Le monastère perdu, Prisonnier du désert

e restaurant auprès de ses compagnons de souffrance, Fran'k fut empli de satisfaction à l'entente de la retrouvaille des équipements confisqués. Prenant son temps pour accèder à la caisse, il prit son équiprement qu'il s'était procuré pour son voyage vers le Nord. Son estomac s'était habitué à de faibles rations de nourriture; aussi, remarquant l'esclave recroquevillé, il lui porta par la même occasion le reste de ses vivres.

- Nous avons tous besoin de récupérer des forces, tiens... Tu devrais te joindre à nous près du feu; je n'arriverai pas à dormir de toutes facons, mous pourrions entendre les histoires de chacun et peut-être lier amitiés?

Sans attendre aucune réaction de la part de l'être étrange qui gisait dans le sable, il sourit en lui tendant le bras : "Je m'appelle Fran'k, viens te réchauffer près des autres."

ais l'individu étrange à la peau légèrement bleutée demeura sans réaction, ne répondant nullement aux propos de l'homme : il était plongé dans un profond sommeil ! Malgré la froidure de la nuit, il semblait dormir, pelotonné dans une position fœtale, insensible à tout ce qu'il l'entourait, semblant parti dans un autre monde auquel personne n'avait accès... Il ne répondait à nul stimulus, que ce soit la voix, le toucher...

hait se releva brusquement le torse bombé, il avait l'air plutôt inquiet, certainement plus inquiet que l'homme aux vêtements rouge qui était parti récupérer son équipement. En effet l'allégresse faisait maintenant place à la folie et la nourriture ainsi que l'eau potable était gaspillé négligeamment. Tout comme l'elfe le voleur avait compris que leur sort était loin d'être enviable, ils étaient perdus au milieu de nulle part et que dans ce désert, personne ne saurait situer précisément où se trouve les points d'eau et les oasis nécessaire à leur survie. Même pour ceux par lesquels ils étaient déjà passés et sortir du désert pouvait prendre des semaines voir des mois si on se perdait et dans ce cas c'était la mort assurée sans eau...

- Ils sont tous devenus fous!? Il faut réussir à sauvegarder de la nourriture et surtout de l'eau, sinon ce désert sera notre tombeau... J'ai bien peur que l'on ai même besoin de se battre contre ceux que nous venons de libérer, s'ils s'entêtent ou s'ils ont soif demain... La peur de la mort faisait réfléchir le voleur rapidement et avec une froideur qui lui glaçait le sang. Les yeux écarquillés il se tourna vers G'Ahl mais s'adressa à tout ceux qui se trouvaient autour du feu, serrant un peu plus fort sa dague.

- Il est déjà trop tard... Il faut quitter cet endroit au plus vite, en petit nombre nous avons peut-être une chance de nous en sortir, à vingt, c'est la mort qui nous attend ici... Arrêtez de boire, l'eau nous est comptée dès à présent, les prêtres ne pensaient pas revenir de lieu où ils allaient. Regardez, ils avaient emmené toutes leurs affaires. Il n'y aura jamais assez de nourriture pour que tous, nous quittions ce désert. Il fallait agir vite sinon il ne resterait bientôt plus rien. Shait rassembla les gourdes à moitié vide et courrut pour trouver un moyen de les remplir avant qu'il ne reste rien...

uis tout avait commencé à dégénérer, les anciens esclaves commençaient à faire n'importe quoi et d'ici peu tout ceci risquait fort de finir en un nouveau bain de sang. Acquiesçant aux propos de Shait, l'elfe commença à son tour à amasser de la nourriture et de l'eau afin de préparer un voyage. S'ils voulait survivre, il ne devait pas rester seul, mais il ne devait pas non plus partir avec plus de quatre ou cinq personnes... Ce serait trop risqué!

- Mes maîtres? Ils n'ont jamais été mes maîtres! Avait répondu sèchement G'ahl au voleur. Alors qu'il cherchait, l'elfe remarqua l'esclave - ou l'ancien esclave - à la peau bleutée que le seul humain encore lucide, Fran'k, venait d'aborder...

¤Par les dieux! Un elfe des eaux... Mais que fait-il ici?¤ Sans hésiter un seul instant, le prêtre se rua sur l'elfe aquatique et l'examina...

