Tous les chemins... [Brisétoile] (2), Dinenda,Lähmee Tribäle,Olafr,Kerlomar,

Le vent dans ses plumes faisait frissonner de plaisir le druide qui se sentait enfin heureux, libéré de la pression et du carcan de la civilisation. De plus, très vite rejoint par Haridian, il entama un ballet aérien avec son amie à plumes et cette liberté de voler sans contraintes était elle que Kerlomar en oubliait tout le reste, même jusqu'à son identité humaine. Plus que jamais, il se sentait plus proche de sa compagne volante que de ses compagnons bipèdes de la Confrérie. Le froid ne le gênait en rien, le bruit du vent dans les feuilles le berçait et l'hypnotisait. Sa vue devenait bien plus perçante lui donnait une autre image du monde et cette image lui plaisait. L'image d'un monde en paix et serein qui n'était occultée par rien. Une vie simple faite de plaisirs simples et surtout de besoins simples. Une liberté que le druide n'avait jamais connu auparavant. Il avait toujours été proche de la nature mais là il en ressentait pleinement la force et l'attrait. Kerlomar le sentait, son lien avec l'humanité s'effritait petit à petit mais sous cette forme, cela ne l'effrayait plus.

Tout à coup, quelque chose attira son regard et le druide fut impressionné par la vue qu'il possédait désormais alors même que le soir tombait. Cette queue de lapin promettait un repas digne de ce nom. Tournant la tête vers sa compagne de vol, Kerlomar cessa de battre des ailes pour se laisser porter par le courant du vent tout en volant. Il allait attraper son premier repas sous cette forme. Une soudaine faim le tenaillait et son instinct prenait davantage le dessus. Ouvrant les serres et ne perdant pas sa proie des yeux, sachant que l'infortuné lapin n'avait que peu de chances d'échapper aux deux prédateurs au-dessus de sa tête. Kerlomar attendait le bon moment puis soudain fondit sur sa proie.

Toujours dans sa cachette le sauvageon pouffait de rire intérieurement en regardant la gourmande reniflée le panier d’une habitante de Brisétoile. Ce petit jeu de cache cache pouvait paraitre enfantin mais il était dans les mœurs des Sy’Tel’Quessir de rester ainsi et d’épier de long moments. Il avait préféré attendre de cette manière plutôt que de rester planter sur la place à ne rien faire. Olafr avait l’air aussi de s’amuser car la queue de son loup argenté remuée. Il donna un coup de coude aux rodeurs en lui désignant du doigt ce qui allait permettre de démasquer leur cachette. La situation était amusante le barde avait un large sourire. Ce sourire se figea un instant, sa mâchoire sembla se décrocher un instant, ces yeux en amande s’écarquillèrent.

« Ainsi donc cette présence ressentie c’était toi... »

La tête du sauvageon sortit de son repère, il resta comme ça un instant, son corps suivit ensuite et s’avança en direction du groupe

- Viens Olafr…

Cette journée avait été très riche et bien rempli depuis le départ du Grand Saule et elle était encore loin d'être finie. Le Vert était fier de ce qu’il avait apporté au groupe en découvrant la méthodologie de frappe des drows. Il était aussi fier de ce qu’il avait apporté à Brisétoile car il sentait que le village avait retrouvé une quiétude momentanée et une certaine effervescence.

Comme si de rien n’était la tête haute et fier comme pouvait l’être un haut elfe Lähmee avança vers sa belle. Le chemin qui séparé la cachette au reste du groupe paru interminable, des flashs de son idylle revenant le frapper sans cesse. Il avait envie de courir lui mordiller l’oreille et de la faire tournée en l’air dans ses bras. Il n’en fit rien, il était aussi trop fier pour ça.

"Chaque chose en son temps !"

- Par la harpe de Myth Drannor, est ce bien toi ?

Le barde salua la lunaire à la manière elfique, plus pour pouvoir toucher la réalité de la chose que par bonne coutume. Il ôta sa main de la petite épaule frêle de la Ly’Aegisir en la laissant trainer sur le coté du haut du bras. Il plongea un regard plein d’étoiles dans ses yeux émeraudes.

- Tout va bien ?

La broche des gardiens des mystères était mise en évidence, épinglée au niveau de son cœur sur sa cape somptueuse. Sa brillance était vive. De plus près, on pouvait même voir pendouiller à son poitrine son médaillon Ky Tel Laf dont l’énergie lunaire rayonnait comme jamais. Elle esquissa un grand sourire lunaire devant l’accueil chaleureux de son frère gardien des mystères. Son attitude marquée par l’inclinaison de tête de frère elfique lui rappela qu’elle était son supérieure, fait qu’elle oubliait souvent en grande chaotique qu’elle est. Elle faillit lui faire comprendre qu’elle n’aimait pas ce genre d’étiquette mais oublia de le faire lorsque le chien elfique s’approcha jusqu’à ses jambes. Cette créature était loin d’être ordinaire, même pour un chien elfique. Certes, elle inspirait une force impressionnante, dont les légendes elfiques racontent qu’à elle seule, elle peut tuer dix orques. Mais, il y avait quelque chose encore plus forte et mystérieuse. Le lien qui unissait Dinenda et son chien était plus fort qu’ordinaire. L’elfe lunaire, persuadée qu’elle ne risquait rien contre ce chien, se baissa pour être à sa hauteur et lui gratifier deux caresses sur les encolures de sa tête en guise de salut. Elle lui parla comme si c’était l’un de leurs :

- Dharasha, c’est un grand honneur de faire ta rencontre. Que le doux sourire Sehanine veille sur toi.

