LA question, Où l'évidence de l'un...

La petite fée s'allongea contre l'épaisse poutre centrale soutenant l'étage de la taverne. Les grandes gens étaient bien trop occupées en contrebas à boire et discuter pour se laisser distraire par l'aura d'or pétillant qu'elle dégageait. Pour sûr, les volutes s'échappant des quelques pipes utlisées dans la grand salle renforçaient son camouflage, aussi n'eut-elle aucune difficulté à s'approcher un peu plus du lieu où les discussions battaient leur plein. Le groupe juste en dessous s'en revenait d'une exploration périlleuse qui avait semble t-il atteint son but. Les rires fusaient, libérant un peu plus les cœurs de cette tension accumulée depuis des jours. Ils avaient affronté des horreurs que les quelques villageois attablés contre les murs noircis auraient grand peine à seulement imaginer, et en étaient sortis vivants. Presque tous...
Les paysans les lorgnaient en coin, d'un regard mêlant méfiance, admiration et étonnement.
Lesteplume la fée commença à égrener le décompte des compagnons d'arme de ses petits doigts, remarquant que presque toutes les races et toutes les classes semblaient présentes. Jamais telle assemblée n'avait investi la "Taverne du Moulin", tant éloigné de tout en était le petit bourg...
Elle fit brusquement danser ses mains dans les airs, libérant un charme en un éclat d'étincelles, et le chef de la bande se leva aussitôt, saisi d'étonnement mais ne pouvant lutter contre la magie lutine. Chacun se tut en le voyant si déconfit. Qu'allait-il dire de si important ?
"Où... Où se trouve la Taverne des Royaumes Oubliés ?" Prononça t-il distinctement, comme s'il s'agissait de LA question ultime...

Ami, compagnon d'armes, toi qui es assis là, face à celui qui t'a mené à travers dangers et merveilles, il te faut faire bonne figure en démontrant ton savoir. Le savoir d'un vétéran de maintes aventures...

Si donc il fallait que votre personnage réponde à cette question comme s'il s'agissait d'une évidence ? Du tac au tac... Sachant sa race, sa classe... Son histoire et sa psychologie... Quelle serait cette réponse en une seule phrase ?

Soyez originaux et créatifs, car il se pourrait que votre réponse fasse partie d'une publication prochaine de la taverne...

Écoutant d'un air attentif, la réponse du nécromancien ne se fit pas attendre, tant la réponse était simple, du moins pour un magicien.

- Eh bien, c'est très simple. La taverne est partout et nulle part en même temps. Elle voyage entre les mondes. Un jour vous poussez la porte d'une taverne quelconque et vous vous retrouvez dans celle-ci, le lendemain, vous franchissez la même porte, mais ce n'est plus que la taverne quelconque qui s'est toujours située en ce lieu. Elle peut apparaître et disparaître dans n’importe quel lieu à n'importe quel moment. Toutes les portes des tavernes peuvent mener à cette unique taverne, La Taverne. La Taverne des Royaumes Oubliés.

lors que mon coeur se mourrait d'aussi peu de lumière dans le plan matériel, que je trimais dans les sombres et lassants couloir d'un monde froid, tout en grisaille, aux âmes lourdes de fatigue et de manque d'imagination, je rencontrais une femme au sourire secret. Son visage illuminait la joie, la paix de l'être, l'enthousiasme de la création. J'arrêtais mes pas, tout dans l'étonnement de trouver un peu de couleur dans mon monde fait de faible luminosité et je me pris à lui poser des questions, désireuse de m'abreuver à ses mystères de joie de vivre.

Ses réponses étaient étonnantes, un peu effrayantes certes, mais tout à fait étonnantes. Elle me parlait d'un monde d'un autre plan, où habitait nombre de races que je ne connaissais pas. Il y avait des elfes, des nains, des semi-hommes, des géants et des ogres, sans oublier ce qui fit frisonner mon imagination, des dragons, des fées et des pixies. Il y avait là le moyen de se forger une autre existence, tout en couleurs, une existence où l'âme pourrait s'y reposer et rencontrer mille émerveillements qui ne pouvait qu'enchanter le cœur et reposer l'âme.

