Serana fuit la Dracorage, le Portail des Mots Ecrits

SERANA

Comment résister à l’appel, de plus en plus pressant, de la rage ? Où trouver la force de ne pas sombrer dans la folie qui s’emparait peu à peu de tant de Dragons de Féérune ? Serana n’était qu’une bâtarde, si son sang avait été pur, peut-être aurait-elle déjà été prise ou bien se serait-elle échappée dans un autre plan comme tentaient de le faire ceux qui en avait le pouvoir sans la prétention de pouvoir faire face ?

Ses pérégrinations l’avaient menée à traverser des territoires ravagés par cette même rage et prendre la mesure des effroyables dégâts qu’elle provoquait. Toute la puissance des Grands Vers déversée dans une explosion anarchique de destruction et de mort. De voyage en fuite, de fuite en recherche, de recherche en histoire ou d’histoire en légende, elle aurait été bien en peine de raconter tout ce qu’elle avait pu en entendre. La seule certitude était qu’elle devait s’en soustraire.

La dernière information de qualité lui vint de la Nouvelle Olamn, en Eauprofonde où le sujet occupait tous les étudiants. Elle parlait de Magie Morte, un phénomène rare, dans laquelle la Magie n’existait tout simplement pas et qui devrait en être protégé de la manière la plus efficace qui soit. Elle avait obtenu d’un autre la localisation d’un tel lieu : la Forêt d’Ankh, loin à l’Est, à quelques lieues d’Ankhapur en direction de Kagarr. Craignant avoir à parcourir des centaines de kilomètres, elle apprit d’un troisième qu’il existait un portail, ici, à Eauprofonde, qui menait directement à Kagarr. Le Portail des Mots Ecrits, créé par le mage Kiothun décédé quelques années au par avant. La fascination des bardes pour son ascendance draconique lui permit d’obtenir le dernier élément : la clé pour pouvoir l’emprunter.

Dans le quartier Nord, à côté de ce qui pourrait passer pour une arche murée sur la façade d’une habitation d’une ruelle peu fréquentée, un bloc de pierre de trois pieds de côté déposé sur un piédestal sert aujourd’hui de support à un pot de fleur. Pour qui en connait le secret, il suffit d’y écrire, en quatre lignes, des informations personnelles sur soi-même pour pouvoir l’emprunter.

Trouver le piédestal, après toutes ses recherches, fut un jeu d’enfant, presque autant de le libérer de son pot de fleur.

De jour en jour, la douleur se faisait de plus en plus lancinante. Il devenait de plus en plus difficile de ne pas succomber à la rage. Elle était arrivée à Eauprofonde des jours plutôt. La caravane qu'elle escortait avait été attaquée par des bandits de grands chemins à quelques lieues seulement des portes. La rage frappait si fort sur son subconscient qu'elle en avait profiter pour la laisser aller un peu. Il ne restait des quelques faquins qu'une mare de sang et d'os une fois le combat terminé. Terrifiés par leur protectrice, les caravaniers lui avait donné son salaire et avait fini le chemin seuls. Désespérée, se demandant si le Chevaucheur lui accordait encore sa grâce, elle était arrivée peu après dans la capitale aquafondienne.

Elle avait réussi a accumuler des informations sur ces zones de magie morte. Ses quelques discussions à propos de la magie avec des pairs de certains temples, des bardes ou des ensorceleurs lui avait permis de saisir l'importance de l'information. Quand enfin, un barde adulateur lui avait donné une information d'importance, elle s'en était allée sans demander son reste.

La taille de son épée et la fureur qui habitait ses yeux eurent tôt fait d'écarter tout visiteur inopportun. D'agacement, elle avait écarté le pot de fleur d'un violent coup de griffe, le laissant s'écraser au sol avant de poser ses deux mains sur le bloc de pierre. Fouillant dans sa besace, elle en sortie un morceau de craie blanche qu'elle apposa sur la pierre, réfléchissant quelques instants à ce qu'elle allait y inscrire.

