L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

Narration

Au creux de l’arbre, Tijak tremblait de peur d’être découvert, d’excitation peut-être, ou simplement d’être pris comme un rat dans le repère de la Guenaude. Cherchant l’angle d’approche pour profiter d’un peu de clarté extérieur et chercher si aucun piège ne s’y trouvait, il marcha sans s’en rendre compte sur rien de plus qu’une branche. Mais elle claqua dans le silence de la disparition de la Verte comme un piège se referme sur sa proie.

Au-dessus de sa tête, une roussette couina de soutient.

Son regard se voilait d’adrénaline, tant et si bien qu’il ne vit arriver Hermine que quand elle était déjà à ses côtés.
Il se rendit compte que Sylaruil chantait au loin et que ce chant était plus qu’une ode, comme un vecteur pour la Sylve.

L’elfe chantait, et devant elle se déroulait la scène. La flèche du Maquar qui disparaissait soudain, arrachant un cri à la créature invisible, une seconde qui se ficha dans le tronc, si haut qu’elle pouvait craindre que la bête ait pris de la hauteur, puis Vëla qui psalmodiait, auréolée de l’or de sa foi, dont la monture se dressa soudain pour laisser son lourd sabot s’abattre dans le vide qui devint un hurlement en réponse au hennissement de l’équidé.

Hermine avait bondit, profitant de la confusion des deux attaques, plongeant de côté dans une culbute qui lui permit d’éviter les griffes vertes autant que les coups des aventuriers …

Le mousse en était à titiller le sac de sa dague quand elle lui demanda si l’objet qu’il s’apprêtait à ouvrir n’était pas farci. A l’odeur, on aurait pu parier qu’il le fut, probablement d’un morceau de cerf empaqueté depuis un certain temps avec les affaires de la Louve.


Pour ceux qui pouvait encore la voir, la Guenaude tenait de plus en plus de la bête que de l’humanoïde. Elle tenta d’accrocher les pattes avant de la monture mais dans un mouvement réflexe, Vëla parvint à lui faire éviter son simple toucher. A quatre pattes, elle bondissait d’un endroit à l’autre, encore vivace malgré ses multiples blessures –ou mue par l’énergie du désespoir ?
La fenêtre de tir de Sahadeva s’était complètement fermée, Abby la cachait complètement … et risquait bien de rendre inutiles ses tentatives de ne pas la tuer.

Ce n’était plus qu’une question de secondes.

Les flèches avaient fusé une fois de plus, certaines touchant la guenaude, d'autres passant à côté. Sahadeva ne relâchait pas sa concentration mais, peu à peu, la situation évolua à mesure que Vëla engageait un combat au corps-à-corps avec leur adversaire. Le Maquar ne pouvait plus décocher de projectiles sans risquer de toucher son amie ou sa monture.

Sans attendre, il se sépara de son arc qu'il déposa à ses côtés, s'équipa de son bouclier et dégaina Nakula. Si nécessaire, lui aussi affronterait la créature au plus près : Vëla pourrait sans doute s'en sortir seule, mais l'issue d'un combat n'était jamais certaine.

Tout en s'approchant de la guenaude, Sahadeva s'étonna intérieurement de la disparition de Tijak et d'Hermine. Depuis celle de Sail, aussi brusque qu'inattendue, il redoutait le pire dès qu'il perdait de vue l'un de ses compagnons...

Son avancée fut plus courte qu’elle le crut. Rapidement l’ex-folle de Torm arrivait en contact avec la guenaude devenue bête dans sa transformation. Vëla ne la quittait pas des yeux puis lorsque sa demande divine fut terminée, sa main droite vint se refermer sur la poigne d’Ô Sainte et entamerait un châtiment du mal sur l’adoratrice du mal.

La suivante de Malar avait presque réussi à toucher Abby qui de sa dextre avait évité le contact malin de la bête du mal. La symbiose qui s’opérait entre la cavalière et le destrier était divinement merveilleuse. Abby devenait une rallonge de Vëla et la preux chevalière était de même pour la monture, ensemble ils ne faisaient qu’un.

Investi de son dieu Torm et de la Sainte Trinité, la paladine allait absterger les terres présentes de la scorie qui avait pris logis pour souiller l’endroit. Le chant de Sylaruil venait l’imprégner de cet esprit de répurgation du territoire.

