Le trésor de Guerrak Olecham

Penché au-dessus de la carte, le borgne écoutait pensivement son camarade évoquer les risques inhérents à leur périlleuse entreprise. Il opinait silencieusement de la tête tandis que son doigt suivait les contours délicats des côtes et qu’il visualisait les courants qu’ils auraient à suivre.
La dernière remarque sembla finalement le faire réagir :
- Oui Ulysse, tu as raison. Avec ceux qu’on a d’jà rencontré, tu peux êt’sûr qui y a du monde qui va s’bousculer pour nous faire un deuxième sourire pour met’la main sur c’te carte. Mais j’me posais une question à propos du vieux briscard d’Guerrack et d’ses héritiers… Si on compte la donzelle agile comme la fille du pirate et l’boiteux comme son bâtard d’fils, on peut en déduire que c’lui qu’on a retrouvé sur l’carreau un doigt un moins d’vait être Nitin son lieut’nant, non ? Ca m’paraît s’tenir comme raisonnement. Les deux du sang d’Olecham ont dû s’allier pour récupérer la carte et les bagues. Mais pourquoi les bagues…

Sa voix mourut alors que son cerveau fusait en tous sens, tissant des trames et des possibilités en tous sens. Lazarus avait toujours eut cette capacité ‘sauvage’, cette intelligence quasi instinctive qui lui avait permis si souvent de prendre le pas sur des pirates plus physiques qu’il ne l’était.
Il planta son crochet dans le bois de la table à côté du parchemin.
- Pute borgne ! J’suis sûr qu’ces anneaux sont la clé pour l’magot.
« Lorsqu’à vous trois vous ne ferez plus qu’un seul alors vous verrez à votre tour le chemin doré. » J’parie qu’le vieux f’sait référence aux trois bagues qui doivent êt’réunies pour trouver la cachette du trésor.

- Bordel, fait gaffe où tu plantes ton crochet, tu va trouver la carte !

Ulysse s’esclaffa un bon coup et tapa son ami dans le dos. Heureusement qu’il était là le borgne, car il avançait une théorie des plus plausibles. Tourment y avait à peine pensé, et n’avait pas trop fait le rapprochement avec les deux individus.
Mais lui, était trop absorbé par la carte et les îles, et puis il n’avait vu apparemment que le boiteux de l’histoire, c'est-à-dire le plus moche.
Lazarus avançait qu’il était le fils du défunt pirate, mais ce pouvait être aussi le lieutenant.
Quoi qu’il en soit, Ulysse prit le tabouret vacant et sortit de son sac, sa fiole d’encre et une feuille de parchemin vierge. Il retira ensuite son chapeau et prit la plume qui l’ornait. Elle avait morflé la plume.
Il prit soin de recopier la carte dans les moindres détails, et de recopier le texte elfique, mais dans son propre langage codé. Il fallait pas non plus que quelqu’un trouve sa copie et aie tout cuit dans l’bec.
Tout en s’affairant à se tache, il parla des futurs projets.

- Bon bon. Moi, j’imagine que Papa Olecham ne voyait pas sa p’tite famille se donner la main pour récupérer, et partager le trésor. C’est des pirates après tout. Alors il avait magouillé sa mort, d’ailleurs il est peut être pas mort et attend sagement sa famille.. Mais dans tous les cas, il avait prévu que nos trois amis allaient se bouffer l’nez –si c’est bien eux- Il aurait pas marqué sa p’tite phrase sinon, en disant que tout l’or du monde n’apporterai pas l’espoir. Un dernier espoir pour lui p’tetre ? haha. Ce qui est certain, c’est qu’les bagues valent rien si elles sont séparées, apparemment, et qu’elles sont la clef du trésor. Il y a peut être quelque chose d’écrit dessus aussi… Alors il nous faudra les récupérer, et ça….

Ulysse soupira et se mordit la lèvre tandis qu’il s’exerçait à représenter la carte au détail. Ce qui en même temps, lui permettait de bien l’analyser. Ses talents de navigateur étaient là pour ça.

Narration

Ulysse renseignement 11(dé)-2(comp)=9 DD=? Echec
Lazarus renseignement 20(dé)-2(comp)=18 DD=? Réussite

Tous

Une fois recopié la carte dans ses moindre détails, Ulysse et son compagnon sortirent de l'auberge pour débuter leurs investigations. Ils croisèrent l'aubergiste sur le pas de la porte qui les salua.

