Chapitre 1 : Le cri perdu du port

Quelle insolence. Elle ne savait rien de lui ni lui d’elle, mais sont assurance…. Argh ! Le demi-elfe sentait que son sang commencé à bouillir en lui devant cette donneuse de leçon qui justement ce disait être le contraire de ce qu’elle faisait.

¤ Encore une adepte du : « fait ce que je dis mais pas ce que je fais ! » ¤

Les poings serrés le demi-elfe était sur le point de répliquer. Cette perle si c’était l’artefact décrit par le tavernier était certes pas sa propriété, mais ni la sienne de ce qu’il sache, elle n’avait aucun droit plus que lui sur l’objet et pourtant elle s’en saisissait sans aucune question la mettant même dans ses affaires.

- Je….

Alors qu’il allait répliquer. La guerrière au marteau vient calmer les débats. Elle lui révéla qu’elle était à l’origine du cadavre de Koalinths dans l’entrepôts. Relh en conclu que l’autre n’était donc visiblement pas avec eu. Une accusation qu’il pouvait rayer de sa liste.
Puis l’humanoïde expliqua quelque détail et avec elle une autre conclusion : la perle n’était pas l’artefact non plus qu’il pensait être. Le tavernier avait bien expliqué l’avoir caché dans un baril, c’était donc surement le paquet qu’elle décrivait et dont les autres Koalinths avait embarqué.

¤ Encore une accusation hâtive erroné. ¤ Pensa t’il en entendant les expliquassions de la femme mystérieuse de l’entrepôt.

Rejoins par le demi-elfe qu’il avait aperçu brièvement dans la taverne il se sentit encore plus en confiance et se remit à leur hauteur. Cette femme avait certes abattu leur ennemi, mais elle resté une inconnue dans un entrepôt, arme en main il y a encore quelques temps et qui faisait preuve d’une assurance déconcertante pour l’ensorceleur. Certes il n’était pas, non habitué à des situations semblables, mais il n’était pas non plus enclin à faire confiance à la première personne venue. Surtout que son allure ne la caractérisée dans aucunes des races de Féérune qu’il connaissait.

- Je ne suis pas amis avec le tavernier, mais j’ai connaissance d’un marché entre une bande de corsaire et lui…. Il se tut. Pourquoi il devait se justifier ? Il chercha Joan des yeux. ¤ ou était-elle passé ? ¤. Elle restait ici, même si leurs échanges avaient été brefs, celle en qui il avait le plus confiance. Il reprit sa conversation. Cela ne vous regarde de toute façon pas. En ce qui concerne l’entrepôt je ne connais pas son propriétaire, mais c’est baril (en les désignant du regard) appartiennent bien au tavernier, de ses dires. Et ce qu’il y contenait aussi : magique ou pas.

L’autre demi semblait disposer de magie lui aussi. Sa remarque était intéressante d’étudier la perle. On serait fixé sur son utilité s’il disait vrai. Il pourrait peut-être plus tard lui évoquer son ambition d’appeler un familier hors du commun. Même s’il ne voyait pas de tel animal dans les environs qui suivait l’archer. Peut-être qu’il n’avait pas cette faculté comme le mage qu’il avait jadis connu. Bah ! il s’éloigné du sujet. Il secoua la tête légèrement pour se reconcentrer sur la conversation.

- Oui confiez l’objet, qu’on étudie celui-ci ! Comme vous l’avez fait remarqué il n’est ni à vous ni à qui d’autre. A moins que vous ne nous ayez pas tout dis ?

Même si elle semblait bien ne pas leur vouloir de mal. Hemurelh préféré resté distant plus par contrariété d’avoir été remis à sa place que par pur méfiance.

Avant même qu’elle ne réponde l’ensorceleur prit les devants usant de son art profane espérant forcé la main ainsi de la guerrière qui de plus est siroté son vin en toute insouciante face ceux qu’elle désigner comme des Terrestres.

¤ Cette désinvolture ! ¤

Vraiment tout l’agacé chez elle.


Hemurelh tente une manipulation à distance sur la perle.
Si le sort rate à cause du côté magique ou autre, il sera contrarié. Après tout c’est un Noob!

