L'Œil du cyclone, Entre une tourmente et l'autre

Un ange passa.
Lentement, longuement.
En un instant qui sembla s'allonger pour n'en plus finir ...

Sans aucunement tenir rigueur au maquar pour son comportement, au contraire, Hermine prit conscience du malentendu qui s'était immiscé dans leur conversation. À une allure folle, son cerveau repassa en revue tout ce qui avait été dit, ce que ça pouvait signifier au lieu de ce qu'elle croyait que cela signifiait, comparé à ce que son ami pouvait croire que cela signifiait au lieu de ce que cela signifiait peut-être ...

Stop.

Il fallait qu'ils se sortent de là, en souffrant le moins possible.
Car non, Hermine non plus n'était pas habituée à discuter de « ces choses-là ».

- Sahadeva ..., souffla-t'elle en continuant à le regarder attentivement, « Paяdonne-moi, mais j'ai cяu un instant que ... tu me faisais du plat ? Et que tu as cяu que ... je t'en faisais aussi. Était-ce ... mon ... imagination ? »

Après tout, elle lui avait confié à lui ses envies de couple, lui l'avait encouragée à être heureuse et à créer une famille, avant de l'assaillir de compliments, d'avouer qu'elle ne lui imposerait rien ... Ça ressemblait à l'idée de « mariage » qu'Hermine, de culture tribale, associait à des activités bien plus nécessaires.
Mais en même temps ...

- Même si un amouя qui n'est jamais passé dans la foяge des épяeuves яeste fяagile et cassant, je pense que l'amouя né dans l'adveяsité est souvent une illusion. L'Amouя a besoin de paix et de sincéяité.
« Oя toi, tu as été témoin de ceяtains de mes piяes moments. Je suis Louve, je suis capable de dévoяeя le village que tu défends. J'ai, je cяois ... besoin de ton яegaяd honnête et dяoit. Tu me яappelles ... Tu es difféяent de moi, mais en même temps, tu m'aides à яesteя ... ancяée. »
« Tu n'es pas de mon sang, tu n'es pas de ma cultuяe, ... mais tant que tu l'acceptes, tu es ... de ma meute. »

Elle marqua une pause. Lentement, elle avait posé sa main sur son cœur.
Puis, après avoir pris sa respiration :

- Sachant cela, ... et te connaissant ... veux-tu яéellement ... mettяe du sexe entяe nous ?

♬

Sahadeva était relativement mal à l'aise. Ce n'était pas dans sa nature de se livrer sur ses sentiments amoureux, encore moins dans son éducation : ses relations avec son père avaient toujours été mauvaises, ses maîtres l'avaient bien formé mais pas à ce genre de discussion. Il ne pouvait guère s'ouvrir de ces sujets à sa mère, son frère et sa soeur, mais sa pudeur ne l'avait jamais incité à le faire.

Hermine avait su trouver les mots, des mots justes, des mots capables de l'inciter à dire ce qu'il ressentait. Mais si beaucoup de choses étaient relativement claires dans son esprit, celle-là ne l'était pas.

- Hermine... Si seulement je savais ce que je voulais, ce serait tellement plus simple...

Il se frotta pensivement le menton, avant de préciser sa pensée :

- Tu n'ignores pas que je t'apprécie et que j'éprouve une attirance pour toi. J'aime ta fougue, ta bravoure, ta ruse, ton intelligence et ta capacité à trouver des solutions là où les problèmes semblent insurmontables. J'aime comme tu protèges celles et ceux que tu apprécies. Je trouve moi aussi que nous sommes tous les deux complémentaires, tu as les qualités que je n'ai pas. Et, pour tout te dire...

Si la peau de Sahadeva avait été moins foncée, on l'aurait probablement vu rougir :

- ... ce jour où tu as plongé pour affronter l'aboleth, je n'ai pas pu m'empêcher de te regarder. Et ce que j'ai vu ce jour-là m'a beaucoup plu, même si les circonstances ne s'y prêtaient pas vraiment...

