Une pure formalité., Aël, Ylinya, Kerlomar, Lorindol, Moreta.

Son magnifique visage restait serein. Il avait l’air tout simplement en paix, calme et détendu. Aël’Telàwërith avait craint l’espace d’un instant pour sa bien-aimée. Lorsqu’elle eut terminée de lui énoncer ce qui semblait fort s’apparenter à une prophétie, Meeteewagouweecnee s’était comme laissée aller à un repos bien mérité. Le Seigneur de Mythdaë avait bien conscience que sans l’intervention de la gardienne du cercle, sa cité aurait due se passer de lui. Le descendant de la famille Aëryndra aurait probablement échoué dans le rôle qui lui avait été dévolu par la Baelnorn de sa famille. La débauche de puissance qu’elle avait dû déployer pour piéger le grand Slaad, renvoyer un démon dans les enfers devait avoir sérieusement entamé sa résistance. Elle pouvait maintenant dormir du sommeil des justes.

Certes la Cité Blanche était sous bonne garde, la Guetnorn y veillerait. Pour les affaires courantes, Aël’Telàwërith pouvait se reposer sur la Confrérie. Lui-même avait pris soin de nommer Athiel Eärënatil et Isiel Finunùm comme régents de son trône en son absence. Si cette absence devait se prolonger définitivement, ils seraient capables de veiller à la poursuite du développement et de la sécurité de Mythdaë. Tous ses Gardiens y veilleraient et la Confrérie toute entière sous l’égide d’Isorion y veillerait.

¤ Suis-je devenu quantité si négligeable ? ¤

Après avoir clairement frôlé la mort tant physique que spirituelle à deux reprises en à peine deux jours, il y avait de quoi se remettre sérieusement en question. Finalement, où était sa place ? A courir l’aventure, où à veiller sur sa cité ? Une partie de la réponse venait de lui être donné par celle qui dormait paisiblement blottie dans ses bras.

Plongeant encore plus profondément dans ses pensées, alors que Babagwa venait de partir à la recherche d’un dernier rescapé possible.
Le gardien sylvestre avait évoqué qu’un semi-homme pouvait être encore en vie. Ce même gardien avait pu le voir combattre un ennemi bien plus fort que lui sans l’ombre d’une hésitation. Laissé pour mort par les drows qui avaient ensuite fondu sur son propre groupe. Cela avait une dure bataille et le petit groupe de gardien tout entier y avait laissé la vie. Tous sauf lui, qui avait pu aider l’inconnu avant de tenter de rejoindre l’Armathor de Thüdae et ses compagnons.

A en juger par le temps que cela prit à Babagwa pour retrouver le rescapé et le ramener au cercle, les choses n’avaient pas dues être aussi simples. Mais alors que les heures filaient Meeteewagouweecnee se reposait encore. Toujours blottie dans les bras du noble, elle dormait paisiblement. Aël’Telàwërith n’osait pas bouger. Il craignait de la réveiller et de mettre un terme prématuré à la félicité dont il profitait présentement. Tout avait été très vite, trop vite peut-être même, mais plus l’elfe d’or regardait cette femme encore mystérieuse, plus il savait que partir et s’éloigner d’elle serait un crève-cœur.
Les heures passèrent, le théurge mystique mobilisa toutes ses connaissances pour tenter de comprendre ce que sa compagne venait de lui avouer et qui visiblement lui avait coûté ses dernières forces. Mais l’ensemble restait assez flou et pour tout dire, énigmatique. S’il avait pu se raccrocher à certaines similitudes entre les propos imagés de la gardienne du cercle et des choses, des noms qui étaient certes différents mais qui pouvaient clairement coïncider avec un passé très lointain. Il en était très différemment pour ce qui était de l’avenir. Les seules évidences furent que les jours annoncés ne seraient pas plus lumineux que cette journée qu’ils étaient en train de vivre. Meeteewagouweecnee parlait d’extermination de fin des temps, ou plutôt de la fin d’un temps qui impliquait d’obscurs dieux humains celui que l’on appelait le Soleil Noir et celle qui avait été à la source de toute chose, opposé à sa sœur jumelle, la Déesse Sombre. Ensemble, ils allaient une nouvelle fois bouleverser l’ordre établi et entraîner de sombres et terribles évènements qu’Aël’Telàwërith ne percevait qu’à grand peine.
Tout ceci n’augurait rien de bon, mais le noble evereskan n’en percevait qu’une infime et négligeable proportion. La seule chose qui avait été parfaitement clair, c’était que sa fille et ses descendants auraient un rôle important à jouer. Peut-être que sans le savoir, à moins qu’elle l’ait toujours su, Meeteewagouweecnee venait de retirer un poids important qui pesait sur les épaules du Seigneur de Mythdaë.


Enfin, le grand cervidé revint chargé d’un corps sans conscience. Avec la plus grande précaution, Aël’Telàwërith se dégagea et installa le plus confortablement possible sa belle avant d’aller prêter main forte à Babagwa.

La victime était un demi-elfe, qui plus est assez jeune, un mâle manifestement mal en point. Le prêtre-mage aida à l’installer dans l’une des baignoires magiques. Et ce faisant, il remarqua une chose.
Le A’Tel’Quess était porteur d’une chose assez rare : La tête du loup argenté. Ce n’était pas un gardien sylvestre, c’était certain. Pour autant, on ne se retrouvait pas à porter un tel symbole par hasard. Celui du demi-elfe était assez grossier, comparativement à celui qu’il portait lui-même. Il avait été taillé dans du bois d’olivier. Ce qui était encore plus étrange, car l’olivier n’était pas une essence de bois qui avait court à Thüldae.
Si les Gardiens Sylvestres bénéficiaient tous du symbole du loup argenté forgé par les joailliers svirfbelins du clan Chikbar dans le métal magique dont les seuls filons courraient sous les racines du Saule Argenté O’Sutrrari. La broche était ensuite enchantée par la Gardienne du Cœur des Mystères Nil’Garith. Les Thuldanians portaient quant à eux la même symbolique, mais en bois. Ce pouvait-il qu’il s’agisse d’un Thuldanian ?

Si le symbole était déjà une interrogation en soit, le lien qui le retenait était encore plus interpelant. Instantanément, le noble vit le visage du rustre sauvageon qui l’avait aidé à reprendre l’Île aux gémissements aux mains des drows avant qu’elle ne soit rebaptisée Mythdaë : la cité blanche.
Yvae n’était peut-être pas le seul à confectionner ce genre de colifichet. Mais c’était le seul qu’Aël’Telàwërith connaissait. En outre, ils n’étaient peut-être pas si nombreux à pouvoir confectionner un lien à partir de cheveux de drow. Il fallait d’abord acquérir la crinière, ce qui n’était pas à la portée de tout le monde.

Aël’Telàwërith pouvait se targuer d’être un des amis du Grugash. Peu pouvait en dire autant, il fallait bien avouer qu’ensemble il avaient combattu drows, harpies, dridder et même un dragon blanc. Le genre d’aventures qui créées des liens inaltérables, profonds et sincères. Le théurge-mystique savait de quoi était capable le Ly’Aegisir des Gardiens Errants. Il l’avait vu combattre avec toute la fureur dont pouvait être capable la nature elle-même. Il l’avait d’abord jugé comme un être primitif, rustre et sans la moindre notion de respect dû à l’étiquette. Il avait finit par le voir tel qu’il était vraiment, un reflet de la nature dans tout ce qu’elle avait de majestueuse, dangereuse, sauvage, violente, mais aussi noble et franche. Celui qui avait trouvé assez de confiance dans le noble pour lui avouer son secret le mieux gardé, resterait à jamais un ami. Un Ethar fidèle ! Aël’Telàwërith pouvait remettre sa vie entre les mains du noble sauvage en sachant qu’elle serait bien gardée.