Joan était arrivée trop tard et avait manqué la fin de la fête. Elle dut se rapprocher des volontaires pour savoir comment c'était terminé la course des fuyards. Malheureusement, bien que deux corps pouvaient être ajoutés à la liste, ils s'étaient pour la plupart enfuis avec leur butin. D'après les dires, les survivants se seraient enfuis avec un seul objet, magique de surcroit. L'artefact devait être important ou de grande valeur pour justifier les risques.
Il faudrait savoir si l'opération avait été un succès pour les écailleux puisqu'une bretteuse leur avait tenu tête et était maintenant en possession d'un objet qui serait lui aussi magique. Cela faisait commencer à faire un peu trop enchanter au gout de la barde qui avait de plus en plus l'impression de s'être fait avoir par le tavernier. Il était maintenant peut probable qu'elle ai droit à sa petite récompense.

Le ton commençait à monter et elle dut arrêter de questionner les témoins. Après avoir un peu joué des coudes, la shantywoman arriva sur la scène. Elle n'eut pas de difficulté à comprendre ce qu'il se déroulait. Hemurelh avait certainement dû jouer au chef et contrarié l'épéiste. Heureusement pour lui, la martelière et le second demi-elfe étaient là pour essayer de calmer le jeu. Joan avança vers le groupe en levant la main en signe de salut.

- Je ne veux pas me montrer insultante, mais le fait d'avoir éliminé des koalinths ne prouve pas grand-chose. Tu peux être de mèches avec une bande concurrente qui profiterait de l'occasion. Je propose un truc simple: on va à l'auberge montrer la perle au tavernier et si elle est à lui, on la lui rend. Sinon, elle est à toi. Après tout, c'est toi qui leur à percé la panse, c'est donc ton butin.

C'était une véritable congrégation qui s'était réunie à l'entrepôt pillé. La nuit était bien avancée, mais l'agitation avait suffit à réveiller quelques voisins anxieux et à attirer une patrouille de gardes. Même un prêtre de Lathandre, loin de son élément zénithal, arrivait. Il portait dans sa main une torche sculptée dans un bois que la flamme ne semblait pas consumer. Encore un artifice magique, sans doute, dont la lueur paraissait aveuglante dans la pénombre de la nuit.

Les cinq aventuriers se retrouvaient à l'intérieur, parfois en ayant du jouer des coudes, et allaient sans doute devoir répondre à de nombreuses questions. Ils n'avaient sans doute plus beaucoup de temps avant que les autorités ne leur demandent de vider les lieux, au nom de la paix sociale. C'était souvent comme ça que ça se passait, dans les cités mercantiles de la Mer des étoiles déchues. Si le Cormyr était un royaume bien organisé et policé, les cités-états de la côte des dragons ne voyaient sortir la garde, casquée et masquée, que pour les meurtres ou les offenses les plus graves. En général, ils étaient alors expéditifs; mieux valait avoir une histoire bien claire et simple à raconter. Fort heureusement, entre le témoignage des marins et les koalinths abattus, beaucoup de détails devraient jouer en leur faveur…

La tentative arcanique d'Hemurelh échoua: manifestement, sa télékinésie n'avait pas prise sur des objets tenus ou portés par une tierce personne. Ou peut-être avait-il mal répété son incantation ? Il avait un peu de mal à le constater lui-même, faute d'avoir eu une éducation formelle à l'Art… Et si les autres voyaient qu'il avait appuyé sa demande d'une incantation, ni Eka ni Joan n'étaient parvenus à identifier le sort.

Autour d'eux, le baril éventré avait vomi ses poissons salés sur le sol. En combinant leurs observations, ils n'auraient pas de mal à comprendre que c'était donc dans la salaison qu'avait du être dissimulé le mystérieux paquet. A moins de vouloir chercher autre chose dans l'entrepôt, les aventuriers avaient effectivement tout intérêt à retourner à la taverne, pour en discuter, en savoir plus ou tout simplement, finir leur nuit.

L’autre demi-elfe venait de faire une révélation intéressante. L’attaque de l’entrepôt était sûrement visée et relevait plus d’un vol ciblé que d’un cambriolage quelconque. Mais que venaient faire ces créatures marines répugnantes ?