Le Maquar se mordit légèrement la lèvre, car il s'apprêtait à dire ce "mais" qui pourrait faire mal à son amie :

- Une partie de moi me crie de te répondre "oui". Mais une autre partie me conseille la... retenue. Pour moi, le sexe et le mariage sont intimement liés. Certains moralistes d'Estagund distinguent les deux : le mariage pour la reproduction, le sexe pour le plaisir. Mais ce n'est pas l'opinion de tous, pas la mienne en tout cas. C'est pour cette raison que j'ai refusé d'épouser Surpanala et tout quitté.

Le guerrier en vint finalement au fait :

- Tout ça pour dire que je n'envisagerai une relation que si je suis sûr qu'elle pourra durer. Je veux rentrer un jour en Estagund et je serais ravi que tu m'y accompagnes, en tant qu'amie ou en tant qu'épouse. Mais je ne suis pas sûr que tu t'y plairais : tout y est tellement... différent. La nourriture, la langue, les cultes, la société. Sans compter que nous aimons l'ordre, un ordre qui pourrait brimer ta créativité, tes envies, tes désirs de découvertes et de nouvelles connaissances. Je serais le garant de cet ordre qui pourrait te rendre malheureuse. Et je ne veux surtout pas te rendre malheureuse ou t'obliger à réprimer qui tu es vraiment. Car je t'aime comme tu es...

Il s'approcha d'Hermine et, maladroitement, lui prit la main.

- Voilà le fond de ma pensée. Ma raison me pousse à attendre, à patienter pour savoir jusqu'où nous serions prêts à aller tous les deux pour cela puisse fonctionner. Mais toi, qu'en penses-tu ?

'aventurière posa un regard doux sur son compagnon. Laissant sa main la sienne, elle prit un instant pour répondre, instant durant lequel un léger sourire ourla ses lèvres.

- Je pense ... la même chose, mon ami.
Pouя moi, le sexe c'est pouя le loisiя, le maяiage pouя la société, donc яien à voiя. Et aucun des deux n'implique foяcément la seule chose impoяtante : l'amouя ... Oя, l'amouя pяend bien des foяmes, et celui qu'il y a entяe nous me ... convient.

Hermine n'exprima pas ce jour-là le vague soulagement qu'elle ressentait et ce, pour trois raisons.
La première était le bonheur qu'au cours de cette discussion, Sahadeva avait fait un choix important pour lui. Faire des choix permettait d'avancer, de se réconcilier avec soi-même.
La seconde, c'est que le Durpari avait raison : ça n'était pas le bon moment. Tous deux risquaient leur vie, presque chaque jour. Ils devaient pouvoir se reposer l'un sur l'autre. Ils se connaissaient bien, mais aux yeux de la guerrière tribale qu'elle était, les conceptions de l'homme sociable qu'elle avait en face d'elle était encore trop étrangères. Or, qu'adviendrait-il d'eux si leurs attentes étaient différentes ? Quelque chose se passerait mal, la rancœur s'accumulerait, et la confiance en pâtirait. Rares sont les personnes prêtes à accepter un « ex » armé dans leur dos ...
Quand à la troisième ... le cœur d'une femme conservera toujours une part de secret.

- Mais un autяe jouя, sous un autяe ciel ... Peut-on vяaiment savoiя ce que l'aveniя nous яéseяve ?
Au couяs de cette conveяsation, j'ai fait un яêve. C'est un яêve, un souhait, un vœu ... pas une pяophétie. Je ne pяédiяai pas mon pяopяe aveniя, c'est un des plus gяands interdits d'une devineяesse. Quoi qu'il en soit, imagine, imagine яien qu'un instant ...
Elle serra la main de Sahadeva un peu plus fort, puis :
« Comme moi, tu as quitté ton foyeя. Contяaiяement à moi, tu le fuyais. Moi, pendant longtemps je cheяchais à tout pяix à le яetяouveя. Aujourd'hui, je suis un peu plus en paix avec ça. Et cette paix, si je le peux, mais suяtout si tu le veux, quand tu y seяas pяêt, je t'aideяai à la яetяouveя.
Je t'emmèneяai suя mon bateau jusqu'en Estagund. Nous affяonteяons la meя et ses tempêtes. Une fois là-bas, si tu n'y paяviens pas seul, je t'aideяai à claяifieя ce qui doit l'êtяe. Ou aloяs je te foutяai la paix, je te laisseяai géяeя, mais je te suяveilleяai, et je t'empêcheяai de te débineя à nouveau, je te pяotègeяai de tout, de tous, y compяis de toi-même s'il le faut.
Et quand tu auяas яetяouvé la paix, tu te seяas acquitté du pяix de ta tяaveяsée.
Où en seяons-nous, à ce moment-là ? On veяяa bien ... »

