Chapitre 4: Le lion est un fantôme ce soir

Cette histoire de lézard aux allures draconique qui hantait les festivités de Crique-Pandion rappelait soudainement à la jeune hin qui avait alors six ans du clan Brumevent, le doux soir de l’été 1359, lors de la fête de la naissance de son petit frère, Lunti. Soudainement, pendant que Zorin contait l’histoire, sa main serrait de plus en plus celle d’Azur le sou nommé Baelsul. À cette fête, mémorable sur plusieurs points qui ne seront pas énumérés ici, il y avait eu l’apparition de Hort, un cousin, celui-ci éloigné de ses parents, un pied-léger. Elle n’avait jamais rencontré un hin pareil, il était rigolard, courait partout, et malgré son incapacité à parler en silence semblait plus que les siens être en mesure de comprendre autrui. Hort l’avait d’abord effrayé, tout comme cette histoire de lézard draconique mais malgré les mises en garde à peine camouflées de son père à propos de son cousin, Maglie avait fini par l’apprécier et quelque trait de son cousin s’était imprégné en elle, inévitablement et malencontreusement pour ceux qui côtoyaient Maglie plus de 24 heures. Ce qui devait arriver arriva : il avait amené la jeune hin en vadrouille dans les plaines du Dambrath. Vadrouille étant un euphémisme de la véritable situation, la jeune hin a toujours défendu qu’elle fût partie en pérégrination péripatéticienne. Le bannissement de Hort du clan par ses parents fut pour elle difficile et maintenant piquer du nomadisme incontrôlé des pieds-légers la relation entre son père Agal puis elle, s’en fut ébranlé.
L’isolationniste des sagespectres lui revenait comme une gangrène à l’instant présent. Le destin véritable de la jeune halfeline la rattrapa encore une fois, l’aventure l’appelait de son chant qui n’avait rien d’une comptine baguenaude. Sursautant sur sa chaise en se mettant debout et déposant son pied droit sur la table sans attendre les présentations de la mystérieuse nageuse terrestre, Maglie Brumevent s’exclamait tout en couleur.

-Parsambleu! Qu’les cul rouge, les rats d’cale, les capons pis les écrevisses de rempart restent à leurs glandes, les autres bois-sans-soif me suivent sinon j’vous botte l’arcasse. J’va vous guidé a c’te lisière de forêt pour qu’la fête ait lieu…- Soudainement plissant les yeux en regardant celui qui les avait invité, elle poursuivit avec un brin de grain dans la voix...Mais dit donc l’Zorin, à part l’cambusium qu’tu nous sert, ne faudrait pas nous shangaïer là; mis à part l'boujaron au gorgoton, dans l’escarcelle y’aura quoi à peser après avoir crapauté mes equinoxes et border l’artimon? -Dit-elle avec un air sérieux présentant sa chope vide.

Le demi-elfe était ravi de retrouver la genasi. Bien que râleuse et dure, elle était une personne de confiance et une aventurière de qualité. Il lui répondit sur un ton plutôt neutre mais avec le sourie :

- En effet il semble avoir des informations intéressantes et puis les écouter autour d’un breuvage nous délassera le gosier. Pour ce qui est des terriens, je ne les connais pas très bien, mais leurs pas semblent les mettre dans la même direction que les nôtres.

Songeur, le Cha-tel-quessir laissa les informations se décanter dans son esprit, tel un bon vin dans sa carafe. Il devait exister en ce monde toute une ribambelle de créatures humanoïdes ou non avec des traits de lézards. L’adrénaline faisant son effet, celle-ci pouvaient rapidement être confondues à un dragon. Le lunargeantais ne croyait pas non plus à cette hypothèse. Ce faisant, Maglie continuait son rapprochement tactile et lui pressait la main. Lui qui chérissait l’esprit de corps et de groupe n’en n’était pas insatisfait, néanmoins c’était bien trop rapide à son goût et cela sonnait louche à ses yeux.

Puis tout à coup celle-ci s’interrompit et lança sa tirade… qui s’acheva par une demande de rétribution.

