Chapitre I : Route de pays, mène-moi à la maison

Tant et tant de lieues parcourues... Gendibal était fatigué et impatient de s'arrêter quelques heures à Amphail. Un bon repas arrosé de bière lui ferait probablement oublier ses soucis pendant quelques instants.

Mais les soucis n'étaient jamais loin, pas plus que la fureur des combats. Ayant assisté à une scène des plus étranges, le vétéran se dit avec philosophie.

¤ On dirait que j'arrive après la bataille, cette fois-ci. Un bien ou un mal, difficile de le savoir... ¤

Ayant mis pied à terre, il avait été apostrophé par une voix vaguement familière. Il avait croisé tant de compagnons d'armes qu'il ne se souvenait pas de chacun d'eux, beaucoup étaient morts. Mais cette voix-là lui disait quelque chose, contrairement aux mots qui avaient été prononcés.

¤ Paldragon ? ¤

Un lieu dont il gardait un mauvais souvenir. Une campagne difficile et finalement mal payée, au vu des efforts consentis. Et de nombreux combattants, dont quelques amis, tombés face aux créatures infernales. Tout sétait éclairé lorsqu'il avait découvert les traits de Vampar, dit le Poing Vagabond. Un homme qui le comprenait, un bon compagnon. Un petit sourire d'afficha sur son visage :

- La bonne rencontre, Vampar : c'est bien moi ! Si je m'attendais à te rencontrer à Amphail... Tymora nous joue parfois d'étranges mais bien agréables tours...

Après avoir salué son ancien camarade d'un signe de tête suivi d'une franche accolade, il ajouta :

- Mais dis donc, qu'est-ce qui s'est passé ici ? Ca m'a tout l'air d'un sacré foutoir?

Les paupières closes, encore enfoncé dans le sommeil, Dum remua la tête pour chasser la bestiole visqueuse qui l'importunait. Hélas une nouvelle lampée, tiède et baveuse, assaillit aussitôt son visage. Il ouvrit mollement les yeux, l'esprit engourdi par une migraine décidément tenace...

- Merde de bouc ! gronda-t-il en ruant en arrière, crocs et poils s'étant dévoilés dans l'air fétide de l'haleine d'un énorme chien.

L'un et l'autre se jaugèrent un instant. Le fermier s'y connaissait : arrière-train frétillant, pupilles dilatées, gueule ouverte et langue pendante... Il n'avait rien à craindre de l'animal. Se redressant sur son séant, il se découvrit à côté d'un petit bosquet. Ce paysage ne lui disait rien. Rien du tout.

- Où me v'là rendu, l'chien ? demanda-t-il au molosse qui frotta affectueusement le museau contre son mollet en guise de réponse.

Le colosse de bronze ne se souvenait pas avoir de chien. Il ne se souvenait pas de grand chose, à vrai dire... Fermant les yeux, il essaya de se remémorer les derniers événements : un grand ciel bleu ; ses pieds, ses longs et larges pieds, nus et terreux ; des champs de blé... Et puis plus rien. Le vide. Il se rappelait enfin : il ne se rappelait plus.

- Tu vois l'chien, comme on avance quand on réfléchit ! se félicita-t-il en congratulant l'animal d'une caresse. J'avais comme un gros trou d'mémoire. L'est pas parti. J'ai dû... hum... j'ai dû m'lever... C'est c'que j'fais quand j'suis couché vois-tu... Il se hissa sur ses jambes, l'effort ravivant son mal de tête, puis se retourna lentement. L'herbe couchée, là-bas, c'était moi... Trente-deux bouses j'ai pas marché loin avant d'tomber ! Il rejoignit en quelques enjambées le lieu de son premier sommeil, sans remarquer que son nouveau compagnon partait en sens contraire. Et ça alors : mon chapeau !

Se coiffant du couvre-chef en paille de jonc, il observa le chien revenir vers lui, une branche bien garnie entre les crocs. Le poil terne et sale, il boitait.