Elle se releva, pour saluer d’un hochement de tête leur hôte. Puis son regard d’émeraude tomba sur son sauvageon qui tel un prince se dirigeait vers elle. Ce chemin jusqu’à elle lui parut interminable. Il était maintenant à quelques centimètres de lui. Lorsqu’il posa sa main sur son bras, elle frémit comme si elle avait été électrocutée. Elle était submergée par une vague d’émotions qu’elle contenait depuis un certain temps. Depuis qu’elle avait frôlé la mort, elle avait peur d’être seule et plus que tout elle craignait aussi perdre ceux qu’elle aime. Si l’ensorceleuse semblait dotée d’un fort caractère, elle s’avérait plus fragile qu’elle en avait l’air. Avec un geste lent et affectueux, elle posa sa main sur la joue de l’elfe sauvage, oubliant qu’elle s’était jurée de réprimander le sauvageon jusqu’à ce souvenir revint à son esprit.

- Si je te dis que j’ai envie de t’envoyer danser à Ombreterre pour m’avoir laissée sans nouvelle, tu me croiras si je te dis que je suis bien Azur’ael Ombrelune ?

Il y avait un peu d’humour dans sa voix mais pas que. Qui la connaissait savait que cela n’allait pas si bien que cela même si elle était heureuse d’être parmi eux.

- Je compte sur vous pour me faire rapidement un point sur la mission et des informations que vous avez pu récolter. L’échec nous n’est pas permis face aux grandes menaces qui sont de plus en plus présentes.

Elle plissa le front lorsqu’elle découvrit les habits délaissés par le druide, et notamment lorsqu’elle aperçut la broche des gardiens sylvestres. C’était une faute grave à ses yeux.

- Depuis quand un gardien abandonne t-il sa broche ? C’est le seul moyen que nous avons de ne pas être dupé par les démons Fey’ri qui peuvent prendre l’apparence de n’importe qui…J’ai moi-même été dupé par l’un des leurs et failli en perdre la vie.

- Crois tu que je pouvais t en donner, il y a des endroits où il n’est pas possible de le faire, j’ai passé ce portail et puis...je suppose que l’on t’as mis au courant, non ?

Le facies du sauvageon changea et se crispa. Il se souvint comme il avait été éjecté du portail comme une vulgaire brindille avec en prime un bond dans le temps. Ce sont ces connaissances de la nature qui lui permirent de s’en rendre compte, certaines floraisons avaient avancé dans leur cycle quand il réapparu. Ina n’avait pas connu cette chance. Elle était toujours portée disparue. Le barde espérait également trouver dans cette mission une corrélation avec tout ça.

- Danser en Ombreterre, non non je préfère danser à Brisétoile mais il se pourrait bien que ton souhait se réalise Ombrelune, le désires tu vraiment ?
Olafr t’expliquera tout sur le chemin.

La voix autoritaire d’Azur commençait déjà à chatouiller les oreilles pointues du Vert. Sa voix était tendue, il fallait qu’elle se lâche un peu sinon elle allait exploser comme une étoile. Il n’était pas bon de garder trop de chose en soi dans un si petit corps. Pourtant Lähmee en apprenant qu’il avait failli la perdre se ravisa de lui parlait sur le même ton qu’elle. Au contraire sa voie paraissait empreinte de douceur, il rebondit en répondant sur la broche en y glissant quelques allusions

- L’apparence est souvent trompeuse, les broches défaillantes, les portails aussi, la magie n’est pas plus ce qu’elle était. On devrait parfois voyager simplement, connaitre d’avantage nos confrères.

Le Sy’Tel’Quessir se baladait nonchalamment entre les membres du petit groupe en observant bien les Gardiens un à un en détail.

-Il y a des signes qui ne trompent pas ! Tu vois c’est un peu comme cet anneau que tu portes Azur’Ael…il n’est pas magique et pourtant penses-tu que quelque chose pourrait altérer sa signification. Nous devons tous savoir sur les capacités de chacun, Olafr tu t occuperas de repartir les flèches des carquois de Thuldae pour que chaque gardien qui en possède dispose du meilleurs choix. Nos ennemis savent déjà comment attaquer ! Sur la route nous accorderont nos sorts et notre stratégie, dévoilons-nous un peu que l’on n’attaque pas une chouette sans le savoir. D'autre chose d'important ?

- Dinenda où est Myriam ? Allons y maintenant, épargnons au druide cela même si pour l'elfe sauvage que je suis cela n'a rien des honteux de se retrouver nu comme on est né ! Enfin pour les humains avec des poils en plus ! J'ai jamais vu un humain nu tiens !
Haaa tu veux danser Azur’Ael et bien gardons ça pour ces lâches, on va leur montrer qui mène la danse !

Second jour de la Griffe des Tempêtes, Année des Dragons Renégats.
(2 Tarkash 1373)

Lieu : Brisétoile
Temps : Froid
Moment :Après-midi

MJ
Narration : Kerlomar

as un seul instant le doute n'envahit l'esprit du druide. Ce lapin serait son prochain repas... Et à raison. Suivant un instinct millénaire, Kerlomar n'eut aucune difficulté à adapter son vol aux courants régnant dans le ciel. Rabattant ses ailes contre lui, minimisant ainsi sa forme mais aussi le bruit qu'il pouvait produire, il fondit sur sa proie. Le malheureux rongeur n'eut jamais l'occasion d'apprécier l'élégance de sa mort. En un instant les serres acérées de la chouette se refermèrent sur lui avant que son petit cœur frénétique ne cesse de battre. Ce fut une mort rapide et propre où sa proie n'eut pas l'occasion de souffrir...

Continuant sur sa lancée, Kerlomar s'éleva à nouveau dans les airs, son précieux butin encore chaud entre ses serres. Haridian se rapprocha, sans pour autant montrer la moindre velléité de lui voler sa proie. Tout juste semblait-il émaner d'elle une certaine forme de fierté comme si cette première chasse avait été l’œuvre de son propre oisillon et non pas du druide dont elle était le compagnon... Toujours poussé par la faim et son instinct, le druide balaya le sol de son regard perçant, cherchant un endroit adéquat où il pourrait déguster, et partager, son lapin.