Dévisageant le Relh, l’archer ressenti d’abord une pointe de confiance lui aussi. Un congénère, qui venait de leur apporter une information non-négligeable et avait combattu – enfin semblait-il – à leur côté. Ses manières discrètes n’étaient pas sans rappeler un autre demi-elfe que Baelsul avait croisé dans le passé aux idées beaucoup plus flous et aux parti-pris parfois déstabilisant. Sa violence parfois passagère n’avait pas permis aux deux demi-hommes de nouer une réelle et profonde amitié. L’archer adopta donc une posture de distance, similaire à celle qu’il avait avec les autres.

Rebondissant sur la remarque de son confrère ensorceleur qu’il jugea agressive et a même de mettre en péril sa requête, le lunargentais intervint :
« Confier, bien-sûr mais je m’engage à vous la rendre. Je n’ai aucune prétention sur la propriété de cet objet, mon seul souhait étant d’en savoir plus sur ce qui a perturbé nos nuits. »

Détectant une incantation, Baelsul se tint sur ses gardes. Son corps se crispa et ses épaules se tendirent, prêtes à dégainer arc et flèches. Rien ne se passa mais il darda un regard noir sur Relh lui intimant de cesser tout tentative. Sa posture était incompréhensible pour le jeune demi, même si son égo avait pu être blessé par la femme en bleue.

Les tentatives d’arbitrage ou de justice par la barde avait un côté dirigiste que Baelsul ne comprenait absolument pas. Comment pouvait-elle se sentir investi d’une quelconque autorité sur quelqu’un ? Et a fortiori lorsque cette personne se sentait supérieur aux ‘terrestres’. Le spectacle risquait d’être croustillant mais surtout de ralentir l’enquête.

Il ajouta avant de s'y diriger lui-même : "allons à la taverne, nous aurons le temps d'en discuter longuement."

La conversation s’accélérait tandis que le temps passe et que la garde se rapproche. La planaire n’avait pas envie d’avoir affaire avec ces terrestres-là, souvent un peu bas du casque, ce qui pour des terrestres est inquiétant. La dernière arrivée venait de proposer une idée intéressante pour avoir le fin mot de l’histoire, bien que cette perle n’intéresse pas tellement la femme en bleu. Demander au tavernier, oui pourquoi pas finalement. Au passage elle pourrait se faire rembourser la chambre.

A un moment, elle sentit la perle vibrer dans sa main. Surprise, elle la regarda de près mais au moment ou elle réalisa qu’elle avait vibrée, la sensation s’effaçait déjà. Un truc étrange mais sans conséquences. Cette perle n’avait rien de particulier pour elle. Elle serait surement plus utile dans les mains d’un pratiquant de la magie, mais surement pas celui aux ordres si incisifs.

Lorsque Baelsul donna sa dernière proposition, bien qu’elle ne connaisse pas encore son nom, elle trouva au moins un minimum de bon sens dans cette idée. Se déplacer ailleurs que sur les lieux d’un crime pour en débattre le bout de gras était une bonne idée. De plus il avait été d’une courtoisie à toute épreuve et semblait décidé a calmer un jeu qui avait pris une tournure un peu saumâtre à son gout. Elle était maintenant en grande infériorité numérique et eux en face d’elle lui donnait le sentiment qu’ils se connaissaient et qu’ils feraient front contre elle. D’autant que la remarque piquante de la femme sur la bande rivale finit de faire le tour de sa tête et ajoutait à la suspicion dont elle pourrait être la cible. Oui allons à la taverne pour au moins se poser peinardement et au chaud.

Elle emboita le pas à Baelsul avec ses affaires sur le dos, sans rien ajouter, que pourrait elle bien dire de plus ? En chemin elle lui tendit la perle pour qu’il puisse avoir le loisir de la regarder de plus près. Une fois encore sans dire un mot. Après tout sa demande était raisonnable et pleine de bon sens donc pourquoi le priver ?

Comme les aventuriers ne traînèrent pas davantage, ils sortirent au moment où la garde arrivait sur les quais devant l'entrepôt. Les miliciens, lourdement armés, interrogeaient déjà les marins qui leur expliquaient la situation: des koalinths avaient attaqué le port, tuant un local qui avait osé leur tenir tête. De courageux voyageurs de passage avaient galvanisé les marins et les avaient menés dans une héroïque contre-attaque: un koalinth était mort suriné dans l'auberge, deux criblés de projectiles dans leur fuite, un dans l'entrepôt et un dernier sur les quais, fauché par l'énorme marteau.

