L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

Elle s’approchait du groupe et découvrit avec joie qu’une nouvelle guenaude venait d’être défaite. Le mal quittait ces bois petit à petit et elle espérait profondément qu’une Marge reconvertit au druidisme d’antan reprenne le flambeau de sa protection au service de la Terre Mère.

Alors qu’elle avait poursuivi son chant, elle sentit une puissance monter en elle. Le chant se fit plus fort, plus vibrant et une connexion se créa avec un autre univers dont elle n’avait pas connaissance et pas totalement conscience. Était-ce la cour Seelie ? Ce puissant flux émotionnel et magique se transforma soudainement en douleur, son dos se déchirait, ses muscles, ses tendons, sa colonne étaient comme extirpés de ses entrailles par un démon des neuf enfers. Elle ne l’avait jamais vécu, mais c’était ce qu’elle aurait pu imaginer d’une telle expérience. Puis le calme se fit sentir dans son corps, dans son coeur et dans son esprit. La connexion se transforma en acclamation de gloussements, de rires des joies et de murmures. Des murmures encourageants qui lui confirmait que tout allait bien, dans la langue des fées, la langue sylvestre.

Dans son songe inconscient, elle voyagea par delà les âges et les temps, se reconnectant avec son paternel féérique qu’elle n’avait jamais vraiment connu. Elle se sentit tout a coup investie d’une mission, celle de protéger encore plus la nature et de rapprocher ses protecteurs, l’Union d’Angarradh. Ce à quoi elle aspirait depuis toujours. Mais surtout elle se sentit enfin devenir entière, comprenant le décalage existant avec son peuple d’origine elfique et à la fois son amour profond pour lui.

Alors que le mal était chassé de ses terres, le monde sylvestre reprenait ses droits dans cette forêt et Sylaruil s’en sentait le réceptacle involontaire. Repensant à son héritage féerique, elle compris que désormais elle n’était plus seulement une elfe mais aussi une fée. Peut-être sa rencontre de l’autre nuit avec le Grig avait été un signe annonciateur ?

La transformation ayant été radicale, son corps d’elfe resta inconscient pour quelques heures de ce qui ressemblait à un sommeil d'humains.

i le jeune Jakelm cherchait à lire sur le visage de son ancienne navigatrice, il put y lire un froncement de sourcils, qui alla en s'adoucissant peu à peu, migrant le temps d'un moment de la contrariété à ... la tristesse.

Hermine ne ressentait qu'un dégoût mesuré. Elle était une guerrière, elle en avait vu d'autres. Elle-même n'aimait pas ôter la vie -quelle qu'elle fut-, mais savait qu'il n'y avait parfois pas d'autres moyen. Mais elle connaissait aussi la différence entre empaler quelqu'un proprement sur son épée en légitime défense, et le décapiter ou le piétiner de son cheval. C'était la source de sa contrariété.
Mais chaque mort mettait aussi un point d'arrêt définitif à la possibilité de compréhension et de rédemption. L'impatience ou la peur sont-il des raisons suffisantes pour ne rien tenter ? Se contenter de tuer tout ce qui a l'air, l'attitude, l'âge ou la couleur de peau qui ne vous plait pas vous rend-il digne d'être "Bon" ? La Justice peut-elle réellement exister dans des royaumes où chaque partie peut se prétendre juge, jury et bourreau ? Hermine avait les réponses, mais ce simple constat, couplé à son insignifiance à changer les choses, l'attristaient.

Tandis que le garçon s'était déjà détourné depuis un moment, elle considéra un moment la vieille dame morte, vérifiant qu'elle l'était bien, avant de jeter sur elle le jambon faisandé, comme pour lui servir de provision pendant son dernier voyage, quel qu'il fut.
Puis, elle resta là à contempler les arbres et le ciel, à sentir le vent sur sa peau. Tandis qu'elle en percevait les chuchotements, un sentiment nouveau se faisait jour en elle. Certes, elle était insignifiante ... Rien de nouveau. La vie continuait. Le vent continuait à souffler, les feuilles des arbres continuaient à danser, celles de l'Arbre Fantôme continuaient à veiller, et entre elles, Lune et étoiles continuaient à briller ... Louve huma le vent, soupira, avant de revint atterrir auprès de ses compagnons.

C'est alors seulement qu'elle remarqua la violente métamorphose de Sylaruil. En quelque pas, elle fut à son chevet et l'observa rapidement à son tour. Ses compagnons semblaient hésiter quand au traitement à lui administrer, et c'était normal : pour Hermine non plus, il n'y avait plus rien à faire.

