L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

L'Oeil des Sorcières
20ème jour de La Griffe des tempêtes, 1373
Port de Caer Callidyr

L'Herbe Verte avait beau s'approcher, le froid ne semblait pas vouloir quitter l'archipel des Moonshae. La nouvelle Compagnie avait décidé de rester quelques jours de plus, qui pour tenter sa chance dans le retour de la reine, qui pour en apprendre plus sur les Sorcières ou le Dragon Rouge qu'ils avaient aperçu cracher quelques jours plus tôt. La nouvelle de leur libération du hameau de pêcheur était arrivée jusqu'au port et ils profitaient de l'étiquette enviable de héros, idéale pour récupérer après ce qu'ils venaient de vivre.

Au vingtième jour de la Griffe des tempêtes, personne ne pouvait encore leur donner de nouvelles de leur demande d'audience à la Reine.

Tandis qu'il profitait d'un repas de plus offert -la rumeur de leur présence avait assuré que la taverne soit toujours pleine- ils furent interpelés par le Mage qui leur avait donné leur mission de reconnaissance comme il plaisait à Sail de le rappeler.

Hallgrim Waaler

- Belle rencontre mes amis. Toutes mes excuses mais la Reine ne pourra pas encore vous recevoir aujourd'hui. Nous avons établi la chaîne d'enchantements pour la destruction de la perle. J'ai pensé que vous seriez intéressés de l'apprendre. -------------------- Hallgrim Waaler, mage du Conseil de Caer Callidyrr

L’ex-folle de Torm s’était faite discrète à son arrivée, récupérant de son voyage, qu’elle désignerait plus tard dans son écrit, de voyage initiatique. La jeune fille avait rencontré son premier dieu, Torm lorsqu’elle était encore jeune, elle rencontrait le second, Kazgaroth et elle devint femme. Les changements intérieurs qui s’étaient produits durant sa rencontre dernière allaient la changer profondément. La jeune femme ressentait en elle des yeux rivés sur son âme, la nostalgie si reconnaissable chez elle et qui avait presque disparu revint lentement.

Tijak, égal à lui-même, l’avait sorti de ses nouveaux méandres, lui demandant de lui montrer quelques passes d’armes. Entremêlant de l’entrainement avec Sahadeva, la jeune femme n’y avait pas été avec le dos de la cuillère, cherchant presque à décourager le jeune qui s’était montré au-dessus de bien des espérances.

Vêla s’en remit plus rapidement qu’elle aurait imaginé, surement en voyant dans le ciel une nouvelle menace et un temps sombre qui approchait à grands pas, sa ferveur de la justice lui remit un teint du nord et un regard encore plus perçant. La vie reprenait ses droits et elle était heureuse que le hameau puisse revivre de ses cendres.

Son apparence avait un peu changé, elle ressemblait beaucoup plus à une femme qu’à une jeune pucelle. Découvrant dans la ville portuaire des endroits où les femmes pouvaient, entre elles, s’épanouir, se maquiller, se coiffer et rigoler, elle y prit un certain goût. Lorsqu’elle ne s’entrainait pas, elle arborait une jolie robe blanche légère qu’elle aimait porter serré à la taille, elle semblait plus frêle et plus radieuse aussi, allant même jusqu’à mettre des fleurs dans ses cheveux noir jais. La couleur lui allait à ravir faisant ressortir au mieux ses yeux pers qui allaient du vert au bleu et au gris acier. Cela lui faisait un bien fou de ne plus être au bastion, cette île lui donnait vraiment l’impression d’être libre et l’air salin lui donnait des envies délicieuses qu’elle devait quand même pondérer, plus que jamais, les hommes s’éveillaient à elle. La jeune femme fit quelques sorties dans la capitale cherchant la discrétion, mais leur réputation la devançait et à chaque fois, elle revenait un peu plus nostalgique, rêvant en silence d’une famille qu’elle dorloterait jusqu’à en mourir. Était-ce le fait qu’elle était morte et qu’elle était revenue que la vie lui semblait maintenant plus douce et qu’elle devait en profiter ou était-ce une armure invisible ou pire, le malin avait-il réussi à la briser?

