Quel est votre nom, voyageur ?
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> Chapitre II : Premiers pas
écrit le : Vendredi 07 Mai 2021 à 18h22 par La Goualeuse
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L'aquafondienne avait désormais peu en commun avec la jeune femme inexperte qui, quelques années plus tôt, avait souffert de quelques lieues broussailleuses parcourues le long de la Rauvin. Si elle restait gracile, elle avait gagné en force et endurance, tout comme en expérience. Le cuir souple et épais de ses bottes, s'étant fait à ses pieds, ne la ferait pas souffrir ce matin. Suivant l'exemple de tant de celles qu'aucuns nommaient "aventurières", elle avait revêtu un pantalon de chanvre brun, vêtement bien plus pratique qu'une robe pour arpenter la jungle. Sa chevelure était rassemblée en une natte dans laquelle elle avait artistement tressé un foulard carmin.

Bien que la touffeur de la mangrove rende la marche plus difficile, La Goualeuse marchait d'un pas égal. Ses yeux orageux sondaient la végétation, aussi curieux des merveilles d'une nature sauvage et inconnue qu'il étaient à l'affût du danger. Ses compagnons découvrirent que la belle, tout en se prêtant de bonne grâce à la conversation, était d'un naturel peu bavard et n'était pas du genre à parler pour ne rien dire. Aussi ne mêla-t-elle pas sa voix aux babillages des deux frères, et passa-t-elle plus de temps à écouter d'une oreille amusée les histoires des uns et des autres qu'à les régaler d'anecdotes personnelles. Elle chanta en revanche lors de la veillée, d'une voix suave et claire, dans laquelle Taemon put percevoir une compréhension intuitive mais fort ingénieuse de la musique. Son répertoire se composait, du moins le prétendait-elle, uniquement de romances. Sans doute aurait-elle pu faire carrière si le don qu'elle possédait avait été cultivé.

Si des courbatures la lançaient dans les jambes le lendemain, ses compagnons n'en surent rien. Celle qu'il connaissait sous le nom de Mesalyne avait repris la marche sans émettre la moindre plainte. Son pas se fit pourtant un peu plus lourd, et lent, à mesure qu'ils avançaient. Les longues semaines passées alitée à l'infirmerie, durant leur voyage en mer, l'avait amollie et elle subissait douloureusement le contrecoup. L'étoffe détrempée de son chemisier, sous le cuir de son armure, lui collait à la peau, tiède, parfois légèrement urticant. En apparence indifférente à ces désagréments, elle essuyait de temps à autre sa nuque et son front d'un mouchoir qui s'était rapidement gorgé d'humidité, et ne mettait pas la moindre mauvaise humeur à répéter ce geste inutile.

Lorsqu'ils découvrirent l'imposante statue qui surplombait la mer, de l'autre côté de la baie, La Goualeuse ne cacha pas son admiration et son enthousiasme. S'il émanait du gigantesque ours de pierre une indéniable puissance, c'était bien la force esthétique de la sculpture qui la fascinait : une beauté brutale et primitive, élaborée avec art mais sans apprêt. Puisse la Déesse savourer le bonheur que lui avait offert une telle découverte ! Ils n'iraient pourtant pas plus près...


- Ne nous laissons pas distraire, nous ignorons combien de jours il nous faudra pour trouver le fort, commença-t-elle d'une voix ferme, tout en déposant son sac sur le sol, ce qui signalait paradoxalement une pause. Thyrine, signalez cette trouvaille sur la carte... Et croquez rapidement la statue... Précisez les dimensions...

Le propos était quelque peu haché, elle réfléchissait à voix haute, improvisant ses instructions.

- Et reproduisez aussi quelques-uns des motifs rouges et jaunes, cela pourra peut-être intéresser nos savants. Nous reprendrons la marche dès que vous aurez terminé, quelque chose me dit que nous avons encore un long chemin à faire... Il est peu probable que le fort ait été construit près d'un voisin si farouche.



Tous recherchent l'aventure... Moi, c'est elle qui m'a trouvée.
 
 
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écrit le : Samedi 08 Mai 2021 à 14h10 par Abrulion Bascollier
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e hin avait été penaud un temps après son aventure avec celui que l'on avait ensuite appelé le Coyotl, le moqueur. Il avait fait son rapport détaillé au reste de la troupe, et avec encore plus de détails à Joinon dans l'espoir qu'il l'aide à comprendre la cosmologie de ce côté de la grande mer.

