[Chapitre I] Sur la piste du monstre

Le fleuve coulait tranquillement vers une destinée lumineuse. Étrange, il n’y avait ni ciel, ni terre, qu’un fleuve d’une eau cristalline parmi les milliards d’étoiles de toute sorte sur un fond d’un noir d’encre. Impossible de dire où il était tellement les constellations étaient différentes. Xarss qui s’était depuis sa sortie de l’Outreterre, intéressé aux étoiles et certains regroupements de celles-ci, ne trouvaient aucunement de référence. Était-il simplement quelque part? Tout de sa vision actuelle qui n’avait pas de corps lui prouvait qu’il vivait bien ce qui se produisait. Lorsqu’il tentait de voir ses mains il ne voyait qu’un flou diaphane qui était composé d’amas d’étoile en guise de contour qui devait être ses mains. Était-ce son imagination ou son esprit lui envoyait une image de ce qu’était son ancienne corp.

À bien prendre conscience de l’endroit où il devait être, dans un non-lieu et un non-temps, il réalisait qu’il y avait des milliards d’autre fleuve comme sur lesquels il flottait qui s’entrecroisaient sur un infini presque inimaginable, et ce, dans toutes les directions. Un labyrinthe incommensurablement grand. Il conclut, d’après ses connaissances particulières, qu’il devait faire partie de la toile. Il serait donc au cœur de la magie ou bien c’était autre, un autre inconnu jusqu’à lors, normal, la mort ne se vivait qu’une fois après tout.

Il se sentait toujours aussi bien, d’ailleurs il était dans un état totalement fantasmagorique, merveilleux et il ne pouvait croire à un bien être aussi grandiose. Il aurait dû mourir bien avant cela, c’était si bon, exaltant. Curieux de nature, le drow regardait partout en même temps, ce qui au début, était, disons-le, un brin déroutant d’être apte à tout capter en même temps, de voir sur 360 degrés et percevoir le moindre mouvement et du mouvement, il en avait. Rien n’était immobile, l’ensemble bougeait dans toutes les directions possibles, à s’y perdre au début, mais ce qui semblait être un immense chaos était en fait un grand ordre, une suite définie de mouvement bien orchestré créant dans son tout, une voie linéaire. Oui, il lui semblait avancé en reculant tout en montant dans sa descente. S’il avait pu rire il l’aurait possiblement fait, du moins il en ressentait les effets euphoriques que le moment lui procurait.

La lumière vers laquelle le tout semblait se diriger dans toutes les directions finissait par être plus intense. Une lumière d’opale sublime respirait une eurythmie totale entremêlée d’or, d’argent et d’inimaginables autres reflets des plus spectaculaires. Il lui semblait passer un rideau de perles scintillantes et la musique sublime qui l’avait accompagné jusqu’ici cessait soudainement en même temps qu’il entrevit un être devant lui. Sans équivoque, c’était Vuzelyn Vrammyyr, son géniteur.

Le jeune Xarss n’avait pas souvent eu l’occasion de voir son géniteur, trop occupé à sauver sa vie des griffes de Merenwen Symryvvin, il avait dû couper court sa présence en Outreterre, lui aussi. Donc, ils avaient tous deux cela en commun. Sans comprendre, il sut avec certitude qu’il était tout deux, présentement, dans un monde autre que celle de l’existence Torilienne. Il n’y avait pas de doute, c’était bel et bien Vuzelyn qui de sa dureté du regard fixait sa progéniture. En une fraction de temps incalculé, ils échangèrent sur les études que son feu père avait faites auprès de certains Wyrm et pas n’importe lesquels, le Wyrm qui accompagnait feu Vuzelyn était pour le moins bien différent à ceux rencontrés dans les quelques parchemins dont il avait eu l’occasion d’y entrevoir des aquarelles les représentants. Il était tout simplement le Wyrm des Wyrms, tout comme ce qu’il avait entrevu dernièrement, il semblait être fait d’opales.

Sans temps, l’existence est très différente. Vint même à un moment inexistant ou le dragon d’opale prit une forme humanoïde, du moins c’est se que retenait l’esprit du jeune néophyte Xarss. Il semblait être un demi-elfe roux d’un charisme incroyablement grand. Il arborait un sourire contagieux et lorsqu’il avait approché son énergie de celle de Xarss, il avait ressenti un savoir. Une force inconnue, une discipline plus adéquatement comprise, une façon d’être à devenir, utiliser les ombres à bon escient.
Sans repos, ni existence, sans jours, sans nuit, trouver une ombre dans la lumière est impossible, mais l’impossible dans un monde infini n’existe pas, là où la création à touché de son feu, persiste la volonté de toute chose, le tout dans l’Uns.

L’infini apporte l’oublie du temps qui lui n’existe plus, alors, dans son infini réveil Xarss se perdit allant même à ne plus savoir qui il était réellement. Il savait toutefois qu’il faisait partie d’un tout, qui lui œuvrait pour l’expansion de la force forte de toute chose. Xarss n’existait plus, il vivait éveillé dans toute vie, et ce, dans l’immensité de l’essence mère. Ce qui lui semblait autrefois complexe était maintenant si simple, tellement évanescent qu’il perdit tout contacte sensoriel, baignant seul dans un espace qui lui était propre. Il était là où il devait être.

La journée venait à peine de commencer qu’elle était déjà terminée pour la jeune femme. Dégoulinante de sang, elle peinait a garder ses esprits pour effectuer les diverses actions qu’Elion et elle avait convenu pour vaincre la bête. Elle observait d’un œil inquiet la dépouille de Xarss se disant qu’il ne bougeait que trop peu pour être encore en vie. Elle avait peur pour lui. Restant hors de portée de l’assaillant canin des enfers, elle pu voir la fin du combat quand Elion et son griffon fondirent sur lui pour l’embrocher comme un vulgaire gigot d’agneau.

Cormac se fit plus que pressant pour qu’elle ne se pose, après avoir été lui-même couvert du sang de la jeune femme, et vue son état, elle-même devait se poser pour reprendre son souffle.

