Chapitre 1 bis : Apocalypse Dreams

Un flottement certain avait suivi le bref affrontement qui avait permis de sécuriser cette caverne circulaire. Après s'être assurés qu'aucune mauvaise surprise ne risquait de surgir dans leur dos, les aventuriers en étaient naturellement venus à la conclusion qu'il leur fallait poursuivre leur avantage. Pour cela, il leur fallait, sans tarder, prendre d'assaut le retranchement surnommé "le balcon" par Jafert. Si l'objectif était clairement identifié, les façons d'y parvenir divergeaient fortement.

Encore une fois, l'absence de leadership, reconnu et accepté, se fit jour, chacun y allant de ses conseils et injonctions. Toujours partant pour une bonne baston, Falrin ne demandait qu'à se jeter dans la mêlée, quitte à y être propulsé - sans, toutefois, y être lancé - par des mains amies et vigoureuses. Hélas, comme le fit remarquer, avec raison et impatience, Kald, le nain pesait son poids et, à moins d'installer un palan, il allait être compliqué de le hisser jusqu'à la corniche, d'autant que l'agilité était loin d'être la qualité principale du suivant d'Haela.

Finalement, l'utilisation des caisses et tonneaux stockés dans le réduit s'avérait indispensable. Alors que tout le monde s'afférait, des cris se faisaient entendre de nouveau, provenant du "balcon".

Vhitvet', dvet'fvet'ndrvet' ! Prtotvet'gvet'r lvet' trvet'wator !

Espérant que la perte de temps due à leur indécision initiale ne leur soit pas trop préjudiciable, les aventuriers, transportaient, le plus rapidement possible, tout ce qui pouvait leur permettre de constituer un escalier improvisé. Et il y avait vraiment de tout dans ce débarras, à la fois réserve de nourriture et salle aux trésors pour y stocker le fruit des divers larcins des taslois. Les malles et les différents ballots étaient estampillés des marques des principales compagnies marchandes des Terres de l'Intrigue. Commerçants téthyriens et caravaniers amniens y étaient majoritaires mais un tonneau renfermait également quelques succulents tadjanis¹, met de choix originaire du Calimshan, soigneusement conservé dans un mélange d'épices et de vinaigre.

Piétinant sans vergogne quelques livres jetés à terre, Iskender, Peurinn et Jafert s'échinaient à transporter les caisses. Falrin n'était pas en reste, portant, seul, à bras le corps, un énorme tonneau qui déposa au pied de la paroi, ne se laissant même pas ralentir par le délicat coffret contenant des cigares de la lointaine Chult, coffret qu'il écrasa de sa botte décidée sans y prendre garde.

Alors que Jeanne s'efforçait d'organiser un peu toute cette débauche d'énergie, Kald se tenait un peu à l'écart, gardé par un Kimo attentif. L'examen rapide de la fiole ramassée ne lui avait pas appris grand chose. Si un peu d'humidité était encore visible sur les parois du récipient, bien malin aurait été celui qui aurait pu identifier ce liquide et, d'ailleurs, était-ce bien un liquide ou juste une vague trace de condensation qui subsistait encore ?

Enfin, un bric-à-brac de caisses, tonneaux et malles divers fut enfin érigé le long du mur, donnant ainsi accès à l'étage supérieur. Pestant devant cet excès de prudence qu'il jugeait excessif, Falrin laissa néanmoins ses compagnons vérifier la solidité de l'échafaudage avant de le gravir, aider en cela par des mains secourables, visant à lui faire garder son équilibre. L'épisode du vol plané sur la planche y était-il pour quelque chose dans cette sollicitude ?

Toujours était-il que le nain, après avoir escalader, tant bien que mal, l'escalier improvisé, put enfin prendre pied sur le balcon, écartant le plus possible les branchages enlacés qui formaient la barricade afin de faciliter l'accès au reste du groupe. Alors qu'à ses pieds, le cadavre d'un tasloi gisait dans une position grotesque, le visage bleu de froid, une poignée de ses congénères s'était rassemblée courageusement devant lui en brandissant leurs armes afin de lui interdire le passage. Avant même que le prêtre ne puisse réagir, une des créatures s'élança à l'attaque, une longue planche pointée droit devant elle, telle une lance destinée à transpercer son adversaire ou, du moins, à le repousser en arrière pour l'éjecter du "balcon". Pris par surprise, Falrin n'eut pas le temps d'éviter ou de parer le choc, frappé à l'estomac par ce morceau de bois. Fort heureusement, si la masse du nain l'avait empêché d'être hissé jusque là par la seule force de ses compagnons, elle lui permit sans difficulté d'absorber le coup. Fermement campé sur ses jambes, Falin eut un éclat de rire lorsque la planche explosa à l'impact avant de frapper son assaillant d'un revers de sa lourde hache, l'étendant mort à ses pieds.