- Merci l'ami, dit-il avant de gober goulûment les fruits qui lui étaient offerts, sans méfiance aucune. T'es du genre bagarreur, hein ? ajouta-t-il en considérant les nombreuses cicatrices qu'il arborait. Pis c'te blessure, l'est drôlement moche. Faut pas laisser ça comme ça, tu peux m'croire !

Si l'animal se montrait conciliant, Dum examinerait de plus près sa plaie et tenterait d'y appliquer les premiers soins. Il avait secouru de nombreuses bêtes à Longueselles, il s'y entendait bien dans ce domaine. D'ailleurs, il comprenait souvent mieux les bêtes que les hommes...

- Fais gaffe à toi, l'chien. On va faire un p'tit tour, des fois qu'on trouverait pas mes affaires. J'ai une faux, j'l'aime bien, pis ça peut toujours servir. Il inspecta les lieux un peu au hasard, sans s'attarder. Après on ira vers ces maisons, là-bas. Y aura bien quelqu'un pour s'occuper d'ton cul qui pourrit et pour m'remettre mes idées de plomb.

Ashendra & Gendibal

L'intervention du serpent ne fût probablement pas inutile. Pour une raison où une autre ce symbole des pratiquants de la magie sembla éveiller une certaine forme de crainte chez le bandit qui perdit brutalement une bonne partie de l'insolence dont il se paraît.

Alors qu'il s'apprêtait à parler, Vampar revenait vers l'ensorceleuse accompagné d'un nouveau venu, un vieux guerrier au poil gris, que le pugiliste mettait au courant en marchant :

- T'as pas idée, avait il commencé en arborant un sourire jaune, au moins les démons t'es certain qu'ils crèchent pas dans le village d'à côté...

En substance, Gendibal s'était vu expliquer qu'une bande de bandits masqués et pas très doués avaient brutalement débarquée sur le village sans prévenir. Une fois les malandrins arrêtés (pour preuve le tas de jeunes gens grognant de douleur étendu au sol) ils s'étaient rendus compte que la totalité d'entre eux semblaient ne pas comprendre ce qu'ils faisaient là et étaient des gamins du coin et des villages alentours, à la notable exception de celui que la dénommée Ashendra - Vampar avait confié qu'il s'agissait d'une magicienne ou un truc du genre - était entrain d'interroger. Alors que les deux compagnons d'armes s'approchaient, l'homme s'apprêtait à répondre :

- Wowowo, calme ton lézard, par les couilles du Dragon ! Foutu mages..., grogna t'il, tu parle de sa , il prit un ton ironique pour les prochains mots, Seigneurerie Arvan Patel-Nassir ? , il sourit, fier de sa blague… Avant de déchanter. La pointe de l'épée de Mérillia était désormais devant sa gorge, toute candeur ayant disparue de ses yeux et de ses lèvres. WOW ! CALME TOI LA ! WOWOWOWOWO !

Alors que le bandit paniquait, et que la tension augmentait puisque l'on se demandait ce que la silencieuse bretteuse allait faire, Gendibal ne put que se faire une remarque intérieure : il avait souvent entendu cet accent pendant ses voyages dans son pays natal... l'homme venait du sud du Cormyr - le pays voisin -, c'était le parlé de Suzail.


Dum

Le terreux ne vit rien d'intéressant, alors il se dirigea vers le village. A côté de lui, le chien trotti-boitait joyeusement, sa queue s'agitant joyeusement malgré la probable douleur. Un peu plus d'une dizaine de minute plus tard, Dum et le chien arrivait au village, et c'est avec un certain étonnement que le bipède constata son vide. Mais le chien, lui, entendait du bruit. Le guidant, ils arrivèrent jusqu'à une scène étrange où tout le village semblait s'être rassemblé. Un peu plus loin se trouvait une sorte de tas de jeunes personnes visiblement pas en très grande forme, et autour des gens, qui semblaient les connaître qui s'occupaient d'eux. Et plus prêt de lui, un homme était parterre, camisolé dans une sorte de draps, une guerrière pointait son épée sur sa gorge alors que quelques autres humains la regardait sans savoir que faire. Visiblement la menace était récente. Alors qu'il se demandait que faire, l'homme menacé tourna hasardeusement sa tête vers lui, et ses yeux s'éclairèrent :

- DUM ! DUM LE LENT ! AIDE MOI, EMPÊCHE LA DE ME TUER !