Une fois au sol et Cormac auprès de leur infortuné compagnon, Ina repris ne repris pas sa forme humaine. Il serait moins fatiguant pour elle de rester ainsi pour retourner à la ville et surtout elle risquait moins de tomber sur une autre créature dangereuse dans les airs, enfin, selon elle. Elle resta a proximité de Cormac et étudiait avec attention ses gestes. Sifflant rapidement, elle appela sa compagne a la rejoindre. Cette dernière vint se poser sur sa tête. Une mini version d’elle-même.

Laissant Cormac a son idée, il semblait savoir ce qu’il avait à faire, elle s’approcha d’Elion.

-Elion, je…suis désolé d’avoir foncé dans le tas comme ça. J’aurais dû être plus prudente. Sais-tu ce qui est advenu de la femme qui était là à l’instant ? En fonction de ce que Cormac nous dira et de son truc qu’il fait, je ramènerais notre compagnon à la ville par la voie des airs. Je peux déjà faire un tour de repérage pour retrouver tes montures dispersées si tu veux en attendant la suite ? En ce qui me concerne, plus vite on sera à la ville mieux ça sera pour moi. Après un combat comme celui-là, il va me falloir un peu de temps avant de repartir à la chasse. J’espère qu’il y a un temple là-bas.

Elle marqua une courte pause pour regarder le cadavre du chien qui l’avait tellement mis a mal.

-Penses tu qu’il faille ramener ce truc avec nous aussi ? j’aurais aimé en savoir plus sur lui mais je ne souhaite pas faire ça ici…

En attendant les réponses de son compagnon encore debout, elle s’imaginait déjà se soigner en ville et prendre au moins une journée de repos et d’étude sur le chien démoniaque. Elion semblait bien plus sage qu’elle, et vue son état elle serait bien en peine de refuser un conseil de sa part. elle s’en tiendrais donc à ses idées.

Le rayon de lumière sainte jaillissant des yeux du paladin frappa le chien infernal. Le monstre se recroquevilla sur lui-même sous l’effet de la douleur provoquée par la brûlure divine. Le Chevalier des Yeux Vigilants n’attendit pas que la bête des enfers reprennent ses esprits. Profitant de cet courte distraction, il déploya ses longues ailes blanches pour prendre son envol. Sous l’ordre impérieux de son cavalier, Gloaär fit de même. Le chien ne sachant plus où donner de la tête, cela offrit le temps nécessaire à Ina pour changer à nouveau de forme et prendre en compte le guide pétrifié par la violence de cette bataille dantesque.

Une fois dans les airs, le groupe fut hors de porté des offensives du canidé. Elion avait eut le nez fin d’ordonner à ses montures terrestres de prendre la fuite. Si elles avaient traîné, un temps soit peu, le chien en aurait probablement fait qu’une bouchée. Profitant de ce calme relatif, le petit groupe s’organisa. La Lame Étincelante de Heaum en appela à toute l’aide divine que son dieu pouvait lui accorder. Ina proposa son aide qui fut la bienvenue. Cormac, dans les serres de la druidesse, n’en menait pas large, mais il était en sécurité. Un avantage qui se transforma rapidement en pénalité sur la capacité de vol de l’aigle géant. Par chance, Ina maîtrisait parfaitement cette forme. Le doigt du Vigilant, ou celui du dieu de la druidesse aida à ce que la manœuvre d’approche amenant le paladin et la Gardienne Sylvestre a établir un contact physique fut une réussite.

Le replis stratégique opéré par les membres du groupe, la réorganisation de l’attaque et le partage des capacités venaient de faire pencher la balance en la faveur du Bien. L’attaque qui se voulait être simultanée fut un nouvel échec. Les deux dévots de Heaum devraient encore s’entraîner pour parvenir à une harmonie parfaite qui serait garante d’efficacité. Pour l’heure cela semblait encore un peu prématuré.
Toujours fut-il que lorsque l’ensemble des préparatifs furent achevés, Elion reporta toute son attention sur le monstre. Il ne put manquer la dépouille de Kryssyyor gisante dans une nappe rubis sombre faite de son propre sang. Gardant le contrôle sur ses émotions, Elion d’Alusaire attendit le moment idéal pour lancer l’attaque.

Sur l’ordre mental de l’aasimar, le griffon céleste et le paladin fondirent ensemble sur leur cible commune. Gloaär, plus lourd, fut le plus rapide et frappa avant qu’Elion ne soit à porté de lame. Arrivant sur le flanc opposé, le Chevalier divin profita de l’ouverture offerte par son complice. La lame de foudre mordit la chaire du Chien infernal. Le cimeterre s’enfonça profondément dans le corps du Malin. Sa forme courbe et les enchantements divins augmentant d’autant l’effet de l’attaque qui se voulue fatale. Dans un râle de douleur, la force du Mal succomba enfin, mettant par la même fin à cette bataille épique.

La victoire était leur. Oui, mais à quel prix. La manœuvre de la druidesse lui avait probablement sauvé la vie. Elle avait également prit par surprise le reste de ses compagnons. Le paladin ne put rien faire pour prévenir l’inévitable. En s’effaçant de la partie, Ina avait ouvert une ligne directe pour l’offensive du chien. Kryssyyor en avait payé le prix fort. Lui qui, dans un acte désintéressé, tentait de porter secours à la Gardienne Sylvestre, avait vu son action fort mal récompensée. Il avait subi les foudres du Mal et y avait laissé sa vie. Tout cela avait été tellement rapide et brutal. Le paladin espérait que le danseur des batailles n’avait pas eut le temps de souffrir.


Le cadavre du chien infernal gisant à ses pieds, la bataille était terminée… pour l’instant. Le paladin n’avait pas oublié comment la « femme » avait disparu. Elle pouvait tout aussi bien réapparaître sur l’instant. Dans l’état actuel des protagonistes survivants, cela serait sans aucun doute catastrophique. Le regard vide de l’aasimar quitta le chien pour se porter sur la dépouille de son allié. Aucune chance pour que ce dernier ne soit encore en vie. Le Bras Armé de Heaum porta alors son attention sur le griffon céleste.