C'est ainsi que dans l'esprit de Kerlomar, le Druide revint au premier plan par rapport à la Chouette.. Car ses yeux se posèrent sur un petit groupe qu'il n'eut aucun mal à identifier comme étant les Gardiens Sylvestres qui l'avaient accompagné. Il pouvait même compter un membre de plus, un visage qu'il n'aurait pas cru pouvoir croiser ici. Balayant les pensées, et les plaisirs, plus primaires de l'animal dont il avait pris la forme, le souvenir des raisons de sa présence à Brisétoile s'imposèrent douloureusement à lui. Certes, il pouvait s'échapper en revêtant la pelisse d'une autre créature mais il avait encore des responsabilités qui l'attachaient à sa forme première. Des responsabilités qui le poussèrent à abandonner la liberté qu'il venait de découvrir pour voler droit sur ses compagnons de la Confrérie...


Narration : Lähmee Tribäle, Olafr, Dinenda et Azur'Ael

lna ne s'attendait pas vraiment à l'apparition d'un nouveau Gardien Sylvestre, surtout quelqu'un au charisme aussi développé... Pour autant, la jeune femme n'eut pas vraiment l'occasion de se laisser fasciner par la nouvelle venue. Ayant été chargée par Nerior de guider le petit groupe dans le village et de les aider avant qu'ils ne partent pour défendre la ferme, avoir perdu l'un des leurs pesait lourdement sur ses épaules. L'inquiétude avait tendance à l'ancrer dans le présent et à chercher des réponses... Cela dit la réaction des autres Gardiens lui permit de comprendre que la nouvelle venue était quelqu'un d'importance et respecté. Elle s'inclina donc profondément, la saluant avec politesse mais ne s'attardant pas plus, toujours inquiète, ses yeux scrutant le ciel...

La Teu-Tel-Quessir dépossédée de ses pâtisseries fut justement, et bien largement, compensée pour sa mésaventure. Elle remercia rapidement Dinenda avant de reprendre sa route. L'ensorceleur sentit bien qu'elle avait été à deux doigts de tapoter la tête de Dharasha, partagée entre la curiosité et une forme d'exaspération amusée, mais elle avait jugé plus prudent de ne pas faire un tel geste envers un animal dont elle ne connaissait rien. La cooshee, quant à elle, sembla comprendre pourquoi elle était gentiment fustigée mais n'éprouva pas plus de remords que cela, l'excellent goût de son forfait s'attardant encore sur ses papilles...

Ayant anticipé la potentielle méfiance de ses futurs compagnons, Azur'ael résolut le problème de Dinenda en affichant ostensiblement sa broche de telle manière que personne ne pouvait la manquer. La cooshee, moins réceptive à cette forme de reconnaissance, suivit le conseil de Dinenda et renifla avec concentration la Ly'Aegisir, s'imprégnant ainsi soigneusement de cette nouvelle odeur. LE regard intelligent qu'elle posa sur l'elfe pouvait rivaliser toutes les salutations du monde...

Les yeux perçants de l'ensorceleur parvinrent à discerner un rapide mouvement, au loin dans le ciel, deux silhouettes qu'il interpréta comme étant des chouettes et volant en cercle au-dessus d'une portion de la foret, non loin de là... Quelques instants plus tard l'une d'entre elle plongea vers le sol avant de réapparaître, un petit corps sans vie entre ses serres. Le Gardien n'eut pas de mal à identifier un lapin lorsque les deux rapaces se rapprochèrent ostensiblement de leur groupe...

Les retrouvailles entre Lähmee et Azur'eal étaient émotionnellement chargées mais l'observateur extérieur aurait pu se méprendre sur les liens qui les unissaient. Il n'y eut pas d'étreintes ou d'effusions déplacées mais l'émotion n'en était pas moins présente. Peut-être fut-ce pour cela qu'Olafr préféra rester légèrement en retrait, saluant discrètement l'ensorceleuse, main sur le cœur à quelques centimètres de sa propre broche, alors que le barde ne pouvait résister à au moins tester la présence tangible de sa dulcinée... Avant de faire preuve d'une étonnante prise de décisions, par rapport à sa partie de cache-cache interrompue, cherchant à reprendre le groupe en main pour le réorganiser. Visiblement le retour de sa belle semblait l'avoir inspiré.

Myriam n'était pas encore là, étant restée en arrière lorsque les Gardiens s'étaient dispersés dans Brisétoile, probablement en train de régler certains derniers détails entre l'Omah et la Confrérie. Certains membres de la communauté allaient tout de même se joindre à leurs efforts et cela nécessitait tout de même quelques préparations... Mais il ne faisait aucun doute dans l'esprit de ceux qui l'avaient croisée qu'elle serait prête dès qu'ils chercheraient à prendre la route.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Dinenda :
Détection (chouettes) --> 11(D20) + 4 = 15 --> Réussite

Les retrouvailles entre Lhämee et Azur’Aël si elles avaient été sobres n’en avait pas été moins chargée d’émotion. Il n’était pas difficile de sentir que se qui se passait entre ces deux là était fort. Puis les impératifs plus terre à terre reprirent leur droit. Et se fut le Ly’Aegisir des Conteurs du Naturel qui offrit des réponses aux multiples questions de l’ensorceleuse de Thüldae. Après tout, il avait été le chef incontesté jusqu’ici puisque le seul dirigeant d’une branche de la Confrérie. Cette fois, ils étaient deux et visiblement Azur’Aël semblait prendre naturellement la tête sur le barde. Mais cela n’empêcha guère le Vert d’organiser le groupe pour le déârt. En ce qui concernait Dinenda, pour l’heure il n’en avait cure, même si naturellement il ne lui déplaisait pas que la Gardienne des Mystères prenne les opérations en mains. Mais Olafr aurait beaucoup à lui dire. Prenant les affaires en main en cour de route, il fallait qu’Azur’Aël puisse disposer de tous les renseignements utiles à des prises de décision éclairée.

La réflexion au sujet de l’abandon de la broche du Loup Argenté avait tout son sens. C’était actuellement le seul moyen de pouvoir identifier à coup sûr l’identité d’un Gardien. Et voir celle de sa Ly’Aegisir briller d’un éclat vif-argent avait finit d’étouffer les inquiétudes de l’Innatho. Il n’y avait plus doute sur sa Ly’Aegisir et d’un seul coup le Teu’Tel’Quess sentit son cœur s’alléger d’un poids.