Depuis combien de temps Tijak se tenait-il ainsi dans l'ombre ? Etait-il là depuis simplement quelques secondes ou de plus longues minutes à hésiter à venir importuner ses aînés ? La conversation, dont il percevait quelques bribes, l'incitait plutôt à rester en retrait, à ne pas s'avancer pour éviter de déranger ce qui semblait être un moment d'intimité entre Hermine et Sahadeva.

Alors que le jeune adolescent se déplaçait légèrement, voulant mieux répartir le poids de son corps, un craquement se fit entendre. Une branche morte, sournoisement dissimulée sous des feuilles, venait soudain de se rompre sous le pied de l'enfant. C'était loupé pour la discrétion et la possibilité de battre en retraite.

Ne voulant surtout pas donner l'impression qu'il les espionnât, Tijak s'avança d'un pas hésitant. Allait-il être bien accueilli ou, au contraire, allait-il se faire rabrouer d'arriver ainsi à un moment inopportun, comme un cheveu sur la soupe ?

Sur sa frimousse juvénile, de nombreux sentiments se succédaient : embarras de ne pas être à sa place, inquiétude à cause d'une question qui lui trottait dans la tête, détermination à venir demander conseil mais réticence à le faire maintenant, d'autant que ses aînés avaient l'air très occupés.

- Euh, j'voudrais pas déranger, commença-t-il timidement. Mais faudrait qu'j'vous parle. C'est rapport avec mes armes.

Machinalement, la main du garçon se posa sur le fer de sa hachette, glissée sur le côté droit de sa ceinture.

- J'veux dire, j'l'utilise toujours pour m'battre et j'sais m'en servir mais j'trouve qu'y a des limites. J'peux juste taper du tranchant alors que des fois faudrait qu'j'donne un coup de la pointe. D'accord, pour ça, j'ai ma dague mais j'trouve qu'elle manque de poids.

S'interrompant brusquement, Tijak se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Alors qu'il s'était juré de ne pas importuner ses amis, voila qu'il s'immisçait dans leur conversation, monopolisant même l'attention, en véritable moulin à paroles qu'il était au fond.

- Enfin, c'est pas grave. J'vois qu'vous êtes occupés. J'vous en parlerai une autre fois.

Esquissant un pas en arrière, le gamin s'apprêtait à battre en retraite, ne voulant pas imposer sa présence plus longtemps.

orsque Jakelm s'avança, Hermine lâcha la main de Sahadeva, et fit mine de se recoiffer, passant un doigt dans ses cheveux noirs, un sourire aux lèvres. Juste un instant auparavant, lorsque le craquement de la branche morte s'était fait entendre, toujours "assis" derrière la guerrière et le maquar, le haubert de métal noir avait imperceptiblement tourné son heaume vers le garçon.

Comme si elle avait pressenti ce moment, Hermine ne semblait pas être surprise de l'irruption du jeune Téthyrien, et l'écouta attentivement, le couvant des yeux, jusqu'à ce qu'il en ait terminé —et que, comme à son habitude, il se mette à rétropédaler dès qu'il se retrouvait un peu trop au centre de l'attention.
Dès qu'il commença à battre en retraite, Hermine se leva promptement et, si nécessaire, le rattrapa par l'arrière de son col d'un geste bienveillant mais ferme.

