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Prologue
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Le prêtre de Moradin allait de surprise en découverte et préférait garder le silence afin de voir comment la situation évoluerait.
Le mage, Phineas ou Ombagwe, selon ce qu'il semblait avoir compris des discussions des autres obligés du mage, avait non seulement su rendre redevable tous les aventuriers présents mais il avait également su se faire de puissants alliés tel que l'imposant wémic gardien du portail M'ti Sabiri. Cela était une indication non négligeable des capacités de leur commanditaire.
Comme les autres membres redevables, Thozmar se présenta devant M'ti Sabiri afin d'effectuer le passage vers leur destination. Le nain adressa une prière silencieuse à Moradin et se tourna vers le wémic.
- Un souvenir, hein? Bwahaha, quelle drôle d'idée, mais plus rien ne m'étonne, gardien! Et comme on dit chez moi, à la revoyure.
Et il s'avança, marteau de guerre en main, au travers du portail à la rencontre de son destin.
C'est en traversant le portail que le souvenir de la réconciliation entre les Longuemain et les Rowanmantel lui revient à l'esprit. Cette réunion, suite à la défaite des orcs lors de leur conquête de fort Gellart, avait été une fête comme seuls les nains peuvent en faire. Un moment de grande camaraderie, de rire et de promesses qui renforça les liens entre les deux clans pour les décennies à suivre.
Cette pensée était repartie aussi rapidement qu'elle était arrivée, laissant le nain errer dans le maelstrom du portail, dans l'attente d'être à destination.
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Haran avait repris les rennes de son cheval et essayait d'assimiler l'amas d'informations qui lui étaient révélées, le Wémic semblait être le gardien ancestral de ces lieux. M'ti Sabiri était sous sa protection et la présence de cette entité aux apparences de lion était bien suffisante pour éloigner les êtres malveillants. Phineas ou "Ombagwe" semblait choisir ses alliés avec soin peut-être que Haran s'était finalement trompé sur les capacités du groupe...Le Wérmic en était la preuve car il semblait faire confiance au mage et à juger par le caractère de ces êtres obtenir cela n'était pas chose aisé.
S'approchant de l'arbre derrière Thozmar, Haran accepta s'il l'avait bien compris son vestige de souvenir et accepta d'en partager un autre avec la personne qui le suivrait.
Talonnant son destrier, le chevalier dragon, emboîta le pas à travers le portail délivrant une part de son passé.A travers un voile de brouillard, on aperçoit quatre hommes l'un d'eux est légèrement blessé, ils cherchent à récupérer des forces suite à une grande bataille. L'homme au visage flou semble être le chef, il trouve une maisonnette dans les bois et y dirige ses hommes à l'intérieur tout est brouillard on entend juste une voix venue d'un autre temps. La voix est celle d'un esprit puissant qui attire vers elle le chef de la bande... Le brouillard se dissipe... On aperçoit une autre image Haran soulevant son arme au milieu de la bataille qui fait rage, ses coups de lance sont meurtriers et semblent guidés par une volonté sans faille. L'image vacille et se retransforme... On aperçoit Haran genou à terre prêtant serment à la couronne du Cormyr, sa lance à la main brille d'un pouvoir ancien, la voix semble murmurer quelque chose dans le brouillard... Haran avait fermé les yeux avant de franchir le portail, qui sait ce qu'il verrait en les réouvrant...
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Lorsque vint son tour la belle Mulane s'avança d'un pas sûr, les épaules droites et la tête haute. L'Œil de Rê, jetant ses tièdes rayons sur le monde avant de disparaître, donnait à sa peau d'or des reflets rutilants. Ses yeux rouge sang brillaient d'un singulier éclat, pur et infernal. On eût dit une reine prête à conquérir le monde.
Son bâton en main, elle franchit le rideau de lianes sans hésiter.De nombreuses bougies et de délicates torchères encadrent un grand miroir dans lequel se reflètent le buste et la tête d'une toute jeune femme, presque une adolescente. Les flammes font danser une lumière chaude sur sa peau dorée, qui chatoie comme le métal. Elle est nue. Derrière elle, on distingue le mobilier luxueux d'une vaste chambre ; les murs sont habillés de riches tentures rouges, lourdes, presque accablantes.