-Et bien vous deviez être sacrement fatigué. J'ai essayé de vous réveiller ce matin pour la cérémonie des cendres mais vous n'avez pas répondu. D'ailleurs vous avez raté quelque chose de miraculeux. Y en a un à qui Waukyne a offert un coffre remplit de pièces d'or alors qu'il ramassait la terre béni par les flammes de la veille. On peut dire que notre dieu sait remercier ses plus fervents admirateurs.

Nos deux compères ne dirent rien mais n'en pensèrent pas moins. Ne voulant pas épiloguer sur le sujet ils prirent congé de leur hôte et commencèrent à arpenter les rues de la capitale. Leur premier objectif était de récolter un maximum de renseignements sur la vie de Guerrak et ses descendants.
Ils firent plusieurs tavernes, essayant de poser des questions sans éveiller les soupçons, mais ils n'apprirent rien de plus qu'ils ne connaissent déjà. Ils finirent par débarquer dans une taverne miteuse, près des quais de la ville, où ils firent une rencontre inespérée. Un marin presque ivre mort, se vantait d'avoir fait parti de l'équipage du pourfendeur des flots sous le commandement du capitaine Olecham. Pour une coïncidence, c'était presque trop beau. Mais il ne fallait pas négliger la moindre piste. Voulant éviter d'attirer l'attention sur eux, nos deux pirates attendirent la sortie de l'ivrogne pour le questionner sur ses origines. Au bout d'une heure d'attente il finit par se faire sortir de la taverne pour aller cuver son vin dehors. Le pauvre bougre se retrouva allongé à plat ventre sur le sol, cherchant désespérément un moyen de se relever. C'était peut-être l'occasion d'intervenir pour nos deux compères ?

Le borgne tapa sur l’épaule de son frère lorsque le soûlard fut éjecté manu militari de la Taverne pour finir sa nuit dans le caniveau. Le moment était on ne peut plus propice. Lazarus s’avança vers l’homme gisant ventre à terre. Il s’adressa à lui d’une voix forte et volontairement éraillée.
- Hé toi, mon gars ! On s’est y pas déjà vu quelq’part ? Ah ben oui, toi aussi ils t’ont viré d’là ?! Mon pauv’gars comment tu dis qu’tu t’appelais déjà ? Tu t’rapelles d’nous on a bu un verre ensemble d’dns ?

Dans le même temps il s’était baissé et, sans lui demander son avis l’avait empoigné sousles aisselles pour le soulever du sol. Une fois debout il fit mine de l’épousseter quelque peu.
" Allez, traîne pas là, vieille branche, tu vaux mieux qu’ça…" L’œil fit quelques pas pour partir et regarda Ulysse avant de le héler :
" Bon tu t’ramènes Aragorn ? Y a une bonne bouteille de rhum qui nous attend." Puis il se tourna vers le marin." Ah ben, tiens, ça t’dit d’trinquer encore un peu avec nous ? Y sera pas dit qu’Aragorn et Gandalf laisseraient un vrai marin la gorge sèche et l’cœur triste. Tu viens ?"

C’était la manière douce et rusée que Lazarus préférait utiliser lorsqu’il en avait l’occasion. Par ce stratagème il espérait s’attirer les bonnes grâces de l’homme et pouvoir le questionner et en apprendre plus dans un cadre moins pourvu d’oreilles indélicates. Mais si le bougre ne voulait pas obéir de son plein gré, il n’hésiterait pas à user de méthode plus radicale pour l’amener à ses fins.

Ulysse balança un royal « va t’faire foutre » maussade à l’aubergiste, sans que celui-ci comprenne pourquoi. Il devait sans doute penser qu’Ulysse était bien ce qu’il était, un pirate, donc un ivrogne, donc un lascar qui ne crache pas sur l’or. C’était d’actualité tout ça.
Le pirate suivit son frère dans les ruelles ensoleillées et regardait au passage boutiques et passants curieux. Il repéra quelques artisans qui lui firent un léger signe de tête. Sans doute des gaillards qui aiment avoir à faire à des marins, des vrais. La journée commençait mal, elle était infructueuse et pire, un beau trésor avait été gâché. Ulysse se jura de retrouver ce petit salopard et de l’étriper comme un porc.
Mais encore une fois, Lazarus était là, et lui avait trouvé la petite perle qui sortait du lot.
Bibi le bourré, qui n’arrêtait pas de parler de Guerrak et de son navire. Tant mieux, la chance souriait peut être enfin.
Sans mot dire lui et son frère attendirent qu’il se ramasse à terre et laissa parler L’Oeil. Ca c’était son domaine, la belle parole. Tant et si bien qu’Ulysse se demanda à quoi il était bon, il n’était même pas foutu de foutre sa branlée à un boiteux. Le pauvre pirate avait une mine dépitée depuis la veille, et l’excitation de la carte était retombée.