- Elle est donc moяte ... c'est bien !, murmura Hermine avec un étrange sourire. Même si elle la connaissait peu, intérieurement, elle était fière de Sylaruil et de l'épreuve qu'elle venait de traverser. Elle regarda ses compagnons : « Maintenant, c'est la suite qui va êtяe difficile. Elle auяa besoin de soutien. »

Avec des gestes rapides et précis, elle plaça l'elfe en position latérale, la mit à l'aise, revérifia que sa respiration. De son sac marin, elle sortit une large couverture, chaude et épaisse, dont elle la recouvrit jusqu'aux épaules, portant une attention particulière à ses ailes. Enfin, elle prépara grâce à sa trousse de soins une compresse qu'elle aspergea d'essence de rose et, à moins qu'un de ses compagnons ne préfère s'en charger lui-même, elle tamponna gentiment l'être-Sylve pour l'apaiser. Pendant ce temps, elle fredonnait en une langue inconnue un étrange chant entêtant : une incantation chamanique au sens mystérieux.

Après un moment, elle rangea ses affaires, se releva, mit les mains sur les hanches, elle avisa autour d'elle, cherchant le meilleur endroit pour établir un camp. Puis, elle affirma : « Mieux vaut la laisseя doяmiя. On feяa dispaяaîtяe le Ceяcle demain. Je sais pas vous, mais je cяois qu'on a des tяucs à se diяe, en attendant. »

Puis elle s'en retourna et commença à offrir une sépulture décente à la guenaude.


Probablement inutile, mais au cas où, les options dont je dispose:
Premiers soins: +8 (peut-être "faire 10" pour "aider un compagnon")
Soins légers, Détection du poison, Ralentissement du poison, Détection de la magie, Dissipation de la magie



Ce message a été modifié par Hermine le Jeudi 23 Mars 2023 à 15h28

out comme Vëla la sainte avait secoué Ô pour en ôter le sang, Hermine secoua de manière moins gracieuse sa pelle pour en faire tomber la terre fraîche. Le plus loin possible des arbres, elle avait creusé une tombe profonde pour la guenaude qu'elle avait jetée dans le trou sans grande cérémonie, puisque Jakelm l'avait déjà dépouillé de ses effets. Elle avait ensuite rejeté la terre sur le cadavre, et pratiqué ce qui semblait être un exorcisme.
Si ses compagnons l'interrogeaient à ce sujet, elle expliqua simplement que les esprits des morts pouvaient corrompre un lieu. Ceux qui avaient eu une "bonne vie" étaient incinérés tels des guerriers. Quand aux autres ... En son for intérieur, Sahadeva put remarquer que l'attitude de Sirène était bien différente du respect qu'elle avait manifesté envers leurs ennemis dans le Marais des Lézards.

Puis, elle regagna le camp établi pour la nuit, vérifia que l'état de Sylaruil —fallait-il toujours l'appeler ainsi ?— était stable, et vint s'assoir près de ses compagnons. Elle n'avait pas mangé, mais n'en ressentait aucun besoin, et ne semblait aucunement fatiguée. Il était difficile de percevoir l'affaiblissement qu'elle avait confié à Jakelm plus tôt dans la journée.

- Bon. Demain : deяnièяe Sœuя. Comment vous voulez vous la joueя ?
On établit une tactique, où on se la joue boяdélique, comme aujouяd'hui ?

Son ton était plus soucieux que vraiment agressif. La guerrière semblait avoir l'attitude de celle qui sait que tout combat dont on sort vivant est une victoire, mais qui redoute que la chance ne dure pas.

- C'est la plus puissante des tяois. Elle seяa pяépaяée à notяe venue. Et vous n'avez toujouяs qu'une vague idée de ses objectifs. Elle fronça les sourcils. Son ton était factuel ; elle ne portait pas d'accusations, elle cherchait des solutions. Elle continua : « Vous ne cяoyez pas qu'on devяait, chacune et chacun d'entяe nous, expяimeя aux autяes nos buts pouя demain, et les actions qu'on compte pяendяe pouя les atteindяe ? »

Si cela ne devait pas être assez clair, elle s'adressa concrètement à chacun :

- Sahadeva, tu comptes éviteя d'alleя au contact jusqu'au deяnieя moment et laisseя ainsi les ennemis libяes de leuя mouvements ? Ou tu vas enfin leuя яentяeя dans le laяd et nous montяeя ce que tu vaux яéellement ?
Que feяas-tu, que devяais-je faiяe pouя toi, si la tяoisième sœuя se яetяanche aussi deяяièяe une position avantageuse ? Je la laisse te piloneя de maléfices, ou je яetouяne en pяemièяe ligne, seule comme une conne, le temps qu'Aby et toi soяtiez enfin du bouяbieя ?