* Voilà qui semble bien “terrien” pensa Baelsul, reprenant l’expression de Laeylan *

Le demi-elfe ne laissant pas répondre Ziron à la question de l’halfeline intervint pour poser quelques questions en complément :

“Cet énorme lézard est-il humanoïde ou non ? Pour ceux dont on dit qu’ils ont disparu, a-t-on retrouvé leur corps ou des effets personnels ?”

La génasie d’eau écoutait les paroles du nouvel interlocuteur qu’elle avait à peine remarqué quelques secondes plus tôt. Il avait cependant su se montrer généreux avec une boisson ce qui attisait facilement l’intérêt de la bipède aquatique.

Elle accepta la boisson et la descendit tranquillement laissant bien le temps au liquide de couler et de rouler dans sa bouche puis son gosier. Au milieu de la tirade du régaleur, elle sentit que son attention se perdait. Un petit bruit de fond un peu agaçant qui lui bourdonnait aux oreilles. Son attention revint au mot dragon, qui avait le don pour lui faire reprendre son attention pleine et entière. Elle fut un peu déçue que ça ne soit pas un dragon selon l’hôte de l’instant. Mais qu’est-ce qu’il parlait…beaucoup…bien trop.

Elle reperdit son attention dans sa choppe, écoutant distraitement les racontars, de gens qui survivent ou pas…de lézard…elle essayait de faire le tri dans toute ces informations, laissant gentiment l’alcool monter.

¤Un gros lézard, des terrestres un peu crétin comme d’habitude et des gens qui disparaissent. On va pou…¤

Sa réflexion, fut totalement interrompue par une tirade improbablement vulgaire. Tout à fait à son gout. Que ces mots sonnaient doux à ses oreilles turquoise. Cela lui rappelait un de ses capitaines de port un peu aviné râlant sur la qualité de la graille du jours. Elle se tourna directement réveillée vers la source de ces imprécations pour finalement être un peu déçue. Ce n’était qu’une autre demi-portion. Elle avait le parlé qui allait bien, mais la taille…. En totale contradiction avec l’attitude selon ses principes. Elle n’avait encore pas croisé beaucoup d’entre ceux du petit peuple qui avaient une réelle utilité. Elle la détailla de la tête aux pieds et finit par se dire que pourquoi pas. Au pire elle servirait d’apéritif au lézard pendant qu’elle tenterait de lui larder la chaire du dos. Si tant est qu’elle soit capable d’être plus discrète que ça…mais pour le coup elle savait que c’était un de leurs points forts.

Baelsul lui répondit ensuite pour expliquer succinctement la situation. De nouveaux compagnons… soit. S’ils avaient autant d’intérêt que les précédents, ils feront au moins de bonnes diversions.

Une fois les questions de Baelsul annoncées, elle enchaina sans laisser l’autre répondre ou la petite se remetre à brailler son chapelet de jurons. Une chasse se profilait. Il fallait qu’elle reprenne ses esprits et son sérieux.

-Faudrait aussi savoir où ça s’est passé voz’attaques. Et s’il a plu depuis…

Elle enfila une grande rasade de sa boisson

-et pis la taille, l’âge et l’entre jambe des disparus.

Elle se tourna vers Baelsul pour lui parler comme si elle avait eu une révélation à l’instant même.

-Parait qu’ya des trucs qui chasses que les filles entières. J’ai lu ça dans un livre de l’autre là.

Faisant quelques gestes circulaires de la main pour se remémorer son nom, en vain, elle continua.

-Bref, tu rajoute à ça la lune et ya moyen de tomber sur des trucs violents !

Elle remarqua alors que la main de son compagnon de route n’était pas disponible entièrement. Elle lui jeta un sourire entendu en pointant du menton la poignée de main.

-Tu sais, les chasseurs de filles entières…c’est pt’être qu’une légende hein, pas besoin d’prendre ça au pieds d’la lettre pour protéger les p’tits…

Fière de sa blague de mauvais gout, elle rigola comme une lourdaude avant de reprendre contenance, un immense sourire aux lèvres pour continuer de boire.

