De l'autre côté

L'elfe ne remarquais rien de néfaste autour d'eux. Cela étant, elle était pleinement consciente que ses capacités de pistage laissaient à désirer, et qu'elle devrait probablement travailler sur le sujet. L'atmosphère ne la pesait pas réellement, si le palais dans lequel ils avaient passés la nuit la faisait douter quant à la légitimité de sa propre existence, ici au moins, la dépravation commençait à se faire évidente, et le doute disparaissait.

Le croassement des corbeaux la fit presque sourire. Certes les oiseaux étaient des charognards, mais ils étaient réputés pour être des plus intelligents. Alors dans l'immédiat, elle imaginait que le danger ne venait pas des airs, c'était au moins ça de pris. Elle s'arrêta au carrefour et se se retourna. Elle regarda Adhémar, puis son compagnon équidé.

- Adhémar, je doute que quiconque vous demande de descendre de Kaemon maintenant. Et un cavalier pourrait être des plus utiles.

Elle regarda l'embouchure des deux chemins.

- Je ne sais pas quel piste prendre. Les berges sont souvent plus sûres que les chemins, mais ici, elles seront surtout des nids de créatures plus ou moins sauvages. Mais je ne sais pas ce que nous pourrons trouver devant. Peut-être Adhémar pourriez vous partir en éclaireur sur l'un ou l'autre, histoire d'en savoir plus, avec quelqu'un, si Kaemon est en mesure de porter deux cavaliers.

Elle s'en remettait clairement à la décision collective, certes elle en savait probablement plus qu'eux sur ce plan, mais elle ne connaissait pas assez pour en connaître les sentiers - pour l'instant. Aussi se plierait elle à la voix du nombre.

Malgré sa force et son courage, le chevalier commençait à ressentir des courbatures. Il ralentissait sa marche et la charge qu’il devait porter faisait de lui un poids mort pour le groupe si jamais un obstacle s’opposait à eux. Il devait faire quelque chose. Soit abandonner tout son matériel sur le bord de la route ou alors braver l’obligation du LeeShay et réequiper sa monture sans y prêter attention. De toute façon il fallait qu’il agisse et vite sinon, jamais il ne pourrait tenir la même cadence que ses compagnons. Kaemon était bien évidemment heureux de ne plus avoir cette charge sur le dos mais tout bon ami qu’il était, il était constitué pour porter ce genre d’attirail contrairement au représentant d’Hoar.

Quoiqu’il en soit, Adhémar ne prêtait plus guère attention à ses camarades de route. Epuisé, en sueur, les bras en compote et les mollets en feu, il allait bientôt interpeller la jeune femme qui menait la marche pour lui signaler de faire une halte. Mais bizarrement c’est elle qui parla la première en lui disant qu’un cavalier leur serait sans doute plus utile pour avancer vers ce lieu inconnu et peuplé de mystérieux dangers.

- « Ma foi, je ne serais pas contre ! » Déclara le chevalier qui laissa tomber tout son bardas à terre. - « Il ne me faudra que quelques instants pour harnacher ma monture et nous pourrons nous remettre en marche ! »

Le cavalier se mit aussitôt à la tâche et une fois tout en place, il déclara : - « Bien sur, qu’il peut porter deux personne. Me feriez vous l’honneur de chevaucher avec moi ! » Répondit il immédiatement à la jeune femme. Il ne voulait aucunement de Melkiot ou d’Arakh à ses côtés. Qui plus est, les deux hommes ne pourraient certes pas comploter dans leur dos puisqu’ils ne pouvaient pas se supporter. - « Quand au choix du chemin, je serais plutôt d'avis d'emprunter celui de droite. »

L'élue hocha la tête. Non pas qu'elle aime particulièrement se retrouver serrer à un inconnu sur un destrier, mais c'était une occasion non négligeable de parler avec celui qui semblait le plus digne de confiance parmi eux. Avec une délicatesse un peu plus importante qu'à l'accoutumée, elle rengaina son épée qui cessa de produire son effet angoissant sur les fées environnantes.

