Un petit boulot facile

Kython, VI 1373
Temps : Ensoleillé
Heure : Milieu de journée

Chapitre 1

Recit Stor, Thojan, Kuan,

Le voyage arrivait à sa fin et enfin on commençait à distinguer les portes de la ville, plusieurs caravanes et autres marchands ambulants faisaient la queue sur la route menant aux remparts. Il ne leur fallut d’ailleurs pas très longtemps pour se retrouver coincés par d’autres marchands qui continuaient d’affluer avec leurs marchandises vers les portes de la ville.

Certains de ces commerçants itinérants, s’étaient carrément installés de part et d’autre de la route créant une sorte de marche en plein air. On pouvait y trouver des vendeurs de toutes sortes, fourrures, alimentation, armes et même certains articles plus exotiques. Un peu plus loin certains marchands avaient même établi leurs tentes et semblaient s’être installés pour un bon moment.

Bartos, se tourna vers Miras et lui demandât d’aller se renseigner, il semblait étonné de voir tout ce tumulte devant les portes de la ville. Miras lui aussi semblait assez confus et après s’être entretenu avec quelques commerçants, il revint vers le groupe avec des informations sur la situation. Il y avait quelque chose de changé dans le ton de sa voix et la couleur de son visage avait viré au blanc le plus pâle.

Entre temps une patrouille de gardes en armure, semblable à celle de Bartos, se baladait entre les différents convois en examinant les marchandises et fournissant des passes aux marchands possédant des denrées strictement nécessaires. Pour ceux dont les marchandises n’étaient pas essentielles, ils leur demandaient tout simplement de quitter la route et d’attendre sur le côté, pour libérer le chemin menant aux portes de la ville. Ils allaient bientôt examiner le chariot de Miras.

- Les amis, les portes de la ville sont fermées pour une durée indéterminée, selon les dires le grand prêtre de Helm aurait été empoisonné et la cause serait… il sembla de décomposer devant la troupe, une ingestion de champignons venimeux comme ceux qu’on transporte en ce moment même…

Les soldats n’étaient plus qu’à quelques mètres du chariot et pendant que deux gardes fouillaient le convoi stationné devant celui de Miras les trois autres s’approchaient du votre, l’un d’entre eux vous interpella d’une voix autoritaire.

- Halte là voyageurs, je sais que votre route a dû être rude mais pour l’instant la cité est fermée nous vous demandons de vous mettre à côté de votre chariot et de me dire ce que vous transportez ! Restez tranquilles le temps qu'on ait fini de fouiller votre chariot.

Les deux autres gardes vous regardaient fixement et avaient leur main posée sur le pommeau de leurs épées. Miras sembla rapetisser et se cacha derrière Bartos, qui prît la parole.

Bartos

- Bonjour camarade, dit Bartos en enlevant son casque, j'escorte personnellement ces marchandises et ce convoi est sous ma responsabilité. Tu peux nous faire passer les portes un peu plus rapidement et te passer des formalités? -------------------- Cet homme à l'aspect aguerri, semble capable d'affronter n'importe quel danger. Derrière son casque il a l'air d'observer continuellement vos moindres faits et gestes. Sa voix est toujours calme et autoritaire comme s'il avait dirigé des hommes durant toute sa carrière au sein de la garde d'Elturen.

Le chef de patrouille déglutit sa salive en apercevant l'homme sous le casque, il semblait intimidé par la présence de Bartos.

- Je suis désolé mon capitaine je ne vous avais pas reconnu avec votre casque, cependant je suis embêté les ordres sont clairs je dois fouiller chaque chariot sans exception. Cependant, je demanderai à mes hommes de n'ouvrir qu'une seule caisse afin de ne pas vous faire perdre trop de temps.

La renommée des champignons poussant à proximité de Brost était telle que les marchants n'hésitaient pas à parcourir des distances incroyables pour s'en procurer et Miras ne faisait pas exception à la règle, mandaté par un noble d'Elturel pour honorer une commande particulière.

Pourquoi le dénommé Rik de la Tour était-il prêt à dépenser une petite fortune pour de simples champignons et que comptait-il réellement en faire ? Ce n'était peut-être pas la peine de flairer un mystère là où il avait que la volonté de trouver des ingrédients rares et savoureux pour donner du goût à une omelette mais Stor s'était senti le besoin d'aller vérifier cela par lui-même. Et, à défaut de démanteler un sordide complot, ce serait l'occasion de découvrir une cité qu'il ne connaissait pas et d'y trouver l'inspiration pour de nouvelles complaintes.

