Troubles à l'aube

Son repas était étonnamment bon, un festin comparé à la nourriture qui lui avait été servi dans la piteuse taverne orque, c’est donc ravi qu’il prit une nouvelle bouchée et en fit profité une nouvelle fois à la petite Malice qui avait décidé de laisser vivre la pauvre toge du prêtre.
La discussion devenait de plus en plus sérieuse et intéressante pour le serviteur du seigneur élémentaire mais restait néanmoins délicate, il savait que ses prochaines paroles pourraient fortement influencer le jeune Bordak, c’est pourquoi il prit son temps pour répondre, il ferma les yeux, joignit ses mains et se lança.
-Vois tu jeune guerrier, comme Ignus l’a déjà dit, le puissant Kossuth est entré en communication avec moi car il a des projets particuliers pour moi, il a placé en moi une partie de sa confiance, il veut que je trouve quelque chose qui sera la clef de mon futur pouvoir. Il insista fortement sur le mot ‘pouvoir’. Ainsi, si tu sers toi aussi fidèlement le seigneur des flammes, il se pourrait qu’il te donne accès à des pouvoirs particuliers…

Il marqua une pause pour laisser le temps à la cervelle du barbare d’assimiler les choses et de les comprendre de la bonne manière.
-Le grand Kossuth récompense fréquemment ses plus fidèles serviteurs et il aura pour toi, comme pour les autres, un projet si tu le sers fidèlement jusqu’à ton dernier souffle.
Ses propos sortaient naturellement de la bouche du fanatique, on sentait que sa foi était puissante et qu’il était convaincu de ce qu’il avançait, rien ne pourrait lui faire changer d’avis. Toutes les choses qu’il avait vu dans sa vie, les temples où il s’est rendu, les actions qu’il avait accompli, toutes les épreuves qu’il a traversé ainsi que tous les écrits qu’il a pu trouver qui avait un rapport avec son dieu le confortaient dans sa position.

-C’est grâce à lui que j’ai pu assouvir ma terrible vengeance, je sentais sa présence au plus profond de mon être, comme s’il ne faisait qu’un avec moi.
Il prit une grande inspiration et raconta la suite de son histoire.
-Je me suis rendu dans notre cave où étaient enfermés les réserves d’alcool, contenues dans des tonneaux, des grandes nuits de prières et de rituels. Je remonta tous ces litres d’alcool que je déversa sur les toitures de chaque chaumière du hameau et je me plaça ensuite au centre du village et admira la sérénité qui y régnait pour la dernière fois. Puis je cria ses mots adressés à ma raison de vivre : KOSSUTH ! Je vais châtier tous ces infidèles et leurs cendres alimenteront ta hargne ! Brûlez dans les flammes de l’enfer !! Et rejoignez mon maître pour l’éternité !!!
A cet instant, de mes mains jaillit le feu purificateurs qui incendia le village. Des hurlements de douleurs résonnaient de toutes parts, certains infidèles réussirent à s’extirper des flammes pour quelques instants, je me trouvais dans une frénésie telle que c’est avec une extrême violence qu’ils périrent sous mes violents coups de masse. Je m’agenouilla au centre du village en écoutant les derniers cris qui retentissaient dans la nuit pendant que les flammes finissaient de réduire en cendre le hameau…

On sentait dans sa voix et dans les expressions de son visage qu’il revivait intensément ce moment. Et à en juger par son excitation, les mises en garde du roublard ne l’avaient pas atteint sûrement parce que celui ci n’avait pas parlé assez fort.

