Le monastère perdu, Prisonnier du désert

'Ahl répondit sèchement face à la réaction du demi-elfe aquatique. "Chacun est libre de ses choix! Mais je refuse de mettre ma vie en danger pour préserver celle de gars qui réagissent comme des sauvages..."

- Mais si tu préfères rester avec eux, tu n'as qu'un mot à dire!!! Avec un peu de chance ils t'oublierons, sinon ils te rouerons de coups comme ils sont déjà en train de le faire entre eux! Avait ajouter toujours sèchement le prêtre vengeur après avoir laisser quelques secondes passer.

a dureté de l'elfe en noir montrait qu'il était prêt à tout, tel un survivant. En cela, il aurait dû comprendre l'attitude de la plupart des esclaves... Lui, à cet instant, ne venait pas de sortir de jours et de jours d'entrave, à marcher vers une mort certaine... Mais rien ne servait d'argumenter. Voyant les dégâts occasionnés par la "folie" qui avait suivi la libération, il dut reconnaître que c'était un danger de plus. Pourtant, il ne put se soumettre à la fatalité, sans une dernière tentative...

- Ils ne savent peut-être pas... Ce ne sont que de pauvres hères qui ne veulent pas mourir... Toi, tu es un guerrier, tu sais... Organises les... Tu les as sauvé, ils obéirons... Puis, dans un souffle, car tous ces mots lui avaient pris la faible part d'énergie qu'il avait retrouvé grâce à l'eau offerte : "... Même si ce ne sont que des humains..."

Ces propos ne correspondaient pas à son état d'esprit, mais - et il n'aurait su dire pourquoi, simple intuition - il lui semblait bien que c'était une des raisons qui rendait l'elfe en noir si dur à leur égard... "Je te suivrais..."

ris d'une euphorie générale, les esclaves s'étaient jetés sur les caisses de ravitaillements comme des chiens affamés... Bien que cela fut douloureux, un sourire naquit sur ses lèvres desséchées du nain. Malgré la faim, Gnarmik alla s'isoler un instant pour aller murmurer face à la mer de sable quelques prières pour son Dieu, espérant qu'une légère brise emporterait ces quelques mots jusqu'à lui. Il ne tarda pas ensuite à se restaurer en eau et nourriture auprès de ses compagnons affamés. Le bonheur d'une liberté fraîchement acquise s'envola lorsque le guerrier rappela la dure vérité qu'est celle de la vie dans le désert. Toutefois, ils sont libres et tout espoir est désormais permis. Écoeuré par la proposition du semi-elfe, Gnarmik se releva et se dirigea vers son 'sauveur'.

- Écoute mon gars, il est clair que sans ton aide nous serions encore tous enchaînés en train de mourir à petit feu sur le sable. Mais il est hors de question qu'on abandonne ces pauvres gens ici! Tu n'as pas connu l'enfer qu'on a vécu alors que tu buvais à ta soif, tu ne sais pas ce que c'est que de devoir tirer une charrette comme des boeufs sous un soleil qui te brûle la peau avec une misérable goutte d'eau comme ration journalière. Marcher pieds nus sur un sable qu'on eut dit fait de braises! Tu ne sais pas ce que c'est que de se réveiller encore plus affamé et fatigué que la veille sachant qu'aujourd'hui encore tu devras endurer l'enfer. Tu ne sais pas ce que c'est que de se coucher sans savoir si tu te réveilleras le lendemain... Le nain se détourna du semi-elfe un instant, se mordant les lèvres de colère.

- Pourquoi nous as-tu aidé pour ensuite nous abandonner, alors que tu as déjà tout perdu...?

Cherchant de regard les fameuses perles de l'elfe aquatique, la fatigue poussa Fran'k à réfuter une demande si "futile" dans la situation générale. Néanmoins, elles semblaient avoir plus de valeur que la vie de l'étrange créature qui y tenait...

Ayant remarqué, lors du combat contre le geôlier, que les compétences de l'autre combattant se basaient sur des mouvements rapides et placés en vue d'affaiblir le plus rapidement possible, il en avait conclu que celui-ci était un roublard. Ainsi, le cherchant du regard, et d'un ton légèrement sarcastique, il lui cria dans la cohue générale : "Hey, l'Ami... Pourrais-tu trouver des perles dans ce désert?" Un sourire ironique s'affichait clairement sur son visage, mais la vue distante des esclaves en pleine lutte pour certain le ramena promptement à la réalité.

- La créature semble avoir besoin de ces perles, plus que de nous même... Pourrais-tu fouiller les alentours? Les propos du nain paraîssaient un peu déplacés pour Fran'k, nul doute que ce premier était épris d'une bonté trop lourde à porter sur ses larges épaules.

