Chapitre 3 : City-tripes à Telpir

Comme le groupe l’avait anticipé, ce Gorstal Hammers avait été peu bavard… Il n’avait peu d’information et envoyait le groupe faire le boulot. Néanmoins, la piste des lycanthropes confirmait l’intuition d’une bête malveillante qui reconfortait Baelsul dans ses intentions et dans ses convictions.

Alors que Mikaïl prenait du poil de la bête quant à son rôle, Baelsul décida de ne pas rentrer dans son jeu. Il laisserait Laeylan lui remonter les bretelles si l’envie lui en chantait. Néanmoins ses idées n’était pas mauvaise et il fallait enquêter. Il irait volontiers dans les quartiers ouest et voir les gardes, mais il irait aussi chercher la caisse dans l’eau.

C’était pour lui la piste qui menait le plus vite à Sashelas des Abîmes, qu’il adorait désormais approcher.

Il hocha la tête mollement en signe d’acquiescement à Mikaïl, et compléta :

- Si nous croisons Kerri, elle pourrait sûrement nous en dire plus sur les lycanthropes. Elle connait bien les bois alentours si je ne dis pas de bêtise et nous avons de bonnes relations avec elle.

Mais une fois sortis de chez Gorstal il n’oublia pas de relancer le groupe et notamment son amie aquatique :

- C’est une très bonne idée cette petite enquête, mais n’oublions pas non plus ce qui se trame dans le port. Laeylan, nous devons monter cette petite expédition pour récupérer ce que tu as vu au port. Je suis prêt à donner un coup de main dans la mesure de mes moyens. Allons-y, je crois que nous pourrons demander au beau-frère de Iulia, il ne t’avais pas promis un service ?

Atanathar suivait l'entretien et au fur et à mesure qu'il réalisait ce à quoi ils allaient devoir se frotter, il se fit de plus en plus petit pour autant que cela soit encore possible. C'est que c'est dangereux ces bêtes-là, une morsure et on peut se retrouver lycanthrope à son tour se souvint-il de ses lectures.

Ses camarades n'avaient pas l'air de prendre peur, après tout c'est normal devant ce prétentieux personnage, mais Atanathar espérait qu'ils réalisaient bien la dangerosité de la mission.

De plus qui dit lycanthrope, dit lune, donc il fallait aussi se renseigner sur l'arrivée de la prochaine pleine lune. Ils devraient être prêt pour cette nuit-là. Et bien contrôler si les précédentes attaques correspondaient bien à une pleine lune.

Après avoir quitter Gorstal Hammers, Atnathar s'adressa au reste du groupe.

- Les amis, vous réalisez bien la dangerosité de cette mission j'espère, je sais que vous avez de l'expérience mais moi de ce que j'en sais c'est qu'une morsure d'un lycanthrope peut nous faire devenir lycanthrope à notre tour. Il faudra être bien protégé et préparé sur ce coup-là! Pas de charger dans le tas sans réfléchir.

- De plus nous allons devoir attendre la prochaine pleine lune si nous voulons tendre une embuscade, je ne sais pas combien de jour cela fait mais il faudra bien les exploités et peut-être pourront nous entretemps repêcher le coffre dans le port.

- Mikaïl, oui je peux faire le tour des meilleurs armuriers de la ville pour me renseigner. Dites moi à quelles armes vous pensez. Et comme Baelsul le dit, peut-être que Kerri peut nous aider également.

Laeylan écoutait d’une oreille distraite la fin de la conversation.

¤Le mec nous balance un appât à peine tentant et on se tape encore tout le boulot. On pourrait pas avoir un truc ou deux tout cuit dans le bec de temps à autre ? Enfin un Lycaon, c’est une cible intéressante quand même. Des crocs, des griffes, une possible propagation de la maladie….ha ! en fait ça me tente bien !!! Mais pas tout de suite. Les petits guppys ont raison, il faut être patient. Et ya la caisse…¤

A moitié perdu dans ses pensées et son monologue d’auto conviction, elle suivit le groupe qui prenait congé de Hammers sans trop se mettre en avant. Elle entendit son nom fuser ici et là ce qui la ramena à la conversation. A entendre Baelsul, elle reprit totalement possession de sa liesse de ces derniers jours depuis la gueunaude.