C’est le lendemain d’une sortie nocturne que vêla, prenant son petit déjeuné accompagné de sa nouvelle famille que le mage Hallgrim Waaler fit son arrivé. Croyant sur le coup qu’il les inviterait à rencontrer la reine, mais ce ne fut pas le cas, il apportait un message plus terne. La reine ne les verrait pas, mais ils avaient trouvé une solution pour la perle. *Une bonne chose en soi. *

Rieuse, la Rashéménienne demandait tout bonnement sur une teinte douce.


-Une chaîne d'enchantements, cela la détruira ou la maintiendra? –

Demandait-elle légère puis soudain, comme si le fait de parler de la perle causait en elle un éveille sombre, la paladin se redressait le dos et les épaules. La guerrière divine venait de reprendre du service.

Ces quelques jours de relâchement avaient permis à Sahadeva de recouvrer ses forces et d'enquêter quelque peu sur les événements que ses compagnons et lui-même avaient traversés lors de leur "libération" du hameau de pêcheurs. Il subsistait bien trop de zones d'ombre à son goût et il craignait que tout ceci ne soit le prélude à d'autres dangers. Confusément, il sentait que sa présence à Caer Callidyr était plus que jamais nécessaire : Bansh ne l'avait pas envoyé là par hasard.

Le Maquar avait consacré la plupart de son temps au repos et à son entrainement martial quotidien, mais il avait aussi pris quelques moments pour enquêter en ville à propos des différents sujets qui ne cessaient d'occuper son esprit et qui attisaient ses inquiétudes quant à l'avenir.

Lorsque Hallgrim Waaler les avait rejoints, le guerrier avait tout de suite compris que quelque chose d'important s'était passé ou allait se produire. Néanmoins, leur contact s'était montré assez peu loquace et Sahadeva se risqua à poser davantage de questions :

- C'est une bonne nouvelle, en effet. En avez-vous appris davantage sur la raison de sa présence dans la grotte et sur l'identité de ces "sorcières", liées d'une manière ou d'une autre à ce qui s'est produit au hameau ?

Tout auréolé de cette gloire éphémère qui avait suivi leur retour à Caer Callidyr, Tijak ne s'était pas pour autant reposé sur ses lauriers. Il avait naturellement repris ses habitudes à l'auberge, donnant, à l'occasion, un coup de main au service en salle et faisant toujours honneur aux bons petits plats concoctés par la patronne qui lui manifestait, par ce moyen, toute son affection.

La récente virée avait aussi montré au gamin ses limites et l'avait poussé à améliorer ses faiblesses. Il ne voulait plus être uniquement considéré comme l'espion discret qui ouvre la piste mais que l'on met rapidement à l'abri en cas de grabuge. Il voulait pouvoir également se rendre utile dans l'affrontement pour seconder encore plus efficacement les combattants du groupe. Il les avait tant et tant tanné que ces derniers avaient fini par céder, l'incluant dans certains de leurs entraînements. Loin de se laisser décourager par la rudesse des passes d'arme, Tijak s'était obstiné, prenant rapidement conscience que son atout principal n'était pas la force brutale mais, au contraire, la vivacité et le harcèlement. Il apprit vite à se prémunir des coups, réalisant que cela lui était nettement plus facile lorsqu'il se faufilait entre ses adversaires que lorsqu'il les affrontait de face. La force de ses frappes paraissait également gagner en puissance dans cette façon de combattre. Au fil des exercices, le jeune adolescent en retira rapidement un enseignement : il tenait là son style. Restait maintenant à le mettre en application.

Loin des inquiétudes de ses aînés et de leurs interrogations sur ce qui se cachait derrière la perversion de la source sacrée, Jakelm avait également flâné en ville pour son plaisir, furetant dans les boutiques à la recherche d'un gadget utile ou rigolo, se changeant les idées, surtout, pour s'amuser à l'instar des gamins de son âge.