Un allègement qui ne dura pas très longtemps, l’annonce de modifier son équipement et notamment ses flèches. Ce n’était pas que l’ensorceleur était particulièrement à cheval sur ses possessions, mais il connaissait parfaitement son équipement. Le changer avant la bataille ne lui paraissait pas être une idée des plus judicieuses. Mais il était certain que s’il pensait à avoir l’utilité que quelques-unes de ses flèches, il baserait probablement plus son combat sur la magie et sur le corps à corps. Il ne dit donc rien à ce sujet. Tout comme, il ne répondit pas à la sollicitation de Lhämee sur la nécessité de dévoiler ses capacités. Que pouvait bien répondre l’elfe argenté ? Il était un ensorceleur capable de jouer avec le feu, il était aussi un combattant sans réelle technique qui basait sa survie sur son instinct et la puissance de ses coups. Il était le petit fils d’un dragon d’or qui lui avait laissé un héritage sans cesse grandissant. Il pouvait souffler des flammes, ou se laisser envahir par une sourde colère qui le rendait sauvage et imprévisible. C’était là qu’il devait mettre en garde ses compagnons, car lorsqu’il était dans cet état, il n’y avait plus vraiment d’amis ou d’ennemi. Jusque là, le dragon avait su faire la différence et par Corellon, il n’avait encore jamais blessé un frère, mais rien ne pouvait garantir que cela soit toujours le cas. La difficulté pour Dinenda était qu’il ne se connaissait pas vraiment lui-même et ne connaissait pas les limites qui étaient les siennes. Il lui était donc difficile de les donner à ses compagnons, aussi le Gardien des Mystères laissa la demande en suspend attendant de voir ce que les autres allaient dire.

- Myriam ? Qu’est-ce que j’en sais ? Je n’étais pas avec elle. Je suppose qu’il nous faut l’attendre, de toute façon je crois que notre druide n’est pas loin.

Le Gardien des Mystères pointa du doigt une partie du ciel où évoluaient les deux chouettes. En les regardant, Dinenda se prit à penser aux sensations que cela devait être de pouvoir voler. Quelle sensation de liberté Kerlomar devait-il ressentir ? L’ensorceleur se rappela sa chevauchée pour rejoindre Chênevrai. La vitesse, le vent sur son visage et ses cheveux, cela avait été une révélation pour lui. Alors voler dans le ciel devait être encore plus édifiant. L’espace d’un instant, il vit un dragon voler à la place des deux rapaces. L’ensorceleur changeait, sa peau venait de se recouvrir de fines écailles et qui savait ce qui pouvait encore évoluer en lui.

¤ Et si un jour je pouvais voler comme mon ancêtre ? ¤

Il secoua légèrement la tête pour chasser ses idées là et revenir sur la terre ferme. L’elfe lunaire prit un petit moment pour regarder autour de lui. La vie à Brisétoile poursuivait son cours. Le contraste entre l’état d’une excitation refoulée, d’une crainte refouler à la promesse d’une bataille contre les ennemis séculaires de l’ombreterre et l’écoulement d’une vie sereine où les villageois poursuivaient le cour normal de leur existence complètement extérieure à ce qui se préparait pour les Gardiens Sylvestres était assez paradoxale. Mais c’était également des plus motivants pour ce qui allait suivre. Une autre motivation venait d’un peu plus loin dans une forge où une charmante elfe frappait le métal. La dernière se trouvait à Thüldae où sa sœur Tazia suivait elle aussi sa destinée.

L’ensorceleuse plaisantait lorsqu’elle suggérait d’envoyer son sauvageon danser dans Outreterre. Elle connaissait très bien les dangers multiples que regorge cette contrée. Il y avait surtout leurs ennemis les plus redoutés : les drows. Leur cruauté et leur haine n’étaient pas une légende. Par réflexe, elle lui attrapa la main du barde de toutes ses forces pour le retenir, avant de lui lâcher avec une lenteur des plus tendres. Ce geste anodin voulait lui dire « reste avec moi, je ne veux plus te perdre ». La belle elfe avait plus de facilité à exprimer son affection par le toucher que par les mots, elle qui pourtant avait d’habitude une aisance dans la communication verbale. Le barde comprendrait il le message ? Le poids des responsabilités pesait de plus en plus sur les épaules de la frêle elfe de lune qui n’aspirait finalement qu’à vivre sereinement un bonheur simple. Mais au fonds de son cœur, elle savait qu’elle ne serait tolérée que le malheur s’abatte sur sa cité sylvestre alors qu’elle n’aura pas mis tous ses pouvoirs pour les contrer. Il fallait voir à long terme et être patient. Elle inspira fortement pour reprendre une posture digne, décidée à mener maintenant la mission jusqu’au bout.

Elle ne partageait qu’à moitié le point de vue du conteur naturel. Certes, se connaître mieux serait un avantage majeur pour mener les futurs combats. Après tout, la force des gardiens régnaient dans leur fraternité. De plus, il fallait tirer à profit le maximum des capacités de chacun. Par contre, elle serait intransigeante sur le port de la broche des gardiens sylvestres. C’était l’unique moyen à ses yeux de s’assurer qu’il n’y avait pas un imposteur parmi eux. Elle attendit le retour du druide pour exposer son point de vue. Il y a une chandelle, elle l’aurait enguirlandé comme jamais. Mais finalement, le bonheur de retrouver un frère gardien lui fit oublier sa mauvaise humeur, d’autant qu’elle fut piquée de curiosité par la magie druidique utilisée par Kerlomar pour se métamorphoser. C'est une des rares fois où elle entendait un animal parler. Le druide savait soigner ses entrées ! Elle l’accueillit avec un sourire, en inclinant le buste la main au cœur. Cela ne gêna pas du tout de s'adresser à Kerlomar métamorphosé en rapace mais fut tout de même heureuse de le voir reprendre forme humaine.