Dum, c'était son nom. Et l'homme le connaissait. Le chien se mis devant lui et grognant. Visiblement, il n'appréciait guère le ton de celui qui l'interpellait.

Lancers...

Ashendra - Jet de compétence : Intimidation : 8(d20) +0(deg) +4(Cha) = 12
Gendibal - Jet de compétence : Perception : 14(d20)+3 = 17
Dum - Jet de compétence : Perception : 2(d20)+3 = 5

Gendibal avait hoché la tête d'un air grave. Des attaques de bandits ou de fanatiques, il en avait croisé plus d'une. Parfois des fous ou des illuminés, parfois de simples crèves-la-faim, parfois encore de vrais brigands sans scrupules... Il en avait traqué un certain nombre dans sa carrière et il n'en était pas toujours fier.

La situation présente était quelque peu spéciale puisque la plupart des membres de la bande semblaient avoir été possédés. Ce qui expliquait sans doute leur inaptitude : on ne s'improvisait pas combattant, on le devenait.

En temps normal, il aurait sans doute passé son chemin sans demander son reste. Mais il avait retrouvé Vampar. Et surtout, il était fourbu et affamé. Il n'avait guère d'autre choix que d'attendre que la situation s'éclaircisse, en espérant que l'auberge rouvrirait rapidement.

Il finit par déclarer :

- Jamais entendu parler d'une phénomène de ce genre...

Puis, il ajouta à voix basse à Vampar :

- Ce qui est sûr, c'est que ce gars-là n'est effectivement pas du coin. Il parle avec l'accent de Suzail, dans le Cormyr. Ca peut peut-être aider ta copine magicienne pour son interrogatoire...

La situation présentait bien trop d'informations pour que Dum, dont les yeux chaque seconde plus ahuris se promenaient d'un groupe d'individus à l'autre, pût se faire une idée claire de ce qu'il voyait. Hébété il restait planté là, au sortir de la rue où avait tourné le chien, comme si son corps devait mimer la sidération de son esprit.

- C'est pas bon, ça, le chien... chuchota-t-il alors que quelques badauds tournaient déjà leurs yeux sur lui qui arrivait comme un cheveu dans cette trouble soupe.

Son regard s'était évidemment attardé sur l'homme menacé d'une épée, non qu'il l'eût reconnu - sa tronche ne lui revenait pas plus que celle des autres - mais à cause de l'attrait qu'exerçait sa position éminemment dramatique. La tension était palpable... et légèrement humide : elle perlait aux tempes et à la nuque du colosse, roulait dans son dos, le chatouillait un peu aussi. La bouche entrouverte, il hésitait encore quand le prisonnier l'apostropha.

Ça commençait à sentir la boue... C'était là l'odeur que prenait l'angoisse chez le terreux. Demeurant interdit il plissa les yeux, se concentrant pour mieux reconnaître les traits de cet inconnu qui prétendait pourtant le connaître ; en vain. Les mécanismes de sa pensée peinaient à se mettre en branle : il n'avait jamais été bon pour les énigmes, ni pour les devinettes. Le chien grondait, il n'aimait pas ce type.

*Les animaux flairent les mauvaises gens, c'est clair comme de l'eau* se laissa aisément convaincre le fermier, dont la sagacité prenait souvent les chemins les plus simples.

- J'te connais pas mon gars, rétorqua-t-il balourdement, ses grands yeux noirs allant naïvement vers la guerrière qui tenait le malheureux à sa merci. Puis moi c'est Dum, Dum comme ça et c'est tout, pas Dum le lent. Tu dois t'mélanger.

Il semblait de bonne foi et pourtant peu sûr de lui. Une gouttelette oscillait dangereusement au bout de son menton, qu'il essuya d'un revers de son énorme main. Il avait chaud, trop chaud.

