Chapitre 1 : Le cri perdu du port

L'accueil de Morn, fut tel qu'espéré par le lunargentais. Le dortoir, comme point de chute, démontrait dans l'immédiat sa fonction pour le groupe. Sans ce lieu, sans l'accueil du tavernier, le repos de Laeylan n'aurait pas pu se faire aussi facilement. Ou pour le moins, le groupe n'aurait pas eu autant confiance pour la laisser seule.

La remarque concernant le voleur ne surprit pas l'archer-ensorceleur. Étant donné la facilité avec laquelle il avait éconduit le groupe, il allait de soit que l'homme devait être puissant. Rebondissant sur l'ultime information, le demi questionna :
"Est-ce que le trafic d'animaux est autorisé ou toléré ici ? Si non, ça pourrait nous faire un point d'accroche pour négocier."

"Filons voir Sarouf en premier temps. Si nous restons quelques temps en ville, je ne doute pas que nous ayons affaire à ce Gorstal de nouveau."

Se tournant vers Morn il lui demanda :
"Pourriez-vous nous indiquer où trouver Sarouf ? nous nous y rendons directement."

Se venger de Gorstal Hammers, ou du moins redistribuer les cartes, ne semblait pas hors de portée. Mais il était manifestement un mage capable et un individu influent; il faudrait mettre des gants… Les aventuriers devraient d'abord en apprendre davantage sur lui. Le commerce d'animaux, s'il était contraire à l'éthique de certains, n'attirait que peu d'étonnement dans cette région du monde. C'était même plutôt un gage de compétence que de savoir capturer des fauves de cette manière. Après tout, ils étaient sur la Côte des dragons, une zone où l'or imposait le silence et commandait la loi, comme dans bien d'autres cités indépendantes¹ de la mer intérieure.

A la deuxième tentative, atteindre le phare de la jetée, où habitait le vieux Sarouf, fut un succès. Le sage vivait, comme certains de ses collègues de profession, un peu à l'écart de la vie trépidante de la cité. Sa maison était en piètre état, et pour peu on se serait attendu à trouver des balanes² et des huitres sur le toit. En cas de tempête, il ne faisait sans doute pas bon traîner ici… Heureusement, pour l'heure, le soleil était haut dans le ciel, et l'air léger.

Telpir, Côte des dragons, zénith 26 Mirtul 1373 CV
Climat: 21°C, brise venant de la mer
Sol: Jetée de rochers et cailloux
Sons: Vagues et cris d'oiseaux

Ils frappèrent à la porte, où était suspendue une tablette indiquant justement que les consultations étaient possibles l'après-midi. L'homme qui leur ouvrit la porte paraissait extrêmement âgé. L'adjectif "vieux" ne les avaient pas préparés à ça: Sarouf était vouté et portait un cercle de fer qui lui ceignait le front, empêchant ses cheveux blancs de lui tomber devant les yeux. Vêtu d'une longue robe bleu tâchée, il paraissait famélique et sur le point de tomber, malgré le bâton de marche qui l'assistait.

– Vous venez chercher votre clef ? Ah, non… Pardon, ce n'est pas vous. Bonne rencontre, visiteurs. Que puis-je pour vous ?

Sans beaucoup de cérémonies, le vieux Sarouf les emmena dans sa demeure, où des étagères poussiéreuses croulaient sous les livres, les fioles et des artefacts marins de diverses origines. C'était là l'idée exacte que se faisaient bien des faerûniens de l'antre d'un sage. Un endroit où il ne faisait pas bon traîner, et encore moins toucher quoi que ce soit.