"Je suis Serana Am'ael,
Fille de Melear et d'une mère aux écailles radieuses,
Je sers la Main Secourable sur les routes et les monts,
Et je suis terrifiée à l'idée de succomber à la Rage des Dragons."

Espérant que cette note de naïveté et d'humilité suffise à la magie, elle attendit avec nervosité que le rituel fasse effet.

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Si nécessaire Art de la Magie et Mystères : +6

(portail officiel : “Kiothun’s Portal”)

SERANA

Serana n’aurait probablement pu mieux faire, elle n’eut pas même conscience du sort de vérité entourant la stèle la forçant à n’y placer que la pure vérité de n’avoir pensé à rien d’autre et n’avoir tenté de se cacher de la crainte qui la motivait plus que tout. Son point final déclencha le portail, la craie sur le piédestal disparaissait comme soufflée par un vent pourtant absent et très vite, la ruelle oubliée perdit toute trace de la voyageuse.

L’intérieur de l’arche luisait de magie pour le regard de la dragonne seule, comme un monstre de gelée, la surface du mur prit une teinte turquoise et une texture molle, ondulante, dont d’innombrables tentacules s’extirpèrent en une poignée de secondes pour l’engluer entièrement et, inexorablement, l’emporter au travers.

Qu’elle ait essayer de résister eut été vain mais Serana n’était pas là par hasard et elle se laissa emporter au travers d’un couloir de pur Pouvoir. Le temps et l’espace était là compressé à l’extrême, elle perdit immédiatement le sens de l’orientation. Combien de temps dura le voyage ? Moins d’une seconde ? Une heure ? Une vie ? Elle était incapable de le dire.

« L’autre côté » la trouvé complètement désorientée. Manquant de tomber à la renverse, elle fut rattrapée in extremis par un garde en armure des pieds à la tête, armé d’une hallebarde. Un pas plus loin s’en tenait un second qui tentait de voir si son support serait nécessaire et qui se ravisa, un sourire aux lèvres.

Il faisait ici sensiblement moins humide, un peu plus chaud aussi. La hauteur du soleil lui assurait qu’il devait être la même heure qu’à son départ d’Eauprofonde, la végétation qu’elle était dans la même saison mais elle manquait de références pour tout le reste.

- Bienvenue à Kagarr voyageuse. N’ayez pas peur, le vertige passera dans une seconde. Voilà bien longtemps que personne n’a plus pris le portail dans ce sens, la rumeur prétendait même qu’il avait été détruit à la mort de Kiothun si bien que personne ne le prend plus de ce côté non plus. Il était d’usage de payer le voyage deux pièces d’argent, pour l’entretien de l’arche seulement.

L’homme d’arme était aimable et serviable, visiblement guère inquiet des signes visibles de l’héritage draconique de Serana. Se pouvait-il que la Rage n’ait pas encore fait de dégât ici ? Le village de Kagarr était simple mais ne portait aucune trace des dégâts de la Côte des Epées, de ses guerres et catastrophes naturelles. Quelques villageois s’étaient arrêtés, surpris de voir quelqu’un surgir du portail, l’étudiant avec moins de retenue que le garde.

La demie-dragonne avait regardé le garde pendant quelques instants, semblant perdu dans ses pensées, tout en se remettant de l'étrange voyage dimensionnel. Puis elle leva la tête, observant le ciel. Elle cherchait à y trouver un dragon. A voir la tête des passants plus loin, la terreur n'avait pas encore l'air d'avoir envahit les cœur. Enfin, elle revint vers le garde, lui souriant.

- Merci pour le bras, Sir,dit elle en fouillant sa bourse, de laquelle elle sortie deux pièces d'or, elle en mit une première dans la main du garde. Voilà pour l'entretien du portail, il vaut au moins ça... elle lui tendit la seconde. Et voilà pour vous et votre collègue, l'accueil n'était pas si charmant de l'autre coté !