Se portant en avant, le nain dégagea le passage, permettant ainsi au reste du groupe de le rejoindre. Alors que les combattants armurés faisaient front commun, Iskender, toujours pratique, repéra une échelle en bois, posée à terre à proximité du bord. Sans perdre de temps, il la fit basculer le long de la paroi, fournissant ainsi un nouveau moyen de franchir cette obstacle si, par hasard, Jafert et Kald se décidaient à venir les rejoindre, Kimo pouvant tout à faite emprunter l'empilement de caisses et de tonneaux, si toutefois son maître envisageait de l'appeler à la rescousse.

Le balcon² était une petite grotte vaguement circulaire, de six mètres de diamètre et trois paillasses en jonchaient le sol. Deux couloirs en partaient, un pile en face des aventuriers, et un autre, plus étroit, sur leur droite à deux mètres d'eux. Visiblement pris de court par la violence de l'attaque, quatre taslois s'étaient regroupés en tremblant devant la galerie la plus au fond. Armés d'épées qu'ils brandissaient d'un air hypothétiquement menaçant, les monstres s'efforçaient de faire front, encouragés - et insultés - par les cris de la seule créature revêtue d'une armure grossière.

¹ : le tadjani est un coquillage rare qui ne se développe que dans les eaux chaude du Lac de Vapeur et, pour des raisons inconnus, seulement dans la région de Yeslipek au Calimshan. Toute tentative d'en faire vivre ailleurs a toujours échoué. La plupart des habitants des Royaumes n'ont vu ce coquillage que conservé dans du vinaigre et des épices et ne sont pas conscients des innombrables possibilités culinaires qu'offre ce met succulent. Sources : Empires de la côtes de Scott Haring - ADD 2^ème édition.
² : À défaut de plan, pour essayer de clarifier la description, imaginez une horloge de 6 mètres de diamètre. Votre groupe arrive à 6 heures, par un accès de 3 mètres de large. À midi, l'autre galerie, devant laquelle sont rassemblés les taslois, fait un peu plus de 2 mètres de large, pendant que le dernier couloir se trouve à 3 heures et mesure à peine 1 mètre de large.

La boutade de Falrin, fin connaisseur du plancher des vaches, ne fit pas se décrisper les traits durcis par la colère de l'ensorceleur. Ayant toujours exercé une irrésistible fascination sur les êtres qui l'entouraient, Kald n'était pas habitué à ce qu'on lui résiste, encore moins à ce qu'on le défie : souffrir l'incessante contradiction des uns et des autres l'exaspérait. Peut-être ne tarderait-il plus à faire parler le Froid de sa Dame à sa place.

- Puisse Saukuruk vous entendre, siffla-t-il entre ses dents, jetant négligemment la fiole qu'il tenait sur un amas de détritus avant de s'éloigner.

Adossé contre une paroi rocheuse, il couvait d'un regard funeste le chien du forestier. Ce lâche avait fait la sourde oreille, il ne perdait rien pour attendre... De temps à autre, le jeune Sossrim levait les yeux sur les trouvailles de ses collègues, mais seuls les livres dont ils piétinaient négligemment la couverture retinrent véritablement son intérêt. Cela attendrait.

L'escalier de fortune érigé, le nain s'aventura à l'étage où il fut accueilli avec perte et fracas. Les piaillements craintifs et hargneux des taslois redoublèrent d'intensité quand Jeanne et Iskender gonflèrent les rangs. Tout serait-il fini avant que lui et Jafert aient gravi l'échelle ?

’échafaudage construit s’était révélé utile. Falrin, Jeanne, Peurinn et Iskender purent monter sur le « balcon ».
Iskender arriva juste à temps pour voir Falrin se jouer d’un Tasloi qui le chargeait avec une planche et l’expédier ad patres d’un simple revers de sa hache. La confiance qu’il avait dans les capacités guerrières du nain en était renforcée.
Ayant vu une échelle, dont se servaient les Taslois pour monter, Iskender la bascula pour permettre à Jafert et à Kald de monter plus facilement.
Son chien pouvait toujours utiliser les tonneaux et caisses pour monter : il n’aurait aucune difficulté à le faire étant donné que le nain, qui n’était pas d’une agilité particulière, avait réussi à passer.
A la vue des quatre Taslois restant, Iskender se dit qu’ils étaient plus nombreux que ce qu’il pensait compte tenu du nombre de morts que leur groupe avait déjà eu.