Elle se retourna et regarda Arakh et Melkiot, se demandant si elle devait dire quelque chose.

- Puisque vous ne semblez pas décidés à donner votre avis, je vais partir devant avec Adhémar. Libre à vous de faire ce que bon vous semble, même si je ne pense pas que partir seuls en avant sans nous soit une idée brillante.

Elle se rapprocha de l'hoarite, le fixant un long instant de ses yeux félins (malgré leur couleur saphir moucheté d'or qui rappelait son ascendance elfique). Elle savait pertinemment que, ecclésiastique ou non, les hommes avaient tendances à perdre un peu de leurs bonnes manières en sa présence. Comme quelques femmes, d'ailleurs. Elle se savait en mesure de refréner toutes velléités de ce genre, mais elle aurait préférer discuter alliance avec le paladin. Regardant Kaemon, elle détacha son baudrier, puis entoura les lanières de cuir autour du fourreau de la claymore et de l'arc, afin de les porter dans sa main, sans quoi Adhémar se serrait pris la garde de la première dans le nez. Elle posa une main délicate sur l'encolure du cheval en lissant sa crinière.

- Désolé de t'infliger un chargement mon beau, mais tu es autant dans la panade que nous, elle se retourna vers le cavalier. Je crains d'avoir négligé mes cours d'équitation, Adhémar, c'est presque un péché pour un membre de mon ordre, mais le cheval n'est pas le meilleur des alliés quand on gravit des montagnes et traverse les mers. Je vous laisserais donc les rênes et monterait devant vous. J'aime autant vous prévenir que je ne suis guère amène lorsque l'on tente quoique ce soit à mon endroit sans autorisation.

Soutenant étrangement ses propos légèrement menaçant par une doux sourire, elle laissa le hoarite seller le cheval avant d'y monter. Avant que celui ci ne préfère monter à cru auquel cas elle sauterait sur Kaemon avec probablement plus de légèreté que son cavalier habituel.

"Oui, oui, c'est ça, allez batifoler nous on reste là, mais je sais pas si c'es une bonne idée de nous séparer."
Voilà qu'il allait se retrouver seul avec l'autre rustre.
*C'est bien ma veine.*

Il se mit à regarder alentour pour voir si quelque chose bougeait, ils n'y avaient que des cailloux, ce paysage rocailleux ne lui disait rien qui vaille, le coassement des corbeaux le mettait mal à l'aise.
Lui aussi préférait le chemin de droite, finalement il se demandait s'il ne devrait pas les accompagner, il était pas tranquille.
*Je préférai la forêt.*

Il s'assit sur un rocher et commença à lire son livre de magie pour éviter de faire la causette avec l'autre barbare.
*Faut que je le supporte, je vais pas encore lui parler non plus.*

SERANA & ADHEMAR

Kaemon se laisse faire, docile. La charge n’avait jamais représenté un problème pour lui et Serana pesait moins lourd que ce que la monture avait déjà supporté. Sans la présence du satyre pour lui demander de laisser le cheval libre, en dehors du royaume du LeeShay, ce n’était que raison.

Le chemin descendit plus fort, la monture devait faire un effort pour ne pas glisser chargée comme elle l’était mais la piste restait large et de travers, elle y parvint sans trop secouer ses cavaliers. Bientôt, ils rejoignirent la rivière que Serana supposait à juste titre, une petite rivière, nettoyant et lissant les rochers qui la bordaient de part et d’autres. Le paysage était presque pleinement rocailleux, glissant sur les berges ou l’ocre d’une glaise grasse, parsemée de parcelles de mousse, agrémentait le paysage de roche granitique grise. Le terrain redevenait plat, plus dégagé en rive droite même si la piste restait sur la gauche.

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Jets de perception

Un croassement attira alors le regard de la demi-dragonne vers un rocher si imposant qu’on aurait cru un menhir posé là par quelque géant. Sans savoir quoi, elle eut la certitude que … quelque chose n’allait pas. Où était donc le corbeau qui venait de pousser son cri ?

