L'oeil des Sorcières, Aventure dans les Moonshae

Ce n'était pas sans émotion que Sahadeva avait regagné le hameau d'Herledan. Il n'avait passé que quelques jours dans la localité, mais c'était déjà beaucoup plus que dans la plupart des endroits qu'il avait traversés au cours de son périple : mis à part le Danseur de Jade et la taverne de Caer Callidyr, c'était ici qu'il avait passé le plus temps. Qui plus est, il avait eu l'occasion d'apprendre connaître plusieurs villageois et il avait l'impression de revenir chez des cousins éloignés. Le Maquar avait poliment salué tout le monde, laissant momentanément de côté ses inquiétudes concernant leur future à Marge et la puissance des sorcières qui étaient visiblement liées à la tragédie qui avait frappé le hameau.

Après avoir réchauffé ses mains légèrement engourdies par le froid, Sahadeva s'était attablé. Il avait discrètement dévisagé chacun de ses compagnons, heureux qu'ils aient tous accepté de se joindre à la nouvelle expédition. Il se sentait en confiance avec eux, malgré les craintes qui animaient son esprit.

Le guerrier avait l'intention d'interroger les villageois sur les récentes activités de Marge, mais Vëla l'avait devancé. Comme bien souvent, il partageait les vues de la paladine et approuvait sa conduite.

Laissant sa compagne de route poser les questions les plus importantes, il se contenta d'ajouter :

- Et rien de neuf au village ? Tout le monde va bien ?

Tout avait l'air de bien aller, mais le Maquar voulait être sûr d'avoir toutes les données en main avant d'aller voir Marge... ou de discuter avec Herledan...

L’accueil au hameau fut particulièrement chaleureux en comparaison de la première arrivée de l’elfe du soleil levant par la mer. Les visages et le village s’étaient illuminés. La tablée, pleine de victuailles montrait l’honneur qui était fait au groupe nouvellement formé. Comme la source, qui avait repris ses droits sur la malédiction, le village reprenait vie et d’une belle manière. Sylaruil en fut réjouie. Le repas lui réchauffa non seulement le corps, mais surtout le cœur.

N’ayant pas un rôle principal sans l’affaire vis-à-vis de Marge, la synnorienne laissa à Vëla le soin d’expliquer leur retour. Écoutant en retrait, Sylaruil était ravie de cette nouvelle tentative de conversion de Marge. Une adoratrice de Malar en moins et un druide bienfaiteur en plus serait un beau coup double en faveur de la terre nourricière des Sélénae.

Rebondissant néanmoins sur les interrogations du Maquar, elle voulait en savoir plus sur la source :
« Comment se trouve la source ? Avez-vous pu reprendre la pèche ? »

Plus tard dans la soirée elle en profiterait pour sortir sa flûte d’oiseau et son violon pour jouer en duo une petite chanson pour les villageois. Quelque chose qui siérait avec l’ambiance du moment et le ton des discussions. Si les villageois dansaient elle pourrait même embarquer quelques choristes parmi les habitants en interprétant ce qu’elle avait pu apprendre durant les quelques jours à la capitale de Caer Callidyr.

Herny cessa de trépigner à la vue de l’or. Son effort pour garder contenance était touchant, tant il était dépassé par la qualité du cadeau qu’il venait de recevoir, un trésor trop gros pour un enfant de son age qui ne saurait jamais quoi en faire, ou peut-être s’acheter une épée, ou un arc, ou une armure, ou …
Ses yeux brillaient plus que la pièce, sa position se faisait martiale face à la mission qu’il venait de recevoir.

- Oh oui, tout va bien ici. On dit que c’est grâce à la source et c’est surement vrai même si j’pense que c’est aussi qu’l’hiver est derrière, pour de bon. Les poissons sont revenus en nombre, et le métal de la grotte se vend très cher au port. Monsieur George a repris le travail au moulin, il faut voir comme il a maigri ! Moi j’dis qu’c’est parce qu’il en pince pour Maëlys et qu’ils attendent l’Herbe Verte pour l’annoncer. M’sieur Brendan a un peu du mal mais les remèdes d’Aziliz le soulage pas mal.

Son visage taquin se durcit.