Abrulion sut malgré tout profiter de la convivialité de la soirée, en particulier des nouveaux goûts qui s'offraient à son palais. Fils d'aubergiste, le hin avait passé son enfance en cuisine ou en salle à manger. Le maïs sauteur, ainsi l'avait-il nommé pour le moment, avait été le clou de cette nouvelle gastronomie. Un beau spectacle, à défaut d'avoir du goût. Il ne manquerait pas d'en rapporter à ses anciens quand il repasserait à Bulborp.

En attendant, s'il y avait bien deux choses qui se passaient de frontière ou de langage, c’était la nourriture et le rire ; et cette soirée en avait été remplie.



Priant le soir - il avait profité de l'orage pour faire son affaire - le hin n’était pas non plus vraiment du matin.
La tisane chaude lui rappela le tabac à chiquer, amer, puissante, au goût addictif une fois acquis. Il but à petites gorgées, appréciant la chaleur du breuvage pour contrer l’humidité matinale.

Il reprit la conversation là où il l'avait laissé la veille : Coyotl. Il leva trois doigts de la main, et énuméra Toteim Coyotl sur le pouce, Jaagichi Brandobaris sur l'index, et fit un signe d'interrogation sur le majeur, reproduisant le grondement qu'il avait perçu.

La veille, il avait préparé une batterie de sort spécialement pour l'occasion. En particulier, il avait prévu de prendre l'une des plantes toxiques montrées à la préparation du dîner, et de la traiter avec purification de nourriture et d'eau.

Les autres thèmes abordés serait principalement autour des coutumes de vie. Quel était le rôle Misagaasaa vis à vis de la tribu elfe, ou et comment vivaient les elfes habituellement, y avait-il des peuples sédentaires, de l'agriculture, de l’élevage, y avait-il des fêtes et autres cérémonies pour les totems.

Il demanderait aussi si Misagaasaa obtenait sa magie par un quelconque rituel, et s'il pouvait à son tour faire une démonstration de sa magie. Bien sur, qu'Abrulion l'inspecterait avec son sort de détection de la magie actif.



user posted image

N0 : Détection du poison, Lumière, Détection de la magie, Purification de nourriture et d’eau
N1 : Repli expéditif (domaine), Courant d’air ascendant, Main-araignée, Tenue d’apparat
N2 : Localisation d'objet (domaine), Membres arachnéens, Soins modérés
 
 
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écrit le : Jeudi 13 Mai 2021 à 09h42 par Joinon
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Les doigts dans sa barbe, Joinon tentait de la démêler sans réveiller le chiot fouineur qui s'y était constitué un nid. Seule une truffe noire, humide, dépassait de l'amas de poils roux.
¤ Mignonne petite chose. ¤
La soirée de la veille - ainsi que la nuit - avaient permis au nain de faire le tri dans ses pensées. Pendant un temps, il s'était presque senti de retour dans le foyer animé de son Alaoreum natal.

Les révélations d'Abrulion et les explications de Misagaasaa avaient tempéré son opinion sur l'influence des totems sur ces terres étrangères. Bien sûr ces êtres avaient un pouvoir sur Anchorome et ses peuples, mais peut-être pas la domination directe qu'il avait d'abord imaginé. Il fallait avouer que l'attaque de la baleine et la découverte presque immédiate du cercle des monolithes avaient constitué une première impression des plus défavorables...

La nervosité de la veille, elle aussi, s'était retrouvée atténuée par la chaleur presque familiale de la soirée.
Son large nez respirant la puissante tisane, le barde avait passé quelques minutes concentré sur sa harpe afin de renouer son esprit à la Toile, aussi altérée fut-elle. Il ne tenait guère à user de l'Art, toujours pessimiste quand aux conséquences potentielles de ses sortilèges, mais s'y tiendrait prêt.

Avant de s'assoir et de laisser la main (ou la parole) à Abrulion, Joinon observa les souvenirs entassés par Misagaasaa dans l'espoir d'en comprendre la nature, voire de reconnaître d'éventuelles reliques laissées là par une précédente incursion faerûnienne.



Malheureux le royaume qui n'a pas de héros.
 
 
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écrit le : Jeudi 13 Mai 2021 à 21h09 par Phineas
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Façonneur de Montagnes
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Joinon et Abrulion

Fa, le petit chiot, semblait avoir pris Joinon en affection, aussi la petite créature l'avait il suivi en dodelinant quand ils avaient changé de coin. Maintenant, il s'était à nouveau assoupi à côté du bac à sable après avoir lapé quelques gorgé de cette amère tisane qu'il semblait, pour sa part, apprécier.