L'avantage (ou l'inconvénient selon le point de vue) lorsque vous voyagez avec un barde, c'est que vous avez la certitude que vos oreilles ne seront jamais au repos. Entre les chansons braillées à tue-tête sur le chemin et les mélodies plus douces des veillées nocturnes, le trajet était égayé par un océan de musique. D'ailleurs, le hin en profitait pour apporter les dernières touches à l'ode épique qu'il composait pour vanter sa bravoure (et accessoirement celle de Thojan) lors de leur dernier démêlés avec le Culte du Dragon, ode qu'il tint absolument à faire entendre à un auditoire résigné à défaut d'être admiratif.

- Dans le bois de Brost, le mal se terrait,
Rampant sournoisement dans le moindr' bosquet.
Tout autour de nous, partout est l'danger :
Culte du Dragon, spectre et arbre affamé.

- Plus moyen d'cueillir le moindr' champignon
Sans risquer de subir blessures et orions.
Pourtout dans les bois, le mal est caché :
Culte du Dragon, spectre et arbre affamé.

- Le prêtre avalé en guise de goûter,
notre tendriculaire l'a vite recraché.
Laissant derrière nous cet énorme tronc
Rest'à affronter spectre et Culte du Dragon.

- L'Ombre de la nuit planait dans les branches
engloutissant la vie des êtres qui flanchent.
Devant Oz'yssmyr, le spectre se morfond.
Au final ne reste que le Culte du Dragon.

- Déjouant l'embuscade de ces trois scélérats,
l'ennemi fut vaincu dans un rude combat.
Le danger rôdant relève du passé :
Culte du Dragon, spectre et arbre affamé.¹

Fort heureusement pour les oreilles maltraitées de ses compagnons, le voyage touchait à sa fin et la ville fortifiée d'Elturel était en vue. Y entrer ne semblait pas se faire si naturellement que ça à en juger par les embouteillage qui se formaient à ses portes. Munie d'instructions précises, la garde fouillait d'ailleurs les différents chariots. Était-elle à la recherche de ces mystérieux champignons qui auraient empoisonné le prêtre de Helm ? En tout cas, Miras paraissait bien le croire à en juger à sa mine décomposée, craignant visiblement que sa cargaison ne devienne suspecte au point de le rendre complice de l'empoisonnement.

La conscience tranquille, Stor regardait les gardes approcher. Après tout, il n'était qu'un innocent voyageur ayant cheminé avec le commerçant et n'avait rien à voir avec les marchandises transportées. Néanmoins, toujours curieux, le hin s'approcha d'un des soldats restés en arrière et s'enquit de l'objet de la recherche et de la raison qui motivait de telles mesures de sécurité.

¹ : tentative maladroite de glisser des paroles sur une musique fétiche de Thojan, la Soviet March de Red Alert 3.

Thojan avait subi toute l'élaboration du chant, strophe par strophe, depuis leur lent retour à Brost. Il avait fini par l'accepter au titre de chanson de marche, son rythme entraînant lui revenant même régulièrement en tête ces derniers mois. La chanson l'ennuyait, le décrivant comme un vulgaire encas, mais avait le bon côté d'entretenir son humilité. Il ne fallait pas négliger un tas de compost frémissant en pleine forêt. Sitôt revenu à la civilisation, le prêtre rescapé avait mis un point d'honneur à se documenter sur de telles créatures, et leurs caractéristiques. Comme l'aimait le rappeler le docte dévot, chaque bribe de savoir était une pierre dans le rempart contre le Mal.

Personne n'aurait jamais dit de Thojan qu'il s'adoucissait en vieillissant, mais il avait fini par accepter Maître Stor comme un digne compagnon de voyage. Bien sûr, c'était un jeune halfelin assez volage, qui parlait encore plus que lui, mais il chantait juste et était honnête. C'était tout ce que pouvait demander un tormtar sur les routes, à défaut de partager ses idéaux. Malgré cela, le prêtre gardait toute sa formalité et continuait à le vouvoyer. En fait, Stor ne l'avait jamais entendu tutoyer quiconque sorti de l'enfance. Au moins étaient-ils passés de "Messire Thojan Ralwens" et "Maître Stor Mousseracie" à leurs prénoms respectifs.

Leur nouveau compagnon n'avait partagé que quelques jours avec eux, et pas davantage de conversations. Thojan n'avait pas souvent rencontré de martiaux mystiques, et il ignorait tout de leurs modes de vie. Celui-ci paraissait particulièrement calme et silencieux.

