Chapître 3 : M maître, mille esclaves

L’équipe s’était décidée à passer à l’action, voilà qui plaisait à Falrin. Néanmoins, il goûtait peu l’idée de se retrouver sur une barque à l’abordage d’un navire. En bon paysan, il préférait la terre ferme et le couvert des bois. Le prêtre nain n’avait jamais ramé alors il apprivoisa son outil comme il put, maugréant aux indications de Kald qu’il trouvait bien présomptueux à se positionner comme capitaine de cette piteuse barque.

Bien décidé à en découdre et à retrouver un sol plus stable, Falrin donna un impulsion pour s'agripper au filet. Il monta le plus vite qu’il put afin de sécuriser un périmètre sur le pont. S’il échouait, le plan de Kald et de Murdock tombait à l’eau, ils se feraient canarder comme des lapins dans un clapier, vu la vitesse de leur embarcation. Ou pire, le bâteau pourrait les percuter de plein fouet et les envoyer par le fond. Avec l’épaisseur de leurs armures, plus grand chose ne resterait a espérer.

Kald accompagna ce mouvement d’une remarque inutile puisque la perturbation était déjà passée au moment où il geignit. Concentré sur l'abordage, le nain ne répondit pas. La détermination ferait son œuvre croyait-it. Comme espéré Jafert et Kald, toujours prompts à rester en arrière, préféraient couvrir les arrières du groupe. Quant à Iskender, il avait peur et sa prudence déterminant ses actions face à un danger déjà trop présent.

S’attaquer à une embarcation depuis une barque était chose risquée, mais ça l’était encore plus en ne sachant pas la taille de son équipage. Falrin regrettait de ne pas avoir plus insisté auprès de ses compagnons. Il avait suivi par dépit et se retrouvait désormais a un contre deux a minima. Murdock tenta une provocation toute Paladine, à laquelle l’orc répondrait sûrement par un doigt d’honneur vu le sens de la loyauté de sa race.

Ne croyant guère à la réussite de Murdock, le nain cria de rage, tentant d'intimider l'ennemi et chargea un des flancs du groupe en face d'eux.

L'abordage était lancé et les Pas Grands devaient se rendre maîtres du navire avant que les marins ne parviennent à se ressaisir et à les repousser. Au cœur du combat, chacun opérait selon ses habitudes. Impulsif, Falrin chargeait ses adversaires alors que Murdock avançait plus lentement mais les deux combattants avaient la froide détermination des guerriers, sûrs de leurs force et conscients que la décision se ferait au corps-à-corps.

Loin de partager cet avis, Iskender s'était bien vite replié en deuxième ligne pour ne pas trop s'exposer, ordonnant même à son chien de garder ses arrières. De cette position plus en retrait, le rôdeur comptait appuyer de ses flèches ses compagnons engagés au contact alors même que la précision de ses tirs n'était pas optimale dans une telle mêlée.

Les lanceurs de sorts, quant à eux, combattaient de façon différentes. Alors que Kald usait de sa magie, renforcée par la puissance de sa déesse, Jafert préférait avoir recours à son arbalète, bien plus efficace que les maigres sorts dont il disposait.

Alors qu'un petit orbe, guidé par Kald, explosait au contact de l'orque, arrachant à ce dernier un rugissement de colère, Jafert prenait le temps de se protéger en prévision d'un assaut qu'il savait inéluctable. Bien lui en prit car, alors qu'il se tournait une nouvelle fois vers la plage pour estimer où en étaient les renforts potentiels de leurs adversaires, il ressentit un léger choc qui le fit sursauter ramenant son attention sur le combat principal. Un trait venait de rebondir sur son bouclier intangible pour tomber à ses pieds sur le pont.

Indifférent à la provocation du paladin, l'orque lançait ses ordres. Les marins, craignant davantage la colère de leur chef que les menaces de Murdock, resserraient les rangs, tenant assez facilement à distance Falrin qui saignait déjà de petites blessures reçues aux bras.

Iskender avait levé son arc, cherchant un adversaire isolé lorsqu'il aperçut celui qui venait de prendre Jafert pour cible. Aussitôt, il lâcha sa flèche, doublée de façon non concertée par le carreau que l'Amnien venait de tirer en riposte. La poitrine traversée par les deux projectiles, le marin s'effondra une lueur de surprise dans le regard.

