Chapître 3 : M maître, mille esclaves

Heureusement que Kimo avait averti : sans cela les aventuriers auraient été attaqués par l’arrière avec des conséquences certainement désastreuses. Hélas, Kimo était sérieusement blessé : il ne devait plus attaquer sous peine de perdre le peu de sang qu’il lui restait.

Encochant une nouvelle flèche, Iskender se tourna vers les deux marins qui avaient levé leurs mains après avoir tenté de prendre leurs armes et avaient, ensuite, reculé jusqu’au bastingage lorsque leur manœuvre avait été démasquée par Kimo.
Il leur cria en levant son arc :

- Sautez de suite à l’eau ou je vous tue !

Je suppose qu’ils sautent à l’eau, sinon Iskender les tue.

En se retournant les assaillants, Iskender vit les deux nouveaux squelettes qui avaient été produit par l’un des hommes qui venait de glisser le long de la coque, certainement un magicien qui était maintenant en l'air.

Se tournant vers Falrin, il cria de nouveau :

- Falrin, occupe-toi des squelettes, je m’occupe de l’autre !

Et il tira une flèche visant le magicien, prêt à recommencer si sa flèche ne suffisait pas pour mettre l’homme hors de combat.

Si (Lorsque ?) Iskender met hors de combat le magicien avec ses (sa ?) flèches, il sort son épée pour participer au corps à corps.

Le capitaine avait grimacé à la suite des salves magiques mais il restait néanmoins un adversaire redoutable. Le Sossrim avait paré la première attaque avec brio, mais que pouvait deux lanceurs de sort face à un guerrier chevronné. D’ailleurs deux morts-vivants avaient pris consistance juste derrière Jafert, l'étau se resserrait.

De son côté Iskender tentait d’impressionner les adversaires… c’était osé et surement peu productif mais cette situation était surement pas en sa faveur, lui qui n’avait pas le pied marin. Murdock et Falrin n'étaient pas dans le champs de vision de l'ancien tavernier, pour vu qu'ils s'en sortent, pensa il.

Jafert dégaina sa dague. ¤ C’est le moment, l’encre ne pouvait pas être plus noire. ¤ Pensait il a regret. Si la situation nécessitait l’usage d’une dague dans une bataille rangée, c’était que la situation devenait assez désespérée pour un magicien. Se positionnant à côté de Kald, il tentait de porter une attaque à la gorge du capitaine.

- Blasphème ! éructa de colère le Fils du Gel, furieux à la vue du rayon incandescent s'échappant des doigts du magicien amnien.

Les sortilèges de feu étaient impies et tout ouvrage, parchemin ou objet magique qui en favorisait l'apprentissage ou la mise en œuvre devait être détruit. Cet infâme, ce traître, ce scélérat de Jafert ne perdait rien pour apprendre ! Mais l'urgence était de dévier le sabre du marin qui menaçait de s'abattre sur lui. D'un geste assuré, l'ensorceleur porta son bâton contre le fer puis, profitant de l'élan de son adversaire, le saisit au poignet dans un crépitement d'énergie nécromantique.

- Souffre pour la Vierge de Glace, marin, lança-t-il au capitaine qui se remettait péniblement en garde, manifestement refroidi par le douloureux accueil que lui avaient réservé les jeteurs de sort.

Le tavernier avait-il les oreilles encombrées, ou la voix du Sossrim s'était soudain parée de la froideur désincarnée des créatures d'outretombe ? Son bâton tendu devant lui en position défensive, sa main gauche auréolée d'un froid magique à hauteur de son visage, prête à frapper, Kald était pour le moins intimidant. Sa pâleur exsangue lui aurait sans doute conféré un air cadavérique si son visage, d'une délicatesse digne de la plus belle statuaire, n'avait exprimé la plus tempétueuse énergie. L'éclat marmoréen de ses yeux, glacial, transperçait l'ennemi d'une malveillance qui n'avait rien à envier à Iyraclea elle-même, la légendaire reine du Grand Glacier.

Remarquant la soudaine "inquiétude" de son adversaire, Kald utilise une action simple pour l'impressionner plus encore (don : présence intimidante). Jet de volonté DD15 sous peine d'être "secoué" et de subir un malus de –2 aux jets d’attaque et de sauvegarde, ainsi qu’aux tests de compétence et de caractéristique.