Le prêtre-mage releva sa manche et découvrit un petit bracelet que lui avait offert Yvae lorsqu’ils étaient à Arbrelfique en mission pour la Reine des Elfes. Il approcha ce bracelet confectionné lui aussi à partir de la crinière d’elfe noir. Aël’Telàwërith avait toujours autant de mal avec cet aspect qu’il trouvait personnellement morbide. Mais Yvae avait, quant à lui, une signification bien plus noble de cet acte que d’aucun trouverait des plus barbares. C’était sa façon à lui de rendre honneur à celui qui s’était vaillamment battu. Et en effet, il fallait être un sacré combattant pour mériter le droit d’avoir son scalp accroché à la ceinture du grugash. Aël’Telàwërith avait accepté l’offrande pour ne pas froisser Yvhann. Il s’était promis de vite retirer ce truc dès qu’il en aurait l’occasion, mais finalement le bracelet ne l’avait jamais quitté.

En l’approchant du lien de collier du semi-elfe, il y eut une évidence. Si l’on ajoutait un et un, on arrivait forcement à deux. Alors mettant bout à bout, le symbole en bois et la confection si particulière de ce collier, il n’y avait qu’un seul Sy’Tel’Quess qui venait à l’esprit du noble : Yvae Starym. Et une chose était certaine, il n’aurait jamais offert ce genre de chose à un illustre inconnu. Il y avait forcément un lien qui les rassemblait. Mais lequel ?

Il n’y avait plus qu’à patienter pour que les eaux magiques et le savoir faire de Babagwa ramène le rescapé parmi.

Dans l’attente, le noble se présenta au gardien rescapé. Il commença par le remercier de les avoirs prévenu d’une part, et d’avoir combattu jusqu’au sacrifice ultime de la quasi-totalité de son groupe d’autre part. Puis l’Armathor de ¨Thüldae et lui demanda de faire son rapport. Qui est-il ? Pourquoi étaient-ils dans ce secteur de la Haute-Forêt ? Comment avaient-ils été informé de la présence des drows ? Et quel était le déroulé de leur mission.

Attendant le récit du gardien, Aël’Telàwërith reprit sa place à côté de Meeteewagouweecnee qui dormait toujours. Ry vint se poser juste à côté de lui attendant son lot de caresses qu’il accompagna avec un doux ronronnement.

Les mots de la gardiennes raisonnaient dans l'esprit de Lorindol.
Apparemment les temps à venir ne serait pas des plus heureux, et Lorindol sentait le poids de cette prédiction sur ses épaules se sachant largement incapable de lutter contre l'implacable fatalité déclamée.

La gardienne dans un état second avait égrainée une succession de maux terribles, dieux assassinés !ressuscité !fléaux !cataclysmes ! etc,....

A son humble niveau et pour assurer la transmission de la prédiction, Lorindol se plia en quatre pour inscrire sur le papier ,le plus précisément possible, les mots de la gardienne. Interrogeant les présents sur l'exactitude de sa retranscription.

Les gardiens sylvestres seraient mis au courant bien entendu, sa loyauté était sans faille. Le rôle de corbeau de mauvaise augure qu'il faisait ne le dérangeait pas. La connaissance est parfois un fardeau pour les érudits, aujourd'hui il comprenait les mots des anciens sage d'éternelle rencontre.

Lorindol ne manqua pas de saluer courtoisement les dryades, gardant ces moments d'intimités gravés à jamais dans son esprit.

Le mage sachant ses compagnons remis se tenait près au départ, la sépulture des gardiens tombés au combat ne pouvait pas attendre. Rassuré par la présence des gardiens au niveau du cercle.

Lorindol poussa tous le monde à prendre le chemin du retour à Thuldae.

transcription de la prédiction

26 Mirtul 1373 fin de journée. Dans le cercle des pierres dressées.

Les liens que tissait le noble lui apportaient plus de réponse, de confirmation et de constat. Les choses n’allaient pas s’arranger toutes seules et l’équilibre sera toujours parfaitement fragile.

Lorindol n’avait rien manqué des prédictions funestes et savait pertinemment comment utiles serait les informations une fois entre les mains des dirigeants des gardiens sylvestres et possiblement aussi de leurs alliés. Les dryades se relayaient l’une après l’autre pour venir auprès du mage et quelquefois plus d’une restait ainsi à lui masser les épaules, les bras, les jambes, lui murmurant des mots gentils riant ensemble du bonheur présent. L’érudit constatait qu’il y avait comme un début de charme, elles ne voulaient pas qu’il parte et sans cesse l’une d’elles l’invitait à rester avec elles, prétextant qu’elles avaient besoin d’un mâle, elle insistait lascivement lui laissant comprendre que même s’il avait servi à leur cause, que sa présence serait un atout. Les deux moments intimes passés avec elles ne laissaient pas de doute, les dryades en voulaient encore.

Ylinya s’était approché de Babagwa et discutait avec lui sans ouvrir la bouche, ils semblèrent avoir une conversation intensément intéressante. Ils échangèrent des informations d’ordre naturel des lieux, si Ylinya décrivait la faune et la flore locale de la Haute-Forêt et du continent connut, Babagwa en faisait de même sur celui de son continent.

Le rapport du gardien sylvestre éclaireur, était fait dans l’ordre et le plus précis possible sans y ajouter d’éclat, de merveilleux et de vantardise, au contraire, ce dernier semblait profondément empreint d’une faute qu’il remettait sur lui. Le fait d’avoir été le seul survivant, pouvait pour certain, les remettre en cause. Il expliquait : Il était Yël’Drimoryan, éclaireur-espion des rôdeurs de Solonor et qu’après avoir eu l’ordre de leur supérieur de suivre de très près l’un des deux drak qui était apparût dernièrement en Haute-Forêt, ils avaient réussi à le prendre prisonnier, mais ce dernier c’était enfui et la chasse avait commencé. Cette chasse les avait apportées jusqu’au fort des portes de l’enfer où ils avaient essuyé plusieurs attaques de petit groupe de deux à trois drows, défait par une bataille qui s’était produite plus tôt. Tous appartenaient à la maison Faen Tabblar. Ils étaient sur le point de prendre le drak quand celui-ci, disparut soudainement, mais grâce à l’ensorceleur du groupe des chasseurs sylvestre, ils purent savoir vers où il se dirigeait, et c’était ici. C’est juste après qu’ils reçurent une missive par un pantin de paille qui demandait une assistance au cercle des pierres dressées de la part de Lorindol, ils y répondirent puis pressaient le pas pour y arriver le plus rapidement possible, mais les ressources manquaient drastiquement dû à la chasse prolongée qu’ils avaient faite. Sur le chemin pour venir l’intercepter ils tombèrent dans une embuscade finement mise en place par un autre groupe drow, mais ce dernier était fortement armé et les pièges mis en place furent meurtriers. Le gardien avait pris un temps d’arrêt avant de continuer et il ne fallait pas être un fin penseur pour y voir du malaise. Il continuait avec un tremblement dans la gorge en disant qu’il aurait dû, étant l’éclaireur du groupe, voir les pièges et les désamorcer, mais que les drows avaient brouillé leur piste. Il ajoutait par la suite ce qu’il avait déjà dit pour le mourant et ajoutait qu’au fort des portes de l’enfer une grande bataille avait eu lieu et que le pourtour du fort était maintenant fortement surveillé par des alliés naturels, le fort pouvait être considéré comme nettoyé et scellé. Si l’éclaireur était rétabli physiquement il ne l’était pas entièrement moralement, pour lui il avait failli et il était responsable de la disparition de son groupe qu’il devait mener à bon port.