Quand ils exposèrent les raisons de leur présence, l'ancêtre aux blancs cheveux les écouta attentivement, tournant même la tête pour leur présenter son oreille la plus vaillante. Outre la nature de la perle et l'origine des koalinths, ils évoquèrent aussi l'accident sur le port avec Gorstal Hammers. D'une voix chevrotante, Sarouf leur proposa ses services:

– Gorstal Hammers, je sais qui il est… Et ne souhaite pas me le mettre à dos. Pour vos autres sujets, je puis vous aider. Normalement, identifier un objet magique vous couterait une bonne centaine de pièces d'or, mais si vous me laissez cette perle pendant quelques heures, je me fais fort de découvrir son utilité et son fonctionnement pour une trentaine, tout au plus. J'ai besoin de temps et de pratiquer quelques expériences.

– Quant aux koalinths, j'ai entendu parler de leurs raids. Je pourrais rassembler ces informations pour vous, mais j'ignore ce que vous allez en tirer comme bénéfice. Évidemment, inspecter l'un d'eux serait préférable, pour essayer d'en savoir plus sur leur tribu. Vous en avez tués ? Alors apportez-moi le corps, s'il n'a pas été réduit en charpie. Pour trois pièces d'or, je ferai ce que je peux pour vous…

¹: Mantétoile, Port-Ponant, Teziir, Corbentre, Tantras, Tsurlagol, sont d'autres exemples de cités indépendantes, non affiliées à un état souverain. Ce sont le plus souvent des oligarchies où le conseil régnant ne fait sortir la garde qu'en cas de meurtre ou d'entrave à la bonne tenue du commerce. Ça ne veut pas dire qu'on y fait ce qu'on veut, mais ne vous imaginez pas dans un royaume régi par des lois bienveillantes.
²: Ce sont cirripèdes (littéralement: "pieds à soies"), des crustacés marins fixés à un substrat —que ça soit un rocher, le dos d'un animal marin, etc— dont Charles Darwin étudia les pénis extensibles pendant une petite dizaine d'années.

Baelsul laissa le vent marin faire voler ces cheveux. Ils profita de cette boufée d'air frais par cette douce journée, même si la première partie avait été rude. La rencontre avec Sarouf avait enfin lieu ! Le trouvé n’avait pas été compliqué, d’ailleurs s’ils n’avaient pas été interrompus par la libération du tigre, ils auraient sûrement fait plus vite. Il avait tous les attributs du vieux magicien plongé dans ses grimoires, ses breloques et trouvailles. À ce titre, il semblait facilement enclin à travailler sur les objets découverts par d’autres comme en témoignaient à la fois sa première intervention et ses deux propositions.

Baelsul, bien qu’ensorceleur, avait une culture familiale de magicien et trouvait heureux de côtoyer un être qu’il considérait comme un confrère, au même titre que Relh. Même si ses capacités étaient innées, il était persuadé qu’elles lui venaient du sang de magicien elfique qui coule dans ses veines.

Le demi n’insista pas concernant Gorstal, visiblement Sarouf semblait mal à l’aise et ses autres offres étant généreuses, il ne voulait pas se montrer trop gourmand.

« 30 pièces d’or me semblent tout à fait honorables répondit le demi. Relh et moi-même avons émis l’hypothèse qu’il pourrait s’agir d’un objet pour détecter la magie ou les objets magiques. Il agirait comme un détecteur pour ces Koalinths qui cherchaient sûrement quelque chose de particulier. »

En guise de bonne volonté, Baelsul sortit une pièce de platine et cinq pièces d’or :

« Voici la première partie du paiement, nous vous remettrons la seconde lorsque vous nous livrerez les secrets de l’objet que nous vous confions, dit-il en faisant signe à Relh de le remettre au magicien. »

« Pour ce qui est du corps, nous allons nous renseigner. Nous avons pu en effet en défaire plusieurs, mais nous n’avons pas conserver leur corps nous-même. Je crains que la milice de la ville ne s’en soit débarrassé. »

Attendant la réaction ou des compléments de Relh, le demi proposa ensuite à son congénère d’aller à la milice pour en savoir plus sur les corps avant de rendre visite à cette Iulia.