-Mais bien sûr ! On choppe la barcasse du frère cousin je sais pas trop, et on va à la pèche au coffre ! Faut juste que tu puisses respirer un peu sous l’eau pour le cas où. Mais sinon une corde, je pousse en bas tu tires en haut et on devrait pouvoir s’en dépêtrer.

-Pour le reste, entre nous, j’ai le frisson de la chasse qui me reprends rien que d’y penser.

Rebondissant sur les paroles d’Atanathar elle enchaina :

-C’est tout l’intérêt de la chose ! La traque, le danger, la peur, le frisson du combat, le fil du rasoir entre la vie et la mort avec en bonus une maladie à se coltiner toute sa vie si on se rate et si on survit ! En soit c’est jamais qu’un gros chien avec des griffes plus longues non ?

-Je veux bien commencer le repérage dans les faubourgs pour la piste du toutou, mais quand le ciel sera rouge, je lâche tout et je retrouve Baelsul et les volontaires pour l’affaire du coffre. On le remonte, on se trouve un endroit au calme et on l’ouvrira.

C’était un feu d’artifice dans sa tête. Un trésor englouti oublié, un monstre a chasser, un peu ternis par le donneur de mission mais bon, c’est mieux que rien. Les Koalinths n’ayant plus vraiment fait parler d’eux, elle commençait petit à petit à s’en détourner. Mais comme ils auraient le temps avant le début de la vraie chasse au lycaon, il serait alors temps de se replonger dedans. C’est pas comme si l’avenir du monde sous-marin pouvait en dépendre selon son esprit peut être un peu trop volubile sur le sujet…

Les aventuriers convinrent de leurs occupations respectives, et Hammers les assura de son soutien. Il avait des rendez-vous importants qui l'empêchaient de se charger lui-même de la traque, mais saurait se libérer s'ils avaient besoin de renseignements. Il allait de soi qu'il n'entendait pas être dérangé pour des peccadilles pour autant, mais un messager envoyé à sa maison pourrait arranger un rendez-vous.

Mikaïl retourna au Boucanier enfumé, pour continuer l'étude du grimoire et de ses propres arcanes. Bien des mécréants pensaient les mages oisifs et reclus, prompts à humer les chandelles et calligraphier des livres, mais c'était en réalité un travail d'une grande concentration, toute aussi épuisante mentalement qu'une journée de travail aux champs l'était physiquement.

Atanathar alla de son côté voir des alchimistes et forgerons de la ville, et parvint à rassembler des informations sur la manière d'utiliser l'argent. Les chasseurs de monstres requéraient parfois de telles armes, et en fabriquer une demanderait un temps considérable. En effet, il ne fallait pas seulement fondre de l'argent, mais mettre un œuvre un procédé complexe qui permettait de rendre ce métal praticable au combat. En revanche, il était possible d'appliquer une fine pellicule d'argent alchimique sur une arme conventionnelle, pour lui en donner les propriétés. C'était là un équivalent parfait, tout aussi létal pour les lycans et les diables qu'une arme en argent. Une telle huile ne durerait pas longtemps, bien sûr, mais se vendait pour cinquante pièces d'or à peine.