Jetant un nouveau coup d'œil vers la plage, Jafert pesta. La barque se dirigeait vers eux, chargée d'une dizaine de nouveaux adversaires. Fort heureusement, les rameurs ne forçaient pas trop sur les avirons, semblant vouloir ménager la réparation de fortune, retardant d'autant le moment où l'embarcation les rejoindrait.

Sur le pont, si quatre nouveaux marins avaient mordu la poussière, Falrin venait de battre en retraite, un coup de harpon vicieux dans l'épaule droite venant de lui faire lâcher sa hache. Alors que Murdock tentait bravement de faire face à l'orque, flanqué de deux membres d'équipage, les trois derniers marins profitaient de la brèche dans les défenses pour avancer rapidement vers Iskender et les magiciens. Trop tard pour utiliser de nouveau son arc, le rôdeur dut se faire violence pour dégainer son épée et attendre le choc.

Kald, je pense que tu t'es mélangé les pinceaux avec le sort que tu as utilisé. Tu ne connais que l'orbe de froid mineur (l'orbe de glace n'existe pas) et ce dernier n'inflige "que" 2d8 dégâts et non 3d6 + aveuglement. C'est l'orbe de froid qui est efficace à ce point mais c'est un sort de niveau 4)

Finalement, l’abordage ne s’était pas trop mal passé : les aventuriers étaient maintenant à bord.
Certes, l’alerte avait été donnée mais c’était dans l’ordre des choses car ce n’était pas un espoir sérieux que de vouloir surprendre les marins dans leur sommeil.

Mais actuellement, le combat prenait une tournure plutôt désavantageuse : Murdock arrivait à tenir tête à ses adversaires, dont le grand orque, mais ce n’était pas le cas du nain. Celui-ci, malgré tout son courage, semblait quand même dépassé par ses adversaires [normal pour un nain ] et, blessé, il avait perdu sa hache ! Mauvais ça, très mauvais !
De toute façon, il fallait vaincre ou périr ! Pas question d'aller rejoindre le rivage en nageant en armure !

Manque de chance, au lieu de prendre deux cibles différentes, Jaffert et lui avaient touché le même homme avec leurs flèches.
Mais il faut dire qu’un archer peut être très dangereux, Iskender en savait quelque chose ...
Bon, de toute façon, un de moins !

Et maintenant, voilà que dans la brèche laissée ouverte par Falrin, trois marins s’y engouffraient.
Plus le temps d’encocher une flèche !

Sortant son épée, Iskender s’élança contre les marins : il fallait d’abord protéger les jeteurs de sorts, même s’ils ne faisaient pas les étincelles auxquelles Iskender s’attendait.
Il ne s’agissait pas, non plus, d’attendre passivement le choc, mais de charger ses adversaires pour profiter de son poids, de sa force et de sa vitesse.

¤ Quand faut y aller, faut y aller ! Mais à trois contre un... ¤

Suivit de son fidèle chien, Iskender chargea en criant « Pour Volubilis ! » se surprenant lui-même !

Le nain se sentait en échec et n’avait malheureusement pas fait mouche dans sa charge qu’il pensait pouvoir lui donner un avantage, notamment sur le moral. Les bras bardés de petites égratignures ne l'empêcherait pas de poursuivre le combat mais démontre que l’ennemi savait faire mouche et qu’il ne devait pas être sous-estimé. Ce qui le mit vraiment en rogne fut le coup de harpon dans l’épaule. Il lâcha malheureusement sa hache, le prolongement de son bras et de la bonne parole de sa déesse. Devant un tel constat le nain décida d’adresser une prière (tout à sa façon) à Haela pour qu’elle qui le tranchant de sa hache :

- Haela Brillehache, aide moi à réduire en bouilli ces esclavagistes qui souillent les terres d’nos ancêtres nains ! Raaaah lacha-t-il. Et fait briller ma hache d’leur sang pourri !

Dans un mouvement disgracieux il tenta de récupérer sa hache pour pouvoir retourner dans la mêlée et frapper. Sourire au lèvre et content de sa fine élocution, il espérait que sa déesse l'entendait et que ses ennemis auraient une micro-hésitation suffisante pour se laisser trancher un membre.