Le demi-elfe reprit conscience peu de temps par la suite, il se réveillait en sursaut cherchant à sortir un poignard dissimulé dans l’une de ses bottes, mais il était nu comme un vers dans un bain face à un groupe. La surprise passée, il y reconnut Aël’Telàwërith ainsi que Ylinya que son paternel lui avait précisément détaillé. Ses yeux se plissèrent cherchant à comprendre ce qui c’était passé et comment il c’était retrouvé ici. Son regard s’éclaircit soudain quand il refit rapidement le cours des évènements puis instantanément il demandait…


-Où sont-ils, les maudis?- Une grimace traversait le visage et le noble ainsi que la druidesse reconnurent sans contexte, certains traits du grugach qui les avaient accompagnés dernièrement, Yvae. Il se levait debout dans la baignoire pour en sortir pour s’habiller rapidement en cherchant toujours à mettre un ordre dans ce qu’il voyait. Chacun des présents ne pouvait manquer son dos ainsi que l’arrière de ses bras et jambes, sévèrement lézardé de cicatrices de fouets. Si jeune et portant un nombre incroyable de marques de tortures, il en avait bavé jusqu’ici, c’était indéniable puis le bout de son oreille gauche coupée ainsi que sa balafre sur la joue gauche ne démentaient pas qu’il devait être du type frondeur, son faciès grimaçant ne lui donnait pas de charisme, au contraire, tout dans son regard faisait en sorte que personne ne chercherait à l’avoir auprès de soi, décidément, la pomme n’était pas tombé bien loin du pommier. Son corps était robuste qui démontrait un entrainement physique sans faille, son épée longue, sa rapière ainsi que sa hache, le tout recouvert d’un noir d’épée avait fortement été utilisé, mais soigneusement entretenue qui démontrait que ses armes devaient être ce qu’il avait de plus précieux. Aucune magie ne se dégageait de lui et son armure de peaux tombait en ruine et laissait voir, dissimulé habilement dans l’une des coutures intérieures une pochette d’outil de cambrioleur. Le jeune demi-elfe sauvage reconnu bien entendu le cercle de pierres dressées, mais en avait jamais vu le dôme auparavant puis tout en s’habillant il demandait…

-Où sont Ashmar et ses satyres? Comment… avez-vous réussi à pénétrer le cercle? –

Il semblait nerveux tout en étant alerte, il avait dans les yeux un feu intense, une volonté de vivre, une lueur opale s’en dégageait, un amour profond faisait en sorte que ce jeune homme voulait vivre et se surpasser, mais surtout, servir.

Le récit du gardien Yël’Drimoryan apportait quelques explications sur le déroulement des évènements avant qu’ils ne soient amenés à faire la rencontre du rescapé. Le Rôdeur de Solonor en avait clairement bavé. Et il continuerait de souffrir encore longtemps s’il ne parvenait pas à se défaire de cette culpabilité qui le taraudait. Si l’espion s’en voulait d’être passé à côté des pièges tendus par les drows, lui s’en voulait d’avoir demandé des renforts. S’ils avaient eu d’avantage confiance dans les capacités exceptionnelles de Meeteewagouweecnee et en les leurs propres, tout ceci ne serait sans doute pas arrivé. Mais d’un autre côté, qui étaient-ils pour vouloir remettre en cause la destinée définie par les dieux ? Si ces évènements tragiques s’étaient produits, c’était qu’ils devaient se produire. Pour quoi ? Seul les dieux pouvaient le savoir… les dieux et peut-être certains devins. En tout état de cause, le groupe choisit pour cette mission spéciale, tellement importante, aux enjeux planétaires évidents et qui pourtant serait ignorée de la plupart, avait appelé au secours. De valeureux gardiens avaient répondu à l’appel. Leur éclaireur s’était laissé avoir par plus fort, plus compétent ou tout simplement plus chanceux que lui. Ils en avaient payé un prix exorbitant.
Tous les atermoiements du monde n’y changeraient absolument rien.

Le noble avait écouté avec toute son attention les propos de Yël’Drimoryan. Il avait surtout besoin de soutien à l’heure qu’il était. Il était dans l’éducation des elfes du soleil de ne pas remercié quelqu’un qui avait juste fait son devoir. En répondant à l’appel, le rescapé et son groupe n’avaient fait que leur devoir. La fraternité qui régnait au sein de la Confrérie l’imposait à tous. Yël’Drimoryan n’aurait pas de remerciement, mais il avait toute la gratitude du Seigneur de Mythdaë.

- Tu ne dois rien te reprocher, frère. Tu as rempli ta mission et tu peux en être fier malgré ta légitime douleur d’avoir perdu tes frères. Chez les Gardiens Sylvesstres, il y a peu de mission qui ne soit sans danger. Celle-ci… Tu n’imagines même pas l’importance capitale de ce à quoi tu as participé. Je sais que mes mots ne t’apporteront que peu de soulagement. Mais sache que les sacrifices qui ont été nécessaire pour mener à bien cette quête n’ont pas été vains. Crois-moi, je ne peux pas tout te révélé, mais vous avez fait beaucoup plus que de venir en soutien à des Gardiens Sylvestres ou protéger un cercle de pierre. Le drak que vous avez poursuivit avait un frère. Il était avec nous pour une mission spéciale. Le genre de quête qui va peut-être redresser la balance de le l’équilibre et qui avait suffisamment d’importance pour les Tel’Quessir dans leur ensemble que Corellon Larethian lui-même s’est manifesté lors de la première bataille. Il a soutenu l’action des Gardiens Sylvestre. Crois-tu que cela aurait pu être si ce que nous faisions n’avait d’importance ?

Le Seigneur de Mythdaë posa sa mains gauche sur l’épaule de celui qui lui faisait face. Il le regarda droit dans les yeux.

- Ta mission est accompli Gardien.

Sur ces mots, il y eu de l’agitation dans le bain où se trouvait l’autre rescapé. L’homme eu un sursaut qui eut pour effet de mettre sur le bout des lèvres du théurge mystique un sortilège qui allait faire mal. L’instant de surprise passé, Aël’Telàwërith se détendit.

Il fallu un moment pour mettre en évidence une ressemblance. Le A’Tel’Quess semblait avoir clairement repris du poil de la bête. Bien bâti, il semblait robuste. Sa démarche assurée démontrait qu’il n’était pas perdu. Non il était prêt au combat. La peau marquée par le fouet indiquait que pauvre bougre avait déjà traversé l’enfer. Probablement qu’il était même prêt à y refaire un tour, si c’était nécessaire. Quand à son visage…

¤ Cet étrange ! Si familier et pourtant si différent. ¤

S’il avait fallu un moment pour se fixer, le regard et le faciès du demi-elfe.

¤ Yvae !?! Qu’est-ce que c’est que ça encore. ¤

Il y avait là un mystère à éclaircir. Et comme ce mystère concernait celui qu’Aël’Telàwërith considérait comme son ami le plus fidèle et qu’il avait une entière confiance en lui. Le mystère serait éclairci. Mais avant ça, il y avait ici quelqu’un qui avait une attitude tout à fait détestable. Il n’y avait pas si longtemps que cela, le noble Ar’Tel’Quess aurait déjà remis vertement le jeune semi-elfe à sa place. Il allait maintenant tenter de prendre des gants. Il n’y avait plus qu’à espérer que ces gants ne soit pas en Mithral.

Aël’Telàwërith se redressa de toute sa hauteur. Il adopta cette posture si particulière réservée à l’élite de la noblesse Ar’Tel’Quess qui lui donnait cet air princier. Se tournant délibérément vers lui, ses longs cheveux d’or flottèrent dans un mouvement accompagnant le déplacement. Le serviteur de Corellon pencha légèrement la tête sur son côté droit comme s’il était intrigué. Et intrigué, il l’était assurément. Puis, il se redressa laissant encore un moment de silence après les questions de leur hôte. C’était volontaire, et l’elfe doré laissa planer le silence encore un moment, que cela marque la fin d’une chose et le début d’une autre.

Bonjour à toi aussi.

A nouveau le prêtre-mage marqua une pause, pour bien faire saisir au demi-elfe qu’il avait manqué à toutes les règles élémentaires de la plus élémentaire des politesses. Même le plus farouche des Sy’tel’Quess aurait commencé par saluer et se présenter. Au mieu de cela, monsieur posait des questions. Il y avait toute une éducation à refaire, ou à faire. Et, en même temps, s’il se passait bien ce qu’il semblait se passer. Ce n’était guère étonnant. Les chiens ne faisaient pas des chats. Toutefois, cela restait encore à prouver.

- Vos manières sont tout à fait déplorables, thaes. Mais laissons cela. Je suis le Seigneur Aël’Telàwërith Eowëlathaèldir de Mythdaë descendant du clan Aëryndra de Cormathyr, Armathor de Thüldae et Gardien de l’harmonie de la Confrérie des Gardiens Sylvestre serviteur de la Couronne d’Arvandor. En ce qui concerne les maudits, j’imagine que vous parlez des Drows. Alors soyez rassurez, le problème a été réglé. Ils ne sont plus ni un danger, ni une menace pour vous. Quant à comment nous sommes entrés dans le cercle de pierre. C’est simple. Exactement comme vous. Nous y avons été invité par sa Gardienne.