- Monsieuя Jakelm, est-ce que tu continueяas à nous lâcheя sans pяéveniя, sans nous diяe si tu comptes яeveniя avec des infos où simplement pяendяe position ? Qu'est-ce qu'on fait si tu ne яeviens pas ?
Et tu continues à cяoiяe que c'est une bonne idée de t'enfonceя dans les lignes ennemies hoяs de notяe vue, aloяs qu'il y auяait pu y avoiя d'autяes ennemis dans cette gяotte ? Tu as failli nous ouvяiя un fяont supplémentaiяe aloяs qu'on n'en avait pas teяminé avec le pяemieя ... Vëla est douée, mais elle ne peut pas tout faiяe ! Et moi, je ne peux pas me lâcheя si je dois toujouяs te gaяdeя à l’œil !

- Et toi Vëla, est-ce que tu vas encoяe dévoileя notяe pяésence sans teniя compte de Jakelm et moi, et nous pousseя tous au combat sans essayeя яéellement de sauveя des âmes, ou au moins de яassembleя des infos, voiяe nous éviteя un combat ? Paяdonne-moi mais "яepends-toi ou meuяs", c'est vяaiment faible comme aяgument diplomatique ...
Si demain on яencontяe plusieurs ennemis puissants, qu'est-ce que je fais ? Je t'aide, où je te laisse te démeяdeя ?

Les arguments d'Hermine pouvaient être durs, et son franc-parler n'arrangeait rien. Mais la fermeté de ses mots tranchait complètement avec son regard et sa voix : sa voix tremblait de ce qui n'était peut-être pas de l'énervement, et ses yeux brillaient de ce qui n'était peut-être pas du mépris ...

Tijak, Hermine et Vëla avaient rejoint Sahadeva au chevet de Sail. Leurs premiers efforts combinés ne semblaient avoir eu que peu d'effets sur l'état de l'elfe au grand dam du Maquar. La seule bonne nouvelle était que son état ne semblait pas se dégrader ostensiblement.

Les propos d'Hermine à propos d'une mort de Sylaruil, suivie d'un après étaient pour le moins mystérieuses. Mais les choses s'étaient quelque peu éclaircies lorsque Vëla avait dévêtu la jolie elfe et découvert sa paire d'ailes [ cf. message de Vëla ci-dessous ]. L'elfe semblait vivre une métamorphose des plus impressionnantes, sans qu'aucun signe précurseur ne l'ait laissé présager. Le Maquar n'avait jamais rien vu de tel, mais il fut rassuré de constater au fil du temps que la transformation ne semblait pas être liée à la guenaude.

¤ Elle est comme une chenille se transformant en papillon ! ¤

Très impressionné, il ne comprit pas la nature du phénomène et interrogea ses compagnons à ce sujet, en souhaitant qu'ils puissent le renseigner et le rassurer. Pour l'heure, il ne restait qu'à veiller leur compagne et à espérer qu'elle se reprenne rapidement ses esprits : l'endroit était dangeureux et ils étaient affaiblis...

Le temps avait passé et Sahadeva avait aidé ses compagnons à établir un campement dans lequel ils pourraient retrouver des forces en attendant le réveil de l'elfe. Hermine avait été la première à évoquer la suite des événements. Son ton était brusque, légérement cassant. Le Maquar reconnaissait la "nouvelle" Hermine. Son départ soudain et sa capture l'avaient changée, à moins que cela soit l'équilibre modifié de leur groupe. Le guerrier ne prit pas ombrage de ses paroles et se contenta de lui rétorquer :

- Etablir un plan est judicieux, mais établir un plan nécessite de savoir face à qui nous nous trouverons et sur quel terrain nous combattrons. Sans avoir en tête la configuration du champ de bataille, il semble impossible de définir un plan d'action précis.