Arrivés à leur destination, ils furent arrêtés aux portes pour une fouille en règles. Ce fut donc avec la plus grande surprise que Thojan entendit le Capitaine Bartos demander à en être dispensé. C'était là une attitude bien peu régulière, et le prêtre choisit de prendre le marchand à part et de jouer sur son angoisse pour en apprendre davantage.

– Dites moi, Maître Miras. Vous nous aviez raconté que le capitaine Bartos faisait partie de la cavalerie de l'Elturel. Pour quelle raison a-t-il changé de carrière ? A-t-il reçu une blessure qui l'a empêché de poursuivre le service actif ?
– …

Thojan n'était jamais très confortable à cheval, et dut reprendre en mains sa monture qui commençait à s'éloigner de celle du chef de caravane. Il avait une autre question à poser au marchand:

– C'est bien malheureux, cet empoisonnement. Il est compréhensible que votre caravane paraisse suspecte. Vous n'avez vraiment aucune idée pour laquelle le sire Rik voudrait importer de tels champignons ? Quelques-uns, à des fins botanistes, passe encore, mais tout un chariot ?

Jets de Social, Psychologie, au besoin

Kuan Shen-li, même si la vie au monastère ne le déplaisait pas, aspirait à une vie de voyage. La vie c’est le mouvement. Il était toujours volontaire pour accompagner Cycas lors de ses pérégrinations commerciales. Quelques parts ils avaient tous les deux la même philosophie de vie. Le commerce était avant tout un prétexte pour Cycas de voyager tandis que celui d’être le garde du corps de Cycas l’était aussi pour Kuan.
Le guerrier de l’Orient inspirait en général plusieurs sentiments parfois opposés par son côté exotique et mystérieux. Certains s’en méfiaient jusqu’à le prendre pour un fou tandis que d’autres étaient intrigués par ses différences.

Il n’avait pas la conversation facile. Jamais un mot de trop. Il était celui qui écoute que plutôt que celui qui parle. Et avec le ménestrel Stor, le petit homme comme il l’appelle dans sa telle parlait au moins pour quatre. Son visage qui avait en général une expression plutôt neutre montra une certaine désapprobation en écoutant l’ode épique du barde. Ce n’était vraiment pas prudent ou malin d’évoquer le Culte du Dragon comme il le fait. Et cela méritait suffisamment son attention pour que celui s’aventurer à lui parler pour le mettre en garde.

- Petit homme, tu devrais réfléchir à deux fois avant d’évoquer le Culte du Dragon comme tu le chantes. Le culte est connu pour sa fourberie. Tu ne veux finir mort empoisonné avec ton repas ou la gorge tranchée dans ton sommeil ?

En parlant de poison, leur arrivée fut bloquée devant les portes de la ville. C’était en fait très fâcheux qu’un grand prêtre de Helm fut empoisonné. De nombreux membres de son monastère des Neuf Portes ont comme divinité Helm car il incarne des valeurs de loyauté et de force de caractère. Kuan est aussi religieux mais adresse ses prières au bureau céleste en suivant la religion du Sentier de l’illumination. L’honneur et le devoir sont donc les maîtres mots de sa religion qui finalement à de nombreux communs avec celle de Helm. L’usage du poison, une perfidie dans l’esprit du Shou, avait donc attiré toute son attention. Il trouvait étrange que les gardes fouillent maintenant les entrants alors que le mal était fait. Il aurait été plus logique de surveiller ceux qui voudraient plutôt fuir la ville car cela pouvait se comprendre après avoir commis un tel méfait. Comme à son habitude, il resta totalement impassible et silencieux. Il y avait déjà des personnes plus qualifiées et charismatiques comme le prêtre de Torm pour entamer des négociations. Kuan aimait bien ce jeune prêtre qui maniait aussi bien la parole, les connaissances que son épée, tout en respectant une certaine dignité et droiture même si parfois mis à mal par son compagnon barde mais il n’y avait rien de méchant à cela.

Kuan prit le temps d’observer la réaction dans les visages de chacun pour vérifier qui serait le plus perturbé ou inquiété par cette fouille, comme quelqu’un qui aurait quelque chose à se reprocher. Il s’intéressa tout de même à ce que le convoi qu’il accompagnait pouvait bien transporter. Il avait entendu parler de champignons mais cela méritait une meilleure précision.