- 'Va vяaiment falloiя que tu pяennes confiance en toi, soupira-t'elle en agitant le doigt comme en un faux sermon. « Tu fais paяtie du gяoupe, Tijak, aяяête de te compoяteя comme si tu pouvais pas pяétendяe, ... kārtībā ? »

Sa remarque n'était pas gratuite, et dépassait le fait de vouloir voir le petit défendre ses points de vue. Bien que ce ne fût pas le moment pour le dire, elle ne connaissait aucune arme véritable qui accepterait de se battre pour un bras manquant d'assurance et de volonté.
Se redressant, elle fit mine de lui épousseter l'épaule, et croisa les bras, faisant la moue, une mimique que ses compagnons connaissaient bien comme un signe de réflexion de sa part. Elle se détourna à demi de Jakelm, fit quelques pas, et inclina la tête de coté, en direction de Sahadeva. À son adresse, elle roula des yeux et articula silencieusement quelque chose, comme pour inclure le maquar dans la conversation, lui demander son avis, ou autre connivence mystérieuse entre guerriers.
Mine de rien, elle s'était placée de manière à former un triangle entre Jakelm, Sahadeva et elle, afin de n'exclure personne de la conversation, et de ne pas donner au garçon l'impression de comparaître devant un "jury d'adultes".

- Une aяme de poids, hein ? Qui pouяяait te peяmettяe de fяappeя de taille et d'estoc. Et flexible comme toi ... Elle se tapota les lèvres de l'index, la tête toujours penchée de coté, ses cheveux cascadant sur son épaule :
« J'ai envie de diяe ... cimeteяяe ? »

Elle observa un instant la réaction du garçon mais aussi, du coin de l’œil, celle du maquar dont le cimeterre, Nakula, était l'arme de prédilection.
Jakelm ne semblait guère enthousiaste. L'arme était pourtant flexible, capable d'asséner rapidement des coups de tous cotés, entre les mains de quelqu'un de suffisamment expérimenté. Mais elle était aussi probablement trop encombrante pour la carrure de l'éclaireur, encore en plein croissance.
Elle écouta l'opinion de Jakelm, et éventuellement de Sahdeva, puis :

- J'ai bien une alteяnative, si tu veux.
- De la poche de sa veste de cuir, elle sortit un rouleau de parchemin. Faisant signe à Jakelm de s'approcher pour mieux voir, elle commença à esquisser une forme au fusain, au fur et à mesure de sa description :
« Pяends un sabяe d'aboяdage. Яéduis-le à la taille d'une épée couяte. Genяe, coutelas à lame dяoite. Pas plus longue que ton avant-bяas, pouя pouvoiя le cacheя. Épaisse, pouя pouvoiя paяeя avec. Un seul tяanchant, aiguisé aux deux-tieяs, pouя épaяgneя le fil loяs des paяades. Une capuce —une gaяde en "D"— яallongée paя l'aяяièяe. Ça maximise le nombяe de manièяes dont tu pouяяais l'utiliseя.
Et ...
L'armurière plongea son regard dans celui du jeune guerrier, ménageant ses effets :
« On t'en fait deux. Mais яangés dans un seul fouяяeau, pouя limiteя l'encombяement et maximiseя l'effet de suяpяise.
Ça s'appelle des couteaux papillons. Tu te souviens du vaisseau dяagon qui était amaяяé quelques jours au Яocheя, à coté du Pяotecteuя ? J'ai vu ceяtains Shous en manieя ... »

Son alternative présentée, Hermine se redressa :

- Qu'en penses-tu ? Ça t'intéяesse ?
Puis, à l'adresse de Sahadeva :
« Et toi, ... maîtяe d'aяmes ? »

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Sahadeva avait rougi une seconde fois lorsque Tijak avait interrompu leur conversation : tout occupé à sa discussion, il s'était montré moins vigilant que d'habitude et n'avait pas entendu le garçon approcher.

Les réponses d'Hermine l'avaient touché et il se sentait bien, même si beaucoup de points d'interrogations ponctuaient leur avenir commun. Il avait le sentiment qu'ils s'étaient dits des choses devaient être dites. L'irruption de Jakelm l'avait gêné, mais il se ressaisit peu à peu à mesure qu'Hermine discutait avec lui d'armement.

Au début, il n'écoutait que distraitement la conversation qui s'était engagée, puis l'art de manier le cimeterre avait été évoqué, réveillant son intérêt. Une fois qu'Hermine eut achevé de présenter ses propositions à Tijak, il répondit à son tour au jeune homme :

- Je n'ai pas un avis très neutre en la matière : chez moi, tous les Maquars apprennent à manier le cimeterre. C'est une arme noble qui présente plusieurs avantages. Si tu veux t'engager dans cette voie, je peux te seconder et te confier quelques petits trucs et astuces, notamment quelques bottes que mon maître Arjuna m'a apprises quand j'avais à peu près ton âge.

