Chapitre I : Route de pays, mène-moi à la maison

Mérilia hocha la tête et se dirigea vers l'auberge pendant que les deux autres femmes allaient vers la taverne. Ashendra n'avait pas tort, la moyenne des rires était grave et lourde, la plupart des convives étaient certainement des hommes. Indéniablement cependant, on entendait aussi les voix de femmes et aussi d'enfant. Même au Calimshan ce genre de petit établissement existait, il s'agissait a la fois d'une taverne de voyageur, d'un point d'information et du repaire des habitants des alentours. Si l'ont pouvait comprendre que les traumatismes de la jeune femme puisse la faire craindre de rejoindre de mauvaises personne, le pragmatisme n'indiquait pas que ce soit une assurance. Elle verrait bien...

Lorsqu'elles ouvrirent la porte, immédiatement, c'est la chaleur de la cheminée, les odeurs de malts, de viande grillée, de compote et - il fallait l'admettre - de sueur qui leurs sautèrent au nez.

L'établissement était construit avec un étage et sans aucun doute une cave. Le grand comptoir était entouré de client et une jeune femme souriante faisait le service. Derrière le comptoir, on distinguait un grand homme au regard un peu triste qui lavait ses verres tout en faisant la conversation.

Le public était essentiellement en effet constitué de paysans, nombre d'entre eux étaient la avec leurs fils, mais on trouvait aussi les femmes, les soeurs et les filles qui mangeait un ragoût et quelques enfants couraient ça et là. Il y avait quelques duos et solitaires aux bottes crottés, aux baluchons chargés et aux bottes de cavalerie qui en disait long sur leur statut de voyageurs. Les rires venaient essentiellement d'une grande table de plus d'une dizaine de personne, sept hommes et trois femmes, qui, vu leur visage rougit par le soleil avaient du eux aussi travailler toute la journée au soleil.

Alors qu'elles observaient la salle, le grincement du bois leur indiqua qu'on s'approchait d'eux. La jeune serveuse s'arrêta avec un sourire. Elle devait être un peu plus jeunes qu'elles, des tâches de rousseur sous ses cheveux auburn s'accordait avec ses grands yeux marrons. Le désalignement de ses dents indiquait une extraction sociale relativement pauvre, mais elle exhalait d'une candeur et d'une sympathie qui la destinait parfaitement à ce travail.

- Bien l'bonsoir mesdames ! Bienvenue à l'Etalon de Pierre ! Puis je vous mener à une table ou préférez vous vous installer au comptoir ?

Est-ce que toutes les tavernes avaient cette même odeur musqué mélange de testostérone, de vapeur d’alcool et de renfermé. Visiblement c’était le cas. Le lieu était identique à d’autre qu’elle avait pu trouver à Eauprofonde. Mais une fois à l’intérieur on ne faisait plus attention a ces détails olfactifs, pris dans une ambiance de camaraderie.

Son examen de la grande salle fut interrompu par l’approche d’une serveuse à qui elle répondu après avoir échanger un rapide regard interrogateur avec Ashendra.

- Au comptoir cela ira très bien, merci.

La jeune prêtresse qui devancé l’ensorceleuse du Calimshan, alla prendre place sur un tabouret haut et rabattue son capuchon bleu laissant sa chevelure d’argent libre entourer son visage de demi-elfique, elle héla le tavernier d’un levé de main délicat mais bien visible.

De l’autre elle faisait signe à Ashendra de la main de venir à côté d’elle, Xeth n’était pas une habituée de ce genre d’endroit et même si elle avait été pressée de si rendre c’était surtout par conviction qu’elle glanerait des renseignements.

Sa grand-mère lui avait légué ce conseil, qu’aussi bien un homme ou une femme sous l’effet de la bière des tavernes avait la langue plus déliée qu’un troubadour, et que dans ces cas-là, l’oreille la plus riche était celle du tavernier, toujours présent et surtout toujours sobre.

Elle accueillit ce dernier avec un sourire angélique, mais il pouvait déceler dans son regard argenté une lueur de perfidie.

- Ta boisson la moins forte pour ma camarade du Sud et moi-même.

Puis sans détour vers la serveuse qui les avait convenablement accueillies.

- Merci, pour l’accueil. J’aurais également une question si cela ne vous dérange pas de prendre quelque instant. Nous sommes à la recherche d’un convoi. Auriez-vous entendu parler d’un groupe d’homme diriger par un plutôt grand, maigre au teint plus pâle qu’a l’accoutumé qui aurait fait halte dans le coin ou simplement passé depuis les deux derniers jours ? Nous souhaitons leur acheter des artefacts, il se dit qu’il aurait de quoi nous satisfaire, mais nous peinons mon amie et moi à localiser leur groupe.