À la vue d’Iskender qui se mêlait enfin à la bataille, Falrin décida de l’encourager :
- Bien jouer Isk’, Haela s’rait fière de toi !

Le tempétueux ensorceleur avait contemplé avec une joie sadique le missile de glace exploser contre l'orque. Jamais il n'avait ressenti une telle puissance émaner de son être ! Louant muettement la grandeur de Saukuruk, il ne tarda pas à déchanter : Falrin ayant baissé sa garde, trois marins se précipitaient vers l'arrière ligne. Et ce couard de Jafert qui avait incanté un sort de protection...

Par bonheur, les assaillants allèrent au plus près et se jetèrent sur Iskender. Ce dernier s'en sortirait grâce à son chien, comme toujours. Il valait sans doute mieux soutenir Murdock qui, aussi redoutable que fût son épée, était sur le point de se faire déborder. Plongeant la main dans sa sacoche de composantes, Kald entonna une incantation dont les accents ne manqueraient pas de sonner sinistrement aux oreilles du Shou s'ils lui parvenaient par delà le vacarme du combat.

Une lame de glace aussi effilée que scintillante se matérialisa au bout des doigts du Sossrim, qu'il projeta aussitôt en direction du chef esclavagiste.

Kald lance poignard de glace sur l'orque : 3d4 dégâts ; réduits de moitié si jet de réflexe réussi (DD15) ; 1 dégâts d'éclat sur les cibles voisines.

urdock regarde autour de lui et vois que le nain est obligé de se mettre en retrait. Il est maintenant seul en première ligne mais il avait la force de sa foi en Torm avec lui. Il ont déjà mis au tapis un nombre important de marins. Il espère que leur moral va commencer à décliner face à sa détermination. Toujours sur ses gardes, il continue d'avancer.

- Quel marin va venir mourir sous ma lame maintenant ? Qui est prêt à mourir pour cet orque qui vous utilise comme des boucliers sans se soucier de votre vie ?

Murdock de manière calme et froide mais déterminé continue d'avancer vers les adversaires qui lui font face. Sa seule cible est l'orque qui dirige ces hommes.

- Si vous résistez, vous n'avez aucune chance sauf si vous souhaitez rejoindre les terres de Kelemvor. J'ai combattu le réseau noir, combattu et vu des choses que vous ne pouvez même pas imaginer. Ne vous mettez pas encore moi et l'orque, sinon je serais contraint de vous tuer.

Murdock continue d'avancer vers le groupe opposant une vaillante résistance, bien qu'inutile, comptant sur le fait que leur moral finira bien pas faire défaut.

- Ils arrivent, 300 pieds environs ! Beugla Jafert pointant la cote du doigt.

La bataille faisait rage sur le pont du navire mais la situation n’était pas désespérée. Loin de s’en réjouir, il fallait être sûr d’éliminer tous les marins avant l’arrivée des renforts sinon ce serait bien different.

Trois marins avaient maintenant pris pour cible l’arrière garde et ce fut avec satisfaction que le magicien vit Iskender faire obstacle à la charge. L’occasion était trop bonne et Jafert fit un pas de côté pour tenter une salve supplémentaire.

¤ J’en toucherai bien un des trois, comme ça, ils sont immanquables. ¤

Le combat faisait toujours rage sur le pont et, si les aventuriers semblaient prendre l'avantage, l'équipage du navire n'était pas disposé, pour autant, à leur concéder la victoire.

Seul contre trois, Murdock tenait fermement ses positions, concentrant ses attaques sur le musculeux Orque devant lui. Malheureusement, devant également se prémunir des coups portés par les autres marins, il ne pouvait pas être aussi efficace qu'il l'aurait voulu face à son adversaire principal. Un éclair bleuté jaillit soudain, laissant juste le temps à l'Orque de faire un bond de côté, avant d'exploser dans une gerbe d'éclats de glace particulièrement acérés. Si le paladin en ressentit la morsure, il ne fut pas le seul et un bref flottement s'en suivit, prélude, hélas éphémère, d'un mouvement de panique.

Sentant que le moral de ses troupes risquait de vaciller, l'Orque proféra moult injures, promettant de se faire un collier avec les tripes des couards. Se ressaisissant, les marins repartirent épauler leur chef, affaibli, certes, mais pas encore abattu, non sans que l'un d'en eux ne mordît la poussière, six pouces d'acier fichés dans la gorge.