- On n’les a plus vus, ni Marge, ni Malo. Il y a eu du grabuge dans la forêt par là-bas il y a trois nuits, mais on l’interdiction d’y aller et pour une fois, on a préféré s’tenir à carreau. Avec Louis on a pris deux lièvres qui fuyaient de là-bas comme si’y’avait eu l’feu mais c’était des lumières vertes, le feu ça sent…

Le souvenir du bucher funéraire avait marqué l’esprit du jeune garçon et gardait en lui une emprunte profonde.

- On n’a pas dormi d’la nuit, y avait quelque chose de gros, plus que l’ours j’veux dire. Mais depuis qu’on laisse les lampes dans tout l’village, on n’s’fait plus attaquer du tout, ça impressionne faut croire, et rien d’autre n’est arrivé jusqu’à nous.

Il se tourna, retrouvant le sourire, vers Sylaruil.

- La source va aussi bien qu’la pèche m’dame Sylaruil ! Et… pardon pour les mots qui disaient que vous étiez une fée ou quoi, ils ont bien compris qu’ce n’est pas vrai et que vous nous avez aidé, tout ça. On en a vu une avec Louis, elle était toute petite. Ou bien c’était une chauve-souris, ou une chouette.

Ravi de participer à l'aventure, Tijak en oubliait même l'appel du large qui aurait pu le pousser à rechercher un nouveau poste de mousse sur un des nombreux navires qui assuraient la liaison avec le continent. Captivé et intrigué par les événements qui avaient secoué le Hameau d’Herledan, il entendait bien avoir le fin mot de cette affaire. Bien qu'effrayé au fond de lui par cette histoire de sorcière, il comptait néanmoins faire bonne figure et être à la hauteur de la bravoure de ses compagnons.

Arrivé au village, il avait retrouvé avec plaisir Herny, saluant au passage son complice d'une bourrade amicale et virile, échangeant avec lui les dernières anecdotes. Les choses avaient presque l'air d'être rentrées dans l'ordre, l'accueil même des villageois était redevenu semblable à celui que le mousse avait connu avant l'épisode de la "non-vie".

C'est en papotant tranquillement en grignotant dans l'ancienne demeure d'Herledan que Tijak réalisa que tout n'était peut-être pas aussi normal qu'il n'y paraissait. Toujours aussi observateur, Herny rapportait des incidents qui pouvaient constituer autant d'indices d'activités des fameuses sorcières qu'ils étaient venus traquer.

- Les lumières vertes, interrompit-il son camarade. Tu veux dire comme celles qu'on avait vu près d'la grotte de Marge ?

Se tournant vers les autres, il commenta l'air soucieux :

- Faut vraiment qu'on aille voir par là-bas. Si en plus, y'a un nouvel animal qui rode, Marge doit être au courant.

Le regard brillant du gamin montrait tout son intérêt pour cette nouvelle mais, prévenant la moindre remarque, il ajouta très vite :

- On pourra y'aller ensemble demain matin. Un animal aussi gros a forcément laissé des traces qu'il sera facile de suivre.

Tijak semblait plus raisonnable que lors de leur premier passage dans le hameau et ne manifestait aucune intention d'effectuer une virée nocturne à la recherche de l'aventure. Il n'était pas certain, non plus, qu'Herny soit enclin à faire des imprudences. La sagesse commencerait-elle à se glisser dans ces jeunes esprits ?

- Tu l'as vu où, la fée ? reprit l'adolescent, l'attention de nouveau attirée par cette manifestation du merveilleux. C'était loin d'ici ? Et, au fait, où qu'il est, Louis ? J'l'ai pas encore vu. J'ai des trucs à vous montrer...

Redevenu volubile, Tijak tapota la bourse qu'il avait accroché à sa ceinture, impatient de voir le regard de surprise de ses amis devant le contenu de son sac à malice.

La réaction d’Herny lorsqu’il vit la pièce d’or valait, à elle seule, le plus merveilleux des souvenirs que la paladin gardera en elle. L’innocence et la beauté des premières fois faisait de ce moment un instant délectable.

Vela fut heureuse d’entendre les dernières nouvelles du village et la situation de Brendan préoccupait la guérisseuse en elle. Vint le moment qui semblait plus grave, à voir la réaction d’Herny, il semblait que le fait de parler de Marge vienne l’assombrir ce qui dérangeait quelque peu la jeune femme.

