۝ Le Coup Du Siècle ۝, Quête de l'Ouroboros

Torche en main, Nish s'était approché de la petite troupe. Il s'était attendu à les voir lui sauter dessus, armes à la main, pour le trucider avant de lui poser la moindre question et, une fois n'est pas coutume, il resta sans voix suite à l'accueil de Zarathoustra. Il écarquilla les yeux, s'avançant encore un peu plus pour englober chacun des aventuriers présents dans son champ de vision. Il était à la fois soulagé et effrayé.

¤ Une belle brochette de grandes guibolles rien que pour moi on dirait... Et poli celui-là en plus ! Merde alors... Je me disais qu'ils allaient me faire la peau mais non, vu ses manières, c'était comme s'il allait m'inviter à prendre le thé et parler chiffon ! ¤

Il observa l'endroit, scrutant le visage de chacun et notant au passage que l'un d'entre eux était au sol. L'Halfelin ne fit aucun commentaire et ne posa aucune question. Pas encore du moins. L'homme venait de parler d'un blessé, il devait sûrement s'agir de celui-là. Nish était encore sous le choc de la rencontre à vrai dire et il ne put que bredouiller une réponse.

- Euh... Salut ! Bah, euh, oui, c'est moi Nish... Euh... Hum !

Il se tut et pesta intérieurement. Etait-ce l'environnement qui l'intimidait à ce point ? Ou le fait qu'il y avait eu un combat il y avait peu de temps ? L'Halfelin déglutit, se passa la main sur le visage et tenta un vain sourire.

¤ Oh la la... Je me souviens même pas si l'autre masqué m'avait donné leurs noms ou pas ! Fichu retard, fichue serveuse, fichus égoûts ! Hum... ¤

Nish, après avoir râlé silencieusement, reprit un peu le contrôle de lui-même. A nouveau, il observa ses compagnons. Il se tourna vers Zarathoustra et reprit, d'un ton plus assuré cette fois.

- Enchanté de vous connaître tous mais, j'ai peur de ne pas savoir vos noms à tous... Et, sommes-nous tous présents ? Il fit un petit pas en avant, fouillant les lieux du regard par pure curiosité et continua, sur le ton de la conversation mais à voix un peu plus basse, comme s'il craignait d'attirer quelque chose. "J'étais en retard, voila pourquoi je ne suis ici que maintenant. Un terrible retard en fait, je ne me l'explique pas moi-même ! Cela me ressemble si peu... Surtout que je savais qu'il fallait que je sois ponctuel, par pure politesse déjà et, ensuite, parce qu'être ponctuel est un bon moyen de réussir dans la vie. Enfin bref, j'ai fini par rencontrer ce type masqué là et il m'a envoyé ici." Il lâcha un soupir qui en disait long sur son avis personnel au sujet des égoûts et reprit, avec entrain. "Mais, j'ai bien failli être encore plus en retard ! Cette délicieuse créature qui fait office de serveuse... Ah, mes amis, si j'avais eu le temps, je crois que je lui aurais composé un chant à son honneur !"

Enfin, l'Halfelin stoppa son bavardage. Il se rendait compte qu'il débitait un flot de paroles à une vitesse folle et, surtout, qu'elles n'avaient aucun intérêts dans leur situation. De plus, leur temps était compté. Il sourit à nouveau. Tout un poème ce sourire. Il mélangeait un air penaud, de la malice, une envie de rire et de la frayeur tout à la fois. Doucement, il ajouta, en détournant un peu le regard.

- Hum... Nous allons repartir bientôt je suppose, non ?