C’était un petit mensonge, qu’elle espérait assez crédible pour ne pas éveiller de soupçon sur leur véritable but.

La jeune femme fut, en quelques sortes, soulagée de constater que l'établissement n'était pas aussi malfamé qu'elle se l'était imaginée. Le lieu semblait néanmoins chaleureux et accueillant, signe du passage régulier de voyageurs. Elle posa un regard scrutateur sur l'ensemble avant de se concentrer plus sur la serveuse.

La prêtresse la devança dans son entreprise de répondre, et elle se glissa en silence derrière elle jusqu'au comptoir. Même si le lieu devait voir son lot de personnes de passage, leur duo devait néanmoins dénoter avec la clientèle habituelle. Une demi-elfe aux cheveux d'argents en compagnie d'une femme à la peau sombre et aux cheveux crépus.

Une fois servie, elle remercia le tavernier avec son accent fort appuyé et ses R qui roulent, sans compter sa manière typiquement calim de s'exprimer.

- Je te remercie pour ton hospitalité Tabarif. Qui a t-il pour diner ce soir au sein de ton établissement ?

Il fallait aussi anticiper sur le repas du soir, pour elles trois. La journée avait été longue, et elles auraient besoin de force si elles devaient reprendre la route tôt pour chercher à nouveau dans une autre direction.

Ashendra écouta avec attention ce que disait sa camarade et se dit qu'il allait falloir l'épauler dans son entreprise. Elle prendrait sur elle, bien qu'elle ne put que conserver son masque distant. Elle continua en appuyant sur son accent étranger:

- Oui. Il est pénible de les chercher. Je n'ai pas fait tout ce chemin depuis Calimport pour rien. Et si je ne ramène rien, mon Maître, Hakim yn Khal el Erispar aura ma tête en lieu et place de son dû.

Elle prit une gorgée de sa boisson en prenant un air las et attendit la suite.

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Jet de Tromperie au besoin: +11

La légende n'était pas fausse. Sans même le vouloir, les oreilles des taverniers traînaient, et ils devenaient par conséquent des sources d'informations. D'aucuns pensaient que la légende était surcotée... mais c'était certainement les taverniers et les aubergistes qui en diminuaient la teneur pour éviter de se faire embêter par des troupeaux d'aventuriers, dont la tendance à oublier de payer leurs verres n'était pas non plus un mensonge.

Celui-ci regarda l'elfe en haussant un sourcil. Ce n'est que à l'intervention d'Ashendra qu'il esquissa un sourire sur son visage aussi triste que buriné par le temps et le soleil. Tournant le robinet de cuivre d'une jarre en terre cuite, il leur servie deux choppes emplies d'une boisson fraîche aux fortes odeurs de fleurs et de fruits. Il n'y avait visiblement pas d'alcool dedans :

- Du rôti de mouton, une soupe d'oignon et des légumes, madame. La viande est un peu forte mais j'ai un bon apiculteur et par chance, j'ai un épicier d'Eauprofonde dans mes amis, dit il en souriant à nouveau. Il y avait de l'amour du métier dans cet homme, c'était indéniable, les marchands maztèques nous ont ramenés bien des merveilles. Je vous en met deux parts ?

Faisant un signe vers un jeune garçon, il envoya la commande. Trois, puisque Ashendra préciserait certainement qu'il lui fallait aussi une part pour Mérilia. La jeune demi-elfe avait visiblement encore du travail à faire concernant les petits mensonges, mais Ashendra maîtrisait l'art fourbe avec une certaine délicatesse. Par ailleurs, elle était à peu prêt certaine que leur interlocuteur se fichait de cette légère perfidie.

- Faites quelques lieues vers le Nord, et vous verrez de la neige. Les hommes pâles ne manquent pas dans les environs, pas plus que sur les cimes. Et nous sommes sur une route commerciale, les convois, ça ne manque pas. Je veux bien vous trouver des informations mais il va me falloir un peu plus de détails, mesdames.

Lancers...

Tavernier - Jet de compétence : Social : 12(d20)+10 = 22
Xehtavn - Jet de compétence : Tromperie : 4(d20) +0(deg) +2(Cha) +2(trait) = 8
Ashendra - Jet de compétence : Tromperie : 16(d20) +4(deg) +4(Cha) +3(familier) = 27

La jeune femme fut soulagée de voir l'air suspicieux du tenancier disparaitre. Elle avait toujours été douée pour les petits mensonges et les demi-vérités, mais s'était toujours demandé si cette facilité était réelle ou bien la bienveillance des personnes qui l'entouraient auparavant et qui lui passaient ses petites choses.