Gloaär n’avait point démérité. Il pouvait être fier de ses courageuses offensives et de l’ensemble de son action. Le destrier que lui avait octroyé la Sentinelle Éternelle était à la hauteur de ce que le paladin pouvait en attendre et bien au-delà. Elion commença par partager un peu de sa magie divine curative en imposant sa main sur la fourrure blanche aux reflets argentés du griffon céleste. Ce ne le remettrait pas entièrement sur pied, mais soulagerait un peu la douleur due aux blessures reçues. Mentalement, il remercia son compagnon de lutte.

¤ Par Heaum, merci ! Sans toi, tout ceci aurait pu être encore bien plus dramatique. Puisse le Vigilant être remercié de t’avoir mit sur ma route. Ce n’est peut-être pas terminé. Veille sur eux du haut des cieux. ¤

L’ordre donné, le griffon s’envola à nouveau tandis que la druidesse prenait pied sur le plancher des vaches. Déjà, leur guide couru ventre à terre à son chariot. Il allait probablement prendre la fuite et qui pouvait l’en blâmer. Elion ne le retiendrait pas. Gloaär veillerait sur lui, le temps qu’il parachève ce qu’il avait encore à faire ici. L’aasimar les rattraperait plus tard.

Ina se porta à la hauteur du serviteur de la Sentinelle Éternelle. Toujours sous sa forme d’aigle géant, elle avait gardé sa capacité de s’exprimer en commun. Elion n’ayant jamais eut à rencontrer ces majestueuses créatures, il ignorait que tous pouvait le faire.
Les paroles de la druidesse agirent comme un électrochoc.

La druidesse pouvait bien être désolée, cela ne changerait rien à ce qu’il était advenu. Le paladin ne pouvait guère la blâmer. Elle avait agit avec courage en n’écoutant que son cœur. Une chose que Hector son mentor avait fait en sorte que son protéger n’agisse jamais avec son cœur. C’était il y avait bien longtemps. Les émotions étaient le sel de la vie. Elles étaient aussi la plus grande faiblesse de ceux qui les écoutes. Apprendre à les contrôler, voir à les ignorer, était une œuvre de toute une vie. Lui avait déjà bien avancé sur ce chemin, ce qui en faisait un être à part. Il n’avait pas d’amour, pas d’ami, aucun lien qui pouvait offrir la moindre faille dans sa cuirasse. Nul ne pouvait se servir de ses sentiments, ou de ses émotions pour tenter de le manipuler, car il n’en avaient pas. Elion avait grandi comme ça, et c’était à ce prix qu’il était devenu une arme redoutable contre les forces du Mal. Il se refusait toutes ses choses si humaines, pour que les autres puissent en jouir pleinement. Il n’allait certainement pas reprocher à Ina d’avoir voulu secourir une femme en détresse. Même si, par la même occasion, elle était tombée tête la première dans le piège sournois.

Dans son armure immaculée, sa lame de foudre toujours en main, le paladin resta droit comme « I ». Son regard était toujours son aucune émotions visible et son visage aussi froid que d’habitude. C’était exactement comme s’il ne s’était rien passé. Ni la souffrance que devait ressentir son alliée sylvestre, ni la mort du drow ne semblait avoir la moindre prise sur lui. D’une voix tout aussi calme et froide que son apparence, il répondit rapidement à la druidesse.

- Il n’y a rien à excuser. Le Mal peut se montrer si perfide, sournois et fourbe, qu’il est difficile d’y résister. Nous ne pouvons laisser les biens de notre guide ici, ni les chevaux qui les y ont amener. En outre, il serait déraisonnable de vouloir poursuivre notre quête maintenant. Nous avons vaincu, certes. Le prix a payer reste lourd.

En prononçant ses paroles le paladin posa son gantelet de mythral exalté sur le poitrail de l’aigle géant. Il ferma ses yeux topaze et laissa s’échapper une partie de son énergie sainte pour refermer les plaies encore suintantes de sang de la druidesse. Comme pour Gloaär, l’énergie curative ne la guérirait pas complètement, mais elle arrêterait de se vider de son sang et la souffrance devait être en grande partie apaisée.

- Lorsque que notre guide aura fini de se recueillir sur la dépouille de Kryssyyor. Mettez le corps du drow dans le chariot et reprenez le chemin vers le village. Quant à cette chose, si vous voulez la transporter libre à vous, mais se sera sans sa tête. Je ne tiens pas à ce qu’elle puisse revenir d’entre les morts. Si tel est votre décision, je doute que vous où même Gloaär puissiez voler en le tenant. Mettez cette engeance dans le chariot et occupez-vous de voler avec la dépouille de notre camarade, ou confiée là à mon destrier. Cet elfe noir a mit tant d’énergie à s’éloigner des ténèbres de ses congénères, qu’il serait mal venu de salir son corps au contact de cette saloperie. Même si son âme doit déjà avoir commencée à traverser les Landes Grises pour son dernier voyage vers son dieu.

D’un large geste, il monta haut son cimeterre au dessus sa tête frappa avec sa lame de foudre à la base du cou du monstre. Le mithral fendit les chaires tendit que l’électricité de la foudre cautérisa la les plaies dans grésillements. L’odeur de chaires brûlées s’éleva un instant dans l’air avant d’être chassée par la brise matinale. Sans sa tête, même le plus doué des nécromancien ne pourrait le ramener à la vie. Surtout si la druidesse décidait de rapporter le cadavre monstrueux à Cormaeryn. La chose faite, il répondit à la dernière question.

- Pour la pleutre, je vais tenter de suivre les restes de son aura maléfique et voir où cela me mène. Je vous rejoins lorsque j’aurai eu mes réponses, ou que j’en perde la piste. Gloaär restera avec vous. Puisse le Vigilant vous avoir en sa sainte garde.