À l'arrivée d'Hallgrim Waaler, Tijak s'était levé d'un bon, offrant son siège au mage. Alors que ce dernier expliquait la raison de sa venue, le garçon avait filé en cuisine pour revenir avec une chope de bière qu'il posa sur la table devant l'homme.

- Un enchantement pour détruire la perle, wow, commenta le gamin, se laissant gagner par l'enthousiasme. On pourra v'nir y assister ?

Après tout, ils avaient bien gagné le droit de suivre ça et voir un enchantement promettait d'être un spectacle propre à fasciner n'importe quel enfant normalement constitué.

À son arrivé au Port de Caer Callidyr, Sylaruil avait profité du temps de répit pour se reposer, se refaire une toilette et surtout prendre un bon bain chaud. Elle en avait rêvé depuis son arrivée au village de pêcheur et voilà seulement qu’elle pouvait en profiter. Elle proposa même à Vëla et Sail une petite sortie aux bains publics, histoire de se rafraîchir et de prendre du bon temps entre femmes.

Coquette, elle aimait sentir les odeurs de la nature plutôt que cette de ses habits sales. Une petite lessive plus tard et la jeune elfe se retrouvait au milieu de la cité pour abreuver sa soif de découvertes et sa curiosité sans fin. Elle déambulait dans les rues, fit le tour de quelques tavernes, guinguettes et autres lieux de divertissement et de musique. Ce qu’elle préférait c’était écouter les conteurs et leurs histoires, voir les jongleurs et leurs prouesses. Dans le passé, Atanatar lui avait fait découvrir des bribes de cultures humaines, voilà qu’elle le vivait à flux ininterrompu. C’était comme une source intarissable de crème fouettée à déguster, sans les désagréments d’un ventre trop plein.

Se joignant aux combattants, l’elfe qui avait reçu un entrainement rudimentaire des Sœurs de Synnoria pu parfaire ses bottes et enchainements de coups tout en découvrant une nouvelle méthode d’instruction bien plus droite et stricte. Le corps souple de l’elfe était fait pour un combat différent plus dans la dextérité que dans la force mais tout enseignement était bon à prendre, d’ailleurs les conseils étaient de qualité. Elle en profita pour passer un moment avec Tijak et lui montrer les quelques coups qu'elle connaissait, même si sa maîtrise n'était pas aussi grande que celle de la paladine et du guerrier. Ces coups en souplesse semblait correspondre au style de Tijak, en tout cas, elle l'espérait.

Ces moments et ces soirées passées avec la compagnie représentaient une aubaine pour l’elfe du soleil levant. L’immersion dans ce monde nouveau, ces instants de bonheur et de chaleur humaine (ou elfique) confortait sa décision de partir de Synnoria. Elle n’avait pas reçu d’accueil difficile, semblait-il, et elle espérait bien que tout continue ainsi.

C’est l’arrivée et l’annonce d’Hallgrim Waaler qui la ramenèrent à la réalité. La nouvelle de la destruction prochaine de l’artefact maudit fit plaisir à Sylaruil car les sources devaient être préservées. Mais au-delà, les forces du mal étaient toujours présentes dans les îles, la perles n’était sûrement qu’une partie du puzzle ou des actions entreprises pour faire tomber ce royaume. D’ailleurs la malédiction qui s’abattait sur les hommes de son peuple y était peut-être liée. Elle resta attentive aux échanges avant d’intervenir.

Ces derniers jours avaient été forts en émotion pour Sail, et elle appréciait ce repos comme un nectar rare et précieux. L'invitation de la Llewyr aux bains publics était la bienvenue, c'était une des priorités de la jeune femme. Le dos de ses vêtements ne cessait de coller à sa peau du fait de la sueur accumulée, son cuir chevelu commençait à gratter sévèrement et les odeurs étaient de moins en moins supportables. Non pas qu'elle n'eut été jamais habitué à rester de longues périodes sans toilette, mais même la Confidente bénéficiait d'une relative propreté lors de sa captivité au sein du gang de Xayn.