- Gardien des Feuilles, heureuse rencontre. Je venais de faire part à nos frères gardiens que ma présence avait été sollicitée pour l’accomplissement de la mission. J’espère que mon expertise en matière de magie pourra contribuer à son succès. Pour être directe, je fus étonnée de voir que vous aviez délaissé votre broche pour votre métamorphose. Il doit être pourtant possible de la garder même sur une autre forme. J’attache beaucoup d’importance à ce qu’on la porte car sa magie nous garantit qu’aucun imposteur ne peut nous duper. Je l’ai été une fois dupée, et sans l’intervention de Sehanine je serai morte par le fer d’une fausse gardienne, un démon Fey’ri qui peut prendre l’apparence de n’importe qui. Le conteur du naturel m’a tout de même fait remarqué que nous ne devons pas que compter sur la magie de la broche. Nous devons nous connaître comme des frères. Ila raison. Je sais que ce n’est pas chose facile de se dévoiler aux autres. Nous avons des doutes, des secrets et des peurs. Je propose donc de montrer l’exemple en commençant.

L’elfe de lune les invita à les suivre près d’un arbre dont la présence naturelle avait quelque chose de rassurant pour elle. Dos à l’arbre, elle s’assit en tailleur avant de commencer son exposé. Elle avait décidé de prendre l'initiative car elle avait vu dans les songes de Dinenda que celui-ci était hésitant à se dévoiler comme cela. C'était donc à elle de montrer l'exemple et peut être que cela serait pour elle aussi de délivrer une certaine confidence...


- Je suis une ensorceleuse dont la magie profane proviendrait d’un de mes ancêtres qui auraient été épris d’une fée aquatique. J’ai donc quelques dispositions pour les sorts liés aux enchantements, à la divination, à l’eau, l’électricité et la métamorphose. Je peux aussi me rendre invisible ou vous lancer un tel sort sur vous ou sur vos compagnons. Par contre, un tel sort se dissipe lorsque vous attaquez un ennemi. Je peux également dissiper la magie mais le résultat peut dépendre de la puissance que j’ai en opposition. Par force de travail, j’ai appris à appliquer de l’énergie du plan positif dans ma magie. C’est l’énergie qu’utilisent les prêtres pour repousser les morts vivants. Comme nous n’avons pas de prêtre parmi nous, cela pourrait s’avérer utile si nous devions rencontrer de telles créatures. Enfin, j’ai une force invisible qui veille sur moi, à qui je peux partager mon énergie profane pour me protéger ou me guérir. Cela peut vous paraître mystérieux ou étrange…C’est un lien fort et mystique que je partage avec la déesse des mystères. Sinon, comme vous pouvez le voir, je suis fragile comme une brindille et je fais une piètre combattante aux armes. Ma plus grande peur était de me transformer en loup garou car mon père était atteint de la malédiction lors de ma conception. Il est finalement peu probable que cela puisse m’arriver. La douce déesse Sehanine veille sur moi. Maintenant, j’ai une peur bien plus grande : c’est celle de perdre à jamais mon sauvageon parce que je l’aime…

Son regard d’émeraude, emprunt de tendresse malgré la force de son éclat, fixa celui du barde. Elle venait enfin de livrer ce qu’il pesait sur son cœur…


- A qui le tour, maintenant ?



Ce message a été modifié par Azur'ael le Lundi 02 Janvier 2017 à 13h09

Le vol avec sa proie dans ses serres, Kerlomar était prêt à laisser ce moment durer toute sa vie. Il avait trouvé sa voie, sa véritable nature. Il se sentait plus animal qu'homme, plus nature que civilisation, plus sauvage que domestique, plus proche de sa déesse que jamais. Il semblait cependant que certaines puissances voulaient qu'il garde son humanité car tout en volant il aperçut le groupe de la confrérie et très brutalement ses devoirs lui revinrent en mémoire. Ce fut avec un terrible déchirement au coeur qu'il comprit qu'il devrait mettre fin à ce moment de liberté pour retrouver ses chaines humaines et sociétales. Lâchant son lapin vers les premiers animaux sauvages qu'il croisa afin de ne pas gâcher la viande ni tuer juste pour le plaisir, l'homme-animal reprit son vol vers le groupe et se promit de remettre ça au plus vite, tant par envie que par réel besoin.

Se laissant tomber et transporter au gré des courants venteux, le druide se rapprocha du groupe pour finalement se poser juste au milieu. Regardant tout autour de lui sous sa forme animale, Kerlomar mit quelques secondes avant de reconnaître Azur'Ael Ombrelune, avec qui il aurait du partir en mission pour la Confrérie pour les Moonshae suite à une potentielle menace d'un dragon blanc. La mission avait tourné court, Azur'Ael avait été appelée ailleurs, Adémara et lui avaient du se battre pour sauver un autre membre de la Confrérie de ses ravisseurs avant de finalement rentrer en plein hiver jusqu'à Thuldae alors en plein conflit contre des Fey'ris. Puis lui s'était retrouvé à traverser un portail pour finir ici. Cela lui semblait si lointain, et pourtant ...

- Bonjour Azur'Ael Ombrelune, je suis très heureux de te revoir. Surtout après Eauprofonde et nos divers revers de fortune.

Kerlomar pouvait surprendre plus d'une personne. En effet, il était sous la forme d'une chouette, un rapace qui ne possédait pas la possibilité de parler cependant il discutait dans la langue des hommes sans aucune difficulté. La scène pouvait surréaliste et même pour le druide c'était difficile à croire. Il disposait désormais de nouveaux pouvoirs et il savait qu'il lui faudrait les appréhender et apprendre à les contrôler au mieux sous peine de se perdre complètement dans le maelström d'émotions et contradictions qui affrontaient en lui tout ce qu'il pensait être, savoir et connaître.

Kerlomar savait qu'il devait reprendre forme humaine, malgré tout cette impératif luttait bec et serres contre son envie de garder cette forme et de retourner dans la forêt. Cette lutte pouvait se voir, l'éclat du regard changeant plusieurs fois en fonction de ce qu'il ressentait. Finalement, il reprit forme humaine, se retrouvant totalement nu.