¤ Quelle entrée en matière Nish, bravo ! Si un monstre ou un brigand attaque, assome-le de paroles... Pfiou, ils ont pas l'air commodes en plus les gaillards. ¤

La fouille de la dégueulasse créature n’avait rien de ragoûtant, aussi cela le laissait perplexe jusqu’à ce qu’il mette la patte sur les quelques intéressants cailloux. ¤Oh ! oh, la trouvaille¤ Se dit-il alors qu’il tâta envieusement les gemmes, qu’il s’empressa par la suite d’enfouir bien creux dans sa bourse qui ne débordait pas tant. Il les partagerait peut-être plus tard avec ceux qui sortiraient vivant de ce guêpier, de toute façon l’homme en robe se faisait déjà aller le ‘mâche-patate’ à déblatérer vainement de la redistribution future des butins, comme si leur mission était gagnée d’avance…

Rosimar n’était pas au bout de ses peines, que déjà, après si peu de temps et de nouveaux tourments, un nouveau venu venait les embarrasser et mêler les cartes une autre damnée fois ! À peine levée pour jeter un coup d’œil à la scène, et d’apercevoir que le gamin d’Alexan en avait remédier avec la vie, qu’il cru rêvé lorsqu’il distingua dans la pénombre au loin, que ce ‘Nish’ à qui Zarathoustra semblait adresser la parole, n’était en fait qu’un enfant ! Il baissa les yeux vers son ceinturon de poignards pour y serrer judicieusement le ‘quatrième’ de la lignée, puis alla chercher dans sa poche un mouchoir de lin dont il se servit pour ‘expier’ le liquide visqueux qui prenait place sur la lame acéré de son sabre qu’il tenait fermement de l’autre main. Il écouta les propos des deux âmes, puis s’approcha le regard tiède, vers ce petit homme folâtre, il lui semblait plus folichon que vermine, mais n’en demeurait pas moins un intrus parmi ‘son clan’ aux liens à peines soudés.

-Je vois que tu louches vers c’cadavre nabot ! Dit-il de sa voix forte et raisonnante alors qu’il continuait d’approcher lentement et sûrement vers l’halfelin. Il resserra son étreinte sur la poigne de son cimeterre tout en ce bombant le torse et froissant un sourcil incommodé, il ajouta néanmoins à sa ‘frasque’ de remarque : ''Si tu n’veux pas le rejoindre, tu f’ras ce que j’dis ! Je suis le chef ici, comprit ?'' Rugit-il, alors qu’il alla lui donner au même moment un petit coup inoffensif du plat de sa lame…

-Au fait, Rosimar le Gris c’est le nom que tu dois te souvenir… Il rengaina son cimeterre une seconde fois, cette fois-ci propre. Il passa la main dans ses cheveux tout mouillé par la sueur, et les rabattit vers l’arrière, dévoilant les traits de son visage mûrit par le temps. ''Si t’es prêt à m’suivre et à faire c’que j’dis, alors c’est parfait je te laisse nous accompagner, mais ne te met pas dans mes pattes comprit ?'' Marquant un moment, pour mieux regarder dans les yeux le barde, il termina d’un ton faible et désintéressé : ''l'génasi là-bas c’est Néféris, des questions ?'' Statique, le vieux attendait une réponse, tout en ce demandant ¤Qu’est-ce que j’vais bien pouvoir faire de lui ?¤

’apercevant enfin du fait qu’Alexan avait rendu son dernier soupir, Zarathoustra s’approcha de son corps inerte, un air grave empreint d’etonnement s’etant empare de ses traits. « Nous avons perdu un compagnon que nous ne connaissions certes pas depuis longtemps, mais n’en deplaise a monsieur Rosimar, je prononcerai quelques mots et nous nous recueillerons devant ce qu’il fut, et se tournant vers l’homme a la forte carrure il rajouta, vous pourrez ensuite continuer d’aboyer. »

Le ton et l’attitude entre paternalisme et complexe d’inferiorite de Rosimar auraient normalement alimente la bonne humeur de l’aquafondien, mais un de leurs allies venait de perdre la vie, cette chose a laquelle toutes les creatures, ou presque, s’attachent de toutes leurs forces. Zarathoustra vouait quasiment un culte a la vie et au libre arbitre, aussi montrait-il les limites de sa bonhomie en cet instant. D’autre part, sans qu’il se l’avoue, le jeune homme commencait a sentir que peu a peu se rassemblaient les ingredients qui feraient de cette petite escapade une aventure de roman. Une chose etaient les ingredients, ensuite fallait-il connaître la recette. Le jeune homme vivait un songe et se plaisait a croire qu’il faconnait sa vie et lui donnait ses couleurs, aussi allait-il appliquer cette pensee a la mort du demi-elfe.