Il mit quelques minutes à profit pour retrouver son calme en souriant. Ayant terminé son discours, il pu terminer tranquillement de se nourrire et de profiter de la boisson offerte par Syz, il en avait bien besoin.
¤Il est dommage que Flint n’ait pu entendre le récit de ma vie, je suis convaincu qu’il aurait prit un grand plaisir à m’écouter, ce sera pour une autre fois, peut être…¤

Le jeune barbare écoutait attentivement les propos tenus par le rashémi mais Bordak ne connaissait rien à la magie et pour lui lorsqu’Ignus parlait de pouvoir il s’agissait de la puissance de la force brute, devenir encore plus fort qu’il ne l’était. Certes cela intéressait grandement le téthyrien mais il y avait bien là autre chose que le dieu des flammes pouvait lui offrir en attendant…

-Que ton dieu me montre c’qu’il peut m’offrir comme échantillon, la serveuse par exemple, puisque y’a les même signes ici que sur ton dos c’est que ici c’est à lui non ? Il peut bien lâcher sa gueuse contre mes muscles…

Visiblement la vision qu’avait Bordak de ce que pouvait lui apporter Kossuth différait grandement de celle d’Ignus mais il reprit et la suite aura sans doute été plus plaisante aux oreilles du prêtre. Et qu’il me donne encore plus de force pour me venger de ces chiens de gnolls quand ils croiseront ma route, je les mettrais en charpie pour lui s’il me donne la victoire, les yeux de Bordak commençait à s’emplir de sang lorsqu’il attrapa ce qui ressemblait à une cuisse dans sa gamelle pour la serrer comme s’il tentait d’étrangler quelqu’un avant de la briser en deux et de la manger pour tenter de ce calmer.

Bordak te suivra Ignus si ton dieu peut donner cela à moi. La façon dont le barbare parlait montrait bien qu’il n’était pas encore calme et qu’il ne valait mieux pas l’énerver. Quand soudain il vit s’approcher la serveuse à qui il aurait fait visiter chaque recoin de sa paillasse cette nuit et chaque nuit suivante, il s’essuya sur le petit torchon qui servait à nettoyer sa lame et lorsque celle-ci passa a bout de bras il ne pu, cette fois ci, s’empêcher d’apposé sa main sur son postérieur. ¤ Voyons si le dieu d’Ignus me donne cette femelle… ¤ Il semblait plus calme à présent mais pas suffisamment pour contrôler cet acte. Attendant la réaction de la serveuse, il tentait de ne rater aucun morceau de l’histoire d’Ignus….

Syz écoutait toujours le discours de Ignus et lorsque celui-ci arriva sur le fait de la destrution du village, Syz eu un frisson qui lui parcoura tout le long de son dos.

L'alfelin n'eût aucune question, si aucune autre remarque à faire, qu'il resta paisiblement assis confortablement au fond de son assise.

Une fois que le serviteur de Kossuth s'arrêta, le pied-léger écouta se que Bordak avait à dire.
Suite aux dire de Bordak, il ne pût se retenir pour lui répondre.

- Sais-tu qu'un dieu peut tout faire, mais, si je ne me trompe pas, ne peut pas intervenir sur les sentiments d'autrui. Il est tellement plus beau d'avoir quelque chose que l'on désire par sa propre démarche, que par l'inervention de quelque chose ou quelqu'un. Enfin ceci est mon avis.

Lorsque Syz vît la serveuse, qui était revenue dans les alentours de la table, il éternisa son regard sur la serveuse.

Quand soudain le semi homme eût un sentiment de colère quand il vît la grosse et volumineuse paluche du barbare se poser sur le séant de la demoiselle, mais n'en fît rien. Car si il dévoilait le moindre aspect ou signe de son amour pour la jeune femme, Bordak en profiterait pour le démolir sur ce point.
C'est alors qu'il regarda Bordak et lui parla.
- Crois-tu que c'est avec ces manières que tu arriveras à obtenir quelque chose d'elle ? Ne crois-tu pas que ce genre de geste et plutôt mal placé ? Je doute que tu la flattes avec de tels "propos". De telles marques de "générosité" elle doit en avoir des dizaines par jour, que cela risque de l'irriter que de la flatter.

Suite à ces dires, il s'interrogea sur la réaction de la serveuse.