Joinon observa les fresques murales. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, elles ne racontaient la grande histoire d'un peuple, ou celle de dieu. Il compris vite qu'il s'agissait bien plus là de souvenirs de Misagaasaa, de chaque voyageur passé par ce qui semblait de plus en plus être une sorte de relais-étape. Des elfes, des humains, quelques nains, quelques xalibs, voilà ce qu'il voyait dans les petites peintures et sculptures. Beaucoup d'animaux également. Parfois une figure plus grande que les autres représentait certainement l'un des totems, de ceux qu'ils avaient déjà vu, ainsi que, donc, Coyotl, qu'il avait compris être représenté comme une espèce de loup. La majorité des dessins étaient joyeux, mais très certainement il avait parfois accueillit des funérailles ou recueilli des voyageurs perdu. Si cela en disait long sur les liens qu'il pouvait entretenir avec les autres peuples d'Anchorome, ça ne lui disait rien sur ce qu'il pouvait savoir des étrangers venus avant eux, dont on ne semblait pas vouloir transmettre le souvenir.

Pendant ce temps, Misaagaasa refusait assez poliment de répondre à la question de l'halfelin quant à la troisième entité. Pourquoi ? Il ne le savait pas, mais il refusait visiblement d'aborder ce sujet en particulier pour le moment.

Il observa cependant avec intérêt les sorts qu'utilisa Abrulion. Ceux ci d'ailleurs semblait fonctionner sans anicroches pour le moment. Avec amusement, l'autochtone montra sa propre forme de magie. Il ne semblait pas y avoir d'incantation orale, mais les signes semblaient plus précis et divers encore que ceux des prières et magies faerunien. Il fit s'envoler des volutes de sables autour de lui, ce qui créa diverses formes. La magie dont usait le nain semblait d'une certaine manière plus libre que celle d'Abrulion, mais il semblait également y avoir des limites. Visiblement, il n'était pas en mesure de purifier l'eau ou la nourriture comme l'halfelin pouvait le faire par exemple.

Néanmoins, le pouvoir de sculpture sur sable dont fit preuve le nain rendit la suite autrement plus divertissante. Avec une dimension supplémentaire, ils purent se faire comprendre différemment. Oui, il existait des peuples sédentaires, beaucoup même. Les Senotcha en était d'ailleurs probablement dans une certaine mesure. Il compris vite que le nain ne lui disait pas tout, pour des raisons qu'il ne saisit pas. Mais il s'efforça de lui expliquer ce qu'il pouvait. La conclusion vint que Misagaasaa était certes une sorte de prêtre, mais il semblait indépendant des tribu, et ils comprirent également que d'autres, comme lui existait. Ils finirent même par entendre que dans une certaine mesure, Thozihé devait également avoir une position similaire, quoique pas identique. Les Senotchas vivaient plus haut au nord, et les Mamic qui vivaient encore plus haut, étaient une tribu à majorité humaine semblait il, pendant que les Séols étaient une tribu visiblement chamarrée quant à sa constitution. Toujours était il que la forêt, et plus bas ce qu'ils comprirent comme étant un désert, était une barrière naturelle qui rendait apparemment rares les déplacement plus loin à l'ouest pour ces trois tribus. Ce qui, visiblement, ne gênait pas les xalibs.

Tout cela était illustré par les volutes de sables. A travers sa perception magique, Abrulion constatait une évidence : le nain utilisait l'énergie comprise dans l'aura qui l'entourait, autrement plus dense et puissante que celle de tous les autres individus du camp, pour manipuler son environnement. Ce qui dans une certaine mesure expliquait sa liberté, mais aussi les limites de cette façon de manier la Toile. Rien, cependant, ne prouvait que tous les individus de la fonction de Joinon usait de la magie de la même manière.



Farah et Varnas

Thozihé était d'un calme à toute épreuve. Là où même les chasseurs s'était tendus, comprenant qu'ils approchaient de leur adversaire du jour, il gardait une sérénité admirable. Appuyé sur sa lance, il observait les elfes s'activer.

Soudain, un murmure parcouru la forêt alors que le silence se faisait. Les deux faeruniens tendirent l'oreille...


- Omi'té !