- Hum ! Ta bourse semble entre de mauvaise main Baelsul. Je n’aime pas ce genre d’individu que tu nous d’écris l’ancien. Ceux qui n’hésitent pas à user de leur pouvoir et de leur rang, à faire jouer la loi du plus fort quand ils savent que ces eux les plus forts.

L’ensorceleur n’aimait pas que ce crime : le vol de la bourse du demi-elfe reste impuni. Mais bon, ce n’était pas sa propre bourse et l’archer-mage ne semblait plus perturber que cela de s’être fait délester. D’ailleurs il paya de suite la moitié à Sarouf pour ces services, visiblement il n’était pas en manque d’or, même s’il est vrai que l’offre était pour une fois convenable.

- Tu as les poche bien pleine mon ami ! Chuchota complice à l’oreille de Baelsul.

Il sortit pour sa part la sphère en question. L’artefact semblait terne.

- Je doute qu’il y est beaucoup à apprendre de l’objet. Il la tendit au sage. Je vous la confie, voyez ce que vous pourrez en tirer, peut-être un historique magique ?

Il fit un geste des deux épaules pour montrer qu’il ne croyait pas vraiment que le sage puisse en tirer grand-chose. Mais s’il voulait toucher la seconde partie du payement il devra bien leur raconter quelque chose d’intéressant.

- Mais les informations sur les Koalinths m’intéresse, si vous avez des indices sur leurs prochains assauts ou leurs desseins je suis prêt à vous payer les 3 pièces.
Concernant le corps, pareil je doute que le mort nous en apprenne beaucoup. Peu importe la nature du défunt il est préférable de les laisser en paix. L’esprit peut être revanchard. J’ai ouïe des histoires en ce sens de spectre et autres maléfice dont je n’irais pas vérifier leur authenticité.

Malgré sa réticence, Baelsul proposait de se renseigner à la milice sur le cadavre. Hemurelh n’avait rien de plus à faire et il fallait laisser le sage s’affairer sur la perle. Il n’avait donc rien de mieux à faire.

- Très bien je te suis. Mais je te préviens Bael, je te laisse gérer cette histoire de nécromancie.

Il souriait craintivement. Non pas que la nécromancie l’effrayait, mais il avait pour tradition de respecter les morts et l’idée de Sarouf ne l’enchantait guère et aller à l’encontre de ce repos éternel que tous avaient le droit.

Une quinte de toux faillit emporter le Vieux Sarouf pendant le temps que mirent les aventuriers à accepter son offre. Il rassura d'emblée Hemurelh sur l'utilisation de la nécromancie: il n'en était ici pas question. Son observation du corps chercherait à découvrir d'éventuelles tatouages et autres marques d'appartenance à une tribu, pour recouper cette information avec les autres attaques qui avaient eu lieu.

Il était vrai que nos courageux héros n'avaient pas jeté un œil aux corps de leurs ennemis… Et qui savaient où ils se trouvaient désormais ? Sarouf les prévint qu'il était possible que les corps aient été dépecés, vendus à l'emporte-pièce comme composants, ou simplement rejetés à la mer… Ils allaient devoir partir aux renseignements; heureusement, ils étaient des demi-elfes, habitués à être au croisement des races et des civilisations…

La recherche du corps ne fut pas une mince affaire… L'idée de chercher la garde fut une complète perte de temps: malgré toute la diplomatie étalée par les deux métis, les gardes de patrouilles les baladèrent vers un poste, qui les renvoya à un autre, puis au sergent, qui finit par leur dire que c'était l'équipe de nuit qui s'était chargé d'inspecter la scène. L'homme patibulaire —et toujours casqué— n'avait aucune volonté de dévoiler l'identité de ses hommes ou de troubler leur période de repos. Après ces plusieurs heures perdues, il leur conseilla pourtant d'aller inspecter quelques endroits probables où les corps avaient pu être transportés, ou abandonnés.