Atashi s'était présenté devant la porte de l'auberge poussé par on ne sait quelle force. Etait ce le nom de l'établissement qui avait attiré son oeil ou la devise gravé dans le linteau de la porte qui l'avait interpellé d'avantage ? Il n'en savait rien peut être était ce tout simplement le fruit du hasard....
Quoi qu'il en soit, le garde à l'entrée avait été convaincu par son discours et c'est sans en faire d'avantage qu'il avait incéré la clef dans la serrure pour libérer le pêne de la gâche et ouvrir ainsi la porte de cet établissement visiblement très attentifs et scrupuleux quand au choix des clients qui le fréquentaient. Une fois à l'intérieur, il fit ce qu'aurait fait n'importe quel autre client: Il chercha une table où s'installer, s'y dirigea pour y prendre place et attendit que l'on vienne pendre sa commande.

Le prêtre profita de ce moment pour observer plus attentivement les lieux et ses clients. Quel genre de personnes pouvaient bien fréquenter cet établissement ? Etaient ce des personnes comme lui, arrivées içi par pur hasard et seules ? Ou y avait il là des petits groupes formés à l'occasion de l'on ne sait quel contrat ou pour on ne sait quelles transactions ?...

Atashi fut coupé dans ses réflexions par l'arrivée de l'aubergiste qui prit alors sa commande: Une soupe et une infusion... Ce dernier revint quelques longues minutes plus tard, porteur du premier repas de la journée du prêtre. Il est vrai, qu'Atashi, n'avait pas pris le temps jusqu'içi de se sustenter et son ventre commençait à crier bruyamment. Le Tayhien s'acquitta des sommes demandées par le patron pour le repas et c'est à grand coup de cuillère qu'il s'attaqua à la soupe manquant de peu, à plusieurs reprises, de se brûler. Quand son bol fut à moitié vidé, Atashi eue chaud. Il est vrai que le potage était bouillant et que le prêtre n'avait pas encore enlevé son manteau ni même rabattu sa capuche. Posant alors délicatement sa cuillère sur la table, il dégrafa la broche qui maintenait en place son manteau, rejeta sur ses épaules la capuche brune, révélant ainsi son visage défiguré et posa le vêtement sur un des sièges de la table à côté de lui.

Le prêtre s'apprêtait à porter à ses lèvres l'infusion fumante, lorsque dans le brouhaha de la taverne des mots s'élevèrent plus hauts que tous les autres. Atashi ne pût ignorer ce qu'il avait entendu. C'était bien le Seigneur des Flammes que l'on avait évoqué à haute voix.
Instinctivement et tout en reposant le breuvage odorant, le prêtre tourna alors la tête pour chercher du regard le propriétaire de la voix....

Cela commençait à devenir lassant, tous ces clients, ces commandes à satisfaire et ces sourires privés de dents, auxquels il fallait répondre avec bienséance pour faire bonne image de l'auberge. Une jeune fille de la trempe d'Alistina en attendait plus de la vie, elle qui cherchait des aventures, des combats, des trésors, se voyait cloîtrée dans un lieux assez hors du commun dans l'attente de deux gus qui semblaient de la pire espèce.

Peu importe, encore quelques heures et elle verrait bien ce qui adviendra, mais si seulement...

¤Eh mais..qu'...alors lui...¤

La petite beauté venait de voir son fessier honoré par une main prenante, c'était le moins que l'on puisse dire, cette dernière avait ressentie une "caresse" infâme. Surprise elle manqua de renverser ses plateaux en se retournant vers le barbare.

- Et bien toi, qu'est ce que tu me fais là, on t'a pas appri les bonnes manières je suppose...

Calme et sereine, c'est avec un remarquable mépris qu'elle continua sa fine élocution.

- Messire n'est-il pas rassasié, ce qu'il y a dans son assiete ne lui convient-il donc pas ? au point de plus, qu'il vienne caresser mes formes sans mon entendement ?

Habile et rusée, la féline se penchait lentement sur la table, cambrant tout son être et dessinant une forme voluptée qui attira les yeux de plusieurs clients. Son souffle parvenait à petit feu aux narines de Bordak, à mesure que ses mots se glissaient en son oreil captivant son attention, et son regard...