Attendant que Tijak termine, la guerrière divine intervint sitôt après pour clarifier quelques points.


-Merci à toi Herny d’avoir été nos oreilles et nos yeux pendant notre absence, ceci nous à été très favorable et nous éclaire grandement sur quoi nous orienter. Sache par contre que tu ne sera pas du voyage lorsque nous irons voir Marge, avec ce que tu viens de nous dévoiler, il y aura sans aucun doute des danger qui ne sont pas de ton gabarit encore, il te faudra rester dans le village et faire ce que tu fait d’excellent, qui veut dire observer, écouter et avertir si jamais quelque chose de menaçant approchait du village. Une sentinelle mon brave Herny, c’est ce qui à de plus important pour l’ensemble, c’est un poste à ne pas négliger. –


La jeune femme avait pu constater avec aisance que les enfants du village étaient plutôt téméraire et le plus beau c’est qu’ils étaient, dans ce cas-ci, une aide salvatrice. Fallait juste leurs donner un poste à combler pour ne pas qu’ils exagèrent dans leurs fonctions et s’égare à tout vent.

Vëla prit un peu d’eau en écoutant la suite avec attention.

Les nouvelles n'étaient pas catastrophiques, mais elles étaient loin d'être bonnes. Sahadeva releva attentivement plusieurs indicateurs inquiétants : la disparition de Marge et Malo, ce "grabuge" dans la forêt, ces fées… Le hameau semblait bel et bien être dans l'œil du cyclone.

Il ajouta aux propos de ses compagnons :

- En parlant de sentinelles, je suggère que nous montions la garde à tour de rôle cette nuit. Même s'il n'y a pas de danger imminent, cela me semble plus prudent et cela nous forcera à reprendre nos bonnes habitudes… Je suis prêt à prendre le premier tour, si vous le souhaitez.

Le Maquar approuva les suggestions de Tijak :

- Demain matin semble être le bon moment pour lancer l'enquête… et aller saluer Brendan. Il me semble qu'il est un peu tard pour le déranger sans raison impérieuse.

Le guerrier se tut, laissant la parole à ses compagnons. Pour lui, la suite des événements était claire : se reposer prudemment, puis aller voir Brendan avant de mener l'enquête à proximité du refuge de Marge... Cette fois, ils auraient l'avantage de ne plus devoir laisser de "garnison" au hameau, le danger que représentaient les goules ayant visiblement été écarté.

Étrange.
C'est le mot qui vint à l'esprit de Sail lorsque le groupe remit les pieds au hameau. Étrange cette sensation qui, à la manière de l'âtre de la cheminée un soir d'hiver, réchauffait le cœur et l'esprit. Étrange cette sensation de retour chez soi, tandis que la Confidente et sa troupe étaient accueilli avec une joie sincère et des sourires. Étrange car jamais durant sa courte existence la jeune femme ne s'était aussi senti bienvenue que lors de son retour en ce lieu.

Elle saluait Maëlys d'un sourire gêné face au sien qui manquait de l'éblouir. Il lui faudrait un temps d'adaptation afin d'apprécier tant de bienveillance. La célébrité ? Pas de problème, après tout, c'était un échange de bons procédés. Mais la joie et le respect que semblait porté les quelques habitants encore dehors en ce début de nuit à la vue du groupe était bien plus perturbant. Elle ne savait pas si elle le méritait.

Malgré le voile sombre qui recouvrait le ciel, Sail s'étonnait d'apprécier déambuler dans les allées de ce qui avait été pendant plusieurs lunes un endroit effrayant ! Désormais la paix semblait refaire surface en ce petit village des îles Moonshae, comme si les dieux avaient rendu la vie à un paysage autrefois misérable et morne.

Une fois installée dans l'ancienne demeure de Herledan, la jeune femme comprit vite elle aussi que les affaires semblait reprendre. Les nouvelles du jeune Herny n'étaient pas de bonne augures. Elle laissa Vëla se charger des encouragements envers le petit homme et ne surenchérit pas, les compliments n'étaient pas sa spécialité. Elle avait hoché la tête en guise d'approbation aux sages propositions de Sahadeva ( mais sans préciser son tour de garde) avant d'ajouter :

-"Des animaux qui fuient quelque chose qui n'est même pas du feu? Ça sent mauvais ça..." Elle se tourna vers Sylaruil." Hey Sylaruil, toi qui es du coin, tu saurais ce qui peut être plus gros qu'un ours ?"

