Chapître 3 : M maître, mille esclaves

L'enfant des Terres Gelées se représentait assez mal un léopard, mais il était suffisamment savant pour savoir que ce grand félin était doté de crocs perçants et de griffes acérées. Si le rôdeur shou ne semblait guère se soucier de ces redoutables prédateurs, lui s'était montré bien plus inquiet. Et ce qu'il avait appris des accointances de M avec les serviteurs du Seigneur des Bêtes n'était pas pour le rassurer ! Se pouvait-il qu'un prêtre se fût joint au convoi d'esclavagistes ? Après tout, le navire qui servait jusqu'alors à l'odieux trafic était baptisé en hommage au dieu sanguinaire...

La macabre découverte qu'ils firent deux jours plus tard, comme les paroles de Falrin sur la Longue Nuit, ne firent que renforcer ses craintes. Était-ce la une pure coïncidence ou les esclavagistes fanatiques s'étaient-ils livrés à une de leur sinistre chasse rituelle ?

- Il serait imprudent de voyager longtemps de nuit... objecta l'ensorceleur, qui portait d'évidentes marques de fatigue sur son visage cireux. Arrêtons-nous dès que nous trouverons une position facile à défendre. Et faisons passer les chiens devant : ils sentiront des fauves approcher.

L'enthousiasme et la volonté d'aller de l'avant de Falrin ne trouvèrent d'écho que chez Murdock et Jafert - l'état de fraîcheur relative de ce dernier par rapport à ses compagnons n'était certainement pas étrangère à cette volonté de poursuivre - tandis qu'Iskender et Kald auraient très nettement préféré se montrer plus prudent. Mais si l'ensorceleur aurait voulu compter sur les chiens pour prévenir le groupe de toute surprise, celle éventualité était aussitôt rejeté par le rôdeur qui n'entendait faire courir aucun risque à ses compagnons à quatre pattes. Le manque d'enthousiasme du Sossrim était peut-être également lié aux liens existant entre l'Eventreur et le Fille du Gel. Même si ces deux divinités se méprisaient souverainement, elles pouvaient néanmoins parfois œuvrer ensembles sous l'influence de Talos.

Encore une fois, un compromis boiteux fut trouvé, le nain ouvrant maintenant la voie alors que le Shou passait à l'arrière garde pour bien marquer sa désapprobation. Fort heureusement, les traces du convoi précédent étaient fortement marquées et Falrin n'avait aucune peine à les suivre, comptant sur Murdock et Jafert pour le prémunir d'une éventuelle embuscade. En queue de colonne, Iskender et Kald suivaient sans difficulté le rythme imposé, lançant tout de même fréquemment des regards inquiets vers l'arrière.

Après quelques heures de toutes, Falrin dût bien se résoudre à ralentir le rythme, les compagnons, qui ne bénéficiaient pas de la vison nocturne du nain, suivant de plus en plus difficilement cette progression qui leur était imposée. Persuadé d'être à moins d'une journée de marche de la Baie de Tarseth, le prêtre enrageait de devoir ralentir et, a fortiori, s'arrêter, sans toutefois être en mesure de garantir la position exacte du convoi qu'ils poursuivaient.

Bon, la distance parcourue ne serait plus à faire, se dit-il Falrin, se consolant comme il pouvait, au moment de décréter une halte pour la nuit. Le rapide repas expédié, des tours de gardes furent instaurés et chacun put enfin se reposer même si Kald sursautait parfois en croyant entendre un feulement menaçant émanant de la nuit.



Les premières lueurs de l'aube trouvèrent Murdock en train de terminer sa veille. Assis sur une pierre, le paladin restait vigilent, tout en passant consciencieusement une pierre à aiguiser sur le fil de son épée. En guerrier accompli, l'homme ne perdait pas une occasion d'entretenir son équipent, sachant pertinemment que ce genre de détail pouvait faire toute la différence entre la vie et la mort.

Un bruissement de branches lui fit relever la tête pour voir apparaître, à quelques mètres de lui, trois hommes en tenue de forestiers. Le premier, arborant une barde noire hirsute, était grand et large d'épaule, un collier de griffes lui battant la poitrine. S'appuyant sur un grand bâton, il portait un arc long à l'épaule. Un petit cor de chasse était glissé à sa ceinture, à laquelle était également accrochée une masse d'arme lourde. Ses compagnons tenaient négligemment leur arc à la main, leur cape, dans les tons gris-verts, laissant apparaître l'armure de peau qu'ils portaient.