Joignant les mains, je lui priais de me donner les indications pour arriver à ce monde, et donner à ma vie une palette de couleurs auxquelles elle aspirait. Mystérieuse elle me répondit : "Il est tout près de toi, il suffit que tu le voies ... On l'appelle la Taverne des Royaumes Oubliés" J'attendais une indication précise, un lieu géographique, un panneau peut-être ? Mis elle ne dit plus rien. Je pensais qu'elle se moquait de moi. Aussi restant quand même polie je la remerciais tout en m'éloignant sur mon chemin de gris.

Mais ses description avaient emplis mon cœur et je me pris à rêver à ces paladins aux armures étincelantes, aux semi-hommes aux rires joyeux, aux nains barbus qui creusaient la montagne, à ces dragons qui peuplaient les cieux et à ces fées qui jouaient des tours aux humains. Tous ces personnages hantaient mes pensées, illuminaient les fibres de mon âme, vivait dans le monde de mes rêves, et un jour j'ouvris les yeux, sachant subitement où trouver la Taverne des Royaumes Oubliés.

Il est là au fond de chacun de nous, au fond de chacun de vous. Et entrer dans ce plan immatériel, féérique et différent de notre monde matériel ne requiert qu'une chose : l’imagination. A partir de là la Taverne prend forme, d'abord un peu floue, puis de plus en plus précis.

Et mes rêves rencontrèrent vos rêves, mon imagination s'abreuva aux vôtres, mes pensées s'unirent aux vôtres, mon monde vint illuminer le vôtre et la Taverne des Royaumes Oublié devint partie intégrante et réelle de mon existence.

oyons méthodiques et prenons un échantillon représentatif de 6 réponses type orthogonalisées obtenues après le sondage de 124 personnes entre Marpenoth et Nuiteuse 1372 :

A) La ch'tavern' do ryaum' z'blié qu'on mdit lo ? Bah c'pas bian complique-t-on. Lo s'cond o drôte chsqu'au Crabu dchez vioc dlo pas dans l'sac, pis lo c'est lô lâ. C'pas bian complique-t-on. Adé !

B) J'ai oublié.

C) Alors techniquement le code du forum est sur le serveur situé à Pinbêche-les-oies, mais c'est beaucoup plus compliqué que ça, vu qu'il existe des sauvegardes à plusieurs endroits, sans compter le cache des navigateurs personnels des membres et des moteurs de recherche ou autres services d'archivage automatisés.

D) Pour reprendre Malphax, Urgoll avait jadis noté la ressemblance de *ceci* avec le principe de : Lien 1, Lien 2

E) Monsieur, vous pouvez répéter la question ?

F) C'est très intéressant, continuez.

G) Je ne réponds pas aux sollicitations téléphoniques. Bonne journée.


Perso je penche pour le D) qui a le luxe de satisfaire un maximum d'observations sans trop malmener Occam, bien que C) soit parfaitement correct dans un certain univers très bas niveau (encore en dessous de l'Outre-terre). E) est classique chez les collégiens voire lycéens (XP<1000) et F) chez les directeurs de thèse (ou directeurs tout court) (XP>130000 et bourse>1M). A) n'est pas non plus à exclure si l'on trouve le bon interlocuteur, ce qui est aussi le cas de B), noter que l'occurrence de cette réponse a tendance à augmenter avec l'âge. G) est le cas classique du vote blanc ou du bottage en touche pratiqué par une tranche non négligeable de la population qui ont eu la bonne idée de laisser leur numéro de téléphone sur le formulaire d'inscription à la kermesse de leur supermarché favori.


Bien, en résumé, je crois qu'il n'y a pas de bonne réponse ou de mauvaise réponse, tout dépend de l'humeur, de l'espace, du temps et de l'âge du capitaine.
Mais si je devais parier, ça serait le D).