Elle se dressa sur ses jambes et déposa un baiser sur la joue du garde. Tout cela n'était pas un simple jeu, la tactique était recherchée. En montrant son or, elle prouvait qu'elle n'était pas complètement démunie, et en offrant un peu de charme elle se mettait le garde dans la poche. La rage était toujours là, elle le sentait, mais elle était au bon endroit. Elle passa devant le second garde, lui offrant un sourire ravageur, puis regarda les badauds, avisant la position du soleil pour mettre en valeur le symbole du chevaucheur qui brillait sur sa cape bleu azur. Observant la foule, elle chercha des signes distinctifs de marchands, de caravanier ou de coursier. Le Chevaucheur était un symbole universel de confiance et de sécurité pour ceux qui parcouraient les routes. Les chondathans étaient une nation de marchands, Shaundakul ne devait sûrement pas être inconnu.

- Amis kagarrans ! Votre ville m'est déjà des plus accueillante ! J'avoue n'avoir pas vu de garde aussi sympathique depuis longtemps, et si les officiers sont de cette trempe, les civils doivent l'être encore plus ! J'ai besoin d'aller au plus vite à la lisière du Bois d'Ankh, dit elle en prenant un regard affable et légèrement suppliant, je ne demanderais à personne d'y entrer mais ma survie en dépend peut-être... Et, je ne suis pas complètement démunie. Alors si quelqu'un avait une caravane ou un chariot pour m'y amener, j'en serais reconnaissante.

Elle attendit une réponse de la part des badauds. Ce genre d'offre ne se refusait pas. En attendant, elle se retourna vers les gardes, leur faisant signe d'approcher et leur parla de façon à ce que les passants ne l'entendent pas.

- Messires, si vos cieux ne sont pas encore emplie de dragons, préparez-vous. Ils ont commencés à ravager le Nord. Prévenez Arrabar, le Seigneur Wianar doit préparer la ville. Sortez vos balistes si vous en avez, et aiguisez vos lances. Les grands vers ne sont plus eux-mêmes, et la plupart ne sont même plus vraiment des dragons...

Hochant la tête, elle se retourna vers les civils, prête à courir vers le bois si personne ne pouvait l'y déposer plus rapidement.

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Diplomatie +6 et Psychologie +4. Un +2 en Noblesse et Royauté devrait suffir pour connaître les grosses têtes de chaque nations

SERANA

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Serana perd 2PO

• Diplomatie : 15 ; l’attitude des villageois indifférents passe à « amicale », l’attitude des quelques
• suspicieux passe à « indifférent », l’attitude des gardes, amicaux, ne change pas.
• Psychologie : 6 : Serana n’a absolument pas conscience de ces changements d’attitude
• Connaissance (Noblesse & Royauté) : 21 : Serana peut pleinement utiliser sa connaissance générale des Nobles, elle se souvient de leurs noms, fonctions, apparence, et même de quelques anecdotes à leur sujet.

Comme chacun l’eut été, le garde fut surpris de la couleur des pièces que lui tendit Serana. L’or était rare en dehors des grandes villes, la plupart des villageois n’en avaient probablement jamais tenu en main. Était-ce cela ou le discours qui avait attiré l’attention de ceux qui s’étaient arrêtés dans leurs tâches ? Elle ne pouvait se prononcer, encore perturbée sans doute par son singulier voyage.

Le Chevaucheur des vents avait une bienveillante considération pour les Portails, favorisant les voyages et le commerce, mais nul ne fit de lien entre les atours de la demi-dragonne et le dit portail. Dans un village en comportant un –rareté s’il en était- ça avait quelque chose de décevant. Personne ici ne devait connaitre sa divinité tutélaire.

- Soyez remerciée pour votre générosité, noble voyageuse ! Vous n’êtes pas la première à colporter ces sombres nouvelles. Nous les prenions pour des racontars d’ivrognes mais vos mots changent la donne, nous en informerons nos seigneurs s’ils n’en savent encore rien. Nous ne sommes qu’un village, rien ne nous protègera contre l’un d’eux mais rien ne devrait en attirer ici non plus. Notre plus grande richesse est notre portail et le seul or qu’on puisse trouver ici est celui que vous venez de nous donner.