Levant à deux mains sa lame sainte au-dessus d’elle en venant suivre les intonations du chant elfique les paroles dures de sens vinrent accompagner les gestes tranchants qui s’ensuivraient…

- Que cette terre soit purifiée de tout mal et que la nature reprenne ses droits… Au nom de Torm, je te bénis guenaude et puisses-tu trouver la voie de la lumière!-


Avec dévotion, ses bras descendirent sur la cible et elle fit jouer de ses petits doigts pour faire danser le fil de la lame sur le corps infecté du mal. Abby s'en prendrait aussi à la même cible accompagnant la danse avec sa cavalière.





Dévotion de la loi +5 att. Force du taureau pour les att. et dégâts, châtiment du mal, Équitation (combat monté) attaque d'Abby à outrance.

À peine Tijak eut-il titillé, puis entrouvert, le grand sac de toile grossière, Hermine se jeta littéralement sur le premier objet qu'elle aperçut. Elle s'en empara vivement avant de le ramener contre son cœur, comme on retrouverait un enfant perdu, un animal chéri ou un objet fétiche. Il s'agissait en effet peut-être de l'objet qui lui était le plus précieux : son grimoire.
Un instant après cependant, se rappelant que la guenaude se l'était peut-être approprié, voire l'avait peut-être piégé, elle l'éloigna d'elle et, le tenant à bout de bras devant elle, le considéra d'un œil méfiant. Elle rejeta son poncho dans son dos, et fit jaillir de sa poitrine le même faisceau de lumière puissante qui avait incommodé Sail, la veille.

Si Jakelm s'intéressait à la scène, il put remarquer qu'en dépit de sa nature magique, l'ouvrage était étonnamment petit, pouvant presque tenir dans une poche. Hermine en fit glisser la couverture de cuir vieilli, pour révéler deux plaques en métal recouvertes de fins entrelacs d'argent, sur lesquelles ses mains dessinèrent une série de gestes complexes, faisant défiler toutes les pages à vive allure. Celles-ci semblaient bien plus nombreuses que ce que la taille de l'ouvrage laissait supposer, et affichaient tout un tas de symboles mystiques et de dessins complexes incompréhensibles en apparence ...

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En quelques secondes, apparemment satisfaite, Hermine repositionna les plaques de métal dans leur couverture de cuir, frappée en son centre d'un symbole inconnu représentant un œil dans un pentagone. Si Jakelm posait la question, Hermine lui en expliqua la signification :

- La déesse de la magie, c'est Mystяa. Mais là d'où je viens, c'était Lui : l'Indifféяent, l'aяchimage des dieux. Elle haussa les épaules d'un air faussement désinvolte : « Ce livяe яésume beaucoup de ce que je suis. Utilisé contяe moi, il pouяяait me détяuiяe. Depuis hieя, j'étais en panique de me l'êtяe fait voleя. Désolée, je ne devais pas êtяe facile à vivяe. ... »

Elle soupira, en faisant disparaître le grimoire dans son sac.
Puis, elle empoigna de sa main gauche le second de ses objets, dont la poignée, révélée par Jakelm, dépassait de l'ouverture du sac. Gardant le genou à terre, elle le leva lentement au dessus d'elle, en fredonnant quatre notes. Il s'agissait bien de son épée à lame noire, le Croc d'Hermine. Là où une autre lame aurait étincelé dans la pénombre, celle-ci semblait absorber le peu de lumière présent dans la grotte, pour n'en garder qu'un souvenir, telle le ciel nocturne parsemé d'étoiles lointaines ...

Enfin, à moins que Jakelm ne s'en soit lui-même déjà saisi, Hermine empoigna le morceau de venaison dans sa main droite, et se releva. Toujours sur ses gardes, elle se dirigea vers la sortie, non sans demander à son compagnon d'un ton moitié songeur, moitié moqueur :

- Selon toi, quelle est l'aяme la plus adaptée à la suite ? Épée ... ou jambon ?

L'irruption brutale d'Hermine dans la cavité sous l'arbre avait fait sursauter le mousse qui s'était retourné rapidement pour faire face, dague au poing. Au dernier moment, Tijak, reconnaissant l'intruse, avait retenu le coup qu'il s'apprêtait à porter et poussa un petit soupire, mêlant à la fois le soulagement de voir une amies arriver et un certain agacement sur la façon dont cette arrivée s'était faite.

- Pourriez faire attention, marmonna-t-il dans sa barbe inexistante en reportant son intérêt sur le sac qu'il avait découvert. La prochaine fois, pas sûr qu'j'vous r'connaisse à temps...