Les nouvelles étaient forts rassurantes, tout semblait être rentré dans l’ordre, la fontaine, la vie aquatique, la pèche, le sourire des villageois. Seule ombre au tableau l’interdiction de s’approcher des bois. Ignorer ce qui s’y passait ne facilitait pas la tâche du groupe d’aventurier, s’être fermé à l’ennemi le rendait encore plus mystérieux désormais.

Laissant couler ses pensées, Sylaruil s’imagina qu’ils avaient peut-être rassemblé un groupe de monstres lycanthropes, ou que les druides s’étaient réunis. Une autre hypothèse pouvait aussi être qu’ils aient fuis. Sans s’arrêter plus sur l’un des scénarios qu’un autre elle chassa ses pensées pour revenir dans la conversation.

« Merci mon petit Herny, remercia-t-elle chaleureusement. »

Les villageois avaient pu passer outre les préjugés et la considéraient comme étrangères à l’origine de leur problème. C’était une belle victoire, le regard sur elle n’en serait qu’améliorer, même si le combat durerait sûrement tout le temps de sa visite au monde des hommes.

Comme à son habitude, Sylaruil ne put s’empêcher de donner son avis. Même si elle n’appréciait guère le ton maternel de Vëla c’était Herny qui devait s’en affranchir. Chacun était libre de ses choix, ou devait l’être. Néanmoins le danger représenté par Marge n’avait pas besoin d’être présenté au jeune garçon qui avait déjà bien des tracas en tête.

À l'interrogation de Sail, l'elfe ne su que répondre :
" Plus gros qu'un ours ? Il existe des centaines de possibilités. Deux ours, commença-t-elle avec humour, un géant, un dragon, un gros arbre, un firbolg ? En fait tout dépend de la taille de l'ours."
L'elfe ne donnait que peu d'importance à ces hypothèses, les informations était trop imprécises selon elle pour se prononcer véritablement.

- Oui Tijak, les mêmes, sauf que quand on y avait été c’était pas plus qu’une torche, là c’était autre chose, aussi grand qu’les arbres. La fée, on l’a vu au bord de la piste de l’ours, c’est l’plus loin qu’on a osé aller, mais franch’ment, si ça s’trouve c’était pas ça et c’est juste que d’plus en plus de monde en parle. C’qu’on en sait c’est qu’i’ faut pas les suivre, ou essayer de les attraper, tout le monde sait ça. Louis il a commencé à travailler avec Monsieur George alors i’s’couche tôt.

La nuit recouvrait le hameau. Aux angles de chaque maison, des lanternes illuminaient les minces flocons duveteux qui tournoyaient dans l’air sans jamais s’accumuler. La bruine de la mer s’étendait sur le ponton comme si la marée montait plus haut, baignant le sol autour de la maison d’Herledan.
Sous les conseils de Sahadeva, un tour de garde fut organisé. Lui et Sail se souvenaient très bien de ce qui pouvait être plus gros qu’un ours des mots d’Hallgrim : des ogres, ou des géants …
Le seul élément notable fut le remplissage des lanternes, en milieu de nuit, pour que les ombres ne reviennent plus jamais.

Le lendemain matin

Sylaruil accueilla le jour, pâle, rosé et bientôt du même gris perle de l’aube. Elle put voir Monsieur George et son apprenti débloquer les pales du moulin, puis ses compagnons la rejoindre.
Quand chacun eut fini de se préparer, ils se mirent en quête de Brendan.

Le vieil homme se portait bien, il semblait avoir rajeuni de dix ans depuis qu’il avait repris le rôle de chef. Les siens se portaient bien, le pire était passé, l’inquiétude qui lui marquait le visage n’était plus qu’un souvenir, des plis parmi les plis, seulement ceux de l’âge. Maëlys était déjà sur place, assise à sa table, une boisson chaude à la main et le sourire matinal de celui qui aurait bien dormi une heure de plus.

