Chapitre 1 bis : Apocalypse Dreams

Solidement engoncé dans sa carapace de fer, le nain sépulcral ne semblait pas s'être rendu compte que des projectiles avaient volé au secours de Falrin, dont il martelait le bouclier avec une hargne vengeresse. Le prêtre aurait-il la faveur de sa déesse ? Sa prière était sans conteste leur meilleure chance de victoire.

L'ensorceleur, peu versé dans l'évocation des morts, ne parvenait pas à s'expliquer que ce cadavre se soit ranimé seul. La caverne ne lui paraissait pas imprégnée d'énergie nécromantique et la stèle abritant la tombe ne présentait aucun symbole arcanique. Le prodige devait donc tenir à quelque protection ou malédiction divines que l'envahisseur tasloi avait déclenchée...

- Jeanne ! tonna-t-il afin de tirer la Cormyrienne de sa torpeur.

Hésitant à se jeter dans la mêlée, Kald serra plus fort le bois de son bâton entre ses doigts, à l'affût de l'intervention de Moradin.

Si la tentative de Falrin échoue, Kald attaque avec son bâton.

Une nouvelle flèche venait de se ficher dans le dos du mort-vivant sans que cela ne paraisse le perturber. Indifférent, la créature dardait ses orbites vides sur Falrin qui était toujours la cible de son agressive attention.

Admonestée par Kald, Jeanne sursauta et rougit, vexée d'avoir été prise en faute d'un excès de passivité. Raffermissant sa prise sur son bouclier, elle dégaina enfin son épée pour se ruer sur le revenant, coupant ainsi la ligne de mire d'Iskender, contraint de rabaisser son arc dans lequel il avait déjà engagé une nouvelle flèche. Furieuse, la paladin asséna un grand coup dans le dos de son adversaire qui tressaillit à peine sous le choc. D'un revers d'écu négligent, ce dernier heurta violemment la jeune femme qui se retrouva projeté contre la paroi de la grotte, le souffle coupé.

Immédiatement, celui qui fut Bheldor leva son épée, s'apprêtant à l'abattre violemment sur le malheureux nain d'or qui lui faisait face. En dépit de la rudesse des coups reçus, Falrin reculait, pas à pas, étant parvenu, pour le moment, à éviter toute blessure. Brandissant enfin son médaillon, le prêtre en appela à la puissance et à la miséricorde d'Haela, souhaitant surtout apporter la quiétude au mort-vivant afin qu'il puisse enfin reposer en paix.

La prière amena un instant d'hésitation chez Bheldor qui s'immobilisa comme pris d'un doute.



Visiblement, le mort-vivant luttait pour reprendre le contrôle de lui-même mais ne semblait pas vouloir poursuivre son attaque du prêtre. Le sort lancé par Jafert le fit de nouveau sursauter mais sans modifier son nouveau comportement. Lentement, le nain paraissait s'affaisser sur lui-même, Falrin remarquant même que la peau parcheminée semblait se racornir encore.

demanda-t-il finalement de sa voix caverneuse.

Sur ces dernières paroles, le mort-vivant s'effondra au sol, inerte. Soufflant de soulagement, Kald se détendit légèrement, en ramenant son bâton vers le bas. Tout en surveillant toujours leur précédent agresseur du coin de l'œil, il regarda plus attentivement par l'ouverture dans le mur.

La pièce qu'il découvrait était un caveau. Un sarcophage se trouvait dans un des angles, son couvercle brisé gisant au sol, manifestement fracassé depuis l'intérieur du cercueil. Les murs de ce mausolée étaient couverts d'inscriptions rédigées en nain archaïque, sous une étoile de mer sculptée finement au centre d'un écu surmonté de l'inscription "Royaume astéride de Sondarr". D'autres runes ornaient le sarcophage. Parvenant rapidement à déchiffrer quelques mots, Kald en arriva à la conclusion que les prouesses de Bheldor se trouvaient ainsi gravées, narrant sa résistance héroïque face à une multitude de scrags et de merrhows.

Le moment que venait de vivre Falrin était intense. Il rugit d’un « Ahah » glorieux une fois sa prière exaucée.

- Un grand Merci Haela, grâce à toi c’brave nain r’joindra vite el’royaume de Vergadain pour y r’poser en paix auprès des siens.