Le nain compris que son geste avait peut-être offensé sa déesse. Néanmoins il était persuadé de la justesse de son acte. Un assaillant qui donne un coup et dans le même temps lâche son arme pour se rendre aurait dû réfléchir avant son dernier coup, alors que la donne avait déjà changé. Peu enclin à faire de la garderie, ou par crainte d'être de nouveau pris à revers, le prêtre avait frappé.

Flarin s’approchait de ses compagnons lanceurs de sort, préférant suivre Murdock alors qu’il se sentait pas en super grande forme à ce stade du combat. Ils avaient été gourmands, il le savait.

Heureusement Murdock avait vite enchaîné sur le nouveau front qui s’était ouvert et les deux lanceurs de sorts semblaient tenir. Puis deux squelettes furent convoqués sur le pont du bâteau.

* Voilà qui confirme que nos adversaires n’sont pas des ploucs ! Des prêtres ou des nécromanciens parmis eux *
Continuant sa pensée à l’oral il s’exclama :
- va falloir s’sortir les doigts du cul les gars.

Puis il invoqua sa bien-aimée Haela, il avait appris à renvoyer les morts-vivants grâce à elle. Se concentrant sur son médaillon de sa divinité, il la pria de délivrer ces deux morts-vivants de leur cauchemar.

Iskender lui avait ordonné aux hommes qui s’étaient rendus de sauter, la solution était bonne. Alors qu’habituellement Isk aimait être entouré de familier, il ne souhaitait pas lui non plus s’encombrer des prisonniers pendant ce combat qui semblait sur le fil.

Murdock ne se préoccupait pas de ce qui se déroulait autour de lui. Il savait par expérience que cela était le meilleur moyen pour rejoindre Kelemvor. Il devait se concentrer et vaincre son adversaire avant de passer au combattant suivant. EN tout cas, ce dernier venait de délivrer une information capitale. Il s'agissait du capitaine du navire.

- Capitaine, votre navire ne vous appartient plus. Rendez vous ou mourrez.

Murdock espérait ainsi, en le faisant parler, d'obtenir deux avantages. En parlant, il était tout d'abord susceptible de fournir des informations supplémentaires. Enfin, lus il sera aveugler par la rage et la vengeance, plus il sera susceptible de commettre des erreurs dans son combat.

- Quoiqu'il en soit, vous êtes fini. SI vous ne vous rendez pas, vous goûterez de ma lame.

En disant cela, Murdock faisait quelques passes et feintes pour attendre une ouverture réelle dans la défense de son adversaire, prêt à saisir la moindre occasion pour asséner le coup de grâce.

- Torm guide ma lame et rend justice à ses innocents soumis à l'esclavagisme par ces hommes malfaisants.

La lutte pour le contrôle du navire semblait pencher de plus en plus en faveur des assaillants, même si la situation restait encore incertaine. Alors qu'il ferraillait toujours contre l'orque, Murdock se permit le luxe d'apostropher verbalement le capitaine, cherchant certainement à le déstabiliser et offrir, de cette façon, un peu de répit aux arcanistes qui lui faisaient face même si ces derniers faisaient bien mieux que de simplement se défendre.

Les menaces d'Iskender, ponctuées par une flèche qui frôla l'oreille d'un des marins, avaient un effet mitigé. Loin d'obtempérer immédiatement à l'ordre, les hommes hésitaient toujours, regardant, tour à tour, leur capitaine, le rôdeur et le magicien qui flottait à quelques mètres d'eux, attendant de savoir de quel côté pencherait la balance avant de prendre une décision.

Alors qu'il en appelait à l'aide d'Haela pour chasser les squelettes, Falrin ne reçut aucune réponse. Le prêtre avait perdu le soutien de la Dame des Rixes, laquelle, si elle ne dédaignait pas une bonne bagarre, entendait la livrer face à des adversaires capables de se défendre. Voila qui supposait des heures de prières et de méditations pour retrouver les faveurs de la déesse ou, plus simplement, réussir à lui parler. Bien que privé, momentanément, il fallait l'espérer, de la puissance divine, le nain n'en restait pas moins un combattant redoutable qui n'hésita pas à charger les morts-vivants. Si la hache se révélait moins efficace qu'une masse d'arme sur de tels adversaire, Falrin tranchait néanmoins allégrement les os jusqu'à transformer un des squelettes en petit tas.