L'ensorceleuse était plutôt fière de sa mise en scène, et presque sans menace de quoique ce soit. L'intervention de Jabir n'était pas forcement prévu, mais le fieffé serpent était d'humeur joueuse et la jeune femme s'était laissée emporter dans le jeu de l'écaillé. Et il semblait que c'était une bien bonne initiative.

Elle avait obtenu la confirmation qu'elle cherchait. Le père de Merillia n'était peut être plus si loin et les deux affaires peut être plus proche qu'il n'y paraissait.

L'intervention de Merillia en rajouta une couche et la Calishite en profita pour en rajouter une couche avec un sourire innocent mais ampli de sous entendu:

- Comprenez mon amie voyons... vous n'avez encore rien dit que nous ne sachions déjà et donc, aucune sincérité envers nous et notre patience... commence à se déliter.

Elle ne prêta pas attention aux nouveaux arrivants dans un premier temps, jusqu'à ce que l'homme qu'elles interrogeaient se tourne vers l'un d'eux avec une demande d'aide.

L'ensorceleuse fit immédiatement volte face vers le dénommé Dum.

Pour les dénommé Dum et Gendibal, la femme devant eux est sans conteste d'origine Calishite. Avec sa peau mate, ses grands yeux noirs, et ses cheveux mi-long bouclé afro. Plutôt petite et menue, elle semble sure de ses charmes et fixe le terreux en essayant de déterminer s'il s'agit d'un ennemi ou non. Un serpent vert est enroulé autour de son bras, qui lui ne lâche pas de son regard l'homme qui se trouvait à la question quelques seconds auparavant.

Mais l'attitude dudit Dum sembla la rassurer. Elle n'en resta pas moins sur ses gardes. Un ennemi derrière elle, certes sous bonne garde, et deux inconnus devant elle. Elle avait déjà pris un coup de poignard ce soir, c'était déjà largement suffisant.

- DUM ! TRAITRE ! SAC DE PIERRE A LA CON !

Le bandit s'arrêta soudainement. La mère de famille l'avait attrapé par les cheveux.

- Maintenant tu parles. Je sais pas qui a enfanté un crétin pareil pour que tu te rendes pas compte de la situation, mais elle doit pas être fière.

La succession de terreurs passa probablement proche de faire exploser le cœur du bandit, qui certainement ne s'attendait pas à cela en se réveillant le matin.

- A l'ouest. L'vieux temple.

Visiblement, il n'allait rien dire de plus mais, en le regardant, Ashendra sût qu'il n'avait rien à dire, de toute façon. Il était aussi terrorisé que si le Vizir s'était pointé devant lui avec une garde de djinn, et il avait succinctement dit ce qu'il savait.

En entendant cela, Dum eu un instant l'impression que cela avait avoir avec son passé, avec la raison pour laquelle il s'était retrouvé là. Mais rien n'y faisait, ça ne lui revenait pas.

Autour de la calishite, Torm se frottait le menton.

- Y'a certainement des temples qui traine dans les forêt, mais je crois pas que ce soit autre chose que de vieille ruines sans intérêt...

Alors qu'on tentait silencieusement d'en savoir plus, les jeunes envoûtés semblaient enfin reprendre leurs esprits. Et a entendre les premiers murmures, ils ne comprenaient même pas comment ils étaient arrivés là.

Lancers...

Ashendra - Jet de compétence : Psychologie : 19(d20) +0(deg) +0(Sag) = 19 ~ Réussite
Dum - Mémoire : 14(d100) = 14 ~ Echec

Dum, immobile et l'air penaud, n'en menait pas large. Les nombreux regards braqués sur son humble personne le mettaient mal à l'aise, en particulier les grands yeux noirs de la femme au serpent.