Il aborda ensuite les "reproches" qui lui avaient été faits :

- Je ne crains pas de combattre ces créatures dans une mêlée. Mais le guerrier avisé sait adapter sa technique de combat aux circonstances : face à un adversaire à découvert, il me semblait plus sûr d'user de mon arc. Premièrement, car cela me permettait de distraire et peut-être même d'affaiblir plus rapidement notre adversaire. Deuxièmement, parce qu'il me semblait plus prudent de laisser de la distance entre nous, ne sachant pas exactement de quoi elle était capable. Je combats presque aussi bien à l'arc qu'au cimeterre, le choix d'une arme ne découle que de mon évaluation de la situation. Telle est la voix du Maquar.

Le guerrier d'Estagund modéra quelque peu ses propos :

- Mais tu as raison sur le fait que nous devrions mieux nous préparer. Ta magie nous a renforcés à plus d'une reprise et il serait idiot de s'en passer. De même que de celle de Vëla ou des chants de Sylaruil... sans même parler de ses probables nouvelles capacités. Pour se préparer, il faut néanmoins savoir où et contre qui il faudra combattre. Envisage-tu d'envoyer à nouveau Tijak en éclaireur ?

Il jeta un regard au jeune garçon :

- Je te fais entière confiance, Tijak. Tu as fait tes preuves. Mais je dois avouer que cette solution a quelque chose d'inquiétant. Je suis toujours tracassé par la disparition de Sail...

L’ex-folle de Torm ne voyait rien qui vienne les mettre en danger, aucune menace, aucun autre être vils dans les parages, mis à par peut-être une. Satisfaite de la situation elle se concentrait plus sur la condition de Sylaruil.
Sahadeva qui était déjà à ses côtés, Tijak qui arrivait en trombe puis Hermine qui vint lui porter des soins. À ce moment, lorsque la guerrière noire vint déplacer le corps inerte de l’elfe, la preux chevalière aperçut un renflement dans le dos de Sylaruil. À la demande du Maquar, Vëla mit pied au sol, ordonnait à Abby de garder et s’approchait de l’elfe puis prit les signes vitaux en premier; si ses pulsations étaient plutôt régulières, ses inspirations semblaient difficiles et ses expirations se faisaient plus facilement. * Quelque chose l’empêche de bien respirer. * Se dit-elle en commençant à la dévêtir de son armure pour lui permettre une meilleure respiration. Ce faisant, une surprise faillit l’alarmer, la jeune elfe avait quelque chose d’anormal dans le dos. Tout de suite son armure enlevée, elle sentit la respiration reprendre sa facilité. * Mais qu’est-ce que c’est? * Se questionnait-elle. Suivant l’énigmatique formation, la paladin perçut une base qui reliait la fine couverture diaphane au omoplates de l’elfe et… Elle comprit. * Est-ce possible? * Ce questionnait-elle stupéfaite de la découverte. Le moment resterait gravé dans la mémoire de la jeune femme de la Rashéménie. Pour elle, c’était un signe divin, leurs actions communes avaient attiré les yeux de plusieurs dieux et ceci venait fortifier les fondations de la guerrière divine.

*Soit louer des dieux bons, Sylaruil. Puisses-tu continuer de resplendir dans la lumière et que ton chant continu d’éclairer les ombres malveillantes et de soutenir les cœurs vaillants. * Dit-elle pieusement. La néophyte de l’Ordre du Corbeau reconnaissait là, une transformation digne d’une reconnaissance. C’était la toute première fois qu’elle assistait à une telle récompense. Elle-même avait passé par-là, de façon bien différente, car elle avait traversé la mort pour renaitre, mais comme Sylaruil, elles avaient attiré sur elles des yeux bienveillants et divins.

-Regardez, ce sont des… des ailes!- Avait-elle dit plus pour elle que pour ses compagnons. Une fois l’armure enlevée, elle remit la chaude couverture qu’Hermine lui avait mit et la couchait sur sa peau d’ours qu’elle déposait au sol. Elle déposait par la suite ses mains sur le corps de Sylaruil et laissait passer la force vitale dont elle avait besoin. * Repose toit doux papillons. *

Le sourire radieux qui s’affichait sur le visage mélancolique de la paladin aurait perduré si cela n’avait été de l’action blasphématoire qu’Hermine venait de faire.