Ce fut Baelsul qui alla se renseigner sur les attaques de la bête, mais plusieurs heures d'enquête ne lui apprirent pas grand-chose de nouveau. D'après les dires de certains, la créature grognait et sentait la viande avariée. Son hurlement vous faisait devenir fou, ou inconscient. D'autres juraient qu'il s'agissait d'un démon, venu suite à l'incantation d'une sorcière. D'autres haussaient les épaules, ne croyant qu'à l'attaque d'un grand félin de la forêt voisine, ou à des meurtres fratricides. Les quelques traces qu'on lui montra ne lui évoquèrent rien du tout. C'était peut-être de simples chiens du voisinage, sans lien avec les attaques. Il y avait eu en tout et pour tout deux morts¹, et une personne qui disait avoir été assiégée par cette créature. Désormais, les habitants se retranchaient dans leur maison à la nuit tombée, pour éviter tout risque. Ils n'attendaient guère de réactions des autorités de la ville, mais quelques-uns furent heureux de voir le demi-elfe prendre leur sort à cœur.

L'autre métis, de son côté, alla flâner du côté du port, à préparer le repêchage de ce curieux trésor enfoui. Laeylan parvint sans grande peine à convenir l'emprunt d'une barque et de quelques cordages et filets, pourvu qu'elle les ramènent intacts. Le beau-frère de Iulia lui laissa la clef de la chaîne qui attachait l'esquif. Elle plongea d'ailleurs vérifier l'objet de sa convoitise, qui n'avait toujours pas bougé. Bientôt…

Merak choisit pour sa part de faire profil bas. Et pour évacuer sa colère autant que raffermir son corps mis à mal, il s'abandonna au travail du bois, non loin du chantier naval. La ville de Telpir était divisée en quartier, qui avaient acquis, au fil de son développement, l'une ou l'autre spécialité, ou appellation. C'était d'ailleurs des factions locales qu’émanaient les différents gangs qui peuplaient la cité. le sud de la rivière était dévolu à la construction navale et au travail du bois en général. On n'y abattait plus grand-chose, mais les troncs y étaient travaillés pour produire les planches et madriers et mâts nécessaires. Le port central était plutôt dévolu au marchandage et au commerce, tandis que le nord, près de la jetée, accueillait la plupart des pêcheurs. Le mercenaire n'était pas fâché de laisser ce quartier aux oursins bleus, le temps de trouver un moyen de leur rendre la monnaie de leur pièce.

Ils se retrouvèrent en soirée pour partager leurs découvertes. Il leur était encore loisible de gagner les faubourgs à l'ouest, mais ils avaient bien peu d'informations. La caisse enfouie, elle, était plus accessible. Quand à une pleine nuit de repos, elle serait tout aussi bienvenue…

¹: Le premier corps a disparu, mais on a retrouvé des traces de lutte et du sang. L'autre victime a été partiellement dévorée, et on jurerait un animal sauvage.

Lancers...

Baelsul - Jet de compétence : Social : 4(d20) +0(deg) +1(Cha) +2 (racial) = 7 vs DD20 ~ Echec
Baelsul - Jet de compétence : Social : 14(d20) +0(deg) +1(Cha) +2 (racial) = 17 vs DD20 ~ Echec
Baelsul - Jet de compétence : Perception : 2(d20) +0(deg) +0(Sag) +1 (racial) +3(familier) = 6 ~ Echec
Baelsul - Jet de compétence : Connaissance (nature) : 14(d20) +0(deg) -1(Int) = 13 ~ Echec

Après leur entretien avec l’enchanteur le groupe fit le point sur les différentes tâches à accomplir et se dispersa ! Chacun partit de son côté remplir sa tâche afin de faire avancer le groupe de sa mission.

Atanathar partit voir les différents armuriers de la ville et s’aperçu bien vite que fabriquer des armes demanderait bien plus de temps que ce qu’il s’était imaginé au départ. Au fur et mesure de son investigation, une solution alternative, très valable et passablement abordable lui fut soumise. Après les armuriers ce furent les alchimistes qui devinrent le but de ses visites, apparemment l’argent alchimique semblait avoir les mêmes propriétés qu’une arme en argent, certes moins durable mais tout aussi efficace et apparemment suffisant pour leur mission pensait-il.

