Chapitre 1 : Le cri perdu du port

Un cri… Juste un cri; c'était ce qui pouvait faire toute la différence… Ne disait-on pas que Pwyll Cripuissant, souverain du Gué de la Dague, était capable de mettre en déroute un régiment entier avec la seule force de sa voix¹ ? Que les chevaliers de la Triade pouvaient rugir leur courroux, à l'instar de Nobanion, le Seigneur à la crinière de feu ?

Le cri perdu du port…²
Dessin de Jeff Brown / jbrown67

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Telpir, Côte des dragons, mi-nuit 25 Mirtul 1373 CV
Climat: 14°C, brise venant de la mer
Sol: Routes partiellement pavées et quais en bois
Sons: Cris empressés

Dans la cité portuaire de Telpir, à l'extrémité est de la Côte des dragons, on trouvait de tout. Cette ville indépendante, au cœur des échanges commerciaux de la mer intérieure, accueillant autant de marchands que de prêtres, de paysans que de corsaires, de pêcheurs que de mineurs. Les pirates de la mer des étoiles déchues restaient heureusement sur leurs îles, à quelques centaines de kilomètres de là.

Outre ses ruelles étroites et ses barques de pêche, le port accueillait aussi quelques vaisseaux de grande taille, un chantier naval et une myriade d’entrepôts. C'était tout ce qu'avait pu voir Laeylan en débarquant en fin d'après-midi du vaisseau marchand sembien qui l'avait conduite ici. Elle-même chassait le Chasse-Rêve³ —quelle ironie—, un navire légendaire qui avait été aperçu dans la région. C'était, lui avait-on dit, un bâtiment qui fendait les flots depuis des siècles et disposait de nombreux pouvoirs. Autrement dit, une curiosité excitante qui lui tardait de contempler, coque comprise… Bien entendu, il n'avait pas l'air d'avoir mouillé à Telpir ce soir-là.

Laeylan avait rapidement loué une chambre miteuse au-dessus d'un entrepôt du port, ce qui la laissait à un jet de pierre de l'eau de mer. Plusieurs fois dans sa vie, ce genre de proximité l'avait sauvée… Avec un peu de chance, elle ne trouverait pas davantage de problèmes ici qu'ailleurs… Les volets laissaient passer la lumière de la lune et, soudainement, une myriade de cris.

Baelsul, lui, était arrivé à Telpir d'une toute autre manière. Fraîchement introduit auprès des gardiens sylvestres, sa précédente aventure en Haute-Forêt lui avait accordé un certain respect de la part de Turlang, ce qui n'avait pas échappé à d'autres protagonistes de la région: deux druides de l'Enclave d'Émeraude. Kressna Pisacar et Naeva Aveneau étaient en Haute-Forêt des ambassadeurs de l'Enclave d'Émeraude⁴, puissante union de druides et de rôdeurs. Face à l'expansionnisme du vénérable sylvanien, qui rêvait manifestement d'étendre sa forêt à tout le nord-ouest de Faerûn, les druides de l'enclave craignaient une réponse tout aussi excessive des populations voisines. Sans parler des dangers déjà contenus dans la Haute-Forêt, comme le Fort des Portes de l'Enfer, qui ne bénéficieraient plus que d'une vigilance dispersée…

Tous ces enjeux à si grande échelle le dépassait un peu⁵, mais Baelsul avait compris ce qu'on lui proposait: Kressna Pisacar et Naeva Aveneau ne parvenait plus à raisonner le sylvanien, qui les faisait désormais surveiller comme des intrus. Le demi-elfe, ayant gagné la confiance de Turlang, pourrait être ses yeux pour venir observer sur la Côte des dragons la politique menée par l'Enclave d'Émeraude. Turlang avait également demandé le conseil de Zalaznar Crinios, le dirigeant de Parlecèdre, une importante communauté druidique de la Forêt de Gulthmere. Les gardiens sylvestres, eux, ne pouvaient que se féliciter de maintenir ainsi de cordiales relations entre les différentes parties.

