Chapitre 4: Le lion est un fantôme ce soir

- Tu as raison, Maglie, je suis impoli : mais je crois que voyager trop longtemps avec mes chiens pour seule compagnie n’a pas amélioré mon savoir-vivre… Donc, je te prie –je vous prie à tous- d’excuser mon entrée cavalière.
Mon nom est Iskender. Comme vous le voyez, je suis d’origine Shou et je viens –à pied- de la presque île à la pointe de Téthyr.
Je suis à la recherche d’une femme nommée Volubilis. C’est une amie : nous avons passé de nombreux mois ensemble dans les bois et les montagnes. Mais nous avons été séparés à la suite d’une attaque d’orcs car il m’a fallu plusieurs jours pour m’en sortir.
C’est une humaine de ma taille environ, mince et musclée. Elle a les cheveux noirs et les yeux marron. Quand on la voit, on la remarque car, à son regard, on voit qu’il vaut mieux ne pas lui chercher noise. Je pense qu’elle est passée par ici. L’auriez-vous vu ?
Sinon, je cherche une chambre pour dormir avec mes chiens : je les ai laissés près du village et je compte aller les chercher ce soir. Si possible une chambre pas trop chère car mes finances ne sont pas brillantes.

Malgré son physique, peu commun dans ces petits villages, Iskender n’était pas trop inquiet : il avait rarement vu groupe aussi disparate : passe encore un elfe et un demi-elfe mais une hin et surtout une genasie, une race qu’il n’avait encore jamais vu de près, même s’il en avait entendu parler. Alors ses yeux bridés et sa peau mate n’étaient pas vraiment étranges à côté.

Après avoir commandé une bière et bu quelques gorgées en écoutant la conversation, Iskender s’adressa à Baelsul :
- Baelsul, c’est bien ton nom ?
Eh bien, Baelsul, j’ai remarqué ton arc : il est vraiment superbe, vraiment superbe.
C’est un arc fait par un maître artisan sans aucun doute !
Je me demande si tu l’as payé cher ?
Et j’aimerai bien avoir le même, exactement le même : je ne suis pas trop mauvais au tir à l’arc, mais mon arc ne supporte pas la comparaison avec le tien.
Où est-ce que tu l’as acheté ? Ça m’étonnerait que dans un petit village comme celui-ci, je puisse trouver un artisan suffisamment doué pour fabriquer un arc semblable. Mais enfin, sait-on jamais !
Je ne suis pas très en fond, mais pour un tel arc, je suis prêt à vendre une partie de ce que je possède même si ça ne va pas chercher très loin.
Mais peut-être voudrais-tu vendre ton arc d’occasion ? Si c’est le cas je serais intéressé…

??? jour du Mois des Fleurs, année des Dragons Renégats.
?? Kythorn 1373 (CV)
Lieu : Crique-Pandion
Moment : Fin de matinée
Météo et températures : 18°C, ciel dégagé

Il était évident pour tous les présents que Zorin n'avait pas plus de succès dans ses interprétations des mots de Maglie qu'Abakor, ou Locredar d'ailleurs. Il semblait avoir vaguement décidé de l'ignorer et d'espérer la comprendre à travers les réactions du reste du groupe. Cela étant dit, il n'avait pas l'impression qu'elle avait contribué quoique ce soit en rapport avec leur mission donc il choisit de s'addresser à Baelsul qui semblait le plus intéressé.

Ses réflexions furent interrompues par l'arrivée, et les questions, d'Iskender. Le prêtre sembla décider qu'il n'avait rien à voir avec les troubles que les autres avaient été recrutés, avec différents degrés de choix, et que son problème était facile à addresser et qu'il valait donc mieux le faire maintenant.

-Ce n'est pas moi qui gère cette auberge mais je ne pense pas qu'il y ait le moindre problème si vous souhaitez prendre vos chiens avec vous dans votre chambre, tant qu'ils sont propres et pas trop buyant. Il n'y a pas encore grand monde. Cela sera peut-être moins vrai, une fois que, si, le festival commence, par contre.