- Il a sans doute besoin d'eau... Il est complètement déshydraté! Sans même penser à sa propre survie, G'ahl prit sa gourde et commenca à verser un peu d'eau sur le visage de l'elfe, puis lentement il le força à boire continuant de son autre main à humidifier les épaules du pauvre bougre. "Tiens le coup mon gars... Et bois! N'hésites pas!"

e soleil! Un désert à perte de vue... La chaleur suffocante qui brûle ses chairs et ses poumons... Rien d'autre que lui marchant sur ce sable incandescent... Depuis combien de temps? Il n'aurait su le dire. Il avançait, sans savoir où se diriger, seulement habité par l'unique pensée de sa propre mort s'il s'arrêtait d'avancer... Qui était-il? Il ne le savait. Mais ce monde hostile n'est pas le sien... Et puis tout à coup, comme par miracle, la pluie! Une pluie bienfaisante qui nettoie son corps et son âme, une pluie protectrice qui le recouvre comme une mère choyant son enfant de sa douce présence... Une pluie mystérieuse apparue comme par enchantement alors qu'aucun nuage n'est présent dans un ciel bleu... Bleu comme la Mer! La Mer... Puis tout à coup ses yeux s'ouvrirent : le soleil tyran avait disparu, il était dans la nuit, soutenu par un homme en noir qui l'encourageait, humidifiait son visage, son corps, le poussait à boire... Tel un noyé qui chercherait sa dernière bouffée d'air avant de sombrer, il avalait goulûment le précieux liquide, sentant immédiatement le bienfait qu'il produisait sur son organisme, repoussant une partie de la fatigue accumulée...

- Merci... Ami... Il but autant qu'on veuille bien lui en donner, tant il avait été longtemps privé... La blancheur cadavérique de sa peau recouvrait peu à peu un très très léger bleuté prouvant que le liquide avait un effet bienfaisant. Il commençait à pouvoir bouger... Même si - comme les autres prisonniers - la fatigue demeurait, du fait du traitement subi, il pouvait désormais de nouveau se mouvoir, réfléchir... Très légèrement sourire! Il était encore faible, incapable de marcher seul, mais il vivait... Il vivait!

'elfe reprenait des couleurs, petit à petit, alors que l'eau qu'il avalait goulûment appasait ses souffrances et sa faiblesse accumulée. G'ahl avait déjà entendu parler de ses frères des eaux. Ils étaient de nature bonne et vénéraient eux aussi la seldarine - d'après ce qu'on lui avait dit - et le simple fait de voir un de ses frères à la peau bleue enchaîné ainsi par ces pourritures de cyristes faisait monter en lui une rage encore plus profonde!

- Saloperie de prêtres maudits! Ils sont aussi maléfiques que ces drows de malheur! Comment peut-on traiter un être vivant de cette manière? Ce sont des démons! Ils ne méritent que la mort! C'est un elfe comme moi, mais il vit habituellement sous l'eau! Si tu l'avais amené auprès du feu tu l'aurais achevé en quelques instants! Ajouta G'Ahl en se tournant vers le moine.

Il vit enfin la peau du demi-elfe reprendre une teinte plus bleutée, qui malgré son aspect bizarre semblait mieux correspondre au personnage... Regardant le campement en ébulition, il fixa quelques instants les corps des cyristes et lâcha. "Récupérons leurs capes et leurs armures... Nous seront plus discrets ainsi!"

Sur ces mots il se dirigea vers le corps du demi-drow qui était le seul de son gabarit et de celui du demi-elfe aquatique, et lui retira sans ménagement son équipement pour le donner à son frère de sang. Puis sans hésiter, il le souleva et le prit tant bien que mal sur son épaule.

- On se casse d'ici avant que ces barbares n'oublient a qui ils doivent la vie. G'ahl regarda le voleur, le moine puis le nain cherchant à les voir acquiescer puis dit simplement : "On y va!"

¤Espérons que nous ayons accumulé assez d'eau et de vivres... Ce cousin des elfes de la mer en plein desert ne va pas nous aider j'en ai bien peur.¤

e sentant soulevé et supporté par l’homme en noir, il tenta de se remettre sur pieds pour alléger le fardeau qu’il savait être. Par contre, quand il entendit qu’il était question de partir, son esprit s’agita : " Mes aff... Mes affaires... Aaaarrrrggghhhh... Mes perles, je dois trouver mes perles... J’ai des armes aussi. Je vais... Vais aller mieux bientôt... Je pourrais aider... Mais les autres? Pas abandonner... Naufragés comme nous!"