Il ajouta :

- Mais il est vrai que le cimeterre est assez encombrant : il n'est pas forcément l'arme idéale pour agir discrètement ou dans des espaces exigus. Dans les Eaux Dorées, on utilise plutôt le Kukri pour ce type d'usage. Je ne connais pas le type d'armes évoqué par Hermine, mais il est peut-être plus efficace encore...

L'évocation du cimeterre avait amené un moue dubitative sur les lèvres de Tijak. L'arme, qu'il voyait bien au côté de Sahadeva, lui semblait bien peu maniable et, en tout cas, bien trop grande et encombrante pour lui. La suite l'intéressa beaucoup plus. Captivé, le gamin suivait des yeux la main d'Hermine au fur et à mesure qu'elle affinait son esquisse. Peu à peu, les traits prenaient forme, dessinant bientôt une arme qui semblait correspondre en tout point aux souhaits de l'éclaireur.

S'inspirant du sabre d'abordage, bien connu du mousse, elle en avait réduit les dimension pour gagner en maniabilité et vitesse d'exécution. L'idée d'en faire une paire rejoignait grandement l'orientation que Tijak pensait donner à son style de combat depuis qu'il avait réalisé qu'il n'était pas si maladroit que ça avec sa main gauche. Se battre avec une arme dans chaque main permettrait de désorienter son adversaire et offrirait de multiples angles d'attaques.

À la suggestion de ranger ces deux couteaux papillons dans un même fourreau, le garçon porta machinalement les mains à son côté, esquissant le geste de dégainer les deux armes simultanément. Cette action n'était pas naturelle et devrait être travaillée mais ne représentait rien d'insurmontable. Et si m'dame Hermine trouvait que c'était une bonne idée, Tijak abondait volontiers dans son sens, heureux de profiter de l'expérience de ses aînés.

- Wowo, c'est génial ça, s'enthousiasma-t-il. Et vous pourriez m'faire ça ? Et vous, m'sieur Sahadeva, vous m'apprendrez à les utiliser ?

Un grand sourire illuminait le visage du gamin alors que ses yeux se faisaient un peu rêveur. Sans nul doute, il se voyait déjà, virevoltant au milieu de nombreux adversaires, un couteau papillon dans chaque main, esquivant leurs coups et portant les siens avec une remarquable précision.

ntendant la réaction, et voyant ce grand sourire illuminer le regard du garçon, Hermine eut à son tour un beau sourire.
Elle fit mine de lever la main pour ébouriffer ses cheveux mais, se souvenant qu'il détestait cela, altéra son mouvement et se contenta de lever le pouce :

- Évidemment, que je peux faiяe ça !
Lorsque cette aventuяe seяa teяminée, je me tяouveяai une foяge, et on se mettяa au boulot ...



Depuis quelques temps, les occasions pour Hermine de sourire s'étaient fait rares.

L'attaque de la Fureur Rouge du Mintarn avait laissé Caer Callidyrr en cendres, et l'ambiance en ville était loin d'être au beau fixe. Une grande partie du bâti était en ruines, et le moral des habitants en allait de même. Dans certaines parties de la ville, l'incendie avait duré des jours avant d'être maîtrisé. Le Ppeuple, choqué par l'attaque aussi soudaine que dévastatrice, n'avait dû son salut qu'à la défense de sa haute reine, elle-même aidée par un puissant cercle de druides.
Il fallait maintenant reconstruire. Mais après ce désastre majeur, réorganiser l'approvisionnement, le logement, le commerce, et tout ce qui faisait la vie dans une cité, prenait du temps ...