Presque mécontents d'avoir été dérangés pour rien, les gardes dispersèrent l'attroupement, ne gardant qu'un marin volubile pour l'interroger pendant qu'ils inspectaient l'entrepôt. Et si l'allure des aventuriers —en particulier Laeylan et son armure— attirèrent les regards casqués, on les laissa partir sans problème.

– Rentrez tous. Couvre-feu jusqu'à l'aube ! Tout ce qui court sur le quai sera traité comme un pilleur. gueula un des gardes anonymes armé d'une lourde arbalète.

Le prêtre de Lathandre, avec sa torche, annonça plus paisiblement que tous seraient bienvenus à la Tour du Matin —l'imposant temple local—, pour célébrer l'aube, soigner les blessures et discuter du raid de koalinths.

Finalement, de nombreux marins —dont les anciens camarades de Joan— regagnèrent leur navire mouillé plus loin dans le port, et le reste retourna à la taverne du Boucanier enfumé. On y trouverait sans trop de mal une ou deux places dans les deux dortoirs qu'elle offrait, où gens de passage épargnaient à leur bourse les dépenses d'une chambre individuelle.

Loin de l'exubérance de certains, Maître Morn —le tavernier— semblait profondément affecté par le raid. Était-ce davantage à cause de la destruction de sa porte, des cadavres qui étaient évacués de sa grande salle ou du pillage de ses salaisons ? Interrogé par Hemurelh, l'homme expliqua la situation. Il avait le crâne dégarni, un léger embonpoint et un tablier crassé sur lequel il ne cessait d'essuyer ses mains calleuses:

– Vous m'avez bien coincé, à marchander comme des hins sur quelques pièces d'argent. Il jetait un regard abattu à Joan. Cette perle, je ne sais pas ce que c'est; mais vous dites que ce n'était pas dedans ? Je ne connaissais pas l'contenu du paquet, en vérité. Juste que c'était planqué dans un d'mes barils de poissons salés. Je loue une partie de c't'entrepôt pour stocker des denrées, que je livre aux bateaux de passage et communautés des environs. Tenir une auberge ne suffit pas de nos jours… Alors quand on m'a proposé de cacher un paquet mystérieux dans la salaison, tout ça pour une petite commission, j'ai accepté. Sûr qu'à mon avis c'était pour garder des objets magiques à l'abri d'un raid de koalinths. Il y en a eu plusieurs, ciblant des propriétés ou des bateaux, toujours pour voler des richesses ou des artefacts. Pour ça que j'ai paniqué quand on a crié à propos de l'entrepôt. Au moins vous leur avez rendu la monnaie de leur pièce, cette fois-ci…

Ce disant, il salua de manière tous les aventuriers, comme s'ils étaient un groupe uni et formé. – J'ai entendu un gars parler de vous comme d'une compagnie d'aventuriers. Vous allez voir, il y a fort à faire pour des gens compétents, par ici, et les nouvelles vont vite…

Baelsul aux yeux d'argent, au terme de quelques incantations, put déterminer que l'objet renfermait un faible pouvoir magique universel. Il n'était pas un magicien très érudit, mais peu de sorts n'émanaient pas d'une école de magie spécifique, telle l'abjuration, l'invocation ou la nécromancie. Son intuition lui laissait penser que dans ce cas précis, cette massive perle pouvait avoir un pouvoir similaire au sortilège qu'il était en train d'utiliser… Ce serait là une manière bien pratique de déceler un paquet magique, caché dans un entrepôt. Ces koalinths étaient décidément trop bien organisés…

L'aubergiste leur servit encore un verre, empocha tous les paiements qu'il pouvait, puis les invita à se retirer pour la nuit. Il aurait encore tout le loisir de parler dans quelques heures, au matin, que ce soit de l'attaque ou des opportunités qui s'offraient à eux.

Lancers...