Puis s’adressant au reste du groupe d’un ton d’humour mais sans dégager aucune prétention :

- Mesdames et messieurs merci pour votre soutien. Quand on s’y met tous, ça marche hein ? J’vous aurais bin offert une bonne blonde naine pour nous dessécher la glotte après cet oppressant moment mais je n’ai rien sur moi d’aussi bon à boire. Alors à la prochaine taverne faites m’en bin souvenir que j’réchauffe vos estomacs.

Bien content de sa réussite, la foi de Falrin Grandtranchant était raffermie au plus haut point. Ça confiance en Haela n’avait pas vacillée et ses prières avaient été dument récompensées. Il portait désormais la responsabilité de faire vivre Sondarr en sa mémoire. À sa connaissance Sondarr n’existait plus alors il n’aurait pas vraiment à le défendre. La malice de Falrin l’avait fait employer une formule vague lui permettant d’interpréter la manière dont il ferait vivre Sondarr. Néanmoins, pour se prêter au jeu, il faudrait qu’il en sache plus sur ce royaume dont il connaissait si peu.

- Ça vous dérange si j’jette un œil aux écrits du tombeau ? J’aimerais bin en savoir plus sur c’guerrier nain. J’vais rentrer et prendre el’temps d’inspecter. Kald j’comprends c’que tu dis et t’a bin raison. On n’va rien laisser ici qui appartienne à c’guerrier de Sondarr. J’vais l’prendre et j’l’amènerai dans un temple de Verdagain ou dans un autre lieu sacré. J’ai vot’e parole qu’vous respecterez ma r’quête ?

Son ton ne laissait pas le choix. Même si les uns et les autres pourrait rechigner, il rentrerait en colère toute rouge et demanderait à Jeanne un soutien de religieux à religieux pour faire respecter sa volonté.

Rentrant dans la tombe, le nain commença à inspecter les runes, il espérait en avoir plein les mirettes avec des découvertes épiques. Il sortit rapidement plume et papier pour y retranscrire ce qu’il pouvait de ces écrits. Une fois fait il inspecterait les lieux pour ne pas y laisser trainer une relique de peur qu’un sale Tasloi s’en empare.

Une fois ceci fait, il s’affairerait à offre un tombe descente au héros Bheldor. Il ajouterai une belle prière à Verdagain, pour qu’il garde son dévot et l’accueil en son royaume.

- Bien joué, Falrin ! Heureusement que ton invocation a marché : il s’en ai fallu de peu qu’il fracasse ton bouclier et peut-être toi avec !...

S’approchant précautionneusement du mort-vivant apparemment mort ( !), Iskender le désarma en lui prenant, dans l’ordre, son épée, son écu et son casque. Il n’était pas absolument certain que ce mort ne puisse pas se remettre à s’animer et à les attaquer de nouveau, donc il valait mieux que celui-ci soit désarmé. D’ailleurs, il ne comprenait pas comment le mort avait pu s’animer et pourquoi il semblait en vouloir particulièrement à Falrin.

- Falrin, avant de rendre hommage au guerrier de Sondart et pour savoir s’il le mérite, à mon avis ça serait bien que tu saches pourquoi il s’est ranimé, dans le Mal, au lieu de reposer en paix avec son dieu ! Et en plus, pourquoi s’en est-il pris à toi spécialement ?
Bon, maintenant que nous sommes débarrassés de ce danger, il va falloir préparer la nuit. Si nous restons dans la caverne, il faudra faire un tour de garde, dans le cas où d’autres Taslois voudraient venir nous rendre visite. Maintenant que le seul Tasloi qui pouvait nous renseigner est mort, on ne sait pas si d’autres groupes se « promènent » aux alentours. D’après ce que j’ai pu comprendre de l’interrogatoire du prisonnier, il est possible qu’il y ait eu un naufrage et que la plupart des Taslois se soient noyés, mais rien n’est sûr.

Ayant dit cela, Iskender alla fureter, avec son chien, dans la caverne pour trouver des objets de valeur, en particulier à l’endroit où ils avaient empilé des caisses et des tonneaux pour monter sur la plateforme, laissant l’exploration de la pièce du sarcophage à ses compagnons…

Le guerrier d’outre-tombe s’écrasait au sol dans un bruit de casseroles alors que l’autre nain, le plus dévot, remerciait sa déesse de sa victoire. Jafert était soulagé, la charge du mort vivant avait été aussi soudaine qu’incompréhensible, le moment tant redouté de sa première rencontre avec un revenant s’était bien fini, la bonne affaire.