- Bien le bonjour l'ami, salua le barbu avec un sourire engageant. Ce n'est pas tous les jours que nous avons des visiteurs sur cette route.

Se frottant les mains, l'homme fit quelques pas vers Murdock.

- Votre feu m'a l'air fort accueillant. Votre hospitalité irait-elle jusqu'à nous offrir une boisson chaude ?

Etouffant un bâillement, Falrin avait redressé la tête, alerté par ces voix inconnues. À côté de lui, le reste des "Pas Grands" commençait à s'agiter, réveillé par le bruit de la conversation.

Lancers...

Falrin Grandtranchant - Jet de compétence : Survie : 20(d20) +0(deg) +3(Sag) = 23
Kimo - Jet de compétence : Perception : 6(d20) + 5 = 11
Luna - Jet de compétence : Perception : 10(d20) + 5 = 15

Comme convenu, Falrin avait pris la tête du groupe.
Sa grande expérience des bois lui permit de suivre sans difficulté la piste de la caravane.
Après plusieurs heures de poursuite à bonne allure, la nuit tombante imposa un arrêt, d’ailleurs bienvenu vu la fatigue accumulée.
Après son tour de garde, Iskender s’endormit comme une masse avec ses chiens pour lui tenir chaud et aussi confiant en leur vigilance.
Aussi lorsque les bruits des visiteurs firent bouger ses chiens et le réveillèrent, il fut surpris et se réveilla rapidement. Sa première réaction fut de se saisir de son épée. Mais ses chiens ne manifestant pas d’hostilité manifeste vis-à-vis des nouveaux arrivants, il mit simplement sa ceinture d’armes.
Puis en regardant plus attentivement les trois hommes, il reconnut des habitués des bois qui, de plus, avaient l’air sympathique. Se fiant son instinct et à celui de ses chiens, Iskender leur fit confiance, au moins provisoirement…
Aussi lorsque le barbu demanda à boire une boisson chaude, Iskender répondit qu’il suffisait de relancer le feu et que la boisson serait prête dans quelques minutes.
Tout en préparant la boisson pour les trois hommes (et aussi pour ses compagnons qui se réveillaient), Il interrogea les hommes :

- Vous êtes les bienvenus. Venez vous assoir près du feu. Il est vrai que votre venue nous a surpris car nous pensions que cette route était très peu fréquentée, vu son état.
Mais je pense que vous êtes des habitués des bois, n’est-ce pas ?
Est-ce que je peux vous demander ce qui vous fait vous retrouver ici ?
Quant à nous, nous essayons de rattraper une caravane que vous avez peut-être vu passer…

Jafert émergeait difficilement des brumes du sommeil, la chevauché avait quand même eut son petit effet sur le magicien, dormis sur le sol n’était pas non plus sa tasse de thé. Il y avait des voix étrangères à proximité mais Murdock et Iskender semblaient converser avec sans crainte. Le basané leva sa tête grimaçante vers les nouveaux arrivant.

"[…] rattraper une caravane que vous avez peut-être vu passer…" l’amnien fronça les sourcils.

Le citadin donnait des coups de pieds dans les feuillages qui lui avait servis de couche pour effacer ses traces comme lui avait conseillé Iskender dès leur première nuit à la belle étoile. Il prit aussi quelques minutes pour revoir les sorts qu’il s’était évertué à mémoriser la veille au soir alors que les nouveaux arrivant s’installaient déjà comme chez eux autour des braises mourantes.

- Alors la chasse est bonne ? Qu'avez vous pris? Tenta Jafert pour tester les nouveaux arrivant.

C'était un jeune homme peu rassuré, pour ne pas dire fébrile, qui avait veillé sur le sommeil de ses compagnons quelques heures au milieu de la nuit. Fidèle aux préceptes de la Déesse, Kald avait volontairement laissé s'endormir le feu et s'était tenu à l'écart des braises ; raviver les flammes aurait été une impardonnable hérésie. Le regard perdu dans les ténèbres, il avait plus compté sur son ouïe que sur sa vue pour surprendre un éventuel danger. La fraîcheur de l'obscurité était bien plus à son goût que l'écrasante chaleur du jour, à laquelle il peinait à s'accoutumer. Il y avait presque trouvé un réconfort.

Ce ne fut pas l'astre maudit qui le tira du sommeil, mais le son rocailleux d'une voix inconnue. Si son esprit embrumé n'avait pas réussi à traduire en paroles intelligibles ces bribes lointaines et confuses, l'ensorceleur avait néanmoins reconnu un ton amical. S'étirant sous sa couverture, il se frotta les paupières puis redressa la tête : plusieurs silhouettes se découpèrent dans le jour naissant, armées mais pas hostile, ou du moins pas encore.