Le regard lavande du noble devint plus incisif. Il avait pris soin de ne pas brusquer leur invité. Si par le plus incroyable des hasard, le demi-elfe avait un quelconque lien avec Yvae, il aurait besoin de redescendre un peu avant que l’on ne puisse commencer réellement à ouvrir le dialogue.

- Bien, maintenant vous avez posé assez de questions. Et je vous ai donné assez de réponses. Sachez juste, que vous n’êtes pas en danger. Le noble Babagwa ici présent est aller vous quérir pour vous ramener et vous soigner. Vous êtes donc sous sa protection, et par voie de conséquence sous la protection de la Gardienne du Cercle. Donc vous êtes sous celle des Gardiens Sylvestres aussi.

Pour le côté « soyez assuré qu’il ne vous arrivera rien », c’était fait. Et c’était vrai tant qu’il n’y aurait aucun danger pour qui que ce soit. Il fallait maintenant entrer dans le vif du sujet.

- Voilà ce que nous allons faire jusqu’à ce que je dise le contraire. Je pose les questions, et vous y répondez. Je sais que vous courriez après les Drows, les maudits. Je sais que vous avez eu le loisir de constater de la façon la plus abrupte qui soit ce qu’ils représentaient comme menace, et… nous les avons vaincu malgré le renfort qu’ils ont pu recevoir en arrivant ici. Voilà, ci cela peut nous faire gagner un temps précieux et que ça vous évite de vouloir tenter une idiotie, c’est toujours ça de gagné.

Le prêtre-mage changea un peu de place avec cette démarche sous contrôle. Il détacha son regard de celui du demi-elfe. Il fit quelques pas en réfléchissant à l’ordre de ses questions. Même au final cela n’aurait que peu d’importance.

- Pour commencer, à qui est-ce que je m’adresse présentement ? Pourquoi courriez-vous après ces drows ? Et pour finir, comment ce fait-il que portiez ce qui pend à votre cou ?

Le Seigneur de Mythdaë voulait bien évidemment parler du pendentif de la tête de loup.

Lorindol n'était jamais à son aise dès lors qu'il s'agissait d'interpeler frontalement de nouveaux arrivants. Ael était plus enclin à prendre la parole, sa longue expérience des méandres des instances elfiques était pour lui un atout.

Dépourvu de cette aisance, Lorindol ne pouvait qu'approuver de la tête les éclaircissements d'Ael et ses abruptes questionnements.

Lorindol n'était pas insensible aux charmes des dryades mais sentait poindre en lui l'impérieuse envie de retourner faire son rapport à Thuldae. Toujours soucieux de ne pas brusquer les charmantes dryades, le mage esquivait du mieux possible aux sollicitations, trouvant dans la retranscription de la prophétie un échappatoire nécessitant toute son attention.

Le mage eu cependant un sentiment de tristesse lorsque Yël’Drimoryan évoqua le message de demande de renfort, lui même se voyait encore mentalement murmurer cette terrible demande. Lorindol n'était pas de genre à s'apitoyer mais la décision avait été prise et sur le moment de façon raisonnable.

Le mage attendait les réponses des rescapés mais son esprit quittait déjà le cercle pour de nouveaux périples !

Yël’Drimoryan, suite aux paroles du noble, fit un signe de tête affirmatif et n’ajoutait aucun mot. Oui il serait difficile pour lui, mais visiblement il s’en sortirait bien et mettrait encore plus d’effort à ne jamais recommencer une telle bévue. L’habilleur pressé ralentit son habillement, signe qu’il écoutait parfaitement les dires qu’il entendait. Une fois terminé, il se redressait presque militairement pour prendre une position d’ordre et en même temps avait un certain laisser aller sur son habillement, mais était-ce vraiment de sa faute, car il était visible qu’il était d’une pauvreté avancée, si ce n’était de ses armes, il aurait tout du mendiant. Pour lui c’était clair, celui qui lui causait était le seigneur de Mythdaë. Il se souvenait des mots de son paternel qui lui disait …’’… il est spécifiquement pointilleux.’’ Yvae l’avait décrit ainsi, il avait fait surtout pour le physique, car la véritable mission qu’il devait accomplir était de le trouver ainsi que Ylinya puis de les surveiller pour les aider si besoin était, mais il n’avait pu y arriver, il c’était fait attaquer, laissé pour mort, mais là, il servirait, du moins il l’espérait. Alors lorsque cela fut le temps, droit comme un pic il fit son rapport dans l’ordre ou plus ou moins comme son paternel lui avait demandé de faire si jamais il se retrouvait devant le seigneur de Mythdaë, donc avec des imperfections dans la manière de faire.


-J’ai été sans nom pendant mon esclavage en Outreterre, car j’ai survécu à l’orphelinat des maudits pour être ensuite vendu comme esclave aux druegars qui ne m’ont jamais donné de nom mis à part un chiffre, Zéro. Je suis devenu Xale suite à mon évasion, nom du grugach qui m’a sauvé d’eux et caché jusqu’au jour où les duergars nous ont retrouvés… seule chose qui me restait était les armes de mon adoptif, son pendentif, son dieu et son nom. Dernièrement j’ai participé à une mission auprès d’une druidesse des gardiens sylvestre du nom d’Ina, nous devions libérer un dénommé Yar, ce que nous avons réussi et dans cette mission j’ai… j’ai rencontré ma… ma bien aimé, Syrynya qui m’a dévoilé mon passé et ma véritable identité, j’ai appris que j’étais Sylvanôr Starym, fils de Smylla sans nom, maudite humaine ensorceleuse qui a été prise comme esclave, divinatrice ensorceleuse auprès de la maison Faen Tabblar se pervertissant de plus en plus et qui m’a abandonné, vendu puis oublié.-La grimace qu’il s’inflige prouve qu’il la déteste au plus haut point. -Je suis fils d’Yvae Starym, grugach L’y Aegisir des gardiens errants des gardiens sylvestres qui m’a ordonné de vous surveiller et de vous assistez si besoin était, car il a été appelé en quête et ne pouvait être ici avec vous. Tel est ma mission de noviciat. Malheureusement j’allais vous avertir que les maudits arrivaient et je me suis fait prendre par-derrière puis je me suis retrouvé… ici.-Il prit une pause et une gorgé d’eau de sa gourde puis ajoutait…

-Pour le pendentif, je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait être, j’ai su par la suite qu’il avait été offert à Xale, car il participait à des reconnaissances pour les gardiens sylvestres, il était en noviciat auprès d’eux. Yvae me l’a laissé après que je lui ai demandé de rejoindre les gardiens moi aussi, il a refait le collier, car il me l’avait arraché lorsqu’il m’a rencontré la première fois, il n’avait aucune idée que j’existais. Il était furieux… il est vraiment sauvage, je crois, il disait que je ne le méritais pas, d’ailleurs la cicatrice auprès de mon œil droit n’est pas des maudits, mais bien d’Yvae. Je comprends maintenant, la surprise la prit de cour et il est tellement… incisif. Je suis présentement en noviciat pour rejoindre les rangs des gardiens errants, heu… des gardiens sylvestres, donc à vos ordres Aël’Telàwërith Eowëlathaèldir seigneur de Thuldaë descendant du clan Aëryndra de Cormathyr, Armathor de Thüldae et gardien de l’harmonie de la Confrérie des Gardiens Sylvestre serviteur de la couronne d’Arvandor . Si vous voulez je vous appellerai Armathor.-

Ses derniers dires démontraient qu’il serait sans doute plus facile à contenir que son paternel, il avait un sens moins étroit avec la discipline et surement que cela venait malheureusement de ses longues années comme esclave, une docilité équarrie, mais il était aussi très évident qu’il avait une fougue sauvage, rebelle et déterminée. Il semblait à première vue, de ce qu’il laissait entrevoir, être du genre à ne jamais laisser tomber, il était un survivant et le resterait.

Son regard se fit furieux quand il entrevit Meeteewagouweecnee couché non loin, son faciès devint mauvais, vraisemblablement il avait une répugnance pour le genre humain et du se forcer pour ne pas le laisser transparaitre et faire fit de cette tare.