Nebet-Nehi a les dents serrés alors qu'elle approche lentement, cérémonieusement, une paire de ciseaux de ses cheveux. Les iris sanguins de ses yeux semblent dévorer la mince corolle d'or qui les encercle : rien ne fera trembler sa main. Mèche après mèche, elle se défait de sa chevelure brune, comme il lui faut désormais abandonner son identité. Sa beauté s'étiole peu à peu. Son âme en fera-t-elle autant ? Sans ciller, elle allonge maintenant les lames contre son crâne, appuie contre la peau, coupe au plus près. Encore et encore.
Elle approche son visage de la glace, se mire d'un œil sévère. Un sourire froid tord son visage : ses joues lui paraissent plus rondes. Bientôt, les vestiges capillaires sont recouverts d'une mousse savonneuse, puis le mince fil d'un rasoir achève la sinistre métamorphose. Il faut faire attention, ne pas se couper. N'aurait-elle pas l'air ridicule ? La caresse de la lame sur sa nuque la chatouille, la fait frissonner. Fermant les yeux, elle remonte l'arrière de sa tête, cherche la mèche rebelle, la supprime. Rien ne doit subsister de cette autre qu'elle n'est déjà presque plus.
Le miroir lui renvoie un regard morne ; elle n'a pourtant rien perdu de sa détermination. Enfin son crâne est parfaitement dénudé. Aussi glabre que ceux des magiciens parmi lesquels elle évolue désormais. Certes, il y manque encore un tatouage. Cela viendrait... Peut-être ? Réprimant un sanglot importun, elle ravale toute hésitation, tout regret, toute fierté. La moindre faille pourrait être fatale. Ses lèvres se pincent : il faut encore consentir à un dernier sacrifice. La lame du rasoir obstrue momentanément sa vue, à deux reprises, le temps d'ôter ses fins et délicats sourcils.
Est-elle encore belle ? Elle préfère chasser cette question, frivole au regard des périlleux desseins qu'elle poursuit. Face à elle-même, elle contemple une étrangère. Bref vertige. Affreux exil. Seule. Seule elle est, entourée de ces gens qui sont froids comme la mort qu'ils sèment et qu'ils invoquent, aussi dangereux que les démons et les diables avec lesquels ils frayent.
Ses paupières s'abaissent et son image disparaît. Il faut s'oublier. - A nous deux Névron, susurre-t-elle dans l'obscurité, animée soudain d'un macabre enthousiaste.
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L'elfe noire était restée mutique. Elle avait observé le ballet du wémic et des autres protagonistes de cette histoire avec le stoïcisme de ceux qui en avaient vu beaucoup, et se méfiaient de tout. Elle rengaina sa lame, elle connaissait suffisamment les alliés du commanditaire de cette petite compagnie pour comprendre qu'il en était un. Elle regarda les premiers passer, tranquille. Puis, elle s'élança sans prévenir à la suite de Nebet.Les lumières des cristaux. Pour quiconque n'avait jamais vu l'Outreterre, ils rappelaient la lueur de la lune, mais il n'en était rien. Ici, à des lieues sous la terre, là où aucune lumière de la surface ne passait les champignons, insectes et pierres phosphorescentes étaient souvent la seule lumière qui guidait le chemin des perdus.
Le souvenir murmurait le nom d'alors des yeux par lesquelles il était vécu : Menzolyra Armgo. Pourtant, lorsque le visage rencontra la pierre lisse chargée de veine d'argent c'est celle que l'on appelait Leyn qui apparu. Des décennies plus tôt sans doute. Déjà, l'elfe noire avec cette beauté terrible de celles de son peuple, les tatouages en moins. Mais il y avait quelque chose de différent dans ces yeux. Une absence, l'absence de sens. Une seule chose y résidait : une détermination pour quelque chose.
Là, en bas. Dans la petite caverne éclairée par les cristaux se tenait une petite forge. L'architecture était naine, sans aucun doute. Les coups étouffés et répétitifs d'un marteau d'orfèvre se répercutait dans les anfractuosités de cette niche de pierre.