S'extirpant de sa paillasse, puis glissant ses pieds dans ses bottes, il observait d'un œil méfiant les chasseurs. Trois hommes faisaient face à Murdock, que venait de rejoindre un Iskender des plus matinaux. Comment donc ses chiens n'avaient-ils pas senti les intrus arriver ? Et pourquoi n'avaient-ils pas aboyé ? Il valait mieux mettre rapidement la main sur son bâton et sa sacoche à composants...

Jet de perception : Avant de rejoindre les autres près du feu, Kald scrute les arbres pour essayer de déceler la présence d'autres chasseurs.

Murdock voyait qu'Iskender avait pris la situation en main avec les forestiers. Il ne doutait pas qu'il était probablement le meilleur interlocuteur pour obtenir des informations de ces hommes. Rapidement, il regardait où était sa monture pour s'assurer de sa présence en cas de nécessité.

Sortant son sac, il sortait de quoi entretenir sa lame. Il s'installait confortablement à quelques distances de feu mais il se tenait prêt à intervenir si nécessaire. Il sortait son épée et commençait le délicat entretien de la lame, comme il avait appris au cours de sa formation au sein des paladins de Torm. Il en profitait pour se concentrer afin de déterminer les intentions de ces forestiers. Iskender avait l'impression qu'ils pouvaient être des contacts intéressants mais rien n'indiquait qu'ils n'étaient pas l'arrière garde de la caravane.

Murdock, en raison de son intuition et des indications de Torm, gardait un oeil particulièrement attentif sur le chef de ces forestiers. Au moindre signe d'hostilité de leurs parts, il avait pris la décision qu'il se chargerait de l'homme qui visiblement n'avait pas une attitude des plus morale.

HRP / Murdock utilise ses dons de paladins pour savoir si les forestiers penchent vers quelles attitudes avec sa détection du mal

Se frottant les mains l'une contre l'autre, le barbu alla s'assoir près du feu alors que ses compagnons restaient un peu en retrait, à quelques mètres de là.

- C'est bien aimable à vous, remercia-t-il en souriant, sourire étrange qui semblait bien artificiel et ne se répercutait par à son regard, toujours froid et calculateur.

Une petite fumée s'élevait du gobelet qui lui était tendu et l'homme s'en saisit sans hâte. Dans ce mouvement, sa manche découvrit son poignet, laissant apparaître le bracelet de griffes qui y était fixé.

- La chasse connaît ses aléas, répondit-il évasivement à Jafert. Le Traqueur nous assiste et nous met face aux proies qu'Il désire que nous affrontions. Les caravanes sont rares sur cette mauvaise piste et servent surtout à ravitailler un petit fortin à une demi journée de marche d'ici.

L'attitude du chasseur restait courtoise mais l'homme semblait constamment sur ses gardes. Tel un prédateur, il était aux aguets, près à bondir sur ses pieds au moindre prétexte.

- Il est rare de voir des voyageurs par ici, poursuivit-il. Surtout des voyageurs montés. Les chevaux sont à la peine sur un pareil terrain et se fatiguent inutilement.

Certainement rassurés par l'attitude amicale de leur maître, les chiens d'Iskender se tenaient tranquilles. S'ils grognaient légèrement à l'intention des compagnons du barbu, ils semblaient totalement ignorer ce dernier.

De son côté, Kald ne pouvait repousser un étrange malaise. Était-ce son imagination qui lui jouait des tours ou avait-il vraiment vu une masse sombre passer dans les branches au dessus d'eux. À voir le brusque mouvement de tête que venait d'effectuer Murdock, regardant lui aussi dans la même direction, il n'avait peut-être pas rêvé. Mais non, tout semblait de nouveau paisible...

La discussion se poursuivait mais rien de bien concluant n'en ressortait. Ces chasseurs qui s'étaient invités autour du feu des "Pas Grands" semblaient avoir tout leur temps et ne faisaient pas mine de vouloir reprendre leur route.

Lancers...

