Un petit boulot facile

Orsar fronça le sourcil et pour un instant une parcelle de son visage au niveau de la joue gauche sembla se déformer pour laisser place à une tâche sombre mais il poussa un léger soupir et le visage reprit sa texture et ses couleurs.

- Un individu louche a fait parvenir une lettre anonyme dénonçant le trafic de Miras bien sûr le nom de l'acquéreur n'y était pas signalé et la seule parole de Miras ne suffirait pas à implique Sir de la Tour.
Par contre, nous avons une idée assez précise d'où pourrait se cacher ce mystérieux facteur. J'ai fait ma petite enquête et il répondrait au nom de Sif. Je pense qu'il y aurait quelques endroits en ville qui seraient susceptibles d'accueillir ce genre de racaille. Si j'étais vous je commencerais peut-être par là, il leur tendit une carte de la ville. Ou alors vous pouvez directement aller au château et tenter d'entrer par vos propres moyens…

Le mage porta son index à la bouche comme s'il réfléchissait à une astucieuse idée puis s'exclama.

- Vous ne lèverez aucun soupçon car vous croupirez en cellule et Bartos sera le gardien, en attendant le jugement. Vu les soucis actuels de la cité vous devriez avoir largement le temps de trouver les preuves avant le jour de votre jugement.


Les paroles du mage semblaient ne rien vouloir dire mais ils comprirent assez rapidement ce qu'il tramait. Ils le virent fouiller dans sa besace magique et sortir quelques composantes, puis d'un petit claquement de doigts il fit apparaître des copies conformes de tout le monde sauf lui même.

- Umm laissez moi voir, je crois que c'est parfait dit-il en inspectant sa création. Il marqua une petite pause dans son inspection et passa la main à travers de l'une des illusions. Puis il se tourna vers le groupe.

En effet, je vous conseillerais de ne pas solliciter trop longtemps les couvre chefs, quelques minutes tout au plus car la magie est souvent capricieuse comme l'a si bien dit votre ami.

Puis il s'approcha du groupe et incanta un nouveau sort et bientôt il n'y eut plus que les cinq illusions dans la pièce. Ils étaient tous invisibles.

- Je dois partir mes amis, essayez d'être discrets vous serez invisibles un certain temps assez pour vous éloigner discrètement de ce quartier, je m'occuperai de vos doubles et Miras restera avec moi le temps de votre enquête.

Bonne chance!!

Vous obtenez une carte de la ville avec les lieux notoires. Il s'agit d'une carte assez détaillée des différents quartiers, a vous de voir par où vous voulez commencer, je vais vous fournir une liste quartier par quartier des lieux importants et certains qui sont entourés oùl'on pourrait trouver Sif. Vous pouvez vous decider dans le hrp...

– Bon, nous allons retrouver ce Sif et en apprendre davantage. Prévenez le Seigneur Dhelt que je voudrais le voir au plus vite, avec la parole du Temple de la Venue de Tantras.

La raison de sa venue était pressante, mais il ne servait à rien d'abattre ses cartes si le gouvernement d'Elturel était infiltré ou assailli. Régler cette affaire lui offrait les meilleures chances d'être entendu…

Être invisible n'était pas une sensation familière pour Thojan, et il était encore plus étonnant de se voir soi-même sortir de la pièce. Comprenant que les autres avaient subi le même sort, il tenta tant bien que mal de percevoir leur position. Un personnage invisible soulevait encore la poussière et laissait toujours des traces de pas… Il devrait s'entraîner à cela dans un environnement qui s'y prêterait mieux. Dans cette bâtisse il ne pouvait se baser que sur les voix de ses camarades, et espérer ne pas leur rentrer dedans en se déplaçant.

– Nous pouvons encore être repérés, alors soyons sur nos gardes. Et comme les gens ne nous voient pas, nous risquons de les heurter. Éloignons-nous d'ici pour trouver un endroit calme. Nous pourrons alors songer à utiliser ces couvre-chefs. Capitaine Barthos, pouvez-vous nous guider discrètement ?

Thojan étala la carte reçue sur la table, et elle réapparut quand il la lâcha.

¤ Prodigieux. ¤

Le prêtre était clairement le plus balourd et bruyant, et il aurait à être très prudent. Pour l'heure, il fallait s'éloigner d'ici et trouver un endroit pour se déguiser. Un miroir serait du luxe, mais bien utile…

Le guerrier de l’orient partagea la décision du prêtre. Le premier objectif était en effet de trouver ce Sif, auteur de la lettre de dénonciation, pour récolter un maximum d’informations. Il fallait en effet en apprendre le plus possible pour persévérer dans l’enquête. Cette dénonciation calomnieuse était probablement le fruit d’un service payé d’une rémunération ou d’une contrepartie. Il ne restait plus qu’à savoir qui en était le commanditaire et de remonter ainsi de suite jusqu’au responsable de l’empoisonnement.