MELKIOT & ARAKH

Melkiot n’était pas rassuré de rester seul, sans la protection du Gardien féérique qui leur avait certainement évité d’avoir à faire face à d’autres fées moins … bienveillantes ni les deux tiers de ses compagnons d’infortune d’autant qu’Arakh, s’il se montrait moins agressif n’en poursuivait pas moins ses allusions de responsabilité

Tandis qu’il révisait ses sorts, en préparation de la rencontre promise avec les Nuglubs, il entendit une curieuse plainte, venant du sentier de gauche. Un sanglot peut-être ? C’était faible, tellement qu’Arakh qui faisait tournoyé sa hache ne s’arrêta même pas, et en même temps parfaitement clair. Oui, quelqu’un pleurait, probablement juste à la limite de leur champ de vision.

- Attendez, Adhémar.

Elle tapota l'encolure du cheval pour que le cheval s'arrête et sauta à terre. Elle hésita un moment sur la marche à suivre : arc, épée, magie ? Une flèche de guerre ou un trait enflammé pourrait révéler quelque chose ou fendre la pierre, mais si le danger était grand, ce serait les attirer. Alors, laissant son arc et son carquois suspendu à la selle, elle dégaine son épée. Elle écarterait une partie du danger, mais ce n'était pas sa stratégie complète. Après tout, le Chevaucheur ne l'avait pas abandonné, et peu important la méconnaissance de paysans du sud de Faêrun : ses ordres seraient respectés.

- Seigneur, me prêterez vous votre Main ?.. Surveillez mes arrières Adhémar, j'ai cru entendre quelque chose là bas.

Prudemment, elle se dirigea vers le rocher. Évitant au maximum de mettre les pieds dans l'eau, elle commença à en faire le tour, restant à une demie lame de distance et gardant son arme devant elle. Elle savait parfaitement qu'ici comme ailleurs, les choses n'étaient pas toujours ce qu'elles étaient. Ce rocher trop impromptu se dressant au milieu d'une rivière qui aurait dû l'éroder, et qui émettait des croassement ? Et en Féérie ?

- Bien trop de coïncidences.

Elle fronça les sourcils. Sa centaine d'année sur les routes lui avait appris que, si le hasard existait, trop de hasard révélait souvent d'un plan. Comme lui avait dit un jour un arpenteur de fenêtres, pieu adepte de Tymora, Dame Chance ne maîtrise pas tout, et le hasard est l'outil de tous.

Elle tapota la pierre de son épée. Si une créature agressive en sortait, elle espérait pouvoir incanter avant d'attaquer, surtout si elle était intelligente.

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Tout en restant prudente et en regardant les Alentours, Serana se dirige vers le rocher et l'examine. Si une créature apparemment intelligente apparaît, elle essaye de lancer Injonction [Halte], avant d'essayer de l'immobiliser plus définitivement. Sinon, elle contre-attaquera.

Le chevalier ricana aux dires de la jeune femme et lui répondit aussitôt : - « N’ayez crainte gente Dame ! Je ne tenterais rien qui pourrais me coûter la vie ! » Puis amicalement, il hissa la jeune femme facilement à ses côtés. Tous deux avaient décidé de prendre la même direction : le chemin de droite. Les autres quand à eux étaient resté silencieux. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent après tout. Des compagnons qui étaient à ses côtés, seul Serena était celle qui semblait la plus honnête. Les deux autres pitres pouvaient bien rester à s’étriper s’ils le voulaient, Adhémar n’en avait strictement rien à faire.

De toute façon, il valait peut être mieux se séparer d’eux après tout ? L’union était censé faire la force mais cette union là n’était que fortuite et ces deux là étaient plus individualistes qu’autre chose ?

Toujours est il que les deux plus téméraires des aventuriers avaient pris les devants. Cet endroit était des plus étrange et inquiétant. En tous cas, la jeune femme avait eut le nez fin puisqu’une rivière existait bel et bien de ce côté. Mais il se passait quelque chose. Serena était méfiante et le croassement provenant d’à côté d’un rocher trop bien taillé pour être naturel emplissait encore plus les craintes des deux aventuriers.