Elle l’aimait bien son compagnon. Tout comme il faut avec un mystère à élucider en rapport avec la mer et les océans. Tout ce qu’elle aimait. Elle aimait moins en revanche cet accent de rustre qu’elle prenait quand elle avait un peu bu. Elle qui se moquait de ses compagnons fut un temps à cause de ça, voila qu’elle les imitait…pfff.

??? jour du Mois des Fleurs, année des Dragons Renégats.
?? Kythorn 1373 (CV)
Lieu : Crique-Pandion
Moment : Fin de matinée
Météo et températures : 18°C, ciel dégagé

Iskender:

Essayer de retrouver Volublis s'avérait être une épreuve plus difficile, et pourtant plus intéressante, qu'Iskender ne s'y était attendu qui l'avait conduit dans une multitude de lieux qu'il n'aurait probablement jamais visité. Pour la simple en bonne raison qu'il n'en avait jamais entendu parler avant de de se mettre en route. Parfois, il lui semblait que sa mentoresse lui laissait des signes évidents de son passage pour s'assurer qu'il allait poursuivre sa chasse, à d'autres moments, elle aurait pu être un fantôme et cela n'aurait pas rendu sa tâche plus ardue. Il venait de passer près d'un mois à Urbryur, un village gnome où rien n'était prévu pour les visiteurs de taille humaine, dans l'Altumbel, un pays où les étrangers étaient reçu aussi chaleureusement que la peste. Autant dire que cela n'avait pas été une partie de plaisir. Mais, après qu'il ait failli arriver à la décision que Volublis n'avait jamais mis les pieds dans le village, il avait fini par apprendre, presque par hasard, que sa mentoresse avait traversé la Mer des Etoiles Déchues cherchant à se rendre à Crique-Pandion, qui, bien évidemment, ne figurait sur aucune carte à sa disposition.

Tous:

Zorin se tourna vers Maglie avec un grand sourire. Sans doute trouvait-il sa décision de considérer les gains potentiels plutôt que les risques encourageant.

-J'oubliais que vous n'êtes pas tous envoyés par le Crosier. Je crois que l'accord était pour 12 000 pièces d'or à vous répartir, sans compter la couverture de frais raisonnables et les termes habituels quand aux objets trouvés dans la tanière de votre cible.

Les questions de Laeylan et Baelsul demandaient un peu plus de réflexion, d'autant qu'il ne semblait pas vraiment comprendre ce que la génasi essyait de dire. Après quelques secondes, il finit par y arriver, cependant.

-Aucun des témoignages ne mentionnait que le lézard était humanoïde. Il y a quelques tribus d'homme-lézards dans une partie marécageuse de la Guthmere et certains viennent parfois marchander jusqu'à la côte, pour ce que cela vaut. Aucun corps et rien de ce que les disparus ne transportaient n'a été trouvé sur les lieux ou aux alentours après leurs disparitions. Il a certainement plu depuis les premières disparitions mais pas depuis les plus récentes. Les victimes ne semblent pas avoir grand chose en commun, des enfants comme des personnes agées ont disparu, des femmes et des hommes, des pêcheurs et des aventuriers, des locaux et des étrangers. Je peux vous mener aux environs de là où les disparitions semblent avoir eu lieu, si vous le souhaitez.

Au moment où il finnissait sa phrase, la porte de l'auberge s'ouvrit pour laisser passer un nouveau venu qui n'était visiblement pas un local et ne semblait pas appartenir au clergé du Roi Lion. Iskender avait enfin trouvé Crique-Pandion.

La jeune Maglie maudit sur le coup l’Zorin d’annoncer aussi précisément le poids de l’escarcelle une fois rempli. Ils auraient tous les coupes jarrets de l’endroit au cul maintenant, puis regardant la belle troupe qui l’entourait elle se dit que détrousser les écumeurs serait encore plus payant, donc elle gardait le sourire aux problèmes qui viendraient assurément, mais la chope vide.