A quelques pas, un fermier et son fils s’approchaient prudemment, évitant de se montrer trop curieux alors qu’ils devaient avoir entendu l’échange.

- Votre seigneurie ? –les interrompit le fermier malgré tout- J’ai un charriot et deux bonnes bêtes pour le tirer. Ce s’rait un honneur de vous aider dans votre noble quête. Oh, ce n’est pas à la hauteur de votre grandeur mais c’est un village ici, nous n’avons pas les beaux charriots des grandes villes. Mon fils connait bien ces bois, c’est un atout n’est-ce pas ?

L’homme avait l’air honnête et habité de la bienveillance du commun des hommes du peuple. Son fils, qui ne devait pas avoir plus de douze ans, devait travailler dur, d’être aussi large des épaules … que son père du ventre. Quelques curieux observaient encore la scène, ravi d’un peu d’animation, tandis que les autres s’en étaient désintéressés et reprenaient leurs activité.

- En ce cas... Shaundakul ne peut qu'apprécier un village protégeant un portail, aussi, ce n'est pas grand chose, mais je vous donne toute ma bénédiction. Si vous n'avez plus quiconque vers qui vous tourner, je ne doute pas qu'il prendra les kagarrans sous son aile. Peut-être devriez vous vous repliez sous les remparts d'une ville plus fortifiée.

Ses collègues prêtres se réservaient habituellement le droit de donner des bénédictions, mais c'était une fierté relativement mal placée de la part d'individus qui devaient supplier leur dieu de les aider.

Ensuite, elle se retourna vers le fermier et son fils. Elle fut un instant surprise de la façon dont il l'avait appelée, mais après réflexion ce n'était pas illogique. Le cuir ciré et brillant de son armure, le soie de sa cape, les bijoux dans ses cheveux et sur ses poignets ainsi que les pièces d'or. Pour un village relativement pauvre comme l'était Kagarr, elle devait au moins passer pour une comtesse. Impossible cependant de se faire passer pour un membre de la noblesse du coin, elle avait les oreilles trop pointues pour ça... Mais il y avait toujours moyen de flatter les badauds.

- Votre Seigneurie ? Loin de là mon ami, dit elle en souriant au père et son fils. Vous par contre, vous n'êtes pas sans me rappeler Tresker Pelgorn... il a la même carrure de géant !

Ainsi flatta t-elle le fils, y ajoutant un clin d’œil coquet en plus, bien que le jeune humain ne l’intéressa en rien. Et en même temps le père, qui devait se dire que son fils tenait de lui. Elle n'avait jamais rencontré l'héritier des Pelgorn, mais il était connu que celui-ci était à peu prêt aussi fort que grand. Elle les observa un instant de ses yeux fendus avant de répondre.

- Vos bêtes, ce sont bien des chevaux ? Car les bœufs ne sont pas toujours des plus rapides. Si c'est le cas, en route ! J'ai de quoi récompenser un chariot rapide.

SERANA

Le garde salua Serana d’un hochement de tête et d’un sourire désolé. Les villageois ne quitteraient pas leurs terres, c’était une quasi-certitude. La demi-dragonne pouvait aisément comprendre qu’ils n’avaient … rien d’autre. Au pire, il lui répondit qu’ils pourraient tous emprunter le portail –pour peu qu’Eauprofonde soit mieux protégée contre les Dragons, elle en avait la réputation, mais Serana savait que celle-ci n’était pas parfaite et que certains même habitaient en ses murs.

Le fils du fermier, gonflé d’orgueil sous l’échange de flagorneries, bombait le torse et dressait la tête. Il avait tout l’air d’un jeune homme.

- Pour sûr ! Ce sont de bons chevaux ! Ils tirent sans peine les troncs du bois jusqu’ici pour vous faire une idée, et bien plus vite qu’un bœuf. Le temps d’les atteler et nous sommes partis votre Grandeur, sans délai !