Elion avait failli. Il le savait. Il n’avait pas su protéger Kryssyyor. Il avait manqué de vigilance et le drow avait payé ce manquement de sa vie. Ina et l’elfe noir étaient des combattants, des aventuriers aguerris qui s’étaient lancés dans cette quête en leur âme et conscience. Elion leur devait sa protection, mais sa priorité restait de protéger les faibles, les humbles et les justes. Il avait failli en perdant l’un des leurs. Il avait failli, mais il n’avait pas fauté.
La guerre séculaire entre le Bien et Mal avait déjà fait de trop nombreuses victimes. Elle en ferait encore bien d’autres. Ainsi était faite la guerre qui prenait son lot d’âmes. Certaines méritaient un repos éternel, d’autres les tourments infinis. A n’en pas douter, Kryssyyor faisait parti de cette première catégorie. Le paladin n’éprouvait aucune tristesse, aucun remord à ce qui venait de se passer. Il éprouvait juste le regret de n’avoir su faire plus pour le drow. Lui et la druidesse avaient pris le parti de foncer tête baissée, sans tenir compte des possibles fourberies du Mal. La seule façon dont le paladin aurait put changer les choses, aurait été de faire comme eux. Ils auraient alors tous laissé un ennemi, que paladin pensait encore plus redoutable, dans leur dos. Peut-être alors, auraient-ils tous péri ?

La Lame Étincelante de Heaum était peut-être en train de faire une autre erreur.
Il ne s’était pas porté sur la dépouille de son camarade. Il ne put constater la véracité de sa mort. Dans son esprit, cela ne faisait aucun doute, compte tenu des dégâts que son corps avait subi. Certain, que Cormac souhaitait juste se recueillir sur la dépouille du drow, il n’y prêta pas plus attention que cela.
Pour les serviteurs des dieux, on ne jouait pas impunément avec les âmes de mortels. Elles sont la propriétés des dieux à qui elles sont vouées. Sans intervention divine, aucune âme ne devrait revenir du royaume des morts. Ce que Cormac s’apprêtait à tenter, pouvait avoir de grave conséquence, pour Kyssyyor en premier lieu, pour le paladin en second lieu et pour Cormac lui-même.

L’aasimar prit à nouveau son envol et en appela à la vision divine de la Sentinelle Éternelle pour retrouver les traces persistantes des auras maléfique et notamment celui de la « femme ».

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Elion d’Alusaire utilise imposition des mains sur Gloaär pour le rendre 7 PV
Elion d’Alusaire utilise imposition des mains sur Ina pour le rendre 15 PV
Elion d’Alusaire utilise détection du Mal pour tenter de suivre (en volant) la trace de l’aura persistante de la « femme ».
Gloaär protège le convoi et prend en charge la dépouille de Kryssyyor si nécessaire.

Vingt-Cinquième jour du Mois de la Fonte, année des Dragons Renégats.
25 Mirtul 1373 (CV)
Lieu : 1 journée de voyage au Nord-Est de Cormaeryn
Moment : Milieu de matinée
Météo et températures : 8°C, ciel dégagé, légère brise

Ina:

Ina et Cormac, une fois que ce dernier eut fini d'appliquer son onguent sur le cadavre de Xarss, commencèrent à préparer le voyage du retour en silence. Le chien infernal n'avait pas endommagé leur charette et les animaux ne refusèrent pas de revenir. La tâche prit donc quelques minutes, juste assez de temps pour qu'Elion décapite le molosse maléfique et prenne son envol pour suivre la trace magique de celle qui avait disparu.

Une fois les deux cadavres chargés, Ina s'assit aux côtés de Cormac à l'avant de la charette pendant que Gloäar les survolait pour s'assurer qu'ils n'allaient pas rencontrer d'autres mauvaises surprises. Le corps du drow s'était avéré plus léger qu'elle ne s'y attendait et sa blessure, quoique fort impressionante, était moins imposante et sanglante qu'elle ne l'avait initialement pensé.

Après une douzaine de minutes, Cormac tapota l'épaule d'Ina. Le bûcheron était visiblement exténué, son moral était en berne et ses vêtements comme son visage portaient des traces de sang mais il était évidemment qu'il en était de même pour Ina. Il essaya de sourire et prononça quelques mots.

- Je ne sais pas si le baume que m'a donné le Comte va fonctionner mais il y a peut-être encore un peu d'espoir pour Kryssyyor. En tout cas, je vous ai trouvé très courageux. Je suis désolé de ne pas avoir pu être plus utile.

Elion d'Alusaire:

Suivre la trace magique laissée par la jeune femme maléfique n'était pas particulièrement difficile mais cela voulait dire garder sa concentration sur ce seul chemin, ce qui n'était pas très pratique ou confortable. Les choses se corsèrent un peu quand le tracé de l'aura rémanente se croisa mais, en prenant un peu plus de hauteur, Elion parvint à déterminer la direction d'origine de celle qu'il poursuivait.

Après environ un quart d'heure de vol, il arriva à ce qui semblait être la fin de la piste à suivre. La plaine à cet endroit, comme partout en-dehors du chemin qu'ils avaient suivi en charette, était relativement haute mais il y avait aussi à cet endroit quelques gros rochers qui semblaient jaillit du sol. Une en particulier, qui ressemblait un peu à un doigt pointé en biais vers l'horizon, se trouvait sur la trajectoire de celle qu'Elion suivait. Elle semblait s'en être approchée de très près, avoir fait la moitié de son tour et ensuite avoir complètement disparu. Pour être un peu plus précis, l'aura semblait s'enfoncer sous le rocher.

Elion s'approcha à son tour de la pierre et l'inspecta quelques instant. La minéralogie n'était pas exactement son domaine de prédilection mais la pierre semblait être tout ce qu'il y avait de normal. A part le vent et un rongeur à plusieurs mètres dans les hautes herbes, il n'y avait pas un bruit aux alentours.

Lancers...

Elion d'Alusaire - Jet de compétence : Perception : 9(d20) +0(deg) +2(Sag) = 11

Suivre la piste de la maléfique femme ne fut guère ardu en soit. Cela demanda certes un effort de concentration, mais dans l’ensemble le paladin y parvint sans grandes difficultés.
Dans les airs, il arriva jusqu’au bout de la piste ténébreuse. Elle se matérialisa par un gros rocher isolé sortant de la terre. Il ressemblait vaguement à un index pointé en direction de l’horizon.
Ayant vu ce qu’il voulait voir, Elion d’Alusaire lâcha sa concentration pour reprendre sa vision normale. Naturellement, il regarda aussi loin qu’il le put dans la direction indiqué par le simili doigt pointé.