Le cri d'un elfe se fit entendre et l'un, comme l'autre, comme l'homme-cerf, entendirent un arbre craquer et un sinueux déplacement derrière eux. Ils n'eurent que le temps de sauter sur le côté avant que l'énorme gueule du serpent de surgisse derrière eux en ayant sans doute tenter de les prendre dans ses anneaux. Heureusement, son énorme diamètre était aussi un inconvénient, et maintenant qu'ils avaient réussi à éviter cet énorme gibier, celui ci allait devoir se contorsionner pour pouvoir tenter une attaque de nouveau. Il glissait sur le sol alors que, dans des cris, les elfes commençaient à se jeter sur l'énorme créature. Elle faisait visiblement des dizaines de mètres de long, et c'était désormais un énorme tube de chair écailleuse qui traversait la clairière non loin d'eux.

Il allait vite cependant, et si ils voulaient faire quelque chose, il leur fallait se dépêcher avant que le serpent n'arrive à disparaitre de nouveau dans l'ombre des arbres !



La Goualeuse

Ils ne s'arrêtèrent que quelques instants, lorsqu'ils se trouvèrent le plus proche possible de l'Ours, pour que Thyrine ne prenne quelques notes.

C'est le seul retard qu'il prirent avant d'avancer.

La suite de la journée se passa sans anicroche ou découverte supplémentaire. Le soir, l'elfe réussit à leur trouver un coin assez sec, mais ils durent monter les hamacs dans les arbres pour pouvoir dormir tranquillement.


Jour 3

Le lendemain, les courbatures étaient encore là, mais elles étaient supportables, et le corps commençait à s'habituer. Ils marchèrent quelques heures sous une légère bruine alors que le soleil se levait mais bientôt celui ci les réchauffa, quoique l'atmosphère se faisait de plus en plus humide à mesure qu'ils descendaient la côté. Au zénith, alors qu'ils se trouvait sur une falaise particulièrement élevé, bien plus tôt qu'ils ne le pensaient, ils trouvèrent ce qu'ils cherchait.

Au loin, à des dizaines de lieues encore, mais grâce au jour dégagé, ils pouvaient le discerner, se tenait une grande bâtisse de pierre qui ne ressemblait à rien de ce qu'ils pouvaient s'attendre à trouver ici. Quand Thyrine tendit sa longue vue à la courtisane, la chose fut évidente : ils avaient trouvé Fort-Flamme, ou tout du moins, un fort faérunien. Il leur faudrait encore plus d'une journée pour le rejoindre, mais au moins savaient ils qu'ils n'arriveraient pas nul part. Probablement revigorés par cette découverte, ils continuèrent leur avancée, et c'est en fin d’après-midi qu'ils furent pris par une immonde odeur venant de la forêt. Ils n'eurent même pas besoin de chercher pour trouver l'origine de la chose : ayant bataillé leur survie aux arbres, de gigantesques fleurs tubulaires aux pétales chamarrés recouvraient le sol d'une clairière dégagées. C'était elles qui dégageaient cette horrible odeur de souffre, qui dénotait avec leur beauté.

Mais l'odeur les aurait empêcher de dormir, et ils durent donc marcher plus longtemps jusqu'à trouver un endroit où ils purent se reposer.

Le lendemain, au soir estimait Thyrine, ils arriveraient à ce fort, quelqu'il soit. Alors qu'ils se réchauffaient autour du feu, dans une petite caverne abritée du vent dans une crique, une discussion devait donc avoir lieu. Il était sans doute temps de se mettre d'accord. Ou plutôt, il était temps que leur principale plénipotentiaire expose la stratégie que ses compagnons devraient adopter...


Lancers...



Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
 
 
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écrit le : Dimanche 16 Mai 2021 à 14h43 par La Goualeuse
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Avait-elle pris la bonne décision ? Le doute s'insinuait pas à pas alors qu'ils poursuivaient leur exotique pérégrination. Aucun de ses compagnons ne s'était permis un commentaire, pas même Thyrine qui pourtant partageait la responsabilité du groupe avec elle. Baelgar s'était montré particulièrement clair : trouver le Fort était la priorité, établir un premier contact demeurait une option. Et pourtant elle ne pouvait empêcher que l'image de cet ours grandiose et effroyable ne se présente à son esprit autrement qu'avec de vifs et amers regrets. Plus ils s'éloignaient et plus le sentiment d'avoir manqué l'essentiel devenait tenace, presque piquant. Mais peut-être était-ce là les circonvolutions retorses d'une cheffe inexperte et peu sûre d'elle.