L’opération ne dura qu’un instant pendant lequel le fils fit la démonstration de la force que Serana lui prêtait en s’occupant seul de conduire les deux chevaux de trait près du charriot et les atteler avec la maitrise de celui qui répète l’opération depuis un moment. La banquette était propre, le véhicule bien entretenu et les chevaux dociles. Le père revint avec deux sacs de jute plein –pour le voyage, au cas où- et prit la place du cocher, bientôt rejoint par le jeune demi-géant.

Alors qu’ils avaient quitté la dernière masure depuis une dizaine de minutes, à bon rythme, le fermier brisa le silence qui s’était installé : - « La forêt est à une soixantaine de lieues, plein Ouest. Il faudra faire une petite pause en cours de route pour les chevaux parce qu’on en a surement jusqu’au soir, même au trot. On a un abri dans lequel on peut passer la nuit, c’t’est bien utile pour chasser et tout ça … même si c’est pas l’meilleur bois pour ça. Vous s’rez la bienvenue si vous l’voulez, sans mauvaise pensée, soyez sure. »

Une question muette trouvait sa réponse … le voyage serait long, chaque heure qui passait pouvait la voir se transformer en furie meurtrière. – « Et sinon, qu’est-ce qui vous amène dans c’bois bizarre ? »[/i]

L'elfe regardait la route. La paix qu'elle avait ressentie quelques temps en sortant du portail s'était évaporée et elle sentait à nouveau son sang bouillir dans ses veines. Elle ne pouvait pas courir le risque de perdre la moindre minute. Mais les chevaux ne tiendraient pas soixante lieues sans repos. Elle s'apprêtait à répondre au fermier quant à son invitation quand il posa sa question. Elle provoqua un terrible doute dans l'esprit de la servante du Chevaucheur. Elle n'aimait pas les secrets, et son dogme lui interdisait d'en créer... Mais était-ce vraiment un secret ? Mentir sur la raison de sa venue n'était qu'une omission. Et puis, leur dire la vérité aurait été a la fois dangereux pour eux, et pour elle - bien qu'elle n'est pas particulièrement peur de ses deux compères. Elle adressa une excuse muette à Shaundakul, avant de prendre la parole.

- Très bien, passons la nuit la bas. Mais nous partirons le plus tôt possible. Quant à la raison de ma venue... je fais partie d'une petite guilde d'explorateur d'Eauprofonde. Nous allons bientôt éditer un nouvel atlas et le Bois d'Ankh manque à l'appel. Je dois donc jouer la géographe !

Elle rit pour appuyer son mensonge. Elle n'avait jamais été très douée pour mentir, malgré le fait que son père excellait en la matière, mais elle espérait cette fois être suffisamment convaincante. Elle n'insista pas particulièrement du regard une fois le rire terminé, suivant la course du soleil et des étoiles pour vérifier qu'elle se dirigeait dans le bon sens.

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Test de bluff (+2) et éventuellement test de géographie (+8 ) pour s'assurer de la route.

SERANA

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Bluff : 1(dé) +2 =3
Géographie : 14(dé) +8 = 22
Volonté : 7(dé) +4 = 11

Les deux hommes se mirent à glousser face au mensonge de l’Elfe. Le chaos de la route aurait pu camoufler le non-verbal qui l’avait sans doute trahie mais ce devait être … trop gros. Sans doute n’en avait-il rien à faire et la question n’avait-elle été posée que pour briser le silence entre les voyageurs parce qu’il n’y réagirent pas plus.

Le chariot filait à belle allure, dans un trot soutenu, le père connaissait son affaire.

- Qu’on s’comprenne bien, la pause on la f’ra dans quelques heures et on sera encore assez loin de l’abri.

Serana comprit directement sa méprise, et la mesure du risque auquel elle s’exposerait en arrivant au bois … alors que le soleil sera couché … dans un environnement inconnu en compagnie de deux hommes auxquels elle n’accordait qu’une confiance limitée.