Aël trouvait surement qu’il y avait eu un manque d’Yvae pour le novice qui aurait dû passer par le haut conseil, il comprenait que le L’y Aegisir des gardiens errants, considérant la situation, avait un certain droit de choisir un novice et de le mettre à l’épreuve avant de le soumettre au haut conseil. Pour Ylinya, elle voyait là une responsabilité de sa part de prendre en charge Sylvanôr jusqu’au retour d’Yvae et pour Lorindol, ce qu’il venait d’entendre de la gardienne était bien plus important que l’arrivé d’un nouveau membre parmi les gardiens errants et que de faire un pantin de brindille pour envoyer un message des dernières informations au haut conseille, serait judicieux. Babagwa voyant sa sœur dans l’inconscience décidait de prendre sa forme d’origine pour contrer le manque de communication auprès du groupe et sécuriser l’endroit pour la prochaine nuit.

La transformation se fit sans encombre laissant apparaitre un autochtone à la peau basanée, cheveux longs noir jais tressé qui étaient retenus par une coiffe qui arborait deux grands bois de cervidé, yeux noirs en amandes et son visage ainsi que son corps, étaient recouvert de tatouage aux formes aigu représentant des triangles, des carrés, des ronds entremêlés laissant apparaitre ici et là des figures étranges. Il portait aux pieds des mocassins finement ouvragé et lassé jusqu’en haut des mollets, portait un pagne de cuir foncé et une armure thoracique faite d’os finement sculpté accompagné de coraux, coquillages, bois de cervidé et de pierre semi-précieuse. Ses avant-bras étaient recouverts de bracelet aux mêmes couleurs que le pagne et renforcis eux aussi comme son armure thoracique. A sa taille arborait une ceinture qui retenait des escarcelles de différentes grosseurs et qui laissait voir des pochettes internes, y pendait aussi un fourreau laissant voir la poigne d’un coutelas d’ivoire du côté droit et du côté gauche un carquois efficace accompagné d’une espèce de gourdin qui finissait par une boule sculptée ou l’on voyait un pic de métal dépasser. Lui traversant le corps de l’épaule droite, un arc long composite finement ouvragé. Il portait au coup, plusieurs colifichets divers. Son regard était érémitique, austère et semblait impitoyable. Son corps était d’une robustesse sans faille, il devait mesurer près des deux mètres, ses muscles élancés dénotaient une agilité surprenant et d’une force assurément hors de l’ordinaire. Il vint installer confortablement sa sœur un peu plus loin sur un lit de feuillage qui apparut du sol.

Le revirement de comportement du demi-elfe surprit le Seigneur de Mythdae, qui ne s’y attendait pas vraiment. Droit comme un « I », le rescapé déclama son histoire sans aucune pudeur. Aël’Telàwërith ne lui en avait pas tant demandé, mais il était agréablement surpris. Le jeune demi-elfe s’exécuta et commença à parler.

Dès les premiers mots, il capta entièrement l’attention du théurge mystique. Ce fut un peu comme s’il reçu un coup de poignard en plein cœur. Le A’Tel’Quess était si jeune et, déjà, il avait traversé d’avantage d’enfer que bon nombre de ses aïeux, lui y compris. Combien de temps avait-il survécu sous le joug de ses tortionnaires ? La vie d’un drow sans la protection de ses parents devait déjà être une épreuve en soit. Celle d’un demi-elfe avait dû être un véritable supplice. Combien de stratagèmes avait-il dû déjouer pour ne pas succomber sous les mauvais coups de ses « frères » d’orphelina ? Alors apprendre qu’en sortant de cet enfer, il avait directement plongé dans un autre. Aël’Telàwërith eu de la pitié pour lui, mais pas seulement. Il eu également une forme d’admiration. Non pas malsaine, mais une véritable admiration pour la force de caractère qu’avait dû développer un demi-elfe après ces traitements. Tant d’années sans aucun libre arbitre, sans aucune liberté dans la souffrance et l’incertitude la plus totale de ce que serait demain pour lui.
Le Sans-Nom, Zéro, ou Xale méritait d’être respecté, rien que parce qu’il avait survécu à ça. Qui plus est, il n’était à priori pas devenu complètement fou et il avait gardé sa dignité. Au fond de lui, Aël’Telàwërith se demandait si lui aurait survécu à pareille jeunesse. Probablement pas, il se serait sans aucun doute laissé mourir plutôt que d’être privé de liberté, de personnalité réduit au stade d’objet dans l’esclavage le plus répugnant. Une telle preuve de résilience n’était pas si courante.

Sans que le nom de Xale ne lui évoque quelque chose, il semblait évidant que ce dernier, l’original, avait au moins eu un lien avec la Confrérie. Quel qu’il soit, ce pendentif ne lui avait été confié pour rien. Mais la suite fut encore plus surprenante.

Alors qu’il avait dû vivre la majeure partie de sa vie dans l’esclavage le plus ignoble, il aurait pu se concentrer sur lui et profiter de cette liberté chérie enfin retrouvée. Au lieu de ça, il s’était lancé dans une quête avec Ina. Le Seigneur de Mythdaë la connaissait, surtout de nom et de réputation. La Ly’Aegisir des Gardiens des Feuilles, l’ordre druidique de Thüldae, avait une sérieuse réputation. Entièrement dévoué à la cause de la Confrérie, elle n’en affichait pas moins un caractère plein et entier. Et d’après les dires, un caractère plutôt explosif. En cela, elle lui rappelait quelque peu son ami Yvae. Heureusement, que le noble Evereskan avait eu le plaisir de rencontrer l’Archidruide du Cercle de Thüldae, sans quoi il aurait pu craindre que ce trait de caractère fut propre à l’ensemble des druides. Il était indéniable que Sylvanôr était un être d’exception avec un bon fond.

Enfin vint une révélation des plus inattendue. De celle qui ne subissent aucun doute possible. Il y avait plusieurs raisons à cela. Aël’Telàwërith s’était attendu à ce que ce jeune demi-elfe, d’une manière ou d’une autre ait un lien de parenté avec son ami. Pour autant, il ne s’était pas attendu à cela.
Sylvanôr Starym n’était donc pas un cousin, un neveu ou quelque autre membre de la famille d’Yvae. Bien que ce dernier se disait être le dernier descendant de sa lignée. Il fallait donc se rendre à l’évidence, il s’était trompé. Bien entendu, il y avait certains traits de caractères physiques qui avaient amener le Seigneur de Mythdaë à envisager un lien entre ces deux là. Yvae ne s’était à priori pas tellement étendu sur sa véritable nature. Il s’était confié à lui et Ylinya sur son appartenance à lignée Starym, mais à la connaissance du théurge mystique, il n’y avait pas beaucoup de monde à être au courant de cela. Sylvanôr ne pouvait pas l’avoir inventé. Il était bien le descendant du grugash.
La description de la réaction du noble elfe sauvage restait cohérente avec la personnalité que lui connaissait l’Amator de Thüldae. Un tel défoulement de violence venant d’Yvae n’avait rien de très surprenant. Mais avec sa propre descendance, c’était assez inattendu.
Si Yvhann était un grugash, un sauvage impulsif et imprévisible comme la nature elle-même, Aël’Telàwërith avait pu observer certains changements chez le Ly’Aegisir des Gardiens Errants. Des changements quasi imperceptibles mais, qui mit bout à bout avaient fini par le rendre presque civilisé. Jusqu’à ce que Yvae se révèle et arrive dans sa vie. Le sauvageon avait changé et il avait fini par gagner le respect et la confiance de l’Evereskan. Yvae était devenu un ami fidèle sur lequel il savait pouvoir compter. Ce manque de contrôle démontrait une autre chose. Le Sy’Tel’Quess avait encore du chemin à parcourir avant d’acquérir la sagesse et le contrôle de lui.


Lorsque le A’Tel’Quess se tut, Aël’TelàwËrith resta un long moment interdit. Si la révélation d’être père avait frappé Yvae, elle n’épargna pas le noble evereskan. L’elfe d’or ne restait pas souvent sans mot, mais là, il ne savait vraiment comment réagir à ce tout ça. Il laissa Sylvanôr planté là. Droit comme un « I » Sylvanôr attendait la réaction de l’Armathor qui semblait ne plus lui accorder la moindre attention.
Le Seigneur de Mythdaë commença à faire les cents pas, lentement quelques pas vers la droite, un demi-tour et quelques pas sur sa gauche et ainsi de suite. Son regard allait de ses bottes elfiques à la voûte céleste pour revenir à la terre. Il avait l’air grave. Puis il finit par s’arrêter devant le Novice. Son regard se posa un bref instant sur Ylinya qui tenait une place identique dans son cœur que celle d’Yvae. Il lui adressa un hochement tête puis pris la parole.