La soirée fut plus calme que la veille, l'atmosphère de plus en plus humide et suffocante de la jungle les ayant terrassés de fatigue. Alors qu'ils partageaient leur repars, la jeune femme ne put s'empêcher d'évoquer d'une voix admirative et déjà nostalgique la sculpture qu'ils avaient laissée derrière eux, demandant à chacun ce qu'il en avait pensé. Elle avait donné son avis la première, comme pour initier le jeu de devinette : l'imposante statue devait appartenir aux esprits gardiens que vénéraient les populations indigènes en ces terres, à l'instar des poteaux sculptés découverts plus tôt. Ses dimensions gigantesques et son orientation la désignaient comme une divinité gardienne, protégeant la côte d'éventuels envahisseurs marins. Peut-être les motifs qui l'ornaient étaient-ils des peintures guerrières... Aussi avaient-il sûrement bien fait de ne pas opter pour le bateau !

La découverte du fort, le lendemain, réconforta quelque peu l'aquafondienne sur sa capacité à diriger. Elle scruta longuement la bâtisse de pierre et ses environs, essayant d'apercevoir d'éventuels avant-postes, des routes, ou les friches laissées par les incendies au moyens desquels les Balduriens, disait-on, avaient lutté contre les elfes sauvages et belliqueux qui peuplaient les contrées voisines. Une journée de marche seulement, selon Thyrine, les séparait de leur objectif. Ils arriveraient en plein milieu de journée, ce qui valait mieux sûrement... ou peut-être ? Elle l'ignorait, et de nouveaux doutes l'assaillirent le reste de leur marche, qu'elle remâcha et rumina jusque dans la grotte où ils installèrent leur camp. Les fleurs aussi belles que nauséabondes qu'ils avaient trouvées s'étaient offertes comme une pâle distraction ; elle avait interdit à quiconque d'en cueillir.

Restée relativement silencieuse pendant le repas, la belle avait senti l'attente de ses compagnons se faire de plus en plus pressante. C'était une évidence : elle devait parler, choisir, exposer un plan... Et n'avait pas la moindre idée de la stratégie à adopter ! Le point le plus fâcheux était qu'elle ignorait ce qu'elle pouvait révéler ou non de leur expédition aux habitants du Fort qui, à n'en pas douter, l'accableraient de questions.


- Aussi lointaine puisse-t-elle être, Tymora a veillé sur notre excursion et il nous faut pousser notre chance, commença-t-elle avec bien plus d'aplomb que ne le laissaient prévoir ses plus intimes pensées. Il est inutile d'éveiller la méfiance, nous jouerons franc jeu et nous rendrons au Fort par le sentier principal, où il est assez probable que nous tombions rapidement sur ses occupants.

Il y eut un léger flottement, le mot sur lequel elle s'était arrêtée étant lourd d'incertitudes... et de dangers. Les autres avaient-ils en tête les mêmes craintes ? L'idée d'envoyer en reconnaissance l'un d'entre eux, pour découvrir qui des elfes ou des Balduriens occupait désormais la forteresse, l'avait effleurée ; elle l'avait aussitôt rejetée. Le risque était trop grand, il valait mieux ne pas diviser leurs forces.

- Nous aviserons alors... Il va de soi que les armes seront votre dernier recours. Vue notre position ce soir, il me semble plus prudent de nous relayer pour veiller sur notre sommeil.

La rêverie de Thyrine était bien plus courte que leur sommeil, ce qui leur permettrait d'avoir une longue nuit, en dépit de leur tour de garde. Si aucune objection ou question ne se faisaient entendre, la belle se retirerait un instant pour invoquer la bénédiction de la Déesse aux Cheveux de Feu, bien connue pour son pacifisme.

Le lendemain, après une sommaire toilette, elle prit le temps pour la première fois depuis son arrivée dans ces terres vierges et sauvages, de souligner ses yeux de khôlle et de rehausser ses lèvres délicates de carmin, avant de tresser quelques mèches de ses cheveux en une élégante couronne. S'il lui avait paru inutile de mettre du parfum, elle avait soigneusement récuré les ongles de ses mains et nettoyé ses dents à l'aide d'un éclat de bois. Ces gestes tant de fois répétés n'avaient rien, du moins pour elle, de superficiels : elle se préparait au combat, aiguisant l'une de ses meilleures armes. Ce rituel, sorte d'hommage quotidien, contentait par ailleurs la Déesse. Touche finale, et non des moindres, elle retourna sa cape, dévoilant sous le tissu grisâtre des plus anodins qu'elle avait revêtu jusqu'alors une étoffe digne des plus grandes reines.