En marchant, il s’efforça de sourire face a leur « camarade » saoul, et passa deux doigts sur son poignet pour examiner son pouls et contrôler qu’il allait bien.

- Du calme l’ami, j’vérifies si t’es pas en train de nous faire une crise ou aut’chose dans s’goût là, pas vrai Gandalf ? Faut bien s’entraider entre frères.

Tu parles, le pauvre allait se faire plumer, vive la fraternité. Dans tous les cas, il fallait installer une confiance entre lui et les deux pirates. L’alcool allait les aider à savoir ce qu’ils voulaient, il était sans défense pour l’instant, et son mental était embrumé.
« Aragorn » aida le pauvre bougre à marcher, de la manière la plus gentille qu’il pu, il savait très bien que la manière forte était de mise si il ne parlait pas. Mais Ulysse n’était pas d’humeur, il était.. ailleurs.

Narration

Lazarus Bluff 10(dé)+2(comp)=12
Homme psychologie DD=8 Réussite
Attitude de l'homme devient amicale

Tous

L'homme sentait l'alcool à trois mètres et encore avec le vent de face. Il se laissa littéralement traîner par les deux compères ravis de l'aubaine qui leur était offerte. L'homme qui n'était plus qu'une loque arriva à leur baragouiner.

"Vous ...vous êtes des potes les gars. C'est pas comme ces bâtards du capitaine Olecham."

Il voulu cracher au sol mais seul un filet de bave sortit de sa bouche accompagné de vapeurs d'alcool. Ils en profitèrent pour s'éloigner et s'isoler un peu de la vue de tous pour pouvoir interroger en toute quiétude la loque humaine qui se trouvait devant eux. Celui-ci était au bord du coma éthylique et Lazarus lui donna quelques claques qui le réveillèrent. Ulysse en profita pour examiner les possessions de l'inconnu pour s'apercevoir qu'il était complètement fauché. Pas étonnant qu'il se soit fait virer de la taverne qui n'avait rien de commun avec un lieu de charité. Dans un état second l'inconnu leur apprit des détails intéressants. Celui-ci commençait à ronfler et en avait visiblement pour un moment. Comment nos deux pirates allaient réagir ?

"C'est à causes de ces deux là que j'en suis réduits à picoler dans les tavernes. Mais venez donc chez moi, ma maison est au bout de la rue vers le port, vous ne pourrez pas la rater, il y a une ancre dessinée sur la porte."

Les deux compères le portèrent jusqu'à sa demeure. Beaucoup de personnes les observèrent avec étonnement mais sans aucune remarque. Comme il leurs avait dit sa maison, qui ressemblait plus à une cabane faite de bric et de broc, se trouvait à l'endroit annoncé. Ils pénétrèrent à l'intérieur de l'unique pièce de l'habitation et le déposèrent sur sa couche faite de paillasse, qui dégageait une odeur de pourriture qu'ils n'arrivaient pas à déterminer. L'homme commença à ronfler alors qu'il s'endormit dans la position confortable où il se trouvait. Ils ne trouvèrent comme autres meubles une table, une chaise et une armoire. Comment allaient réagir nos deux pirates maintenant ?

Ulysse déposa son « fardeau » sur sa couche puant littéralement la merde qui se décompose. Même à fond de cale, l’air y était moins saturé. Ce pauvre hère était tombé bien bas, et c’est avec une mine d’écoeurement que Tourment, alias Aragorn du Luirien, posa son regard sur la pièce, sa main devant son nez.
Tout le monde les avaient vu entrer, et le pirate n’aimait pas ça. Trop de témoins, et ces regards étaient trop insistants pour être hasardeux. Après tout, trois hommes, des pirates à al même allure, qui se portent les uns les autres, c’était courant. Mais le sac à fiente qui dormait devait être « connu » dans les environs, et surtout, il connaissait la famille Olecham, et ça c’était à double tranchant, ceux-ci pouvaient rappliquer et questionner le malade.

- Laissons le pieuter et gerber son breuvage. T’as comprit c’qu’il a dit toi ? à par ses gargouillis.. j’pense qu’on devrait se montrer plus, persuasif

Ulysse n’avait rien d’amical dans son attitude, il était plus que las. Il se mit néanmoins à farfouiller le maigre mobilier du poivrot dans l’espoir de trouver un indice, un objet, ou quelque chose de ce genre. Pourquoi pas une certaine bague ? Après tout. Si il n’y avait rien d’intéressant, il irait faire son tour chez les boutiquiers, et sur les docks pour se savoir quels navires mouillaient en ce moment, et leur destination bien sûr.