- Yvae Starym est décidément un elfe plein de surprise ! Repos Novice. Je suis honoré de faire la connaissance du fils de Starym. Fidèle et fraternel Sylvanôr, tu as été suffisamment seul dans cette existence. Il est grand temps que ta nouvelle famille t’accueille comme il se doit. Tu as œuvré avec Ina pour sauver Yar, et Yar est venu chercher les Gardiens Sylvestres pour une mission qui pourrait bien réparer une erreur commise il y fort longtemps par les Tel’Quessir et qui serait en mesure de mettre un terme définitif à ces Colères des Dragons qui secouent le monde régulièrement. Nous avons accompli cette mission, et pour autant que l’on puisse le dire, ce fut un succès. Je pense que ton Noviciat au sein de la Confrérie va se terminer très bientôt, jeune recrue. Tu peux déjà commencer à réfléchir à la Branche que tu souhaiterais intégrer. A Thüldae, cette décision ne me revient pas. J’ai reçu la Cité Blanche en héritage et ton père n’y ait pas pour rien. J’en suis le Seigneur et à ce titre, je peux t’y accueillir comme Gardien à part entière. Pour autant, je pense qu’Isorion en sera d’accord avec moi… tu as suffisamment fait tes preuves. C’est en tout cas, ce que je ferai valoir.

Un franc sourire s’afficha sur le fin visage du noble, il pensait déjà à la tête que ferait Yvae quand ils se reverraient. Mais si le jeune Starym venait à coup sûr de franchir une étape, sa vie n’en serait pas forcément plus facile. Sa lignée avait été capable du meilleur comme du pire, dans quel camps le fils d’Yvae allait-il pencher ? Une chose était certaine, lui ferait ce qu’il pourrait pour conduire le fils de son Ethar sur le droit chemin, celui de la gloire, de l’honneur et du Bien. Et à la vue de la réaction du Novice, il y avait encore du boulot à faire.

- Je te présente Meeteewagouweecnee, nous sommes ces ôtes et elle et son frère son des alliés puissants de la Confrérie. Par ces actes, elle mérite notre respect et je ne peux que te déconseiller de la voir comme une simple humaine. Elle est beaucoup plus que cela, crois moi. L’apparence est parfois trompeuse et l’on ne peut s’y fier. J’espère que tu y repenseras A’Tel’Quess.

En parlant de cela, son visage s’assombrit. Cela allait sans doute faire mal au fils d’Yvae, mais l’honnêteté intellectuelle imposait que certaines évidences soient mises en exergue. En outre, c'était un bon moyen pour renvoyer Sylvanôr à ses propres jugements.

- Ce que tu es fait-il de toi ce que tu es ? Ton père est un idiot. Un fidèle ami, le meilleur que l’on puisse avoir, mais un idiot. Starym… rien que ça ! Connais-tu ce clan ? Sais-tu quel est son histoire ? Je doute que cela soit le cas, sans quoi tu ne m’aurais pas balancé ce nom comme ça. Tu es un A’Tel’Quess, c’est ce que tu es. Cela fait-il de toi quelqu’un de meilleur ou non ? J’ai longtemps pensé que tous les Ar’Tel’Quess étaient la plus belle évolution esti. Nous sommes bénis par Corellon Larethian lui-même. Cette supériorité était-elle acquise de naissance ou naît-elle par l’être que l’on devient, par ses actes et son sens des responsabilité. J’ai longtemps cru que les elfes d’or étaient fait pour gouverner le monde. C’est une erreur. Nôtre bénédiction devrait en fait être un fardeau à porté avec fierté. La supériorité de ma race n’est pas faite pour dominer, mais pour guider. Nous nous devons d’être des exemples, nous nous devons de montrer le chemin. Ne juge pas les autres à ce qu’ils sont, mais bien à ce qu’ils font.

Cela allait maintenant être un moment délicat. Mais il devait penser à la sécurité du fils de son ami. Ils auraient avec son une discussion plus approfondie sur le sujet. Mais dès lors, il fallait mieux prévenir Sylvanôr.

- Tu te crois autorisé à porter le nom des Starym simplement parce que ton père en est un descendant. C’est une erreur, mon jeune ami. A ma connaissance Yvae Starym ne s’est jamais marié. Qui plus est, tu es un A’Tel’Quess. Tu n’y peux rien, mais c’est comme ça. Tu ne pourras jamais porter le nom des Starym. Tu es un bâtard. Ne prend pas cette expression pour autre chose que ce qu’elle est. Je ne cherche pas à t’insulter, non ! Mais si les Starym ont d’autres descendants, ils ne te reconnaîtront jamais comme un des leurs. Il se pourrait même très bien que l’on cherche à t’éliminer simplement parce que tu revendiques cet illustre nom. Yvae est tout à fait capable de défendre ce nom. Il est capable d’invoquer les foudres des cieux, faire souffler le vent en tempête, faire s’abattre des grêlons gros comme des boulets, se transformer en tout animaux de la nature et c’est aussi un combattant hors-pair. Pas toi, et je ne saurai trop te conseiller de garder cet aspect de ta filiation pour toi. Au moins, jusqu’à ce que nous parlions avec Yvae.

Pour celui qui n’avait pas eu de nom pendant des années, ces propos devaient être durs à entendre. Lui qui venait de trouver sa lignée devait la cacher pour sa propre sécurité. En parlant à Sylvanôr, Aël’Telàwërith se voyait parler à sa fille à naître. Elle n’y était pour rien, mais elle aussi serait une bâtarde. Elle non plus ne pourrait porter le nom des Aeryndrä. Cela ferait-il d’elle quelqu’un de moindre importance, visiblement non. Il en était de même pour Sylvanôr.

- Noble ou pas, saches qu’en ce qui me concerne, ta race, ta lignée ne fait aucune espèce d’importance. Je t’accueille pour ce que tu es. Le fils de mon meilleur ami et c’est un grand jour de faire ta connaissance.

Aël’Telàwërith marqua ce moment par un geste qu’il ne faisait que rarement. Il posa sa main gauche sur l’épaule droite du jeune demi-elfe. Puis, il se tourna vers Bagawa sous sa forme originelle. Il n’en était pas moins impressionnant.

- Bien, voici ce que nous allons faire. Nous allons resté au cercle pour cette nuit. Lonrindol, envoie ce messager à Isorion. C’est plus par acquis de conscience, car nous serons à Thüldae avant lui. Tous avez combattu avec bravoure et vous avez gagné un repos en sécurité. En outre, je ne peux me résoudre à laisser le cercle tant que sa gardienne dorme. Bagawa, si vous permettez à vos alliés de veiller avec vous sur la sécurité de votre sœur. Les liens qui unissent le Cercle et la Confrérie sont encore fragile et je tiens à vous prouver que notre engagement est plein et entier. Nous partirons demain matin aux premières lueurs du jour, si Corellon le veux.

Le lendemain matin, le théurge mystique pourrait téléporter tout ce beau monde à Thüldae. Il sera alors temps de faire leur rapport circonstancier au Haut-Conseil de la Cité sylvestre. Il ne s’était passé quelques jours, mais cela avait été des plus dense.

Lorindol suivi les échanges de façon très distanciée, il lui semblait bien que beaucoup des noms cités étaient important mais que lui même ne les connaissaient pas personnellement.

Lorindol acquiesça aux paroles d'Ael, le mage avait lui aussi un profond respect pour les difficultés que le nouvel arrivant avait du affronter. Preuves en était qu'il était digne d'intégrer les gardiens.

Le mage suivi docilement les instructions d'Ael et par sécurité glissa à l'oreille d'un petit animal volant fait de petit bouts de bois et de deux trois morceaux de tissus un message à destination d'Isorion.