L'Enclave d'Émeraude avait invité Baelsul a emprunter un portail établi en Haute-Forêt⁴, et qui le transporta jusqu'à leur île d'Ilighôn. De là, il avait pris un bateau jusqu'à la capitale du Turmish, la minérale⁶ Alaghôn. Il n'eut que le temps de constater qu'une grande population d'elfe semblait vivre harmonieusement dans cette métropole de pierre, avant d'embarquer sur une caravane vers le nord, et la ville de Telpir. Sa prochaine étape serait Amry, à l'ouest, puis Parlecèdre; les druides de l'Enclave d'Émeraude, appelés Protecteurs, lui avaient bien décrit le chemin. Et puis, tout ça l'emmenait sur les pourtours de la Mer des étoiles déchues. S'il était un endroit où il pourrait en apprendre davantage sur cette marque, dans sa nuque, c'était sans doute ici…

Mais pour l'heure, il tentait de dormir à l'étage du Boucanier enfumé⁷. Dans de nombreuses auberges, les chambres individuelles étaient un luxe, et les voyageurs plus modestes partageaient des dortoirs. Celui de Baelsul venait de s'animer, car de nombreux cris se faisaient entendre, de l'extérieur et de la salle au-dessous. Et ce n'était plus juste une soirée animée. Les cris venant des quais, au-dehors, dévoilaient la présence de koalinths. Le demi-elfe n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait, mais vu les bruits métalliques de combat, ces créatures semblaient agressives. Un de ses voisins maugréa sans se réveiller tandis qu'un autre —torse nu— fouillait rapidement ses affaires pour empoigner une lame.


¹: Source: The North: Guide to the Savage Frontier
²: Dans le cochon, tout est bon, sauf le cri.
³: Navire créé par Phinéas dans l'épilogue de la Quête Troubles en Akanal
⁴: Intrigue développée dans l'article "Emerald Enclave Portals: The High Forest" de la série "Perilous Gateways"
⁵: Baelsul a 8 en intelligence ^^
⁶: Une bonne partie d'Alaghôn est célèbre pour être un entrelacs de maçonneries, tunnels, catacombes et maisons de pierre
⁷: Taverne créée par Stor Mousseracie dans le RP d'introduction de Joan et Hemurelh

Laeylan était posée sur son lit de paille, encore habillée à l’exception de son armure qui gisait à un pas d’elle au sol sur un tas de paille qu’elle avait prise à son lit, le barda sous sa tête pour servir de coussin. Les armes en évidence à portée de main, on ne peu pas vraiment faire confiance à tous les terrestres.

Les yeux dans le vague, prête à s’endormir du sommeil réparateur qu’elle avait bien mérité après un long voyage en mer. Les paupières lourdes, ses pensées s’effaçaient doucement en direction des limbes. Elle cherchait le chasse rêve. Ce navire dont on ne lui avait conté que les mérites. Pouvoir l’inspecter de la poupe à la proue, avec qui sait, une chance de monter et naviguer à son bord pour en apprendre les secrets pourrait probablement tromper son ennui quelques temps. L’idée pour elle était double. Se faire plaisir et en apprendre plus sur le navire pour peut-être pouvoir apporter un peu plus de force à la marine de cette confrérie de terrestre qu’elle avait rejoint. Le chef du chantier naval n’était pas un manchot, vue les bâtiments qu’il avait déjà mis à l’eau, pourtant un petit plus ne fait jamais de mal.

Le vent et l’air marin qui s’introduisaient dans sa chambre arrivaient presque à lui faire oublier l’odeur assez grossière de son entourage immédiat, dont elle était en partie la cause. La pauvre petite n’était pas spécialement axée sur l’hygiène corporelle. Un bon bain d’eau de mer réglait tous les problèmes ! La paille grattait à travers ses vêtements. Peut être aurait elle du dormir au creux d’une grotte sous-marine sur de la mousse de mer ? Elle triturait sa broche de loup argenté, se disant que justement elle n’en avait jamais vu un seul encore, de loup. Si ce n’est des loups de mers au comportement cavalier. Enfin, vue le profil de la broche on ne devait pas parler de la même espèce de loup. Cette nouvelle confrérie, qui pour elle se trouvait a mi-chemin entre sa tribu natale et son premier équipage de navire l’interrogeais encore malgré sa récente accession au titre de novice. Ils avaient des personnalités intéressantes mais parfois des taches un peu ennuyeuses. Elle plutôt axée sur la navigation et la réparation de navire se trouvait parfois à aider à décharger des cargaisons. Heureusement ce n’était pas tous les jours et cette proposition qu’on lui avais faite de partir en chasse de ce bâtiment magique lui convenait amplement. Pourvu qu’il soit à la hauteur de ses espérances

Sur une dernière pensée à son objectif prochain qu’elle était certaine de trouver bientôt par pure confiance en elle démesurée, elle fut sortie de ses songes par ces cris grotesques et ces bruits de bagarre armée.