Baelsul - Jet de compétence : Art de la magie : 20(d20) +4 = 24 ~ Réussite

Eka n'insista pas auprès de Laeylan. Il semblait que leurs origines mettaient en confrontation leurs connaissances. Faire un don de la vie n'était pas forcement le fait d'enfanter. Mais c'était le point de vue de la prêtresse. Celui de la chasseresse était tout autre. Mais au delà de leurs races, il y avait peut être bien d'autres choses cachés derrière ce regard dur. A chacun ses secrets et ses aspirations.

Concernant le chahuteur, il semblait s'être calmé, tout ça pour incanter quelques secondes plus tard. La fille du Porteur des Merveilles ne sut identifier le sort, et ne vit aucune conséquences à celui ci. Elle s'en tint donc à lui lancer un simple regard désapprobateur. Elle savait qu'il avait tenté quelque chose. Et au vu de la situation, les conséquences auraient pu être désastreuse. Il ne se passa rien, alors elle décida de ne pas intervenir. Au contraire, elle acquiesça rapidement à la proposition de retourner à la taverne.

le nouveau venu, l'archer qu'elle avait aperçu plus tôt et au talent certain, semblait beaucoup plus posé que l'autre homme du groupe. Plus sage. Plus vieux peut être. Difficile à dire avec un sang-mêlé.

Elle suivit donc le groupe, marteau sur l'épaule et le pas assuré. L'attaque semblait terminé, et les tensions initiales apaisées. Il ne restait plus qu'à confronter le tavernier. Mais était ce vraiment son rôle ? Elle n'était qu'une étrangère de passage. Le guet s'en occuperait certainement.

Mais elle ne rentra pas dans la taverne dans un premier temps. Elle passa voir son inséparable compagnon de route afin de s'assurer qu'il ne lui était rien arrivé. Puis elle monta vérifier ses affaires, qu'elle avait laissé dans le dortoir commun. Surtout son armure. Cadeau de son père avant son départ.

Une fois fait, elle redescendit dans la grand salle rejoindre les autres. Son marteau, toujours à portée de main. Elle s'assit à une table et profita d'une chope en paix. Écoutant distraitement les informations que le tavernier distillait à ses compagnons. Elle n'était qu'une étrangère ici bas, et ne se sentait pour le moment guère concerné par la suite des évènements.

Elle finit par faire signe aux différents acteurs de la rejoindre à sa table et de partager un verre: A la femme au discours motivateur, au sage archer et à sa précision mortelle, à l'impatient et roublard demi-elfe, et enfin, à la guerrière aussi froide que l'acier de son épée.

Souriante, elle entama alors la conversation de sa voix légèrement rauque et chaude:

- Étrange rencontre...

Chez elle, on commençait généralement par "Heureuse rencontre". Mais les circonstances de cette soirée lui laissèrent l'opportunité de modifier légèrement l'introduction à sa guise. Ses compagnons n'y verrait, espérait-elle, pas d'inconvénient.

- Je suis Ekaterina, du Cormyr. Mais appelez moi Eka. C'est généralement plus simple.

Elle préféra en rester là pour le moment. Ils auraient bien le temps de discuter un peu après ça. Après tout, sa chope venait à peine d'être remplie.

L’échec de son sort lui avait retiré sa fougue lors de l’attaque. Il avait encore du travail pour espérer devenir un puissant manipulateur de l’art profane.

Lorsque la garde arriva pour dissiper tout le monde il suivit les autres jusqu’à la taverne. Tout le monde semblait faire confiance en celle qui se trouver dans l’entrepôt. Faisaient-ils tous preuves d’une plus grandes sagesses que lui ? Ou ne discernaient ils pas la situation tout simplement ? Hemurelh se plia à l’avis général et il laissa sa méfiance se dissiper. Au final elle suivait même le groupe et avait fini par prêter la perle à son confrère demi.
Il haussa les épaules.

¤ Ce monde est fou ! ¤

À la taverne, le tavernier toujours dans de bonne disposition à se confier, continuait ses explications et révéla à tous son petit manège pour arrondir ses fins de mois qui fut sûrement l’origine de l’attaque. Il était la victime et le commanditaire indirect finalement. Néanmoins le mystère restait entier sur l’artefact volé.

Petit à petit les gens finirent par se dispersèrent. La nuit avait été assez agité comme ça et les esprits et corps réclamés du repos.
L’adrénaline ne faisait plus son effet non plus chez l’ensorceleur et il esquissa un bâillement. Il prit néanmoins un dernier verre avec ses acolytes du moment. C’était peut-être le moment d’en connaître plus sur la femme à l’armure de requin. Et puis il comptait bien profiter de son charme auprès du tavernier jusqu’au bout.