Après avoir eu confirmation des différentes informations, il était temps pour Atanathar de revenir au Boucanier pour faire part de ses découvertes à ses compagnons.

Il avait hâte aussi de partir à la pêche au coffre, seuls les dieux savaient ce qu’ils allaient découvrir.

Une fois tous réuni, Atanathar fit un résumé de ses pérégrinations et de ses recherches à ses amis. Tout comme il écouta attentivement le récit de ses collègues.

Un élément du récit de Baelsul l’interpella.

- Baelsul, tu dis que les attaques, trois si j’ai bien compris, ont toutes eu lieu en moins d’une dizaine de jour. Ça n’est pas en lien avec la lune alors ! S’agit-il toujours d’un lycanthrope dans ce cas-là ? Ma connaissance est limitée en la matière mais qu’existe-t-il d’autres qui se comportent comme un animal, est intelligent, n’a pas peur de l’homme et apparemment très agressif et assoiffé de sang ? Ou alors il peut s’agir d’une meute ou d’un groupe ? Tout cela ne m’inspire pas et m’effraie même. Une chose est certaine il faudra être bien préparé.

- Mais bon dans l’immédiat on a quelque chose de beaucoup plus palpitant à découvrir ou plutôt à aller pêcher. Alors qu’attendons-nous ?

Décidemment Baelsul n’était pas bon quand il partait à l’aveuglette. Il passait des heures à ratisser la ville pour ne trouver que de biens maigres informations. Néanmoins, il avait pu collecter quelques racontars à droite à gauche qui confirmaient les hypothèses du groupe. Un lycanthrope qui pue la viande avariée.

Ce qui fit le plus plaisir au demi-elfe c’est de voir à quel point les gens était accueillant vis-à-vis de ses questions. Il senti même une pointe de joie pour certains ou de réassurance face à la situation qui devait en faire frémir plus d’un.

Après ses pérégrinations dans le quartier ouest, le demi-elfe décida de faire un crochet par la taverne de Kerri pour lui laisser un mot. Suite à cela il pris la direction pour à l’auberge. Rien de tel qu’une bonne sieste pour reprendre ses forces, toujours pas revenues au maximum. Il demanda à Mikaïl s’il apprenait autant qu’il le souhaitait en étudiant ses grimoires et lui demanda de lui faire signe avant la tombée de la nuit afin qu’il puisse se joindre en temps et en heure la femme en bleu pour leur petite escapade aqueuse et nocturne.

Au moment du débrief collectif, Baelsul dû bien avouer son ignorance sur la relation entre les bêtes et la lune, même si cette dernière avait indéniablement des effets magiques. Il dit seulement :

- S’il s’agit de viande avariée, c’est peut-être un mort vivant en cours de putréfaction.

Il avait bien réfléchi à ce qu’il pourrait faire pour sa respiration dans l’eau, mais ne parvint pas à trouver de solution. Il irait comme convenu donner un coup de main, mais c’est surtout par la manipulation de la corde qu’il voulait aider Laeylan. Et si le beau-frère de Iulia les accompagnait, Laeylan n’aurait qu’a placer la corde et guider sa remontée pendant que les deux autres – dont lui – feraient remonter le coffre.

Devant le peu d'information qu'il possédait concernant ce mystérieux prédateur, Mikaïl avait relégué cette question au second plan pour se pencher sur quelque chose de beaucoup plus concret, l'étude approfondie du manuscrit trouvé chez la guenaude. Toute nouvelle forme de savoir était comme un aimant pour le magicien, l'attirant inexorablement vers elle et le poussant à s'investir pleinement dans son interprétation.

Totalement absorbé, il avait à peine remarqué le retour de Baelsul, lui adressant simplement un distrait signe de la main pour lui signifier son accord sans, pour autant, perdre du temps à relever la tête des pages jaunies et moisies qui constituaient l'essentiel du carnet noir.