[Brendan] - Belle rencontre mes amis, vous avez bien dormi ? J’ai préparé du thé. Merci beaucoup pour le convoi du chariot, à vrai dire, nous ne nous attendions pas à ce que ce soit vous qui nous l’ameniez, c’est une très heureuse surprise.

La table de salle à manger était grande, six chaises l’entouraient et il n’était pas difficile d’y ajouter un tabouret. Une belle famille avait dû vivre ici. L’âtre était chaud et diffusait des odeurs de menthe et de tilleul. Devant Maëlys, un plan dessiné au fusain sur une grande feuille représentait une maison.

[Brendan]- Nous étions en train de parler de la maison dans laquelle vous avez dormi et des aménagements à y faire pour pouvoir accueillir mieux les visiteurs. Nous devrions être prêts pour l’été sans avoir besoin d’aide extérieure.
[Maëlys]- Une annexe pour les montures des voyageurs, une vraie pièce d’eau et de vrais lits devraient rendre l’ensemble beaucoup plus accueillant. Si notre Mère le veut, nous pourrions étendre nos cultures, et faire de véritables pâtures. Il y a beaucoup à faire mais tout cela est terriblement excitant.

Elle était belle, rayonnante, amoureuse à n’en point douter et parfaitement à l’aise dans ses nouvelles responsabilités.

[Maëlys]- Dites-nous, que nous vaut l’honneur de votre visite ? D’autres auraient pu se charger du chariot, d’autant que nous multiplions nos trajets vers la capitale pour l’instant. Elle jeta un coup d’œil vers la fenêtre, une petite ombre s’y dessinait, lui arrachant un sourire amusé. A la stature, on pouvait parier sur Herny. Je suppose que vous avez croisé notre jeune ami ? C’est un bon garçon, avec beaucoup d’imagination. Il nous a parlé de ‘feu vert’ il y a quelques nuits, mais ce n’est pas ce qui vous amène, si ?

La nuit avait été calme et reposante : Sahadeva n'en avait douté, au vu des informations rassurantes fournies par les villageois, mais il était satisfait que ses compagnons aient accepté sans rechigner de monter la garde à tour de rôle. On n'était jamais trop prudent...

¤ Surtout si l'on parle d'ogres ou de géants… ¤

Il n'avait fait part de ses doutes quant à l'identité des créatures qu'à la seule Vëla, ne souhaitant pas inquiéter inutilement les autres membres du groupe.

Après avoir réalisé sa toilette et mangé, Sahadeva avait fait une demande quelque peu incongrue à Sylaruil. Bien qu'il soit loin d'avoir envie de devenir linguistique, le Maquar se montrait désireux d'apprendre l'elfique et avait demandé à sa compagne de route si elle accepterait de lui donner quelques leçons pendant leurs rares temps morts. La connaissance approfondie des langues était l'apanage des érudits, grands connaisseurs de l'Adama, mais une maîtrise de base pouvait être utile aux Maquars pour accomplir correctement leur mission : c'était la raison pour laquelle il avait appris l'halfelin en Estagund, puis le shaaran lors de son voyage et qu'il souhaitait à présent s'initier à l'elfique.

Sur ces entrefaites, ils avaient finalement rejoint Brendan. Sahadeva l'estimait beaucoup et savait qu'il se montrait assez franc envers les membres du groupe, aussi lui parla-t-il sans rien lui dissimuler :

- Je pense que c'est un plaisir pour nous tous que de revenir parmi vous et de voir que la vie reprend son cours. C'est cela qui donne du sens à nos actes. A vrai dire, nous sommes revenus en raison de cette petite "bille" circulaire que je vous avais montré lorsque nous étions rentrés de la grotte. Nous ne savions pas ce que c'était, à l'époque, mais à Caer Callidyr, on estime qu'il pourrait s'agir d'un œil de sorcière. Nous venons donc enquêter pour voir si des sorcières sont à l'œuvre et, si c'est le cas, quel fut leur rôle dans la tragédie qui a frappé votre communauté.

Le guerrier marqua une pause avant d'ajouter :

- Avez-vous déjà vu ou entendu parler de sorcières dans les environs ? Nous pensions commencer par aller interroger Marge, mais Herny nous a indiqué qu'elle avait disparu… Avez-vous une idée de ce qui a pu se passer ? Y aurait-il un endroit que nous devrions visiter en priorité ?