Elle était là, gracieuse, offrant une vue imprenable à Bordak, il lui aurait bien sauter dessus mais le lieux n’était guère propices à quelques ébats. De plus les dires de la jeune femme travaillaient légèrement le jeune téthyrien. Non pas qu’il porta sa réflexion dessus mais plus parce qu’il n’avait compris aucun mot de la deuxième partie, heureusement pour lui sa première phrase était déjà nettement plus claire. Visiblement cela ne lui plaisait pas, mais Bordak n’en avait que faire, il ne lui demandait pas son consentement bien au contraire, si elle refusait ses avances le dieu d’Ignus devrait trouver un autre moyen pour qu’elle lui appartienne ce qu’il s’empressa d’expliquer à Syz, à voix basse...

- Je me fiche que cela lui plaise ou non, j’veux juste que moi ça m’plaise ! Et j’ai pas d’mander à Kossuth qu’elle m’aime ou je sais pas quoi, juste qu’elle soit à moi, alors demi-portion si tu ne veux pas te faire écraser en publique ferme la, mange ta soupe et paye la mienne ! Une fois ceci dit, il aurait bien réitéré son acte mais quelque chose l’en empêcha, avait il un minimum de conscience ? Non, il se souvint juste du garde de l’entrée, s’il y en avait d’autre et qu’elle allait se plaindre cela tournerait vite au bain de sang…

Il leva la tête vers la charmante créature et se décida à lui répondre, tentant une manière plus astucieuse, du moins d’après lui :
- Tu sais nous les barbares on a dut mal à s’controler, mais pas pour tout, s’tu vois c’que j’veux dire. Un beau brun bien musclé, pour ton plaisir mais aussi pour ta sécurité ma p’tite dame, ça te tente vraiment pas ? Il leva les yeux aux ciels avant de lâcher encore quelques mots : Ah ! Saloperies d’orques ! Ils ont bien fait de nous envoyer ici ! j’me d’mande bien ce qu’ils ont à leurs reprocher, c’est bien mieux ici que chez eux !....

Parcourant la salle à la recherche de celui qui avait prononcé le nom du Seigneur des Flammes, le regard du Tayien s'arrêta sur le dos d'un homme. Malgré les longs cheveux blancs qui lui tombaient sur les épaules, on ne pouvait manquer de remarquer le tatouage qui couvrait le dos nu de l'individus.

¤Ce symbole !¤

Atashi était stupéfait de ce qu'il voyait. Des flammes dansaient sur la peau au grès des mouvements du tatoué alors qu'il s'entretenait passionnément avec un humain à la carrure impressionnante, trop occupé par la présence d'une serveuse aux formes généreuses pour l'écouter, et un halfelin au visage rubicond. Un froncement de sourcil se dessina sur le visage du prêtre. Visiblement, ces gens ignoraient la bienséance et n'avaient aucune retenue. L'homme au tatouage, évoquait ses liens avec le Maître de façon trop bruyante et son tatouage en faisait pour tout ennemis au Seigneur des Flammes une cible trop évidente. Quand à la masse de muscles qui dînait en sa compagnie ses manières étaient injustifiables et impardonnables. Même si la jeune femme, au vue de sa carrure, semblait parfaitement capable de se défendre toute seule; cela Atashi n'en doutait pas; ce n'est pas ainsi que l'on devait s'adresser aux dames fussent elles simple servante ou veuve fortunée...

Malgré cela et pour on ne sait quelle raison le petit groupe intriguait le Tayien. Atashi n'osait intervenir pour remettre à sa place le rustre. Se présenter comme un sermonneur pourrait être préjudiciable à l'échange qui s'en suivrait. Il lui fallait agir avec le plus de tact possible tout en respectant les enseignements qu'on lui avait inculqué.

¤La perfection n'est atteinte que lorsque tout les éléments sont réunis¤

Tel fut le premier adage, répété mainte fois par ses maître durant son séjour en Tay, qui traversa l'esprit du prêtre. Il sut alors ce qu'il devait faire...