La fin de l'après-midi vit le retour, l'un après l'autre, des différents aventuriers, chacun apportant les informations qu'il avait pu recueillir. Comme Atanathar, Mikaïl nota les problèmes de chronologie des attaques. Leur fréquence était peu compatible avec les cycles lunaires, associés habituellement à la lycanthropie. L'odeur de viande avariée citée par des témoins - à supposer que cette sensation soit fiable et non fantasmée puis colportée - pourrait aussi faire penser à des morts-vivants. Bref, le magicien avait beau triturer tous les indices, il n'était pas beaucoup plus avancé. Dans leur état actuel de connaissance, il leur faudrait surement tenter de tendre un piège au prédateur en lui offrant un appât tout en gardant le reste du groupe caché et prêt à intervenir rapidement. Restait à trouver quelqu'un qui acceptât de tenir ce rôle, tellement peu enviable...

Dans l'immédiat, l'enthousiasme semblait plutôt pencher vers la récupération de la caisse découverte par Laeylan et toujours immergée dans le port. La génasi avait d'ailleurs déjà négocié le prêt d'une barque et de cordages aptes à réaliser ce repêchage. Même s'il jugeait l'opération encore prématurée, vue à l'aune de sa propre faiblesse, le devin proposa son aide, à la condition expresse de n'avoir à fournir aucun effort physique, qu'il serait d'ailleurs, bien incapable de faire.

- Nous nageons encore en pleine incertitude concernant ce prédateur, constata-t-il. Et il va nous falloir collecter d'autres informations. En attendant, je peux vous accompagner pour aller chercher cette caisse, si vous tenez à le faire dès ce soir. Je vous demanderais juste un peu de temps pour me permettre de mémoriser certains sorts qui pourraient vous aider. Que diriez-vous d'un sortilège d'agrandissement sur ceux qui se chargeraient de la manutention du coffre ? Cela devrait grandement faciliter le travail et la barque supportera bien le poids d'un unique géant.

L'esprit parfaitement reposé, Mikaïl n'avait pas encore pris la peine de mémoriser de nouveaux sorts pour la journée. Il lui suffirait donc de potasser son grimoire pendant une petite heure pour être en mesure lancer les deux ou trois sortilèges d'agrandissement nécessaire, tout en gardant sous le coude de quoi réagir à une éventuelle menace lors de l'ouverture du coffre.

Tests de connaissances multiples (nature si lycanthrope, plans si démon, religion si mort-vivant, mystère pour le reste) pour tenter d'y voir plus clair sur le prédateur en fonction des différents indices obtenus.
En fonction des intentions des autres, je modifierai ma liste de sorts mémorisés pour y inclure les "agrandissements" nécessaires (2 devrait suffire)

Homme d'action plutôt que d'érudition, Merak n'avait guère de soutien à apporter au groupe dans ce moment de réflexion. Il n'y connaissait rien en créatures, en lycanthropes ou autres morts-vivants. Lui, généralement, ne se battait que contre des humains, et les armes à la main.

Il avait bien participé à quelques escarmouches contre d'autres races, bien souvent des orcs ou des gobelins, mais il ne pouvait se targuer d'avoir chasser du monstre. Sa seule véritable expérience datait des jours précédent et de sa rencontre avec le groupe.

Il se contenta donc de s'entretenir physiquement et martialement. C'était la seule chose qu'il pouvait réellement apporter et ils en auraient certainement besoin en cas de confrontation.

Il tenta bien d'aller à la pêche aux informations alors qu'il travaillait sur le chantier, mais son air taciturne et sa propension à parler n'avait guère aider. Alors il se taisait et écoutait plutôt les ragots.

Ce qui l’intéressait plus c'était de connaitre la zone des attaques, ou si un lieu particulier se trouvait à proximité. Y avait il une légende locale ou quelque chose du genre ?