Et il sembla tout à coup fléchir de nouveau ; la tête lui tournait, une ombre voilait ses yeux : avait-il présumé de ses forces?

nspiré par l'esprit de camaraderie des deux elfes, Fran'k fut emplit d'espoir. Il avait pu se restaurer, récupérer ses affaires, et semblait avoir finalement des compagnons de route de valeur. Peu lui importait désormais le sort des autres esclaves. ¤Car chacun est maître de son destin, ce, tant que la Vengeance n'a pas lieu d'être¤

- Tu as raison l'elfe, je te suis... Affichant un sourire de satisfaction, il commenca à marcher auprès de ses nouveaux compagnons, mais une chose le tourmentait...

- Vous savez, ces esclaves gloutons n'auraient pas été la seule plaie dans ce désert... Des dizaines de tribus nomades patrouillent en suivant la route du Zhentarim, ils nous attaqueront à vue s'ils repèrent ces tenues... Cependant, il nous faut choisir notre ennemi, et les nomades possèdent une noblesse que les Zhents ne peuvent concevoir... Qu'en pensez vous? Par où partir? L'un d'entre vous sait-il vers quelle destination nous nous dirigions?" Toutes ces inquiétudes rassurèrent Fran'k, qui semblait finalement recommencer à agir normalement, il était fin prêt à reprendre sa mission. Sa vengeance devrait attendre, mais elle viendrait tôt ou tard.

algré sa faiblesse extrême, l'elfe d'eau réussit à prononcer quelques mots et G'ahl trouva étrange qu'un être à la limite de la mort se soucie tant de quelques perles, de ses biens matériels! Puis l'idée lui vint que ces perles n'étaient peut-être pas ce qu'il pensait. Un moyen pour l'elfe d'eau de s'hydrater peut être! Ça semblait tellement important! Hélas, il était déjà avec son fardeau sur les épaules et ne pouvait se permettre de farfouiller maintenant! Alors l'humain vint à ses côtés et lui apporta son soutiens. Acquiesçant, G'Ahl en profita pour lui demander!

- Pourrais tu chercher les 'perles' de ce malheureux? Ça semble important pour lui! Rien n'est à négliger ne crois-tu pas? Puis, alors que lui même cherchait des yeux les affaires potentielles de celui qu'il portait, il répondit aux questions du moine.

- Tu as certes raison! Restons habillés comme nous sommes, mais prenons tout de même ces affaires dans un sac...elles pourraient servir tôt où tard! Puis Fran'k posa une dernière question et d'un ton amer et empreint de colère, l'elfe répondit.

- Pour ma part, je vais là où ces pourris devaient se rendre avant qu'on ne les tue... Leur temple s'est peut-être associé avec des drows cherchant à faire leur nid à la surface! Il est démon devoir de tuer tous ces traîtres à peau d'ébène... Si vous voulez me suivre, sachez que vous risquez de mourir! Dans le cas contraire, allez où bon vous semblera! Sur ces mots il continua de chercher des yeux les affaires de l'aquatique.

ertes, il était faible. Il ne pouvait encore marcher seul. Mais son ouïe n'était pas éteinte pour autant et les propos échangés le dérangeaient au plus haut point : comment ces êtres qui avaient fait preuve de tant de courage en affrontant leurs bourreaux pouvaient-ils ainsi parler d'abandonner les autres prisonniers? Était-ce leur faute à ces derniers de ne penser qu'à survivre après les brimades qu'ils avaient enduré? Leur avaient-ils seulement demandé s'ils voulaient se joindre à eux? L'elfe en noir parlait d'aller vers leur destination initiale afin de se venger... Même si ce n'était pas pour les mêmes raisons, il était favorable à cela pour la simple et bonne raison que dans ce désert immense où rien n'était visible à perte de vue quelque soit la direction vers laquelle se porte le regard, la seule chose qui tranchait dans la monotonie du paysage était cette barrière montagneuse... Du danger, certes! Mais aussi, sans doute, de l'eau, de quoi se nourrir...

- Oui... Falaises... Danger, mais eau et nourriture là-bas... Pour tous! Les autres aussi avec nous..."Susurra Fixx en montrant les autres esclaves. Dans son sang remontait un atavisme le poussant à ne pas abandonner un naufragé, même si la mer dans laquelle il risquait de se noyer était faite de sable...