Les deux compères décidèrent de se répartir les tâches, croisant les doigts pour ne pas faire de mauvaises rencontres, et en enquêtant ce fut Hemurelh qui retrouva finalement la trace des cadavres. Le seul qu'il réussit à récupérer entier fut prestement sécurisé, puis rapatrié dans une brouette jusqu'au phare de la jetée. Décidémment, la vie d'aventurier coûtait cher, prenait du temps, et était fatigante… Mais les résultats furent satisfaisants: Sarouf eut tôt fait d'inspecter le cadavre, d'empocher son du, et de partager ses découvertes aux demi-elfes:

– Ah ! Venez poser le corps par là… Je suis parvenu à faire fonctionner votre perle. J'ai pris du temps à le trouver, mais le mot de commande est en aqueux: Bullop'la. N'oubliez pas de bien insister sur le "lop" pour ne pas évoquer la forme transitive, où ça ne marchera pas. Cela signifie chercher, ou trouver. Vous devez tenir la sphère en mains, et cela vous révélera les émanations magiques devant vous. La portée est limitée par les obstacles —vous ne découvrirez rien à travers un coffre en métal ou un mur de pierre—, mais dans un espace dégagé, cela portera sans doute à une quinzaine de mètres, voire plus. J'ai épuisé le pouvoir de la perle avec mes essais, mais il se régénérera avec le temps. La plupart de ses objets sont en phase avec leur environnement. La plonger dans l'eau de mer pourrait peut-être accélérer le processus, mais comptez trois tentatives par jour, environ.

Il eut une nouvelle quinte de toux, puis prit une série de pinces et une bougie pour inspecter. Certains auraient dit que ce vénérable sage testait minutieusement la texture et la rigidité cadavérique, mais d'autres n'y auraient vu que les tremblements incontrôlés d'un vieillard avec un pied dans la tombe. Il inspecta plusieurs détails et les compara avec un livre à l'épaisse couverture noire, les faisant voir à ses visiteurs:

– Hmm… Humpf. Moui… … Ah ! Voilà, ici. Et là, regardez ça, c'est typique d'un robuste combattant mâle. Sacré spécimen… Hmm… Et ça: c'est ça que je cherchais. Voyez ce motif: il a été retrouvé sur le corps d'autres koalinths ayant attaqué la région. Je me suis renseigné sur les circonstances de ces attaques, et elles sont similaires à la vôtre. Dans la région, nous souffrons de temps à autres des ixitxachitls, qui sont des sortes de démons-raies. Pas de réels démons, bien sûr, mais… Pardon ? I-xit-xa-chitl. Ce sont des aberrations des profondeurs, qui règnent sur les récifs et plateaux sous-marins du sud-est. Mais ce ne sont que des prédateurs sans réel agenda. Les koalinths qui pillent les environs, jusque dans la cité elle-même, sont beaucoup plus organisés, et portent cette même marque. Je suis certain qu'il s'agit d'une rune de mage, mais j'ignore encore lequel. Ce qui est sûr, c'est que ces raids sont coordonnés par quelqu'un avec un but et une emprise sur ces koalinths. Ils n'attaquent pas au hasard, et ne tuent pas aveuglément: à chaque fois, ils ciblent et volent des objets magiques. Vous avez été dans les premiers à les mettre réellement en déroute, et jusqu'à présent, leur butin doit déjà être considérable… Cela me fait penser à la quête d'Iakhovas. Vous avez entendu parler de l'attaque sur la métropole d'Eauprofonde, il y a quelques années ?

Le vieux Sarouf s'était assis, et servi un verre de liqueur, heureux d'avoir pu partager ses informations pour un bon prix. Quand il évoqua Iakhovas, il eut un petit frisson. Était-ce le nom, ou le froid de la nuit qui commençait à s'installer ? Il se faisait tard…

Telpir, Côte des dragons, coucher de soleil 26 Mirtul 1373 CV
Climat: 14°C, éclairage à la bougie
Sol: Tapis humides sur sol en bois
Sons: Vagues et vent à l'extérieur.