Elle avala deux gorgées de la douce boisson. Celle-ci coula avec bienfait dans sa gorge, effaçant le gout pâteux de sa bouche asséchée par le voyage et la poussière.

- Qu'est ce donc que ce breuvage ? Demanda t-elle fortement intéressée par cette découverte.

Elle se demandait si il n'y avait pas quelques affaires à réaliser dans le coin, et son apprentissage de marchand revint rapidement, imaginant chiffres et profit.

- Trois parts. Notre guide et escorte doit nous rejoindre bientôt, précisa t-elle avec un air désintéressé.

Elle huma le breuvage et rajouta.

- Maztica. Ainsi donc voilà votre secret. Oui bien des merveilles, et encore tant à découvrir... Quelles épices utilisez vous pour cette divine boisson ?

Son regard se fit lointain tandis que son esprit se faisait suspicieux. Les biens provenant de la lointaine Maztica étaient souvent hors de prix et en stock limité. Avoir un ami, même généreux, ne suffisait pas forcement... Elle avala une nouvelle gorgée de la boisson.

Elle n'avait pas les informations pour compléter les dire de Xet, mais elle savait qu'elle sauterait sur l'occasion.

- Combien pour le repas et les boissons ?

Elle glissa sa main sous son manteau pour saisir sa bourse. Son père lui avait dit un jour que les bons comptes font les bons amis, surtout chez les petites gens. Et les informations se payaient toujours comptant. Régler l'argent dû immédiatement, et compléter pour les informations. Généralement un bon moyen d'avoir les bonnes...

Xehtavn qui avait la fâcheuse habitude incontrôlable d’avoir du mal à masquer ses émotions, s’empressa de porter le verre à sa bouche histoire que celui-ci masque son embarra lorsque le tavernier laissa paraître une petite suspicion. Même si la teinte rose de ses joues d’habitude pâle ne se mariées pas avec la fraîche boisson qu’elle avala quasi d’un trait.

Encore une fois l’assurance et la décontraction de son amie du Calimsha la détendue.

- Mmmh ! Délicieux et rafraîchissant, en effet. Ajouta t’elle a son tour sur la boisson.

Maztica était pour la jeune Aquafondienne, un lieu sur une carte, ses connaissances s’arrêtaient là. Mais elle avait hâte d’y découvrir leur saveur au dire du tavernier s’était un délice.

Le gosier bien rafraîchi et son embarra maîtriser, elle essaya d’être plus précise.

- Vous n’avez pas tord ma description était un peu trop générale surtout dans cette contrée. Je n’ai malheureusement pas plus d’indication. A moins que… (elle fit mine de réfléchir, faisant croire qu’elle se rappelait visiblement bien d’un détail). Maintenant que j’y repense on nous a indiqué sur la route que le groupe qu’on rechercher s’était fait attaqué, mais sans gravité pour eux. Peut être voyage t’il avec des prisonniers ? Comment était leur chef encore. Ah ! Oui…(Xehtavn se mit à décrire brièvement Arvan, qu’elle connaissait étant lui qui l’avait accueilli lors de sa première visite à son entrepôt à Eauprofonde.) Cela vous évoque t’il finalement quelque chose ?

Sentant ses joues redevenir rouge, elle s’embrassât de finir son verre qui resta bien plus longtemps en bouche que l’exige le peu de quantité du breuvage qu’il y resté.

- C'est simplement une infusion des plantes du coins, de l'armoise, un peu de menthe et des pommes vertes. C'est la cuve qui fait tout en fait. J'ai payé une certaine somme pour la faire enchanter avec un sortilège glaçant, il regarda le voisin des deux femmes qui haussait un sourcil, qu'est ce t'as Vampar ? J'ai des contacts en Amn...

- Moui, en Amn..., répondit le dénommé Vampar avec un sourire amusé.

- Bref, dit il en revenant aux deux femmes, ah ! Voilà vos portions.

Des assiettes creuses en terre cuite émaillée - visiblement aussi solide qu'anciennes - arrivèrent devant eux emplies d'un repas qui avaient l'air d'avoir tout pour les revigorer. Des carottes, des bettes, les têtes d'un chou tourbillonnant, et de gros morceaux de navets cuits dans la graisse de la viande. Une part généreuse, quoique pas excessive, de mouton, les attendaient à côté, doré pendant des heures sur la braise et probablement arrosé d'un vin de miel et d'épices. Enfin, dans un petit bol à côté se trouvait une espèce soupe d'oignon recouverte de pain aillé.

- Trois tessons la part, ça fait neuf. Je vous arrondi a un dragon si vous voulez un autre verre. Je vous offre ceux-ci, c'est pas souvent qu'on a des visiteuses calishites.