Le moment d’exaltation que venait de gouter la preux chevalière, ne l’avait pas empêché d’entendre les paroles de la guerrière noire, elle avait même fait un signe de confirmation à la discussion, mais voyant cette dernière offrir une sépulture à cette engeance était déraisonnable. Pire, cette dernière revint en leur faisant savoir son point de vue sur les dernières actions entreprises avec des reproches. Vëla se retenait, elle qui dans un temps pas si lointain était appelée la folle de Torm par son sang bouillant. La paladin respirait profondément pour ne pas se laisser aller dans la colère. *Comment ose-t-elle nous reprocher ainsi nos actions, elle qui a déserté les Marche d’Argent?* S’exclamait-elle intérieurement.
Sahadeva, comme depuis qu’elle le connaissait, emplit de sa sagesse répondit avant qu’elle le puisse et ce fut salvateur, sans aucun doute. Ceci donnait le temps à la guerrière divine de pondérer ses ardeurs. Les paroles du Maquar finirent sur des questionnements qui désamorçaient en partie la tempête qui allait suivre.
Elle attendit un instant puis sur un ton calme…

-Offrir une sépulture à cette engeance est soutenir leurs actions perfides et leurs mouvements voués au mal, à la destruction, à l’anéantissement de la lumière et de l’appauvrissement de la force forte de toute chose que le père de la nature ne cesse de combattre à chaque moment. Pourquoi vouloir de telles choses Hermine? Pourquoi? – Demandait-elle à demi outré, mais surtout curieuse de savoir les véritables intentions de la guerrière noire qui avait appartenu au bastion des Marches d’Argents. Cela allait à l’inverse de la compagnie. La réponse qu’elle reçut était encore plus décevante qu’elle l’aurait cru. Chaque peuple avait leurs rituels funéraires, brûler, ensevelit, coulé, éparpillé, peut importait, un rite était pour ceux qui avait démontré de la piété, les autres, la nature s’en chargeait.

Pour ne pas envenimer la situation, Vëla répondit le plus calmement possible…
-Sur un champ de bataille, il y a des plans d’attaques, mais comme l’a si bien dit Sahadeva, ici, c’est différent, nous sommes en terrain inconnu. L’improvisation et la symbiose entre compagnons seront notre force face au chaos et au mal. Le mal s’attend que nous soyons ordonnés, valeureux dans notre honneur et que l’on se perdre dans une certaine diplomatie pour qu’il puisse mieux nous anéantir. Par expérience avec mon père, un paladin hors pair et ainsi qu’avec Elion d’Alusaire un Aassimar de Heaum, paladin qui m’a démontré mainte et mainte fois que ma tendance à vouloir le repentir, fera de moi un appât de choix. Malheureusement on ne peut sortir aussi facilement de nous les mauvais plis, je persiste à plusieurs occasions à vouloir offrir la chance de la rédemption, mais je dois avouer que je n’ai jamais réussi face au véritable mal, et ce n’est pas parce que je n’ai rien tenté, bien au contraire… Le mal connait la faiblesse des paladins, on doit donc s’en servir, contre le mal. -

Elle avait les yeux lointains, elle revoyait l’ensemble des combats qu’elle avait livré, les deux fois qu’elle avait trouvé la mort pour ne pas avoir laissé tomber ses convictions puis elle reprit… - Tes reproches à peine voilés, nous aident-ils ou bien ils nous embrouillent? Je serai toujours celle que je suis, imparfaite dans la foi, incomplète dans l’acte. Si tes actes étaient aussi incisifs que tes paroles, nous aurions déjà terminé notre mission, mais il n’en est pas ainsi. Il doit y avoir une raison valable pour que tu arrives et que tu nous sermonnes de nos tares, car avant ton arrivée, nous avions une symbiose plutôt gagnante. C’est à se demander quels dieux jouent en notre défaveur. Et oui, aussi, comme tu arrives, Sail disparait. –– Elle levait alors les yeux sur Hermine puis terminait…

-Alors, comme si la nature n’avait pas d’oreilles présentement, comment vois-tu la suite, Hermine? Je suis persuadé qu’une guenaude, la dernière de cette contrée, ne nous entend pas présentement. Comme l’air que nous respirons, ce n’est pas parce que l’on ne le voit pas qu’il n’existe pas. Je ne devrais pas t’apprendre cela Hermine. -

Il y avait trop d’éléments qui parlait contre la guerrière noire que l’inverse. Pour la paladin, Hermine était une déserteuse des Marches d’Argents, qui apparait au milieu d’une mission, qui avorte les pourparlers qu’elle avait entrepris auprès des ogres, qui enlève Marge, qui ce revire et passe à un poil de se retourner contre eux, qui n’intervient pas dans la dernière confrontation de la deuxième guenaude et qui tente de brouiller leurs moral avant la final, entreprend une sépulture en mémoire de la guenaude et qui tente de leur faire dire la tactique qu’ils emploieront sachant très bien que la guenaude devait les écouter de par une magie impie. Rien d’Hermine donnait confiance, tout en elle donnait l’impression d’une espionne, un contre-courant qui cherchait qu’a semé les méandres pour les empêcher de terminer.