À son niveau, Hermine tentait d'aider.
Dans les premiers temps, il avait fallu avant tout préserver la sécurité des habitants les plus menacés, et donc parcourir la ville en long et en large pour, en trois mots, sauver des vies. Passée cette gestion des premières urgences, la guerrière avait décidé de mettre ses compétences d'artisan au service de la reconstruction, de manière plus pérenne. Pour cela, il lui fallait un point de chute stable, afin qu'elle puisse travailler, et que celles et ceux qui avaient besoin de ses services puissent facilement la trouver.
Elle avait trouvé un tel endroit en un groupe de bâtiments plutôt bien situés, quelque part entre les quartiers de la Forêt, des Docks, du Loup et les Bas-Quartiers. Le bâti lui-même n'était plus que des ruines fumantes dont la plupart des occupants semblaient avoir péri. Lors d'une audience avec les responsables locaux, et non sans s'être assurée que son projet serait une aide réelle pour le voisinage, Hermine en avait négocié la propriété au meilleur prix, en échange de sa participation aux efforts de reconstruction, eux aussi fournis au meilleur prix à la population.

La Nordique était dotée d'un grand sens pratique, de capacités de planification et d'organisation, et d'une immense endurance. Dès le début, sur un mur relativement intact de ce qui devint son atelier, elle avait peint en grosses lettres sur un des rares murs intacts ce qu'elle pouvait faire, et ce qui lui était nécessaire pour cela :
Avec des matières premières (herbes, ...), elle pouvait confectionner de quoi soigner. Grâce à son savoir architectural, elle pouvait encadrer la reconstruction de bâtiments. À partir de débris, elle pouvait confectionner des outils, mais aussi clous, attaches, gonds, rivets, et toutes ces pièces de métal nécessaires au bâti et à la reprise des activités. Quand elle le pouvait, elle tentait de soutenir la population, réconfortant les veuves, fabriquant de petits jouets aux enfants. Et ainsi de suite ...

Elle travaillait quasiment tout le jour et la nuit, on ne la voyait jamais s'alimenter, et ses siestes étaient rares.
Elle faisait -discrètement- beaucoup de bénévolat au bénéfice de ceux qui le méritaient. De l'autre coté, elle réinvestissait l'argent qu'elle gagnait pour soutenir les ouvriers de la ville en qui elle croyait, permettant à son niveau à certains maçons, charpentiers, dockers, apprentis et autres travailleurs non qualifiés, de trouver un emploi et, peut-être, de reprendre espoir.
Après quelques temps, la « Ruine d'Hermine » n'en avait plus que le nom, et avait gagné des murs solides et même un toit. Mais sa porte était toujours ouverte à qui en avait besoin.

Lorsqu'en journée elle activait le soufflet de sa forge, on pouvait entendre son feu ronfler -ou presque, ... rugir. Rares étaient ceux qui avaient une idée de la source de cet effet qui, quand on n'y était pas habitué, était quelques peu intimidant. Peu après le retour des aventuriers en ville, alors qu'elle aidait à éteindre l'incendie, Hermine avait recueilli régulièrement, parfois en psalmodiant dans sa barbe, différents éléments carbonisés, voire souvent, encore en feu. Elle avait aussi été présente en personne lorsque le dernier bâtiment de Caer Callidyrr avait été éteint, et avait quitté les lieux avec, en main, une torche gravée de runes. Apparemment, ce qu'elle appelait le « Dernier Souffle », la « Flamme du Souvenir », ou encore le « Témoin », lui avait servi à lancer sa forge. Et celle-ci ne s'était plus jamais éteinte depuis ...


Hermine utilise ses compétences :
• Connaissances(architecture et ingénierie), Métier(forgeron), Métier(charpentier)
• Connaissances(nature), Métier(alchimiste), Premiers secours
• Psychologie, Social.


♬

L’ex-folle de Torm avait approché le géant pour se faire aider à trouver Sail, mais ce dernier n’avait rien voulu savoir de l’aider. La jeune femme le remerciait et allait seule à la recherche de sa sœur perdue. Nulle trace, ni piste, aucun indice à trouver, Vêla avait dû conclure que Sail avait dû être happé par une créature du marais. Triste, la chevalière divine fit un petit mausolée et quittait l’endroit pour retourner à la capitale. Elle ne s’était donné aucun temps pour la retrouver, mais après trois jours sans aucun indice elle dû conclure.