Falrin Grandtranchant - Jet de compétence : Perception : 13(d20) +0(deg) +3(Sag) = 16
Iskender - Jet de compétence : Perception : 6(d20) +4(deg) +2(Sag) = 12
Jafert - Jet de compétence : Perception : 14(d20) +0(deg) +1(Sag) +2(vigilance familier) = 17
Kald - Jet de compétence : Perception : 19(d20) +1(deg) +0(Sag) = 20
Murdock - Jet de compétence : Perception : 18(d20) +1(deg) +2(Sag) +2 (don) = 23
Murdock - Jet de compétence : Social : 12(d20) +4(deg) +2(Cha) = 18
Kald - Jet de compétence : Social : 11(d20) +0(deg) +4(Cha) = 15
Jafert - Jet de compétence : Social : 10(d20) +0(deg) +2(Cha) = 12
Iskender - Jet de compétence : Social : 17(d20) +0(deg) +0(Cha) = 17
Falrin Grandtranchant - Jet de compétence : Social : 9(d20) +4(deg) +0(Cha) = 13

Jafert acquiesçait poliment aux remarques et observation des nouveaux arrivants. Si eux n’avaient pas envie de discuter, Jafert n’étaient pas là non plus pour leur faire la conversation.

- Bon messieurs, c’est pas le tout mais nous avons de la route. La bonne rencontre, à la revoyure.

Jafert avait déjà fini de refaire son paquetage et faisait signe à ses camarades de presser le pas ou au moins de s’engager vers le départ. Ces forestiers n’étaient pas d’une compagnie sympathique et chacun avaient ses engagements à tenir.

"Froid et calculateur." Kald ne connaissait que trop le regard du chasseur... C'était celui de bien des hommes de sa tribu, loin dans les Terres gelées ; des êtres qu'une vie sauvage avait rendus aussi pragmatiques que brutaux. A son sourire sans âme, il avait reconnu le prédateur leurrant sa proie. Ses acolytes étaient d'ailleurs toujours armés, et comme leur chef, semblaient prêts à leur sauter à la gorge.

*Le Traqueur nous assiste et nous met face aux proies qu'Il désire que nous affrontions.*

La menace était à peine voilée, car ce disant, le Malarite leur faisait justement face... Mais ses compagnons avaient-il perçu cet audacieux avertissement ? Comment le souvenir du cadavre découvert la veille ne pouvait-il pas leur revenir en mémoire : tel était le gibier de ces fanatiques chasseurs. Jafert, d'une égale bonhommie, affichait la plus grande insouciance tandis que les chiens d'Iskender restaient aussi placides que leur maître.

Le danger rôdait pourtant ! Une ombre glissait silencieusement de branche en branche, dans la cime des arbres ; à coup sûr l'un des léopards qui flanquait le convoi... Au signal de leur maître, les félins auraient tôt fait de s'abattre sur eux. Mais pourquoi attendre ?

- Vous n'êtes pas venus discuter, n'est-ce pas, s'impatienta l'ensorceleur, sur le ton de l'accusation.

Il gardait en main, prélevée discrètement de sa sacoche, la petite fiole qui lui servait à incanter son sortilège le plus puissant ; la lame de glace dont presque tous ses collaborateurs avaient désormais gouté la morsure. Les minutes s'égrenant, il devenait évident qu'on retardait leur départ. Le convoi ne devait plus être loin ; ceux-là étaient chargés de gagner du temps pour permettre l'embarquement.

Murdock, pour une fois, était totalement d'accord avec Kald. Visiblement, il était le seul à avoir compris la situation. Plus ils perdaient du temps, plus la caravane s'éloignait et le piège autour d'eux se refermait. Murdock, avec un calme non feint et la certitude que Torm guidait ses intentions, se levait, son épée toujours en main.

Avec précaution, il se positionnait à distance de charge du chef des Malarites, près à agir. Il se doutait que le chef était la cible prioritaire à abattre en cas de combat. En se positionnant, il faisait quelques moulinets avec son épée pour éprouver sa tenue et voir comment les hommes allaient réagir en face.

- Et, pour compléter les propos fort justes de mon ami, je vous précise que je ne suis nullement impressionné par votre attitude et j'ai encore moins peur de vous. Vous n'êtes là que pour nous retarder et éventuellement blesser ou tuer quelqu'un d'entre nous.

Murdock prenait position, prenant soin de mettre sa monture derrière lui et sans gêne pour atteindre sa cible.

- Sachez que si l'on me cherche querelle, je peux être plus terrible que la Reine Garce en personne et un traqueur sait, normalement, lorsqu'il est plus sage de remettre une chasse à plus tard à moins qu'il ne veuille rejoindre le royaume de Kelemvor. Pour l'instant, vous avez encore le choix.

En faisant cela, Murdock faisait comprendre à Kald qu'il avait la même impression que lui tout en espérant éveiller l'attention de ces camarades.