La guerrière noire était bénie par Sahadeva et par Tijak qui tous deux la connaissaient, sinon, Vëla était à se demander ce qui en serait advenu. La paladin avait beau tenter de voir autrement, mais rien ne lui paraissait autrement.

Désemparé, Tijak se tenait accroupi auprès de Sylaruil sans parvenir à identifier la cause de cette douleur soudaine ayant conduit à cette inconscience inquiétante.

Troublé, le gamin avait détourné pudiquement les yeux lorsque Vëla avait entrepris de dévêtir l'elfe, lui retirant son armure pour faciliter sa respiration mais le cri surpris de la paladin ramena son regard sur les ailes ainsi désignées.

- Mais, il s'passe quoi ? s'exclama-t-il, émerveillé par ces excroissances diaphanes. Il arrive quoi à m'dame Sylaruil. C'est drôl'ment beau en tout cas...

Ni les premiers secours classiques, ni les soins magiques se semblaient améliorer la situation mais la respiration, désormais paisible, de l'elfe n'était plus de nature à provoquer de l'inquiétude. Sa métamorphose avait provoqué un choc dont son métabolisme peinait à se remettre mais du repos rétablirait certainement assez vite Sylaruil.

Le bivouac établi, Tijak était allé faire un rapide tour des environs pour s'assurer que tout était calme. En territoire potentiellement hostile, il convenait de ne pas baisser sa garde trop rapidement, surtout avec un dernier adversaire redoutable à proximité.

Revenant auprès du feu, le jeune garçon tiqua devant le violent réquisitoire d'Hermine, les prenant tous à partie, les uns après les autres. Je, je, je... Il n'y en avait que pour elle qui se posait en sauveur du monde.

Les mots lui semblaient durs et particulièrement injustes et Tijak se sentait bouillir. Il ne possédait pas la sagesse, ni le calme de ses aînés, capables de se contenir et de répondre posément aux accusations. Se redressant, le gamin se révolta :

- Mais, mais c'est pas vrai ! vous... vous êt... vous êtes injuste...

La colère le faisait bafouiller mais Tijak s'efforçait d'aller au bout de ses arguments.

- Quand j'suis allé voir où qu'était la sorcière, c'est vous qu'êtes partie, sans même écouter c'que j'avais vu. Après, dans l'tronc d'arbre, j'regardais justement qu'y'avait pas d'autre danger. Et elle m'avait pas vu jusqu'à c'qu'vous arriviez comme une furie.

L'indignation du mousse se teintait d'une part d'amertume. Il adorait véritablement Hermine avec qui il avait tutoyé les étoiles et ce changement d'attitude, incompréhensible pour lui, le meurtrissait profondément. Bien évidemment, ils avaient besoin de mieux se coordonner, de communiquer davantage, mais ils n'étaient non plus pas des soldats aguerris, façonnés par des mois d'entraînements.

- oui. Vous proposez quoi, vous qu'êtes si maline ? abonda-t-il à la dernière question de Vëla avant de secouer la tête d'un air désolé.

Non, il ne fallait pas qu'il cèdât, lui aussi, à l'injustice avec des propos dépassant ses pensées.

- Je... Excusez-moi, se reprit-il en sentant ses yeux s'embuer de larmes.

Se les essuyant d'un revers rageur de sa manche, il respira plus calmement.

- Bien sûr, faut qu'j'reparte en éclaireur, répondit-il indirectement à Sahadeva. Et r'viens évidemment vous dire c'que j'ai vu. J'sais très bien qu'tout seul, j'sers à rien. Mais, vous avez raison m'dame Hermine, faut pas qu'j'essaie d'trop en faire en m'approchant trop près. Du moins pas avant qu'vous soyez tous là, vous aussi...

n réponse à Vëla, Hermine haussa les épaules :

- Je soutiens яien, j'ai creusé un tяou. 'Jeté le coяps face contяe teяяe, comme ça s'il se яéveille en zombie, il cяeuseяa dans le mauvais sens ... C'est con, un zombie.
Tu me demandes comment je vois la suite. Mais vous n'êtes pas mes maяionnettes, je ne vous impose pas ma vision. Je ne fais que m'expяimeя. Je pяopose. Mais pouя ça, je dois commenceя paя obseяveя, et questionneя. Vous semblez le pяendяe comme des яepяoches. Paяdon. Vëla, tu me juges, et semble insinueя que je suis une traîtяesse. Pouя me compяendяe, il faudяait qu'on se connaisse mieux. Mais je n'aяяive pas à te paяleя ... tant pis.