Iskender, soucieux, désarmait déjà le cadavre pour éviter une reprise du combat. L’amnien, un pied sur l’armure rouillé, tirait à deux mains sur son carreau et finelement le projectile sortit des chairs putrides. Le magicien, déçu, examinait alors la pointe qui avait perdu sa capacité perforante, Jafert lassa tomber le trait inutilisable.

- Santé ! lança Jafert à la première réplique de Falrin.

- Bonne idée Iskender, je veux bien prendre le premier tour de garde, j’ai besoin d’un peu de temps pour préparer mes sorts pour la journée de demain. Et puis, je préfère faire une nuit d’une traite si c’est pour dormir dans cette poussière.

L’instant d’après le magicien accompagnait son confrère ensorceleur qui se dirigeait vers la chambre d’où été sorti Thoïl. Jafert découvrait les appareillages rudimentaires pendant suite à la libération du dragon-fée. Une réserve de fioles entièrement remplis et bouchonnées était stockée à l’abri contre une paroi. Voilà ce qui répondait surement à une question : L’ébriété des Tasloïs devait provenir de cette substance. Les gobelinoides avaient redoublés d’inventivité pour collecter la sécrétion du dragon-fée, ces bêtes étaient surprenantes. Kald ramassait déjà quelques fioles alors que Jafert observait encore la machinerie avec curiosité. Avant de quitter la pièce, le tavernier rebroussa chemin et enfourna sous sa robe la dernière fiole du liquide qu’il pensait psychotrope.

La reconstruction de la barricade du balcon était assez sommaire, mais qu’importe. Chaque aventurier s’aménageait un coin pour dormir alors qu’il ne restait plus que la faible lueur de l’orbe pour éclairer leurs actions. Quand Kald et Iskender proposèrent d’aller fouiller les larcins des Tasloïs, Jafert avait perdu toute curiosité et les laissa y aller seul. Il se rendit vite compte qu’il se retrouvait soudain dans le noir complet avec Jeanne et Falrin quand les deux compères descendaient au niveau inférieur.

Jafert générait une boule lumineuse au-dessus de lui qui lui permettait d’ouvrir son grimoire quelques minutes et de mémoriser des nouveaux sortilèges. Les camarades restaient à proximité purent profiter de la lumière quelques minutes de plus avant le retours des explorateurs.

Inspection de la machinerie : Est-ce du travail de gobelin ?
Jafert prend le premier tour de garde.

A en juger par la force prodigieuse du coup porté à Jeanne, Kald ne put que se réjouir que le prêtre fut exaucé par sa déesse : le défunt Bheldor s'effondra une bonne fois pour toute. Après avoir jeté un rapide coup d'œil au caveau et aux inscriptions qui l'ornaient, le Fils du Froid, dont chacun avait déjà pu mesurer la ferveur religieuse, s'adressa au nain.

- La requête d'un mort engage autant qu'une prière... Vous voilà chargé d'un bien lourd fardeau, Falrin, et bien fou serait celui qui irait contre la volonté commune d'Halea et de Vergadain. Son ton, moins enthousiaste que lorsqu'il évoquait Saukuruk, n'en était pas moins empli de déférence. Il vaut mieux ne rien laisser ici, à la merci du premier pillard venu.

Se désintéressant tout à fait du héros de Sondarr et de la trahison dont il avait été l'infortunée victime, le Sossrim abandonna Falrin à ses rites funéraires et, après avoir acquiescé aux propositions d'Iskender, se rendit dans la caverne voisine. Certes, l'animation du cadavre posait question, mais il paraissait désormais certain qu'il ne se relèverait plus.

Quelques fioles, dont certaines étaient remplies d'une substance trouble, confirmaient que les taslois avaient réussi à extraire l'essence liquide du souffle draconique : une denrée si rare intéresserait à n'en pas douter alchimistes et créateurs de sorts, et ce plus encore si son caractère magique n'avait pas été altéré par le processus d'extraction.

- Ces bestioles sont ingénieuses... commenta-t-il à l'intention de Jafert, qui pourrait peut-être lui en dire plus sur leur découverte.