La preux chevalière appelait Abby de son monde céleste et parcourut le chemin vers Caer Callidyrr. Le constat fût peinant, des ruines, lamentations, souffrances et bien entendu ce chaos avait engendré multiples désagréments, dont, vols, meurtres, etc. Il y avait tant à faire qu’elle se mit à aider, ici et là, ceux et celles dans le besoin, et ce, sans vraiment chercher pour son père. Toujours à l’affut d’un chevalier en armure noire, elle ne le vit aucunement. Elle avait beau demander si quelqu’un l’avait aperçue, mais personne n’avait une bonne nouvelle pour la jeune femme de la Rashéménie. Elle se dévouait corps et âme à l’entraide jusqu’au moment où l’un des paladins de Torm de la ville l’aperçoive et l’invite auprès d’eux pour se restaurer et se reposer.
Vêla fut pieuse la nuit, se reposait peu et allait aider chaque jour, et ce, jusqu’à épuisement pour ensuite retrouver l’enceinte des paladins et recommencer le lendemain. Il eut des nuits de combats contre des malfrats qui exploitaient la misère, des arrestations, des mises en échec et des rencontres avec la pègre locale pour tenter un apaisement des conflits et surtout pour une aide contre les nouveaux escrocs que la destruction avait aidé à générer. Rapidement, Vêla fut dépassé par le lot de travail et voulut retourner au Bastion des marches d’Argent, mais très peu de bateaux encore en fonction quittaient les îles et encore moins offrait le transport à passager. Elle avait donc pris la décision de rester à la capitale en se dévouant auprès des prêtres et paladin de Torm et surtout auprès de la population qui avait besoin d’aide. Elle devint errante dans la ville, au service de tout un chacun. Elle s’oubliait totalement, allant même jusqu’à mettre de côté ses propres ambitions de former une famille. Elle œuvrait dans tous les quartiers de la ville, formant ici et là, à l’aide de qui le voulait bien, des milices citoyennes qui prenait le nom des ‘’Corbeaux ‘’.
Vêla donnait des formations de maniements d’armes, de défense, d’équitation et créait de possibles futurs Corbeaux qui arboraient vis-à-vis le cœur, une broderie d’une rose rouge ouverte. Rapidement elle se fit connaitre comme la paladine errante, la chevalière solitaire reconnue comme étant clémente, indulgente qui prônait la réhabilitation et offrait l’absolution par le travail, la méditation et l’entraide. Elle formait ‘’Les Sœurs Corbeaux’’, regroupement de femmes aux services des pauvres, qui œuvrait à des soupes populaires et regroupait les orphelins nés du passage du fléau rouge, les Corneilles.

Rapidement dans la ville, il devenait aisé de la trouver, il fallait juste le demander et les Corneilles, devenues les yeux et les oreilles de Caer Callidyrr, vous la trouvaient.

Un soir, Jakelm vint rendre visite à Hermine.
Comme souvent ces derniers temps, la guerrière était devant l'âtre de sa forge. Elle semblait pensive, son regard semblant perdu dans le feu. L'éclaireur à l’œil de lynx ne l'avait jamais vu s'éteindre.

Peu de temps après son entrée, Hermine se retourna, et accueillit Jakelm.
Elle s'approcha d'une étagère de fortune, et y prit un paquet de tissu, qu'elle posa devant son compagnon, avant d'en déplier chaque pan soigneusement. En son sein, l'ancien mousse du Protecteur y découvrit les deux couteaux papillon que son ancienne navigatrice avait forgés tout spécialement pour lui. Fidèle au croquis qu'elle en avait fait voici maintenant longtemps, chaque lame était néanmoins finement ouvragée de gravures qui brillaient doucement dans la pénombre en semblant accrocher chaque rayon de lune : du mithril ...
Comme ils en avaient discuté, Hermine avait achevé son travail de forge pour son éclaireur, en intégrant aux lames le métal merveilleux fourni par lui, issu de la mine d'Herledan. Le résultat était d'une qualité indiscutable, et témoignait d'un grand soin.

Hermine offrit ses coutelas à Jakelm, le laissant les regarder, et évidement les essayer, à loisir.
Bien qu'Hermine fut pour l'instant restée silencieuse, le laissant jouir de son cadeau, après un moment cependant, le garçon put remarquer que l'air de son amie était apparemment redevenu soucieux ...



Jakelm obtient Coutelas de maître ×2.