- L'elfe nous a montré sa valeur au combat, et cherche à venger le sort que nous avons subi. Je le suivrai dans sa quête; si tu n'es pas avec nous, tentes de survivre avec les déments qui se mutinent derrière toi... Mais je doute que tu leur survivent longtemps; alors aide nous plutôt à trouver ces perles avant que nous ne partions.

- Il semblerait, de par les propos tenus à ton égard, que tu sois désigné d'office comme chef du groupe!" Dit Fran'k en se tournant de nouveau vers l'elfe qui portait cette faible créature. Un large sourire de satisfaction se dessinait sur le visage calciné de Fran'k: il n'aurait pas la responsabilité de ses compagnons, et il pourrait accomplir son devoir avec ceux-ci. Il n'en demandait pas tant et Hoar non plus! Il se mit donc à fouiller les environs tant bien que mal...

Il croyait savoir où étaient ses possessions. Il avait vu un des tortionnaires trier divers objets pour les ranger dans un des chariots, aussi montra-t-il à l'elfe en noir une direction...

- Là... Dit-il en tendant son doigt vers l'un des chariots. "...Peux-tu me mener, ami... Je les trouverais... Je... Je... vais pouvoir marcher sous peu. Je sens... L'eau m'a fait du bien... Merci... Et je dois prendre mes armes... Si je veux pouvoir t'aider... Payer ma dette..."

Tout le monde ici semblait être prêt à lui filer des bâtons dans les roues. Voilà que l'elfe d'eau et le nain s'occupaient maintenant de vouloir sauver tout le monde... Heureusement, le semi-elfe et l'humain semblaient penser comme lui. G'ahl regarda le nain puis, dans un souffle méprisant lui répondit.

- Ne me dis pas que le soleil se lève à l'est, je le sais déjà! Je vous ai vu souffrir et c'est pour ça que je vous ai libéré. Puis se mettant plus près encore du petit barbu il se pencha pour que son visage s'approche plus encore de celui du nain. Mais ne me parles pas de ce que je sais ou pas des souffrances, tu ne sais rien de moi! Sa voix devenant de plus en plus incisive il s'adressa aussi à l'elfe d'eau sur ses derniers mots.

- Humains ou pas je m'en moques... Je vois juste qu'ils agissent comme des loups qu'on lache au milieu d'un troupeau de moutons, et qu'ils risquent de tous nous faire tuer! Sans un mot il se dirigea vers l'endroit que lui indiquait le demi-elfe aquatique, et le déposa afin qu'il recherche son paquetage. D'une voix plus douce il continua à parler.

- Si je suis venu vers toi l'aquatique, c'est car tu n'as pas agi en animal, pas parce que tu es de mon sang, je voulais que tu le saches!!! Ensuite d'une tape amicale sur l'épaule, il rejoignit l'humain et le nain.... et répondit à Fran'k.

- Je ne suis le chef de personne. Je vous propose juste un chemin... Il regarda à nouveau les autres esclaves se jeter comme des acharnés sur tout ce qui était à leur portée et son visage se ferma à nouveau. Nous ne devons pas trop tarder, rester ici deviens trop dangereux !

- Non j'ai fouillé tout c'est chariots un par un et il n'y a rien de valeur, ou plus rien de valeur dessus, je peux l'assurer... Mais si ces perles ont de la valeur, les prêtres ont du les garder sur eux et personne ne les a encore fouillés.

Shait était revenu vers le groupe à bout de souffle, lui aussi était épuisé pas autant que l'elfe aquatique qu'il venait de découvrir, mais autant que ses compagnons et que les anciens esclaves déchaînés et le terme déchaînés étaient à employer dans tous les sens du terme. Le voleur avait retrouvé son arc qu'il avait laissé dans un chariot, il le tenait fermement et à son air sévère et inquiet on pouvait comprendre que son absence de quelques minutes avait été mouvementé et que s'il ne c'était pas battu tout à l'heure contre le demi-drow prouvant par là même sa valeur au combat, certain des anciens esclaves ne l'auraient pas laisser se servir autant. Aérie voletait au dessus de lui portant difficilement autour du coup une lourde gourde humaine semblable à celles de G'Ahl et qui pouvaient contenir jusqu'à deux litres d'eau.