- Ah, cela n'était pas prévu. Quelu'un aurait il quelque chose pour me couvrir, je ne voudrai pas provoquer une indignation générale en restant en pleine ville dans une telle tenue.

Cependant le regard de Kerlomar était chargé de regret et de tristesse. Il sentait un poids titanesque sur ses épaules ainsi qu'un immense chagrin. Il avait l'impression qu'il venait de perdre une partie de lui même en reprenant sa forme originale.

Voyant qu'Elna avait ses affaires, il se dirigea vers elle et s'empara de ses vêtements qu'il enfila rapidement avant de remettre son armure et de tout remettre à sa place pour reparaître vêtu et équipé des pieds à la tête. Se mettant non loin de Azur, il se décida à suivre son exemple et à se présenter à ton tour.

- Et bien, pour ma part, je suis un druide et je tire mes pouvoirs de la nature et des dieux qui y sont associés. Je peux soigner, lancer des sorts offensifs comme altérant un individu. Je peux également me métamorphoser en animal et également en d'autres type de créatures même si à la vérité ce pouvoir est plutôt récent. Après je ne sais pas trop quoi dire de plus hormis que je suis originaire de cette forêt et que ce combat contre les drows est encore plus important pour moi.

Les réponses de Dinenda ne sonnaient pas clairement aux oreilles pointues de l’elfe sauvage. Il secoua la tête un peu déçu. Le barde avait décelé quelque chose d’enfoui. Le Vert pouvait comprendre sa réticence car en tant que Gardien des Mystères il ne devait pas être facile de dévoiler ses propres mystères pourtant il le fallait. Sa Ly’Aegisir directe lui ouvra la voix. Lähmee ne comprit pas pourquoi cette dernière lui pressa la main de cette manière sans rien dire. Plus sensible à la parole et aux sons Il comprit lorsqu’Azur’Ael se livra un peu plus tard sous l’arbre.

Mais pour le moment, l’arrivée du druide fut accueillie par différentes réactions. Le sauvageon ne put s’empêcher d’écarquillé ses yeux si souvent plissé. Un rire léger comme une feuille qui virevolte dans l’air sortit de la gorge du barde. Cela eu peut-être pour effet immédiat de dédramatiser les réprimandes d’Azur sur la broche même si elles étaient aussi amplement justifié pour le Ly’Aegisir des Conteurs du Naturel quoi que…
C’est donc ainsi que Lähmee, le rire léger, regagna sa belle. Pour le cœur pur il fallait attendre encore un peu.

Le sauvageon se trouva une branche où se poser comme le font les siens. De là il écouta la voix claire et mélodieuse de la lunaire qui remontait le long de l’arbre. Il ferma les yeux un instant se détachant de l’apparence physique de la voix. Un peu comme dans une rêverie il imaginait un peintre reproduire ce tableau d’avant bataille quand « «un que je l’aime » résonna sans prévenir. Il ne s’y attendait pas. L’elfe sauvage tomba de son arbre, de sa branche, se rattrapant par une acrobatie.

- Quand à moi je suis un elfe sauvage, fidèle au Feuillu, je grimpe aux arbres, j’ai le pied léger comme on dit par chez nous, je me cache, j’épis, je peux modifier mon apparence temporairement ou encore détourné l’attention par de l’illusion et des sons.
Je sais me servir d’un arc et d’une épée longue en dansant s’il le faut dans un style qui est propre à mon art. Je suis un barde, aux combat par les armes, j’inspire par mon chant mes alliés, vous serez plus précis et infligerez des blessures plus puissantes qu’à l’accoutumer. J’use de la magie avec parcimonie comme mon peuple, il m’arrive de le faire comme Azur pour l’invisibilité et pour apporter quelques soins sommaires. Oui nous nous complétons sur bien des points mais…mais…

Il la fixa intensément pour lui faire comprendre qu’il n’allait pas lui répondre immédiatement mais sans mot, on avait beau dire, un regard pouvait avoir tout un tas de signification aussi intense qu’il soit.

- Mais n’y a pas que le combat et pour arriver au bout de notre mission, il nous faudra bien d’autres talents, de l’aide, de la chance, je remercie Elna de nous accompagner ! Puisse la Seldarine nous venir en aide aussi ça ne sera pas de drows heu de trop. Huhu humour humain, que de hu, j’ai bien fait de m’orienter vers le chant et la danse.

- Je porte la marque bardique sur le cœur, j’ai des connaissances qui peuvent jalouser bon nombre de magiciens. Elles ont déjà démontré leur efficacité. Elles ne peuvent rien pour ces fichus portails, peut-être que cet Hermite oui, je n’oublie pas notre mission première. Huuuu, parler autant en commun me perturbe.

L’elfe sauvage continua en en langage sylvestre plus adapté aux lieux, à l’ambiance de la situation et à son phrasé. Il regarda tour à tour la petite poignée de gardiens. Il laissa Kerlomar s’exprimer à son tour avant de reprendre.

- Il ne se s’agit pas peut être de drows, il peut s’agir aussi d’elfe extrémiste ou encore d’un culte draconique, les possibilités ne sont pas aussi restreintes. Mes peurs sont justement basées sur la communication orale. Chez les Sy’Tel’Quessir il n’y a pas de transmissions écrites nous nous disons tous, c’est pour ça que je ne laisserais pas passer le moindre détail qui pourrait nous apporter des éléments de réussite de cette mission même si il vous coute de les dévoiler, je sais ce n’est jamais facile…

Le barde pensait que Dinenda allait lui répondre mais le barde rebondit sur les propos de Kerlomar. Le druide avait faire preuve de beaucoup de sagesse pour se dévoiler, dans tous les sens du terme, immédiatement après sa transformation. Tout était encore chaud, brulant, le Conteur du Naturel sentait une effervence dans le groupe de Gardiens.
Il n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer une telle prouesse de langage, ce don devait dater d’il y a très longtemps, lui qui prônait une communication plus étendues en était plus que satisfait. C’est exactement ça qu’il cherchait même, il ne s’attendait pas pour autant à ce qu’un druide sous sa forme animal soit capable de le faire. Il le rassura sincèrement.