Il y avait tout de même un hic : être la seule femme chez Xayn avait-aussi incroyable que cela pouvait paraître-un sacré avantage : elle avait le luxe de disposer d'une salle de bain pour elle toute seule. Or une fois au sein des bains publics de Caer Callidyr, la jeune femme se rendit compte qu'elle s'apprêtait à partager son intimité avec ses compagnes et d'autres femmes. Une gêne soudaine la saisissait alors; elle ne se trouvait pas désagréable de visage ( bien que son strabisme à l'oeil gauche l'indisposait parfois en société), seulement elle ne pouvait s'empêcher de comparer : Vëla, athlétique, affichait des belles courbes finement musclé par sa formation militaire, tandis que Sylaruil semblait rayonner d'aisance avec son corps harmonieux caractéristique du Beau Peuple.

N'eut été la teinte de sa peau, d'aucune aurait remarqué que la Calishite devenait encore plus écarlate qu'une pivoine, tandis que la honte s'affichait sur son visage et dans ses gestes maladroit. Après une longues hésitation, la jeune femme pudique consentit à retirer le tissu qui parait son corps pour rapidement s'immerger. Elle pouvait alors se détendre et discuter avec Sylaruil et Vëla.( la sortie des bains fût longues et laborieuse)

Sail en profita aussi pour faire des emplettes et se renseigner notamment sur les propriétés de ce métal appelé mythral. Il semblait d'une qualité certaine, mais elle espérait lui découvrir des secrets insoupçonnés, aussi se renseigna-t-elle auprès des mages et autres scribes de la cité portuaire. Il lui était aisé de se renseigner, en effet la réputation du groupe les précédait, et la jeune femme était souvent interpellée dans les rues. Elle apprécia bien vite cette notoriété, se surprenant à aimer voir son ego ainsi flatté d'autant d'éloges, elle qui d'habitude préfèrait la discrétion. Cependant, cette renommé eut un léger inconvénient. Elle souhaitait se renseigner sur le sort de Xayn et Veniam; l'un d'eux était-il vivant?

Aussi devait-elle patienter jusqu'à la nuit tombée pour entamer des virées nocturnes lors desquelles elle tentait d'obtenir des renseignements, tentant de passé le plus inaperçu possible. Une fois, elle cru apercevoir Vëla arborant une tenue inattendue venant de sa part, mais elle conclu que ses yeux devaient lui jouer des tours.

Elle était assise devant Hallgrim Waaler, repensant à tout ces jours qui étaient passé jusqu'à sa venue. Sa présence qui d'ailleurs fit légèrement grimacer Sail, le voyant comme un oiseau de mauvaise augure. Mais la nouvelle était tout de même bonne, la destruction de cet artéfact maléfique ne pouvait définitivement qu'être un soulagement. Comme à son habitude, Sahadeva posa les bonnes questions, bien que Sail n'était pas encore prête à quitter son confort pour aller chasser des sorcières.

Si Sahadeva trouvait Hallgrim peu locace, le relancer n’eut guère beaucoup plus d’effet.
Il était Mage du Conseil, visiblement écrasé par une charge mentale bien plus grande que l’événement, d’importance, certes, mais isolé par rapport à tout ce qui pouvait dépendre de sa charge. Il avait fait l’effort de les informer que déjà son esprit était tourné vers sa prochaine tâche.

Hallgrim Waaler

- Non, mon jeune ami –répondit-il à Tijak, question la plus simple, réponse la plus simple- c’est un procédé dangereux, c’est une magie trop puissante. On parle bien de la détruire. Notre … hum … ‘chance?’ c’est que nous avons déjà affronté les enfants de Kazgaroth, nous ne sommes pas dans l’inconnue totale. Il passa sa main dans sa barbe, la lissant, songeur, faisant appel à des souvenirs lointains ou théoriques - Les sorcières, ce sont des créatures anciennes, elles devaient connaitre l’existence de la source et y voir une opportunité. Une au moins devait vivre assez près du village. Elles peuvent passer plusieurs vies d’hommes recluses, le temps de retomber dans l’oubli et fourbir leurs plans malveillants, ou jusqu’à ce que quelque chose brise leur quiétude. Vous avez entendu comme moi le réveil d’Hoondarrh, ça pourrait être ça. -------------------- Hallgrim Waaler, mage du Conseil de Caer Callidyrr

Pendant leurs quelques jours de repos, les aventuriers n’étaient pas restés en reste, de taverne en recherches, ils avaient, chacun, tenté d’en apprendre plus sur chacun des éléments pas totalement résolus de leur précédente aventure commune. Leur notoriété avait délié certaines langues auprès du Ppeuple qui appréciait mieux que quiconque qu’ils aient pris tant de risques –l’histoire se teintait déjà de couleurs inédites- pour une si petite communauté.