*Ces bêtes-là, ça vaut rien...* pensait-il en fuyant les sombres prunelles qui, bien trop intensément à son goût, l'auscultaient. *Et c'te femme-là est sûrement mauvaise comme venin !*

Le génasi achevait à peine cette géniale déduction quand le prisonnier l'apostropha avec plus de véhémence encore, l'accusant de traîtrise. Son corps comme son esprit s'enfoncèrent aussitôt dans une sensation de moiteur, boueuse et âcre. La bouche à la fois sèche et pâteuse il voulut répondre, mais les mots évidemment manquèrent. Aucun, de toute manière, n'aurait su mieux exprimer que son étrange grimace toute sa déconfiture.

Un vague sentiment de panique se peignit sur son visage : durant un instant, il lui avait semblé qu'il avait saisi le fil de ses souvenirs et qu'il pourrait enfin rapiécer sa mémoire. Mais ce fil bien sûr, comme la plupart des choses, devait lui échapper... Il n'en conservait pas moins une drôle d'impression de déjà-vu.

*Rien n'est impossible... Faut jouer finaud,* conclut-il, enlevant lentement son chapeau pour essuyer son front constellé de minuscules gouttelettes.

Parcourant une nouvelle fois du regard les abords de la taverne (en évitant soigneusement Ashendra), il s'attarda sur le groupe de jeunes gens à l'air hébété. Quelque chose de familier, dans leurs mines troublées, le rassurait : il avança d'un pas timide vers eux, espérant naïvement que tous avaient déjà oublié les mots du prisonnier.

La jeune femme avait beau scruter le dénommé Dum, et la moindre de ses réactions, mais elle devait bien se rendre à l'évidence. L'intégralité de l'individu transpirait la simplicité, et son attitude semblait bien plus dû à l'attention qu'on lui portait qu'à l'envie de cacher quelque chose.

Par ailleurs il semblait bien incapable de cacher quoique ce soit, et l'ensorceleuse finit par décider qu'elle pouvait se relâcher face à lui. Son visage se détendit et ses yeux se firent moins dur, elle esquissa même un sourire pour essayer de le remettre en confiance.

Elle retourna son attention vers l'individu qui se trouvait toujours à la merci de l'épée de Merillia. Elle se rapprocha par ailleurs de la guerrière et posa une main sur celle de sa compagne.

- Paix mon amie. Nous connaissons notre prochaine destination. Nous nous rapprochons... Ne t'en fais pas. Laissons celui-ci aux habitants de ce bourg. Nous nous sommes déjà trop immiscées dans cet événement.

Elle laissa Jabir se cacher à nouveau dans les replis de sa cape et se détourna de l'individu avant de se diriger vers leur autre camarade.

- Xet, je pense que nous devrions aller nous reposer. Nous irons explorer ce temple demain et nous aurons besoin de toutes nos forces...

Elle posa son regard sur les environs et rajouta à l'attention de la prêtresse et du tavernier:

- Je ne sais pas trop comment les problèmes se règlent dans votre région, et je n'ai aucun pouvoir ici comme on a su si bien me le laisser entendre. Je vous laisse voir ce que vous voulez faire de... tout ça. Demain j'aurai un temple à trouver et de nouveaux problèmes à régler. Sans compter cette chemise à raccommoder, rajouta t-elle en jetant un œil à sa clavicule ensanglantée mais où de sa blessure ne restait plus qu'une fine cicatrice rosie.

Gendibal avait étudié toute la scène d'un air parfaitement indifférent. Il avait dit ce qu'il avait dire pour aider Vampar et le reste ne le concernait pas directement. A vrai dire, il n'avait pas envie de se mêler à de nouveaux ennuis et son ventre criait toujours famine.

Quiconque aurait observé le vétéran en cet instant aurait aperçu un homme d'une cinquantaine d'années, de taille moyenne, la barbe grisonnante portant une armure bien entretenue et un écu accroché à son dos. Une épée et un marteau de guerre semblaient prêts à être dégainés à tout instant. Sa monture paraissait quelque peu usée par l'âge et le manque ponctuel de nourriture, tout en étant bien dressée et encore vive.

Le guerrier avait adopté une posture solennelle et demeurait coi, mais son regard était loin d'être figé. Il observait l'évolution des échanges et se tenait prêt à intervenir si nécessaire. L'expérience lui dictait de faire preuve de prudence.