Rendu prudent par les blessures infligées par la combinaison feu-froid, le capitaine toisait l'impudent Sossrim qui avait l'outrecuidance de lui résister, n'adressant qu'un regard de mépris à Jafert qu'il sous-estimait nettement. Alors que l'homme allait frapper Kald, un hurlement d'agonie annonça que l'orque venait de succomber face au paladin.

La bataille devenait vraiment trop inégale et l'esclavagiste révisa sa position. Poursuivre le combat relevait de la folie et l'homme était beaucoup de choses mais il n'avait aucune tendances suicidaires.

- Ralliement, beugla-t-il en se reculant rapidement et deux "ploufs" firent écho à ce cri. Alors que les menaces d'Iskender étaient restées vaines, l'injonction provoqua la fuite des marins survivants qui sautèrent aussitôt à l'eau.

- On se retrouvera, promit le capitaine en les imitant quelques secondes plus tard, alors qu'un nouveau brouillard se levait, noyant le pont d'une sorte de mur cotonneux.

Laissant le pauvre Falrin se dépêtrer seul face au dernier squelette, Iskender se précipita vers le bastingage, arc bandé mais, s'il entendait bien quelques clapotis, le rôdeur était bien incapable d'identifier nettement une cible.

Dans un "han" de bucheron, le nain fit tournoyer sa hache, décollant séparant nettement la tête du reste du squelette. Alors que le crâne roulait sur le pont, Falrin fit demi-tour, à la recherche d'un nouvel adversaire. La lueur inquiétant qui était perceptible dans le regard du prêtre s'éteignit vite devant l'absence de menace. Les aventuriers étaient maîtres des lieux mais qu'allaient-ils bien pouvoir faire de cet avantage ?

La bataille était terminée et les aventuriers étaient vainqueurs, mais non sans mal !
Chacun avait joué son rôle et les combattants de première ligne avaient bien fait leur travail. Même les lanceurs de sorts avaient réussi à mettre en échec le capitaine du navire, et ce n'était pas rien !
Iskender, pour sa part, n’était pas trop content de lui : il avait laissé échapper le magicien. L’abattre aurait été important pour se prémunir d’un retour offensif des marins, probablement épaulés par les membres de la garnison du fortin la fois prochaine.
Ce magicien avait des sorts très puissants à sa disposition et le brouillard, qu’il pouvait invoquer, était redoutablement efficace pour camoufler une nouvelle offensive.
Il aurait dû tuer les marins qui n’avaient pas obéi immédiatement à son injonction de sauter à l’eau. La flèche aux oreilles d’un marin, pourtant dûment averti, aurait dû lui percer le cœur !
La sensiblerie n’est pas de mise lors d’un combat à mort !

Bon, mais maintenant que faire ?

S’adressant à ses compagnons, Iskender s’écria :

- Hourrah ! On a gagné ! Victoire !
Et maintenant, que fait-on ?
À mon avis, ils vont revenir avec des renforts. Et nous risquons, la prochaine fois, de ne pas avoir le dessus ; surtout qu’ils savent exactement combien on est. Je pense qu’il vaut mieux éviter de rester à leur portée.
Mais on a probablement un peu de temps. Le temps de bien fouiller le navire et de prendre ce qui nous intéresse...
Puis ensuite, on a -d’après moi- trois solutions :
Premièrement, la solution la plus radicale : mettre le feu au navire pour le couler et repartir à bord de la chaloupe.
Deuxièmement, hacher menue les voiles et les cordages et les jeter à la mer pour empêcher le navire de prendre la mer et ensuite l’abandonner : il ne faut pas oublier que nous avons des renforts qui arrivent ! Ils pourront s’occuper de la garnison et du reste des marins si ceux-ci n’ont aucun moyen de s’enfuir.
Et enfin, troisièmement, nous éloigner avec le bateau et nous mettre hors de leur portée. Cela aurait l’avantage de nous donner la propriété du bateau car c’est une prise de guerre et sa revente nous procurerait un joli pécule.
Mais saurons-nous manœuvrer le bateau ?
Personnellement, je n’ai aucune compétence sur le sujet.