- « Je serais vos yeux et vos oreilles ! » Déclara le croisé à la jeune femme tout en sachant que les sens de la demoiselles étaient bien évidemment bien plus affûté que les siens.

Melkiot était concentré sur ses sorts, il lisait de façon attentive les pages de son livre de magie lorsqu'une voix le tira de ses études, il tendit l'oreille dans la direction et écouta.

*En fait, c'est des pleurs.*
Il se remémora ce que le satyre lui avait dit.
"Méfiez vous des pleureuses."
Il rangea son livre et sans un mot, il brandit son arbalète légère en y insérant une flèche.

*Viens-y, je vais te faire pleurer pour quelque chose moi.*
Il pointa son arbalète en direction des pleurs attendant qu'une quelconque créature pointe le bout de son nez, parce que pour sa part il était hors de question qu'il bouge d'un pouce et aille se jeter dans la gueule du loup.
Tous ses muscles étaient tendus, il était prêt mais un peu déconcentré par les mouvements de hache de Arack, il lui jeta un regard noir lui signifiant d'arrêter.
*Il va attirer cette créature vers nous, cet âne.*

SERANA & ADHEMAR

La dragonne vit juste. Parfaitement juste. Il n’y avait pas de corbeau, pas plus ici qu’avant leur choix. Et personne n’avait rien vu. Même la monture n’avait pas perçu, les oreilles alertes, dressées, sans montrer le moindre signe de stress, les intrus cachés.

Le rocher en était bien un, mais tout autour, les cailloux se mirent à remuer, à se redresser, à sortir d’un immobilisme couvert de glaise ocre craquelée. Des gremlins, immondes de perversion, tordus de leurs jambes torves à leurs cranes déformés. Leurs visages grimaçant n’étaient que colère, leurs yeux que folie. Combien étaient-ils ? Trois ? Cinq ? Vingt ? Sur qui allait-elle donc lancer son injonction ? Les Nuglubs ne lançaient pas l’assaut mais ça ne saurait tarder, tous les sens de Serana lui hurlait d’agir. Maintenant.

Adhémar du haut de son destrier cru d’abord à un problème de vue, une grosse fatigue, une illusion ? Les rochers ne pouvaient pas bouger seul ! Puis il les vit s’étendre, se craqueler et prendre une forme humanoïde cauchemardesque.

Le combat commence pour vous deux

MELKIOT & ARAKH

Melkiot, son arbalète chargée, vit au loin une femme, tout de noir vêtue, un voile lui couvrant le visage. Dans ses bras elle portait un panier trop lourd pour elle alors qu’il ne comportait qu’un drap grisâtre, la forçant à se pencher en arrière tandis que sa tête était penchée vers l’avant, les cheveux et le voile la camouflant. Elle pleurait, c’était certain, et n’avait l’air aucunement gênée par Melkiot et son arme dressée.

Arakh, qui lui tournait le dos avec sa hache, vit le mage tendu et, se retournant, découvrit la Pleureuse.

Toute Hyène qu’il fut, il ne semblait pas convaincu de la manière d’agir.

Pareil pour vous, en fonction de ce que vous décidez de faire

*Je savais bien que c'était pas une bonne idée de se séparer.*
Melkiot n'émit aucune sommation, il visa le ventre de la créature, retenant sa respiration le temps de viser juste puis il appuya directement sur la gâchette de son arme.

Il regarda le carreau filer vers la pleureuse en ayant l'espoir qu'il ferait mouche et qu'elle arrêterait sa marche.Il savait pas ce que ces créatures étaient capables de lui faire si elle le touchait et ne souhaitait pas le découvrir.

Il espérait bien qu'Arakh avait compris ce qu'il devait faire et qu'il n'hésiterait plus.
Pour sa part, il prit tout de suite un autre carreau en appelant les deux autres qui étaient partis en reconnaissance.
"REVENEZ, VITE !"