Comme à son habitude, Lazarus réfléchissait quant à la conduite à tenir. Si torturer l’homme, si cela était nécessaire, ne le dérangeait pas, il était évident que dans l’état où il gisait inconscient sur sa paillasse miteuse il ne leur était pas d’une grande utilité pour l’instant. Lorsque Tourment s’était mis en quête d’un indice ou d’un objet dans la petite pièce, c’est tout naturellement que le borgne lui avait prêté assistance, surtout que, même s’il n’y croyait pas, il y avait toujours un risque à ce que même cet homme sans le sou ne protège par un dispositif quelconque un éventuel artefact important pour lui.

En même temps il exprima ses craintes sur la nature des évènements futurs.
- Si on trouve rien ici, y va falloir attendre qu’il s’réveille parce que c’est pas avec ce qu’il nous a lâché pour l’instant qu’on est avancé. Ca va nous prendre du temps et j’dois dire qu’les badauds qui nous ont remarqué tout à l’heure sur l’quais m’semblent une dangereuse source d’informations pour l’reste des Olecham. On peut pas s’permet’ de rester des plombes ici, et met’le gars en sang n’apport’ra rien maint’nant. Faut attendre qu’y s’réveille tout seul.

Il resta un instant silencieux, puis reprit.
"Dès qu’on aura fait l’tour, on attendra au-dehors planqués pour surveiller son réveil et pas qu’on nous tombe d’ssus sans crier gare. Qu’est-ce t’en pense ?"

Narration

tous

Ulysse fouille=? Echec
Lazarus fouille=? Echec

Lazarus et Ulysse passèrent en revue toute la pièce sans rien trouver de probant. L'homme qui vivait ici ne possédait pas d'objets de grandes valeurs et rien qui puisse infirmer ou confirmer ses paroles de tout à l'heure. La seule chose de sûr, était que dans un passée proche il avait été marin. Les marques sur ses mains, son visage et l'odeur d'iode étaient ici pour en témoigner. Cependant il était difficile de dater sa période d'inactivité. Bredouille ils sortirent de cette cabane et attendirent qu'il finisse de cuver son vin. Ils en profitèrent pour observer les bateaux qui se trouvaient devant eux.
Il y avait vraiment de tout. Des navires marchands de tous tonnages et de toutes origines mouillaient dans cette ville connue aussi bien pour ces commerces, que pour les personnes louches qu'elle attirait. Ils passèrent leur temps à regarder la foule se trouvant devant eux, qui s'affairait à ses occupations quotidiennes. Ils remarquèrent que les trois bateaux devant eux allaient bientôt appareiller vu la quantité de marchandises qu'ils chargeaient à leur bord. Une chose les intrigua énormément, l'un des navires avait installé à son bord deux balistes de tailles impressionnantes, ce qui était étrange à la vue de l'importance du bateau. Il fallu près d'une heure pour les installer convenablement avec six hommes pour s'en occuper. Ils reportèrent leur attention sur celui qu'ils avaient transporté, pour voir qu'il s'était réveillé et se levait en fournissant beaucoup d'efforts. Il titubait mais au moins il était conscient ou presque. Il s'assis sur la seule chaise et s'appuya sur la table les mains tenant sa tête apparemment douloureuse.

Ulysse reporta son attention sur la loque humaine qui venait de se réveiller, après avoir surveillé les environs comme l’avait suggéré Lazarus. Il ne s’était pas vomi dessus, ce qui était un bon point pour lui, car l’odeur de sa maisonnette était déjà bien insupportable, même avec l’air marin. Le pirate avait déjà beaucoup perdu patience et s’était intéressé plus aux navires du port qu’au marin qui cuvait. Il ne s’était pas totalement remit, c’était normal, et son attitude allait sûrement être irritante. C’est pour ça que Tourment fut le plus aimable possible.

- Alors, réveillé ? Dur d’se r’mettre après une bonne trempe.Pis j’vais être clair et rapide, car on est pressé moi et Gandalf, mais tu nous as parlé des Olecham d’taleur tu t’souvient ? j’aim’rai bien que tu nous répète en détail c’que t’avais dit, et si tu t’rappelait d’autres choses, ça serait bien. Tu vois, j’vais être franc, on a un p’tit différent à régler avec la famille, et on veut pas que ça s’éternise, on a envie d’reprendre la grand’bleue..
Pis tiens, comme t’es du coin, tu connaîtrais pas les navires qui sont à quai là ? ils préparent une invasion ou c’est d’la bonne grosse marchandise ?

Tourment renifla et montra du doigt vaguement la direction du port. Il faisait vraiment chaud et humide dans cette sale baraque.