- Alors voilà ou j'en suis, je n'ai pas pu trouver grand chose car il ne doit plus rester grand chose dans cette maudite caravane... Néanmoins, les trois gourdes sont remplies ainsi que ma propre outre d'eau. Si nous comptons les deux grosses de l'elfe et celle du moine sur lesquels il nous faudrait faire l'appoint car elles sont bien entamées. En disant ces derniers mots, l'elfe regardait la trace que faisait toute l'eau répandue sur le sol et qui avait servi à réhydrater le demi-elfe bleu.

- Tout cela réunit nous fera douze litres d'eau, il faudra sans doute en compter un tiers pour maintenir en vie notre compagnon à la peau reflétant la mer... Il nous restera donc un peu plus d'un litre et demi chacun. Aérie n'est pas à négliger dans le partage de l'eau car avec la chaleur du désert qui nous attend demain, je crains que ses ailes diaphanes ne s'en remettent pas s'il a n'a pas une part égale à la notre... Pour la nourriture j'ai tenté de remplir un sac à dos mais la encore il ne faudra pas espérer se sustenter.

- Je pense qu'il faut partir maintenant avant que les autres ne s'aperçoivent de leur bêtise et décident de nous reprendre la nourriture qu'ils se sont évertués à gâcher en quelques minutes... Il nous faut je le crains continuer vers le nord et vers ce monastère car à moins de tenter notre chance dans le désert et prier pour rencontrer une oasis aucun autre choix ne se pose à nous. Shait avait pris sa décision, le sort de chacun était tracé et lui préférait mourir en se battant que mourir de soif ou poignardé dans le dos pour une dernière gorgée d'eau. Il vit la mine renfrognée du nain mais il n'en avait cure, son instinc lui dictait de quitter le campement zhent au plus vite. Le voleur trottina jusqu'aux cadavres pour tenter de retrouver ces fameuses perles...

G'ahl regarda Shait et l'écouta exposer la situation. Il était inquiet et son essouflement traduisait bien le comportement agressif des autres anciens prisonniers. D'un hochement de tête il acquiesça aux propos du demi sang, et ajouta - comme s'il était réticent à dévoiler cette information - d'une voix assez basse pour que seuls ceux qui allaient l'accompagner l'entendent.

- Si nécessaire, je peux prier Shevarash afin qu'il m'accorde le pouvoir de créer de l'eau... Nous seront sans doute plus inquiétés par la nourriture à vrai dire! Allons y maintenant.

L'elfe regarda autour de lui pour vérifier la présence de chacun et savoir s'ils étaient prêt puis il regarda l'elfe aquatique - que l'eau avait apparemment requinqué et qui était un peu plus loin... Il lui fit un signe rapide l'invitant à les rejoindre au plus vite. Shait semblait prêt à partir, tout comme la petite fée et l'humain. D'un regard tendu, il incita le nain à prendre sa décision rapidement, chacun était libre de rester s'il le voulait.

Faisant craquer sa nuque de gauche à droite puis agitant les bras de haut en bas, Fran'k ne supportait plus l'attente. Il se demandait s'il faudrait vraiment retrouver les perles ou s'ils pourraient lever le camp rapidement.

- Je suis d'accord avec vous autres, nous devons partir aussi vite que possible; le soleil sera notre pire ennemi... Fran'k fixait la créature qui avait tant besoin d'eau d'un air inquiet et coupable.

- Je ne vous cache pas que si nous devons mener une marche vers un monastère Zhent, nous avons tout intérêt à nous hâter avant de manquer de nourriture. Puis s'adressant à la fameuse créature: "Seras-tu un poids? L'elfe semble te porter de l'affection; j'espère qu'il te reconnaît également des qualités utiles de combattant!"

Fran'k savait que sa personnalité était fondamentalement égoïste et que la plupart de ses nouveaux compagnons pourraient penser de lui qu'il était malfaisant. Lachant la créature du regard, il se tourna vers les autres en souriant le plus chaleureusement possible: "Je m'appelle Fran'k, il serait mieux que nous nous appellions par nos prénoms désormais je pense! Et toi le nain?!"

Perdu dans ses pensées, Gnarmik ne fit pas attention à la question de l'humain au mantel rouge. Il fixait les ex-esclaves... Un bien triste tableau se dressait devant lui : tous plus crasseux les uns que les autres, les humains dévoraient les rations comme des loups affamés, car c'est tout ce qu'ils étaient en cet instant précis, des bêtes prêtent à tout pour survivre. Le coeur déchiré, une larme perla le long de sa joue pour disparaître dans son abondante barbe, il se rendait compte que l'elfe avait raison... Ces humains étaient déjà morts... Le nain alla récupérer son équipement, puis regarda l'horizon où l'on voyait déjà les contreforts montagneux. Gnarmik était prêt à partir...