Compte tenu de l’état du groupe et du fait qu’il avait également vidé toutes ses réserves de magie divine, le Bras Armé de la Sentinelle Éternelle n’allait pas se risquer à poser le pied à terre. L’aura maléfique semblait disparaître sous la terre, et plus exactement sous le rocher. L’aasimar fit quelques cercles dans les airs pour prendre un maximum de repères afin de retrouver plus facilement l’endroit lorsqu’ils reviendraient.
Car évidemment, la pleutre s’en était sortie cette fois-ci, mais le Chevalier des Yeux Vigilants n’avait pas dit son dernier mot. L’engeance qui avait emporté la vie de son compagnon d’arme ne resterait pas impunie.
En outre, même s’ils étaient parvenus à défaire le monstre canidé, le secteur n’en était pas plus sûr pour autant. Tant que cette « chose » vivrait, nul ne serait vraiment en sécurité et les attaques contre les bonnes gens se poursuivraient aussi sûrement que la nuit clôturerait cette funeste journée. Sa détermination n’avait en rien flanchée, mais Elion d’Alusaire n’en était pas moins réduit à devoir remettre son action à plus tard.
Il pria son dieu de faire en sorte qu’il ne se produise pas de malheur dans l’intervalle.

Jetant un dernier coup d’œil lointain sur la nature de la roche, la Lame Étincelante de Heaum revint sur ses pas. Si l’on pouvait s’exprimer ainsi. Il retourna en direction du rocher du Géant Endormi. Toujours en survol, il tenta de voir si la nature composant la roche du Géant était identique à celle du Doigt Pointé. En soit cette éventuelle indication ne lui servirait pas à grand-chose. Il était probable que tous les rochers du secteur soient issus de la même veine. Toutefois, s’il en croisait un autre, il irait s’en assurer.

Il était maintenant grand temps de rejoindre Ina, Cormac et Gloäar avec le convoi. Elion d’Alusaire battit ses longues ailes blanches pour prendre de l’altitude et commença sa route pour rejoindre son groupe.
Profitant de ce temps relativement calme, il pria pour remercier le Vigilant de l’avoir gardé en vie et de leur avoir octroyé la victoire sur le monstre. Le paladin adressa également une prière pour que son dieu veille sur l’âme de Kryssyyor qui devait être en chemin dans les Landes Grises du Plan de Fugue pour la Tour de Cristal de Kelemvor.
Les dernières volontés du Drow avaient été prononcées devant un archon lumineux servant le Vigilant. Elles avaient été claires et précises. Jergal le Sénéchal de la Flèche de Cristal avait forcément dû le noter et l’âme de Kyssyyor ne pouvait se perdre. Pour le Chevalier c’était un réel soulagement. Le Danseur de Bataille avait cessé de danser dans un dernier acte de bravoure désintéressé et altruiste. Il méritait de se reposer près de son dieu.

Le regard topaze vide de vie de la Lame Étincelante de Heaum commença à chercher la présence de son destrier. Régulièrement, le paladin envoyait un appel mental à Gloäar pour les retrouver plus facilement. Elion d’Alusaire les savait sous bonne garde avec le griffon céleste. Il savait également que sa place était auprès d’eux pour les protéger. Il avait été aussi rapide que possible, mais il ne serait réellement tranquille qu’une fois qu’il les aurait rallié.

Feu Xarss n’était plus un être égoïste, devenu Un dans le tout quand subitement un mur s’imposait devant lui; un mur fait d’être englués dans une gelée verdâtre laissant des gémissements lugubres s’échapper de ce qui lui parut la plus horrible chose jamais rencontrée. L’horreur venait en fait de l’intérieur, de son for intérieur, sachant très bien que ce qui restait de lui, possiblement sa conscience ou une bride de son âme, se tenait devant le mur d’enceinte de la citée des jugements; son âme déglutie, car depuis sa naissance, Xarss n’avait jamais choisi de dieu, il se croyait athée et ce fut qu’une fois à l’extérieur qu’il avait apprécié Seluné, uniquement pour sa beauté.

Avant d’être ici, sur le monde dense, il avait dit ceci… ‘’ La confiance que Heaum nous porte ne sera pas en vain, il a toute ma gratitude, je servirai la cause avec mon plein potentiel, et ce, jusqu’à ma mort si besoin est.’’

Ce serment s’imprimait dans son âme. Regardant sans yeux ce mur il sentait sur lui le jugement puis se retrouvant, sans savoir comment, devant ce qui devait être l’ancien château des osseux, l’aiguille de cristal. Maintenant, sans aucun doute, réalisant le fait, une partie de Xarss refit surface dans son esprit, il serait jugé sur le plan de Fugue. Sans peur, ce fut patient qu’il attendît dans cette métropole grise et surpeuplée de morts à juger. Des diables s’entremêlaient avec les morts, une vision qui ne perdurait qu’un iota de temps.

Perdant encore une fois sa conscience mortelle, son âme ressentit une chaleur intense d’une magnificence encore jamais égalée, car se tenaient devant lui Heaum et Séluné. Un mélange d’or et d’argent tourbillonnait en son âme. S’il avait depuis peu toujours regardé la lune les nuits durant, attiré par celle qui l’avait accepté de par son choix d’existence, il avait que très dernièrement fait un serment devant le vigilant. Xarss s’était engagé premièrement à être un futur protecteur au sein de la Main puis ensuite devant l’archon lumineux il était devenu pour un temps excessivement cours, un gardien.

Réalisant qu’il serait choisi soit par l’un, soit par l’autre, son âme resplendit des mille feux de lumières. Sa volonté avait réussi à vaincre les noirceurs, ce simple drow qui avait tourné le dos à Loth et sa génitrice, réussi à se faufiler entre les fils englués de la toile d’Outreterre pour s’établir en surface dans un but précis de servir en s’oubliant. Quoique même s’il n’avait pas réussi à totalement s’oublier, restait qu’il y travaillait encore, même mort.