Détection de comportements suspects. Connaissance de la nature pour avoir des informations sur les champignons

- Il m'a commandé plusieurs sortes de champignons les uns sont assez connus pour leur utilité afin d'améliorer les capacités mentales de celui qui les ingère et les autres... Miras parût trembler de tout son corps avant de finir sa phrase par quatre mots qui semblèrent lui écorcher sa bouche en les prononçant, sont tout bonnement mortels.

Je pensais, qu'il voudrait s'en servir pour la chasse, afin d'empoisonner des flèches, beaucoup de riches s'en servent pour cela. Ils n'ont qu'à effleurer la bête et ça la tue en quelques minutes. Ainsi même des très mauvais tireurs arrivent à se faire un beau tableau de chasse, ils peuvent ainsi s'en vanter lors de leurs soirées privées, cela émoustille les femmes de la haute sphère. C'est un moyen de tricherie assez courant qui se vend à prix d'or sur le marché noir…

Miras n'eût le temps de finir son explication que déjà le garde montait dans le chariot. Stor en attendant la fin de la fouille s'était approche d'un des gardes qui lui fit signe de se tenir à distance. Mais il eût tout de même droit à une brève explication de la part du garde en question.

- Nous fouillons tous les chariots et personnes voulant entrer dans la cité. Il y a eu quelques attaques contre l'église de Helm ces derniers jours et actuellement le grand prêtre Bereld le juste est entre la vie et la mort pour cause d'empoisonnement. La magie à réussi à bloquer l'avancée du poison et il devrait s'en tirer mais la cité reste en état d'alerte.

Ce fut Bartos qui répondit à Thojan car Miras semblait sur le point de rendre l'âme...

- Je n'ai jamais été blessé grièvement, j'ai juste atteint l'âge auquel on nous permet de nous retirer de la garde. J'ai donc décidé d'offrir mes compétences au plus offrant.
Il semblait bien que Bartos n'avait pas envie d'expliquer la vérité sur le pourquoi de son choix et on aurait dit qu'il ne voulait pas qu'on en sache plus sur lui du moins pour l'instant...

Peu après le garde sortit du chariot le visage qu'il affichait semblait dur et cachait mal la colère qui le contrariait.

- J'ai trouvé du ténébreux saisissez-les. Ces quelques mots ne suffirent pas à Kuan pour se faire une idée du type de champignon que transportait Miras.

Les cinq gardes tirèrent leurs armes à l'unisson, ils réagirent à une vitesse impressionnante, Bartos sortit lui une épée longue au métal noir comme l'ébène et durant un court instant les hommes reculèrent d'un pas. Puis l'ancien capitaine jeta son arme à terre avec un sourire qui ne montrait aucune crainte et mit un genou au sol. Miras lui se roula parterre et commença à pleurer à chaudes larmes.

- Vous trois qui les accompagniez jetez vos armes au sol et suivez nous sans grabuge il en va de votre vie!! Les gardes avaient formé un cercle autour des trois aventuriers et semblaient prêts à les pourfendre à la moindre résistance de leur part.

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Privé
Kuan Shen-li - Jet de compétence : Connaissance (nature) : 1(d20) +4(deg) +2(Int) = 7 vs DD16 ~ Echec

Enregistré et public
Kuan Shen-li - Jet de compétence : Connaissance (nature) : 1(d20) +4(deg) +2(Int) = 7 ~ Echec

Le tormtar s'attendait un peu à la réponse du marchand, moins à celle de l'ex-cavalier des enfers. Il n'avait entendu que la réputation de ces cavaliers formidables, sans démêler le faux du vrai, mais il suffisait d'être rentré dans la sphère d'influence de la cité pour réaliser qu'ils faisaient bonne garde. Depuis plusieurs dizaines de kilomètres, au sud de la Chionthar, la caravane avait croisé des fermes aux haies bien entretenues, avec du bétail paissant librement. Au-delà de la portée des cavaliers des enfers, le paysage était enbuissonné et vierge de bâtisses esseulées.

Difficile de croire qu'un homme qui avait été capitaine dans un tel corps d'armes l'avait quitté sans retour après quelques années de service. Pour se faire mercenaire, qui plus est. Thojan n'avait pas d'affection pour des soldats capable de se vendre au plus offrant, et il ne cacha pas sa désapprobation cette évocation.

Quand le garde annonça la découverte de champignons suspects, Thojan observa les réactions de chacun, puis descendit de sa monture.

– Nous n'avons rien à voir dans ce commerce. Je prierai pour le rétablissement de l'Œil d'acier, et j'espère le rencontrer dès que possible.