Menzolyra sauta d'un pilier à un roc, puis jusqu'au sol, atterrissant avec souplesse. En silence, la longue lame dont l'âme était empoisonnée par un terrible sort dessiccateur fut extraite de son étui de cuir. La jeune drow s'approcha. Elle était partie pour apporter la mort mais en elle même, battait toujours ce même questionnement : était elle, elle-même, seulement née ? Elle connaissait la petite forge, savait ses entrées, pour l'avoir observée pendant des jours. Elle se glissa dans une petite trappe qui servait à faire entrer le bois. En silence toujours, elle passa dans le minuscule couloir entre l'atelier de la forge et la chambre. Le martelage de l'argent continuait à sa gauche, mais elle passa la porte de la chambre.
Elle ne savait pas exactement pourquoi sa Matriarche lui avait demandé cela, mais c'était l'ordre.
Dans le coin chaud de la pièce dormait une enfant. Une jeune naine. Ses yeux rouges se rencontrèrent eux mêmes, dans un miroir accroché au mur. Un instant, quelque chose, dans son esprit, la fit douter. Elle posa sa main sur la bouche de l'enfant, et d'un coup net et puissant, lui trancha la gorge.
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ans les entrailles sombres et malodorantes des Pics du Tonnerre, s'avançait une silhouette. Une silhouette des mauvais jours ; courte, trapue, elle était emmitouflée dans un épais tissu de tartan gris qui empêchait de distinguer ses traits. Son pas était vif, nerveux, inéluctable. L'orage qui s'en vient... Pourtant de fines perles de sueurs glissaient déjà le long de ses tempes, se perdant tantôt dans ses rides, tantôt dans sa barbe. Si l'esprit n'avait rien perdu de sa fougue d'antan, le corps lui montrait déjà des signes de vieillissement.
Au détour d'un couloir, le nain, puisque c'était un nain, arriva devant une lourde porte en bois cloutée. Sans prendre la peine de frapper, il enclencha la poignée et entra dans ce qui semblait être un cabinet. Là, installé sur une grossière table en pierre, un nain d'écu noircissait les pages d'un étrange rouleau de parchemin. Pas troublé le moins du monde par l'arrivée de son congénère, il ne se donna même pas la peine de le regarder avant de prendre la parole. - Bonjour Dhuzmar. Tu sais qu'on ne mange que dans trente minutes ? Tu pouvais simplement attendre que l'on soit au réfectoire au lieu de venir me déranger. Dhuzmar retira son lourd manteau et le jeta sur le bureau de son frère, manquant de renverser un encrier. - Si j'avais pu attendre, j'aurai attendu lança-t'il d'un ton agacé. Lâches tes hiéroglyphes et écoutes moi. Tu te rappelles de la grande saucisse ? Tu sais, le mage humain qui nous avait aidé au moment du siège. Il se faisait appeler le corbeau blanc ou j'sais plus quoi. Et bien tiens toi bien ! Il tira de sa ceinture une lettre décachetée qu'il agita sous les yeux de Thozmar. Ce drôle estime qu'on a une dette envers lui. Oui, une dette, rien que ça ! Et qu'on doit lui envoyer du monde en Anauroch... Je t'avais pas dit qu'il y avait une entourloupe ? Le gars tombe du ciel, op op, il dézingue deux, trois orques et il repart comme si de rien n'était. Pas de nouvelles, pas un merde, rien ! Qui fait ça ? Personne. Il a vu qu'on était au fond du trou et il s'est dit : « ces cons de nains, avec leur vanité et leur honneur, je vais me les mettre dans la poche, tranquille ! ». Il savait que le conseil ne refuserait jamais ce genre d'appel. Maintenat on est embarqué dans je ne sais quelle croisade sordide. Bravo ! Il posa la lettre sur une petite étagère et se dirigea vers la porte, le corps tremblant de colère. Il s'arrêta devant la sortie, prit une profonde respiration et se tourna de nouveau vers son frère. - Ranges tes affaires, on décolle après manger. Dhuzmar regarda de nouveau vers l'horizon. Le tamaris qui servait de point de rendez-vous n'était plus très loin. Sa silhouette difforme et lugubre, dominait la vallée, donnant au paysage des allures de cimetière. Plusieurs fois déjà il avait été amené à traverser les terres dévastées de l'Anauroch, mais jamais il ne s'était senti aussi écrasé par l'omniprésence de la mort. Les mouches, les odeurs, les carcasses blanchies par le soleil, le vol silencieux des vautours... C'était un véritable triomphe auquel assistaient les trois compagnons. Le triomphe du temps qui passe... Une fête froide et mélancolique, sans couleur ni chanson. Juste un léger murmure ; celui du vent qui a déjà tout emporté. Les hommes et leurs empires.