Sans parler, il communiquait sa volonté aux deux dieux présents. Effronté, il avait osé. Serait-il dissout pour cet ignoble acte d’un pur égoïsme? Sans vergogne, son âme s’exprimait; sans mots, sans verbes, ce fut quand même clair et précis : ce n’était pas dans le royaume des dieux qu’il serait utile, c’était malheureusement dans le monde dense qu’il œuvrerait le mieux.

Réalisant son irrévérence que trop tard, la chaleur si douce au début devint insupportable, l’or et l’argent fusionnaient fondant son âme dans un torrent de lave cristallin. Maintenant seul dans un noir d’encre, le silence était un calvaire. La froideur présente n’augurait rien de bon. Après tant de souffrance, de patience, de travail et d’effort, il avait réussi à se rendre dans un monde insoupçonné, il avait été vu par deux dieux qui avaient posé leur regard sur lui, mais avaient réussi à tout faire échouer par une demande personnelle. Maintenant le vide l’entourait, réalisant que plus rien n’existait , il sombrait dans l’oubli éternel.

Ina ruminait ses pensées noires. Une victoire. Elion avait appelé cela une victoire. Elle avait du mal à être d’accord avec cette idée. Son empressement venait de couter le prix le plus fort, la perte d’un compagnon. Elle en avait déjà perdu, et des bien plus proche que cela d’elle puisqu’ils faisaient partie de sa confrérie. A cette époque, elle avait dû se faire violence pour ne pas les abandonner aux idées morbides de cette Katrina Illance qui finalement les avait trahis elle aussi. Cette fois ci, elle avait su lire le mal dans le cœur de la femme. Mais aujourd’hui, elle avait échoué.

Tout en plaçant Kryssyor dans la charrette aussi loin que possible de la sale créature qui lui avait pris la vie en même temps qu’un morceau de thorax, elle priait qu’il puisse la pardonner dans l’au-delà d’avoir fui pour sauver sa vie. Elle en avait même oublié qu’elle avait été la cible de ses boules de neige pendant un temps. Cela n’adoucissait pas une seul seconde son état d’esprit. Une fois remise sur pieds, elle reprendrait cette histoire là où elle l’avait laissée, et traquerait cette femme et toute cette histoire de disparition serait tirée au clair.

Le chemin progressant doucement, Cormac eut une parole sympathique pour elle. Elle pu lui répondre doucement.

-Le courage est si proche de la folie que je m’y perds quelquefois. Merci Cormac, je ne sais pas ce qu’est ce baume que vous avez utilisé, pourtant si espoir il y a alors je m’y accrocherais aussi fort que je peux.

-Ne soyez pas désolé, la faute me revient en écrasante majorité. C’est presque un miracle que je m’en sorte également.

Elle termina sa phrase dans ses pensées pour ne pas alarmer le guide, déjà bien aimable.

¤Je n’ai pas l’impression de le mériter ce coup-ci…Et cette cicatrice sur la jambe sera là pour me le rappeler … tant mieux. ¤

La douleur physique de la jeune femme était étrangement supportable. Peut être la fatigue physique et mentale y était pour quelque chose. Ou le fait de ne pas avoir à marcher. Mélange de brulure et de coupures, ses chaires déchiquetées la laissaient drôlement indifférente au regard de la plaie de son passager inconscient. Elle aurait pu se soigner un peu pour retrouver une meilleure mobilité, mais elle se devait de garder ses dernières forces pour le cas où un imprévu supplémentaire se dresserait sur leur route. Elle avait la responsabilité de Cormac et des animaux qui l’accompagnaient, il était inenvisageable qu’elle faillisse à cette tâche.

Régulièrement, elle observait les alentours pour s’assurer que Gloär et Leth soient bien toujours avec eux et tenter de trouver Elion qui devrait les rejoindre assez vite. Elle le savait prudent, mais ne pouvais s’empêcher de se demander s’il allait lui arriver un problème. Pour quelques temps elle se sentirait responsable de tout. Ça passerait, comme le reste avec un peu de temps.

Vingt-Cinquième jour du Mois de la Fonte, année des Dragons Renégats.
25 Mirtul 1373 (CV)
Lieu : 1 journée de voyage au Nord-Est de Cormaeryn
Moment : Fin de matinée
Météo et températures : 8°C, ciel dégagé, légère brise

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Xarss est épuisé (-6 en Force et Constitution, vitesse de déplacement divisée par 2). Il deviendra fatigué (-2 en Force et Dextérité, incapable de courir ou de charger) après une heure de repos.
Xarss a 1 PV.

Elion essaye de comparer les types de roches: 4(Dé) + 2 = 6

Ina et Xarss:

Assis dans la charette aux côtés d'Ina, Cormac essayait de trouver un moyen de rompre le silence qui s'était imposé. Il était évident, au moins en partie parce qu'elle l'avait dit elle-même, que la druide se considérait comme responsable de la mort de Kryssyyor et le bûcheron ne savait pas vraiment quoi dire pour la faire changer d'opinion ou essayer de lui remonter le moral. Lui-même avait du mal à effacer de sa mémoire les images du combat qui avait coûté la vie au drow.

Sachant qu'Elion devait les rejoindre prochainement, et n'ayant aucune raison de se presser, la charette avancait doucement et fit même quelques haltes quand l'un des animaux souhaitait déguster un peu des hautes herbes qui longeaient la piste ... ou capturer un moineau ou une linotte dans le cas de Leth. Mais le faucon percevait une partie des sentiments de sa maitresse et l'excitation de la chasse n'était pas suffisante pour le faire se sentir mieux et encore moins chasser les sentiments sombres qui encombraient le coeur de la druide.