Zarathoustra, devant la depouille d’Alexan, commenca a declamer les quelques mots qui accompagneraient ce dernier vers d’autres rivages : « Le ‘psychopathe deratiseur’ sera le dernier surnom qu’une creature vivante te donna sur Toril. Tu errais, parmi nous, ame egaree parmi tant d’autre. Mais tu fis le choix lourd de consequences de mettre ta vie en peril alors que la n’etait pas ta vocation. Entre courage et folie naviguent souvent ceux qui font de grandes choses, mais egalement ceux qui connaissent une fin tragique. Nous nous souviendrons de toi comme d’une ame egaree qui, ne parvenant pas a trouver sa place dans ce monde tumultueux, decida de laisser Tymora decider de son sort. Gagne les rives de ton prochain habitat sans amertume Alexan, tu sauras la-bas trouver la place qui t’est destinee. »

Une fois sa declamation achevee, le manipulateur des arcanes alla ramasser son baton eclairant, s’arma de sa pique et regarda le tunnel qu’ils s’appretaient a emprunter : « Continuons si vous le voulez bien. Nous nous occuperons de sa depouille si nous pouvons une fois la mission executee, sinon elle servira a nourrir d’autre creatures qui luttent chaque jour pour leur survie. Son ame a deja quitte son enveloppe charnelle, ne nous en preoccupons donc pas plus que de raison. On te suit, Rosimar le Gris. »

MD

Zarathoustra, Rosimar, Neferis, Alexan, Nish

Les investigations de l’aquafondien étaient à ce point convaincantes que nul ne les remettait en cause. Il venait de faire preuve de talents qu’aucun n’était à même d’imaginer chez ce beau parleur, tant et si bien que tous était désormais en droit de se demander ce qu’ils découvriraient encore.
Par ce souffle de glace, le jeteur de sorts venait de leur rappeler clairement qu’aucun ne se connaissait et que cette méconnaissance ne les aiderait pas, que du contraire.

Le génasi reçut la rapière avec reconnaissance, la soupesant et lui faisant trancher l’air pour se l’approprier vraiment. Non seulement de belle facture, elle était tout autant plus fine et mieux balancée que leur homologue commune. D’un geste habile et dans une moue appréciative, il la fixa à sa ceinture.
Il porta peu d’attention au nouveau venu. Que Zarathoustra le connaisse et leur signifie qu’il était lui aussi envoyé par Sans-Nom lui suffisait largement, d’autant qu’il n’avait nulle envie d’extraire de son flot de paroles les rares d’un intérêt quelconque …

A son habitude, Rosimar ne s’en satisfit pas au contraire. Lui signifiant clairement qu’il était face à son chef dans son entreprise et qu’il était prêt à lui faire regretter tout écart de conduite… avant d’être coupé par Zarathoustra et sa macabre découverte.
Sa déclamation était émouvante mais aucun d’entre eux ne s’apitoieraient plus que de raison sur le devenir du "psychopathe dératiseur". Il avait choisi lui-même son destin …
Suivant le roublard, ils prirent le tunnel Nord, appréciant de n’avoir à patauger cette fois et dressant leurs torches pour tenter de briser le voile de nuit les écrasants presque autant que ne leur était pénible l’odeur des égouts. Il leur semblait faiblement percevoir un peu de clarté tout au fond mais sans certitude aucune.

Devant et derrière, le bruit de chutes d’eau chargées d’immondice les oppressaient presque autant.

