Le trésor de Guerrak Olecham

Même si Lazarus ne s’interrogeait pas moins sur le fameux navire avec les balistes, il jugea rapidement que trop poser de questions pourrait éveiller la méfiance du marin sur leur nature exacte et leurs buts secrets. Le borgne se contenta donc d’enchaîner à la suite du mensonge d’Ulysse et de l’enjoliver afin de lui donner un peu plus de poids.

- Ouais, t’inquiètes pas mon gars, hier t’as pas cessé d’nous raconter tes déboires avec la famille d’Olecham, si on avait été en bon terme avec eux on t’aurait vite fait un deuxième sourire mais t’as d’la chance t’es tombé aussi sur deux marins qui aimeraient ben leur causer des tracas, s’tu vois c’que j’veux dire…
Il avait ponctué son intervention d’une explication gestuelle en mimant un égorgement avec son crochet.

" Qu’est ce qu’y z’on put’faire à toi les marmots du vieux briscard ? Nous on leur doit un chien d’notre chienne mais toi… Tu m’as pas l’air d’êt’un gars qui pourrait avoir d’vrais ennuis avec eux, ou alors… Ou alors t’avais trop cuvé hier soir et t’essayais d’te faire mousser auprès d’tes compagnons d’beuverie, hein ? C’est ça ? T’les connais même pas les Olecham j’parie !"

Narration

Lazarus et Ulysse Bluff réussite automatique

Tous

L'homme qui venait de se réveiller les regarda avec des yeux montrant que la consommation d'alcool était une habitude pour lui. Bien qu'il ne soit pas âpte à conduire un chariot, il pouvait néanmoins répondre à leur subtile interrogatoire. La dernière question de Lazarus fit rougir de colère notre consommateur d'alcool.

-Si j'les connais pas. Ca m'ferait mal. J'étais un membre de l'équipage du temps que leur père était le capitaine. Il était cruel avec ses ennemis mais savait généreusement récompenser les gars sous ses ordres. C'est pas l'cas de sa progéniture. Ils ont commencé par faire le grand nettoyage au sein d'l'équipage si vous voyez c'que j'veux dire. Ils ont même viré l'ancien lieutenant de Guerrak. Un type bien pourtant. Moi c'que j'en dit c'est qu'les deux et leur compère boiteux, ils complotent un truc à faire palir Cyric. D'ailleurs je me suis toujours demandé si c'était pas eux qui avait fait passer l'arme à gauche à leur père.

Il reprit son souffle et prit dans sa main le seul godet qui était remplit d'eau. Il le porta à ses lèvres puis voyant son contenu, se ravisa tout en gardant le récipiant dans sa main.

-Ah il m'faudrait un r'mède de cheval pour faire partir ce mal de tête. La p'tite Krelina aurait pu m'aider c'est sûr. Elle s'y connait en plante, mais méfiance elle utilise les poisons depuis qu'elle doit être gamine. Une sacrée vicieuse j'peux en témoigner. Par contre c'est une sainte à côté de son frangin. Il ne sort jamais de son bateau sauf pour prendre celui d'un autre. Un sacré combattant celui là. Y en a plusieurs qui ont essayé de prendre sa place et tous se sont retrouvés à nourrir les poissons. Et pis il faut faire gaffe à leur troisième larron qui leur sert d'homme à tout faire. Le boiteux comme il se fait appelé. J'pourrais pas vous en dire grand chose, il ne parlait jamais de lui.

Il se leva en direction de la fenêtre et regarda le bateau qui terminait ses préparatifs de départ.

-Et celui là qui part pour pour PortCalim. Il va falloir plus que des balistes pour arrêter les pirates lorsqu'ils passeront près des iles Nélanthères. Mais au fait vous ne m'avez pas dit pourquoi vous en vouliez tant aux rejetons d'Olecham ?

Il leva son verre et le bu d'un trait. Il eut à peine le temps de le reposer qu'il écarquilla les yeux de surprise et se prit à deux mains le ventre. Il roula au sol et dit entre deux gémissements de douleur.

-La garce, elle m'a ...