- Nos pas nous guident vers vous, nous quittons le 27 Mirtul 1373 le cercle maintenant sous la garde de nouveaux gardiens amis des gardiens sylvestres mais aimant la solitude -

Lorindol laissa s'échapper la créature, conscient que les compétences profanes d'Ael les feraient arrivés avant elles. Depuis peu, lorindol avait une tendance à croire que prévoir le pire était parfois faire acte de prudence. Il glissa le parchemin détaillant la prophétie dans sa robe, écouta évasivement ses compagnons et glissa dans une rêverie bienvenu avant le départ.

Sylvanôr changea légèrement sa posture, mais restait quand même assez rigide et toujours les deux mains dans le dos écoutant l’ensemble des dires du noble. Si à certaine occasion ses arcades sourcilières se rapprochaient désignant ainsi un désaccord il ne dit mots, absorbant l’ensemble sans couper celui qu’il désignait comme son supérieur immédiat après Yvae, car il ne fallait pas l’oublier, il était sous l’aile de son paternel et pour lui fournir des informations. Par contre, présentement c’était l’Armathor qu’il devait écouter et obéir, car Yvae était absent.

Lorsque les ordres furent donnés, le novice se raclait la gorge avant de prendre la parole vers Aël.


-Si je peux me permettre Armathor, j’apprécierais que vous me considériez comme un novice et non comme le fils d’Yvae. Soyez aussi sans crainte, je suis un bâtard et le resterai, je connais ma place en ce monde, lorsque j’ai mentionné être le fils d’Yvae Starym, je ne le prenais pas comme appartenant à cette famille, car il en est rien. Père m’a parlé de la famille dont il a peiné à prendre le nom, il l’a d’ailleurs fait comme une charge, pour porter la tare qu’il doit rectifier, selon moi vous avez totalement raison, il est idiot à s’obstiner à pareille misère, mais j’ai l’impression qu’il le fait beaucoup plus par honneur et respect pour Ysmaë, son père qui lui dans la honte avait changer de nom. Yvae le fait pour redorer, à sa façon, le nom de cette famille. Effectivement je n‘en connais pas toute l’histoire, seulement qu’elle n’a pas nécessairement pris des décisions qui ont plu au coronal de l’époque, sincèrement je ne suis pas ici pour rectifier les aboutissants de cette famille, je suis ici pour servir au mieux de mes capacités les gardiens sylvestres, par la suite, si je réussis, la confrérie deviendra possiblement ma véritable famille.-

Il n’ajoutait rien aux propos de la gardienne du cercle, mais visiblement il n’était pas difficile pour le noble de voir que Sylvanôr devait travailler très fort pour accepter auprès de lui pareille engeance, surtout depuis que Babagwa c’était transformé. Il était aussi très facile de voir que l’A’Tel’Quess obéirait et mettrait de côté son affliction, ce serait sans doute un supplice qui apporterait finalement une expiation par la souffrance, mais qui ferait de lui un être encore plus grand. Il était clair que pour le novice cela faisait partie de sa prochaine vie. De plus il en devait une à Babagwa, ce qui n’était pas pour lui plaire, mais Sylvanôr se devait d’être au-dessus de telle chose et dépasser ceux qu’il abhorrait. Il ajoutait pour conclure…

-Ma mission auprès d’Yvae est terminée, du moins ce qui à trait à la surveillance du cercle, ma bien aimée m’a confirmé que les craintes de mon père, n’avaient plus raison d’être et j’ai échoué à vous sécuriser, alors si je le peux et avec votre autorisation Armathor, m’est-il possible de vous suivre jusqu’à Thüldae? Cela me permettrait de m’informer plus en profondeur sur les différentes branches et ainsi trouver la place où je serais le plus utile. À la suite de la mission d’Yvae, j’imagine qu’il arrivera au Saule avant de venir me voir à la cabane. Il sera alors, j’imagine, heureux que j’aille au moins continué de vous sécuriser.-

C’était presque risible, mais il y avait là de très bonnes intentions, comme si ce novice pouvait être le garde du corps de l’assemblé présent. Cela démontrait que Sylvanôr prenait son rôle au sérieux.

Le message de Lorindol fut fabriqué et envoyé, mais contrairement à ce qu’il put penser sur le temps qu’il prendrait pour se rendre, en fabriquant le pantin, le mage comprit qu’il y avait une magie dans le cercle qui rehaussait de plusieurs crans les sorts et autres artifices magiques. Sans aucun doute ce devait provenir de la pierre du centre du cercle. Quand il laissait le pantin partir, une fois passé le dôme protecteur, le pantin disparut en direction du Saule dans un léger éclat bleuté. Lorindol comprit que le message arriverait beaucoup plus tôt que prévu. Il se disposait par la suite pour une méditation, mais avant les paroles de Babagwa lui retenait l’attention.

Babagwa acquiesçait à la demande d’Aël puis prit la parole pour la première fois. Il était clair qu’il ne devait pas parler souvent et surtout que sa diplomatie n’était aucunement développée…


-C’est le désir de Meeteewagouweecnee et des dryades, pas le mien. - Des petits rires coquins se firent entendre venant de l’extrémité du cercle. – Ma soeur vous à mentionnez pour la pierre centrale… elle absorbe la magie et les sorts déposés à l’intérieur. Si vous n’avez pas saisi ce qu’elle voulait, en vous en parlant que vous déposiez le plus de sorts possibles à l’intérieur et bien je vous en somme de le faire avant votre départ. C’est l’échange demandé. -- Il regardait maintenant Aël avec une insistance particulière et avançant d’un pas, ce qui en fit faire un à Sylvanôr vers eux. Le regard était sévère et scrutateur puis le noble dû lever le visage pour continuer à suivre le regard. Sur un ton ferme, définitif et protecteur, il ajoutait… … - Ici vous n’êtes que des invités grâce à Meetee et maintenant les dryades, Tmgwatignej tegismit sera en tout temps accepté aussi, de par sa nature, mais sachez bien qu’il vous faudra nous en avertir à l’avance, ne foulez jamais sans nous avertir, les lieux autour du cercle, vous en payeriez de vos vies et toi Asamaje’g ugpugugw sipu n’ose jamais apporter la tristesse dans le cœur de Meetee, là c’est le frère qui te parle, non pas le gardien. Je serai celui qui apparaitra si jamais. – Babagwa attendit de voir s’il y aurait une suite puis ensuite il tournait son regard sur celui de Sylvanôr et avançait d’un pas vers lui, le jeune fougueux fit de même semblant vouloir en découdre avec Babagwa puis ce dernier avertissait le demi-elfe… - Toi sans nom, quitte cette cabane qui est maintenant dans le cercle extérieur et n’y remet plus jamais les pieds, mais je t’autorise, comme pour les autres à venir te recueillir ici aux mêmes conditions. Ce soir, au zénith du soleil de nuit le coven que ton père surveille n’existera plus. Ton cœur est dur envers nous et je le comprends, la source m’a dit… tu ne me dois rien pour t’avoir apporté ici, Syrynya a les yeux sur toi, je n’y peux rien et oui, j’accepte le combat, tu le mérites. –

Le regard de Sylvanôr se fit dur, calculateur puis sans broncher il fit un signe d’acceptation. Tous deux sortirent du cercle sans mots. Lorsqu’ils sortirent, l’ensemble des présents entendirent que la tempête s’amenuisait à l’extérieur. Ils revinrent à peine quelque temps par la suite et visiblement Sylvanôr en avait plus qu’encaissé, tenant à peine debout, il peinait à mettre un pied devant l’autre. Babagwa portait lui aussi quelques traces, mais ne semblait pas en souffrir contrairement au jeune demi-elfe. Ce qui suivit fut inattendu, le duo allait près du feu et se mit à rire ensemble, le respect avait été consumé.

La nuit passait et au lendemain, tôt, Meeteewagouweecnee était encore dans un sommeil réparateur. Visiblement le duo n’avait pas dormi, eux, ils avaient toute la nuit durant échangé, tiraillé, il c’était créé en cette nuit une forme d’accord sauvage que le jeune Sylvanôr ne devrait rompre. Il était maintenant temps de quitter, à l’extérieur la température s’était calmée, la pluie tombait doucement et quelques éclaircies parsemaient maintenant le ciel gris.