William

Marcus se renfrogna et répondit au moine à son habitude, rustre mais juste et plein de sagesse : - « Pourquoi c’que j’partirais maint’nant ? Mon gars est parti par là, j’vais pas attendre qu’tu t’en ailles pour prend’ le même chemin ! ».
Sur fond d’injures diverses prononcées par le marin qui glissait plus souvent qu’à son tour, ils arrivèrent tous deux devant la petite herse dont une barre horizontale portait deux traces rouge sombre. Passer entre les barreaux était totalement illusoire …

Jet de Force de William : 16 (dé) +2 = 18 Echec
… tout comme l’idée de les écarter, mais tentant de le faire, un mince filet de poussière s’échappa du dessus et il sembla au Moine qu’il put la faire coulisser vers le haut.
Jet de Force de William : 11 (dé) +2 +2 (aide de Marcus) = 15 Réussite
Aidé par le marin qui jura de plus belle sous l’effort, ils parvinrent à la monter suffisamment que pour se faufiler en dessous sans avoir à ramper plus encore dans la fange. Ils débouchèrent dans un vaste conduit, au fond duquel s’écoule péniblement une vingtaine de centimètres d’eau de gauche à droite.
A gauche, William pensait percevoir une très faible lueur mais peut-être n’était-ce que d’être trop longtemps resté plongé dans cette obscurité.

William grogna sous l'effort pour réussir à monter en haut. Au sommet de l'échelle il sourit et dit à son compagnon d'un ton de plaisantin:

-Certainement, Marcus, tu peux venir avec moi. J,ai pourtant la drôle d'impression que ton gars est mort quoi que tu puisses en dire. Quoi qu'il en soit, je suis content de t'avoir à mes côtés. Je n'aimerais pas pourrir dans cet égout seul et privé de ta présence.

Le moine aida le marin à finir son ascension en lui tendant la main et ensembles, ils arrivèrent à la grille. Will tenta de la forcer mais il n'en fût seulement capable qu'avec l'aide de son compagnon. Qu'aurait-il fait si celui-ci avait choisi de partir? Ça, il ne le savait pas! Les deux explorateurs poursuivirent leur route jusqu'à une intersection.¤Par Eldath, cet égout est un véritable labyrinthe, nous n'en sortirons donc jamais. Peut-être que j'aurais mieux fait de recopier la carte. Non ressaisi toi Will, tu t'en sortira coûte que coûte!¤ Il repéra ensuite une chiche lumière sur sa gauche. S'était peut-être la fatigue ou autre chose du genre mais il croyait toujours en ses intuitions. Il chuchota à Marcus en prenant le chemin de gauche:

-J'ai cru voir une lumière de se côté, nous n'avons pas d'autre raison de prendre un chemin ou l'autre alors je prends celui-ci. Tu peux me suivre si ça te va.

La progression était ralentie considérablement par le fait qu'ils marchaient encore une fois à contre courant. William se retenait pour ne pas jurer, il devait garder sa paix intérieure, en bon moine.

Nish suivait sans rien dire. L'accueil brusque de Rosimar l'avait laissé sans voix. Il n'avait eut aucune réaction mais, après coup, il se rendait compte que le gaillard lui déplaisait. Pour l'Halfelin, c'était une chose qu'il soit arrivé en retard mais, au moins, il était là et en vie. Pas comme ce type surnommé le 'psychopathe dératiseur'. Allait-il devoir montrer sa valeur à ce drôle de gars ? Qu'importe. Si Rosimar n'aimait pas Nish, l'Halfelin n'en avait cure. Il se contenterait bien de la sympathie des autres.