La main gauche encore auréolée d'énergie nécromantique, Kald, qui n'avait pas baissé sa garde, essayait d'entrevoir une silhouette dans l'épais voile de brume. Certes l'ennemi avait battu en retraite, mais c'était souvent dans ce moment de répit qui suivait le combat qu'arrivaient les plus viles blessures : une flèche vengeresse tirée dans la fuite ou la dague assassine d'un homme erronément laissé pour mort...

Si les bruits successifs de plusieurs plongeons le rassurèrent, il ne fut pas apaisé pour autant. La trahison de Jafert, dont l'ombre replète se dessinait à côté de lui, l'avait profondément irrité.

- Tu as offensé Saukuruk, chuchota-t-il d'une voix inquisitrice, Impie.

L'Amnien put discerner sans mal dans le brouillard le halo magique s'élever dans sa direction alors que l'ensorceleur pointait vers lui un doigt accusateur.

- Il faudra expier ce sacrilège... ou en payer le prix.

La lueur bleutée s'abaissa peu avant que la voix d'Iskender ne s'élève pour célébrer la victoire.

- Tu as offensé Saukuruk, chuchota une voix inquisitrice dans la brume.

Jafert leva un sourcil. ¤ Qu’est ce qu’il raconte le gonz ? ¤ Une lueur bleutée s’animait dans la purée de pois, mais il n’y avait aucun doute, c’était Kald qui le pointait du doigt.
- Il faudra expier ce sacrilège... ou en payer le prix.
- Tu me menaces ?

Jafert n’avait pas plus que les autres étés la cible des remarques toujours cinglantes de l’ensorceleur. Mais le blafard, n’avait de cesse que de piquer, provoquer et railler ses camarades. Ce n’était surement pas le moment mais l’adrénaline du combat faisait perdre la raison à l’Amnien.

- Fermes ta bouche, tu ne vois pas qu’on a d’autre chat à fouetter que tes bondieuseries du nord. Jafert ne se contrôlait plus, lui qui gardait sa bonne humeur même dans les pires moments.

Les hourras d’Iskender sonnaient comme une musique très lointaine à l’oreille du magicien, qui rougissait sous sa barbe. Jafert ignorait aussi la menace qui s’étiolait alors qu’il s’avançait jusqu’à Kald d’un pas lourd.

- T’as un problème avec moi ? L’amnien poussait Kald au niveau de ses épaules en signe de provocation.

Pas de soucis pour moi joueur

Murdock regarda autour de lui et constata qu'ils s'en étaient mieux sorti qu'il ne l'espérait. Cependant, il restait encore beaucoup de chose à faire et visiblement chacun n'arrivait pas à s'organiser comme cela semblait être le cas avec ces nouveaux compagnons. Il se devait de prendre les choses en main car ils avaient visiblement tous l'impression d'avoir gagné la partie mais il ne pouvait s'empêcher de penser que le combat ne faisait que de commencer.

- Bon, nous avons pris le pont du navire sans trop de dommage et c'est plutôt positif. Maintenant nous devons nous organiser pour garder le navire et s'assurer qu'il n'y a pas de mauvaise surprise sans ses câles.

Murdock s'arrêtait quelques instants pour s'assurer d'avoir l'attention de tous avant de poursuivre. Il notait la tension entre Kald et Jafert et il devait faire baisser cela avant que cela ne dégénère.

- Iskender, peux tu rester sur le pont du navire avec Jafert. Vous vous assurez que personne ne monte à bord et essayez de soigner Kimo. Falrin et Keld, si vous le voulez, nous allons vérifier qu'il n'y a pas de mauvaise surprise dans les câles et cabine de ce fichu rafiot. Avec un peu de chance, il pourrait même y avoir des esclaves dans les sombres câles de ce navire. Si nous les libérons, nous aurons ainsi des renforts prêt à se battre. Falrin, penses tu pouvoir explorer cela seul à moins que Kald veuille venir avec toi. Pour ma part, je vais voir la cabine du capitaine. Nous pourrions y découvrir des éléments importants sur ce trafic, voir sur le commanditaire de cet odieux marché.

Murdock attendait la réponse de ces compagnons tout en commençant à se diriger vers la cabine du capitaine, il regardera ses propres blessures éventuelles plus tard.