- Très bien. Mettons la main sur ce Sif.

Il fit une petite grimace de mécontentement que personne ne vit lorsqu’il devint invisible. Il se pencha pour regarder la carte redevenue visible lorsque le prêtre la posa sur la table.

- En général, les moins-que-rien dépensent leur butin dans la boisson, le jeu ou les femmes. Y a-t-il un endroit plus propice à cela dans les quartiers repérés ? Suis d’accord qu’il ne faut ni traîner ni se perdre avant que la magie se dissipe. Nous pourrions peut être nous tenir par les épaules et la hanche pour le plus petit d’entre nous. Quant à moi, je peux me déplacer silencieux comme un chat.

En disant cela, il s’inquiétait plus pour le prêtre qui avait son armure pouvait s’avérer très bruyant. D’un autre côté, ils n’avaient pas besoin de courir, juste de sortir d’ici sans être vus.

- Pour le déguisement, je pense que nous pourrions passer pour des gardes mercenaires qui accompagnent un marchand halfelin…Cela permettrait d’éviter des questions sur les armes et armures.

Un sourire ravi était gravé sur le visage de Stor alors qu'il faisait face à une copie conforme de lui-même. Se penchant légèrement en avant, le barde aurait bien prit davantage de temps pour examiner son alter-ego, envisageant certainement mille astuces pour intégrer cette manipulation à un de ses spectacle. L'invisibilité qui suivit était tout aussi attrayante et multipliait les possibilité pour un troubadour mais ils allaient devoir en user pour une occupation bien moins récréative.

Et qui disait invisible, ne disait pas forcément indétectable et invincible. Un certain mage rencontré dans la forêt de la Wealdath s'en souviendrait certainement encore, du moins s'il était toujours de ce monde...

Jetant un rapide regard sur la carte qui été réapparue lorsque Thojan l'avait lâché, Stor remarqua que certains lieux étaient entourés d'un cercle. Trop nombreux, hélas, pour permettre de trouver rapidement ce fameux Sif, ils fournissaient néanmoins des indications sur les habitudes de leur cible.

- Sortons d'ici, approuva le barde. Et veillons à changer notre apparence de façon classique. Nos nouveaux couvre-chefs nous offrent un déguisement quasi-parfait mais nous ne pourrons le conserver très longtemps. Courir les rues les solliciterait trop et pourrait nous exposer à des ennuis.

Battant l'air de ses deux bras, Stor se guida sur les voix de ses compagnons pour les rejoindre et les empoigner. Si ne pas être vu était très bien, ne pas voir les autres constituait un handicap certain.

- Le Sif en question ne doit pas fréquenter les beaux quartiers. Commençons notre tournée par les auberges ou les tripots des quartiers populaires, ce sera un bon début.

Faire la chenille était une habitude déjà acquise par Thojan, qui avait été formé à agir en groupe dans la garde de Tantras. Et s'il répugnait à se faire passer pour la garde légitime de la ville, incarner un mercenaire ou un garde du corps était une excellent idée. Des aventuriers sans but attiraient vite la suspicion, mais des gros bras engagés par un particulier étaient vus comme tels, et n'éveillaient pas davantage d'attention. S'ils devaient s'imposer, ce serait même un atout que d'incarner de brutaux mercenaires. Thojan opina avant de se rappeler que les autres ne le voyaient pas.

– C'est une bonne idée, et si nous n’altérons pas trop notre apparence, on risque moins de trahir l'illusion. Je serai un cormyrien, devenu garde après que ma charte d'aventurier ait été révoquée. Mais sous quel prétexte allons-nous chercher ce Sif ? Des mercenaires mécontents d'un précédent contrat avec le Sir de la Tour ? Il m'intéresse d'en entendre davantage sur ce suspect seigneur. Si même nos question attirent l'attention à un point, nous pourrons continuer à enquêter sous une autre apparence…

Moment de la journée : Soir avancé, il fait nuit.



Les trois acolytes devenus invisibles virent leurs doubles être reconduits en prison par la copie de Bartos, le mage s'éclipsa mais il était clair qu'il guidait tous ses pantins de près.
Le groupe prit donc la route des docks vers le sud-est et suivant Bartos en formation de chenille, ils furent rapidement hors de vue des gardes du chariot.
Il ne leur fallut que quelques minutes pour s'habituer à l'état d'invisibilité et ils eurent le temps de s'éloigner assez des hauts quartiers avant que l'effet ne prenne fin, heureusement les lieux semblaient assez calmes et personne les vit réapparaître.

Ils pouvaient désormais circuler librement dans le quartier du marché et celui des docks. Bartos avait profité de l'invisibilité pour changer la couleur et forme de son armure et modifier les traits de son visage.