Le test de renseignements représente le temps à chercher où se trouvent les cadavres des koalinths. Chaque tentative occupe normalement 1d4+1 heures. J'ai appliqué les règles à la lettre, en simulant d'abord une entraide: Baelsul qui a moins en Social, fait un jet d'aide, ce qui aurait conféré un bonus de +2 à Hemurelh. Mais vous avez tous les deux raté, ce qui vous a couté 4h d'errances. J'ai ensuite supposé que pour maximiser les chances, vous vous étiez séparés.
Je n'ai pas compté de malus du à une langue non maîtrisée, car le sujet est relativement simple. Finalement, Hemurelh est parvenu à quelque chose, mais cela vous a pris encore quelques heures, ce qui fait qu'on en est à la tombée de la nuit. Libre à vous de décider que vous aviez convenu de moments pour vous retrouver dans la deuxième partie de l'après-midi, sinon Hemurelh retrouve Baelsul au phare, et aura eu sa séance de musculation mensuelle.
Et ça vous aura couté 5 pa supplémentaires, tous ces renseignements.

Lancers...

Baelsul - Jet d'aide de compétence : Social : 5(d20) +0(deg) +1(Cha) +2 (racial) = 8 vs DD10 ~ Echec
Hemurelh - Jet de compétence : Social : 1(d20) +0(deg) +3(Cha) +2(race) = 6 ~ Echec
Corax - Temps passé : 3(d4)+1 = 4
Hemurelh - Jet de compétence : Social : 17(d20) +0(deg) +3(Cha) +2(race) = 22 ~ Réussite
Baelsul - Jet de compétence : Social : 11(d20) +0(deg) +1(Cha) +2 (racial) = 14 ~ Echec
Corax - Temps passé : 3(d4)+1 = 4

La remarque de Relh fit doucement sourire Baelsul. Issu d’une famille de marchand de Lunargent, il savait la valeur du travail et de l’argent. Cependant il ne portait qu’une attention minime à sa bourse depuis qu’il était parti à l’aventure. Les expériences qui se présentaient à lui valait bien plus que quelques pièces d’or à ses yeux. La richesse des uns et des autres n’avait aucun lien avec la taille de leur bourse. Il en toucherait sûrement un mot à Relh si jamais leurs destins les amenaient à faire un bout de chemin encore.

Mais c’est surtout la remarque que son congénère lui fit en sortant. Cette fois-ci, il laissa sortir un rire sonore même si léger. Il lui répondit ainsi :
« Il ne s’agit pas là de nécromancie à mon avis. Il souhaite seulement faire une observation du ou des corps pour en tirer des conclusions. Ce genre de sages savent énormément de choses sur les mystères de la vie, bien au-delà de leurs capacités magiques. »

La journée fut bien longue et le demi commença à croire qu’on se moquait de lui, même s’il conservait tout sa patience et son sang-froid. Pendant quelques secondes, il regretta la simplicité de la vie dans la forêt, sans tous ces tracas administratifs.

*Même si la forêt est mystérieuse, elle ne ment pas, ni ses occupants d’ailleurs pensa-t’il. *

Une fois de retour chez le vieux Sarouf, ce dernier confirma l’intuition qu’avait eu Baelsul. Mais grâce à ces nouvelles informations, Relh et Baelsul tenaient en main un objet qu’ils pouvaient désormais utiliser à leur avantage.

Puis quand vinrent les explications sur les I-xit-xa-chitls et les Koalinths, l’archer de l’art resta subjugué. Il adorait en apprendre sur ce monde marin, il l’avait d’ailleurs déjà fait en interrogeant Laeylan et ne put s’empêcher de repenser à sa rencontre avec les elfes aquatiques et surtout le Prince Dauphin en personne. Tout un univers à découvrir et qui le faisait de nouveau voyager. Le demi profita de cet instant pour sortir sa plume et une feuille et tenter de recopier le symbole qu’il avait vu. Il fallait absolument en parler avec Laeylan, elle saurait peut-être quelque chose.