Les deux compères se précipitèrent sur l'inconnu pour constater qu'il était déjà mort. Ulysse regarda le gobelet qu'il avait tenu il y avait à peine quelques secondes et remarqua une étrange odeur sans pour autant arriver à l'identifier. Une chose était sûr, ils se retrouvaient une fois de plus avec un cadavre sur les bras. Une situation qui revenait un peu trop souvent ces derniers temps. Au moins ils avaient appris des choses aujourd'hui et connaissaient un peu mieux leurs ennemis, ainsi que le navire qui se dirigeait vers une destination proche de la leur.

gain bonus XP=40 informations sur le bateau à quai

Ulysse mit ses doigts sur la gorge du matelot, plus de pouls, yeux révulsés. C’était un sacré poison, efficace en quelques secondes.
Tourment consulta brièvement Lazarus du regard. Le défunt devait avoir été un bon élément, il avait la passion dans ses mots quand il parlait de son ancien Capitaine, qui d’après lui, était un bon bougre envers les siens. Impossible pensa Ulysse, que le vieux Olecham puisse laisser un testament si gentillet à l’intention de sa progéniture diabolique, sauf s’il voulait les faire tomber dans un traquenard, et sauf si.. Il était encore de ce monde. Après tout, personne n’a retrouvé son corps, mais il y a quand même laissé son navire.
Les éléments se bousculaient dans la tête du pirate, des éléments qu’il n’avait pas forcément envie d’entendre, et qui signifiait qu’ils avaient mit la main sur quelque chose de sérieux.

- Tsrrahaha… Des catapules.. Peu importe leur taille, ils n’iront pas bien loin contre les sloops rapides de leurs adversaires fit Tourment à demi-voix, moitié pour lui-même

Son regard était lointain, et sa main était fébrile, comme une vieille hantise qui reprenait. Il pensa soudain à la Tour. Et se releva d’un bond, gloussa et regarda la fenêtre d’un air dur. Ses pensées allaient vers le Boiteux, ce gros porc était donc le nouveau lieutenant des Olecham, si on pouvait dire cela ainsi. Inutile de faire la remarque à Lazarus, lui aussi avait des oreilles. Il leur restait donc la Sœur, qui était tendre comparé à son frère à ce qu’avait dit le matelot – ça promettait – et le Boiteux, fidèle entre les fidèles. Le toutou à sa mémère. Quoi qu’il en soit, leur alliance ne serait pas éternelle, un jour ou l’autre, l’un d’eux prendra le dessus.
Le Lieutenant était mort, c’était donc bien lui, ç’avait l’air d’un type bien selon les dires du même matelot.
Lui-même avait été éliminé, mais le poison était déjà dans le gobelet, or personne n’était entré depuis que Ulysse et Lazarus étaient là. Alors la petite avait déjà prévu son coup. Les Olecham avaient d’ailleurs virés tous les « bons » éléments de leur nouveau navire, et les liquidaient un par un. Ils connaissaient l’Amn, et ça, ce n’était pas bon du tout.

- Dommage pour le p’tit, il aurait peut être pu v’nir avec nous, ç’avait l’air d’être un bon marin, et il avait l’air d’en savoir long sur.. Sur qui tu sais. Bon, on taille la route qu’est ce qu’en dis ? On est pas en sécurité ici, allons fureter du côté des docks, le gros Ballista (qui désignait le navire en partance pour Portcalim) passe par les Nélanthères on dirait.

Tout en parlant, Ulysse bu une rasade d’eau de sa propre outre. Il n’était pas question de toucher à quoi que ce soit ici, et puis il n’y restait plus rien, si la donzelle était passé il y a peu..

Comme avait du le faire également son compère, Lazarus avait médité un instant sur la virulence d’une telle toxine. S’ils avaient disposé d’un peu plus de temps peut-être aurait-il pu tenter de retrouver la trace de son créateur sur le marché noir. A près tout les individus capable de manipuler et créer des chef-d’œuvres comme celui-ci ne pouvaient être légion.
Mais le navire qu’Ulysse nommait la ‘Ballista’ semblait proche d’appareiller et peut-être serait-ce leur seul moyen de les rapprocher de leur but, puisque étant sans le sou.
- Ouais, t’as raison mon ami. Traçons vite fait dans l’sillage d’cet arsenal flottant et tâchons d’savoir qui en est l’capitaine. P’têtre qu’on arriv’ra à s’faire engager pour croiser à son bord ?