*On peu encore une fois faire confiance aux terrestres pour se compliquer la vie inutilement et n’en avoir rien à faire des autres qui les entourent !*

Un peu lasse et les yeux collants, elle se leva et s’approcha de la fenêtre pour tenter de regarder à travers les volets afin de savoir si oui ou non elle devrait trouver un endroit plus propice pour sa nuit, et si elle allait devoir en plus se dégourdir les jambes et faire couler un peu de sang.

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Laeylan observe et écoute autant qu'elle peu pour déterminer l'urgence de la situation vis à vis de sa tranquillité.

La chambre assez misérable qu'occupait Laeylan se trouvait juste au-dessus de la scène, ou presque. L'éclairage à l'extérieur était faible, entre les rayons de lune et les quelques sources lumineuses entretenues pendant la nuit, mais la genasi put néanmoins distinguer ce qui était à l'origine des cris:

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Un trio de koalinths —des hobgobelins aquatiques, réputés pour leur férocité— avaient pris pied sur les quais, et forçaient l'entrepôt sous ses pieds. La porte d'entrée se trouvait littéralement sous sa fenêtre. A une quinzaine de mètres de là, une autre poignée de créatures affrontaient des humains devant une auberge voisine, arborant comme enseigne une tête de marin enveloppée par la fumée de sa pipe.

Les marins et habitants réveillés commençaient à gueuler, d'effroi ou de colère, mais la surprise et la carrure des koalinths jouaient en leur défaveur. La première victime fut un badaud proprement empalé par une lance et projeté à travers la porte d'entrée du Boucanier enfumé. Les occupants de la grande salle comprirent instantanément le bien fondé des cris qui animaient les quais, et ceux qui dormaient encore furent bel et bien réveillés. Que venaient faire ici ces habitants des profondeurs ?

Joan voyait la main s'approcher avec réticence de la sienne. Elle affichait un sourire plus que satisfait. Elle avait gagné de l'or, de l'alcool, celui-ci était toujours meilleur quand il est gratuit, et peut-être un moyen de se faire connaître. Il n'y avait plus qu'à protéger l’entrepôt, repousser les monstres marins et a fêté la victoire. Tout cela se serait passé pour le mieux si quelqu'un n'avait pas forcé l'entrée d'un matelot de manière aérienne dans l'établissement. Au vu de la hampe qui lui traversée le ventre, il était peu probable qu'il se relève un jour. Les koalinths qui entraient à sa suite s'en étaient assurés.
Par réflexe, la corsaire sortit sa rapière. Elle n'avait pas encore affronté ce genre de créature et ne connaissait pas leurs forces et faiblesses, mais une lame dans le bide devrait être suffisante pour les calmer. Le plus dur sera de ne pas recevoir la pareille. Si tout le monde s'y met, il serait possible de les submerger. Joan était capable de se servir de magie, même si ses capacités étaient limitées. Il ne fallait pas gâcher le bref effet de surprise qu'elle pourrait provoquer. Il ne restait qu'une chose à faire.

- Aux armes boucaniers ! Pas de quartier !

Après avoir lancé le cri de ralliement et sa pipe qu'elle avait allumée plus tôt toujours en bouche, elle avança lentement espérant que ses camarades et d'autres marins se joignent à eux. Ce n'est pas comme s'ils avaient le choix de toute façon, les hobs ne feront pas de différence entre combattants et planqués.
Elle préfère laisser à d'autres l'honneur d'être en première ligne, mais ce n'est pas pour autant une excuse pour laisser les autres s'amuser ou se dérober. Elle est un soutien, pas une lutteuse. Perturber l'adversaire serait un bon moyen de prendre l'initiative, elle prépara donc son sort et chercha sa cible.

Je ne sais pas l'ordre d'initiative donc en fonction de la situation:
- les hobgobelins chargent et dans ce cas je lance hébétement sur celui de tête
- c'est nous qui chargeons et dans ce cas, je lance hébétement sur celui qui se prendra la charge.
Si cela pause problème j’éditerais sans soucis.