Il y avait mille et une autres raisons qui auraient pu pousser de telles créatures à changer leurs habitudes, comme autant de pistes ou voies sans issue. Les étrangers parlaient des dragons qui, sur la Côte des Epées avaient été vus partout. On l’appelait la Rage des Dragons, comme d’un cataclysme qui avait déjà commencé.
Les îles avaient leur lot de créatures monstrueuses, d’Orcs dans les montagnes, de Firblogs, de Sahuaguins sur les côtes, de pirates, évoluant dans un équilibre mouvant, rétabli par les Druides, la Sylve, ou en attente que des héros s’en chargent. Les sorcières avaient pu être dérangées par n’importe quoi, et laisser ensuite leur nature s’exprimer dans la malédiction.

D’un peu partout, on disait à mi-mot que de plus en plus de créatures féériques étaient visibles à l’orée des forêts et, progressivement, Sylaruil eut la désagréable impression qu’on l’associait à ce mystère chargé d’inquiétude et qu’une certaine distance se créait. Se ressourcer près de la grotte lui fit beaucoup de bien –les villageois avaient créé un accès par la falaise qui permettait de s’y rendre sans prendre le risque de l’approche en barque. La vie avait repris pleinement ses droits et une certaine euphorie continuait d’y régner par la bénédiction de la déesse.

Sail avait été fort surprise de trouver très peu de répondant dans ses recherches de la pègre de Caer Callydirr. Sans dire que tout un chacun avait la vertu d’un Tormiste, aucune organisation ne semblait établie –ou s’il en existait, elles étaient trop discrète pour la Calishite qui ne trouva personne pour la renseigner sur un Xayn ou un Veniam.

Hallgrim Waaler

- A votre place, j’investiguerais du côté du hameau. Vous m’aviez parlé d’une villageoise recluse dans la forêt n’est-ce pas ? -------------------- Hallgrim Waaler, mage du Conseil de Caer Callidyrr

Malheureusement les préjugés sur les créatures féériques refirent surface au hameau. L’elfe se senti quelque peu exclu de la population malgré l’aide qu’elle avait sincèrement essayer d’apporter.
*Ahhh ces humains décidément, pas mieux que les elfes sur ce point, ils n’arrivent pas à se départir de leur préjugés…*
Heureusement elle avait pu revenir à plusieurs reprises à la source vérifier que tout allait bien et surtout profiter de cette bénédiction de la nature.

Le moment aux bains avait été fort agréable ! Les filles avaient pu apprendre à se connaître et l’elfe avait fait en sorte que chacune d’elle se sente le plus à l’aise possible et ce malgré la gêne apparente de Sail. La meilleure façon avait été de faire comme si de rien était et de ne surtout pas la mettre au centre de l’attention dans les moments où elle se sentait en difficulté. La nudité de gênait pas l’elfe bien au contraire et elle aimait admirer les corps des autres êtres, notamment de ces humains qu’elle avait si peu côtoyé dans sa jeune existence elfique.