L'Amnien put reconnaître les bribes tant de fois répétées du sort de détection qu'incanta le Froidecape afin de vérifier si les sécrétions du dragon-fée avaient conservé leur magie. S'il n'était pas trop absorbé dans ses investigations, il pourrait même remarquer le petit bijou en argent que son confrère examinait avec une précaution presque suspecte.

- J'y pense, déclara-t-il abruptement après avoir enfoui la boucle d'oreille dans une des poches de sa ceinture à composantes, la mine grave, ce parchemin de sort... Saukuruk pourrait peut-être t'aider à y voir plus clair.

Une réponse obtenue, il emporta avec lui autant de fioles qu'il pouvait en porter pour les joindre à leur butin, puis rebroussa chemin pour inspecter les livres qu'il avait repérés à l'entrée de la caverne. Quelques biens de valeur pouvaient sûrement être sauvés. Peut-être même trouverait-il une explication à l'improbable présence du symbole de la Déesse en ces terres si éloignées des Glaces ?

Kald utilise détection de la magie pour inspecter les fioles et la boucle d'oreille. Il prendra n'importe quel tour de garde et n'aidera Jafert à déchiffrer le parchemin que s'il a accepté sa proposition.

Bheldohr renvoyé au repos éternel qu'il n'aurait jamais dû quitter, tout le monde put souffler un peu. Assise, le dos appuyé contre la paroi, Jeanne respirait bruyamment, peinant à retrouver ses esprits. Le regard encore hagard, la demoiselle semblait regretter d'être ainsi partie à l'aventure. La réalité du terrain n'avait vraiment rien à voir avec odes des troubadours qui vantaient les exploits courtois. Elle allait devoir s'aguerrir davantage pour ne pas se montrer aussi hésitante à l'avenir et tenir le rôle que ses compagnons attendaient d'elle.

Alors que Falrin rendait grâce à Haela pour le "coup de main" qu'elle lui avait donné, Iskender, toujours pragmatique, éloigna rapidement du cadavre les armes qu'un nouveau réveil du mort auraient pu rendre menaçante. L'épée, le bouclier et l'armure étaient manifestement de très bonne qualité et dignes d'un grand guerrier. Un temple nain serait très certainement honoré de se voir confier de telles reliques afin de glorifier le héros qui les avait portés.

Entrant dans la crypte, Falrin se sentit envahi par l'émotion alors qu'il déchiffrait difficilement les runes archaïques gravées sur la pierre. La souffrance de Sondarr y était particulièrement décrite, les divisions intestines entre les trois clans qui composaient son royaume, le clan Ghalrin disparaissant après des siècles de querelles avec les Elfes de la forêt du Téthyr tandis que le clan Gemcrypt vivait de plus en plus en autarcie dans ses cavernes creusées sous les Piquétoiles. Victime en fait des rivalité intrinsèques des nains, le clan Percetroll devait, seul, faire face à des hordes déferlantes de merrhows et de scrags. Bheldohr, fils de Dolnik Forgeonyx, du sang d'Ebersar était le Rempart Rieur du clan Percetroll, chargé d'en organiser les défenses.
Accueillant les bras ouverts tous ceux qui participaient à ce combat pour la survie du clan, Bheldohr n'avait pas su lire la trahison rampante dans le cœur de certains de ses nouveaux alliés. S'étant attiré les bonnes grâces du général en chef, un petit contingent de nains d'or s'était vu confié la garde d'un point sensible pour aussitôt le livrer à leurs ennemis, ce qui avait provoqué la chute de cette ligne de défense et la mort du Rempart Rieur. Ses fidèles soldats durent fuir, pressés par les monstres aquatiques, parvenant à emporter avec eux la dépouille de leur héroïque général.
Avant de regagner Sondarr, ils avaient jugé plus prudent de bâtir un modeste tombeau provisoire (modeste et provisoire sont des notions très relatives pour le peuple nain) pour Bheldohr, comptant bien revenir chercher son corps dès que la situation le permettrait afin de lui donner une sépulture digne de son rang.