Après une bonne demi-heure de voyage, Cormac et Ina se tournèrent en même temps pour jeter un regard vers l'arrière de leur véhicule. Ils avaient tout deux entendu un léger bruit, comme une sorte de râle, clairement distinct des bruits plus habituels causés par les mouvements brusques de la charette quand elle roulait dans un nid-de-poule ou sur un caillou. Ils ne pouvaient pas être certains que le son venait de Xarss qui avait bougé mais, sans doute, plus à cause des accoups mais ce dont ils étaient sûrs étaient que ses yeux étaient ouverts, alors qu'ils les avaient fermés après l'avoir chargé à bord, et que la faille béante et sanguinolante qui avait remplacé son torse était maintenant couverte d'une peau à l'aspect fragile et d'une teinte différente, plus proche de l'ardoise que de l'anthracite, de celle du reste de son corps.

A une faible distance derrière eux, ils pouvaient aussi voir la silhouette d'Elion qui venait les rejoindre. Gloäar s'envola dans sa direction.

Elion d'Alusaire:

Ne souhaitant pas prendre de risque inutile, Elion survola le lieu où la trace magique disparaissait et en marqua l'emplacement dans sa mémoire pour pouvoir y revenir plus tard. Il se dirigea ensuite vers l'autre rocher étrange qu'il avait vu moins d'une heure auparavant. Son but était de les comparer entre eux ainsi qu'aux autres rochers qui se trouvaient dans les environs pour savoir s'ils avaient quelque chose en commun ou de différent de la norme. Après une étude relativement minutieuse depuis les airs, sa principale conclusion fut qu'il n'y connaissait vraiment rien en minéralogie et qu'il ne savait donc pas trop quoi en conclure: la pierre sous laquelle la piste disparaissait semblait être d'un gris un peu plus sombre que les autres, la pierre dans la clairière était la seule à ne pas comporter de lichens (ou de mousses, le paladin n'était pas certain de la différence s'il y en avait une), certaines des pierres avaient des lignes de différentes couleurs au milieu du gris mais il y avait pas mal de variété, ...

Cette étude n'ayant pas exactement été très probante, il se dirigea vers le reste du groupe. Malgré le fait que la charette contenant ses compagnons ne se déplaçait pas très vite, il n'était pas non plus la créature la plus rapide des cieux et les autres avaient une avance non négligeable. Il lui fallut donc voler pendant un certain temps avant de pouvoir les rejoindre. Son nouveau camarade ailé, visiblement heureux de son retour, se dirigea vers lui quand la charette commença à s'approcher.

Lancers...

Elion d'Alusaire - Jet de compétence : Survie : 4(d20) +0(deg) +2(Sag) = 6

Dans l’évanescence du moment, du froid enveloppant, et de l’oubli éternel; dans ce noir infini sans mouvement où tout était léger, terminé, survint péniblement une douleur incroyable, jamais égalée. Un sifflement arrivait à perturber le silence, suivi d’une lourdeur incroyable, comme s’il était broyé sous une pierre puis vint un brulement effroyable au niveau des poumons, et ce, sans parler, de la lumière qui lui piquait les yeux. Il avait été jugé et son affront l’avait envoyé en enfer, restait maintenant à savoir sur quelle strate il se situait. Surement le pire de tous d’où il s’attendait à voir s’élever Malsheem et Asmodée y régner en maitre sur les neufs enfers. L’archidiables lui ferait payer très cher son insulte, il n’y avait aucun doute.

Peinant à ouvrir les yeux dans cette douleur perpétuelle qu’il endurait plutôt bien. Il réussissait de par les nombreuses séances de tortures qu’il avait endurées de sa cadette de sœur dans sa vie Torilienne d’avant. Il avait appris jeune à souffrir et à en maitriser l’art de la tolérance, mais là, ça dépassait de loin se qu’il pourrait maintenant appeler des séances de chatouilles.

Lorsqu’il réussit à ouvrir les yeux et à voir son enfer, il resta surpris, stupéfait d’ailleurs. Au lieu de voir Nessus aux sombres fosses, il vit un ciel bleu. Pensant être broyé vivant c’était en fait le cahotement d’une charrette, pensant respirer un souffre pestilentiel, c’était en fait un ozone salvateur, pensant voir Asmodée il vit au loin un oiseau, non, en fait c’était, oui, c’était Élion et tout près de lui le splendide griffon… Mais?

Avec misère, il réussit à tourner la tête pour apercevoir Vorn, coucher auprès de lui. Il avait changé, il semblait encore plus en colère que son habitude. * Vorn? C’est bien toi? * lui demandait-il télépathiquement. * Pfffff… * crachait le chat aux jais pelages. Xarss réalisait malheureusement qu’il était revenu dans le monde dense, comme il l’avait demandé. Était-ce possible? Était-il réellement mort? Toutes les années d’entrainements qu’il avait réalisées avec son feu père avaient-elles été réelles? Avait-il réellement rencontré Heaum et Seluné? Était-il réellement là sur Toril? Avait-il simplement rêvé tout ceci?

L’instant lui parut un calvaire, la pire déception de son existence si telle il en avait encore une. Pourquoi il était là, couché sur le dos dans cette charrette? Pourquoi avait-il tant de douleurs physique et intérieure?

Tentant de se souvenir, il eut des brides de vision, oui, il attaquait la druidesse, car il était furieux, il avait tenté de s’en approcher pour en finir, mais… un choc brutal… elle l’avait occis, simplement… Pourquoi je l’aurais attaqué, pourquoi elle me trimbale… pour me juger et me faire emprisonner… j’ai échoué, oui, j’ai cru que j’avais changé, je croyais être sur un sentier de servitude et en fait j’étais aussi noir que mes pairs… non, non, c’est juste mon âme qui erre sur Toril, mon corps n’est pas là, oui il est là, je sens sa souffrance… impossible… je suis si lâche, si épuisé…

Au-dessus de lui, Ina et Cormac. Il voyait pourtant qu’ils étaient là, il tentait de lever la tête et douloureusement il réussit. Il vit sa blessure, puis un choc de vision le saisit. Il était pratiquement coupé en deux, il ne devait plus avoir de fonction aux jambes, il ne devait plus avoir d’organe, mais il réussissait avec peine à respirer, donc il avait ses poumons. Comment tout ceci était-il possible… Il sentait que ses orteils lui piquaient, il avait donc accès à ceux-ci, merci… * Oui, merci, Seluné, merci, Heaum, merci à la mort de ne pas avoir voulu de moi. En espérant que vous ne vous moquez pas de moi, sinon… *


-A… à boire s.v.p… Cormac… dit moi que… tu n’a pas fini… le sec Arabelan? –

En disant cela, il cherchait à sa ceinture la baguette de soin, il en avait cruellement besoin, à moins qu’il endure sa souffrance du fait de son effronterie, de l’affront qu’il avait fait aux dieux… Sa main cherchait quand même à la trouver, il prendrait sa décision par la suite.