¤ Peut-être il y en a-t-il encore d’autres plus loin, ou dans cette galerie à droite ? ¤

Iskender se mit à la droite du groupe, un peu en retrait pour laisser les meilleurs combattants charger en premier. Il se gardait aussi de la petite galerie de droite, redoutant qu’un Tasloi (ou plusieurs) en sorte pour les attaquer de flanc.
Il attendait le signal de Jeanne pour s’élancer avec le groupe contre les Taslois restants.

Une échelle rudimentaire basculait depuis l’obscurité du balcon puis la silhouette fine d’Iskender se montrait furtivement au-dessus de la barricade avant de disparaitre à nouveau. Jafert saisit les montants de l’échelle avant de commencer une ascension rapide et assurée, peut être les camarades avaient ils besoin de renfort.

Une fois montait d’un niveau, le magicien restait en soutient du groupe, arbalète à l’épaule, la visibilité dans la caverne avait baissé d’encore un niveau. Seule la pierre lancé par Kald émettait une source lumineuse, à quelques pas de la position de Jafert.

Falrin fut le premier à monter et le premier à affronter l'ennemi. Jeanne le rejoignit aussi vite que possible. Le monstre qui s’en était pris au prêtre gisait à ses pieds, la victime de l'arcaniste n'était pas loin. Ses congénères adoptèrent une formation qui, selon Jeanne, se briserait facilement devant un charge valeureuse. Un autre tasloi en armure tentait tant bien que mal d'organiser sa ligne. Bien que savoir qui était le chef du groupe, elle n'avait pas le temps de voire s'il posséder un signe distinctif pour identifier un éventuel rang. Il fallait espérer qu'il ne s'agissait pas d'un énième lieutenant et que de nombreux autres groupes étaient encore cacher dans leur tanière.
Le duo attendit peu de temps avant d'être rejoint par Iskender et Peurrin qui pourrait les soutenir. Jafert et son arbalète s'occupait de l'arrière garde.

- Attendons que Jafert décoche son trait avant de partir à la charge. Maître magicien, à vous l'honneur.

Avec de la chance, le carreau pourrait en éliminer un ou en tout cas affaiblir leur formation. Une fois le trait partis, la paladine chargera l'arme au clair en espérant que ses compagnons la suivent.

Les deux groupes se faisaient face sur le "balcon". D'un côté, le groupe d'aventuriers se tenait prêt à la charge, attendant pour cela que, conformément aux ordres de Jeanne, les arcanistes les rejoignent, de l'autre, une poignée de taslois étaient acculés, n'ayant pour seule issue de fuite que la galerie qui s'ouvrait dans leur dos.

Les deux factions s'observaient lorsque soudain, craignant peut-être de se retrouver en sous-nombre en apercevant la tête, chevelue et barbue, de Jafert apparaitre, les monstres attaquèrent les premiers, profitant de l'attitude attentiste de leurs adversaires. Levant rapidement leur bouclier pour ce protéger, Jeanne et Falrin ne purent faire autrement que d'encaisser le premier choc, grimaçant lorsque la pointe d'une épée trouva le défaut de leurs armures respectives. Les blessures étaient heureusement légères et les combattants purent contre-attaquer, Peurinn et Iskender, en deuxième ligne lors du choc initial, purent également se déployer pour apporter leur aide à la riposte. La hache du nain et la lame de la paladin firent merveille et leurs adversaires mordirent aussitôt la poussière, par contre, la frappe du bucheron ne fendit que l'air et le rôdeur, soucieux de surveiller simultanément la galerie sur sa droite, manquait également sa cible.

Derrière eux, Jafert et Kald, suivis de près par Kimo, atteignaient enfin le "balcon" pour découvrir le combat. À gauche, Peurinn était parvenu à esquiver la riposte du tasloi avant de désarmer le monstre d'un magnifique revers de hache. Voyant cela, Falrin frappa aussitôt la créature de son bouclier, l'assommant pour le compte. Sur le flanc droit, les assauts conjugués de Jeanne et d'Iskender faisaient reculer leur adversaire. Alors qu'il lui portait un coup décisif, le forestier aperçut un mouvement furtif provenant de la galerie qu'il surveillait toujours du coin de l'œil. Faisant face à cette nouvelle menace, il découvrit une araignée velue, de la taille d'un chien, et, juste derrière, un nouveau tasloi dont les grands yeux dorés luisaient d'une lueur malsaine. Harnaché dans une armure qui semblait de meilleure composition de celles de ses comparses déjà occis, le monstre pointa son épée vers Iskender en aboyant un ordre bref. Bien qu'il se soit tenu sur ses gardes, l'homme ne put esquiver l'attaque, sentant les crochets de la vermine se planter douloureusement dans sa cuisse. Alors qu'il ripostait précipitamment, en dépit d'un soudain excès de faiblesse, une détonation se fit entendre.