Mis en appétit par ces explications, Baelsul ne put s’empêcher d’en demander plus :
« Iakhovas ? Qui est-il ? Malheureusement à Lunargent d’où je viens nous n’en avons que peu entendu parler. Vous avez mentionné plusieurs peuples aquatiques dont j'ignorais l'existence. En existe-t'il d'autres encore ? »

Le sommeil de la jeune planaire était bien mouvementé. Si on pouvait appeler cela un sommeil. Alors qu’elle sentit la vie lui revenir, elle ne pu ouvrir les yeux avant un certain temps. La douleur d’une simple respiration était bien trop forte au commencement. Des gémissements plaintifs avec le moins de mouvements possible. La voilà réduite à l’état larvaire. La sensation de la couverture sur son ventre balafré semblait lui arracher la peau.

Après quelques instants, l’endorphine commença à faire son effet et elle pu ouvrir les yeux pour découvrir un environnement familier. La chambre de l’auberge. Avec de petits mouvements de jambes, elle recula la couverture jusqu’à ses jambes pour laisser ses plaies respirer. Elle découvrit malgré tout un bandage mais la douleur était si forte qu’elle n’avait pas l’impression d’en avoir un.

Ses pensées vagabondèrent, de ci de là à la recherche de quelque chose à boire. Son sac bien trop loin alors qu’au pieds du lit, pas d’eau à portée de main et cette gorge sèche comme un désert de sable.
Les minutes passèrent en se remémorant les derniers instants de lucidité qu’elle avait eu face au lion. Elle qui espérait pouvoir s’en tirer facilement fut bien surprise de la force et de l’agilité de cette chose si grosse. Alors qu’elle se repassait en tête les événements pour voir ce qui avait merdé si ce n’était de s’être approché des terrestres elle fut interrompue par Morn qui lui apportait justement l’eau dont elle avait tant besoin.

Elle apprit que ses « compagnons » l’avaient ramené ici après un combat contre le lion. Cela elle s’en doutait un peu et qu’ils étaient repartis pour investiguer sur les Koalinths. De son coté, elle lui demanda ce qu’un lion pouvait bien faire ici et Morn lui expliqua un peu plus la situation jusqu’au nom de Gorstal Hammers. Un peu relevée pour qu’elle puisse boire plus facilement, ce nom ne lui disait rien pourtant elle venait de graver ce nom dans son âme.

Morn ne la dérangea pas plus pour le moment et la laissa se reposer. Laeylan retournait encore ce nom dans tous les sens quand elle sombrât dans le sommeil une fois de plus.

C’est lors du diner un peu plus tard dans la journée, combien elle n’en savait rien, qu’elle cuisina un peu le tenancier pour en savoir plus sur ce Gorstal Hammers. Elle voulait tout savoir de lui. Age, profession, maison, activités, possessions notables, liens avec la garde, lien avec les prêtres, lien avec le port, ce qu’il voulait faire du lion, habitudes alimentaires, habitudes de promenade, amis connus, amantes connues, femmes, enfants, anciennes amantes, énnemis. Tout ce qui pouvait venir au tenancier serait bon à prendre. Entre chaque bouchée proposée, elle le bombardait de questions, parfois impossibles à répondre. De toute façon, elle prendrait le temps plus tard de se renseigner d’elle-même dans la ville.

Eka arriva vers la fin du repas. Elle se saluèrent froidement avant que Laeylan ne lui demande un peu d’aide magique contre rémunération évidement. Plus vite elle serait sur pieds, plus vite elle pourrait s’adonner à cette nouvelle tâche macabre qui en plus lui rapporterait gros en argent. Non pas qu’elle en eut quelque chose à faire de cet argent. Il servirait à rembourser les avances pour dédommager son nourrisseur et sa soigneuse, elle dépenserait ce qu’il faudrait car souvent les terrestres sont particulièrement intéressés par ces bouts de métal et refusent rarement d’en gagner plus.