S'approchant du tombeau, Falrin laissa ses mains courir sur la pierre, en ressentant toute l'énergie. Des siècles s'étaient écoulés depuis la mort de Bheldohr et les Percetrolls avaient, eux aussi, définitivement disparu, faisant sombrer ce mausolée dans l'oubli. Les petits doigts boudinés se posèrent naturellement sur une excroissance rocheuse, ouvrant un compartiment secret. contenant plusieurs documents : une liasse de parchemins reprenant les récits qui étaient gravés sur les murs de la crypte, un recueil de poèmes et de chants à la gloire de Vergadain et une sorte d'atlas, cartographiant les galeries et tunnels qui avaient constitués le royaume astéride, mentionnant en particulier une ville appelée Foyer des Percetrolls que Falrin crut pouvoir positionner à hauteur de l'île de Nemessor, au sud de la presqu'île de Velen. Alors qu'il parcourait le livret théologique, un feuillet en tomba. Malheureusement, le nain se montra incapable de déchiffrer ce qui était inscrit dessus, y décelant toutefois une légère aura magique.

Posant à côté de lui ces documents, le prêtre en appela à la médiation d'Haela pour entrer en contact avec Vergadain et purifier la dernière demeure d'un de ses serviteurs.

Pendant ce temps, Jafert et Kald avaient décidé, d'un commun accord, d'aller jeter un coup d'œil dans la prison de Thoïl. Admirant l'ingéniosité des taslois qui avaient réussi à fabriquer un véritable laboratoire, ils rassemblèrent les différentes fioles. Cinq d'entre elles étaient soigneusement bouchées et semblaient contenir du gaz. Pour en connaître la nature exacte, il allait falloir les ouvrir, la détection de la magie laissant paraître une faible aura d'enchantement. La boucle d'oreille en argent, se révélait être, en fait, une broche que le tasloi avait choisi de porter au lobe de son oreille et diffusait une faible aura d'abjuration.

Après s'être contorsionnés dans l'étroit corridor, les premiers aventuriers regagnèrent le "balcon" pour s'y installer pour la nuit. Surgissant de nulle part, un ballon orangé se mit à voleter autour d'eux, ne semblant pas remarquer la soudaine crispation de Kald.

- C'est fini ? Les méchants sont morts ? Et Tipeur, il va bien ? Son père est parti ?

Rassuré de ne pas se trouver en présence de Peurinn, le dragon-fée semblait avoir repris du poil de la bête.

- Mais c'était qui, ceux qui étaient là ? Ils faisaient quoi ? Et c'était quoi qui grattait contre la pierre ?

Ignorant ce bavardage, Kald et Iskender descendirent au cellier et commencèrent à le fouiller, laissant Jafert se débrouiller avec l'irritante baudruche volante.

Dans le cellier, de nombreuses marchandises gisaient pêlemêles dans la poussières. Tout cela représentait une certaine valeur marchande mais était beaucoup trop encombrant pour pouvoir être transporté facilement. En furetant un peu, le rôdeur extirpa un arc composite à moitié coincé sous une caisse. Grimaçant un peu, il dut forcer un peu pour parvenir à bander l'arme, manifestement redoutable entre des mains expertes. Kald, de son côté, dégotta un petit carnet couvert d'une écriture serrée, développant des études et des expériences sur les drogues. Dissimulés dans la reliure, deux parchemins étaient pliés en quatre. Le premier était un sortilège de "Resistance aux drogues", par contre le deuxième ne put pas être dentifié. Poursuivant ses recherches, le Sossrim ouvrit une malle de voyage et s'immobilisa, ses mâchoires se contractant soudain, au point d'en devenir douloureuses. Sous de simples vêtements de voyage, il venait de découvrir une robe d'un blanc immaculé, bordée d'un fin liseré bleu. Une large bande d'étoffe gris clair complétait cet ensemble que l'ensorceleur identifia de façon formelle comme étant la tenue sacerdotale d'un prêtre d'Aurile. Il eut beau examiner plus attentivement la malle, sa recherche se parant maintenant d'un indiscutable respect, il ne découvrit rien de plus. Le serre-tête et la hachette de glace qui auraient dû compléter cet ensemble étaient introuvables.

Lancers...

Kald - Jet de compétence : Art de la magie : 20(d20) +4(deg) +3(Int) = 27 ~ Réussite
Kald - Jet de compétence : Art de la magie : 8(d20) +4(deg) +3(Int) = 15 ~ Echec

Les deux explorateurs revenaient au campement après l’ascension du balcon toujours aussi périlleuse. Les recherches avaient été fructueuses et chacun examinait les objets trouvés.