Les attaques du faubourg ouest, celui des cultures nourrissant en partie la ville, n'avaient pas encore effrayés les autres quartiers, et la plupart les ignoraient totalement. Ce fut donc vers ce fameux coffre submergé que l'attention des aventuriers se porta ce soir-là. Il n'aurait sans doute pas été sage de déambuler dans l'obscurité sur le territoire de chasse d'un monstre, si c'en était un…

Port de Telpir, Côte des dragons, soirée du 2 Kythorn 1373 CV

L'ambiance pouvait rappeler la nuit où s'étaient rencontrés Baelsul et Laeylan, pendant l'attaque des koalinths. Il faisait sombre, mais c'était sans doute préférable à l'attention qu'ils auraient suscité en pleine journée. La lune dispensait une lumière suffisante pour Baelsul et Laeylan, mais pour les humains et halfelins, cette heure était plutôt celle du repos. Et ils n'en profiteraient pas cette nuit, car l'opération leur prit bien du temps…

La genasi les guida d'abord vers le bateau prêté par le beau-frère de Iulia, puis — ils durent ramer — vers le coffre submergé, à portée de flèche des quais où s'affairaient pendant la journée les charpentiers et réparateurs de bateaux. Ils se trouvaient là presque à l’extrémité sud du port, ce qui était plus discret qu'une romantique promenade en barque entre les bateaux à l'ancrage.

Il fallut plusieurs plongées de Laeylan pour arrimer correctement le coffre, puis les tractions combinées des deux guerriers dans la barque pour le sortir de sa gangue de vase. L'extraire de l'eau serait une autre épreuve. Sa charge suspendue par les cordes sous la coque et surveillée par la genasi, l'embarcation commença doucement à revenir vers le rivage, dirigée par Merak et Baelsul.

Physiquement moins proéminents, les magiciens étaient restés à quai. Comme la nuit était calme, ils auraient pu se faire entendre des autres en levant la voix, mais parvenaient tout juste à voir ce qui se passait dans la barque. Absorbés par la scène, Atanathar et Mikaïl ne remarquèrent que tardivement un badaud imbibé qui les interpella.

– Qu'est-ce vous faites là ? Vous attendez un bateau ? Le port c'est là-bas, hein…

Il avait une cruche dans une main, qu'il fit dangereusement osciller en se débraillant pour réaliser une miction dans l'eau du port.

– Hé, j'parie que j'pisse plus loin que vous quatre ! Wouhouuuu !

Le soir venu, les compagnons se dirigèrent vers le port pour récupérer le fameux coffre enfoui sous l'eau. L'espace dans la barque était limité, les deux magiciens durent donc rester à quai. Ce ne fût pas gaieté de coeur mais Atanathar devait bien admettre qu'il ne serait pas plus utile que Merak ou Baelsul pour la tâche qui les attendaient. Atanathar et Mikaïl étaient tellement absorbé à tenté de capter ce qui se passait dans la barque qu'ils furent surpris de voir un badaud s'approcher d'eux pour se soulager dans les eaux du port.

Pris de court, Atanathar réagit instinctivement et se mit à incanter, pendant que l'impromptu visiteur besognait à se satisfaire

J'incante Charme-Personne


Une fois son incantation terminée, Atanathar se rapprocha et s'adressa, suffisamment fort pour que ses compagnons sur la barque l'entendent, au visiteur inattendu

- Bonsoir mon ami! En effet, je crois que tu bats tous les records, tu es trop fort.

- Il est tard, il est temps de rentré et les rues ne sont pas sûres, je crois qu'il est mieux que je te raccompagne!

Atanathar espérait que son sort avait marché et se rapprocha davantage de l'homme fortement imbibé d'alcool pour le prendre par le bras et l'écarter du quai pour partir avec lui.

- Tiens, appuies-toi sur moi l'ami et rappelles-moi un peu où tu habites, on n'est plus très loin je crois!