¤ Le chef, le chef... Ah ! Tu parles... C'est sûrement parce qu'il gueule plus fort que les autres qu'il est le chef. Ce Zarathoustra m'a l'air étrangement poli. Je me demande d'où il vient. Qu'importe... Et ce Néféris... Il a dit quoi déjà ? Un génasi. C'est quoi ça ? ¤

L'Halfelin se résigna à se taire. Il n'en avait pas vraiment envie mais le dénommé Rosimar avait l'air si peu commode qu'il craignait de se faire découper en tranches s'il osait ouvrir la bouche sans invitation. Il retint un soupir et observa ce qui se trouvait autour de lui. Il n'aimait guère les lieux, même s'il était désormais les pieds au sec.

¤ Drôle de petite troupe... Uh ? ¤

Nish plissa les yeux, cherchant à percer les ténèbres qui se dressaient devant lui. Il n'y voyait pas bien, malgré les torches. Il grogna doucement, songeant que sa vue était abusée par son séjour dans cette obscurité puante. Enfin, l'Halfelin ouvrit la bouche, cédant à son irrépressible envie de causer. Pourtant, il ne parla pas bien fort.

- Vous savez où on va au fait ? J'veux bien suivre sans faire d'histoire mais... Il haussa les épaules, eut un sourire timide et conclut. "Pas envie d'me perdre dans ce trou merdeux, c'est tout..."

¤ Et si on se perds, comment on sortira ? On va quand même pas survivre en bouffant des rats, si ? Oh misère... Pourquoi j'suis pas resté à compter fleurette à cette serveuse ?! ¤

Un frisson glaça l'échine du Halfelin et il jeta un coup d'oeil en arrière. Il adressa une pensée à ce pauvre gars gisant dans les égoûts et se jura de tout faire pour ne pas finir ainsi. Il craignait de mourir ainsi, seul, abandonné et oublié de tous. Triste fin que celle-ci.

MD

William
Marcus leva les épaules à l’annonce que la personne qu’il recherchait –seul, il l’avait maintenant compris- était sans doute décédée. Les traces de sang qu’ils avaient pu voir ça et là ne présageaient rien de bon mais peu lui importait en fin de compte, il ne le connaissait pas au contraire de ceux qu’il avait hâte de rejoindre avec la récompense et l’annonce qu’ils avaient de quoi repartir en mer.

Son entraînement lui permit de se calmer malgré la situation et cette impression grandissante qu’il risquait de mettre longtemps avant de sortir de ce labyrinthe et qu’il ne retrouverait peut-être jamais ses compagnons et ainsi avança-t-il vers la faible lueur qui en était bien une.
Face à lui, il entendait toujours le son de chute d’eau, relativement fort du fait qu’il n’en voyait pas encore la source. A quelques mètres leur couloir semblait déboucher sur une nouvelle pièce.

Zarathoustra, Rosimar, Néféris, Nish

Les quatre aventuriers poursuivirent leur marche silencieusement, ne prenant pas même la peine de répondre à l’Halfelin désireux de briser ce bruit d’eau continuel. Ils traversèrent le couloir humide sur les murs duquel s’accrochaient quelques champignons hideux, dérangés par quelques insectes aveugles, fuyant eux-mêmes la source de chaleur que représentait le groupe. Tête basse, plongé dans le croquis des égouts de Sans-Nom, Rosimar menait la marche, prenant soin de noter mentalement le peu de chemin qu’ils avaient encore à parcourir avant d’atteindre le tuyau et l’habitation du marchand.

Ils arrivèrent dans une pièce carrée, dont le mur de gauche était percé d’un tuyau de terre cuite à l’image de celui de la pièce qu’ils venaient de quitter, et au milieu de laquelle s’écoulait un nouveau canal. Face à eux, une grille les empêchait de poursuivre les pieds au sec. Au bout du tunnel sur la droite, ils voyaient clairement la lueur les deux torches de quelqu’un … ou quelque chose … s’avançant dans leur direction.

arathoustra suivait de près Rosimar le Gris. Il ressassait dans son esprit les derniers évènements : la fin de la vie misérable d'une créature affamée et celle de la vie d'un demi-elfe en quête d'identité. Mais il fallait que l'aquafondien passe à autre chose. La mission et surtout la vie devait continuer. Le rêveur du songe ne saurait vendre son existence à rien ni à personne, ni même à ses sentiments.