Des Koalinths. Parmi les créatures maritimes, ce n’étaient pas les plus rusés de la portée. Laeylan se demandais même si elles n’étaient pas plus débiles qu’un terrestre.

¤Ah, et- bien me voila bien. En tout cas, je me suis trompée, désolé les terrestres, pour une fois c’est pas que de votre faute. Bon, ils vont pas tarder à entrer ces trucs-là, faudrait que je me prépare un peu. ¤

Elle ne prit pas tellement le temps d’estimer combien de temps ils prendraient pour entrer en forçant la porte. Elle s’en fichait un peu à vrai dire. Même nue comme un vers avec une simple lame, elle se sentait capable de les faire partir ou de les étriper. Elle se dirigea vite fait vers son armure et entrepris de l’enfiler proche de la fenêtre, un peu sur le coté pour garder un œil sur les intrus et pouvoir leur parler. Si par hasard sa voix pouvait couvrir le tumulte général, ça serait un bonus, se disait elle alors qu’un humain se faisait jeter comme un fétu de paille

¤Tiens, un terrestre de moins. En voilà un qui va avoir du mal à se coucher dans son hamac avec cette lance dans le bide. Quel crétin. Quand une bestiole armée se présente, et qu’on est pas sois même armé, il faut courir se cacher ! Personne ne leurs apprends rien à ces humains ? Ils peuvent déjà pas respirer sous l’eau et nager convenablement, en plus ils apprennent pas la base de la survie…misère…comment font-ils pour être encore aussi nombreux ? ¤

Hey ! Les crétins en bas qui forcent la porte !!! J’ai pas encore envie de vous éventrer alors BARREZVOUS avant que ça ne me vienne !

Elle espérait que cette petite vocalise suffirait à les faire aller plus loin, même si elle se demandais également si ces trucs pouvaient véritablement comprendre l’aquatique vue le manque total cerveau dans leur boite crânienne.

L’armure s’enfilait assez facilement, comme elle n’était pas pressée plus que cela, elle prendrait le temps de l’ajuster convenablement. D’autant que son armure de requin pourrait avoir un petit effet sur ces créatures marines comme cela avait déjà été le cas une fois ou deux auparavant, bien que pas toujours à son avantage. Par la suite elle prendrait sa rapière en main, la dague rangée et le sac prêt à être posé en cas de combat.

¤Ensuite je me barre dans l’eau, au moins là-bas j’ai la paix pour dormir. En plus c’est que des Koalinths. Pas de quoi fouetter un poisson chat. Par contre j’irais récupérer mon argent avant de plonger, pas moyen que je paye une chambre pour rien non plus. Chambre tout confort au calme qu'il disait l'autre merlu, bah voyons. Le confort ça passe, mais le calme on y est pas du tout !¤

Le passage du demi-elfe a Thuldae avait considérablement transformé son rapport à la haute-forêt et ses habitants. Sa volonté première avait été de retourner sur les traces de ses ancêtres elfes et druides qui se trouvaient dans cette forêt dans une relative harmonie. Il avait pu découvrir les gardiens sylvestres et avait tout de suite trouvé une similitude forte avec ce qu’il avait projeté y trouver, mais avec son lot de surprise. C’est Turlang, qui représentait la plus grande à ses yeux. Ce bel arbre sylvestre, animé, sage et grand défenseur de la haute-forêt s’était noué d’amitié avec le lunargentais. Cette rencontre avait entraînée celle de l’enclave d’Émeraude, une autre organisation des amis de la nature. Bien que plutôt liés aux arts profane, Baelsul appréciait la compagnie de ces derniers. Il avait donc accepté volontiers la quête ou l’enquête qu’on venait de lui confier et qui venait de l’amener a Telpir.

Il n’avait jamais auparavant pu faire un si beau voyage, même si c’est l’estomac retourné qu’il avait passé ses premières heures. L’étendu d’eau était encore plus importante que le lac qui abritait l’espèce d’elfe marin de sa précédente aventure. Voguant sur les flots, il sentait les palpitations de son cœur en communion avec le rythme des vagues et sa marque divine lui transmettait une sensation de douce tiédeur. Il se savait au bon endroit s’il voulait approfondir les questions qui le taraudaient tant depuis sa rencontre avec ce qui avait semblé être pas moins que l’avatar de Sashelas, le prince dauphine et dieu des elfes des mers.