- Vous êtes bien courageuse en tous cas. J’peux pas vous promettre qu’on restera avec vous le temps d’en faire tout l’tour mais on peut vous accompagner un moment parce qu’on en profitera pour chasser. On a ce qu’i’ faut comme matériel là-bas, c’est pratique. D’ailleurs, j’me rends compte qu’on ne s’est pas encore présenté vraiment, si ? J’m’appelle Harlog et mon fils c’est Asbjörn.

Tandis que le père se voulait rassurant, le sourire du fils … l’était moins. La perspective de la chasse semblait l’exciter. C’est d’ailleurs lui qui reprit : - « Je comprends que le bois d’Ankh n’ait pas eu beaucoup de succès. On en parle peu, et en mal, même s’il est beau d’une certaine façon. Je vous déconseille d’en explorer le cœur, les monstres là-bas, ce n’est pas une légende. »

Harlog se racla la gorge, ramenant son fils a plus de retenue, riant pour lui-même.

- Mais ne soyez pas trop inquiète, je suis convaincu qu’une grande dame d’la grande Eauprofonde a plus de ressources qu’on y pense.

Ils arrivèrent à l’endroit qu’ils choisirent pour faire une pause. C’était le tout début de l’après-midi, ils avaient presque parcouru la moitié du chemin d’après les repères géographiques que Serana pouvait percevoir. Un ruisseau au Nord, la ligne d’horizon, le massif forestier loin à l’Ouest. La route était meilleure que ce qu’elle aurait pu craindre, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid. Shaundakul devait la regarder avec bienveillance parce que jusque-là, le voyage était presque plaisant.

S’il n’y avait cette présence sourde dans sa tête, cette bestialité contenue qui n’aspirait qu’à se libérer. Serana luttait intérieurement et si elle parvenait à contenir la bête, elle se rendit compte qu’elle devait se calmer pour ne pas succomber.

L'élue divine sauta du chariot dès qu'il fut arrêté. Elle s'éloigna de quelques pas, se concentrant pour renvoyer la rage au fond de son inconscient. Tout cela ne l'arrangeait pas du tout. Non pas qu'elle soit effrayée par la nuit mais les prédateurs en faisait souvent leur moment de sortie préféré. Et puis se trainer les deux autres derrière elle risquait d'être risqué. Elle n'était pas sûre de pouvoir leur faire confiance, et rien ne prouvait leurs talents martiaux. Qui plus est, c'était peut-être elle qu'ils auraient a combattre. Non, décidément, tout ça était problématique. Elle s'assit une fois que ses compagnons aient eu aussi sauter de la carriole. L'estomac ne la taraudait pas encore aussi préféra t-elle passer cet arrêt à prendre soin de ses armes. Sortant son épée et sa pierre à aiguiser, elle commença à prendre soin du fil de la lame. Cela lui permettait de ne pas trop répondre sans que ses compagnons ne lui en veulent. Et de combattre la rage. Cela dit, elle se devait quand même de faire preuve d'un minimum de politesse.

- Pardon... Serana, je m'appelle Serana. A vrai dire, je crois que nous nous séparerons à l'orée de la forêt. Je n'y vais pas vraiment pour la chasse.

Son mensonge avait lamentablement échoué mais elle ne comptait pas en dire plus. Il y avait peu de chance qu'ils y comprennent quoique ce soit de toute façon. Par contre, elle pouvait peut-être avoir quelques informations sur les monstres qu'elle y trouverait.

- Qu'allez vous y chasser si c'est plein de monstre ? La chair de ce genre de créature est rarement comestible...

La vérité, c'est que cette information l'inquiétait. Elle y allait pour trouver une zone de magie morte... Mais si la magie n'existait pas qu'est ce qui avait fait muter ces animaux ? L'idée de s'y réfugier lui paraissait de moins en moins bonne... Elle vérifia quand même ses rations. Il ne lui en restait que deux, la prudence lui avait manquée en partant d'Eauprofonde. Il n'y avait pas de quoi être fière.