Thoïl et Tipeur s’étaient bien trouvé, ils étaient aussi bavard et ennuyeux l’un que l’autre. Jafert tentait d’apaiser le jeune dragon-fée en répondant à ces questions :
- Oui c’est fini. Nous sommes tous en sécurité. Calmes-toi petit. Poses toi dans le coin là-bas.

-Le papa de Tipeur est rentré s’occuper de sa famille. Calmes toi. L’effervescence du 'ballon' irritait un peu le magicien qui tenter de mémoriser de nouveaux sortilèges.
- Ya plus de méchant. Racontes-moi comment tu t'es fait attraper.

Thoil racontait alors avec ses mots comment en attendant l'arrivée de Tipeur pour leurs jeux quotidiens, il avait remarqué la colonne de taslois qui passait à proximité. Sa curiosité l'avait poussé à les suivre jusque dans les cavernes où il s'est fait repérer. En se défendant, il leur avait soufflé dessus mais un certain temps doit s'écouler entre deux attaques de ce type et l'étroitesse des lieux et le nombre de taslois avaient fini par conduire en sa capture.

- Sais-tu pourquoi les Taslois prélevaient tes secrétions? La réponse fut aussi intéressante qu’ennuyeuse et Jafert le coupa assez tôt.

- Connais tu l'effet de tes secrétions? Thoïl repartait dans ses élucubrations et Jafert ne put seulement apprendre que son souffle était une attaque euphorisante lui donnant assez de temps pour s’échapper.

- Ou sont tes parents dragon-fée, petit Thoil?

- Par là. Aussi succincte que fut la réponse aussi satisfaisante fut elle pour le tavernier qui commençait à en avoir marre…

¤ Je t'en supplie souffle moi dessus petit dragon! Tu commences à me pomper l’air. ¤




L’interrogatoire étant terminé, Kald arrivait au secours du magicien lui tendant un parchemin enroulé sur lui-même. Jafert libéré de l’attention de Thoïl, lui tournait le dos pour mettre fin à la conversation.

- Connais-tu ce sort par hasard ? demandait l’ensorceleur (Kald) alors que Jafert se saisait du morceau de papier.

- Voyons voir. Disait-il un brin stressé par un nouvel échec de déchiffrement.
Non ça ne me dit rien du tout, désolé... Pour celui-là non plus, Falrin, en tout cas ce n’est pas du Gobelin.

¤ Que se passe il? T'ai je déçu Waukyne? Ou es tu Dénéir? ¤

Les préparatifs et analyse étaient enfin terminait, certains s’étaient presque déjà endormis. C’est à ce moment-là que Jafert se rapprochait discrètement de l’ensorceleur. Le magicien avait été impressionné par la quantité et la qualité des sortilèges exécutés par Kald. Jafert, n’ayant jamais quitté Athkatla n’avait pas une culture de l’art comme ceux ayant reçu une éducation dans une école de magie, d’ailleurs la magie profane était prohibée dans la capitale Amnienne, il devait bien y avoir une raison. Mais les conclusions se faisaient d’elles-mêmes, Kald avait été redoutable pendant la bataille et ses aptitudes à déchiffrer le parchemin avait été efficace. Jafert devait tenter le coup.

- La bonne affaire, ta déesse est très puissante à la vue de ton potentiel à tisser la toile. Waukyne ne fait pas d’erreur dans les comptes mais au niveau de la magie, il y a encore des efforts à faire. Voyons ce que Saukuruk pourrait me proposer. Un peu de fraicheur dans cette région torride ne peut pas faire de mal.

Jafert imitait alors Kald dans tous ces mouvements et s’abandonnait en confiance dans le rituel de l’ensorceleur en faveur de cette mystérieuse déesse du nord.