Main sur la poignée de la porte pendant que Tourment achevait de se sustenter, le borgne regardait une dernière fois les lieux. Cette maison avait été le dernier lieu que connu cet homme qui avait dû être un bon marin. Il était mort dans cette porcherie, assassiné comme on écrase un cancrelat, sans honneur ni possibilité de défendre sa peau tannée par le sel de mer. Une mort infâmante qui fit trembler un instant Lazarus. Il n’avait pas peur de mourir mais il se refusait à penser que cela puisse être dans ces conditions.
Il ouvrit la porte donnant sur les quais.
S’il venait à croiser le fer avec les rejetons Olecham, il saurait leur rappeler le bon souvenir de ce frère de la côte trépassé. Après tout, il aimait à penser que l’on fasse la même chose pour lui.

" Allez, grouillons nous ! C’est peut-être notre seule chance…"

Narration
Lazarus psychologie 16(dé)+5(comp)=21 DD=13 Réussite
Ulysse psychologie 7(dé)+0(comp)=7 DD=13 échec

Tous

Les deux hommes sortirent de la cabane le plus normalement possible pour ne pas éveiller les soupçons. Ils se dirigèrent ensuite en direction des navires qui étaient à quai. Une fois devant le navire baptisé 'le sans-souci', ils purent voir un étrange attroupement où discutait assez vivement un homme se tenant face à un groupe d'une quinzaine de personnes. Ils se rapprochèrent pour mieux entendre la conversation bien qu'elle était suffisamment claire pour tous ceux qui passaient à proximité.

-Vous êtes membre de cet équipage et je vous ordonne de monter à bord.

-Alors ça s'ra sans moi, je ne veux pas aller à une mort certaine. dit une voix dans le groupe.

-Ou alors doublez la solde et peut-être qu'on y repensera. enchaîna une autre.

Il y avait visiblement un profond désaccord qui opposait ces hommes. Nos deux compères, vinrent se mêler à la foule de plus en plus nombreuse qui entourait les antagonistes. Il y avait toujours un plaisir malsain à admirer une belle engueulade qui pouvait virer à la rixe. Surtout lorsque il s'agissait de marins qui s'opposaient à leur supérieur. Celui qui faisait face à la foule ne paraissait pas du tout impressionné par la rébellion de ses hommes et annonça sur un ton assez intimidant.

-Vous ne voulez pas rester et bien partez ! Ce ne sont pas les marins qui manquent ici.

Ulysse fut épaté par l'aplomb du bonhomme alors que Lazarus, un sourire en coin, perçu le coup de bluff magistral de ce dernier. L'effet qu'il cherchait à produire ne marcha que partiellement. Dix des hommes qui s'étaient joints aux revendicateurs, se dirigèrent bon gré mal gré vers le navire et montèrent à bord. Seuls cinq gars partirent n'ayant pas succombé aux paroles trompeuses de l'inconnu et partirent en lançant.

-Et bien bonne chance capitaine, on se retrouvera en enfer.

Celui-ci fit une mou dubitative, et voyant la foule devant lui prononça d'une voix de stentor.

- Y a-t-il des volontaires pour un voyage jusqu'à PortCalim. Quinze pièces d'or par tête arrivée à destination, gîte et couverts compris.

Un immense gaillard sortit de la foule et se présenta spontanément devant lui.

- Moi j'en suis, je pourris ici depuis trop longtemps.

- Tu sembles assez fort pour subir les contraintes de ce voyage, mais sache que si tu ne conviens pas une fois à bord, ce sont les poissons que tu iras nourrir. Alors toujours partant ?

-Plus que jamais capitaine !

-C'est bon je te prend, d'autres volontaires ?

La foule nombreuse au départ, voyait ses rangs s'éclaircirent au fil des secondes qui s'écoulaient. Peut-être que nos deux pirates pouvaient profiter de l'occasion et trouver un moyen de transport gratuit ?

Asticotant du coude son collègue pirate, le borgne lui glissa dans un murmure:
- Y vont à PortCalim, c'est not'route ça ! Nos îles sont sur l'chemin... En forçant un peu la main droite du diable, on d'vrait pouvoir s'faire la belle tôt ou tard pour s'rendre là où tu sais.