Le jeune homme, son bâton éclairant toujours à la main, examinait les murs et le sol des égouts de Luskan alors que son esprit gagnait d'autres rivages. ¤Qu'était venu faire en cet endroit terne ce voyageur ? Je pense bien avoir vu juste quant à son but, mais quelles peuvent être les motivations qui mènent les hommes vers leur dernier voyage ? De même, quels peuvent être les évènements ou les sentiments qui poussent mes compagnons de l'instant a s'enfoncer dans les ténèbres et les relents des égouts ?¤

Alors que deux lueurs de torche approchaient nettement de la salle dans laquelle se tenait le groupe, Zarathoustra revint sur le plan matériel, cacha son bâton éclairant et se posta contre le mur de droite, prêt à user de ses pouvoirs contre un éventuel ennemi émergeant de ce tunnel. ¤A ce rythme là on est pas arrivé !¤

William pensait avoir enfin une petite piste ayant trait avec ses compagnons. Il ne devait pas y avoir beaucoup de personnes qui se baladaient dans les égouts de Luskan à part eux et lui même ainsi que Marcus. Quoi qu'il en soit, alors qu'il commençait à approcher du point de lumière, celui-ci s'étendit subitement. Le moine craint d'avoir perdu le groupe à nouveau mais d'un signe de main, intima Marcus à poursuivre en silence, au cas ou. William tenta de se faire silencieux et entra dans la nouvelle pièce qui se présentait à lui. Il était évident qu'il ne passerait pas inaperçu à cause de sa torche mais il ne pouvait pas faire mieux pour cause qu'il ne voyait pas dans le noir. Il espérait donc de tout coeur pour que la lumière défunt fut celle de ses compagnons et que si tel était le cas, il ne le prendrait pas pour un ennemi. Malgré tout, le moine pénétra dans la pièce en position de combat, prêt à toute éventualité et surtout, à défendre sa peau et celle du marin qui l'accompagnait. Même s'il avait pensé un peu de mal de Rosimar, Néféris, le bonhomme en blanc et Alexan, il devait avouer qu'il avait hâte de les revoir. Il avait aussi hâte d'avoir franchis les égouts pour pouvoir passer aux vrais choses.

Voyant le peu de répondant de ses compagnons, Nish se mura dans un silence résigné. Il regrettait d'être là, à patauger en compagnie de gens aussi étranges. Il avait l'impression qu'ils le considéraient comme un poid inutile. Cette pensée le blessa, tout autant que le silence de ces gens. Mais, il se résigna. Inutile de les planter là dans les égoûts. Il se perdrait lui-même dans ce labyrinthe fangeux.

¤ Déjà un mort dans leur groupe... Je serais peut-être le prochain, on sait jamais. Vu la tête de ce type là, Rosimar, il serait bien du genre à me donner en pâture à des molosses juste pour faire diversion ! ¤

L'Halfelin fermait la marche, sa torche en main. Lorsqu'il vit les lueurs, il ne sut que faire. Lâcher sa torche, la noyer dans un liquide, ce n'était peut-être pas un choix très judicieux. Il soupira, maudissant l'inventeur des égoûts et, d'un geste vif, lança sa torche dans le canal s'écoulant tout près. Il se mordit la lèvre inférieure, regrettant aussitôt son geste mais, c'était déjà trop tard.

¤ Hum... Sans lumière, ça va être coton... Bah, qu'ils se débrouillent un peu ! Et si ça tourne au vinaigre... Non, faut pas que j'y pense ! ¤

Comme pour se rassurer, il posa la main sur la garde de sa dague mais ne la sortit pas. Lentement, il se glissa derrière les autres, pour les mettre entre lui et ce qui approchait via le couloir. Nish déglutit, se tenant prêt à se défendre s'il n'avait vraiment pas le choix.