Le gamin n'eut pas le temps d'ajouter autre chose qu'il se faisait quasiment bousculer par une guerrière trop avide de récupérer son bien. Vexé de se voir ainsi négliger, une moue boudeuse naquit sur le visage de Tijak qui ne pouvait néanmoins pas s'empêcher de regarder fixement la scène, ses eyux passant de l'étrange grimoire à la dame en fer*. La magie avait toujours quelque chose de fascinant pour quelqu'un de son âge, mais le garçon s'efforça de ne pas trop le montrer, gardant, au fond de lui, un peu de rancune pour la façon de faire d'Hermine, mélange, selon lui, d'impolitesse et d'ingratitude.

Fronçant le nez d'un air dégouté devant l'odeur de la venaison, il passa sa dague dans sa main gauche, empoignant fermement sa hachette dans la droite.

- J'vous laisse le jambon, grommela-t-il en faisant un pas vers la sortie.

Le fracas du combat nettement perceptible à l'extérieur l'incitait fortement à aller voir ce qu'il se passait et à y apporter son grain de sel. Là, surpris, il marqua un temps d'arrêt en voyant Vëla et Abby aux prises avec... rien du tout. Interloqué, il tourna son regard vers Hermine qui le suivait.

- C'quoi, ce truc ? demanda-t-il, choqué, oubliant pour le coup qu'il devait faire la tête à la jeune femme.

Un peu emprunté devant une situation à laquelle il ne comprenait rien, Tijak serra encore plus fort le manche de sa hachette, faisant blanchir ses articulations sous l'effort. Mais que faire ? Comment se battre contre quelque chose qu'on ne voyait pas ?

* : je sais pas pour vous, mais la scène me fait penser à Iron Man et son projecteur dans la poitrine.^^

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Poursuivant son chant bardique, l’elfe du soleil levant voulait renforcer encore le courage et l’unité du groupe dans sa défaite de l’ennemi qui pourrissait ces forêts par sa présence.

L’elfe ne voulant pas rester hors jeu sorti sa lame noble elfique pour être prête à frapper si nécessaire. Faisant quelques pas de côté, elle chercha à retrouver un contact visuel avec la guenaude et le reste de ses compagnons. Sylaruil qui était plutôt impulsive se décida à accélérer le pas pour se joindre au combat. Mieux valait être dans la mêlée que d’être désorienté, ne sachant pas où l’adversaire aller frapper.

Ayant déjà affrontée une guenaude elle se sentait plus en confiance pour attaquer, l’épée à la main, ce venin qui hante les bois des Sélénae.

Narration

La monture frappa lourdement l’animal qui, pendant un instant, n’essayait plus que de fuir la menace du châtiment divin. Ô Sainte se dressa et trancha net le dernier espoir, les doutes, les craintes, les douleurs et la rage de la créature. Dans un borborygme immonde tandis que les fluides quittaient son corps, elle rejoint ses proies, nourrissant à son tour l’arbre de son antre.

Tijak vit alors les traits réapparaitre, comme si un voile avait recouvert ses yeux, et il le regretta aussitôt… La mort, même d’une telle créature, restait un spectacle marquant dont il ne s’habituerait sans doute pas avant longtemps. Ou jamais. Sa hachette manqua lui échapper, ainsi que la dernière collation qu’il avait avalé et qui semblait vouloir ressortir. Le sang noir s’écoulait à flots, le morceau de viande empestait, les sens se mélangeaient dans un ensemble écœurant …

Sahadeva avait de quoi être partagé entre la mort violente de la créature qu’il avait tenté de garder en vie d’une part et la réapparition soudaine de Tijak et Hermine –tenant un morceau de viande faisandée à la main- de l’autre. Dans son approche, il fut rapidement rejoint par Sylaruil qui, elle aussi, avait perdu le contact visuel avec la moitié de leur groupe et de leur cible et dont le chant prenait, il s’en rendit compte alors, une profondeur dont il n’avait jamais eu conscience.

Les mots sortaient de la bouche de l’Elfe du Soleil et se pailletaient d’or tandis qu’ils fortifiaient le cœur de ceux qui l’entendaient. Sa conviction qu’ils œuvraient pour un dessein plus grand de sauvegarde de leur terre rayonnait presqu’autant que l’aura sacré de l’ex-folle de Torm. Dans ses propres oreilles, elle pouvait entendre des murmures qui avaient des airs d’encouragements, de rires ou de gloussements, il lui semblait que l’arbre vénérable l’applaudissait et que tout autour d’elle, de nombreux spectateurs invisibles, curieux et joueurs la félicitaient.
Quand elle reprenait son souffle, d’autres mots qui ne lui appartenaient pas comblaient les vides par des qualificatifs en Sylvestre.