Tout en parlant, il n'avait cessé de regarder le Capitaine du navire, détaillant chacun des ornements de sa tenue, épiant ses attitudes, tout ceci afin de se faire une idée la plus précise du personnage.
Lorsqu'il eût suffisamment étanché sa soif de renseignements, il fit un pas en avant en agrippant de son crochet son camarade afin de le tirer à sa suite.

- Hep, Capitaine !, héla-t-il, "vous pouvez compter deux valeureux matelots d'plus pour vot'splendide navire de guerre. Vous trouv'rez pas mieux sur ces quais, inutile d'chercher parmi ces mous-du-bide."
A Ulysse, discrètement. "On a pas l'choix d'tout manière, mon gars. C'est l'destin qui nous l'envoie."

'L'oeil' regardait l'assistance sans montrer son inquiétude. Dans leur plan, il y avait bon nombre d'inconnues qu'ils n'avaient malheureusement pas le temps de résoudre en un aussi court laps de temps. Il était évident que si autant de marins refusaient d'embarquer, c'est qu'ils allaient mettre les pieds dans une histoire qui pourrait se révéler dangereuse plus que de coutume. Quoi que...

Ulysse avait regardé le Capitaine avec attention, mêlant admiration et suspicion, celui-ci semblait bien manier la parole, mais Lazarus n’était pas du tout emballé par son discours, simplement par la destination. Alors Tourment fronça les sourcils et resta sur sa réserve de jugement, même si le gaillard lui plaisait bien.
Un autre gars vint se présentait alors que l’Oeil faisait du coude, ce mec était immense, et plutôt spontané, Ulysse ne l’avait pas remarqué jusque lors. Peut-être moisissais vraiment ici, ce qui expliquait son entrain, mais le « sans-soucis » (nom qui vraiment n’allait pas avec ce qui les attendaient) n’étaient pas le premier navire à prendre des marins, mais peut-être bien le premier depuis longtemps à passer à côté des îles, et le grand n’était peut-être pas là par hasard.
Ulysse garda son visage en mémoire quand Lazarus parla au Capitaine, qui faisait vraiment une sale bobine en voyant les deux lascars.
« C’est l’destin qui nous l’envoit »
¤ Mouais, moi je crois pas aux coïncidences et au fruit du hasard, bordel… ¤

Puis, ajoutant aux propos de son compère,
- Vrai de vrai Cap’taine, y’a pas meilleur que nous là où vous allez, car tous ces mous-du-bide ont la frousse au cul d’passer du côté des pirates, or nous, les pirates, on a souvent à faire à eux, et pas toujours en bien si vous voyez c’que j’veux dire. Alors à force, on commence à bien les contrecarrer.

Pourquoi ne pas enrôler des marins qui savent à quoi s’attendre, et qui connaissent l’ennemi mieux que personne ? Voilà ce qu’avança Tourment, et sûrement ce que le Capitaine penserait. De toute façon il allait avoir besoin de main d’œuvre qualifiée pour ce voyage, alors Ulysse sortit de son baluchon un cahier recouvert de cuir et le présenta au Capitaine. C’était son cahier de bord, avec ses postes occupés lors des traversées sur des navires de guerre, de course, ou encore de transports. Une étiquette de cuir était fixée à la dernière page, avec le nom de Willian (unique nom visible sur tout le cahier) et le sceau du dernier navire. Rien n’était faux dans ce livre, enfin, pour celui qui connaissait le code approprié pour déchiffrer les vrais noms.
Pendant que le pirate donnait ses références, il observa tous ceux qui se présenteraient derrière eux, car il craignait quelque chose...

Narration

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Le capitaine feuilleta le livre que lui avait tendu Ulysse. Il s'arrêta plus longuement sur les dernières pages et sans un commentaire le rendit à Ulysse. Il observa de haut en bas nos deux compères et après les avoir regardés attentivement finit par leur dire sur un ton interrogateur et suspicieux.

"Et ben on peut dire que vous avez pas mal bourlinguer, mais une chose que je ne comprend pas, comment vous êtes vous retrouvez à terre ? Mais laissons là ces questions gênantes. Je ne peux me permettre de faire la fine bouche lorsque je vois arriver des marins confirmés, surtout lorsqu'une bande de marins cupides me fait du chantage."