Les beaux yeux, posait des questions trop ajustées, enfin pour elle, car des infos, ils en avaient amplement, la plupart étant des ramassis de peur qui avaient été gonflés de toute part, cependant, une des questions de celle qui reluquait son butin, la fit bien rire… *L’entre jambe des disparus, ça m’donne des envies soudaines là* Riait-elle en toute impunité accompagnant sa réflexion grivoise.

La réflexion dernière de la nageuse terrestre attirait soudainement l’attention du côté mutin de la hin rebelle. Son œil droit pétillait de mauvaise intention et son gauche l’accompagnait d’un regard intrigant ensemencé de trublion. Son rire changeait tranquillement en satire virulente puis lâchant la main d’Azur pour se verser une autre chope du château cambusard local, fit un clin d’œil licencieux vers Baelsul puis dit vers la messéante…

- Verra bin qui ce r’trouvera à baiser l’aviron tordu!-

S’exclamait-elle avant de prendre un bon coup de sa chope en ajoutant après avoir soufflé sa moustache d’écume… - S’rait mieux prendre un ris ma belle, la belle manœuvre est limite d’la connerie. - Et présentait sa chope pour un échange de fluide sans manquer d’obstruer la vision de la naïade un bref instant que Maglie aurait pu utiliser pour délester de son escarcelle la godilleuse ou bien lui ouvrir le bas ventre de l’une de ses équinoxes, mais rien n’en fut, car fallait-il savoir garder le maitre coq dans la maïance, cependant le regard de la hin était joueur et attisé.

Tout fut désamorcé lorsque la porte des lieux s’ouvrit, réalisant que le fâcheux intermède lui avait fait perdre les informations du Zorin. Prenant une autre gorgée, tout aussi rieuse, elle dit…

-Quin, un autre pachyderme!-

À ses pieds, quelques maisons et des tentes : apparemment c’était Crique-Pandion. Un petit village surplombé par deux gros rochers dont un semblait bien être sculpté en… un chat assis ! Un village sur le bord d’une rivière et qui ne payait pas de mine, mais un village quand même. Iskender aspirait maintenant à avoir un bon lit au sec avec un bon toit au-dessus de sa tête. Cela faisait plus d’une dizaine de jours qu’il cherchait à atteindre ce village et qu’il campait dans la forêt avec ses chiens pour toute compagnie. Un bon bain et un bon repas, pas forcément dans cet ordre, étaient ce qu’il voulait du village.

Volubilis était-elle là ?
Il ne l’espérait même plus, vu le nombre de déceptions qu’il avait subi, mais peut-être retrouverait-il une trace de son passage ?

Il s’écarta du chemin et trouva une petite place propice pour un campement. Il mit ses bagages à terre et dit à ses chiens de les garder : il préférait ne pas les avoir avec lui pendant qu’il chercherait une auberge, si le village en avait une, et qu’il demanderait si ses chiens pouvaient dormir avec lui. Encore faudrait-il que le prix de la chambre ne soit pas trop élevé car ses finances étaient bien basses…

Il trouva une auberge à l’enseigne de lion, enfin de lion avec beaucoup d’imagination…
Il entra et fut accueillie par une exclamation « un autre pachyderme » ! Cela venait d’une enfant qui était attablée avec un groupe de personne. Drôle de remarque : cela faisait des mois qu’il marchait, depuis la mer des épées en fait, et cette longue marche l’avait rendu sec et musclé.
Mais… en regardant plus attentivement l’enfant, il s’aperçut qu’en fait l’enfant n’en était pas une : c’était une hin !... Attablée avec plusieurs personnes.

Iskender avait besoin de compagnie : il n’avait parlé à personne depuis plusieurs jours. Aussi lança-t-il hardiment :

- Bonjour à tous ! Je ne sais pas si je suis un « pachyderme » mais j’aimerais bien partager un verre. Puis-je m’assoir avec vous ?

Si la génasie d’eau avait ri à la première phrase de la petite femme, elle comprit, non pas au ton changeant du rire, mais plus à la réflexion suivante que la blague n’était pas goutée des deux bords de la même manière.