Estimant s'être montré suffisamment avenant et serviable, il revint à ses moutons, se tourna vers Baelsul lui disant qu'il était prêt et se leva pour commencer à se mettre en route. Il avait convenu avec l'un de ceux qui avaient échappé à la menace, et se trouvait encore dans les environs, une population fort peu nombreuse, pour avoir un guide qui connaissait mieux les lieux et il était probablement temps d'aller le chercher. Une soudaine lumière s'alluma dans son esprit et il se tourna vers Iskender.

-Volubilis, vous dites? Je crois que notre problème va vous intéresser aussi. Quand elle est arrivée ici, elle a discuté avec moi des disparitions et, malgré le fait que je lui ai dit qu'un groupe d'experts était en route, elle a dit qu'elle allait résoudre le problème elle-même. C'était la dernière fois que je l'ai vue.

Le groupe se mit en marche et se dirigea vers l'un des quais du petit village. Ils y rencontrèrent Jauan, un garçon d'une dizaine d'année en train de réparer et démêler des filets, qui allait être leur guide. Zorin laissa alors le groupe à son enquête arguant qu'il avait de nombreuses tâches à effectuer qu'il avait ignorées trop longtemps déjà. Si Jauan était visiblement heureux de pouvoir abandonner ses filets, il ne fallu pas très longtemps après que le groupe eut quitté le village pour voir qu'il était plus qu'un peu effrayé. Il les conduisit sur une route qui ne semblait pas beaucoup utilisée mais dont les pavés, souvent de guinguois, montraient qu'elle l'avait probablement plus été à une époque. Elle contournait un éperon rocheux sur lequel, quelques 9 mètres plus haut, se trouvait le plateau où ils cherchaient à se rendre. Sur leur droite la rivière coulait à gros flots mais une plage se trouvait à environ 1 mètre en contrebas de la route. Sur celle-ci, à quelques vingt mètres de distance devant les aventuriers se trouvait une barque renversée, probablement mise à l'abris du courant.

Il semblait bien que tous soient pressés de remplir leur escarcelle, sauve l’Iskender qui lui cherchait plutôt une Volubilis qui avait eu la mauvaise idée de se la faire solo face à ce pseudoproblème lézardesque. Ensemble, ils trouveraient surement les restes dans l’estomac de la bête de sa Volubilis.
Maglie fut déçu de ne pas passer à la dunette avant de partir, mais cela ne serait que partie remise au retour, avec plus d’or en escarcelle et de connaissance de ceux qui reviendraient vivants. Pour elle, le calcul était simple, moins de survivant, plus d’or, l’équation parfaite, mais la jeune hin n’était pas vil à ce point, elle avait beau avoir des idées tordues, n’en restait pas moins une sagespectre qui aimait profondément les gens, donc sa nature était bien naturellement de tenter de les aider dans le besoin.

Toute joyeuse elle suivit l’Zorin jusque devant le jeune Jauan en plein ramendage. Maglie souriait à toute dent lui faisant un clin d’œil amical en lui disant sur un ton enjoué.

– Ahoy Jauan! Moé c’é Maglie! He bin, tu s’ra su’l point ralinguer bin vite, beau travail moussaillon, mais là, faut brasser en fuite et j’te jure que ce s’ra pas nous autres les pataches et j’espère que t’aura ta part de godaille au r’tour, s’non, j’m’en occupe. –

Ils semblaient arrivés au plateau lorsqu’ils aperçurent une barque renversée sur la petite plage de rivière. Pour la jeune hin il y avait là, des renseignements plausibles et décidait de s’y rendre pour inspecter les lieux. Il y aurait possiblement des traces de pas, un mort, une escarcelle perdue… mais avant tout elle prit trois pièce d’or dans l’escarcelle qui lui était tombée dans les mains à la rencontre du premier groupe puis fit un clin d’œil à Jauan en le remerciant puis disparaissait en direction de la barque.



Tromperie sur Jauan pour lui changer les idées. Furtivité pour aller à la barque et perception sur place.