C’est l’échange avec Hallgrim qui relança le groupe, tout du moins l’elfe, dans la quête vis-à-vis de cette malédiction rampante. Oui, les sorcières avaient un rôle et cette Marge n’était pas en marge de ce qui s’était passé. Au contraire elle était en plein cœur de cette intrigue. D’ailleurs ses compagnons eux aussi avaient agi, même si leur rôle réel était encore peu clair. Elle profita de cette suggestion pour rebondir dessus :

« Oui Hallgrim, cette villageoise, plutôt une Hermite ou une druidesse, est en effet une bonne piste. Il nous semble qu’elle adore Malar mais sa créature nous ayant aidé, il y a en effet un mystère à éclairci. »

Jetant un coup d’œil à Vëla, l’elfe du soleil levant ajouta :
« Et puis je crois que Vëla voulait lui rendre une visite de toute façon. »

Vëla écoutait Hallgrimm et son visage devint plus stoïque lorsqu’il mentionnait la recluse. Cette Marge apportait des maux à la guerrière divine, une ambivalence qui dérangeait grandement ne laissait pas dans l’indifférence la jeune femme. Bien certainement, le fait qu’elle ait été recluse par les villageois faisait d’elle une victime, mais elle avait, par vengeance ou par colère, choisi Malar, cela était son choix, elle aurait pu choisir une autre divinité, mais elle avait choisi les ombres au lieu de la lumière. Ce qui la chagrinait était que son fond était bon, car elle avait aidé un membre du village, elle l’avait fait lycanthrope pour le guérir et ce dernier les avait aidés pour la perle… * Non, Marge ne peut servir Kazgaroth, c’est impossible. *

C’est Sylaruil qui la sortie de ses pensées et se tournant vers celle-ci ajoutait…



-Oui, Marge retient peut-être des informations volontairement, commençons par aller la remercier pour l’aide que Malo nous a donnée, nous verrons par la suite comment elle réagit, j’aimerais tellement l’aider, lui faire réaliser qu’elle peut encore changer de direction…-

Finit-elle par dire avec une certaine évasion du regard. Un temps passait puis prestement, comme si elle sortait d’un long cauchemar, elle dit …

-Bon, il est tôt encore, préparons-nous, la température est clémente, nous serons au hameau avant la nuit si tout va bien, sinon, nous serons dans l’obligation d’arrêter chercher des chaussons, du pain et les bons fromages sur la route pour y passer la nuit. -- Dit-elle nouvellement rehaussé moralement. Elle se levait pour aller prendre ses affaires dans sa chambre, s’étirait puis sur une teinte rieuse dit…

-Mesdames, nos sorties de distinction gracieuse sont terminées, il nous faut reprendre le travail et vous messieurs, le temps des entrainements aussi, mettons-nous au service et que ces temps troubles soient derrière nous. Vous y êtes tous? –

Demandait-elle comme pour se rassurer qu’ils repartissent tous ensemble.

Une fois habillé elle en appelait aux royaumes célestes pour faire quérir Abby et prendre la route.

Sahadeva était resté pensif en entendant Hallgrimm Waaler évoquer le cas de Marge. Dès qu'une sorcière avait été impliquée dans cette affait, il n'avait pu que penser, lui aussi, à la marginale du village. Même si son histoire lui inspirait beaucoup de compassion, il était forcé d'admettre qu'elle faisait figure de suspecte.

Néanmoins, Sylaruil, Vëla et Tijak lui avaient dressé un portrait plutôt positif de la jeune fille et semblaient encore à présent enclins à la retenue. Le guerrier n'avait malheureusement pas eu l'occasion de se faire sa propre opinion, n'ayant jamais rencontré Marge. Il se promit d'essayer de juger la situation le plus impartialement possible, de ne prendre en compte que les faits et non des suppositions ou des a priori.

Pleine d'enthousiasme, Vëla semblait prête pour le départ. La paladine avait raison car la route était longue, mais le Maquar avait encore quelques questions à poser au responsable local :

- Fort bien, je suis prêt à retourner au village pour poursuivre nos investigations. Cette pierre m'intrigue beaucoup… Messire Waaler, y a-t-il quelque chose d'autre que nous devrions savoir sur ces sorcières? Qui sont-elles pour vivre aussi longtemps? Et quels sont leurs pouvoirs, leurs faiblesses connues? En résumé, à quoi devons-nous nous attendre?

D'un point de vue pratique, il ajouta :

- Par ailleurs, si nous devons refaire la route, pourrions-nous vous emprunter à nouveau une ou plusieurs montures? Elles ont démontré toute leur utilité...