Sans bouger de sa place, il se saisit alors de la tasse d'infusion encore fumante puis la levant au niveau de son visage, il prit un air détaché tout en se tournant vers la table des hommes qu'il observait depuis maintenant un bon moment et dit d'une voix forte de manière à se faire entendre par la serveuse:

- Mademoiselle ! Mademoiselle !

Le prêtre cherchait par ces mots à attirer l'attention sur lui...

Qu’elle pouvait être ingrate sa tâche, à tel point qu'elle en venait à l'apprécier pour cela. Il est de ces atours aux situations de mauvaise fortune qui savent se faire voir aux yeux de l'intrépide et de l'opportuniste.

Or cette petite là l'était, rangée ici par hasard après quelques années d'errance, ce n'était pas le premier chien baveux auxquels elle avait à faire. Ces hommes là ont dans leur gène un instinct impétueux des plus méprisables, et Alistina se ventait bien d'en découdre avec ce genre de brute. Elle qui se disait femme aguerrie et parfaitement accomplie, usant de toute la force de sa nature féminine pour parvenir à ses fins.
Mais ce dernier, si rustre pouvait-il paraître, cachait en son oeil une animalité débordante, un instinct primitif aussi effroyable que séduisant et qui ne la laissa pas totalement indifférente.

Refermant la voûte de ses fines épaules, elle émit par là même une pression sur sa poitrine, toujours penchée en avant, qui donna plus de forme à son corps. Son regard perçant se mêla à celui du barbare et elle glissa ses doigts empoisonnés dans ses cheveux.

- C'est vrai que t'es pas moche tu sais.

Puis sa poigne vicieuse se referma sur le crâne de Bordak, accompagnée d'un regard pernicieusement croissant. Son souffle vint une nouvelle fois brûler les pores de la peau de l'invincible guerrier.

- Mais je ne voudrais pas qu'il t'arrive de mal, alors tu vas éviter de faire le malin avec moi parce que j'ai une tonne de petits copains dans la salle et ils risqueraient de te causer problème. Tu mords ?

Elle desserra lentement ses griffes pour finir par lui caresser le visage, le jour et la nuit venaient de s'abattre sur le thétyrien et tous deux s'effacèrent au gré d'un sourire et d'un regard fatalement provocateur. Avant de se ressaisir de ses plateaux, la serveuse caressa la tête du pied léger et lança en agitant onduleusement ses hanches jusqu'au comptoir.

- Toi aussi je t'aime bien mon petit, pour la peine une bouteille de vin offerte sur mon salaire pour votre table mes chéris...

Quand alors l'appel d'un client se fit entendre elle se glissa à sa rencontre arborant toujours le même sourire mécanique mais sincère qui manifestait la plénitude de sa simplicité.

- Monsieur, que puis-je pour vous ?

Finissant tranquillement son assiette et vidant son verre, Ignus ne faisait guère attention à ce qui se passait autour de lui, les question posées par le roublard, les demandes de Bordak, l’arrivée de la serveuse, ses deux compagnons qui se querellaient pour le cœur de la demoiselle ou pour de futiles plaisir de chair.

Ayant terminé son repas, il recula sa chaise et dérangea le petit être qui dormait sur ses genoux. Doucement, il reprit son petit animal dans le creux de sa main, prit sa toge sous l’autre bras et se leva de table.
-Ignus a d’importantes choses à faire. Je dois les faire seul, je vous retrouve ici demain à l’aube, ne me suivez pas, profitez de votre soirée et reposez vous, une longue journée nous attend…