- Peu importe la forme que tu revêtis, tu seras toujours un Gardien Sylvestre pour nous tous, ne l’oublie pas au contraire sert toi en, c’est ça ta propre nature en revanche la broche du loup peut poser un problème, Azur’Ael a surement prévu quelque chose pour ça ? Quand je vois tous ces animaux, je pense que la confrérie doit faire quelque chose dans ce sens. Imaginez, ils sont à nos côtés et peuvent surement eux aussi être pris comme cible d’une usurpation !

- Dinenda parle nous un peu plus de cette relation que tu as avec ta coshee. Ne me dis pas qu’on peut l’entendre aussi parler, chanter ou rire…

Le barde poussa un peu le lunaire à se livrer par le biais de son familier cela serait surement plus simple pour l’ensorceleur, il espérait amenait Dinenda à dévoiler aussi sa propre nature ou ces sentiment naissant. En tant qu’elfe, il devait être à même de comprendre ce qui se passait entre les deux Ly’Aegisir aussi. Et même si personne ne l’avouerait, tout le monde savait que c’était à double tranchant, un peu comme ces fichus portails.

Le Vert n’arrivait pas à trouver le moment opportun. La lunaire devait bouillir intérieurement. Ecoutait –elle vraiment ce que le vert disait. Il espérait que oui. Il laissa les autres s’exprimait tout en ne détachant pas ses yeux vairons des yeux émeraude de la lunaire. Le sauvageon était si peu doué pour interpréter le sens profond d’un regard, il avait perçu celui du druide quand il avait repris forme animal mais n’avait pas réussi à y mettre quelque chose, il connaissait moins les humains aussi.

- Vous voyez j’ai le rire léger et le cœur pur maintenant tout ce qu’il faut pour croire en nos chances de réussite. Est-ce que cela sera suffisant, j’en doute, il nous faudra bien plus mais je vous promets que je n’userais pas de sort d’invisibilité pour aller volait un baiser à Azur’ael Ombrelune, car oui moi aussi je t’aime…

Le barde voulait dire par là tout simplement qu’il ne voulait pas mêler ses sentiments à la mission. Du moins il essayerait, tout le monde savait que la sagesse ne faisait pas partie de ces qualités premières.

Les Gardiens Sylvestres ne cesseraient jamais d’étonner le jeune Teu’Tel’Quess. Non seulement le dévouement à leur cause était sans faille, mais la fraternité qui les unissait et qui faisait leur force n’était pas une simple illusion de l’esprit ou un mot trop souvent galvaudé, c’était une réalité profondément ancré au sein de chacun d’entre eux. Dinenda ne s’attendait pas à ça lorsqu’il avait rejoint la Confrérie. Désireux de défendre les intérêts de la nature, il avait été surpris de trouver une famille unie et pourtant toujours accueillante. Aujourd’hui, il faisait pleinement parti de cette famille. Il savait maintenant que malgré ses transformations, il serait toujours un enfant de Thüldae. Alors pourquoi éprouvait-il tant de mal à se livrer à ses frères et sœurs ?

Tous s’étaient livrés sans retenue ou fausse pudeur. Il avait bien compris avec les allusions à peine voilées de Lhämee que son silence n’était guère passé inaperçu. Il lui fallait maintenant se plier à la demande du groupe. Mais par où commencer ? S’était assez troublant, mais la présente demande lui fit ouvrir les yeux : Il se connaissait à peine lui-même.

Si son trouble pouvait être perceptible pour le groupe tout entier, il l’était encore d’avantage pour son familier qui vint se frotter contre lui en signe de soutient. Instinctivement les yeux perdus dans le vague de la brume de son esprit, il posa sa main sur la tête de Dharasha et la caressa. Le contact était rassurant et salutaire pour l’elfe lunaire. Jusqu’à ce que Lhämee enfonce le clou. La cooshee ne pouvait pas parler le commun, ni le comprendre, mais Dharasha et lui pouvait parfaitement se comprendre et dialoguer. Et si elle n'avait pas comprit ce que le Vert venait de dire, elle avait parfaitement saisi les émotions de Dinenda et elle savait alors que l'on parlait d'elle. Levant sa grosse tête aux longues oreilles elle regarda l'innatho en inclinant légère sa tête de gauche à droite, d'une façon qui lui donna un petit air comique.



- Non Lhämee ; tu ne pourras pas l’entendre parler ou rire, ou plutôt si tel était le cas, tu ne pourrais pas le comprendre. Mais elle et moi pouvons parfaitement discuter ensemble oui. En plus, le lien qui nous unis nous permet de pouvoir user de télépathie sur des distances assez grandes. Je ressens et je sens tout ce que Dharasha ressent et peut sentir, même si pour l’odeur, je ne suis pas forcément capable de faire le tri dans tout ce qu’elle peut sentir pour en isolé une odeur particulière. Mais grâce à elle je vous ai déjà tous senti et autant vous dire que, aussi propre que vous soyez, vous avez tous une odeur bien particulière.

Dinenda se surprit à sourire alors qu’il n’en avait pas réellement envie quelques secondes plus tôt. Il poursuivit en parlant de sa fille. Cela restait bien plus facile que de parler de lui.

- Dharasha et moi sommes extrêmement lié par un lien magique qui nous unis l’un à l’autre. Croyez-moi, elle une chasseuse hors paire et une fouineuse gourmande aussi d’ailleurs. Ne vous fiez pas non plus à sa belle tête, car c’est aussi une combattante qui vous ouvre le ventre d’un seul coup de patte ou vous déchire la gorge d’un coup de gueule. Certains disent qu’un cooshee vaut cinq orques au combat. Ce n’est sans doute pas tout à fait vrai. Mais lorsque vous la verrez charger, imaginez-vous un instant au point d’impact. Ne voyez pas en nous le maître et sa suivante. Il faut nous voir comme des amis, des parents d’égal à égale. Elle est bien assez intelligente pour savoir quoi faire et je respecte son libre arbitre, tout comme elle respecte le mien. Là aussi il s’agit d’amour, mais pas comme celui qui vous uni Azur’Aël et Lhämee. Il s’agit plutôt de celui d’un père à sa fille, du frère à sa sœur.