-Je suis le seul que les gardes pourraient reconnaître autant que je change de forme tout de suite. Profitez du manque de lumière pour prendre l'apparence que vous souhaitez et allons voir la première taverne je pense que "Le casque brisé" est celle qui correspondrait le plus à ce genre de racaille. Cependant, je tiens à vous prévenir les docks ne sont pas un lieu où l'on doit s'aventurer la nuit et "Le casque brisé" est un repaire de malfrats de toutes sortes et un coupe-gorge reconnu, soyez aux aguets.

Bartos joignit le geste aux paroles et sortit son épée du fourreau avant de la ranger à nouveau, comme pour voir si rien n'entraverait la lame au cas où il devrait s'en servir.

Une fois tout le monde prêt ils avancèrent le long des ruelles et peu à peu les maisons laissèrent place à des entrepôts et des maisonnettes en bois. L'ombre des aventuriers se réverbérait au sol en étranges formes difformes, grâce à la lumière vacillante des lampes à huile distribuées le long des ruelles du port.

Ils ne marchèrent que quelques minutes ainsi avant de commencer à croiser des rescapés de l'antre de débauche qui se distinguait à une centaine de mètres de là. En effet "Le casque brisé" était ce qu'on aurait pu considérer comme le kyste de cette belle cité ou hommes et femmes se laissaient aller aux plaisirs de l'alcool et autres vices.

Bartos marqua une pause à une cinquantaine de mètres, on pouvait désormais distinguer la charpente en bois de la taverne en face de celle-ci il y avait le port et des bateaux amarrés. Un son de musique plutôt agréable arrivait jusqu'à leurs oreilles, on pouvait y distinguer le son d'un instrument à cordes et la voix d'hommes qui poussaient la chansonnette.

- A partir d'ici faudra que vous jouiez le jeu on est des durs et on ne se laisse pas marcher dessus n'oubliez surtout pas ça...

Vous pouvez prendre la forme que vous souhaitez et Bartos vous suit dans votre plan.

Quand les aventuriers se retrouvèrent à l'écart, et de nouveau visible, Thojan mit quelques instants à modifier son apparence. Cela ne lui était pas facile, car il n'avait jamais eu à faire preuve d'une telle tromperie, mais heureusement le tormtar semblait très discipliné, et fixa rapidement certains détails de son apparence, qui cessèrent de vaciller en gré de ses idées changeantes. Pour le reste, il n'en occulta pas beaucoup, préférant légères altérations qui —l'espérait-il— seraient plus stables et moins remarquables. Quand il se retourna, il paraissait un autre homme, tout en demeurant un imposant individu en armure lourde, armé d'un arc, d'une épée et d'un bouclier. Il avait dissimulé son symbole divin sous son armure, et rangé son étui à parchemins dans son sac.

Regdar

- Je suis Regdar, un ex-aventurier. Après avoir perdu ma compagnie et ma charte, j'ai du me faire garde et mercenaire. Il n'avait pas changé sa voix, qui gardait cet accent Chondathan du Mitan oriental. Un vrai cormyrien pourrait peut-être remarquer quelque chose, mais pour n'importe quel habitant de la côte des épées, il ferait illusion. Voyant Bartos inspecter sa lame, il précisa: – Allons-y, mais je n'accomplirai pas un meurtre pour préserver cette tromperie. Si nous faisons face à du grabuge, j'utiliserai ma matraque. Se souvenant manifestement qu'il devait jouer un personnage, le dénommé Regdar se reprit: – On ne me paye pas assez pour finir ma vie en prison. -------------------- L'homme était particulièrement sérieux, et concentré sur sa tâche. Il ne cessait de fouiller les alentours du regard, et bien que lourdement armé, gardait pour l'instant sa main sur la matraque qui pendait à sa taille.

Avec un soupir désolé, Stor avait retiré le Bandeau de lien pour le ranger bien en sécurité dans son sac avant de coiffer ce mystérieux chapeau, synonyme de déguisement multiples et, certainement, source de bien des amusements potentiels. Après s'être essayé à de nombreuses possibilités, toutes plus improbables les unes que les autres, le halfelin dût bien se résoudre à imiter l'apparence de quelqu'un de sa race. Contrairement à ses espoirs, l'artefact ne permettait pas de se grandir ou de se grossir de façon outrancière. Adieu donc les espoirs d'incarner un ogre ou même simplement un nain ou un humain ; à la limite le barde aurait pu se métamorphoser en gnome mais à quoi bon...

Finalement, il opta pour l'aspect d'un marchant d'un certain âge, tirant régulièrement sur une longue pipe en bois. Son tabac épais empesterait l'atmosphère et lui donnerait une contenance.

