Visiblement conscient de l'urgence du moment, Borel ne perdit pas davantage de temps en palabres inutiles. Plus petit que le paladin en stature, le jeune humain avançait d'un pas rapide, mais Elion, avec sa haute stature et son armure imposante, avait l'impression de se traîner à sa suite. Pourtant, il ne pouvait guère en vouloir à Borel, conscient que le jeune homme faisait de son mieux.

Ils pénétrèrent dans la petite chapelle. La lumière tamisée perçant les vitraux et le silence donnaient à ce lieu toute la quiétude nécessaire au recueillement religieux. Seule la progression rythmée du paladin troublait ce silence.

Chaque pas d'Elion résonnait dans la chapelle avec une solennité presque inquiétante. Le silence sacré des lieux, d'habitude respecté par les prières murmurées, était désormais brisé par le cliquetis métallique de son armure. Le son se propageait contre les murs de pierre, amplifiant chaque mouvement, transformant le moindre frottement des plaques de mythral exalté constituant Aphrulãd en une onde répercutée à l'infini. Ses lourdes bottes, elles aussi étaient immaculée, la plaque du même métal que son armure frappé du symbole de son dieux bordé d'une couronne de plumes blanches, heurtaient le sol avec un écho sourd, chaque pas semblant résonner bien au-delà de la petite chapelle, comme une intrusion presque irrévérencieuse dans ce lieu de quiétude.

Le contraste entre le silence assourdissant et le bruit de sa progression rendait l'atmosphère pesante, comme si chaque son était susceptible de réveiller quelque chose de profondément enfoui dans les ombres de la crypte.
Traversant la nef puis le transept, ils passèrent derrière l’autel avant que Borel ne désigne de son doigts tendu l’emplacement d’une large trappe.
Elion balaya les environs du regard. Rien ne bougeait. Aucun signe de Kryssyyor, ni de leur voleur potentiel. La Lame Etincelante de Heaum posa une main protectrice sur l’épaule du jeune guide.

— Borel, tu m’attends ici. Je vais d’abord vérifier que tout est en sécurité. Tu ne descends pas tant que je ne t’ai pas donné le signal, c’est clair soldat ?

Le jeune homme acquiesça vivement, les yeux ronds d’admiration et de respect devant l’aasimar en armure immaculée. Une main posée sur le pommeau de son lourd cimeterre, Elion commença sa des-cente vers les profondeurs de la crypte. L'air devenait plus froid, imprégné d'une étrange sensation de calme immobile, alors qu'il franchissait les derniers marches.

La salle souterraine s’ouvrit devant lui, vaste et impeccable, d'une propreté surprenante pour un tel lieu. Les tombeaux, ordonnés dans un silence solennel, semblaient presque trop bien entretenus. Soit, le Comte avait un réel respect pour ses aïeuls reposants en ces lieux avec un profond devoir de mémoire à leur égard. Soit, la crypte ne servait pas uniquement de crypte.

Une fois en bas, Elion fit un rapide tour des lieux. Rien n'indiquait la présence récente de quiconque : ni traces de pas, ni mouvement suspect, ni signe de Kryssyyor.
Le drow était un maître de la furtivité, et s'il était passé par ici, il n’aurait rien laissé derrière lui. Le paladin, malgré tout, se concentra sur sa mission première : vérifier si l’anneau était toujours en sécurité.

Il appela Borel d'une voix ferme mais mesurée. Le jeune humain descendit rapidement pour rejoindre le paladin, son visage marqué par la nervosité de cet endroit empreint de mystère. Pendant que Borel approchait, Elion posa deux doigts sur son front et murmura des paroles sacrées à voix basse. Ses yeux s’illuminèrent alors d’une légère lueur bleutée, signe de la bénédiction qu'il invoquait pour détecter toute magie présente.

Si l’anneau était encore là, caché parmi ces tombes, il devait laisser un écho magique, tout comme n’importe quel sort ou piège qui aurait pu être placé pour le protéger ou pour alerter de sa disparition.
Le paladin se retourna légèrement vers Borel, qui descendait prudemment les marches.

— Borel, c'est bon ! Allez, vient, mais reste sur tes gardes ! Si quelqu’un s’est faufilé dans cette crypte, il n’a pas pu dissimuler entièrement ses traces.

Borel, un peu mal à l'aise dans cette atmosphère sacrée et énigmatique, s’arrêta à côté du paladin, ses yeux s’agrandissant en voyant la lueur surnaturelle qui émanait des pupilles de l’aasimar. Elion, de son côté, poursuivait son examen.

— Il va falloir fouiller avec soin, Borel. Mais reste prêt à intervenir. Si le voleur est passé avant nous, il pourrait revenir. Que Heaum te protège.

Dans cette crypte silencieuse, Elion savait que la prochaine étape nécessitait autant de patience que de discernement.