Qu’avait-il bu pour se lever d’un coup et clamer ces vers ? Car il n’était ni barde, ni même poète mais simplement un rôdeur, parvenu à se faire une petite place dans ce monde imaginaire.

Allez, regardez-bien, et soyez audacieux,
Ne cherchez pas dans les forêts ou dans les cieux,
Mais plutôt dans votre cœur ou dans votre âme,
Pour l’ouvrir, pas besoin d’un quelconque sésame,

Allez, Enfiler votre plus belle armure,
Et partez rejoindre sans le moindre murmure,
Ce monde rempli de fées et autres dragons,
D’humains, d’ogres, d’elfes et de nains harpagons,

Allez, vous y serez chaudement hébergés,
Sans fioritures et sans être dérangés
Dans ce lieu haut en couleur et toujours apprécié
Qu’est la taverne des royaumes oubliés.

Quand le chef de leur compagnie se levait, chacun écoutait. Non pas tant par discipline que parce qu'il ne disait jamais rien d'inutile. La faciès défait, il lâcha sa question avec plus de solennité qu'il n'en avait montré lors de leur récent partage du butin. Où se trouvait donc la Taverne des Royaumes Oubliés? Solia était à quelques convives de lui, se balançant sur sa chaise, des parchemins et une coupe de vin posés devant elle, tout au bord de la table. Elle ouvrit tout d'abord la bouche puis manifesta l'étonnement de celui qui s'aperçoit qu'il ne sait pas quoi dire. Elle rougit, referma les mâchoires, et pinça quelques cordes du violon dans son giron. Les sourcils froncés, ses yeux marrons braqués sur le plafond, la magicienne affichait une moue incrédule.

Elle était allée dans cette taverne. Y avait rempli et signé le registre. En avait perdu et retrouvé et retrouvé le chemin. Alors au nom des Abysses, pourquoi était-elle incapable répondre à la plus triviale des questions à son sujet? Son regard s'attarda sur ses compagnons d'armes attablés avec elle. Ils provenaient de partout, étaient de tous les peuples. Elle avait vu les contrées natales de certains, pouvait montrer sur une carte celles de quelques autres, connaissait le noms des lieux de naissance de beaucoup. Parmi eux, il en était qui reverraient ces lieux et d'autres non. Solia était Thayenne, et espérait bien ne plus jamais mettre les pieds sur le territoire des Magiciens Rouges, y compris leurs Enclaves disséminées dans tout Féérune. Un demi sourire aux lèvres, elle se leva, manquant renverser son vin de justesse, et prit la parole.

-Qui se soucie de savoir où elle est? Je sais où je suis née, et ne peut ni ne veut y retourner. Il y a quelques jours, nous avons achevé avec succès notre exploration. En d'autres termes, nous sommes allés à un endroit dont aucun d'entre nous ne connaissait la localisation exacte.

Solia s'interrompit, le temps de rejeter en arrière ses longs cheveux bruns, laissant apercevoir sur sa nuque un éclat vert émeraude tranchant sur la peau pâle. La compagnie avait déjà fait connaissance avec son serpent familier.

-Deux cas où le "où" ne m'importait guère. Le cas de la Taverne c'est autre chose... Je crois qu'elle a sa manière de se laisser trouver. Je veux dire, on cherche à tout prix à la caser en trois dimensions quelque part, et en tant qu'invocatrice, je vous certifie que le choix est vaste! Qui sait, au lieu d'être sur le chemin de ceux qui y viennent, ces derniers pourraient tout aussi bien la générer autour d'eux. Ou elle pourrait n'exister que dans l'esprit de ceux qui la peuplent et la partagent.

Se taisant une nouvelle fois, elle prit négligemment sa coupe et la leva devant son visage, sans qu'on puisse dire avec certitude si elle portait un toast ou se préparait simplement à boire.

-Je vais choisir ça, je crois, dans nos esprits... Quitte à ajouter au tableau un lien télépathique et une projection mentale dans un coin du plan astral où nos pensées combinées lui donneraient forme.