Tous recherchent l'aventure... Moi, c'est elle qui m'a trouvée.
 
 
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écrit le : Jeudi 20 Mai 2021 à 01h50 par Schninkel
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Un cri, des bruissements, des craquements, une forme gigantesque et sinueuse émergea à travers la végétation fraiche et humide. Il était très difficile d’estimer la taille de la bête, celui-ci étant rarement tendu sur toute sa longueur, prête à être docilement mesuré. Mais assez grand pour avaler un humain comme un œuf. En plein jour, la bête ne devait pas être elle-même en chasse. Le reptile, visiblement constricteur, devait rejoindre précipitamment un point d’eau dans lequel il pourrait fausser compagnie aux chasseurs. Une telle créature ne devait pas avoir beaucoup de prédateur, des caïmans, des fauves, mais le plus grand péril chez les serpents restait le cannibalisme. Il était assez fréquent que les femelles dévorent les mâles.

Instinctivement, elle dégrafa l’attache pour libérer son arc et avant de prélever une flèche, Farah tourna le regard vers l’homme-cerf dont l’autorité naturelle faisait de lui le maître de la chasse. Son assentiment tarda puis d’un geste, il ordonna de retenir la flèche. La chasseresse coupa rapidement court à ses ambitions égoïstes. Le respect des coutumes était une priorité et la chasseresse n’eut aucune contrariété. Elle avait pour habitude d’agir dans le respect de la nature, de la faune et des esprits animistes. La grande silhouette écailleuse disparue rapidement dans les hautes herbes.

Farah poussa un soupir en se contentant de guetter la réaction des rabatteurs Elfes à travers la brousse, la vision limitée par la végétation. Plus de fascination que de peur.


 
 
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écrit le : Jeudi 20 Mai 2021 à 13h46 par Thojan
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Varnas se jeta sur le côté, s'attendant à voir débouler un quelconque ongulé appétissant. Mais lorsque la gueule monstrueuse le manqua de peu, il abandonna toute idée d'utiliser de saisir son arc. La moindre imperfection de trajectoire causerait le rebond d'une flèche sur un monstre pareil, et cela ne lui infligera aucune gène. Et en attendant, il allait certainement revenir.

Sans réfléchir, tout son sang dans ses tripes, il se rua sur le monstre, à l'instar de certains des chasseurs. Comme s'il enfourchait une monture passant au galop, il sauta sur le long corps longiligne, plantant son long poignard entre deux écailles pour s'en servir comme d'une prise d'escalade.


¤ Et maintenant ? T'as l'air d'un con ! Est-ce que tu ne viens pas de dire qu'il ne vaut pas chevaucher n'importe quoi ? ¤

¤ Et toi, qu'est-ce que t'aurais fait, hein ? Courir comme un lapin apeuré avec ce colosse qui te siffle dans les oreilles ? ¤

¤ Mais je SUIS apeuré ! Accroche-toi, par les boules de Tempus ! ¤

Son arc en travers de son corps, et son carquois battant son flanc, Varnas n'avait pas beaucoup d'options devant lui. La seule manière de blesser ce monstre était sans doute dans l'étui sur son dos. Mais s'il voulait s'en servir, il allait devoir affermir sa posture juste un instant. Serrant ses jambes de toutes ses forces, il tenta de se maintenir en selle. Sans la selle…

¤ Mouahaha t'as l'air d'une danseuse du ventre en train de faire le grand écart. J'ai déjà vu ça… ¤


 
 
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écrit le : Mardi 25 Mai 2021 à 13h11 par Phineas
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La Goualeuse

Une fois la rêverie elfique passée, en effet, la nuit pouvait se dérouler sans arrêt. Avec toute l'antipathie qu'il lui avait inspiré, le drow avait au moins servi à cela. Thyrine s'était éloignée plus tôt pour commencer sa méditation, et le premier tour de garde tenu par les deux guerriers, avait finalement été fort court.

Hélas, contrairement aux plans de la cheffe d'expédition, les choses se déroulèrent avec une sacrée anicroche. Tymora les regardaient peut-être, mais rien ne disait que c'était eux qu'elle soutenait.