Arrivé fraichement à Telpir, il avait trouvé refuge dans l’auberge au nom sous forme de pléonasme du Boucanier enfumé. Face aux bruits soudains venus des quais et l’entrechocs métallique qui parvenait à ses oreilles, le demi-elfe ne fit qu’un bon. Il rassembla ses affaires, ses armes et ses quelques biens et fila jeter un œil ! Il profite pour chuchoter à son voisin torse nu s’il savait de quoi il retournait.



S'il y a une fenêtre, je regarde de ce côté-ci. Sinon je descends.

Aucune allusion à sa proposition…. Hemurelh venait pour la deuxième fois de la discussion de se faire, soit simplement ignoré, soit de ne pas avoir été assez persuasif.

L’accord entre l’équipe de Joan et le tavernier était sur le point de se faire, juste avant qu’un projectile humain fracasse l’entrée et l’ambiance avec à sa suite le grognement de ses affreux Hobgobelins.
Beshaba n’était vraiment pas de son côté aujourd’hui.
Joan fut vif d’esprit et sonna l’appel aux armes dans la taverne. Elle trouvera surement un écho au vu du nombre de marins alcoolisés. Pensa t’il.

Le demi-elfe prit ses distances avec le groupe de boucanier de Joan. Légèrement en retrait il était un peu désemparé regardant autour de lui.

¤ Par où s’enfuir bon sang ? ¤

Hemurelh était seul ici, il avait fossé compagnie à son équipage de pirate il y a quelques jours seulement et en quête d’une nouvelle aventure pour parfaire son art profane, il pensait tout d’abord trouver ici du REPOS.

¤ C’est loupé pour souffler. ¤

Il n’était pas d’un tempérament à fuir à la première difficulté, mais il n’était pas non plus idiot. Les batailles d’homme étaient une chose, entre ces créatures s’en étaient une autres. Et au regard de la violence des Koalinths, il ne se voyait pas sortir victorieux d’un tête-à-tête avec les envahisseurs marins.
Son arsenal était limité et l’arbalète dans cette endroit était compliqué à utiliser correctement sans risquer de transpercer malencontreusement d’un carreau l’œil d’un marin.
Il arriva finalement à conclure que sa meilleure chance, si s’en était une, était de coller au groupe de Joan. Les marins étaient costauds. Loin de là l’envie de vouloir s’en servir comme bouclier, mais dans cette galère, leurs coups d’épées auraient bien plus d’impact que celle de sa dague.

¤ C’est le bon moment pour invoquer une créature dévastatrice ¤ pensa-t-il en se rappelant son objectif de faire appel à un familier.

A cette pensé, la magie profane dont il avait découvert son contact très récemment se fit plus présente en lui. Non loin du groupe de Joan qui allait s’engager dans la bataille, l’ensorceleur restait aux aguets.


Hemurelh reste en embuscade derrière le groupe de Joan.
Aux aguets = test de perception !

Un koalinth n'avait rien du gobelin, sournois et rabougri. C'étaient là des créatures plus élancées que leurs cousins hobgobelins terrestres, mais tout aussi musclées et endurantes —davantage qu'un humain normal—. À leur teinte verdâtre et leurs membres palmés, on devinait une parfaite adaptation aquatique, et les plus attentifs et instruits, comme Joan, en avaient déjà beaucoup entendu parler:

La barde connaissait les koalinths, qui avaient toujours été présents dans cette région de la mer intérieure. Sensibles à la lumière du soleil, comme la plupart des créatures aquatiques, ils attaquaient souvent dans la pénombre pour ne pas être incommodés. Contrairement à la plupart des autres espèces aquatiques, les koalinths avaient l'avantage de respirer aussi bien dans l'eau douce que dans l'eau salée. Et s'ils étaient d'une rare sauvagerie face à des elfes aquatiques, il leur arrivait de montrer un semblant de civilisation… Mais en général, les koalinths ne formaient que des tribus barbares se disputant les territoires sous-marins avec les autres habitants des profondeurs.

Dans la foulée de l'infortuné empalé, le premier koalinth qui était rentré dans la grande salle du Boucanier enfumé se retrouva soudainement bien seul. Ses comparses n'avaient pas été emportés par leur élan, eux, et réalisèrent vite qu'ils n'étaient pas assez nombreux. Quelques échanges de cris, dans leur dialecte, précédèrent l'appel au combat lancé par Joan, tandis que les marins s'armaient comme ils le pouvaient: dague, épée courte, ou mobilier.