Sévèrement touché, Falrin en appelait à Haela pour lui insuffler l'énergie nécessaire qui lui permettrait de reprendre le combat. Profitant d'être tenu maintenant pour quantité négligeable, le nain serra les dents et, titubant, parvint à refermer ses petits doigts boudinés sur le manche de la hache.

S'étant enfin lancer dans la mêlée, un peu contrait par la tournure que prenaient les événements, Iskender magnait efficacement son épée à deux mains, montrant ainsi ses qualités de combattant. Efficacement aidé par Kimo qui sécurisait son côté gauche, il se débarrassa rapidement d'un adversaire. Au moment où il allait engager le suivant au corps-à-corps, un jappement de douleur arrêta son élan. Son fidèle compagnon à quatre pattes était à terre, une plaie saignante au niveau du flanc et un rayon de lune se réfléchissait sur le coutelas levé, prêt à porter le coup de grâce.

Le poignard de glace invoqué par Kald avait fait mouche, dispersant le courroux d'Aurile autour de lui mais les marins survivants semblaient crainte davantage la colère de l'Orque que celle, pourtant légitime, de la déesse et se refusaient encore à abdiquer.

Après avoir donné l'alerte sur l'arrivée imminente de renforts pour l'équipage du navire, Jafert avait reporté son attention sur le combat, bien plus proche de lui. L'arbalète réarmée cherchait une cible mais la mêlée était telle que le risque de toucher un allié restait trop important. Si Tymora se montrait généralement une alliée précieuse, Beshaba pouvait également s'intéresser à leur sort et faire pencher la balance du mauvais côté.

Le magicien serait peut-être plus utile en surveillant l'arrivée de la barque et en retardant celle-ci. Alors qu'il se tournait de nouveau face à la côte, l'Amnien poussa un juron dans sa barbe. L'embarcation n'était plus en vue mais disparaissait dans un épais bouillard qui tutoyait maintenant la coque de leur navire. Fort heureusement, Kald avait eu la présence d'esprit de remonter le filet qui leur avait permis de grimper à bord mais cela serait-il suffisant pour tenir ces nouveaux adversaires à l'écart ?

- Crotte d’Ankheg ! Ils sont passé ou ? La panique se sentait dans son ton.

Un brouillard sortant des eaux avait fait disparaitre la cote et une bonne partie de la baie. La chaloupe n’était plus visible et les renforts pouvaient être n’ importe où maintenant. Le magicien épaula à nouveau son arbalète mais la rixe était anarchique. Il ne voulait pas prendre le risque de blesser un compagnon.

Sur ses courtes jambes, il restait mobile et reculait lentement, faisant résonner le talon de ses bottes mouillées sur le pont. Tout en s’assurant de rester à l’écart le plus possible de l’affrontement, mettait en joug la brume blanchâtre ; prêt à décocher un carreau au moindre mouvement suspect.

Dans le tumulte de la bataille l'ensorceleur avait perdu de vue son projectile, mais cela importait peu. Par la grâce de la Déesse, ce missile magique atteignait toujours sa cible, s'y brisant en une myriade d'aiguillons aussi perçants que le froid. Un rictus mauvais fendit son pâle visage à la pensée que le Tormtar avait goûté au doux baiser de la Dame aux Lèvres de Glace.

- Calme, intima-t-il à Jafert d'une voix autoritaire, après avoir jeté un coup d'œil rapide vers les flots.

Ses compagnons ne l'avaient probablement pas remarqué, tout affairés au combat, mais il avait eu la présence d'esprit de jeter à l'eau le filet qui leur avait servi d'échelle. Leurs poursuivants n'étaient pas près de mettre un pied à bord.

Un jappement aigu attira soudain son attention : le preux Kimo était à terre, ce qui fragilisait cruellement le rempart qui séparait les marins de l'arrière-ligne. Parant au plus pressé, Kald tendit un doit exsangue vers l'agresseur du chien en fulminant à la hâte quelques mots de pouvoir.

Kald lance "rayon de givre" sur le marin ayant attaqué Kimo. Jet d'attaque à distance ; 1d3 dégâts.