Elle but, ramassa son violon tombé au sol lorsqu'elle s'était levé, et se rassit pour se balancer à nouveau.

La bleuté elfique s'étonna de la question. Comment se pouvait-il qu'on ignore où se trouve la taverne ? La réponse était en effet évidente pour celui ou celle qui l'arpente depuis longtemps.

- La taverne, elle est dans notre cœur.

Elle esquissa un sourire lunaire, dont elle avait le secret pour séduire et charmer, et pour lequel même un nain ne pouvait rester insensible.

- Apportez donc une pinte à not’ chef, il a l’gosier sec et la tête à l’envers avec tout c’qu’on vient d’vivre.

Mjöllnir venait d’interpeler une charmante serveuse qui devait rêvasser à quelque heureuse rencontre. Sans doute un elfe, voir un demi, ils leur faisaient souvent cet effet-là. Revenant à son chef, il lui offrit de se rassoir d’un geste amical. Ca faisait un moment qu’ils parcouraient les Royaumes ensemble, il savait que l’homme était un bon bougre, rattrapé par un passé qui lui revenait en flash quand la fatigue –et la soif- devenaient trop vivaces. Le grand guerrier –par son bras plus que par sa taille- avait besoin, dans ces moments, qu’on lui remémore le passé glorieux des Vigoureux, rien de plus, rien de moins, et à chaque fois le Moine le ramenait au calme en quelques phrases.

- ‘Sur qu’on sait où elle se trouve chef ! Elle est en plein centre de Shanatar, sous les plaines de Shaar, où résonne encore les chants de nos aïeux et le rire de Taark Shanat quand il a forcé les drows à quitter les terres des nôtres ! L’injustement nommée Taverne des Royaumes Oubliés parce qu’on n’les a pas oublié nous Oghrann et Haunghdannar ! Crachons ensemble sur les Duergars et rions de savoir que nos barbes seront toujours plus belles que les leurs !

De mots en mots, les traits de son chef à la barbe tressée se radoucissaient comme s’il entendait le doux son de la forge et les chants glorieux à Moradin. Mjöllnir put reprendre sa place à table. Il conclut dans le rire gras des siens :

- Mais c’est loin Shanatar, et en attendant qu’on aille y casser de l’Orc ou du p’tit gris, j’vous en dois une !

Et tous les Nains de la Taverne de lever leur choppe en louant le Morndisamman à en faire oublier la question du Vigoureux.

A la question de la pixie, le paladin de Heaum leva un sourcil.

- La taverne des Royaumes Oubliés ? Et bien elle est là-bas, pardi !!

L’attitude de leur chef était tout sauf cohérente, ça cachait quelque chose, le barde n’était pas dupe une seule seconde. Murmurant un mot de pouvoir, il accrut ses perceptions à la recherche des traces de manipulation de la Toile et reconnut immédiatement la couleur d’une série de sorts qu’il connaissait très bien… Un être fée se cachait quelque part et se jouait d'eux.

Profitant d’un pouvoir de sa gemme esprit, il communiqua avec son ami, le rassurant.

¤ Un petit plaisantin s’est trompé de cible, ne t’inquiète pas, je vais te tirer de là et nous lui tirerons les oreilles ensemble si le cœur t’en dit. Tu sais ce que je pense de ceux qui se joue de la liberté des autres. ¤

Le barde se leva alors dans une posture aussi théâtrale, se saisit de sa flute de sons et introduisit son morceau en répondant : - « Par-delà les mers Capitaine, bien après le couchant ! »

Il se mit alors à jouer et ses notes camouflèrent bientôt le brouhaha de la Taverne, attirant l’attention sur lui plutôt que sur la malheureuse victime. On pouvait y entendre, au milieu des notes –bien que cela fut évidemment impossible- le bruit des vagues, des oiseaux marins, du vent se jouant des dunes de sable et claquant dans les voiles d’un sloop que tout un chacun pouvait deviner pour peu qu’il ferma les yeux.

Arzhaelig utilise Musique Bardique (Contre-chant) et lance Détection des pensées pour repérer la fée