Le diner avait beau être bon et revigorant, elle n’en gouta que l’amère saveur du sang qui refluait de temps en temps dans sa bouche et l’acidité de son estomac qui allait avec. Selon les trouvailles de ses compagnons sur les Koalinths, peut être changerait elle ses plans.
La convalescence allait être longue et il lui faudra toutes ses forces pour s’en prendre à ce Hammers, il faudra être patiente telle la pieuvre attendant sa proie, camouflée parmi les coraux.

Après quelques rapides questions, et un récit glaçant et mythique sur Iakhovas, un requin-garou favori de la Reine Garce, qui avait causé la douzième guerre de Serôs, avant d'assaillir Eauprofonde et d'y être abattu, les aventuriers prirent congé du vieux sage. Pour davantage d'informations sur les royaumes des profondeurs, ou sur la race des mystérieux morkoths, il faudrait prévoir davantage de temps; l'ancêtre semblait être une mine d'informations sur la mer intérieure. Clairement, il n'y avait pas que des pirates qui circulaient sur les flots…

Ils avaient appris bien des choses, et connaissait désormais le probable symbole du commanditaire des attaques, mais ses motivations ou son identité demeuraient obscures. La nuit était tombée quand ils rentrèrent à la taverne du Boucanier enfumé. Maitre Morn sembla sincèrement heureux de les revoir:

– Vous voilà ! Je vous sers à manger ? Vous voulez manger en haut ? Votre amie, là, elle mange bien, mais elle cause encore plus. Et la gondar, elle est avec elle en ce moment.

Et pour cause: devant son état de faiblesse, Laeylan n'avait pas hésité à réclamer des soins magiques. La donation nécessaire et les prières d'Eka ne l'avaient pas rebutée, et la prêtresse avait réussi à canaliser l'énergie positive de son dieu. Quand les aventuriers montèrent, ils entendirent le cri de douleur de la genasi, au moment où ses blessures se cicatrisaient brutalement. Eka n'avait rien d'une soigneuse qui aurait pu concentrer finement les émanations d'énergie positive pour ressouder les os, les muscles et les peaux, voire effacer les cicatrices. Elle avait invoqué son dieu, et déversé l'énergie à travers tout le corps de la genasi. Quand elle sentit ses organes brûler ainsi, Laeylan comprit pourquoi certains préféraient cicatriser naturellement.

– Et maintenant, reste au lit, je vais voir si je peux aussi faire quelque chose pour tes pansements.

Les demi-elfes retrouvèrent leur dortoir et leurs camarades d'une nuit, évoquant leur journée. La gondar changea quelques pansements, mais en fait, rien de significatif ne pouvait être fait, après les soins magiques. Il fallait laisser du temps au temps… Au moins, elle venait de gagner l'équivalent de plusieurs jours de repos, et de s'affranchir de possibles complications. Ils mangèrent un repas apporté par Maître Morn, et discutèrent de leurs options:

Dans l'immédiat —demain matin—, ils pouvaient se mettre à la recherche de Gorstal Hammers; Morn ne savait pas grand-chose de ses habitudes ou de son lieu de résidence. Les koalinths finiraient sans doute aussi par revenir, en quête d'un autre trésor magique… Tout comme le commanditaire qui avait perdu le paquet dans le raid, qui devait arrievr le lendemain. Eka, elle, semblait moins portée sur ces perspectives que sur la réparation de navires, et elle discuta un peu avec Laeylan de ce sujet, lui montrant une idée pour une pâte durcissante à base d'empois d'algue. La forgeronne comptait d'ailleurs s'installer un temps dans cette ville, plus près du chantier naval où elle avait trouvé un travail passionant. Il était probable qu'elle ne resterait pas avec eux beaucoup plus longtemps.

Laeylan paie 10 po et regagne 7 PV. Après cette nuit, Eka deviendra un contact PNJ au chantier naval, où elle travaillera comme charpentière. Elle quittera le dortoir et le groupe.