Le visage de l’Innatho reprit un air plus sombre et sérieux et son regard se dirigea vers le sol lorsqu’il baissa la tête. Dinenda le savait il n’y couperait pas, il fallait maintenant qu’il s’ouvre aux autres sans rien cacher. La seule personne à qui il en avait parlé était la Gardienne du Cœur des Mystères Nil’Garith. Outre Dharasha à qui il ne pouvait rien cacher, mais qui avait sa propre perception de tout cela, la Ar’Tel’Quess était la seule au courant. Les changements physiques qui s’opéraient chez Dinenda n’avaient que très peu d’intérêt pour la cooshee, car elle était connectée directement sur l’esprit et l’âme du gardien des mystères et eux ne changeaient presque jamais sauf dans un cas bien précis.

- Qui je suis… ce que je suis… je ne le sais pas encore vraiment moi-même. J’étais un un Teu’Tel’Quess ensorceleur. Mais aujourd’hui qu’en sais-je ? Il semblerait, où plutôt maintenant cela est avéré que je sois… hum… non. J’ai en moi du sang de dragon, il parait que cela peut-être assez commun chez les ensorceleurs, mais cela va au-delà la manifestation de pouvoirs magiques chez moi. Kerlomar aussi impressionnante soit ta transformation, tu restes un humain. Azur tu peux changer de forme pour un temps donné, mais tu restes intrinsèquement une elfe de la lune. Lhämee, tu peux disparaitre temporairement, mais tu restes un Sy’Tel’Quess. Moi, je change vraiment. Cela reste moins impressionnant. C’est plus lent, mais je ne suis déjà plus tout à fait un elfe de lune et je ne sais pas vraiment ce que je risque de devenir.

Le Gardien des mystères releva sa manche pour exhiber à la vue de tous, les fines écailles qui recouvraient maintenant ce qui avait été une peau fine et douce.

- L’héritage du dragon d’or qui s’est lié à ma grand-mère, pour une nuit, une partie de sa vie… je n’en sais rien m’a fait ce « cadeau ». Je ne sais pas encore si je dois le qualifier de malédiction ou de don. Je ne sais pas non plus jusqu’où iront ces changements. Ils se révèlent peux à peux. Ma magie vient de là, et semble-t-il, quand je fais appel à elle c’est en draconien. Je dis semble-t-il, car c’est ce que l’on m’a dit. Mon esprit laisse la place au dragon qui sommeil en moi. J’ai l’initiative de vouloir faire quelque chose, mais à ce moment là, je ne maîtrise pas ce qui s’opère vraiment. Je sens les énergies de la Tapisserie, je sens que je la modèle pour en obtenir un sort, mais comment je fais ça… je n’en sais rien. Sans doute, encore un héritage draconique, mais je joue principalement avec le feu de façon offensive. Je peux créer des sphères en fusion et les propulser sur mes ennemis, lancer des projectiles magiques, mais aussi manipuler de petits objets à distance ou devenir plus fort en puisant dans la force du dragon. Mais là ne réside pas ma véritable utilité pour notre groupe.

Cette fois, Dinenda releva la tête et prit le temps d’aller chercher le regard de chacun de ceux qui participait à cette petite réunion informelle. Ce qu’il allait leur dire était d’une grande importante pour ce qui allait suivre et il fallait mieux que chacun en soit conscient pour éviter un accident.

- Je suis un combattant, ma lame à la main j’affronte l’ennemi au corps à corps, les yeux dans les yeux. Je n’ai pas de techniques apprises par de longues heures d’entraînement. C’est comme pour ma magie, j’agis à l’instinct et il parait que je frappe plutôt fort. Jusque là, tout va bien, mais si je suis en difficulté, alors le dragon prend le contrôle. J’ai fini par appeler ça la rage du dragon. Sans en avoir réellement Je deviens alors une véritable bête sauvage qui n’achève le combat qu’après la mort de tous mes ennemis. En fait, je ne suis réellement là, mon esprit n’y est plus en tout qu’à et il n’est pas rare que je ne me rappelle pas de ce qui se passe alors. Ceux qui m’ont déjà vu dans cet état second m’ont dit que mes yeux changeaient pour prendre la forme et la couleur de ceux d’un dragon d’or. Dans ces moments là, il faudrait mieux vous tenir à distance de moi. Jusqu’à présent le dragon n’a jamais blessé un ami, mais je serai bien incapable de pouvoir l’assurer. Donc, il serait plus sage de ne pas tenter la chance, si vous en avez le choix. Ha, oui tant que j’y suis dans les moments de rage, je ne parle que le draconien, quand à vous certifier que je peux comprendre autre chose, je n’en sais rien. Alors si l’un de vous maîtrise cette langue, qu’il s’en rappelle ne sait-on jamais.

Voilà, ça y était. Maintenant tout le monde allait le prendre pour un monstre. Dinenda ne s’était jamais révélé de la sorte et il s’attendait maintenant à en payer le prix. Et tant qu’à faire, monstre pour monstre.

- Ha oui, une dernière chose. .iosf osl roshcërc osd ussië osvurrë’o lu, hum il m’arrive aussi de cracher le feu.

Maintenant qu’il s’était mis à nu, non pas au sens propre comme Kerlomar, mais certainement plus nu qu’il ne l’aurait été en sortant du Miroir d’Argent de Thüldae. Dinenda avait besoin de reprendre constance et comme il avait prit l’habitude dans les moments de doute, il trouva ce réconfort immédiat dans la fourrure brune et verte de la cooshee qui sentant son trouble, sans vraiment le comprendre, le gratifia de savants coups de langue qui ramenèrent un léger sourire sur le visage du monstre.

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