Ashendra ne compris pas grands chose à ces noms de monnaie, mais elle pouvait supposer qu'il s'agissait des pièces du coin. Xehtavn savait elle que les tessons étaient les pièces d'argent, et les dragons, d'or. Ce n'était pas excessif dans la région, et si c'était bon, ça correspondait plus ou moins au tarif moyen.

- Quant à votre gus... Ca m'évoque quelqu'un de pas trop mal lôti j'me trompe ? Les pauvres sont soit plus gros, soit plus maigre à c't'âge. Vous voulez dire que c'est eux qui ont été fait prisonnier, ou c'est lui le chef des brigands ? C'est pas clair votre histoire ?

- Pas clair, pas clair, comme ta bière Thorn !

- Si t'es pas jouasse, tu peux aller boire chez Krivvin, Vampar, mais ça va te couter un poil plus que tes rondelles, asséna sans trembler le tavernier - avec un sourire carnassier sur le visage-, faisant taire aussi sec les rires naissants.

la jeune femme écoutait attentivement les informations du tavernier mais avait aussi suivit avec intérêt l'échange entre les deux hommes. Elle n'en avait malheureusement pas saisi la profondeur, à savoir si il y avait plus à creuser sous cette joute ou s'il s'agissait seulement d'une plaisanterie qu'elle n'avait pas comprise.

- Je vous remercie, répondit elle, de son bel accent, en recevant son assiette.

Elle observa le repas et fut largement satisfaite. La chevauchée, bien que tranquille, lui avait fort ouvert l'appétit. Elle allait devoir discuter avec Mérilia concernant les us du coin et les appellation de certaines choses.

Heureusement que Xethavn lui avait glissé l'information lorsqu'elle releva un sourcil interrogateur devant le prix. Elle sortit alors un dragon et paya le tavernier.

- Alors nous ne refuserons pas votre hospitalité. Et il est vrai que je ne serai pas montée si haut sans cette affaire. Ce qui veut dire que je n'aurai pas eu l'occasion de découvrir ce breuvage, ajouta t-elle avec un sourire.

Elle avala une nouvelle gorgée et eut un sourire satisfait, avant de se plonger dans son repas. Elle la ressortit quelques instants plus tard:

- Un concurrent ? Demanda t-elle à propos de Krivvin avec un sourcil relevé et un air qui se voulait surpris.

- Le propriétaire de la Choppe, un peu plus haut, dit Thorn sans animosité quelconque, on a pas la même clientèle, mais certain semble refuser, dit il en insistant sur le mot, de le comprendre.

Vampar avait le nez dans son pichet de bière, semblant ne pas entendre.

- Krivvin est un bon, tant que vous lui cherchez pas des noises. Enfin, je crois que ça, c'est un truc plutôt courant chez les tavernier. Et ce serait mentir que de dire que ses gnôles ne sont pas généralement meilleures que les miennes. Mais vous les payez le prix que vous les payez...

Alors que Thorn partait vers un autre client après un hochement de tête et que la demie-elfe plongeait le nez dans son repas du soir, la porte s'ouvrit à nouveau et Mérillia entra. Bien heureuse de trouver devant elle un repas chaud, la fatigue rendait cependant de plus en plus visible l'anxiété vis à vis de son père disparu.

- Le palefrenier m'a dit qu'il avait vu un quinzaine de gens traverser la route pendant qu'il promenait ses juments, y'a deux jours. Ça pourrait être ceux qu'on cherche non ? Bon il a dit qu'ils étaient silencieux et je ne vois pas papa être silencieux dans ce genre de situation mais bon... Quelque chose de votre côté ?

Autant elle avait apprécié le breuvage, autant le plat ne lui revenait pas.
Peut être l’amertume de ne pas avoir réussis à soutirer une quelconque information au tavernier.
Ce constat l’énerver au plus au point. Comment devait-elle poursuivre la volonté de sa grand-mère, et trouver des indices sur l’île brumeuse, si elle n’arrivait même pas à obtenir une petite information sur un convoi.

Elle laissa le tavernier allait à ses tâches. Elle remercia Ashendra dans un murmure pour lui avoir payée le repas et se promit de lui rembourser.
Puis devant son assiette, elle tira la tronche un poing écrasé sur sa joue accoudée au bar qui retenait sa tête.

C’est a peine si la demi-elfe décrocha un regard à Mérilla.

- Nous ! Choux blanc. Désolé Mérilla, mais le tavernier voulait rien lâcher, une pince en information… C’est donc notre seule piste. Mais c’est mieux que rien, hein !? (Essaya t’elle de la rassurer). On va se reposer dans ce bourg et on se mettra en route dès l’aube. Parce que s’il dit vrai, on a deux jours de retard. Ta t’il indiqué dans quelle direction ils partaient ?