Plus loin et durant la nuit, Maïkan et sa meute avaient nettoyé Myth-glaurach des drows en présence, mais pour combien de temps, avant que les engeances reviennent. Yar qui regardait les scènes sur Toril de par le tableau vivant, en compagnie de Syrynya, de Floxx et son frère, tournait l’anneau entre ses doigts puis d’un geste triste, prit le tableau et le déposait dans une penderie à même le mur nord. Avant de refermer la porte sur ce monde qui ne voulait pas de lui, il regardait Syrynya dans l’attente qu’elle décide d’y repasser, mais la fille bâtarde de Domel refusait, laissant ainsi celui qui l’avait libéré. La porte se fermait et Yar frappait des mains appelant ainsi Oscar…- Oscar, alors, cette fête, elle vient ou pas? - Le majordome répondit avec aplomb… - C’est que l’Empereur-Démon et ses montgolfières sont aux limites de la ville et que le Roi-Dieu vous attend, les rébellions au temple du crâne mené par Alarion sont à détruire le couvent des sœurs-mages en même temps que les pics des mages et il semble que le temple du feu et de l’eau soit avec nous cette fois-ci ainsi que celui de l’air… dois-je préparer votre transport monsieur? – – Agacé, Yar déposait l’anneau dans sa poche de veste puis dit…- Bien certainement Oscar, je dois mettre un peu d’ordre dans tout ce chaos.-

Aux propos du fils dYvae, le noble n’ajouta rien. Il se contenta d’un hochement de tête. Sylvanôr n’était pas un idiot et il avait bien saisi l’essentiel de ce qu’Aël’Telàwërith avait tenté de lui faire comprendre. Yvae lui manquait et maintenant, il avait hâte de le retrouver pour avoir une longue conversation avec son ami. La patiente elfique qui coulait naturellement dans les veines du théurge mystique lui permettrait d’attendre ce moment.

Au final, le Seigneur de Mythdae se dit qu’il préférait la forme animal de Babagwa. L’Ar’Tel’Quess fut un instant surpris par un tel manque d’étiquette. Évidement, lui et sa sœur n’étaient pas originaires des lieux. Mais tout de même, était-ce une façon de traiter ses alliés ? La créature obligeait l’Armathor à lever la tête pour qu’il puisse continuer à le regarder dans les yeux. Il le savait infiniment plus puissant que lui et pourtant.

Le prêtre-mage n’esquissa pas le moindre pas de retrait lorsque Babagwa s’avança vers lui. Il le toisa avec toute la hauteur dont il savait faire preuve.

- Écoutez moi bien, Babagwa. N’abusez pas de votre pouvoir, cela serait indigne de vous. Nous sommes venus ici dans un but bien précis et qui dépassait largement le cadre de nos compétences. Pourtant, nous sommes venus. Notre mission terminée, nous aurions très bien pu quitter les lieux en vous laissant vous débrouiller. De ce que j’ai pu en voir, vous et votre sœur en auriez été tout à fait capable. Pourtant, vous nous avez laissez risquer nos vies, et compte tenu de vos prouesses respectives, de façon tout à fait inutile. Mais nous avons conclus un pacte d’alliance avec Meeteewagouweecnee et pour ce pacte, nous n’avons pas hésité à mettre nos vies dans la balance. Je ne suis pas dupe, vous savez et je suis loin d’être un idiot. Ces drows, vous auriez pu vous en occuper, comme je pourrai m’occuper d’une bande de gobelins en goguette. Vous ne l’avez pas fait et vous avez choisi de nous exposer inutilement à la mort. Ma parole et mon honneur m’ont obligé. La loyauté de mes frères et sœurs ici présent les ont obligé à me suivre pour que nous puissions vous prouvez que l’engagement de la Confrérie des Gardiens Sylvestres vis à vis de vous et votre sœur avait du sens. Au risque de vous décevoir, mon ami, nous sommes bien plus que des invités ici. Nous sommes, jusqu’à preuve du contraire, des alliés. J’entends que vous nous considériez de la sorte et que vous nous traitiez en conséquence. Tout comme vous serez les bienvenus à Thüldae et la Cité Blanche, j’entends qu’il y ait une réciprocité au nom de cette alliance. En outre, même si nous voulions vous prévenir, comment le pourrions nous ?

Tout comme babagwa avait un pas vers lui, Aël’Telàwërith ne sachant toujours pas si c’était pour l’impressionner ou pour garantir une confidentialité illusoire. Le prêtre-mage fit également un pas vers son hôte.

- Je ne dois rien à votre sœur ! C’est elle qui a désiré s’accoupler avec moi. Il se trouve que j’ai accepté de bon aloi et que je ressens de la bienveillance envers elle. Elle est maintenant la mère de notre fille à venir et je n’ai aucune intention de vous prévenir lorsque je désirerai voir l’une ou l’autre quand le temps sera venu. Meeteewagouweecnee m’a imposé de venir au moins une fois par an. Il se trouve que j’ai une grande affection envers elle et que je prends très au sérieux le bien être du devenir de notre fille. Je viendrai ici quand bon me semblera et aussi souvent souvent que je le désirerai. Vous êtes puissant Babagwa, mais vous n’êtes pas le seul être puissant sur cette terre. Votre tentative d’intimidation de grand frère protecteur n’a guère de prise sur moi. Vous ne me connaissez pas et vous ne savez pas qui veille sur moi comme vous veillez sur votre sœur bien-aimée. Si nous sommes des alliés et qui plus est, nous avons unis nos familles respectives. Je pense qu’il serait bienvenus que ce genre de propos n’aient plus court entre nous. Nous avons réglé ce que nous devions avec sœur, et vous n’avez pas votre mot à dire là-dessus. Qu’il vous en déplaise ou non. Toutefois et si cela peut vous rassurer. Je n’ai aucune mauvaise intention envers la mère de ma fille. D’un futur père à un frère, tu as intérêt à les protéger, l’une et l’autre, au péril de ta vie ou les foudres de l’antique haute-magie du Cormanthor s’abattront sur toi. Maintenant, frère, si cela te défoule d’aller mettre une dance à un novice… grand bien te fasse. Mais il s’agit là du fils d’un ami très chers, et j’aimerai autant qu’il puisse revoir son père dans ce monde.

Sous le regard inquiet du noble, Babagwa et Sylvanôr quittèrent le cercle de pierre pour un combat inégal. S’il était bourru, le frère de sa douce n’était pas, à priori, un tueur. Tout de même leur échange avait été vif. Ils avaient été franc tous les deux, mais il y avait une telle différence de puissance entre Sylvanôr et Babagwa, que le Seigneur de Mythdaë ne se détendit réellement qu’une fois que les deux belligérants revinrent au cercle.

Le reste la journée se passa paisiblement, et après les derniers jours qu’ils venaient de traverser, ça faisait du bien. Aël’Telàwërith en profita pour commencer à travailler sur un nouveau sortilège. Avant de faire sa rêverie, il lança lle reste de ses sorts sur la pierre centrale du Cercle. Le fait que sa belle dorme toujours commençait à l’inquiéter. Mais il ne connaissait rien des rythmes de vie de ces créatures qui semblaient à la fois assez similaires à eux-même et dans le même temps très différentes. Il se plaça à côté de Meeteewagouweecnee et la serra doucement dans ses bras.

La rêverie du noble fut des plus paisible et reposante. Dès qu’il fut levé, le prêtre-mage commença à préparer ses sorts et à l’aube, il adressa sa prière quotidienne à son dieu. Aël’Telàwërith se focalisa notamment sur les sorts de téléportation pour ramener au plus vite tout ce beau monde à Thüldae.

Le noble ar’tel’quess se rassura auprès de Babagwa sur l’état de santé de Meeteewagouweecnee qui dormait toujours. Son frère se voulu rassurant, mais Aël’Telàwërith fut déçu de ne pas puvoir lui au revoir comme il se devait. Mais le devoir l’appelait et leur fallait maintenant rentrer à Thüldae.

Lorsque tout le monde fut prêt au départ, il lança son sort et tous arrivèrent non loin de Lamoth, la porte est de Thuldaë. Le prêtre-mage avait choisi assez éloigné de la porte pour ne pas surprendre les gardes et pouvoir se présenter avant de franchir Durécorse et de gagner O’sutraari pour faire son rapport à Isorion.