- Je ne dis jamais non à un dernier verre, Eka ! La salua t’il sourire aux lèvres en levant sa propre chope.

- Hemurelh Exul’fyr. Se présenta t’il avant d’avaler sa première gorgée. C’est le moins que l’on puisse dire. Faisant référence à leur rencontre. Je reste songeur sur le fin mot de tout ça. Faisant cette fois référence aux révélations du tavernier.

Il laissa le tour de table se faire naturellement avant soit de prendre congé dans sa chambre soit de bavarder un peu plus. Le tavernier les avait qualifiés d’aventuriers. Est-il un aventurier ? Hemurelh avait quitté, fuit, la piraterie qui lui offrait une vie trop loin de ses réelles envies et ambitions. Mais pour faire quoi ? Et aller où ? Il n’avait pas encore finalement réfléchi à la suite. Mais prendre part au combat contre ce qu’il estimé être de l’injustice de la part d’une horde menaçante était un bon début. L’art profane qui grandissait en lui semblait également le guider vers plus de pouvoirs. L’un et l’autre pourrait devenir un moteur de son avenir. A ses réflexions il reprit une gorgée du breuvage alcoolisé qui venait apaiser toutes les tentions de cette soirée.

Une fois dans la taverne, le demi qui avait fait preuve d’un comportement défiant à l’extérieur pu démontrer ses atouts pour faire parler le tavernier. Ce dernier expliqua son marché, Baelsul, dont la famille était elle-même commerçant à Lunargent, comprenait totalement. Et puis après-tout ce n’était pas à lui de juger des choix de cet homme dans une contrée à laquelle il ne connaissait pas les us et coutumes. Il intervint sur la fin de la conversation :

« L’information concernant les attaques de Koalinths nous intéresse. Pourriez-vous nous en dire plus ? Quelle est la fréquence ? Quelles sont les cibles ? Savez-vous avec qui ils pourraient avoir des accointances en ville ? Ils ont sûrement des informations fiables pour être aussi efficaces. »

Puis il continua « Quelqu’un a parlé de nous ? Il y a donc eu des observateurs ? »

À l’invitation de la barbare du nord, le demi suivi son congénère et s’installa à la table.
« Enchanté Ekaterina, Hemurelh. Je suis Baelsul de Lunargent, dit-il sans trop en dévoiler. Vous avez là un bien impressionnant marteau, relança le demi. » Il était surtout surpris qu’Eka soit originaire du Cormyr étant donné ses traits physiques et les hypothèses qu’avait émis le demi-elfe.

Une fois les présentation terminées, Baelsul en profita pour détailler ce qu’il venait d’apprendre.
« La perle que vous m’avez présentée, dit-il désignant la femme bleue du menton, possède en effet des propriétés magiques. A vu de ce que j’ai pu apprendre je pense qu’elle permet de détecter la magie. Voilà un objet bien utile pour retrouver des artefacts magiques dans un hangar, comme semblait le suggérer le tavernier. »

Ayant à cœur de rassembler plus amples informations, il demanda aux convives :
« Connaissez-vous les Koalinths ? Je n’en ai jamais vu avant ce soir pour ma part, peut-être que si nous partagions ce que nous connaissons d’eux individuellement nous pourrions dessiner de premières pistes. »

Le demi, adepte de Khalreshaar et protégé de Sashelas, se prenait au jeu de cet enquête. Il avait fait un long voyage jusqu’ici et il savait que la meilleure façon de faire son trou c’était par l’action ! C’est comme ça qu’il avait découvert la Haut-Forêt et c’est comme ça qu’il explorerait Gulthmere, Parlecèdre et ses environs.

Attablés ensemble pendant quelque temps, le petit groupe eut le temps de faire connaissance et d'échanger leurs impressions. Mais la fatigue gagna rapidement la majorité des présents, et tous finirent par passer la nuit.