Puis une terrible douleur lui coupa le souffle et la fit tomber à genoux. C’était comme si son dos avait été soudain déchiré en deux. Son regard se voilà et elle tomba, face contre terre, inconsciente tandis que dans son esprit raisonnaient des mots appaisants et rassurants.

¤ ¤

Si ce qu’ils pensaient en savoir était vrai, de la sororité des monstres il ne devait en rester qu’une.
Celle du lac, la plus puissante des dires de Marge. Après la disparition de Sail, bien malin qui pouvait dire ce qu’il venait d’arriver à Sylaruil.

Sahadeva avait observé de loin la victoire de Vëla et Abby sur la deuxième guenaude. Comme lors du premier combat, il n'avait rien pu faire pour empêcher ses compagnons de l'achever. S'il en était déçu par rapport à ses convictions les plus profondes, il était par ailleurs conscient que l'épargner aurait été difficile.

Le Maquar fut soulagé d'apercevoir Tijak et Hermine réapparaître : ces deux compagnons particulièrement chers à son coeur étaient donc indemnes et il ne manquait toujours que Sail pour faire le compte.

Son soulagement fut cependant de courte durée, car Sylaruil qui se trouvait non loin de lui s'effondra soudainement, comme frappée par une force mystérieuse.

¤ Est-ce là un dernier mauvais tour de la guenaude ? ¤

Le guerrier était toujours extrêmement méfiant vis-à-vis de la magie, une force qu'il redoutait autant qu'il la méprisait. C'est extrêmement inquiet qu'il se précipita vers l'elfe et s'accroupit à ses côtés.

- Sylaruil, tu m'entends ? Que t'arrive-t-il ?

Il fit de grands gestes en direction de ses compagnons et observa le corps inerte de Sylaruil, cherchant à comprendre ce qui avait bien pu lui arriver.

*Qu’il en soit ainsi! Lumière sur toi guenaude.* Dis la preux chevalière une fois que l’engeance fut détruite. Regardant tout autour d’eux, Vëla donnait un puissant coup d’épée dans le vide pour éliminer le plus de sang possible de sur Ô Sainte. N’entendant plus le chant presque céleste de Sylaruil elle cherchait du regard son emplacement en faisant faire un tour complet à Abby.

Sylaruil était au sol et Sahadeva allait à sa rencontre. De quel mal était-elle touchée? De suite, la paladin était persuadé que la troisième guenaude avait attaqué d’une quelconque manière. Elle devait être invisible et avait attaqué sournoisement. Sans attendre, l’ex-folle de Torm utilisait les yeux de Torm et fit faire un autre tour sur lui-même à Abby pour être bien certaine d’apercevoir l’aura maléfique de la dernière des guenaudes.

Ne voulant pas que Sahadeva reçoive une attaque dans le dos, la guerrière divine fit approcher son destrier auprès d’eux et son regard épiais les moindres racoins et les moindres traces d’une aura malfaisante. * Montre-toi et affronte ta destinée guenaude.* Demandait-elle silencieusement. Puis demandait au Maquar…
- Sahadeva, elle a besoin de soins?-

Elle ne démontrait aucune inquiétude et était prête à mettre les pieds au sol pour soigner Sylaruil, mais avant tout il fallait sécuriser l’endroit et la future attaque-surprise que la troisième guenaude leur réservait.

Les yeux exorbités devant le spectacle répugnant de la créature de cauchemar, réapparue soudainement, Tijak restait figé de saisissement, crispant encore davantage la main sur sa hachette dégainée. Qu'aurait-il d'ailleurs bien pu faire devant un tel monstre tant ses armes semblaient dérisoire ? Sa cécité sélective n'était-elle d'ailleurs pas une bénédiction pour lui épargner un tel spectacle ?

Intrigué néanmoins, et passablement vexé, le gamin se promit de demander des explications sur ce phénomène et d'essayer également d'obtenir, auprès de ses aînés, une façon de s'en prémunir. Pour lui qui aspirait à devenir un héro, comment pourrait-il affronter un adversaire qu'il ne voyait pas ?

Alors qu'il tournait machinalement les yeux vers Hermine, cherchant à savoir si elle était témoin du même phénomène que lui, Tijak refixa sa hachette à sa ceinture et esquissa un pas hésitant vers la guenaude, maintenant occise. Surmontant son dégoût, il s'était accroupi pour fouiller rapidement le cadavre lorsque le cri déchirant de Sylaruil lui fit rapidement redresser la tête.

D'un bond, il fut aux côtés de Sahadeva, se penchant sur l'Elfe du Soleil pour déterminer la cause de cette douleur afin d'essayer de l'atténuer dans la mesure de ses connaissances.