La Goualeuse fût réveillée dans la nuit, heureusement peu avant l'aube, avec donc un repos complet, par l'elfe qui lui secouait l'épaule. Elle mis quelques secondes à se réveiller pour découvrir que leur groupe n'était plus seul. Et que le comité du matin n'avait rien d'accueillant. Leurs deux gardes du corps, qui dormaient en armure et sur leurs armes les avaient au clair, mais ils allaient représenter une bien faible opposition, malgré toute leur prouesses physiques.

Trois hommes lézard et deux humains les encerclaient en effet. Et le chuchotement de Thyrine :


- Je ne suis pas certaine qu'ils n'y en ait pas d'autres...

Le chuchotement ne fit rien sans doute pour la rassurer. Les cinq avaient des visages moins agressifs que méfiants, remarqua immédiatement l'ancienne courtisane une fois qu'elle fut en position de les observer. Les lézards n'avaient pas grand chose à voir avec les barbares brutaux des histoires pour faire peur aux enfants et, comme les humains, portaient des armures d'écailles d'acier d'une teinte brun-vert. Tous portaient une hache utilitaire et une lance, et deux d'entre eux étaient équipés de plusieurs javelots.

- Cahappa ca hica ?

C'était l'un des hommes-lézards, le plus massif en fait, qui portait des dents d'animaux de grandes tailles autour du coup, qui venait parler. Son ton était impératif, visiblement ils n'allaient pas les attaquer à vue, sans quoi ils les auraient assaillis dans leur sommeil. Mais il était loin d'être amical.


Farah et Varnas

Si Farah avait fait preuve d'une humble prudence, c'était loin d'être le cas du vieux rôdeur. Celui ci, persuadé que la chose était une proie de choix se rua, couteau en avant... hélas (ou peut-être heureusement), ce qu'il avait imaginé faire du serpent pendant ses quelques secondes de réflexion de se produisit jamais.

Il rata sous simplement son premier saut.

Ayant mal évalué la distance autant horizontale que verticale pour atteindre un point accessible des anneaux reptiliens, il glissa à la surface des écailles, rebondit sur la chair avant de s'écraser avec un notable ridicule sur le sol, manquant de peu de se faire écraser par l'énorme masse du serpent qui passait à côté de lui.

Ce ne fut malheureusement pas le cas de tous le monde. Certain elfes, malgré les ordres tardifs de leur chef, avait sauté sur l'énorme créature et pendant quelques instants on les avaient vu tenter de l'arrêter en plantant leurs lances dans son cuir. Mais de longs instants plus tard, alors que tous s'étaient immobilisés et que les derniers anneaux du serpents disparaissaient dans l'ombre, on le vit tourner sur lui même, avant d'entendre des cris de douleur.

Sans attendre, toute la troupe suivit le chemin, bien plus large décidément que celui remarqué plus tôt, laissé par le reptile géant dans le sol. On découvrit les cinq elfes qui avaient attaqués la créature - fou ou courageux ? - étendu aux sols. Si quatre d'entre eux ne s'en tireraient qu'avec des ecchymoses, la dernière avaient le bras et la jambe gauche fracturées à plusieurs endroits, probablement broyés par le poids de la bête. Varnas, certainement, se dit qu'il avait échappé au même sort.

Ils ne purent s'empêcher de remarquer que les cinq victimes étaient relativement jeunes.

Écartant les elfes, Thozihé, soudain d'une humeur moins souriante, vint s'agenouiller à côté de la blessée à côté de laquelle s'agitait déjà Thelka, fébrile, tentant tant bien que mal, à l'aide de bandages, de maintenir les membres en un seul morceau droit. Il planta sa lance dans le sol, et sortit des bandages, certainement une sorte de lin tissé, de son sac, et plutôt que de laisser Thelka dans une nervosité douloureuse, l'envoya avec d'autres chercher, de ce qu'ils en comprirent, de quoi faire des attelles.

Alors que l'homme-cerf écrasait dans un pilon différentes herbes, le chef du groupe commença à lui parler, assez vertement. S'ensuivit un bref mais sévère échange de quelques secondes, qui ne s'interrompit visiblement pas sur un accord, mais à une trêve par défaut, vu la situation. A la suite de quoi, une partie des elfes se dispersa à nouveau pour trouver des traces, n'en laissant que quelques uns avec la blessée.

Plus personne ne semblait se soucier des deux étrangers pour le moment.


Lancers...



