Quel est votre nom, voyageur ?
Eléasis (VIII) 1373, 2ᵉ chevauchée
   

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> L'histoire dont vous êtes (tous) le héros, Pas forcément "un" héros.
écrit le : Samedi 18 Août 2018 à 12h58 par Phineas
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Façonneur de Montagnes
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Prologue


Je fixais le dos de ma main avec un manque d'intérêt terrifiant. Quelques semaines plus tôt, la vision de ma peau si sèche qu'elle tombait en lambeaux aurait probablement mis un terme à tous mes espoirs. Mais que voulait désormais dire ce mot ? Tentant de glaner un peu de fraîcheur et d'humidité en plaquant mon dos contre une pierre lisse n'ayant pas encore été touchée par la chaleur du jour levant, je me remémorais tout ce qui avait fait ma vie jusqu'ici. Le premier souvenir qui me revint m'étonna, je ne le pensais pas si... constitutif de mon existence.

J'ai treize ans, je cours sans vraiment regarder où je met les pieds dans les rues de Fortepierre. J'entends les claquement des bottes derrière mois, alors que les degrés de l'ancienne rampe de la seconde égide se profilent devant moi. Quatre-vingt-dix-sept marches, répartie sur trois sections d'escaliers. Du moins, c'est ce qu'on lui avait dit le jour précédent, quand Halen avait lancé son pari. Personne n'avait le droit de monter sur la seconde égide, à part les gardes. Alors c'était plus ou moins le défi classique des enfants et des adolescents de tenter l’ascension. Mais le vieil escaliers, était apparemment raide et dangereux. Surtout quand on tentait de le gravir quatre à quatre. Je grimpais les trente premières marches sans souci, et, sur le palier, je ne pouvais m'empêcher de me retourner pour contempler la cité de plus haut que je ne l'avais jamais vue.

La cité aux trois murailles s’élevait, comme si elle avait toujours été là - c'était d'ailleurs l'avis de la plupart de ses habitants - fichée dans le flanc du Mont Doux. Si tout le monde pensait la cité éternelle, c'était parce qu'elle semblait aussi inébranlable que la montagne elle-même. Si on en croyait les bardes et les historiens, des quelques sept cents ans d'histoire répertoriées dans les archives, jamais la ville forteresse n'était tombée. Parfois sous l'autorité d'un règne, aujourd'hui ville libre, la résilience et la fierté des fortpierreuses et fortpierreux les avaient rendus farouchement indépendants. La ville était le passage obligé des marchands et nomades qui voulait passait la quasi infranchissable barrière de montagne sans être obligés de passer par des étroits et dangereux passages. La Saignée, une route creusée dans entre les deux pics qui s'élevaient au dessus du Mont Doux, partait de là, et seuls les guides de Fortepierre connaissaient suffisamment ses dangers pour accompagner les voyageurs. Les accidents arrivaient, mais de l'Ouest comme de l'Est, chacun s'accordait pour dire que prendre la Saignée accompagné était certainement le meilleur moyen d'arriver sain et sauf de l'autre coté. Les cavernes troglodytes comme les solides bâtisses de pierres blanches qui s'élevaient à l'abri des Trois Égides semblaient merveilleuses d'aussi haut, et tous ceux qui marchaient dans les rues ressemblaient à des fourmis.

Enfin, sauf la brigade de garde qui me collait aux basques. Ils étaient de plus en plus proche. Oubliant mon émerveillement pour me concentrer sur ma victoire je repartais de plus belle. Je gravissais la seconde section, alors que les gardes arrivaient en bas de la première. Ils étaient en armure, je ne portait rien d'autres que des vêtements légers, je remerciait l'été d'être aussi clément. Je sentais tout de même la sueur qui commençait à couler le long de mon cou puis se faufilait sous ma chemise. L'escalier était raide, chaque pas deviendrait bientôt un supplice et je devais accélérer.

Et puis soudain, un bloc chancela sous mon poids.

Sans rambarde, je tombais. Il n'y avait qu'une dizaine de mètres, à peine, entre cette section de l'escalier et celle du dessous. J'allais percuter les arrêtes coupantes des marches de pierre. Je criais de toute la force que me le permettait mes jeunes poumons. Je ne pouvais pas mourir ! Pas déjà ! Pas aussi... stupidement ! Tout ça pour un pari débile je...

Et les gardes me réceptionnèrent. En pleurs, je n'entendais pas leurs sermons alors qu'ils m'emmenaient avec une sévérité relative jusqu'à la caserne principal ou j'attendais pendant prêt d'une demi heure, seul, les fesses posés sur le banc de pierre d'une cellule silencieuse. Enfin, la porte s'ouvrit et deux grand yeux gris me regardèrent par delà les barreaux :


- Alors nous y voilà, l'homme à la lourde barbe noir, portant l'armure lourde des officiers de Fortepierre le regardait, que va t'on faire de ...



Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
 
 
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écrit le : Jeudi 30 Août 2018 à 17h42 par Phineas
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- que vas t'on faire de toi, gamin ?

Je ne savais pas qui il était. A ses gallons, j'imaginais que l'officier devant moi avait une quelconque sorte d'importance, mais il ne portait pas les trois bandeaux d'acier autour du bras qui l'aurait désigné comme un capitaine de section. Et c'était bien le seul rang qu'un gamin était alors en mesure de discerner.

Sa barbe faisait facilement la taille de mon avant bras. Elle était parfaitement entretenue, et quoique fournie, ne laissait pas dépasser le moindre poil récalcitrant. Il était massif et ses cheveux coupés ras ne faisait rien pour le rendre plus avenant. Mais, toute l'impression intimidante qu'il dégageait était largement désamorcée par deux yeux d'un bleu limpide, un regard presque... enfantin. En fait c'en était même assez déstabilisant.

Pour autant l'officier ne souriait pas.


- Tu sais ce qui t'attends mon garçon,[i] dit il en déverrouillait la porte de la cellule.

Je le savais. Les conséquences d'un échec étaient à peu prêt aussi connues que la renommée que pouvait apporter une réussite. Ce défi idiot entre les enfants de la forteresse semblait être une tradition depuis la construction du deuxième rempart, du moins c'est ce que l'on racontait.

Tout les adultes nous mettaient en garde rapidement, la punition était à la hauteur de l'acte. C'était ni plus ni moins un acte de trahison, et peu importe notre âge, on ne vous le pardonnerais pas ! Les travaux forcés, ou pour les plus vieux, la mort, voilà ce qui nous attendais. Je respirais difficilement alors que l'officier arrivait vers moi et me tirais, les pieds traînait à travers les couloirs des cachots. J'étais si tétanisé que je ne laissait même pas filer un sanglot.

A travers mes larmes de terreur, je comprenais qu'on me collais dans un chariot, entouré de trois gardes silencieux. Étais je trop vieux pour échappé à la mort ou m'emmenait on aux camps de travaux forcés.

Je m'effondrais dans une semi conscience. Je repensais à ma si courte vie. J'étais un garçon résolument doué pour certaines choses, et bien moins pour d'autres, comme tout les enfants. Mais je ne préfèrais pas songer à mes tares pour le moment. C'était mes dernières minutes, inutile de...

Et puis, je réflechissais à une chose. Si la tradition courait sur des centaines d'années, que j'en connaissais qui avaient réussis et s'en vanter, d'autres qui avaient échoués et étaient toujours là...

Bien. Les soldats cherchaient juste à s'amuser. Comme les professeurs d'ailleurs.

J'avais donc un réel choix à faire. Est ce que j'allais décider de jouer leur jeu ou non ? Après une rapide réflexion je me disais que...

Lancers...



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