Puis, en réponse à Jakelm :

- Tu t'es éclipsé sans pяéveniя, pendant qu'on discutait avec Maяge. Tu auяais pu êtяe en tяain de te faiяe dévoяeя le cяâne paя un monstяe. J'ai couяu véяifieя la seule hypothèse que j'avais : l'aяbяe de la guenaude. Tu n'es aяяivé qu'ensuite, avec les autяes, j'ai aucune idée de ce que tu as fait, ou vu, dans l'inteяvalle.
Et si je tяouvais que tu ne seяvais à яien, je t'auяais laissé te faiяe exploseя en lisant mon gяimoiяe, ou te faiяe aspiяeя l'âme en saisissant la gaяde de mon épée. Je ne sais pas tout, mais il y a ceяtaines choses que je sais et pas toi. Si je voulais m'entяaîneя avec toi, c'est qu'il y a d'autяes choses que tu sais mieux que moi. Si tu pяéfèяes agiя seul ... tant pis.

Une nouvelle fois, Hermine haussa les épaules. Il y avait tellement plus de choses qu'elle voulait confier, demander ou proposer. Mais elle pressentait que, plus elle poserait de questions, plus elle serait une gêne pour ... ces gens.
Le camp était déjà dressé, et elle avait à méditer sur ses actions du lendemain. Aussi, à moins que quelqu'un ne souhaitât continuer la conversation, elle s'isola, s'enveloppa de son armure de plaques, ferma son heaume, et tenta de se reposer ...

Narration

Lentement, le temps déroulait son fil.
Plus lentement encore pour Sylaruil qui avait basculé dans la Rêverie des siens, revivant, comme seuls les Elfes pouvaient le faire, des morceaux de vie de toute son existence. Elle se revit rire et chanter, se faire réprimander par Atanatar tandis qu’elle prenait des libertés sur le rythme et certaines notes des chants qu’il essayait de lui apprendre. Elle vit sa mère, un sourire aux lèvres et le regard perdu dans le vide comme si elle rêvait debout, profitant du babil d’un troglodyte et d’une brise légère, chuchotant pour elle-même des mots qu’elle ne pouvait comprendre. Elle retrouva Flixia qui, bien plus que Blique, essayait de lui ouvrir l’esprit à la nature de la Sylve et de lui apprendre à reconnaitre les Esprits Follets entre eux, de ceux dont il fallait mieux se méfier et des autres. Elle se surprit à profiter d’une nouvelle conscience, tandis qu’elle entendait les anciens si prompts à la rabrouer, utiliser des sobriquets pour parler … d’elle.
Et entendre pour la première fois le nom de Karador, la cité perdue des eaux du Myrloch tandis que les êtres Fées étaient de plus en plus nombreux à être accusés des maux de leur communauté … Puis la destruction d’Argen-Tellirynd, le Palais des Ages.

Ses compagnons étaient perplexes, perdus et divisés dans ce qu’il convenait de faire.
Tous s’accordaient sur le fait que rester proche de l’antre pour y passer la nuit n’était pas une bonne idée mais craignaient d’avoir à la déplacer de peur de la blesser. Malgré leur aspect diaphane, les ailes de la Llewyrr prenaient extrêmement rapidement la solidité d’une membrane de cuir, si bien que la poser délicatement sur Abby leur permettrait de voyager sans crainte.

L’après-midi était entamée mais le soleil était encore haut dans le ciel. Ils avaient le temps de rejoindre le Géant -ou prendre le risque de chercher un autre endroit. Entre l’arbre et la grotte qui avait servi un temps de prison à Hermine, il n’y avait qu’une forêt dense, l’espace était plus dégagé sur la gauche de la rivière à l’approche de celle-ci, Tijak avait pu s’en rendre compte quand il avait retrouvé Malo.

Les discussions allaient bon train, les petites prises de bec également, et le temps passait. Comme ses compagnons, Sahadeva voulait prendre du repos, pour récupérer des forces et surtout pour permettre à Sylaruil d'achever sa métamorphose dans de bonnes conditions.