Indifférent à la présence de ses compagnons, Kald venait d'intervenir avec une froide précision. Son sortilège acheva l'araignée tout en projetant autour de sa cible de minuscules éclats de glace qui vinrent blesser ceux qui se trouvaient à portée immédiate. Encouragé par cet exemple, Jafert tourna son arbalète et décocha un carreau qui se ficha dans l'épaule du gobelinoïde. Poussant un cri de douleur, ce dernier recula bien vite, disparaissant dans la galerie étroite.

Frottant machinalement son bras, là où l'éclat de glace avait mordu sa chair, Jeanne se porta rapidement devant le boyau exigu, plongé dans l'obscurité. Tout au fond, une lueur diffuse était occultée partiellement par le tasloi qui s'enfuyait puis fut clairement visible, une fois la créature passée. Prudente, la paladin hésitait à le poursuivre immédiatement. Le passage était très étroit et allait l'obliger à avancer de biais, sans vraiment savoir ce qui l'attendrait au bout. Malheureusement, seul Kald, et, bien entendu, Kimo ne seraient pas gênés par l'exiguïté de la galerie, ce qui n'était pas l'idéal. Néanmoins, il allait bien falloir prendre rapidement une décision pour éradiquer complétement la menace.

De son côté, Peurinn s'était penché sur le tasloi inconscient avant de se redresser, certain que la créature en avait pour pas mal de temps avant de revenir à elle. Falrin, quant à lui, s'était porté à hauteur du dernier couloir. Fraichement creusé, ce dernier était visiblement en plein chantier et se finissait en cul-de-sac au bout d'une demi-douzaine de mètres.

Bilan de l'affrontement :
3 taslois et une araignée monstrueuse de petite taille sont morts, 1 tasloi est inconscient, 1 autre tasloi est en fuite.
Falrin est à 14/15 PV (-1 PV suite au coup d'épée).
Jeanne est à 9/12 PV (-2 PV du coup d'épée et -1 PV de l'éclat de glace).
Iskender est à 7/9 PV (-1 PV de la morsure de l'araignée et -1 PV de l'éclat de glace). Il a également subi un affaiblissement temporaire de 1 point de force.
Les autres sont indemnes.

L’équipé, après s’être débarrassé des ennemis, devait poursuivre la chasse jusque dans les tréfonds de la montagne. Jafert était un homme du soleil et des embruns même si les voyages en mer ne lui convenaient pas du tout. Par contre s’enfoncer sous terre où l’air pur et la lumière commençaient à manquer ne le rassurait pas. Il ne voulait pas faire faux bond à ses camarades et de toute façons, les guerriers devaient poursuivre l’avancé l’un derrière l’autre dans le boyau se rétrécissant.

Le magicien de petite taille ne voyait même pas ce qui se passait en première ligne où se trouvaient Jeanne et Falrin. Tout d’un coup, un bruit attirait son attention quelques pas à l’arrière, le Tasloi assommé convulsait faiblement dans les graviers. Jafert se mit à genou pour l’observer, les tremblements cessèrent aussi vite qu’ils étaient apparus. Le tavernier sorti de sous sa robe une longue et solide corde de soie pour en attacher les chevilles et les petits poignets de la créature poilu et fétide. Une fois le tasloi ficelé comme un rôti, Jafert rejoindrait le groupe dans l’exploration de la cavité.

Heureux d’avoir poussé sa construction de brics et de brocs, le nain avait pu atteindre le promontoire. Une fois en haut, il ne fut pas déçu ! Le combat tant attendu lui permettrait de rendre hommage à Haela. D’ailleurs les stupides Tasloi pensaient pouvoir faire le poids avec la planchette de bois ramolli. Un bon coup d’abdominaux raffermis à la bière suffit à détruire l’arbre de son courageux assaillant. D’un ferme revers de hache le nain, confirma son assurance en étalant le premier ennemi sans grand effort.

