu as citées.
Saches aussi que bien que je sois prêt à croire en ta loyauté, celle-ci ne se démontrera pas par ce beau discours, mais par tes actes futurs.
Pour l’instant, ta détermination et ta volonté de remplir la tâche qui nous a été confiée me suffiront. Mais je n’oublierais pas tes paroles, naines des glaciers. Sois-en certaine.

Le Thayen laissa la naine mesurer ces propos, l’espace d’un instant. Rien de ce qu’il avait dit ne lui semblait désobligeant au point de provoquer une nouvelle réaction de fureur de la naine. Il se retourna alors vers le fier barbare Rashémi.

- Rashémi, je connais l’histoire de "notre" peuple, ainsi toutes les différences qui nous séparent. Comme depuis la première fois ou nous nous sommes rencontrés, je respecterais ces différences, tant que tu les respecteras toi aussi. Alors, ensemble, nous pourrons accomplir cette mission.

Après toutes ces paroles, le guerrier se cala contre le dossier de sa chaise, avec sur le visage, ce qui se ressemblait le plus, depuis leur première rencontre à un sourire. C’était plutôt une moue démontrant une légère satisfaction.

¤Voilà des conditions bien plus propices à l’accomplissement d’une mission, restent les réactions des quelques autres...¤

Poursuivant son dialogue avec le barbare, Karth répondit vaguement à la situation concernant Omsath et Lyael.

- Seul un manipulateur de l’Art, fit-il en regardant Daleto "pourra te renseigner sur l’état de la prêtresse aux yeux verts. Quant aux souhaits de Seigneur Fezim, concernant ton amie "demi-pointe", je ne les connais pas et n'ai aucun jugement à porter sur eux."

La respiration du guerrier semblait être plus fluide, peut être cet échange avait légèrement baissé la tension qui régnait entre toutes ses personnes depuis le début de la journée...

Concentré à l’extrême, Daleto se battait pour calmer le flot chaotique de pensées et de sentiments qui envahissaient son esprit incessamment. Le ton changeant de son visage montrait qu’il n’arrivait pas à distinguer les sentiments les uns des autres, il lui était impossible de savoir s’ils étaient les siens ou ceux de son petit compagnon. De plus, les événements dans la salle à manger perturbaient son difficile exercice et au final, à trop vouloir les ignorer, il ne voyait et ne ressentait que ce qui se déroulait devant lui. Les différentes questions qui lui étaient adressées étaient imprimées dans sa tête et amenaient à elles toutes les informations qu’il avait lues ou entendues à leur sujet. ¤ Cet exercice n’est pas aussi facile que je l’aurais pensé, peut-être ai-je abandonné trop rapidement, je réessayerai plus tard … au calme. ¤

Ses yeux se rouvrirent et il débita dans un premier temps tout ce qu’il savait sur les fameux flagelleurs mentaux, c'est-à-dire pas grand-chose :

« Et bien, cher ami, commença-t-il en direction de Naskyrien avec un ton neutre et posé, les flagelleurs mentaux, également appelés Illithids sont des êtres diaboliques vivants dans les Profondeurs. Ils ressemblent effectivement à des humanoïdes avec un tête rappelant la forme d’une petite pieuvre à quatre tentacules. Leur met favori est la cervelle de créatures intelligentes qu’ils adorent sucer alors que celles-ci sont encore consciente … marquant un petit temps pour reprendre son souffle, enfin vivante de moins. Ils usent de pouvoirs télépathiques extrêmement puissant pour neutraliser leur proie et se réunissent tranquillement pour passer à table. Voilà ce que je sais à leur sujet, le reste j’espère ne pas le découvrir trop vite … » finit-il avec une légère moue de dégoût.

Puis il s’attaqua à la question étant plus dans son domaine de prédilection, il prit une grande inspiration et dit :

« Votre amie est simplement victime d’un sort puissant de charme qui a pour but de neutraliser toutes idées et émotions négatives et hostiles du sujet sur le lanceur de lanceur et ses alliés. Cet enchantement fait donc croire à la cible que ses assaillants sont des amis et peut se retourner contre ses propres alliés, à la demande du mage, sans aucun état d’âme et les aider à les neutraliser. C’est un exemple parmi d’autres de son utilisation …
L’effet peut durer très longtemps chez de puissants mages. Celui-ci n’est que le moins puissant d’une liste très longue. Toutefois dans le cas présent, c’est un peu différent … il marqua un temps pour désigner avec ses mains l’air l’entourant, il semblerait que ce pouvoir soit contenu dans l’air de cette demeure, ce qui explique le comportement étrange que vous penserez avoir eu, en ce moment même, en sortant d’ici » termina-t-il avec un léger sourire moqueur en direction de la naine agenouillée et de Naskyrien ravi de sa nouvelle « amitié ».