Dans un premier temps, le Maquar avait envisagé de camper sur place ou à proximité immédiate du site du combat. L'emplacement n'était pas idéal, mais il ne voyait pas comment transporter l'elfe sans risquer de la blesser ou d'aggraver son état. Mais bientôt ses compagnons lui firent remarquer que la paire d'ailes semblait robuste, au moins suffisamment solides que pour lui permettre de voyager sur le dos d'Abby. Cette donnée changea son point de vue sur la situation.

¤ Il faut trouver un endroit connu et aisé à défendre. Nous avions procédé comme cela au hameau et répoussé un ennemi largement supérieur en nombre... On ne change pas une stratégie gagnante ! ¤

Le guerrier se risqua à proposer :

- Je pense qu'il nous faut trouver une position facile à défendre et pas trop proche d'ici. La grotte du géant pourrait convenir. Qu'en pensez-vous ?

La réponse d’Hermine au propos de l’enterrement fit rire nerveusement la paladin; elle visualisait très bien un zombi creuser dans le mauvais sens. Ceci eut l’effet de faire baisser la tension du combat passé et son rire se fit entendre ne s’empêchant pas d’apprécier la situation. Suivant les dires de la guerrière noire, Vêla sourcillait lorsqu’elle se fit dire qu’elle jugeait Hermine puis répondit…- Il est clair que nous avons de la difficulté à nous entendre et je ne sais pas où tu as été cherché que j’insinue que tu es une traitresse. Je ne l’ai jamais formulé verbalement et si tu te fies à mes réactions, c’est plutôt toi qui juges. Je me fie au fait et aux dires Hermine, tu ne me m’as jamais expliqué pourquoi tu avais quitté le bastion, comme seule réponse tu m’à donnée ‘’je sais que le meilleuя moyen de ne pas яompяe un seяment est ... de ne pas en faiяe.’’ Donc, tu n’as pas fait de serment au Marches d’Argents, si je me fie à tes dires, et quand ceux-ci en demandent justement un, je dois en penser quoi? Alors si tu as fait partie des Marches d’Argent c’est parce que tu as fait un serment et que si maintenant tu ne les plus, c’est que tu as déserté ou tu mens pour couvrir autre chose… Chose certaine c’est que tu ne tes jamais expliqué sur ce fait. Ensuite, ne te demande pas pourquoi j’ai très peu confiance en toi. Quand je t’ai demandé en venant ici, ‘’Pourquoi ne pas répondre clairement Hermine, ce n’est pourtant pas si compliqué de dire à quelle phalange vous appartenez. Vous semez le doute et sembler y prendre plaisir, ce qui me laisse douteuse et de cela il n’y a rien de bon. ‘’ Encore là, tu ne m’as jamais répondu, comme seule réponse j’ai eu droit à un silence et une indifférence. Alors, ne te surprends pas si tu n’arrives pas à me parler parce que je semble fermé, normal, je doute, mais en aucun cas je t’ai jugé; je me méfie c’est tout. Et si tu veux maintenant gagner ma confiance, ce sera du boulot, mais je doute que tu aies besoin de celle-ci. -- Dit-elle sans aucun reproche. La guerrière divine aurait pu utiliser ses compétences pour lui faire entendre raison, mais elle se refusait de le faire.

Ensuite le temps passait jusqu’au moment où Sahadeva proposait un lieu de repos. La paladin regardait d’un côté et de l’autre puis ajoutait… -Tout laisse savoir que le géant acceptait les ogres auprès de lui et que les ogres étaient sous les ordres d’Elle. Nous savons aussi qu’il avait promis à Sylaruil de ne pas être avec Elle… Donc, nous pourrions l’approcher et qui sait, si je ne réussissais pas à le convaincre de nous aider contre Elle. Nous avons tout à gagner et très peu à perdre. D’accord pour moi pour la grotte au géant, Tijak?, Hermine? Vous en pensez quoi? - Dit-elle en s’approchant de l’elfe et étudiant la situation puis ajoutait…- Je vais embarquer sur Abby et vous me passerez Sylaruil, je vais l’assoir face à moi et je la soutiendrai, sa tête sera sur l’une de mes épaules, elle pourra récupérer et ne risquera pas de tomber, car je la tiendrai entre mes bras. -

Peu importe s’ils allaient à la grotte ou ailleurs, il fallait bouger et préparer l’elfe-ailé à être transporté. Ils avaient encore de la route a faire et l’avantage était qu’ils avaient le temps de le faire, mais ne fallait pas tarder et être aux aguets tout au long du chemin.