Le prêtre de Torm ne s'était pas présenté comme tel, mais avait évoqué le titre honorifique des supérieurs de l'Eglise de Heaume, et la raison de sa venue à Elturel. Il se défit de son ceinturon et le tendit de la main droite, montrant ainsi qu'il n'avait pas d'intention de se servir de ses lames. Même s'il était normal pour tout un chacun de porter un couteau, il avait compris les demandes des gardes, s'étant lui-même trouvé dans le même genre de situation en tant que milicien. Il invita ses compagnons à obtempérer en annonçant une évidence qui semblait tout signifier à ses yeux.

– Ces hommes font leur devoir. Nous sommes prêts à vous suivre…

Ces hommes font leur devoir. Oui certes mais le guerrier de l’Orient trouvait que les gardes manquaient une très grande déférence envers le prêtre de Torm et leur ancien capitaine. Il manifesta sa désapprobation que par un mouvement de cils à peine perceptible. Kuan Shuan-Li était du genre peu expressif quoiqu’à l’idée que les gardes lui confisquent son arc, il avait un regard encore plus noir qu’habituel. Ils avaient intérêt à en prendre soin. Son arc était comme un prolongement de son être et son âme. Si l’un des gardes avait le malheur de l’abîmer, cela reviendrait à lui faire un outrage.

D’un autre côté, il comprenait la gravité de la situation et ne doutait pas que les soupçons seraient vite balayés d’un revers de main. L’ennui c’est que le vrai coupable allait peut être profiter de cette arrestation pour se faire vraiment la malle.

Il porta ses mains au ciel pour montrer qu’il n’avait aucune intention belliqueuse en retirant ensuite calmement son arc et son carquois avec une infinie lenteur. Il trouvait les gardes bien trop nerveux, capables de commettre l’irréparable à la vue d’un geste qui pourrait être mal interprété. La prudence était donc de mise.

Dans quoi s’était-il embarqué ? Il n’aimait guère que son honneur soit bafoué en le faisant passer pour un empoisonneur. Il n’avait pas l’intention de se mêler de cette histoire mais par la force des choses il sentait qu’il n’aurait pas le choix.

Le prêtre avait tout dit. Il resta comme à son habitude des plus silencieux, lâchant seulement un énorme soupir. Il n’y avait plus qu’à attendre la suite des événements et espérer qu’un homme responsable prenne conscience de la gravité et de la bêtise d’accuser un prêtre de Torm…

La surprise et l'incrédulité qui se lisaient de façon aussi visible sur le visage du halfelin plaidaient sans nul doute pour son innocente. Néanmoins, Stor était un troubadour et tout, tant dans son attitude que dans son accoutrement, confirmait cette activité, aussi n'y eut-il rien de surprenant que ses mimiques n'émussent pas les gardes.

Avec un soupir à fendre le cœur, manifestation bruyante de sa vertu offensée, le hin obtempéra également aux injonctions des soldats, appuyées par les recommandations de son compagnon Thojan. De toute façon, que faire d'autre ? Même innocents des crimes dont on les soupçonnait, ils n'allaient pas affronter les hommes d'arme. Ils étaient, en effet, beaucoup plus sage - même si sagesse et Stor font rarement bon ménage - de faire confiance à la justice d'Elturel et de se disculper aisément lorsqu'on pourrait converser de façon beaucoup plus apaisée.

Défaisant également la ceinture supportant son épée et sa dague et y joignant son arc et le carquois de flèches, Stor hésita un instant sur la conduite à tenir. Il n'avait nulle envie de jeter ses armes à terre comme il le lui était ordonné mais il était tout disposé à les remettre à un des gardes aussi, à l'instar du prêtre, les tendit-il devant lui, attendant qu'on veuille bien l'en débarrasser.

De toute façon, l'arme principale d'un barde n'est pas constituée d'acier et de bois mais d'une matière beaucoup plus organique et tant qu'on exigeât pas qu'il se coupa la langue, il ne voyait pas pourquoi il opposerait la moindre résistance.

Kython, VI 1373
Temps : Ensoleillé
Heure : Soirée

Recit Stor, Thojan, Kuan,


La patrouille confisqua les armes et conduit le petit groupe et le chariot à l'intérieur de la ville.
Une fois les portes passées deux gardes se postèrent devant le chariot et les trois autres derrière. Puis ils avancèrent tous dans cette formation le long de sinueux chemins contournant le labyrinthe de maisons du quartier marchand.
Ils tournèrent rapidement vers l'ouest pour tomber devant une zone boisée et libre de constructions, des cours d'eau contournaient ce vaste jardin pour atteindre la rivière Chionthar au Sud.