La petite équipée arriva enfin à destination. Dhuzmar serra les dents à la vue de ceux qui les attendaient. Une drow, rien que ça ! Mais ce n'était pas le pire. Deux couples se faisaient face ; un orc, auquel se frottait de façon obscène une femelle hin et un gnoll, qui jouait les chevaliers servants pour une humaine d'ascendance démoniaque. Ca faisait beaucoup à digérer, surtout pour un nain. De telles unions, profondément contre-natures, lui donnaient des hauts le cœur. Comment ces deux femmes pouvaient accepter d'ouvrir leurs cuisses à de telles... créatures ? C'était de la bestialité, rien de moins ! Il lança un regard indigné à son frère. Voici donc le genre de personnes dont s’entourait le grand Phinéas ? Κακου κόρακος κακὸn ῶον...
La seule éclaircie vint d'Haran. Le jeune homme avait immédiatement montré les crocs à l'elfe noire, pour le plus grand plaisir du vieux prêtre.¤ C'est ça mon garçon ! Tu fais honneur à la fière race des Rowanmantel ¤ Puis se fût au tour du Wémic de faire son apparition, rajoutant une petite touche pittoresque à un assemblage déjà haut en couleurs. Il fallait donc passer au travers d'un portail. Qui plus est un portail qui révélerait des souvenirs de leurs passés respectifs. ¤ A ces dégénérés ? Jamais ! ¤ L'arrêt du nain était définitif. Aucun de ses nouveaux « compagnons » ne passerait après lui. Un à un il les regarda disparaître dans le tourbillon rouge pâle. Ses yeux se posèrent ensuite sur le félin. Comptait-il aussi faire le grand saut ? Non, Phinéas n'avait pas réussi à suffisamment le compromettre... Dhuzmar poussa un long soupire et s'avança devant l'étrange porte. Il contempla un instant ses étranges palpitations, puis il traversa.Les flammes des torches éclairaient la grande salle de banquet, faisant briller les ors et le rouge des tapisseries. Aux murs étaient accrochés de grands étendards marqués des armoiries du Cormyr. Des serviteurs, habillés de tuniques blanches, s'activaient autour de tables richement ornées, apportant pain chaud et venaison dans une argenterie étincelante. L'air embaumait la viandes rôties et le vin.
Si partout le bruit des conversations et des rires couvrait le son des instruments de musique, il en allait tout autrement à l'endroit où étaient installés les jeunes Dhuzmar et Thozmar. Ici personne ne parlait. Les nobles humains qui les entouraient n'étaient ni particulièrement amicaux, ni franchement hostiles. Ils semblaient au contraire s'attacher à leur montrer une parfaite neutralité.
Soudain, un cor retentit. Le silence se fit alors qu'un héraut à liseré pourpre annonçait l'arrivée du roi. Tous se levèrent et un homme vêtu d'une tunique pourpre et d'une couronne dorée fit son entrée. Il était entouré de quatre gardes en armure et d'une paire de conseillers. Un à un, les serviteurs s'inclinèrent avec déférence à son passage. Il salua ses convives d'un signe de tête et prit place sur un siège surélevé au bout de la table principale.
Le repas reprit, cette fois-ci dans un calme absolu. Les musiciens s'étaient tus, les conversations s'étaient éteintes. Le chambellan avait fait passé le mot avant le début du repas. Ce soir le roi voulait manger en toute tranquillité.
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