Rand Vertecolline

- Mon nom est Rand Vertecolline. Commerçant de la Porte de Baldur, je viens conclure certaines affaires à Elturel et y rechercher des mercenaires pour servir d'escorte à ma caravane. La voix était plus grave et moins facétieuse qu'à l'ordinaire. Visiblement, le pseudo-marchand entendait ne pas perdre du temps inutilement car, comme chacun le sait, le temps, c'est de l'argent. -------------------- Absorbé, le halfelin gardait une certaine réserve, se contentant, le plus souvent, de toiser ses interlocuteurs.

Phin Sombrelame

- Mon nom est Phin Sombrelame, chasseur et garde du corps, au service de maître Vertecolline. Il n'y a rien à savoir sur moi car cela ne regarde personne. Et moins vous en saurez mieux vous vous en porterez Le ton de la voix est grave et loin d'être sympathique -------------------- C'est le genre d'homme qui donne froid dans le dos quand on croise son regard. Il ne donne clairement pas envie d'amorcer la moindre conversation avec lui et évidemment de lui marcher sur le pied.

Le guerrier de l'orient se prêta donc au jeu comme tout le monde, même si c'était loin d'être évident pour lui de se faire passer pour quelqu'un d'autre surtout quand on vient d'une civilisation totalement différente. C'était loin d'être un comédien. Après réflexion, il réalisa que Le plus simple pour lui fut de se passer pour quelqu'un de franchement pas sympathique auquel on n'aurait pas spontanément discuté. Et de toute façon, il ne parle jamais pour rien dire. Les mauvaises langues diraient que comme il n'était pas déjà sympathique, cela ne serait pas compliqué pour lui. Mais il faut juste apprendre à la connaître et prendre le temps qu'il faut pour. Au moins, on sait qu'on peut totalement lui faire confiance. Ce qu'il promet, il s'y tient.

Il espérait que cette mascarade n'allait pas durer trop longtemps car il n'aimait guère cela. Cela s'écartait presque limite de son code d'honneur. Heureusement qu'il savait faire preuve de patience et de sagesse.

Il mémorisa les prénoms et noms inventés de chacun pour éviter toute bourde devant une tierce personne.

Bartos acquiesça le choix vestimentaire de ses trois compagnons et avança en premier en direction de la taverne. Une fois arrivés devant la bâtisse, une sorte de maison en bois délabrée avec des fenêtres de chaque côté de la porte, ils purent comprendre plus clairement pourquoi Bartos les avait prévenus du danger de s'aventurer dans cet endroit. En effet, devant la porte un colosse de plus de deux mètres cinquante s'y tenait avec une hache démesurée sur son épaule. Il était clair qu'il s'agissait d'un hybride et qu'il n'avait pas hérité grand chose de son parent humain.

- C'est Grommdyr le videur de la taverne il est chargé d'empêcher les habitués de dégrader les lieux, c'est souvent lui qui termine les rixes et il n'est pas rare qu'il y ait des morts. Évitez de l'offusquer...

Bartos n'eût pas le temps de terminer sa phrase qu'une jarre de bière tel un projectile traversa la vitre, la brisant en mille morceaux, puis un homme chétif vola lui aussi à travers celle-ci pour atterrir aux pieds de Grommdyr qui l'ignora totalement.

- Espèce d'enfoiré je vais te crever !!! S'écria l'homme chétif en degainant deux dagues et en passant par la porte pour rentrer à nouveau dans le local.

Bartos haussa les épaules et suivit l'homme aux deux dagues à l'intérieur, la vision qui s'en suivit aurait heurté la sensibilité des plus fragiles.
Il était presque impossible de comprendre le chaos qui se déroulait dans cette demeure. Il s'agissait d'une grande salle rectangulaire à gauche il y avait un bar avec des hommes affalés dessus pour la plus part à moitié ivres. Au fond on pouvait voir des femmes qui dansaient en tenue légère sur une estrade accompagnées du chant d'un homme à l'allure fantasque. Et devant eux plusieurs tables rondes ou l'on jouait à des jeux d'argent, d'adresse avec des couteaux et certains pratiquaient même des bras de fer et autres jeux de boisson. À leur droite des gens se tenaient en cercle et avaient poussé tables et chaises pour admirer le combat de la soirée l'homme chétif avec ses deux dagues affrontait un autre qui se battait avec une masse d'armes et qui faisait au moins une tête de plus que le premier.

Ils n'avaient pas réussi à discerner une vue d'ensemble du lieu que quelqu'un s'écria,

-Vas'y Siff tué-le ce chien!!

A ce moment là Grommdyr passa par la porte en se pliant en deux et la musique s'arrêta net. Le cercle s'élargit pour laisser de la place au colosse qui pour l'instant attendait tranquillement la suite des événements.