Il tourna les talons et se dirigea vers le comptoir ne prêtant aucune attention à l’homme qui tentait de se faire remarquer, il avait d’autres choses en tête.
¤Ignus se sent plus fort. Il est bientôt l’heure de prier, le moment de l’épreuve est venue…¤
Passant à côté des clients sans les bousculer, il marchait droit devant lui, certains le suivaient du regard, d’autre ne s’en préoccupaient pas, et tout cela lui importait peu. Arrivé près du comptoir, il interpella l’aubergiste en s’éclaircissant la voix.
-Aubergiste ! Peux tu me dire où se trouve les personnes importantes de ces lieux ? j’ai à leur parler.
L’homme tendit le bras gauche désignant un couloir à la droite du prêtre, chemin qu’il emprunta en le remerciant d’un hochement de la tête. Le rashémi franchit le long couloir qui comportait beaucoup de portes, qui renfermaient sûrement des chambres ou autre pièce dans le même genre. Il arriva dans une grande salle où se tenaient des personnes totalement différentes de la clientèle de l’auberge, quelques un vêtus comme des ecclésiastique, d’autre portaient des vêtements d’une certaine classe. Ne sachant à qui s’adresser, il prit une grande inspiration et parla à haute voix pour être entendu de tout le monde.
-Ignus est mon nom ! Je voudrais parler aux personnes qui dirigent ces lieux, quelqu’un pourrait me les présenter ?

Sa voix ne tremblait pas, il était sûr de lui, sûr de ce qu’il faisait. Caressant tranquillement la petite Malice qui peinait à retrouver le sommeil, il conserva son dos nu et ses innombrables brûlures à la vue de tout le monde…

Décidemment, Atashi allait de surprises en surprises. Ne quittant pas du regard la table et ses occupants, il ne perdit pas une miette du manège de la serveuse. Voici qu'après s'être fait généreusement peloté par un rustre, elle agitait sous sons nez ses atours, qui, on devait l'avouer n'avaient rien de déplaisant. Il était dit qu'Atashi ne comprendrait jamais ce qui anime le simple profane dans ses choix, et encore moins quand il s’agit d'une femme... Après quelques mots échangés que le prêtre ne put saisir de là où il était et qui se perdaient dans le brouhaha ambiant de l'établissement, la serveuse se dirigea vers lui.

Un fugace sentiment de honte secoua le Tayien pour un bref instant. Portant sa main sur la brûlure cartonnée qui lui défigurait le visage, Atashi se mit à regretter pendant quelques instants de ne point être comme cet homme là bas, c'est à dire doté d'un visage qui ne fasse pas systématiquement fuir les donzelles. Mais les mots de ses maîtres lui revenant vites à l'esprit, il eue honte de ses pensées et malgré le déhanchement généreux de la serveuse qui serpentait entre les tables tandis qu'elle s'approchait de lui, le prêtre rassembla ses esprits pour chasser de son crane toutes pensées frivoles et se promis à lui même de faire pénitence pour s'être ainsi écarté des enseignements élémentaires.

Lorsque la jeune femme fût enfin à ses côtés et qu'elle s'adressa à lui, Atashi lui rendit son sourire et lui teint ces propos:

- Excusez moi mademoiselle mais il semblerait qu'on ai oublié de sucrer mon infusion...

Le Tayien trouva l'excuse minable tandis que les mots franchissaient ses lèvres et qu'il présentait à la serveuse la dite infusion. Décidemment il n'était pas dans un bon jour. Gardant à l'oeil l'homme au tatouage, il le vit, par dessus les hanches de la jeune femme, se lever. Le prêtre n'avait pas jusqu'içi remarqué le petit être alors roulé en boule sur les genoux de l'individus et lorsque son propriétaire le prit dans ses bras et se leva, Atashi ne put s'empêcher de froncer à nouveaux les sourcils. Peut être la serveuse allait elle prendre ce signe de sévérité pour elle... en tout cas Atashi et pour le moment, n'avait cure d'elle, trop occupé à fixer l'homme aux cheveux blancs. Ce dernier se dirigea vers le comptoir et le Tayien le suivit du regard. Des mots furent échangés avec l'aubergiste avant que ce dernier ne lui montre quelque chose de la main...

C'est alors que l'attention du prêtre se reporta sur la serveuse. La regardant fixement de ses yeux noirs qui montraient clairement qu'il était à la fois préoccupé et en pleine réflexion il lui dit:

- Seriez vous prête à répondre aux questions d'un client curieux, mademoiselle ?