Lancers...

Eka - Soins légers : 6(d8)+1 = 7
Eka - Jet de compétence : Premiers Secours : 3(d20) +0(deg) +2(Sag) = 5 vs DD15 ~ Echec

- Pouah ! Enfin !

L’ensorceleur était soulagé de rentrer à la taverne. La journée n’avait pas été de tout repos pour le fainéant demi-elfe qu’il était.

- Oui merci maître Morn. J’avoue avoir bien faim. Dit-il se tapotant le ventre.

- Baelsul allons voir comment notre amie Genasis se sens.

- Maître Morn ! Héla t’il, ajoute un verre chacun de rhum. Et pas ta meilleure bouteille hein !

Il alla rejoindre Laeylan. Il se découvrit la tête de son capuchon et se frotta les cheveux avant de se laisser aller sur un lit face à leur camarade.

- Quelle journée ! Heureux que tu es les yeux ouverts Laeylan. Tu me semble aller mieux. Il se redressa faisant face à la jeune Genasis. Sacré courage face au lion, néanmoins tu m’as fait perdre 1 Po. Conclu t’il avec humour. J’ai fait demander un petit rhum à maître Morn c’est ça qui va te revigorer et nous nous détendre parce qu’on a pas chaumé pendant ta reposette !

Il se dégourdissait en même temps son épaule quelques peu fatigué d’avoir dû transporter le corps inerte du Koalinth.

- Je laisse Baelsul te faire le topo mais on a quelques infos, tu en profitera pour le secouer un peu qu’on aille s’occuper de son détrousseurs, notre archer ne semble pas très presser de retrouver sa bourse. Mais bon quand on roule sur l’or ! Ahaha !...

Il taquinait son compatriote demi-elfe attendant son repas.

Les récits sur Iakhovas étaient tout simplement passionnants ! Friand de ces histoire le demi-elfe resta attentif jusqu’au bout. Il ne voulait pas perdre une miette. En sortant Baelsul fit remarquer à son compagnon à quelle point l’adresse était bonne et que de bonnes relations avec ce Sarouf leur seraient utiles dans un avenir proche.

À l’arrivée dans la taverne, l’archer était exténué, et l’idée d’un repas bien chaud lui donna le sourire. Il acquiesça donc à la proposition du tavernier en complétant :
« Sers-nous la marmite du soir, ça sera très bien, par contre je passe mon tour pour le rhum. »

Revoir la femme bleue sur pied ravi Baelsul qui ne put s’empêcher d’ajouter :
« Alors ces terrestres finalement ? Pas si mauvais pour remettre une aquatique sur pied, hein ? »

Il sourit à sa blague sans en rire. Décidemment, Relh avait une drôle d’influence sur lui. Puis il ajouta plus sérieusement à Laeylan et Eka :
« Comment te sens-tu ? Eka, dans combien de temps sera-t-elle définitivement sur pied ? »

« Bon, nous avons pu obtenir de nouvelles informations, et pas des moindres, dit-il en sortant le symbole qu’il avait recopié sur une feuille de papier. La perle est bel et bien un objet qui permet de détecter la magie, nous avions raison. Elle a sûrement servit à localiser un objet magique entreposé par notre tavernier pour le compte de ses commanditaires. Apriori, les vols sont courants ces derniers temps. Quant aux Koalinths, ils sont organisés dans leurs attaques et portent ce symbole. Il semble qu’ils aient un réel dessein derrière ces actions a priori isolées. Nous sommes les premiers à les avoir mis en déroute, on pourrait être une cible puisqu’on s’est mis en travers de leur chemin. Nous devrions redoubler de prudence surtout la nuit. »

Après une pause, il poursuivit :

« Ce Sarouf est une mine d’or d’information, il nous a longuement parlé d’un certain Iakhovas et d’autres peuples des mers dont les ixitxachitls, les morkoths… Mais peut-être connais-tu déjà tout cela ? »