Une chaise habilement expédiée freina l'animosité du koalinth, sans le mettre hors de combat. Le sort incanté par la jeune femme, en revanche, acheva de le distraire au moment où quelques marins lui tombaient dessus: il fut proprement renversé et poignardé. Ses congénères n'eurent pas son audace, mais ne s'enfuirent pas: ils prirent position à l'extérieur de l'auberge, de l'autre côté de la porte, empêchant quiconque de les déborder. De leurs lance, trident ou massue de corail, ils dissuadaient les marins de s'avancer et de les affronter dans ce goulot d'étranglement. Quelques clients descendirent des étages, dont Baelsul. Son camarade de chambrée, toujours torse nu mais armé d'une épée courte, se retrouva aussi interdit que les autres. Hemurelh se posait lui aussi la question: que faire pour briser le siège ? Ce n'était pas comme ça qu'ils allaient protéger la marchandise de l'entrepôt, dont avait parlé l'aubergiste…

De son côté, Laeylan eut le temps de s'équiper, et ne reçut pour toute réponse à sa menace qu'un jet de javeline qui se ficha dans son volet. Le trio de koalinths avait disparu dans l'entrepôt, sous ses pieds. Elle ne parvenait pas à comprendre le sens de ses paroles, et n'avait aucune garantie qu'ils avaient compris les siennes.

Lancers...

Joan - Savoir bardique : 20(d20) +4 = 24 vs DD12 ~ Réussite
Corax - Jet de chaise : 19(d20) +2 = 21 ~ Réussite
Corax - Jet de volonté : 2(d20) -1 = 1 vs DD14 ~ Echec

La première tentative pour entrer dans la bataille fit vite stopper. Le premier Koalinths un peu seul dans l’attaque avait laisser naître un espoir de sortir rapidement de la taverne. Mais les créatures aquatiques avait l’avantage du terrain. Placer à l’extérieur de la taverne leurs armes à allonges étaient un barrage bien dissuasif pour tenter une sortie en force.

- Nous voilà piégé, j’ai bien l’impression ! Tavernier ! Interpella Hemurelh. Il y’a une autre issue ? La porte principale est encombré. Ironisa t’il.

Sans même attendre une réponse il se rapprocha du groupe de Joan.

- Vous connaissez ces créatures ?

Hemurelh d’habitude attentiste dans ce genre de situation n’avait néanmoins pas envie après des mois en mer de finir embroché par un de ces tritons géants.

¤Ces trucs sont bêtes au point de ne pas comprendre l’aquatique ? C’est pire que je ne pensais. ¤

Maintenant équipée convenablement, Laeylan pouvait sortir de la chambre par l’escalier extérieur. Avant qu’il ne prenne à ces Koalinths l’envie de mettre le feu ou de détruire le bâtiment elle devait retrouver le propriétaire de cette chambre. Sac sur le dos, elle sortit et commença à descendre les marches en bois.

Les bruits de la ville en bataille lui agressaient les oreilles encore un peu ensommeillées. Elle jeta également un égard vers la fenêtre pour y voir la javeline plantée dedans. Une image d’elle-même avec ce morceau de bois entre ses deux yeux lui vint et elle n’apprécia pas trop.

¤Rebuts des océans. Pas foutu de parler ou de viser ou même de penser plus loin que leurs instincts primaires. Qu’est ce qui peut bien les intéresser dans ce bouge odorant ? Ils n’ont pas eu leurs doses de poisson pourrit ? ¤

Cette pensée fit naitre une pointe de curiosité dans l’esprit de l’aquatique. Comme une maman qui aurait voulu prendre ses enfants en flagrant délit de bêtise dans un endroit interdit, elle s’approcha doucement de la porte du hangar et jeta un petit coup d’œil pour satisfaire sa curiosité. Selon elle, dans un entrepôt aussi évident il ne devait pas y avoir grand-chose d’intéressant à prendre. Alors pourquoi ils se donnent tant de mal à attaquer une ville sur le point de s’endormir ? Même pour des trucs aussi débiles, cela n’avait que peu de sens sachant que tout ce dont ils avaient naturellement besoin se trouvait dans l’océan à un jet de pierre de là.

Se servant de ses yeux et de ses oreilles, elle passa en partie la tête dans le trou de la porte pour observer l’endroit.