Le problème de Bheldohr étant réglé (provisoirement ?), Iskender alla fouiller dans les caisses et tonneaux dans le cellier. Certaines choses étaient intéressantes mais trop volumineuses, peut-être qu’en revenant avec la charrette… Partiellement sous une caisse, Iskender trouva un arc qu’il s’empressa de dégager. L’arc était magnifique, puissant et de belle fabrication. En l’essayant, Iskender ressentit une vive douleur à la jambe, là où l’avait mordu l’araignée…

¤ Formidable, juste l’arc qu’il me fallait. Personne dans le groupe n’en a plus besoin que moi : allez, je l’adopte comme arme à distance ! Mais ma douleur à la jambe me gêne vraiment : je vais aller voir Falrin pour me faire soigner : il doit bien avoir un sort pour cela. Et puis, après, une bonne nuit de sommeil ! Ça me remettra d’aplomb ! Je vais demander à prendre la dernière garde. Je fouille encore un peu : avec l’arc, il doit bien avoir au moins des flèches intéressantes… ¤

Après la fouille, Iskender alla voir Falrin pour se faire soigner. En chemin, il rencontra Thoïl qui s’était bien calmé. Il en profita pour lui demander quel était le danger qui menaçait Tipeur. Le dragon-fée le regarda d’un air bizarre avant de répondre que c’était le groupe de Taslois qu’il avait suivi dans la caverne qui était le danger. Iskender compris à ce moment-là que Thoïl était très jeune, trop jeune pour se rendre compte des dangers réels possibles.

¤ Bon, récapitulons : 1) Thoïl dans sa panique a cru que Tipeur était mis en danger par le groupe de Taslois qu’on vient d’éliminer. 2) D’après ce que j’ai compris de l’interrogatoire du prisonnier, des dizaines de Taslois étaient à bord du bateau pour venir ici, mais un certain nombre se sont noyés. Combien ? On ne sait pas. Conclusion : il est possible, seulement possible, que les Taslois qu’on a tué soient les seuls survivants du naufrage (si naufrage il y a !). Donc mon avertissement à Peurinn était probablement inutile… Probablement… ¤

- Écoute Thoïl, il vaut mieux que tu ailles rejoindre tes parents maintenant : un de mes compagnons ne supporte pas les dragons-fées ! Il risque de te faire très très mal ! Va rejoindre tes parents maintenant ! Puis, avec eux, vérifie qu’il n’y a plus de danger dans la forêt pour Tipeur et sa famille. Ensuite tu iras le dire à Tipeur ! N’aie pas peur du père de Tipeur : il croyait que son fils inventait quand Tipeur disait qu’il jouait avec toi. Maintenant qu’il sait que son fils disait la vérité, il n’y a plus de problème, ni pour Tipeur ni pour toi ! Va maintenant…

Alors que Falrin se dirigeait vers le tombeau, la remarque d’Iskender le fit sourire. Il y répondit promptement :

- Mon p’tit homme, prit-il plaisir à dire, j’connais son dieu et je sais quelle est sa valeur dans not’ panthéon. A voir la scépulture qui a été offerte à ce guerrier je n’ai aps vraiment e doute. Ma foi est forte et elle m’suffit pour guider mes pas. Si t’en n’a pas assez d’ailleurs j’pourrais bin t’en revendre un p’tit peu hein.

À la remarque de Kald, Falrin sourit.

- Bien sûr, mais faire vivre un royaume en la mémoire d’un autre peut tout aussi bien être librement interprêté. Enfin c’est comme ça qu’Haela nous guide.

La découverte du tombeau fut un moment magnifique pour le nain, il y trouva des écrits, qu’il prendrait le soin de lire et de conserver. Il mis le feuillet qui était tombé de côté, au moment voulu il solliciterai Kald pour un déchiffrage magique. L’ensorceleur n’était pas le plus amical du groupe, mais force est de constaté qu’il n’était pas dénué de talent et de ressources. Une fois la visite du tombeau finalisée, Falrin entamma une prière en mémoire de Bheldor et de Sondarr. Il prit ensuite le temps d’empaqueter les effets personnel du guerrier dont l’avait auparavant dépossédé Iskender afin de s’assurer que le mal était passé.

À la demande d’Iskender, Falrin officia, une prière pour Haela et pour les guerriers ayant versés le sang contre ce repère de Tasloi. La magie traversa sa voix, ses membres et vin guérir la plaie du mieux qu’il put.

Magifique et léger, le dragon-fée revint parmis le groupe ! Excité au possible, il semblait aller beaucoup mieux. Jafert lui faisait la conversation, dans ce qui ressemblait à un joyeux interrogatoire, ce qui permi à Falrin d’écouter tout en n’ayant pas à subir l’échange. Au moment où Iskender le congédia il proposa une alternative :[/I]

- Thoïl, tu peux aussi rester avec nous sous notre protection à Iskender et moi-même. J’en serais garant. Nous avons besoin de rejoindre …. compléter