Ils empruntèrent donc une route pavée bordée d'arbres aux bordures fleuries ils eurent à traverser un pont pour continuer leur route vers le sud pendant un bon quant d'heure. Ils purent apprécier les bâtisses qui changeaient pour laisser apparaître des bâtiments et des maisons en pierre plus imposants. Des citoyens, de haut rang à juger par leur habits, les observaient depuis leurs balcons et semblaient se poser des questions sur la présence de ce convoi dans cette zone de la ville.

Ils arrivèrent bientôt au cœur de la ville, ils purent comprendre assez facilement que l'accès à ce quartier était restreint vu le nombre de gardes qu'ils croisèrent.
Le haut salon du chevalier Dhelt dominait la citée, cette zone de la ville était à ne pas en douter la plus riche. La bâtisse du seigneur se trouvait tout en haut de la colline de pierre au milieu du quartier. D'en dessous de cette colline surgissaient des nombreux ruisseaux formant de cascades pour joindre le cours d'eau qui fournissait en eau potable toute la ville.

Les gardes s'arrêtèrent devant une très belle bâtisse de pierre blanche, les lierres escaladaient la façade jusqu'aux fenêtres aux vitres multicolores. Au dessus de la porte d'entrée sur une pancarte en bois, de noyer, on pouvait lire maison Hondakar. Les gardes sans un mot rendirent les armes aux aventuriers et à Bartos qui ne semblait pas du tout étonné de leur geste. Miras lui affichait une totale incompréhension mais était tellement apeuré par la situation qu'il ne dit pas un seul mot.

- Capitaine, ils vous attend à l'intérieur nous on restera ici garder le chariot.

Bartos

- Allons-y ne faisons pas attendre Orsar. L'ancien capitaine poussa la porte de ce qui semblait être une taverne luxueuse et fit signe aux autres de le suivre. -------------------- Cet homme à l'aspect aguerri, semble capable d'affronter n'importe quel danger. Derrière son casque il a l'air d'observer continuellement vos moindres faits et gestes. Sa voix est toujours calme et autoritaire comme s'il avait dirigé des hommes durant toute sa carrière au sein de la garde d'Elturen.

Une fois à l'intérieur ils purent comprendre que la grande salle avait été privatisée car personne ne se trouvait à l'intérieur. D'ailleurs cela ressemblait plus à une auberge qu'a une taverne car aucun tonneau ni bouteille était visible sur le comptoir. Ils devaient juste louer des chambres et servir des repas sur place mais l'alcool semblait proscrit.

Les tables avaient été poussées vers les murs pour faire de la place et seulement une table se trouvait au milieu de la pièce. Bartos fit signe à tout le monde de s'asseoir puis il prit la parole.

- Orsar comptes-tu rester là ou vas-tu nous dire enfin de quoi il s'agit.

Un rire se fit entendre dans la pièce et une des chaises sembla bouger toute seule pour se situer autour de la table...

Légèrement surpris, Stor fronça les sourcils lorsqu'on leur restitua leurs armes mais son étonnement se transforma vite en admiration devant la mise en scène. En comédien accompli, le barde ne pouvait s'empêcher d'apprécier le magnifique jeu d'acteur des gardes qui les avaient traité comme des criminels pour mieux les faire entrer en ville.

Le halfelin lança un petit regard en coin à Bartos qui, contrairement à son employeur, semblait parfaitement à l'aise, ayant même, visiblement, anticipé ce "retour en grâce".

- Que se passe-t-il ? s'enquit-il tout en bouclant sa ceinture autour de sa taille. Ce genre de procédé est-il courant par ici ?

De toute façon, ils n'allaient certainement pas tarder à en apprendre davantage. Tout dans ce décorum trahissait un désir de discrétion la plus absolue, ainsi qu'un soucis de mise en scène qui pouvait sembler un peu superflu.

Culte du secret, goût du mystère et volonté d'impressionner son auditoire, tout cela laissait supposer la présence d'un membre influent de la ville, un magicien très probablement. Tout en s'asseyant, Stor fouilla dans sa mémoire pour essayer de retrouver s'il avait déjà entendu le nom d'Orsar, mentionné à l'instant par Baros.

Si l'instinct du petit-homme ne se trompait pas, on était sur le point de requérir leur aide pour une affaire relevant de la sécurité de l'état...

Savoir bardique pour en apprendre le plus possible sur Orsar.