Telpir, Côte des dragons, mâtinée 26 Mirtul 1373 CV
Climat: 13°C, brise venant de la mer
Sol: Routes partiellement pavées et quais en bois
Sons: Cris empressés

Celle-ci se conclut heureusement sans autre incident. Tôt le matin, certains pêcheurs mirent les voiles, plus ou moins discrètement. L'animation dans un dortoir était toujours particulière, mais les habitués savaient s'en accommoder. Et puis, dans leur expérience, chacun restait dans son coin, par peur de trouver plus ronchon que soi. Était-ce une curiosité locale, le fait de la nuit animée, ou le résultat des compétences qu'ils avaient démontrées ? Personne ne vint leur chercher des noises ou tenter de leur dérober des affaires pendant leur sommeil. Après tout, quiconque se faisait prendre à voler ainsi dans un auberge aurait bien du mal à trouver un autre endroit où coucher, sans parler des conséquences… La garde locale n'avait pas l'air vive, mais encore moins tolérante.

Dans la grande salle du boucanier enfumé, on servait un déjeuner à base de gâteau aux airelles pressé, facile à emporter, et d'autres pains aux fruits. Ces spécialités de la région et du Turmish¹, vendues sur les marchés à longueur d'année, étaient faites à base de fruits coupés en morceaux, marinés dans de l'alcool avant d'être cuits dans de la pâte. En tranches ou en miches, cela calait rapidement la faim et se conservait assez bien. Maître Morn avait déjà fait appeler un charpentier local, qui négociait avec lui la réparation de sa porte.

– Ouais d'accord, je peux m'en occuper de suite. Mais j'devrai partir au zénith. On bascule un bateau pour curer et enduire la coque…

La manœuvre ne manquerait pas d'intérêt. Port d'importance, à défaut d'être une métropole, Telpir accueillait régulièrement des navires qui profitaient de l'expertise locale pour être réparés. Tout le monde n'avait pas les capacités amphibies de Laeylan, et voir les humains procéder ici ne pourrait être qu'instructif. C'était aussi vers le chantier du port que Maître Morn avait dirigé Baelsul après sa question. Lui-même n'avait pas une vue d'ensemble des attaques de koalinths, mais sans doute les charpentiers, proches des marins et du port, en sauraient-ils davantage.

– L'autre possibilité, c'est que vous alliez consulter un sage. Le vieux Sarouf, par exemple, il pourra sans doute vous renseigner davantage sur les koalinths. Ou sur votre objet magique, là… Il crèche sur la jetée, juste à côté du phare.

En parlant de magie, justement, le tavernier avait l'air un peu sur ses gardes. Il se souvenait vaguement d'en avoir trop dit, la veille, mais plus vraiment savoir pourquoi. Le stress de l'attaque, sans doute. En servant et récoltant le solde des aventuriers, il en vint à leur demander:

– Vous êtes les bienvenus ici, hein. C'est pas une auberge, donc j'ai pas assez de chambres pour vous tous, mais si vous le souhaitez, je vous garde un dortoir rien que pour votre groupe, sans surcharge². Même si j'ai pas eu de chance, sans vous ça aurait pu être bien pire… D'ailleurs vous pourriez peut-être m'aider. Rapport à ma situation, vous voyez… Les commanditaires doivent venir demain prendre livraison des barils de vivres, et du… paquet. Si vous êtes là pour leur expliquer ce qu'il s'est passé, ça pourrait me sauver la mise. Ils sont pas méchants, je crois… Mais c'est un peu des illuminés.

– Et vous pouvez aussi aller voir dehors. On m'a encore dicté une annonce de plus. Ça pourrait vous intéresser: je tiens un placard où les gens viennent afficher leurs avis et messages. J'essaie de faire concurrence aux prêtres de Lathandre…³ conclut-il avec un faible rire.

¹: Source: Ed Greenwood presents Elminster's Forgotten Realms
²: 2 pièces d'argent par personne et par jour de location + les repas à 1 pièce d'or pour la pension complète. Intimité garantie, aération quotidienne comprise. Hébergement médiocre, repas convenable.
³: Les disciples des temples locaux de Faerûn servent souvent de notaires et de scribes pour les illettrés. Ils s'occupent alors de conserver des documents, ou de les transmettre, tout ça sous la protection de leur divinité. A l'échelle d'une ville, c'est une source de revenus et d'ancrage dans la population qui est non négligeable.