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écrit le : Mardi 25 Mai 2021 à 17h48 par La Goualeuse
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Ses rêves se muèrent soudainement en l'impression confuse d'une chute, puis elle se réveilla. Dans la pénombre de la grotte se détacha d'abord le faciès anxieux de Thyrine, puis, à quelques pas derrière, plusieurs silhouettes aux contours indistincts. La jeune femme eut un mouvement de recul instinctif, puis se ressaisit. Si ses membres étaient encore engourdis et ses paupières alourdies par le sommeil, une violente poussée d'adrénaline l'avait tout à fait réveillée.

*Même avec une plume dans l'œil et trois verres dans la tronche...*, pesta-t-elle intérieurement en regardant autour d'elle pour aussitôt constater qu'ils étaient encerclés.

Les mots que l'elfe glissa à son oreille lui confirmèrent que la situation était sans issue. D'une certaine manière, elle était satisfaite qu'il fût trop tard pour recourir aux armes. Sortant lentement les mains de sous sa couverture, elle se dégagea de sa couche, puis se mit debout, face à celui qui semblait être le meneur de l'escouade. Son visage, quoique ses lèvres fussent légèrement pincées, demeurait impassible. Elle n'avait pas peur. Les hommes-lézards, l'histoire de Betchear le lui avait enseigné, pouvaient être des créatures civilisées et sociables tout à fait charmantes ; le jeune Ssrik en offrait un bel exemple. La prudence restait néanmoins de mise... Les elfes de ces terres sauvages n'avaient rien à voir avec leurs lointains cousins faêruniens.


- Na hica ? répéta-t-elle avec une naïveté feinte, d'un ton excessivement interrogateur de manière à signifier son incompréhension. Je ne vous comprends pas.

Elle avait pris soin de détacher chaque syllabe, prouvant sa volonté de communiquer tout en opposant à son interlocuteur une langue qu'il ne comprendrait probablement pas.

- Baissez les armes, ajouta-t-elle d'une voix égale à l'intention des siens, sans quitter des yeux l'imposant homme-lézard au collier denté. Probablement un chasseur... La belle aquafondienne s'efforçait de donner une impression de maîtrise, alors qu'elle naviguait à vue. La barrière linguistique à laquelle elle était confrontée la faisait se sentir étrangement désarmée, mais son sens inné de la communication et sa grande sociabilité demeuraient leurs meilleurs atouts.

- Mesalyne, articula-t-elle en se désignant d'un geste de la main, un sourire courtois, signe universel de bienveillance, étirant ses fines lèvres.



Tous recherchent l'aventure... Moi, c'est elle qui m'a trouvée.
 
 
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écrit le : Mardi 25 Mai 2021 à 19h45 par Phineas
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La Goualeuse

Alors qu'elle parlait, elle senti la situation se tendre et bien que, après quelques instants d'hésitation, leurs deux gardes et Thyrine aient baissés leurs armes (leur médecin n'ayant lui rien dans les mains), leurs antagonistes du moment, eux, ne réagir pas.

C'est son langage qui sembla les tendre.

Les deux humains se tendirent et commencèrent à murmure des paroles agressives, bientôt suivis par les deux être lézards. L'un des humains s'avança même, commençant à brandir agressivement sa lance.

Mais le chef intervint. Il était plus grand qu'Azima, déjà particulièrement imposant et légèrement plus grand (d'un petit centimètre), que son frère. Le chef, lui, dépassait le guerrier turmien de plus d'une tête. Lorsqu'il leva la main, l'humain hésita, mais fit un dernier pas. Le chef denté tourna alors la tête vers lui.


- Chè. Tak anok.

Les trois mots avaient été accompagné d'un grondement menaçant. Visiblement apeuré, l'humain recula en baissant légèrement les yeux. Le chef revint vers la Goualeuse et la fixa. Ses yeux verts, tranchés de la pupille verticale de son espèce, la transperçait. Un grondement de gorge étrange s'échappa de sa gueule. Puis avec difficulté, il montra qu'il connaissait quelques bases du commun faerunien :

- Tu... Vous ? Mezal Ine ? Hum... Oh... Vous êtres Baldur-han ?

Ses grands yeux se plissèrent, de nouveau méfiants. Si ses hommes avaient baissés leurs armes, lui n'avait que la hampe de sa lance posée au sol, pas la pointe. Sa confiance était très loin d'être acquise. Mais au moins le sol n'était il pas encore jonché de cadavre.



Voyons voyons mon jeune ami, vous croyez vraiment que les montagnes grandissent seules ?
 
 
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