Les yeux de son interlocutrice l’intéressaient, l’amusait, comme si un truc aussi petit pouvait lui faire du mal…elle en avait encore bien trop peu croisé pour s’être fait une opinion juste sur le sujet et les derniers en date ne venaient pas embellir le tableau.

Elle lui aurait bien rétorqué qu’elle était encore loin d’être toute voile dehors quand sa petite voix de derrière la tête lui fit retenir sa langue. Lancer une bagarre de taverne à cette heure-ci n’était pas un bon présage, quand un nouvel arrivant se joignit à eux avec…aisance et décontraction.

Décidément ces terrestres étaient bien difficile à comprendre et plus elle s’enfonçait dans les terres plus ils n’étaient pas comme elle avait l’habitude. Raison de plus pour boucler cette nouvelle chasse et retourner à la mer aussi vite que possible.

Le pachyderme saura qu’il en était un quand il en sera plus un. Pour autant, la tablée commençait à être conséquente. Entre elle et Baelsul, sa « conquête » du jour, les deux autres, le fanfaron et ce dernier larron. Les autres avaient été accompagné par Baelsul donc jouissaient d’une certaine forme de confiance…l’arrivée du nouveau venait de faire ressortir la méfiance de Laeylan

Laeylan lâcha sa choppe pour mieux observer la petite chose au langage qu’elle connaissait et le nouvel arrivant. Quel intérêt d’engager une artémia pour manœuvrer un bâtiment ? Elle ne pourrait même pas atteindre les cordages de ligne de survie en sautant d'un tabouret. Son vocabulaire attestait une connaissance du milieu, restait à déterminer à quel point.

Les réponses à ses questions furent suffisantes pour démarrer. Pas humanoïde de trop, cibles sans lien particulier. On mange à tous les râteliers. La probabilité d’une bestiole sans intelligence augmente. Il y a aussi la possibilité d’un truc intelligent qui évacue les curieux. Avec le festival qui approchait c’était moins probable pour elle. On tue sans se soucier des conséquences. Il fallait en effet maintenant voir les lieux et chercher des informations supplémentaires.

Le demi-elfe n’apprécia pas la blague lourdaude de la Génasi. Si elle raillait facilement les uns et les autres et surtout les terrestres, elle n’avait que rarement eu l’esprit moqueur, et encore moins envers son compagnon. Il se surpris lui-même a l’estimer comme un manque de loyauté. Elle avait certes commencé à boire, mais les effets de la boisson n’avaient pas dû commencer à se faire ressentir.

Il ignora complètement la boutade pour se concentrer sur les réponses de Zorin. Il n’aimait pas être considéré comme un bout de viande, même s’il éprouvait tout de même un malin plaisir à se retrouver au milieu de ce combat de femmes. Laeylan n’avait jamais tenté quoi que ce soit et le Cha’Tel’Quessir de l’avait jamais imaginé sur le plan formel, leur relation étant beaucoup plus professionnelle qu’affective. Mais l’idée lui traversa l’esprit.

Quand Magli renchérit avec son ton grivois, Baelsul tenta de calmer le jeu :
- Mesdames, veuillez vous concentrer sur l’affaire qui nous attend. Vos humeurs, bien qu’elles m’amusent, ne semblent pas appropriées à ce moment.

L’agressivité verbale de Magli et ses yeux qui parlaient encore plus qu’elle renforcèrent les soupçons qui étaient nés chez le demi-elfe. Retirant sa main de l’endroit où il l’avait laissé, il la repositionna sur son verre et prit délicatement un gorgé, histoire de ne plus être le jouet de Magli.

- Rendons-nous sur place Zorin, je pense que cela nous fera un bon point de départ.