Il regarda le reste des badauds qui se trouvaient autour, cherchant d'autres volontaires, mais l'attroupement se dispersa presque aussi vite qu'il s'était formé. Devant le capitaine se tenait les trois nouveaux membres du 'sans-souci' prêt à embarquer. Le capitaine s'adressa de nouveau au trois hommes. Celui-ci se tourna vers le premier qui s'était montré.

"Bien toi le grand gaillard je veux te voir à l'oeuvre le plus rapidement, va voir le contremaître qui est sur le pont, il te dira ce qu'il faut faire. Quant à vous deux il va falloir que vous m'en disiez un peu plus sur vos spécialités respectives, vous ne voudriez quand même pas vous retrouver à astiquer le pont ?"

Ulysse regarda s’éloigner à grands pas le gaillard, vers ses nouvelles fonctions. Le type avait l’air aussi heureux qu’une poiscaille qui découvrait l’eau.
Puis Tourment reporta son attention sur le recruteur, le regardant d’un oeil presque mauvais, ou tout au moins inspirant un faciès de revenu des Neufs-Enfers.

- On a pas mal bourlinguer, c’est peu dire ouais, et c’est pas une question... gênante ça Cap’taine fit-il d’un ton presque conspirateur, avant de reprendre, encore plus fortement.
Y’a eu une mutinerie sur not’ ancien navire, un navire de guerre corsaire, et on f’sait la chasse aux pirates, notre.. passe-temps. La mutinerie a mal tournée, on était peu nombreux et on s’est fait jeté en moins d’deux. Non sans laisser un tas d’ces cadavres d’enfoirés d’chieurs de froc derrière nous !

Ulysse souria d’un rictus horriblement inhumain, et caressa son fouet des mains.
- Comprenez Monsieur, qu’on était AVEC le Cap’taine, et contre les mutins, on devait bien être.. Cinq ou six ? Contre une trentaine, c’est ça nan ? Lança Ulysse à son ami.

Cette révélation devrait sûrement rassurer le recruteur, qui se dirait qu’il avait à faire à deux gars vraiment loyaux quoi qu’il arrive, et ça c’était un bon point.

- Pour ma part, j’ai souvent fait matelot ou gabier, parfois bosco mais pas longtemps, en tout cas pas Coq ça nan, sauf si vous voulez bouffer d’la soupe à l’eau salée. Les cordages, les nœuds ça m’connaît Cap’taine.

Tourment, ou plutôt Willian recula d’un pas pour laisser la parole à Lazarus, et adressa un bref hochement de tête à son futur employeur.

Le borgne s’avança donc lorsque son ami en eut terminé de raconter leur ‘précédente affectation’ sur le navire corsaire. Tourment était parfois un sacré bonimenteur et Lazarus estimait que son mensonge actuel aurait pu être tout ce qu’il y avait de plus crédible. Et puis le capitaine du rafiot semblait aux abois, recherchant absolument de bons candidats pour composer son équipage. Même si leurs choix en guise de moralité pouvait aisément les faire pendre sur la plupart des mers connues, on ne pouvait enlever aux deux compères d’avoir les compétences requises pour se retrouver sur n’importe quel type de truc flottant et sans sortir haut la main. C’est sur cela qu’il fallait escompter et c’est ce qu’il fallait faire ressentir au maître de bord.

- Ah, ben ça mon cap’taine… Z’avez qu’à m’filer une barre dans les mains qu’je vous montre d’quoi qu’suis capable ! Vous y trouv’rez pas d’meilleur timonier qu’moi dans les parages. Et pis, moi j’fais pas qu’suivre à l’instinct l’sens du vent et l’bord des côtes, moi m’sieur ! Non, j’sais lire une carte sauf vot’respect, mon capt’aine. Et au pire, si y a b’soin d’un coup d’main pour faire l’matelot, croyez moi, mes pieds y sont capable d’me faire danser en haut d’un mât d’misaine aussi sûrement qu’une danseuse sur une table d’taverne. Pour les cordages, mon crochet vous en mont’ra des merveilles !

‘L’œil’ en avait volontairement un peu rajouter dans l’excessive manière de détailler ses talents mais il s’était dit que l’homme serait plus enclin à engager un individu qui ne paraissait pas très lumineux mais qui aurait le mérite d’être docile et sur qui il pourrait compter au besoin.