L’étude des roches ne lui ayant rien appris de foncièrement inintéressant, les investigations du paladin n’étaient pour autant pas été vaines. Il avait pu remonter la piste du Mal jusqu’à une possible entrée dans son antre. Il avait également pris le temps de repérer les lieux pour pouvoir y retourner sans avoir besoin d’exposer inutilement leur guide. Cormac devait avoir eut son lot d’émotions fortes pour le reste de cette lune, au moins.

Le vol jusqu’à retrouver le reste de l’équipée fut moins salutaire que l’aasimar l’eut espéré. Le paladin avait beau contrôler l’expression de ses émotions, il n’en restait pas moins un être vivant doué de conscience. La perte de Kyssyyor lui pesait. C’était indéniable. Alors qu’il aurait détesté la très grande majorité de ceux de son espèce, le drow avait su démontrer qu’il était un être singulier. A vrai dire, si ce n’était la couleur de sa peau, il y avait à priori peu de choses qui semblaient le rattacher aux autres elfes noirs. Si ce n’était une certaine forme d’amitié, le chevalier des Yeux du Vigilant éprouvait de la sympathie pour celui qui avait donné sa vie pour en sauver une autre. Ça c’était quelque chose qui signifiait beaucoup pour Elion D’alusaire. Il avait beau se dire que Kyssyyor avait trouvé le repos éternel et qu’il devait soulagé de ne plus avoir à se débattre contre les préjugés que lui imposaient son héritage racial. Ça n’était que peu réconfortant et le paladin se maudissait de son si peu de foi en ce moment pénible. Il avait le cœur lourd, alors qu’il aurait dû se réjouir pour l’elfe noir. C’était extrêmement égoïste de sa part et il en était parfaitement conscient.

Le paladin en était là de ses tergiversations lorsqu’il retrouva dans les airs celui qui était devenu son fidèle destrier. Le Bars Armé de Heaum s’approcha de Gloäar et vint se poser sur sa selle. Il put reposer ses ailes et profiter de la vitesse du griffon céleste. Le chevalier et sa monture firent un passage à basse altitude au-dessus de la charrette pour montrer à Ina et Cormac qu’il était revenu et poursuivre vers l’avant en reprenant de la hauteur pour éclairer la piste à suivre. Lorsqu’il fut évident qu’il n’y avait aucun danger décelable, le duo fit demi-tour et vint se poser un peu en arrière de la charrette macabre. Gloäar réduisit aisément la distance que les séparait des passagers en quelques bonds comme savent le faire les félins.

Alors que le paladin allait faire son rapport, il s’aperçut d’une chose qui allait profondément le perturber. Le cadavre du drow bougeait. A vrai dire, il avait même l’air bien vivant. Fort mal en point, certes mais vivant. Les parties manquantes de son corps étaient revenues à leur place d’origine.

¤ Par Heaum, qu’est-ce donc !?! ¤

L’aasimar avait réellement cru que l’elfe noir n’avait pas pu survivre compte tenu des blessures que lui avait infligé le chien infernal. Comment le pouvait-on avec une large partie de sa cage thoracique en moins ? Quelque chose dépassait son entendement et il avait besoin de réponses. Que c’était-il passé pendant son absence ?
Suspicieux par nature, la Lame Étincelante de Heaum craignait le pire. Il avait déjà été difficile de voir Kyssyyor périr sous ses yeux. Devoir occire un Kkyssyyor non-mort le serait plus encore. Sans adresser la moindre parole réconfortante à celui qui, sans raison naturelle plausible, était revenu de parmi les morts, il posa la question à la seule personne qui avait pu faire intervenir une divinité pour le salut du corps du drow.

- Vous pouvez m’expliquer ça ?

Pointant d’un doigt impérieux l’elfe noir, le paladin attendit une réponse.

Ina était-elle versé dans la nécromancie ? C’était peu probable. A sa connaissance, aucun dieu de la nature n’accepterait une telle chose. La mort faisait partie intégrante de la vie. Elle appartenait au grand cycle naturel de l’existence de tout à chacun.
Lui-même se considérait comme étant déjà mort. Il aurait dû l’être ce jour à la fois tragique et bénit où le Vigilant avait mit Hector sur sa route. Le paladin l’avait recueilli, élevé, formé pour qu’il devienne une arme à la gloire de la Sentinelle Éternelle.
Ce jour où toute sa famille avait péri sous les coups de meurtriers sans foi ni loi. Il aurait dû mourir avec les siens. Ce jour là, au contraire, il reçu l’Illumination de son dieu. Heaum sous la forme d’un avatar en amure complète lui était apparu en en faisant, par là même, l’un de ses paladins. A partir de ce jour, Elion d’Alusaire avait perdu la vie. La vie du petit garçon qu’il était pour renaître en serviteur de sa divinité. Il lui devait tout, et sa nouvelle existence appartenait à Heaum. Pour autant, l’étincelle de la vie ne l’avait jamais réellement quitté. Tout ceci n’était qu’une métaphore représentative de son existence.

Le guerrier divin était assez versé dans l’art du combat pour savoir que l’on survivait pas à de tels blessures. C’était impossible sans l’intervention d’un dieu, ou d’une puissante magie. Ramener quelqu’un d’entre les morts n’avait rien d’anodin et surtout, cela n’était pas donné à tout le monde. Il fallait être un pieu et zélé serviteur d’un dieu. Seul les prêtres pouvaient réussir ce tour de force. En outre, ça ne se faisait jamais sans laisser un réel traumatisme dans l’esprit du défunt privé de son repos éternel auprès de son dieu. Ina faisait-elle partie de ces serviteurs du divin ?