Un peu perdu par le nombre d'aventuriers qui s’étaient joint à cette tablée, Baelsul dû admettre qu’il n’était pas bien sûr de ce dans quoi il s’était engouffré. Il suivait certes la piste proposée par Gorstal Hammer, mais l’attroupement semblait suggérer une indécision du donneur d’ordre voire un appel ouvert à tous les aventuriers. C’est à ce moment là qu’un nouveau venu vint

Il glissa discrètement à Laeylan quelques mots :
- Je dois vous avouer que je ne connais pas vraiment ces personnes, cela ne fait qu’une choppe que nous nous sommes rencontrés. Je ne connais pas bien leurs intentions.

Les intentions étaient la clé avec laquelle le Cha’Tel’Quessir jugeait ses compagnons d’aventures. Il avait eu des difficultés à apprécier la compagnie de Mikaïl, malgré son aide précieuse, puisqu’il avait toujours été opaque quant à ce qu’il cherchait vraiment. La race, le genre, tout ça était secondaire pour lui qui recherchait avant tout la bonne compagnie.

À l’intervention des beaux yeux, Maglie lui sourit coquinement, voyant que le jeu l’intimidait un brin. Sa timidité sur le sujet le rendait que plus attirant, mais comment pouvait-il être aussi sérieux * Le moment n’est pas approprié*. Se répétait-elle en riant encore plus en faisant un clin d’œil à la naïade, passant de l’envi de l’étriper à celle de complicité. Elle était comme ça la Maglie, tout comme ses équinoxes, chaud, froid.

Et voilà que le pachyderme qui s’introduisait parmi eux, comme ça, non-chaland. * Bourlinguons alors!* S’exclamait-elle, tout heureuse de se faire une nouvelle escarcelle. Avant toute chose, fallait le laisser déballer son sac. Elle se présentait donc, à sa façon, vers le nouvel arrivant.


-Avant curer les runs avec nous’ôtes spécimen d’l’est, la politesse est de s’présenter! Bin moé c’é Maglie Brumevent, encalminé à s’boire d’l’eau d’cale, aux plaisirs multiples d’ta rencontre chose qui?-

Elle ne manquait pas les paroles dites d’Azur à la naïade, ce qui lui prouvait encore une fois qu’il se connaissait déjà. * Une pierre deux coups!* Se dit-elle cupidement. Les beaux yeux allaient vite en affaires, déjà qu’il proposait de partir sur les lieux sans avoir passé une bonne nuit de caresse et de détente. * Faut s’détendre Azur, si tu savais comme mes mains son experte et puis…* Regardait-elle la nageuse terrestre et Azur l’un après l’autre… * Et pourquoi pas ma belle, avant d’partir, faut passer à la dunette!* Se fit-elle à rire bruyamment de sa pensé folichonne tout en se présentant aux yeux bridés qui ne lui avait pas encore dit son nom.

Abakor suivit toute la troupe qui se déplaçait vers l’auberge. Il ne comprenait rien du baragouinage de ce "prêtre" ! Quelle était cette compétition ?
Une créature étrange était présente dans l’auberge et elle connaissait le semi-elfe. Abakor la salua d’un hochement de tête puis se reporta sur la discussion.

Ainsi, ils ont atterri ici pour venir en aide à ces villageois. C’est surement ce vieux monsieur à Lunargent qui les a piégés. Il faudra qu’il s’intéresse à ça lorsqu’il pourra parler avec le vieil homme. Abakor fut surpris par le langage de la petite Maglie. Il ne comprit rien à ce qu’elle disait. Cette histoire commençait à lui donner mal à la tête. Que va-t-il y avoir après les lézards géants ? De toute façon, il ne pouvait que s’intéresser à l’affaire car des villageois étaient en danger et c’était son métier de les protéger. La partie "monnaie" lui fit ouvrir grand les yeux. La somme était faramineuse pour cette mission !

Abakor prit une gorgée de la boisson offerte quand la porte s’ouvrit et un "pachyderme" apparut. La proposition de Baelsul plaisait à Abakor, il fallait voir ça de près. Le dernier personnage arrivé semblait bien à l’aise au vu de sa réponse. Abakor profita de l’intervention de Magli pour se présenter.

- Au fait, moi c’est Abakor et je viens de Lunargent avec mon ami Locredar.

Il se tourne vers le nouveau venu en attendant la sienne.