Le temps que la formation se fit, Falrin, fut ravi de pouvoir former le front de ligne avec la Paladine. Vaillante et fidèle à ses engagements, elle n’avait pas dédaigné le rôle. Le second impact fut tout autre, les taslois, ceux encore en vie et donc sûrement plus malins, trouvèrent quelques failles dans les brèches de leur défense. La rage de la honte monta au nez du paysan comme une bonne moutarde fine et forte qui chatouille les narines ! Empoignant sa belle hache, il décida de lui faire gouter la chaire gobelin à nouveaux.

- Ahah courrez, bandes de lâches, Haela saura trouver le chemin de vos chaires !

Après avoir inspecter les deux couloirs, dont le cul-de-sac, il s’exclama de joie :

- On n’est pas bien fort pour s’entendre sur quoi faire ou comment’l’faire mais quand il faut passer à l’action, y’a pas à dire ça fonctionne ! Aller, qui est partant pour se fourrer dans ce trou à rat ? J’irais bien en premier mais si j’reste coincé, on s’ra pas bien avancé !

Il regarda ensuite Iskender, qui avait pris un sale coup dans la cuisse. Falrin aimait la bonne baston, mais il était toujours prêtre et savait bien deux-trois trucs en matière de premier secours.

- Tu tiendras’l’coup ou tu veux qu’j’regarde ça ? Si tu tiens’l’coup et que t’es prêt à y aller, tu pourrais ouvrir la marche. C’est toi el’plus agile, avec Kimo vous ferez un carton. Si t’es pas chaud, j’regarde ce que j’peux y faire.

En se battant contre le Tasloi qui les attaquait Jeanne et lui, Iskender continuait à surveiller la galerie de droite. Bien lui en a pris, puisque de là déboucha une énorme araignée suivit d’un Taloi qui la dirigeait. Alors qu’il réussissait à terrasser son adversaire, l’araignée l’attaqua. Malgré sa vigilante et son écart désespéré, l’araignée réussi à le mordre. Sous le coup de la douleur, et de la surprise, Iskender ne réussit pas à tuer l’araignée et ce fut Kald qui réussit à la tuer en lançant un sort et ce malgré la proximité de ses compagnons. En plus de sa morsure, Iskender reçut un éclat de glace…
Heureusement que le prêtre s’en aperçut et lui proposa de le soigner :

- Merci Falrin de ta proposition. Si c’est rapide, je veux bien que tu t’occupes de moi. Mais il faut en priorité que je suive Kald qui semble vouloir poursuivre le sorcier.

Iskender se mit derrière Kald et Kimo, prêt à les suivre si Kald s’engageait dans la poursuite. Ses blessures le gênaient mais il ne voulait pas laisser Kald aller tout seul, d'autant que, vu l'étroitesse du boyau, les autres aventuriers hésitaient à s'engager.

Le jeune sorcier avait-il remarqué que son glacial sortilège, s'il avait terrassé l'araignée, avait aussi blessé ses collègues ? La satisfaction féroce qui s'était alors peinte sur son visage d'albâtre pouvait laisser dubitatif... Sans le moindre égard pour les blessés, il s'avança vers l'étroit boyau dans lequel s'était engouffré le fuyard. Falrin, Jeanne et Iskender semblaient hésitants : leur forte carrure rendait le passage malaisé, le combat plus difficile encore. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'il était le plus à même de passer sans encombre, étant le seul à pouvoir avancer de front.

- J'y vais, rétorqua-t-il avec une froide résolution après avoir ramassé la pierre qu'il avait enchantée, mais le chien passe devant.

Le ton, sans appel, n'appelait ni réponse ni contestation. Elevant sa torche de fortune à l'orée de tunnel pour en inspecter les hauteurs, Kald s'assura qu'aucune araignée ne fût tapie dans l'ombre, puis jeta la pierre à quelques mètres devant lui. Sa main gauche libérée, il tressa les fils invisibles d'un sortilège en psalmodiant d'une voix grave, presque sépulcrale :

- Anna heidän verensä jäähtyä ja heidän luunsa jäätyä kosketuksestani.

La dernière syllabe prononcée, un halo de lumière pâle et bleutée courut le long de ses doigts jusqu'à son poignet. La sensation devait être agréable : ses lèvres s'étaient étirées en un sourire d'aise et ses yeux pétillaient d'un vif éclat. La caresse glacée de Saukuruk l'avait toujours ravi de plaisir.

- Le chien devant, répéta-t-il avec impatience.

Kald tient son bâton de la main droite (non directrice) et avance en position défensive, derrière Kimo. Sa main gauche (directrice) est monopolisée par le sort "contact glacial". Il frappera le tasloi si un combat s'engage, d'abord en déchargeant le sort, puis avec son bâton.